Outre-mère. Dominique Costermans

Une mère, une fille, la recherche d’un père absent après une guerre vécue difficilement aussi du côté de la Belgique.

DomiCLire_Outre_Mere

A la lecture de ce premier roman, j’ai eu l’impression que ce livre n’est pas destiné aux lecteurs, mais à cette famille éclatée, perdue, diverse et retrouvée, qui a besoin de ces mots pour se connaître, se comprendre, s’accepter.  Un peu comme si le lecteur était en trop, ou seulement utile pour faire passer le message sur des origines difficiles à accepter, une enfance compliquée tant pour la mère que pour les différents enfants de ce père qui s’avère rapidement criminel, égoïste, volage et absent.

Car Charles Morgenstern, le grand-père de Lucie, la narratrice, a travaillé pour la gestapo et s’est enfui en Allemagne après la guerre. Lucie a compris très tôt qu’il y avait un secret dans sa famille, que sa mère avait des silences, des absences qui venaient de loin, d’une enfance non dévoilée, d’aïeux inconnus. Tout cela forme un manque et un vide à combler pour cette petite fille qui a grandi avec le poids de l’absence et l’envie de comprendre. Elle va suivre les méandres des révélations, des silences surtout, des recherches qu’elle va entreprendre et de tout ce qu’elle va découvrir sur le passé de sa mère et de sa famille.

L’idée est intéressante, le parcours aussi, de cette fille qui se cherche une ascendance acceptable, qui tient absolument a retrouver les racines que sa mère lui cache. Secrets de famille lourds à porter, juifs ou collabos, traitres ou Justes, ramifications et répercussions jusque dans le présent de ces silences lourds à porter, de ce passé si dense, tout ceci est très significatif sur le besoin de recherche et de mémoire, mais l’auteur nous perd dans les méandres d’une famille tentaculaire et disparate. Bref, si j’ai par moment eu envie de connaître la suite, je crains de ne pas avoir ressenti assez d’émotions pour avoir envie de vibrer, de pleurer ou de rire avec Lucie.

Roman lu dans le cadre des 68 premiers romans : retrouvez les avis de Martine avec Les lectures de Martine (et plus) ou de Henri-Charles Ma collection de livres


Catalogue éditeur : Éditions Luce Wilquin

Outre-Mère est moins le récit de la véritable histoire de Charles Morgenstern, juif, bruxellois, enrôlé dans l’armée allemande puis indicateur au service de la Gestapo, que celui de son dévoilement, malgré le silence imposé qui règne encore dans sa famille deux générations plus tard. Que faire des secrets ? De la famille, de la guerre et de ses monstres ? Du silence de la mère ?
Ces questions provoquent tout autant l’enquête de Lucie que l’écriture envoûtante de ce texte.
Le paradoxe de ce roman, son paradoxe passionnant, c’est que le secret le plus crucial apparaît moins dans une révé­lation – vite livrée au lecteur – que dans les moments anxieux, obstinés et rebondissants de son dévoilement tentaculaire.
Il en résulte un étrange passage de la souffrance et du silence à la délivrance de la mère comme de la narratrice – et du lecteur.

14 x 20,5 cm, 176 pages / ISBN 978-2-88253-529-0 / EUR 17.-

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