Une longue impatience, Gaëlle Josse

Retrouver la belle écriture de Gaëlle Josse et se laisser emporter par la force des émotions

Domi_C_Lire_gaelle_josse_une_longue_impatience

En Bretagne, dans les années d’après-guerre. Une femme, Anne Quémeneur, veuve le Floch attend. Elle attend son fils, Louis, issu de son premier mariage avec Yvon, le marin qui n’est jamais rentré au port. Car pendant la seconde guerre mondiale, les anglais ont aussi bombardé les bateaux de pêche qui alimentaient l’ennemi.

Veuve restée au village, Anne épouse en seconde noces Étienne, le pharmacien. Fils d’une famille aisée, il est celui que toutes voulaient épouser mais qui attendait Anne depuis sa plus tendre enfance. Amoureux de cette fille pauvre, mais libre et si différente, qui le fait rêver et qu’il aime en silence depuis de nombreuses années avant de pouvoir se déclarer. Le mariage se fait, Étienne promet d’aimer Louis comme son fils. Deux enfant naissent de cette union, qui font le bonheur de leurs parents.

Mais un jour, Étienne corrige Louis avec violence. Louis, cet enfant qu’au fond il n’a jamais accepté comme le sien, peut-être parce qu’il est la preuve vivante de l’existence du premier mari d’Anne. Et à seize ans, Louis s’en va, quitte la maison sans un mot, sans une ligne, sans une explication.

La douleur de Anne est un gouffre sans fond, une blessure à vif, car le silence, le doute, les questions qu’elle se pose vont la miner et la tuer à petit feu. Anne est une mère qui aime ses autres enfants mais qui ne pourra jamais se résoudre à l’absence de Louis. Elle va réussir à afficher une vie de mère, d’épouse, mais va surtout souffrir de l’abandon de ce fils qu’elle n’aura pas pu protéger et qu’elle va attendre chaque jour, inlassablement.

Voilà un roman de souffrance et d’attente, d’espoir et de chagrin, d’amour et d’incompréhension. Porté par une écriture fine et ciselée comme un diamant, qui pose les mots à leur juste place, qui décrit les sentiments et les fait vivre au lecteur aussi sûrement que s’il les avait vécus lui-même. Voilà un magnifique portrait de femme qui pleure un fils perdu, qui se détruit dans l’attente du retour de ce fils silencieux, qui attend aussi une forme de rédemption qui ne viendra sans doute jamais.

Gaëlle Josse a une façon bien à elle de nous emporter dans une finesse de sentiments qui nous semblent parfois d’un autre âge. Mais également dans ces descriptions qui rendent tellement vivant son roman. Ici je pense en particulier aux lettres d’Anne à son fils, avec ce repas sans fin, symbole de vie et de joies, de bonheur et d’enthousiasme, rêve irréel de celle qui attend. On y côtoie aussi la pression sociale des villages, dans une France d’après-guerre où ceux qui trahissent leur milieu sont regardés avec inquiétude et parfois mépris.

Catalogue éditeur : Noir sur Blanc

Ce soir-là, Louis, seize ans, n’est pas rentré à la maison. Anne, sa mère, dans ce village de Bretagne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voit sa vie dévorée par l’attente, par l’absence qui questionne la vie du couple et redessine celle de toute la famille.
Chaque jour, aux bords de la folie, aux limites de la douleur, Anne attend le bateau qui lui ramènera son fils. Pour survivre, elle lui écrit la fête insensée qu’elle offrira pour son retour. Telle une tragédie implacable, l’histoire se resserre sur un amour maternel infini.

Avec Une longue impatience, Gaëlle Josse signe un roman d’une grande retenue et d’une humanité rare, et un bouleversant portrait de femme, secrète, généreuse et fière. Anne incarne toutes les mères qui tiennent debout contre vents et marées.

Date de parution : 04/01/2018 / Format : 12,8 x 20 cm, 192 p., 14,00 EUR € / ISBN 978-2-88250-489-0

2 réflexions sur “Une longue impatience, Gaëlle Josse

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s