L’ombre de nos nuits. Gaëlle Josse

« L’ombre de nos nuits » nous plonge dans l’atmosphère sombre et magnétique du magnifique tableau de Georges de La Tour, « Saint Sébastien soigné par Irène », que nous contemplons à côté de la narratrice, postée devant la toile, au musée de Rouen.

L’ombre de nos nuits -

Janvier 1639, à Lunéville, alors que la guerre de trente ans et que la peste dévastent la Lorraine, le peintre à l’intuition de ce tableau, pour lequel ses proches, sa fille en particulier, vont poser. Cette toile que le peintre destine, dans le secret de son âme, au roi de France. Nous le suivons, lui, son fils, son apprenti, dans la réalisation de cette toile magistrale. Œuvre intrépide, gigantesque, passion et folie d’un maitre qui fait surgir de ses peintures et de ses pinceaux, des visages, des ombres, des teintes que l’on pourra contempler pendant des siècles avec toujours autant de passion et de bonheur. Comment de simples pigments, couleurs, tonalités, peuvent-ils exprimer autant de force et de douceur, voilà bien un mystère.

En 2014, aux Musées des Beaux-Arts de Rouen, prostrée devant la toile, la narratrice va suivre un chemin intérieur vers le souvenir d’un amour passé, qu’elle avait cru oublié, quelle a cru recevoir en retour, qu’elle a perdu, qui ne sera plus jamais, et qui lui laisse un si grand vide au milieu du clair-obscur de ses souvenirs, de la passion, de ses regrets sans doute.

Les deux récits alternent, chapitre après chapitre, d’un siècle à l’autre, d’une souffrance et d’un amour exprimé à l’autre, pour finalement réussir à se rejoindre et s’émouvoir. Le jeu des écritures et des italiques nous permet de suivre aisément plusieurs personnages, leurs sentiments et leurs questionnements. L’écriture est belle, les époques et les sentiments se rejoignent sans heurt, et lorsque l’auteur s’exprime par la voix du peintre, de son apprenti, de sa narratrice, nous la suivons. Tout comme lorsqu’elle nous donne envie de courir à Rouen redécouvrir ce tableau.

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Dans la sélection du prix Orange du livre 2016

Catalogue éditeur : Noir sur Blanc, Notabilia

Deux récits se dessinent dans L’ombre de nos nuits, avec au centre un tableau de Georges de La Tour. En 1639, plongé dans les tourments de la guerre de Trente Ans en Lorraine, le peintre crée son Saint Sébastien soigné par Irène. De nos jours, une femme, dont nous ne saurons pas le nom, déambule dans un musée et se trouve saisie par la tendresse et la compassion qui se dégagent de l’attitude d’Irène dans la toile. Elle va alors revivre son histoire avec un homme qu’elle a aimé, jusque dans tous ses errements, et lui adresser enfin les mots qu’elle n’a jamais pu lui dire. Que cherche-t-on qui se dérobe constamment derrière le désir et la passion ?
En croisant ces histoires qui se chevauchent et se complètent dans l’entrelacement de deux époques, Gaëlle Josse met au cœur de son roman l’aveuglement amoureux et ses jeux d’ombre qui varient à l’infini.

Date de parution : 07/01/2016 / Format : 12,8 x 20 cm, 192 p., 15.00 € / ISBN 978-2-88250-401-2

Blog de Gaëlle Josse
http://gaellejosse.kazeo.com/

La femme au colt 45. Marie Redonnet

« La femme au colt 45 » un roman de Marie Redonnet. Sa superbe couverture au graphisme poétique donne immédiatement envie de tourner les pages pour savoir ce qui s’y cache.

Domi_C_Lire_la_femme_au_colt_45_le_tripodeNous faisons connaissance avec Lora. Elle vit en Azirie, pays tombé sous la dictature, et qu’elle doit fuir impérativement le plus rapidement possible, son mari ayant déjà été arrêté par le nouveau pouvoir en place. Elle est comédienne, à priori peu apte  à s’enfuir et traverser des terrains peu engageants pour atteindre le pays voisin, la Santarie. Mais gagner la liberté et la vie sauve, cela n’a pas de prix, elle y parviendra, déjouant plus ou moins bien les pièges, les agressions commises de tous temps par les hommes qui profitent de la faiblesse apparente ou temporaire des femmes, pour se retrouver, s’affirmer, se libérer des oppressions quelles qu’elles soient.

Liberté gagnée par la force de ce colt 45, ce fil conducteur du récit, qu’elle cache sur elle et qui provisoirement au moins, va la protéger. Il lui vient de son père, seul lien vers le passé, elle qui part vers d’autres horizons pour y trouver une vie nouvelle et avant tout cette liberté chèrement gagnée. Car pour partir il faut quitter son mari et son fils, et la liberté se fera au prix d’une émancipation gagnée de haute lutte contre ces hommes qui s’affirment indispensables. Les pages se tournent vite, un peu trop court peut être, on se croirait dans le scénario d’une pièce de théâtre, où l’actrice déclame son texte, et une voix off situe les scènes, donnant au roman un côté un peu décalé et surprenant.

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Catalogue éditeur

L’Azirie est tombé sous le joug d’une dictature. Lora Sander décide de fuir le pays. Sa vie de comédienne est devenue impossible. Elle prend le chemin de l’exil et rejoint l’État limitrophe de Santarie, munie de son colt 45.
Il avait très envie de venir visiter ma cabine à bord de l’Arche de Noé. Je lui ai répondu que pour moi les jeudis soirs c’était fini. Plutôt me passer d’un homme que d’être sous son emprise. Il ne suffit pas que j’aie vendu mon colt. Même absent, comme la jambe d’un amputé, il continue de me faire mal. »
Roman / 112 pages / 9782370550750 / Prix: 15,00 € / Parution: 7 janvier 2016

Appelez-moi Lorca Horowitz. Anne Plantagenet

Roman double et peut être aussi roman trouble, « Appelez-moi Lorca Horowitz » est une histoire de manipulation qui interroge le lecteur.

Domi_C_Lire_lorca_horowitzLa narratrice – ou l’auteur ?- est interpellée par un fait divers survenu en Espagne dans les années 2000. Lorca Horowitz est la secrétaire falote de Rocio Perales et de son mari, un couple d’architecte qui vit en Andalousie. Un mariage heureux, parents de trois enfants superbes, une entreprise prospère et une vie de classe plutôt supérieure, voilà un couple à qui tout réussi, mais qui a failli tout perdre suite au machiavélisme manipulateur de leur secrétaire. Voilà un contexte de départ pour le moins banal.
Lorca est une jeune femme pas vraiment sexy, plutôt fade, mariée et heureuse en ménage. Exactement ce qu’il faut pour être embauchée par une patronne suspicieuse qui ne veut pas qu’on lui fasse de l’ombre ni prendre le risque de perdre son mari. Faisant preuve d’un peu trop de mansuétude, elle va aider Lorca, puis rapidement se laisser envahir, par cette femme qu’elle retrouve dans ses pas à tout moment, qui va calquer sa vie sur la sienne. Rocio se rend compte de la manipulation, pourtant il lui est très difficile de se faire entendre.

Lorca est un être double, qui cherche à devenir autre, pour fuir une réalité qui ne la satisfait plus, pour oublier son chagrin, pour se prouver qu’elle peut y arriver. Ou simplement parce que tout a été si facile, au-delà de ses espérances, au-delà même de tout ce qu’elle avait imaginé au départ, des petites embrouilles aux malversations plus importantes il n’y a eu qu’un pas. Lorca si diabolique qui pourtant garde des traces de son passé, bien enfermée dans une boite, comme pour prouver, y compris à elle-même, qu’elle est devenue autre, et qu’elle a été aussi une autre.

La narratrice, elle-même en perte de repère, ressent une attirance malsaine pour ce personnage. Son récit alterne avec régularité avec celui de Lorca. Bien écrit en chapitre courts et rythmés, c’est un roman qui se lit avec plaisir. Si j’ai trouvé l’intrigue intéressante, j’ai préféré les pages qui me permettaient de retrouver Lorca, sa transformation, ses sentiments, au détriment de celles de la narratrice.

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Catalogue éditeur : Stock

« Je voulais comprendre comment Lorca Horowitz avait mis en place son plan d’anéantissement sans éveiller le moindre soupçon, et avait osé monter une à une, sans jamais reculer ni même hésiter, les marches qui la menaient droit à son crime. Je voulais comprendre pourquoi elle l’avait fait. Mais surtout en quoi cela me concernait, me touchait. Qu’avais-je à voir là-dedans ? »

Parution : 04/01/2016 / 216 pages / Format : 135 x 215 mm /EAN : 9782234076211 / Prix: 18.00 €

L’apocalypse selon Magda. Chloé Vollmer-Lo. Carole Maurel

Et si la fin du monde était annoncée ? Comment réagir, que deviennent ceux que l’on aime ? C’est ce que nous racontent en BD Chloé Vollmer-Lo et Carole Maurel dans « L’apocalypse selon Magda.

Apocalypse selon MagdaMagda a 13 ans, demain c’est son anniversaire, elle l’espère, sa journée sera belle. Mais hélas, ce jour-là, le monde entier apprend avec stupeur, et tous les scientifiques s’accordent pour le dire, que la fin du monde est pour dans un an. C’est sûr, c’est évident, rien ne peut contredire cette dramatique affirmation.
Comment réagir lorsque l’on apprend une aussi terrible nouvelle ? Vivre tout ce qu’on n’aura jamais le temps de vivre ? Continuer comme avant ? Se tourner vers le mysticisme ? Aller à l’école, au collège, au travail ? Magda devient une jeune femme, période normalement particulièrement importante dans une vie. Elle a envie de découvrir l’amour, premier baiser, premiers amours, de rencontrer de nouveaux amis, faut-il goûter à tout ce qui est défendu, aux paradis artificiel, jouir de la liberté d’aller et d’agir, tout vivre. Autour d’elle tout un monde s’écroule, où est la vérité, la question est difficile…

Un an, c’est tout juste quatre saisons, quatre saisons qui découpent l’histoire. Des couleurs sombres, parfois tristes, des plans de foule, de rues, ou au contraire des plans rapprochés nous emmènent au cœur de l’intimité de Magda. L’année se déroule sous nos yeux avec toute la complexité des réactions engendrées par le désespoir quand la fin est inéluctable.

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Catalogue éditeur

L’apocalypse annoncée il y a un an n’aura finalement pas lieu ! Tandis que l’humanité tout entière célèbre la nouvelle, Magda, 14 ans, est dévastée. Pourquoi ? Pour le comprendre, il faut revenir en arrière, à ce jour où Magda décide qu’elle mourra sans regrets. D’amours maladroites en paradis artificiels, sous le compte à rebours des saisons, la jeune fille se découvre à elle-même, dans un monde d’adultes dépassés par les événements.

Date de parution : 27/01/2016 / ISBN : 978-2-7560-6307-2 / Scénariste : VOLLMER-LO Chloé / Dessinateur : MAUREL Carole / Coloriste : MAUREL Carole

Des vies et des poussières. Louis Chedid

Dans ce joli recueil de nouvelles de Louis Chedid, « Des vies et des poussières » en peu de mots, peu de pages, tout est dit, ou presque, à découvrir !

Des vies et des poussières - J’aime beaucoup les textes de Louis Chedid, aussi c’est avec une certaine impatience que je me suis plongée dans ce recueil de nouvelles. J’apprécie également les nouvelles, par lesquelles un auteur va raconter une histoire, happer un lecteur, le faire rêver, lui donner des émotions, faire passer la tristesse, les espoirs, les illusions, en peu de pages. Et je n’ai pas été déçue.

Incisives, mordantes, attachantes, étonnantes, politiquement correctes – ou pas – mettant en scènes des quidams quelconques ou des personnalités de l’histoire récente, il y a toujours dans ces nouvelles un petit quelque chose qui surprend, qui retourne l’impression qu’à le lecteur au fil des pages. Très courtes pour la plupart, l’auteur a pourtant réussi à y insuffler une ambiance, une vie propre à chacune. Peut-être est-ce une capacité mise en œuvre régulièrement pour écrire une chanson, un texte court qui doit exprimer beaucoup en peu de mots ?
Si vous êtes encore un peu timide envers ce genre, leur « facilité » de lecture devrait vous convaincre ! Et si vous êtes amateurs du genre, vous aurez la garantie d’un lecture agréable et divertissante.

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Catalogue éditeur

Des vies et des poussières, c’est un livre à l’atmosphère drolatique, des bribes d’existence où quelque chose se grippe, se voile, se disloque. Un univers cruel et assassin jamais loin de l’absurde ni dénué d’humour. Au fil de ces seize nouvelles qui, chacune, s’ouvrent sur une petite morale, Louis Chedid nous étonne et nous cueille par surprise, avec un art certain de la chute.

EAN : 9782702158906 / Format : 135 x 215 mm / 234 pages / Parution : 6 janvier 2016

 

L’esprit du 11 janvier ; une enquête mythologique. Lehman. Gess.

Un opus tout en nuances de gris, pour nous rappeler qu’après l’horreur, un moment de communion exceptionnel s’est créé pour affronter le désespoir.

L'Esprit du 11 janvier - Une enquête mythologiqueEn un peu moins de cent pages L’esprit du 11 janvier est un retour percutant sur ces attentats qui ont frappé la France en 2015. Dans un récit tout en finesse, en dégradés de gris, noir et blanc qui mêle l’enquête, la superstition, les hasards malheureux et pour le moins surprenants qui font, quand on les observe après coup, qu’on se dit que « peut-être… », les témoignages des acteurs, les auteurs reviennent sur les drames qui ont endeuillé le pays. Pour ne pas oublier, pour comprendre, pour honorer, bien tristement puisque quelques mois après, l’horreur frappait à nouveau en France et presque quotidiennement de par le monde.

Sous la forme d’un récit, le scénario de Serge Lehman et le graphisme de Gess font parler les personnages, rappelant au lecteur les faits, les mots, les engrenages et les hasards malheureux, de Houellebecq à Luz, des victimes aux témoins, des rescapés aux familles de victimes, des phrases prononcées par ceux qui ont vécu l’horreur, qui ont souffert ou par ceux qui l’ont commentée, les autres, qui tentent à leur tour d’expliquer. Juste équilibre entre la réalité et la fiction, entre les dessins fouillés et détaillés et ceux juste esquissés, à la fois enquête et témoignage, unissant rêverie et réalité, « L’esprit du 11 janvier » est comme une tentative d’explication de ce qui s’avère au final indicible et inacceptable. Un témoignage fort pour ne rien oublier.

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Catalogue éditeur : Delcourt

C’est à une rêverie que nous convient Serge Lehman et Gess dans ce retour sur les attentats qui ont frappé la France. Mais aussi une enquête sur les petits faits étranges qui ont scandé la tragédie : coïncidences, thèmes qui se répondent, personnages dédoublés, signes du ciel, etc. Les auteurs explorent,  par jeu autant que par refus de céder au désespoir, la possibilité d’un miracle que personne n’aurait vu.

Scénariste : LEHMAN Serge / Illustrateur : GESS
Date de parution : 06/01/2016 / ISBN : 978-2-7560-7631-7

J’ai toujours ton cœur avec moi. Soffia Bjarnadottir

Dans « J’ai toujours ton cœur avec moi », Soffia Bjarnadottir nous entraine au cœur de l’Islande, ce  pays que notre imaginaire associe souvent au froid, au rêve et parfois même au surnaturel.

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Les sentiments y sont comme les paysages, parfois arides, intimistes, et leur beauté se confond avec celle des âmes qui l’habite. Dans cet univers si particulier, Hildur vient d’apprendre que Siggý, sa mère, vient de mourir.Alors qu’elle arrive dans la petite maison jaune sur l’Ile de Flatey, Hildur se souvient de cette mère qui n’a jamais su endosser ce rôle unique, être la mère de ses enfants. Les souvenirs, les délires, le ressentiment, l’espoir, des envies d’autre chose, de vivre peut-être enfin, affluent, dans son cœur enfin délivré de cette dose de folie intimement liée à cette femme si singulière. Car au fil des pages et des souvenirs, des errances et des hallucinations, on comprend que Siggý a disparu depuis longtemps de la vie de sa fille, ouvrant une faille impossible à combler puisqu’à son tour Hildur ne saura jamais endosser ce rôle.

Étrange pouvoir que celui d’une mère, présente ou absente, et qui par son comportement, change à tout jamais le destin de ses enfants. Poétique, étonnant, attachant, ce roman se lit avec beaucoup de plaisir et d’interrogation.

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Catalogue éditeur : Zulma

Roman traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

Phénix excentrique tant de fois ressurgi de ses cendres, Siggý n’est plus. Elle qui n’a jamais été là pour personne a légué à sa fille Hildur son mal étrange et une petite maison jaune sur l’île de Flatey.
Une lettre de sa mère pour seul viatique, Hildur s’embarque vers ce point minuscule perdu dans l’océan. Avec pour ange tutélaire l’homme aux yeux vairons. Et une foule de souvenirs sans pareils – les extravagances de Siggý et de son voisin Kafka, les mantras de grand-mère Láretta contre les idées noires, l’appel des phoques sacrés ou les fantômes de la rue Klapparstígur… Qui tous portent la promesse d’une singulière renaissance.
Comme une consolation venue d’ailleurs, J’ai toujours ton cœur avec moi est la belle chronique de ces quelques jours sans boussole – mélancolique, insolite et décalée.

12,5 x 19 cm • 144 pages / ISBN 978-2-84304-764-0 / 16,50 € / Paru le 07/01/16

Watertown. Jean-Claude Götting

Avec Watertown, édité chez Casterman, Jean-Claude Götting nous entraine sur la côte Est, dans l’univers noir des films policiers des années 50

Domi_C_Lire_watertown_jean_claude_gotting_casterman.jpgA Watertown, Maggie travaille dans la boulangerie de monsieur Clarke. Philip Whitting, modeste employé chez Barney & Putnam, vient chaque matin lui acheter son muffin. Jusqu’au jour où, lorsqu’il lui dit à demain, elle répond « Non…demain je ne serais plus là ».
Le lendemain, Monsieur Clarke meurt, écrasé par une lourde étagère de son magasin. Mystère, que s’est-il passé ? Faut-il réellement se fier aux apparences ? Que faut-il penser des mots de Maggie ? peut-elle être coupable d’un meurtre parfait ?

Deux ans plus tard, alors qu’il est en visite dans un village éloigné, Philip rencontre Maggie dans un magasin d’antiquités. Comme elle déclare ne pas le connaître, il décide de mener son enquête. Doit-il en parler ? A un journaliste ? Au shérif ? Qui va le croire, il soupçonne Maggie, mais de quoi au juste ? De meurtre ? Il n’a aucune preuve.

Portée par un graphisme qui rappelle les film des années40/50, dans l’ambiance des villes américaines avec leurs grandes maisons de bois, les voitures reconnaissables entre mille, la vie de bureau, et quelques personnages inquiétants, nous voilà face à une intrigue policière rondement menée. Tout y est, ou presque, pour passer un excellent moment en compagnie de Philip, soupçonneux agent d’assurance et apprenti enquêteur.

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Catalogue éditeur : Casterman

La dernière fois que je vis Maggie Laeger, c’était un lundi matin.
Je passais comme à mon habitude dans la pâtisserie de Monsieur Clarke pour y acheter un muffin que je mangerais sur le chemin du bureau.
Lorsqu’en payant, je lançai « À demain Maggie », elle répondit : « Non… Demain je ne serai plus là. »

Scénario et Dessin : Jean-Claude Götting

96 pages – 21.5 x 28.9 cm / ISBN : 9782203096608 / EAN : 9782203096608 / Paru le 06/01/2016

 

 

Question de géométrie. Léa Arthemise

Les couvertures des éditions Liana Lévi sont toujours une ouverture possible vers toutes les surprises, et c’est encore le cas avec « Question de géométrie », ce court roman de Léa Arthemise

Dans sa banlieue résidentielle, Bonnie est installé dans une vie tranquille et rangée. Mais ça n’a pas toujours été le cas, et aujourd’hui, au hasard d’une coupure de journal, son passé déboule et revient la titiller…
L’année du BAC, quelques années plus tôt, alors que tout la prédestinait à faire partie de ces jeunes filles qui passent leur diplôme et continuent leurs études sans faire de vague, la rencontre avec Alain et Adel, et surtout leur fuite à la suite d’un coup fourré qui tourne mal, l’avaient entrainée vers des sentiers « hors des clous » où elle aurait pu tout perdre, simplement par amitié et fidélité.
Mais si la vie n’a pas voulu qu’elle se perde, aujourd’hui pourtant les souvenirs affluent. Alternant le présent et le passé, les souvenirs de Bonnie et ceux d’Alain, l’auteur nous dépeint l’univers parfois glauque des banlieues, les perspectives d’avenir le plus souvent sombres pour les jeunes, les illusions perdues et les rêves fous inassouvis. C’est parfois tendre, souvent cruel, les mots sont bien posés, retranscrivant les sentiments, les espoirs, les incertitudes, les abandons et les résignations qui font que la vie qu’on mène n’est pas toujours conforme à celle dont on a rêvé si fort.


Catalogue éditeur

Des rangées de platanes, des rues au cordeau, des pavillons tout confort: Bonnie est installée dans une banlieue résidentielle, à vingt kilomètres de la capitale. Pourtant, à un moment de sa vie, elle a su être moins sage. C’était sept ans plus tôt, l’été du bac. L’été où elle traînait avec Alain et Adel. Un jour, les garçons ont voulu braquer un bar-tabac. Pour partir en cavale, ils avaient besoin de Bonnie et d’une voiture. Mais aujourd’hui, Bonnie est mère de famille, Alain est en prison et Adel est mort… En alternant dans des scènes courtes et rythmées les voix de ses personnages, Léa Arthemise compose un roman tour à tour caustique et tendre sur les grands ensembles périurbains et les illusions perdues de la jeunesse.

Liana levi «Littérature française» Date de parution : 07-01-2016 / 14 x 21 cm – 128 pages

isbn : 9782867467974 / 14 €

 

Le dernier amour d’Attila Kiss. Julia Kerninon

Avec « Le dernier amour d’Attlia Kiss » Julia Kerninon signe ici un deuxième roman tout en finesse. Petit livre au titre un peu étrange, mais qui emporte son lecteur, en peu de mots l’essentiel est dit et ressenti.

Domi_C_Lire_le_dernier_amour_d_atila_kiss_julia_kerninon.jpgNous découvrons Attlia Kiss, 51 ans. Il vit en Hongrie, marié, une vie pas très tranquille entre un beau-père mafieux sur les bords pour qui il accepte de faire quelques boulots et une femme qu’il aime, mais juste ce qu’il faut pour vivre ensemble, sans passion ni projets. Il traine sa carcasse au café Lukacz, le soir et souvent aussi dans la journée, entre deux boulots, chez Irisz, une jeune femme avec qui il aura des filles qu’il abandonnera le jour où il décide de changer de vie. Ses pas l’entrainent vers Budapest. Là, seul, sans femme ni argent, sans amis ni famille, il peint. Pendant des jours et des mois, il peint sa vie d’avant, pour exorciser, pour oublier, pour évacuer les souvenirs qui le minent.

Presque par hasard, à la terrasse d’un café, il rencontre Theodora, une jeune héritière, qui le suit chez lui et avec qui il va vivre. Pas simple, quand tout vous oppose.
L’âge d’abord, elle a vingt-cinq ans, il en a cinquante.
L’Histoire ensuite, ils appartiennent à deux pays autrefois ennemis aux populations encore meurtries par les années de guerre et les séparations de l’après-guerre, les trahisons, la partition d’un pays au profit de l’autre. On ressent cela aussi dans l’ambiance des grandes avenues de Budapest, tellement jolies mais reconstruites sur les blessures de la guerre puis de l’occupation Russe. On les ressent dans les mots et les gestes d’Attila, ses hésitations, ses soupçons, car, bien sûr, comment avoir confiance en cet autres que les générations passées ont honni ? Très intéressant de voir comment les ressentiments et les haines nationales sont encore prégnantes dans l’inconscient de ceux qui pourtant ne les ont pas vécues directement. Héritiers de haines encore vives sans doute.
Les différences sociales, puisque Théodora appartient à cette classe supérieure à laquelle il ne peut pas aspirer même en rêve, inatteignable et pourtant présente à ses côtés !
Les aprioris et les idées préconçues enfin, qui font qu’il est si difficile, lorsque l’on ne s’aime pas assez soi-même de comprendre que l’on peut être aimé pour soi. Nous assistons aux étapes de la relation, observation, émotion, sentiments, confiance et défiance, colère et compassion, passion et amour fou, tout y passe avec finesse et réalisme. C’est un court roman à l’écriture ciselée, tout en subtilité. C’est joli et parfois triste mais on en redemande !

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Catalogue éditeur

domiclire_POL2016 Sélection 2016 du Prix Orange du livre

«Par la suite, il se demanderait souvent s’il devait voir quelque chose d’extraordinaire dans leur rencontre – cette fille venant à lui sur la terrasse d’un café qui n’était même pas son préféré, qu’il ne fréquentait que rarement. Si elle était passée par là la veille, ou simplement une heure plus tôt ou plus tard, elle l’aurait manqué – il ne l’aurait jamais connue, il serait resté seul avec ses poussins et sa peinture et sa tristesse et sa dureté. Mais elle était venue, et il avait poussé doucement la lourde chaise de métal pour qu’elle puisse s’installer, et c’était comme ça que tout avait commencé.»

À Budapest, Attila Kiss, 51 ans, travailleur de nuit hongrois, rencontre Theodora Babbenberg, 25 ans, riche héritière viennoise. En racontant la naissance d’un couple, Julia Kerninon déploie les mouvements de l’amour dans ses balbutiements. Car l’amour est aussi un art de la guerre, nous démontre-t-elle avec virtuosité dans son deuxième roman.

Éditions Le Rouergue / janvier 2016 / 128 pages / 13,80 € / ISBN : 978-2-8126-0990-9