Musée Maillol exposition « 21 rue la Boétie » à voir jusqu’au 23 juillet.
D’abord, on aime le charme du lieu, le Musée Maillol est dans un de ces beaux hôtels qui nous transportent et sont partie intégrante du plaisir de la visite. Alors on entre, on grimpe vite cet escalier en colimaçon tout en transparence, et nous voilà à l’entrée de l’expo.
Là, une scénographie bien agencée, riche et lisible nous explique le parcours de Paul Rosenberg, issu d’une famille de galeristes, esthète, visionnaire, moderne et habile marchand des œuvres de ces peintres majeurs du siècle dernier qu’il rencontre au début de leur carrière et qui devinrent rapidement ces amis. Son histoire sera racontée par sa petite fille, Anne Sinclair, dans le livre éponyme : 21 rue La Boétie, adresse parisienne de sa galerie.
De nombreuses photos de documents montrent également la richesse et l’activité de la galerie, une exposition par mois environ, de tous les peintres qui ont marqué cette époque. Fort heureusement, Paul Rosenberg faisait photographier chacune des œuvres qui rentraient dans sa galerie. Et si les plaques photographiques ont voyagé d’Allemagne en Russie, avant de revenir à la famille émigrée à New York, elles permettent de prendre la mesure des quelques 4500 œuvres qu’elles répertorient ! Quelques photos et facsimilés de fiches sont d’ailleurs exposés.
Au fil des salles, qui nous projettent pour certaines dans l’ambiance même de la galerie, nous découvrons de magnifiques tableaux de Picasso, quelques Braque, Léger, Matisse, Nicolas de Staël, mais aussi la talentueuse Marie Laurencin, Renoir…
Les impressionnistes :
De Picasso à Marie Laurencin, les grands maîtres de la collection :
Mais la saga des Rosenberg, c’est aussi un tournant de l’Histoire, la grande, parfois dramatique. C’est l’arrivée d’Hitler en 1933, la France comme l’Europe occupée, la spoliation des biens juifs, la mainmise par les allemands sur les œuvres majeures des pays annexés, mais aussi la destruction de tout ce qui ne rentrait pas dans le cadre imposé par la doctrine aryenne, ce qu’ils appelaient « l’Art dégénéré ». La fureur destructrice de la beauté par les barbares n’est pas nouvelle hélas. Cette partie de l’exposition est riche d‘enseignement, car la mémoire est sélective et nous avons souvent oublié cette partie de notre histoire.
Art autorisé, art dégénéré :
Le 21 rue la Boétie sera réquisitionné et transformé en Institut d’étude des questions juives. Après avoir fui à Bordeaux, Paul Rosenberg ira s’installer à New York où il avait déjà ouvert une galerie quelques années auparavant. Il sera même déchu de sa nationalité française et l’apprendra là-bas, comme tant d’autres… une partie de ses biens lui sera restituée après la guerre, d’autres bien plus tard, d’autres enfin dorment on l’espère quelque part et réapparaitront un jour, peut-être…
Picasso :
L’exposition est splendide, des œuvres de peintres majeurs, une trame et un drame historique que l’on ne peut pas ignorer, voilà de quoi passer un beau moment particulièrement enrichissant.
Enfin, ne pas oublier d’aller voir la suite, avec les collections permanentes dédiées à Maillol, peintre et sculpteur.
Une réflexion sur “21 rue La Boétie. Musée Maillol”