« …Je suis sur la bonne voie, quand je veux peindre ce que je sens et sentir ce que je peins » Vincent Van Gogh
A Auvers-sur-Oise, Vincent aura vécu soixante-dix jours et peint plus de soixante-dix toiles. Jean-Michel Guenassia lui donne vie dans son dernier roman « La valse des arbres et du ciel ».
Toute la petite ville du val d’Oise respire aujourd’hui encore au rythme des artistes qui, à la fin du 19e, y sont venus faire éclater les couleurs sur leurs toiles magiques et pourtant incomprises de leurs contemporains, Pissarro, Van Gogh, Gauguin, entre autre. Mais n’est-ce pas l’apanage de ceux qui ouvrent la voie, qui découvrent de nouveaux horizons, explorent de nouveaux mondes, en peinture comme dans toutes les formes d’art.
Dans La valse des arbres et du ciel, Jean-Michel Guenassia donne la parole à Marguerite Gachet. La narratrice évoque cette période riche et foisonnante de la vie de Vincent Van Gogh. Margueritte voudrait être peintre, elle tente de s’émanciper d’un père tout puissant, et si elle a eu le droit de poursuivre, et de réussir, des études, son futur mariage est déjà arrangé et son avenir est tout tracé. Marguerite est prétexte à nous dépeindre la conditions des femmes : autorité du père, qui prend les décisions pour ses filles, mariage arrangé pour plaire aux familles, études parfois – mais attention, toutes les disciplines ne sont pas encore ouvertes aux femmes – et surtout un avenir tout tracé, se marier, tenir un foyer et d’avoir des enfants.
Le père de Marguerite, le docteur Gachet, à l’habitude de soigner des artistes. Souvent démunis, ils le payent avec ces tableaux qu’ils ont tant de mal à vendre. Vincent sera l’un d’eux. On le lui confie, il arrive de Saint-Rémy de Provence où il a eu de graves altercations avec Gauguin, et il sombre peu à peu dans la folie. Jean-Michel Guenassia nous montre un Vincent qui de l’aurore à la tombée du jour arpente la campagne environnante pour reproduire à sa façon les paysages qui l’entourent. Dès lors, couleurs, lumière et formes éclatent sur la toile, on visualise bien Vincent, assis devant son chevalet, d’abord pensif, puis acteur de ces scènes magiques qu’il a peintes pour notre plus grand bonheur à tous. On l’imagine, pantalon et chemise tachées de peinture, chapeau de feutre sur la tête, chevalet plié et sac fourretout dans lequel il glisse tubes, pinceaux et brosses, sa toile sous le bras, qui rentre vers sa chambre de l’auberge Ravoux pour finir ce qui deviendra un autre chef-d’œuvre. Vincent, qui rêvait d’exposer un jour « dans un café » mais n’a jamais vendu une seule toile de son vivant, est aidé par Théo, le frère, le double, celui qui le comprend et l’aide à réaliser son œuvre.
L’auteur insère dans ses chapitres de courts textes en italique sur l’actualité, la vie, qui installent bien les personnages dans leur époque. Anti sémitisme, scandale du canal de Panama, progrès avec le développement du chemin de fer, exposition et salon des indépendants…
J’ai aimé avant tout cette vie que l’auteur a donné à Vincent, cette façon de le faire parler de la peinture, celle que l’on vit, savoir pourquoi on veut peindre, ce qu’on y met de soi, ce qu’on doit ressentir tout au fond de soi, et que l’on jette sur la toile… ce foisonnement artistique, cette intensité créatrice que l’on ressent dans les mots du roman et que l’on retrouve sur ses toiles.
On peut peut-être se poser des questions sur la fin de l’intrigue de La valse des arbres et du ciel, mais qu’importe si elle est crédible ou pas, puisqu’il s’agit d’un roman. Et après tout de très nombreuses versions s’opposent aujourd’hui à celle du suicide de Vincent. Entre autre celle d’enfants ayant joué avec une arme et que Vincent n’aurait pas dénoncés… Mystère qui ne ramènera pas ce Maitre de la peinture dont je suis une inconditionnelle, et dont je cours voir les œuvres dès que je peux !
#rl2016
Trois toiles exposées au MET, et un portrait, prét temporaire au musée d’Orsay en 2015
Exposition temporaire au MET à New York en 2015
Catalogue éditeur : Albin Michel
Auvers-sur-Oise, été 1890. Marguerite Gachet est une jeune fille qui étouffe dans le carcan imposé aux femmes de cette fin de siècle. Elle sera le dernier amour de Van Gogh. Leur rencontre va bouleverser définitivement leurs vies.
Jean-Michel Guenassia nous révèle une version stupéfiante de ces derniers jours…Lire la suite
Édition brochée : 19.50 € / 17 Août 2016 / 140mm x 205mm / 304 pages / EAN13 : 9782226328755
Une réflexion sur “La valse des arbres et du ciel. Jean-Michel Guenassia”