La bibliothèque de Hans Reiter. Jean Yves Jouannais

« La bibliothèque de Hans Rieter » de Jean-Yves Jouannais, un roman étonnant et singulier. « La guerre avait commencé par un blague, par rien d’autre qu’une blague ».

La bibliothèque de Hans Reiter

A la demande d’un de ses commanditaires, le narrateur se rend à une vente aux enchères sur l’ile de Rügen, en Allemagne. Là, il doit acquérir une partie de « La bibliothèque de Hans Reiter ». C’est son métier, acheter et vendre des livres anciens. Lors de ses achats il est toujours interrogatif quant à l’esprit et la logique ayant conduit à la création puis à l’unicité d’une collection de livres. Ici pourtant, impossible de comprendre le propriétaire, si ce n’est que la plupart des livres traitent de la guerre, mais de la guerre partout, à diverses époques, sans qu’il y ait une unité de lieu ou de temps par exemple. Et fait étrange, dans tous les livres qu’il a achetés une page est arrachée. Mystère que le narrateur n’aura de cesse d’élucider.

D’autant que lors de la vente un certain Ernest Gunjer lui a âprement disputé les enchères. Cet homme va le contacter pour le rencontrer. Rencontre avec un homme improbable, mais le narrateur s’embarque alors avec ce quasi inconnu pour une aventure livresque assez inhabituelle. Il découvre que la passion de Hans Reiter pour les livres qui traitent de la guerre a débuté à l’occasion d’une joyeuse soirée dans un cabaret à Vienne le 28 avril 1939 lorsqu’il a entendu le discours d’Hitler. A partir de cette date, seul contre tous, ayant perçu ce que nul autre n’avait compris, il n’a eu de cesse de démontrer que « La guerre avait commencé par un blague, par rien d’autre qu’une blague ».

Les questionnements du narrateur sont autant d’arguments pour lire des extraits des livres qu’il a réussi à acquérir, prétexte à développer quelques anecdotes historiques dont l’auteur est un spécialiste puisqu’il poursuit un cycle de conférences sur l’encyclopédie des guerres. Alors nous sortons moins ignares, sur Kafka et ses créatures, proches d’Hitler se terrant dans ses bunkers, sur la campagne de Russie, sur Napoléon, sur le soldat inconnu, sur Hitler bien sûr. Si les sujets sont vastes, ils traitent néanmoins tous de la guerre. C’est un livre assez court, mais dans lequel on pourrait puiser des connaissances pendant des heures. Une lecture aussi dense qu’étonnante.

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Un roman de la Sélection 2016 du Prix Orange du livre

Extraits :

« Moi, (…) je n’étais fasciné par rien. C’était un regret. C’était à en pleurer tant je le regrettais. Que ce soit la guerre, l’amour, la politique ou toute autre chose – dont les livres-, je n’étais envoûté par rien. J’avais justement souffert de n’avoir jamais vécu sous aucune addiction ».

«  »Paris.- 28 janvier 1921. Inhumation du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Le cercueil porté par quatre soldats arrive devant la tombe ». Les porteurs vont au pas, leur pied gauche est levé. Ils regardent devant eux, vers ce qui doit être le bas des Champs Élysées, et l’assistance autour d’eux regarde dans la même direction. Personne ne regarde le cercueil recouvert du drapeau. Ce soldat n’est pas seulement inconnu, il est déjà seul. »

Catalogue éditeur : Grasset

« La croyance de Hans Reiter fut dès lors celle de tous les hommes de toute éternité et qu’ils ont désiré censurer, à savoir que la guerre – dans son cas la Seconde Guerre mondiale – était née non pas d’un quiproquo diplomatique, du caractère belliqueux d’une nation, d’un accident climatologique ou de tout autre phénomène naturel, mais d’une blague. Il en avait été le témoin. La guerre est une farce qui tourne mal. »
Parution : 03/02/2016 / Pages : 160 / Format : 140 x 205 mm / Prix : 17.00 € / EAN : 9782246857761

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