Les Brasseurs de la ville. Evains Wêche

« Les Brasseurs de la ville », ce sont des brasseurs… de bière ? Non, Brasseurs de ville, de vent, de vie, Evains Wêche nous entraine à leur suite dans les rues misérables de Port au Prince en Haïti, à la recherche de jours meilleurs.

 domi_c_lire_les_brasseurs_de_la_villeUn premier roman au style étonnant qui nous fait vivre dans les pas d’un couple, à Haïti, au milieu des bidonvilles et de la misère. Tantôt il, tantôt elle, sans transition, le narrateur est les deux en même temps et s’adresse directement au lecteur, lui exposant sa vie, ses problème, ses amours, ses souffrances, ses espoirs, d’une vie meilleure, d’un emploi plus stable et moins fatiguant, de recevoir la manne financière promise par les pays riches et qui devrait s’abattre sur le pays, mais qui va moins vite que les ouragans ou les tremblements de terre !

Roman très étonnant donc, par sa construction qui du coup peut le rendre quelque peu rébarbatif, mais tellement émouvant aussi pas sa justesse de narration. Et qui parle si bien de la difficulté d’être au jour le jour. La mère qui a fait le choix d’un amoureux plutôt que d’un homme riche, ce qui a entrainé la séparation d’avec sa famille. Le marché où le femmes brassent la ville, brassent le béton, vendent des serviettes, de l’eau, ou même quand il le faut, leur corps, pour survivre et nourrir la famille un jour de plus. Les sentiment mitigés des parents, leur espoir d’une vie meilleure grâce à Babette, la fille ainée, si jolie, bien éduquée, instruite, qui pourrait épouser un homme riche ou du moins trouver un diaspora, un « pied de riz » diraient certains et son indispensable porte-monnaie. Le seul espoir réside donc cette fille qui trouve en Mr. Erickson, un homme riche mais marié, un protecteur qui va mettre à l’abri toute la famille. Mais à quel prix ! Difficile choix, continuer et laisser sa fille se perdre dans une vie sans avenir qu’elle n’a pas choisie, ou écouter ses remords, ses craintes, sa honte, et laisser sa famille et ses enfants mourir de faim, son homme mourir de fatigue.

J’ai aimé ce roman, malgré son style déroutant, pour sa verve, son réalisme qui peut nous sembler irréel, mais dont on peut malgré tout imaginer toute l’authenticité, la banalité, celle qui nous atteint et nous touche parfois lorsqu’on regarde les images d’un journal télévisé, mais qu’on oublie bien vite dans le confort de notre quotidien.

 les 68 premieres fois DomiClire


Catalogue éditeur : Philippe Rey

Port-au-Prince. Une famille négocie sa survie au jour le jour : il est maître pelle sur un chantier ; elle est repasseuse chez les messieurs célibataires du quartier, n’hésitant pas à se donner à eux car sinon « la chaudière ne monterait pas le feu ». Cinq enfants. Leur fille aînée, Babette, adolescente, est leur seul espoir : elle a son brevet, et sa beauté leur offrira un gendre riche. Sa mère la rêve en Shakira.
Un certain M. Erickson se présente un jour, bien plus âgé qu’elle, généreux pour la famille qu’il installe dans une confortable maison. Mais qui est-il réellement, cet homme mystérieux aux trois maîtresses, vivant dans le luxe, entouré de gardes du corps ? Pourquoi métamorphose-t-il Babette en blonde au point que le quartier la nomme dorénavant la Barbie d’Erickson ?
Sa mère constate, désolée : « Ma fille n’est plus ma fille ». En « putanisant » Babette, ses parents semblent s’être engagés sur une voie aux multiples périls, dont ils pressentent avec effroi qu’elle est sans retour.
Dans Les brasseurs de la ville, épopée à travers les quartiers pauvres de Port-au-Prince, chaque personnage invente ses propres pas pour danser avec sa croix. Evains Wêche signe un talentueux premier roman qui met en lumière la lutte du peuple haïtien contre la déchéance et la mort, un peuple qui brasse la ville entre les bruits et les fureurs où s’entremêlent des histoires de courage, d’amour et de folie.

Date de parution : 07/01/2016 / ISBN : 978-2-84876-506-8 / Format : 14,5 x 22 cm Pages : 192 / Prix : 17.00 €

 

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