Nous ne sommes pas nous-mêmes. Matthew Thomas

Matthew Thomas décrit l’Amérique des années 50 à 90 et le lecteur suit avec bonheur ce roman de vie, l’amour, de mort.

C’est un roman étrange, qui file comme la vie, de pages en pages, lentement, brusquement, avec douleur, avec bonheur, avec tendresse, qui parle de la souffrance, qui aborde la maladie, le temps qui passe, la difficulté d’être parents ou même enfants, qui parle de l’oubli. J’ai vraiment aimé, et s’il y a quelques lenteurs, quelques longueurs, je les ai ressenties comme les reflets d’une vie.

Eileen est issue d’une famille d’émigrés irlandais, d’un père ancien camionneur qui passe ses soirées dans les bars, idole de tout un quartier et d’une mère qui sombre dans l’alcool pour oublier la grisaille du quotidien. Dans le Queens des années d’après-guerre, son enfance en demi-teinte va lui donner l’envie de s’en sortir, d’étudier pour avoir une vie plus belle, dans ce New York où tout est possible si l’on s’en donne la peine. Trouver un mari qui lui permettra de s’en sortir est indispensable, et Ed Leary, chercheur et professeur promis à un brillant avenir, lui parait être un parti tout à fait acceptable. Pourtant, très rapidement, Eileen se rend compte qu’Ed na pas la même vision de la réussite sociale ni les mêmes aspirations qu’elle.

Néanmoins, Eileen va tout faire pour réussir, pousser son mari à accepter des postes plus favorables, acheter l’indispensable maison confortable qui peut assoir sa réussite, avoir des enfants, accéder dans son travail à davantage de responsabilité, mais aussi profiter de la vie, pour atteindre le rêve américain. C’est une mère qui a assez d’ambition et de pugnacité pour faire progresser toute sa famille au sein de la société américaine. Eileen et son mari vont devoir faire des emprunts pour assurer les études de leur fils, et là l’auteur aborde une contrainte toujours actuelle de ce rêve américain qui est bien loin de notre confort français, le coût exorbitant des études aux Etats Unis. Ils feront aussi des emprunts pour acheter une bien plus belle maison, celle dans laquelle Eileen sera fière d’inviter ses amis pour leur montrer sa réussite. Tout marche bien et le rêve se réalise peu à peu, même s’il reste beaucoup à faire pour concrétiser toutes les aspirations d’Eileen.

Mais c’est sans compter sur la maladie de Ed qui va s’insinuer dans ce projet de vie que rien de semblait pouvoir freiner. Insidieuse et violente, sans retour possible vers une vie normale, une maladie à laquelle Eileen va devoir faire face seule. Son fils va se défiler, ne sera pas là pour aider ce père qui diminue chaque jour, ce père avec qui il allait suivre les matchs de base-ball au stade. Difficile de lui en vouloir vraiment, même si avec le recul le lecteur sait bien qu’il passe forcément à côté d’instants de vie irremplaçables à partager avec son père. C’est la lente progression d’une arme destructrice, cette maladie détruit les êtres qu’elle touche, mais aussi ceux qui les entourent. On peut penser qu’Eileen n’est pas toujours très sympathique, même si elle n’est pas non plus antipathique, mais on ne peut nier qu’elle saura faire face dans l’adversité la plus profonde et la plus terrible.

Et là éclate comme une évidence le fait que dans la vie, il n’est pas toujours nécessaire de vouloir plus pour vivre mieux, et surtout qu’il est primordial de profiter de tout et de tous au jour le jour, de dire à ceux qu’on aime qu’ils comptent vraiment, avant qu’il ne soit trop tard pour le faire.

L’auteur nous présente une vision intéressante de New York des années 40 à 90. Avec Eileen, nous vivons l’évolution des quartiers, du Queens mais aussi du Bronx avec l’arrivée de ses différentes populations d’émigrés qui changent au fil des décennies. Eileen trouve son quartier trop différent de celui qu’elle a connu enfant, elle y perd tous ses repères et souhaite en partir pour habiter enfin la maison victorienne de ses rêves, celle où elle trouvera enfin le bonheur. J’imagine que c’est le modèle idéalisé de la promesse américaine d’un monde meilleur et de la réussite pour tous, en particulier après la seconde guerre mondiale.

Dans ce roman, nous découvrons aussi la spécificité de l’assurance maladie aux USA, où il est parfois nécessaire d’hypothéquer tous ses biens pour se soigner correctement. C’est un monde tellement loin de notre confort de soins français qu’il est à peine compréhensible. Eileen saura faire face, y compris lorsque la solution la plus favorable lui conseillerait de divorcer pour ne pas risquer d’être ruinée, elle restera fidèle comme un roc à Ed, ce mari auquel elle s’est attachée, malgré le peu d’élans de tendresse et de signes apparents de cet amour dont elle fait preuve, sans doute victime de son éducation et de son époque, où les sentiments ne doivent pas être démonstratifs.

Un premier roman attachant, émouvant, qui se lit très bien malgré ses presque huit cent pages. Le rythme fluide et direct est parfois lent, comme en symbiose avec le temps qui passe. C’est une belle découverte.

Catalogue éditeur : Belfond

Une révélation littéraire comme on en voit rarement. Épique, tendre, cruelle, traversant toute la deuxième moitié du xxe siècle, une œuvre bouleversante qui, à travers le désir d’ascension d’une femme, interroge l’American Dream et rappelle les plus belles heures du grand roman américain.

De son enfance dans un minuscule appartement du Queens d’après-guerre, fille unique d’un père camionneur idole du quartier, et d’une mère qui noyait sa mélancolie à grands coups de scotch, Eileen Tumulty a tiré un principe : toujours viser plus haut, ne jamais renoncer à sortir de sa condition.
Faire des études, décrocher un diplôme d’infirmière : Eileen s’accroche, s’endurcit. Tomber amoureuse, épouser Ed : Eileen s’envole, elle a de l’ambition pour deux. Donner naissance à un fils, trouver la maison de ses rêves, former une vraie famille : Eileen veut encore plus, encore mieux.
Et pourtant…
Les rêves ne sont-ils jamais que des rêves ?
Sentir la menace, redouter le pire, se révéler dans l’épreuve.

L’archange du chaos. Dominique Sylvain

Mélange de mysticisme assassin et d’enquête policière, sur un fond de recherche psychologique et d’introspection familiale, l’intrigue de « l’archange du chaos » nous entraine vers des noirceurs et des chemins bien sombres et tortueux. Dominique Sylvain délaisse Ingrid et Lola, ce duo d’enquêtrices de choc auquel j’étais habituée, pour une nouvelle équipe de policiers aussi détonants qu’attachants. Elle a décidé de nous surprendre avec ce nouveau polar et je trouve que c’est plutôt réussi.

Alors qu’un meurtrier épouvante Paris, le commandant Bastien Carrat doit affronter l’ire de son ex coéquipier Colin Mansour, éloigné de l‘équipe suite à ses déboires d’alcoolique. Il reçoit une nouvelle recrue dans son équipe, la brillante Franka Kelhmann, issue de la brigade financière et protégée de la divisionnaire Christine Santini. Franka fait face à ses démons tout droit sortis d’une enfance difficile, une mère disparue bien trop tôt, un père, Bernard Kelhmann, historien de renom, qu’elle a banni de sa vie, et la responsabilité qu’elle ressent à l’égard de son jeune frère Joey, livreur de pizza et photographe aux idées fantasques.

Le corps d’une jeune femme est découvert dans la cave d’un immeuble abandonné, sauvagement mutilée, torturée puis assassinée, le meurtre est perpétué selon des rites qui défient toute logique. L’enquête s’avère difficile pour retrouver ce prédateur aux pratiques mystiques et les meurtres se succèdent. Mais le père de Franka, saura peut-être aider l’équipe de choc de Carat a en dénouer les fils complexes et sombres.

Le début du roman est un peu ardu et l’on s’y perd un peu, car les personnages sont nombreux, de Carat à Colin, de Garut à Bergerin, de Kelhmann à Santini, les intrications entre leurs passés souvent complexes et leur liens inavoués ne sont pas évidentes de premier abord, puisque nous les découvrons. Et pourtant, le style de Dominique Sylvain est toujours impeccable, nerveux, rythmé, les pages tournent seules et le lecteur est surpris d’arriver aussi vite au bout. Les implications mystiques, les évocations des différentes religions, témoins de Jehova ou archange vengeur, châtiments mystiques ou ordalie, viennent rythmer l’enquête qui avance dans le noir et l’inconnu portée par un savant dosage de l’auteur. L’intrigue se déroule, entrainant le lecteur de rebondissement en surprise à la recherche de cet archange du chaos.

Des évocations sur les difficiles liens entre la police et la justice, les procureurs et les avocats, le déroulé d’un enquête ou d’une garde à vue, sont également présentes, nous ramenant à la complexité de la réalité sécuritaire d’aujourd’hui. J’ai refermé ce livre avec une évidente envie de retrouver Carat et son équipe de choc dans de nouvelles enquêtes, dans ce Paris si bien décrit par l’auteur, que l’on marche dans ses rues d’aujourd’hui ou que l’on fasse des incursions dans le Paris historique.

Merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy


Catalogue éditeur

Avec ce nouveau roman et ses nouveaux personnages Bastien Carat – commandant à la tête d’un groupe de policiers fortement déstabilisé – et Franka Kehlmann – une jeune recrue arrivée de la Financière, protégée de la divisionnaire –, Dominique Sylvain nous plonge dans un thriller psychologique, sous très forte tension.
Le corps d’une femme est retrouvé dans la cave d’un immeuble en chantier. Ligotée, tout indique qu’elle a été sauvagement torturée, la victime a eu son bras brûlé et sa langue sectionnée. Un détail étrange attire immédiatement l’attention des policiers : les blessures infligées ont été soignées ante mortem, et le corps martyrisé déposé tel un gisant médiéval rendu à la paix éternelle. Pas d’empreintes, pas de traces d’ADN, le groupe mené par Bastien Carat piétine alors que la hiérarchie et les médias souhaitent des résultats rapides. Une première piste est envisagée, celle de Teddy Brunet : il travaillait sur un chantier, là où a été trouvée la victime et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a un réel problème avec les femmes… Quand d’autres victimes, tuées selon le même mode opératoire, sont retrouvées, l’enquête bascule.
Dans un monde en proie au doute, quelqu’un oserait-il faire justice tout seul ?
L’Archange du chaos renoue avec l’univers sombre et violent de Vox (éd. V.H. 2000) et Cobra (éd. V.H. 2002). Dominique Sylvain joue habilement avec les écrits de la Bible et les pratiques de la justice divine, et nous livre là un roman policier qui interroge sur la foi en l’homme et ramène chaque personnage à ses propres histoires et défaites…

Parution : 29/01/2015 / Collection Chemins Nocturnes /ISBN : 9782878585995 / Pages : 336 p.

Sophie Loubière, Dans l’œil noir du corbeau

Superbe roman qui tient à la fois du polar et du thriller psychologique

DANS L'OEIL NOIR DU CORBEAU - Sophie LOUBIERE

Anne est en mal d’amour, de santé, de raison de vivre peut être. Un peu paumée, elle décide de partir passer la fin de l’année à San Francisco. Ou plutôt, elle part à la recherche de son amour de jeunesse, Daniel. Daniel à qui elle pense depuis vingt ans, sans jamais avoir pu l’oublier dans les bras d’aucun des amants de passage qu’elle a connus depuis.

Bill Rainbow est un flic paumé à la retraite, ancien alcoolique, il oublie sa vie solitaire devant les émissions culinaires d’Anne, présentatrice d’une émission de cuisine française. Le hasard va les faire se rencontrer, lui qui la connait depuis longtemps et en rêve sans qu’elle n’en sache rien, elle qui cherche à comprendre comment oublier Daniel et pourquoi elle n’a jamais eu de ses nouvelles depuis si longtemps. La surprise est au rendez-vous et Anne n’est pas au bout de ses découvertes. Les chapitres se succèdent, passant d’un personnage à l’autre, d’une souffrance à l’autre, de leur oubli de ce qui les a fait souffrir, des dégâts d’une vie solitaire, nous présentant ces deux êtres en mal de famille et d’amour, que tout concours à faire se rencontrer, pour le meilleur sans doute.

Mais c’est compter sans la superbe plume de Sophie Loubière, qui les entraine au loin, les fait se reprocher pour mieux les chambouler dans un final inattendu et surprenant. Et là, le lecteur y croit, il est avec Anne et Bill, avec les copains étranges de Bill, avec les mouettes et les corbeaux. Il parcourt les rues d’un San Francisco inconnu où les boutiques rivalisent pour présenter des produits de qualité tous plus savoureux les uns que les autres, à nous français qui pensons détenir ce savoir et ses ingrédients qui permettent une excellente cuisine.

Si Sophie Loubière a mis dans ce roman un peu de ce qu’elle est, la recherche d’un amour de jeunesse, vingt ans après, ses connaissances évidentes du déroulé d’une émission culinaire, et surtout de très savoureuses recettes, elle a avant tout l’art de nous transporter dans un récit qui tient à la fois du polar, du thriller et du roman tout simplement. Et qui vous laisse avec une énorme envie de lire ses autres écrits.

Catalogue éditeur : Pocket

Animatrice d’émissions culinaires, Anne Darney approche de la quarantaine en solitaire. Ses quelques histoires ressemblent à une succession de plats fades en comparaison de son premier boyfriend, Daniel, un Américain rencontré vingt-cinq ans plus tôt. Pour s’affranchir de ce souvenir obsédant, Anne décide de partir à San Francisco. Mais l’affaire « Daniel Harlig » qu’elle découvre là-bas n’a rien d’une bluette… En contrepartie de la préparation d’un festin d’anthologie, le monumental inspecteur Bill Rainbow, un fin gourmet, va accepter de rouvrir pour elle une enquête au goût de cendres.

Un roman mijoté à petit feu, une vraie bombe à retardement. Le Figaro

L’auteur a réussi son pari : nous régaler ! C’est la future Douglas Kennedy à la française. ELLE

EAN 9782266250108 / Date de parution : 13 Novembre 2014 / Pages 432 / Prix : 7.60 €

Le quinconce, I l’héritage de John Huffam. Charles Palliser

C’est une découverte assez surprenante que celle de ce roman sans âge à l’écriture résolument victorienne, « Le quinconce » de Charles Palliser. Charles Dickens n’aurait sans doute pas renié ce confrère.

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Alors que Charles Palliser est un auteur contemporain, il a écrit cette série à la structure singulière en 1989. C’est donc avec  étonnement que je suis entrée dans ce récit d’un autre temps, vérifiant par deux fois la biographie de son auteur, tant son écriture nous entraine dans un récit du XIXème. Quel  que soit le niveau de langage, châtié ou argot populaire, toutes les nuances sont présentes . Mais une fois le parti pris entendu, on plonge aisément dans l’aventure.

Dans ce premier tome, nous faisons la connaissance de John et de sa mère. Ils habitent un petit village perdu dans la campagne anglaise, loin de tous. John, élevé par sa mère, est entouré de femmes, servante, nourrice, cuisinière, et vit de façon plutôt humble, pas vraiment misérable. Dans un quasi isolement puisqu’il ne doit pas parler aux inconnus et n’a pas le droit de rencontrer les enfants de son âge. Il ne sait rien de ses origines, ni de son père ni de sa famille. Les circonstances et sa curiosité vont l’aider à dénouer les premiers fils d’une intrigue qui s’avère fort complexe au fil des pages.

Un codicille conservé avec moultes précautions  par sa mère semble prouver d’où il vient, et pouvoir lui apporter d’hypothétiques richesses. Mais il est également sujet de grandes convoitises par les divers personnages dont nous allons faire la connaissance tout au long du récit. La mère est un personnage attachant, mais faible, très inquiète, naïve, manipulable, elle semble à la merci de plus malin qu’elle. Peu encline à faire confiance à son jeune fils, bavard et facilement influençable, elle fera quelques erreurs de jugement qui seront la cause de bien des malheurs à venir.

John quant à lui nous apparait comme un jeune garçon charmant et curieux, même si son langage et ses façons sont souvent celles d’un jeune homme plus adulte que son âge. Pourtant il lui est difficile d’aller contre la volonté de sa mère, lui qui ne sait rien mais comprend vite qu’elle lui cache beaucoup de choses sur ses origines.

Nous allons découvrir peu à peu les différentes familles qui gravitent autour de lui, les liens qui les unissent, les imbrications avec sa propre histoire. Des plus misérables aux aristocrates parfois sans cœur, les différentes strates de la société sont présentes avec leurs défauts et leurs qualités, leurs relations parfois ambiguës, leurs mystères et leurs secrets. Cinq tomes, cinq chapitres, cinq familles, étroitement liées sans doute, mais que le lecteur devra découvrir au fils des différents tomes. C’est un peu frustrant car j’aurai souhaité en savoir déjà un peu plus. C’est un récit attachant, embrouillé parfois, mais qui se laisse lire avec plaisir si l’on dépasse la surprise de cette écriture victorienne à la Dickens.

Catalogue éditeur : Éditions Libretto

Dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, le petit John Huffam, élevé dans un village perdu, comprend que sa mère, pauvre parmi les pauvres, est mystérieusement apparentée aux châtelains du lieu. Dès lors, il va consacrer sa vie à percer le secret de ses véritables origines et ne tarde pas à découvrir la cruauté qui fonde les castes sociales et qui déchire les êtres.
À la fois roman picaresque et fable initiatique convoquant les talents de Dickens et de Shakespeare, Le Quinconce a été salué comme un chef-d’œuvre.

Une saison blanche et sèche. André Brink

Afrique du Sud dans les années 70. Le monde est séparé en deux parties inégales : les Afrikaners et les noirs. Quand une partie de la population s’éveille, tout n’est pas aussi simple, c’est ce que nous montre André Brink dans son superbe roman « Une saison blanche et sèche »

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Nous suivons le récit d’un éveil, celui de Ben Du Toit, professeur à l’existence banale d’un blanc à cette époque. Existence classique jusqu’au jour où sa vie bascule, où il se rend compte que tout n’est sans doute pas aussi simple, aussi clair, dans le partage du monde et surtout de son pays.

Il va mener une enquête sur les circonstances de la mort de Jonathan et surtout de Gordon, un employé de son école et son fils, circonstances bien confuses et pour lesquelles il va chercher à établir la vérité. Mais rien n’est simple ni évident dans l’Afrique du Sud des années de l’apartheid.
Un roman étonnant, où un simple fait divers, des sentiments très humains et en apparence banals, quotidiens, amènent le lecteur à se poser des questions bien plus profondes sur le drame de ce pays. A replacer l’année où il est paru, un roman très intéressant et particulièrement bien écrit.

à propos de l’auteur :

André Brink avait 79 ans, il s’est éteint hier vendredi, de retour de Belgique où il venait de recevoir un doctorat d’honneur de l’université catholique de Louvain. André Brink était un blanc, afrikaner, descendant d’une famille de colons boers, arrivés en Afrique depuis trois siècles. Ami de Nelson Mandela, défenseur des droits de l’homme noir. 

💙💙💙💙💙

Son dernier roman, Philidia, est paru en 2014.

Catalogue éditeur : éditions Stock / Livre de poche

Ben Du Toit est un Afrikaner bien tranquille – un père de famille sans histoire que rien ne distinguerait de ses quatre millions de frères et soeurs bien tranquilles, sûrs d’eux-mêmes et de leur supériorité. Jusqu’au jour où Ben veut savoir. Savoir pourquoi le jeune fils de Gordon, le jardinier noir de l’école où il enseigne, a disparu sans laisser de trace dans les locaux de la police sud-africaine. Savoir pourquoi Gordon va disparaître à son tour, qui cherchait à connaître la vérité sur la mort de son fils. Savoir ce qui se cache sous les versions officielles. Savoir, par exemple, ce qui s’est vraiment passé à Soweto. Savoir au fond ce qu’est la vie de ces millions de Noirs qu’il a côtoyés toute sa vie sans les voir. Mais au pays de l’apartheid, il ne fait pas bon vouloir trop en savoir. Le long de son douloureux chemin de Damas, Ben va peu à peu le découvrir. Et l’amour de Mélanie, engagée dans le même combat que lui, ne le protégera pas de la machine infernale qui s’est mise en marche. Implacablement.
André Brink est né en Afrique du Sud en 1935. Il est professeur de littérature contemporaine à Rhodes University. Toute son œuvre est publiée en France aux Éditions Stock. Une saison blanche et sèche avait été couronné par le Prix Médicis étranger en 1980. Ce roman est aujourd’hui porté à l’écran par Euzhan Palcy, avec parmi les acteurs principaux, Donald Sutherland et Marlon Brando.

Elle & lui. Marc Lévy

Parce que Marc Lévy sera toujours Marc Lévy, Elle & Lui, où l’amour qu’on trouve quand on ne le cherche pas !

DomiCLire_elle_et_lui_marc_levy.JPGElle, c’est Mia. Melissa Barlow, actrice anglaise à succès, qui vient de terminer le tournage d’un film dans lequel elle tient la tête d’affiche avec son mari David. Elle souhaite faire un break avant la tournée de promotion du film et part à Paris rejoindre son amie Daisy qui tient un restaurant à Montmartre.
& Lui, c’est Paul. Paul Barton, écrivain américain venu chercher l’inspiration à Paris. Il en est à son sixième roman. Le succès fulgurant et inattendu de son premier roman ne s’est jamais renouvelé et bizarrement aujourd’hui, le pays dans lequel il a le plus de fans est la Corée du sud. Il est d’ailleurs vaguement amoureux de sa traductrice, Kyong, qui vient le voir à Paris deux fois par an. Relation pour le moins épistolaire et fugace, mais qui semble les contenter.
Le hasard, la curiosité de Mia, les bon copains de Marc, puisqu’on retrouve dans ce roman Arthur et Lauren, les héros de « et si c’était vrai », le premier roman de Marc Lévy, vont faire se rencontrer Mia et Paul. Première rencontre pour le moins cocasse qui démarre sous le signe du quiproquo et qui donne le ton au roman et à cette relation amicale entre Elle & Lui.
En trame de fond il y a quelques mentions au travail de l’écrivain, au travail difficile de recherche du sujet du prochain roman, au manque d’inspiration, au succès qui sera au rendez-vous ou pas. La complexité du monde de l’édition, de la traduction pour diffuser dans les pays « exotiques » sont également abordés, mais ces évocations ne prennent jamais le pas sur le côté léger du roman. Il y a de même un passage un peu étrange et décalé sur les affres de la vie en Corée, évoqués et quelque peu « survolés » et dont on peut se demander ce qu’ils viennent faire là.
Mais il me semble que ce n’est pas ce que l’on retient au final. C’est au contraire un moment de légèreté passé sur un petit nuage à lire un histoire d’amitié, d’amour, de rencontres, de fidélité dans l’amitié et où tout finit bien malgré quelques aléas. En un mot, un roman digne de Marc Lévy qui permet à ses lecteurs d’oublier le train-train quotidien sans trop se poser de questions. C’est un roman agréable et qui se lit facilement, juste ce qu’il faut pour passer un bon moment de détente.


Catalogue éditeur : éditions Robert Laffontéditions Robert Laffont / Versillo

Un site de rencontres les a réunis.
Ils ne sont pas devenus amants, mais amis.
Et ils comptent bien en rester là…

Elle est actrice. Lui écrivain.
Elle s’appelle Mia. Lui Paul.
Elle est anglaise. Lui américain.
Elle se cache à Montmartre. Lui vit dans le Marais.
Elle a beaucoup de succès. Lui pas vraiment.
Elle est même une star. Mais lui ne le sait pas.
Elle se sent seule. Lui aussi.
Il la fait rire. Elle enchaîne les maladresses.
Elle ne doit pas tomber amoureuse. Lui non plus.

Dans ce roman, ou l’on retrouve les personnages de Et si c’était vrai…, Marc Levy nous entraîne dans une histoire d’amour irrésistible et totalement imprévisible.
Elle & lui marque le grand retour de Marc Lévy à la comédie.
« Magique. Jubilatoire. Un vrai bonheur. » Paul Barton

Parution : 5 Février 2015 / Format : 153 x 240 mm / Nombre de pages : 418 / Prix : 21,50 € / ISBN : 2-221-15783-4

Un parfum d’herbe coupée. Nicolas Delesalle

Le parfum d’herbe coupé, c’est le parfum de l’enfance, de l’adolescent qui se cherche, de la vie de famille, des moments de bonheur qui passent et qu’on voudrait bien retenir.

Domi_CLire_unparfum_dherbe_coupee_nicolas_delesalle.jpegC’est également le parfum de nos souvenirs à nous, lecteurs qui nous reconnaissons dans ces anecdotes qui parlent de cueillette de champignons, de plage, de rencontres, des premières amours adolescentes, d’une première « boum », d’une homérique partie de Rugby, de vacances en famille, d’un chien qui vous accompagne toute votre enfance, celui qu’on offre souvent à l’un des enfants, mais qui finalement est élevé par les parents pour le plus grand bonheur des fratries, qui parle de la vie en somme.

En tout cas moi je m’y suis trouvée, et c’est ce qui m’a plu finalement. Certains souvenirs sont remontés à ma mémoire, en écho à ceux de l’auteur. Pas les mêmes bien sûr, mais des impressions comme celles évoquées avec tendresse par Nicolas Delesalle. Alors je me suis revue partant à la pêche aux écrevisses dans le ruisseau qui passait en contre bas de la maison des grands parents, avec mon père, mon grand-père, et mon oncle, nuit magique pour des enfants, même si la pêche n’était absolument pas miraculeuse. Ou planquée avec mon frère derrière un fauteuil club une grande partie de la nuit, en attendant de voir la navette Apollo se poser pour la première fois sur la lune, tant était forte notre angoisse de ne pas être réveillés par les parents pour assister à cet événement que tous pressentaient extraordinaire.
C’est ce que j’ai aimé dans ce roman, l’identification que chacun peut en faire. L’idée des souvenirs, de ces quelques instants de vie qui font de nous ce que nous sommes, nous qui gardons le plus souvent ce qui est bon en effaçant ce qui a fait mal. C’est gentiment écrit, tendre, gai parfois, un peu triste aussi, comme le temps qui passe et les moments de vie avec ceux qui ne sont plus, grands-parents ou parents, mais c’est tellement vrai en même temps. Un moment de lecture agréable qui vous emporte au loin dans vos propres souvenirs. Et si finalement c’était ça le vrai but d’une lecture, le voyage qu’elle nous permet de faire, que ce soit au loin, dans l’espace et dans le temps, ou au loin dans notre propre existence ?

Rencontre avec l’auteur

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Nicolas Delesalle est grand reporter à Télérama. Ce livre est son premier roman. Comme il le dit, c’est un livre « d’opportunité ». En effet, il l’a d’abord écrit sur internet, puis sur son blog, puis en partie sur twitter, essentiellement la nuit, pour ne pas saturer ses suiveurs. Pour lui, internet, c’est une liberté d’écriture, un vent de fraicheur, qui permet d’avoir le choix du niveau de langage, ce qui lui plait énormément : « je vouvoie sur le papier, je tutoie sur internet, je tape sur l’épaule sur twitter ». C’est ensuite devenu un livre numérique, puis un roman « papier ». On y trouve à la foi des textes écrits il y a presque dix ans, et d’autres l’année dernière, lorsque s’est concrétisée l’idée d’en faire un roman.

Au départ, l’auteur souhaitait un autre titre mais c’est devenu à la demande de l’éditeur celui que nous avons eu en main et qui parle à chacun de nous, ses lecteurs, « un parfum d’herbe coupée ». En fait ce livre n’a été ni préparé ni écrit, c’est presque un livre de hasard. Il nous dit qu’il ne s’est jamais assis en pensant qu’il allait écrire un roman, c’est venu au fil de l’eau. Le roman est construit sans suivre une chronologie précise, un peu comme fonctionne la mémoire. Il n’y a pas non plus de construction romanesque, c’est plutôt structuré avec des histoires un peu plus courtes qui s’intercalent aux plus longues, comme des virgules, des respirations.

Nicolas Delesalle ne connaissait rien de ses propres arrière grands parents et il aurait aimé que son grand père lui laisse un récit tel que celui-là. D’où son envie de dire à son hypothétique arrière petite fille Anna ce qu’il était, ce qu’il avait vécu dans son enfance, son adolescence. Mais il n’avait pas d’envie particulière de lui laisser un message précis, seulement dire les souvenirs, sans chronologie, juste ce qu’il est, qui il est.

Ce parfum d’herbe coupée, c’est surtout une histoire qui touche à l’universel et qui parle à chacun de nous. Chacun peut faire surgir ses souvenirs en tournant ces pages, il s’adresse à chaque lecteur en particulier, à sa propre mémoire. L’auteur nous dit qu’il est d’ailleurs très touché par les critiques et que le regard des autres s’avère très important. Car comme tout écrivain, finalement il se nourri aussi des autres et parfois il « monte sur la table pour avoir un autre point de vue » (cf. le cercle de poètes disparus). Il nous avoue également être fasciné par «  l’instant I »celui qui fait que l’on change, qui nous rend différent. Car en fait comment peut-on être une personne avant et en devenir une tout autre personne après. D’où peut-être ce roman fait d’instants de vie ?

Dans ce parfum d’herbe coupée, il y a à la fois du fictionnel et de la réalité. Il est parfois nécessaire de transformer la réalité en mythe et donc utile et nécessaire de transformer la réalité en fiction. Même si certaines histoires sont inventées, un certain nombre sont réelles, je pense à une en particulier, Alexander, qui clôture le livre et qui m’a particulièrement touchée.

A la question sur l’écriture possible d’une suite, il nous répond oui, sans doute, mais cela dépendra du succès de son premier livre et de l’accueil de ses lecteurs.

Merci à Babelio et à Prélude édition pour cette rencontre avec Nicolas Delesalle, une soirée vivifiante et agréable avec un auteur très sympathique et abordable et qui a su prendre du temps pour échanger avec ses lecteurs.


Catalogue éditeur : Le livre de Poche / Prélude

« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la GTS, j’ai fait la gueule. Mais j’ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l’odeur de sa première clope. J’ai dit “ouais”, j’ai dit “super”, la mort dans l’âme, même si j’avais compris que la GTS pour la GTX, c’était déjà le sixième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel. » Par petites touches qui sont autant d’instantanés de vie, Kolia convoque les figures, les mots, les paysages qui ont compté : la route des vacances, les filles, Totor le paysan aux cèpes et la maison de famille, des livres, quelques sauterelles, Raspoutine le berger allemand… Des petits riens qui seront tout.

Un premier roman remarquable, plein d’émotion, d’humour, de poésie, de profondeur, où la petite musique singulière de l’enfance ouvre sur une partition universelle.

Un parfum inoubliable. Causette

Parution :07/01/2015 /Format : 133 x 195 mm / Nombre de pages : 288 / EAN : 9782253191117

La fille sans nom de Angelika Klüssendorf

 

L’histoire émouvante de la fille sans nom se déroule en RDA, à l’époque sombre d’une Allemagne non réunifiée.

DomiCLire_la-fille-sans-nom-angelika-klussendorf.JPGLa fille sans nom, son frère, Alex, la mère, sans nom, le père, sans nom, puis son autre petit frère, Elvis, sont les personnages principaux de ce roman sur l’enfance douloureuse d’une fillette de 12 ans.

Comment survivre quand on a une mère inadaptée, qui ne pense qu’à elle et tolère à peine des enfants dont manifestement elle n’a pas voulu. Car la mère n’a rien d’une adulte, elle fume, passe des soirées à boire des bières avec les différents amants qu’elle ramène chez elle, bat et puni ses enfants à longueur de temps, coups de ceinture, humiliations, enfermés dans la cave dans le noir, tout y passe. On se croirait dans un roman de Dickens ou de Zola alors qu’on est dans les années soixante en Europe !
La fille sans nom tente de survivre dans un environnement ingrat et éprouvant. Il apparait comme évident que personne ne prend en compte les souffrances des enfants dans cette société meurtrie et sans pitié. Mais comment se situer dans cette époque où la société ne cherche ni à comprendre ni à aider, comme si la vie était déjà assez difficile sans qu’en plus on s’occupe des enfants. Même lorsqu’elle fugue à plusieurs reprises et se fait arrêter, puis envoyer en foyer. Pas de psychologue pour comprendre, pas d’assistante sociale pour essayer d’emmener les parents à être de vrais parents, non, là, tout accuse cette enfant désobéissante.
Elle chaparde de l’argent aux parents, ou de quoi manger ou faire des cadeaux dans les magasins, se fera prendre et punir sévèrement à plusieurs reprises, mais qu’importe, elle recommence. Comme si tous ces actes étaient des appels au secours, pour vivre normalement, pour être considérée par les autres, à l’école, dans le quartier, et surtout par la mère, mais rien n’y fait. La fille sans nom est une fillette ambivalente, attachante et révoltante. Elle fugue pour s’éloigner de ce foyer qui n’en est pas un, mais sa mère va lui manquer, malgré tout le mal qu’elle peut lui faire. Comme si une famille aimante, un foyer normal, devenait quelque chose d’invivable, d’incompréhensible, trop éloigné de son quotidien. Ce terrible attrait ou cette réplication des enfants maltraités qui reproduisent par exemple les schémas de leur enfance sur leurs propres enfants.
C’est un roman intéressant, prenant, difficile, j’ai eu envie de la secouer cette fille-là, pour qu’elle échappe au pouvoir d’attraction de cette mère destructrice, et en même temps je suis admirative devant sa pugnacité, son envie de vivre, de plaire, d’être comme les autres, ou même parfois de s’affirmer différente de ceux qu’elle juge fades, sa capacité à donner de l’amour, elle qui n’en reçoit pas, son désir d’exister en somme. Une force de vie comme en démontrent ces fleurs qui poussent au milieu du désert et qui vous laissent muet d’admiration.

Catalogue éditeur :  Presses de la Cité

« Une fille forte, pour un roman fort. », Die Welt

C’est l’histoire d’une fille livrée à la fureur destructrice d’une mère infantile et sadique. La fille se défend comme elle peut contre cette femme instable, mais aussi contre le monde extérieur : les adultes qui la jugent, ses camarades de classe qui l’évitent. Elle tourmente son petit frère, vole dans les magasins, partout elle se distingue par son comportement asocial. Jamais elle ne demande d’aide. A qui, d’ailleurs, pourrait-elle s’adresser ? Elle est seule et doit se construire seule. C’est la trajectoire bouleversante d’une fille mal aimée qui, malgré tout, possède une force et un appétit de vivre qui lui permettent d’avancer.

Avec La fille sans nom, Angelika Klussendorf nous fait découvrir l’une des faces sombres de l’ex-République démocratique allemande, celle où l’enfance n’avait pas sa place, et signe un roman d’une grande sobriété, sans pathos ni misérabilisme.

Traduit par François et Régine Mathieu /Janvier 2015 /  15,50 € – 208 p.

13 à table ! Les Restos du Coeur

Une excellente initiative qui permet grâce à la participation des auteurs d’offrir des repas aux restaus du cœur

13 à table ! / Les Restos du Coeur par Chattam

J’ai offert plusieurs fois ce livre de nouvelles d’auteurs connus et reconnus, en particulier lorsque je suis invitée à dîner, mais je ne les avais pas encore lues. Voilà qui est fait et j’ai passé un excellent moment..

On y retrouve la patte de certains auteurs, c’est également un moyen d’en découvrir d’autres. Le fil conducteur de ce recueil est le dîner, la nourriture. Apparemment certains auteurs ont une idée un peu étrange du dîner, ou du moins n’ont sans doute pas suivi les consignes. Mais qu’importe j’ai au plaisir à suivre ces différentes aventures. Nous voilà face à des histoires assez classiques, d’autres plus sordides, savoureuses ou au contraire étrangement sanglantes, des histoires de famille, d’amitié, de couple, de rupture, tout y est, les univers sont évoqués avec habileté, tendresse, gourmandise ou suspense. On entre facilement dans ces moments de vie, dans ces intrigues, qu’elles nous tiennent en haleine ou qu’on en devine aisément la fin.

Merci aux auteurs pour leur bonne action qui nous permet de passer un bon moment tout en ayant l’impression d’être un petit maillon dans la chaine de solidarité des restaus du cœur. Qui sait, peut-être aurons-nous le plaisir d’en découvrir d’autres l’an prochain, si c’est le cas, comptez sur moi pour vous lire.

Catalogue éditeur : Pocket

13 des plus grands auteurs français actuels pour 13 nouvelles autour d’un thème commun : un repas.
Intrigues policières, réunions de famille qui dérapent, retrouvailles inattendues… Du noir, de la tendresse, de l’humour, de l’absurde, à chacun sa recette.
13 repas à déguster sans modération, alors à table ! Françoise Bourdin – Maxime Chattam – Alexandra Lapierre – Agnès Ledig – Gilles Legardinier – Pierre Lemaitre – Marc Levy – Guillaume Musso – Jean-Marie Périer – Tatiana de Rosnay – Éric-Emmanuel Schmitt – Franck Thilliez – Bernard Werber

Date de parution : 6 Novembre 2014 / 240 p. / EAN : 9782266254052