Un roman empreint d’une grande humanité qui donne foi en l’Homme

Lui, c’est Nsaku Ne Vunda, né autour de 1583 au Kongo. Élevé par les missionnaires de l’orphelinat qui l’avait recueilli, car son père est mort en allant chercher des secours pour aider sa femme à accoucher, sa mère est décédée en couches. C’est dire si cet enfant avait décidé de vivre envers et contre tous. Il sera ordonné prêtre sous le nom de Dom Antonio Manuel.
Les habitants du Kongo avaient pour habitude de s’offrir entre eux femmes, enfants ou hommes, captifs de leurs familles, opposants, prisonniers de guerre. Depuis le début de ce siècle et sous l’impulsion des portugais, la traite va prendre une toute autre ampleur et les échanges deviennent véritablement un commerce florissant.
En 1604, appelé par le roi Alvaro II, Dom Antonio manuel se voit confier une mission secrète, partir en ambassadeur auprès du pape Clément VIII. Deux fonctions vont être confiées à cet émissaire du roi, le représenter auprès de la cour à Rome et assoir l’importance du Kongo en le libérant de la tutelle commerciale des portugais, mais surtout, partir en émissaire du roi pour plaider la cause des esclaves et tenter d’obtenir l’abolition de cette infamie. Mais le voyage va s’avérer plus long et bien plus difficile que prévu, et ce qui devait être un aller simple vers la méditerranée va se transformer en un périple de plusieurs années à travers Un océan, deux mers, trois continents.
L’auteur nous transporte dans une époque, dans les pensées du prêtre, ses sentiments et ses hésitations. Nous le suivons par-delà le temps vers la réalisation de sa mission. S’il s’avère parfois bien innocent face aux réalités, il finira pourtant par arriver jusqu’à Rome au prix de bien des efforts, de souffrances, et d’aventures à la fois rocambolesques, dramatiques et attachantes.
Un océan, deux mers, trois continents est un roman étonnant et terriblement humain. Wilfried N’sondé nous fait regarder autrement ce buste de marbre noir installé dans la cathédrale Sainte Marie-Majeure de Rome, celui de cet homme désormais connu sous le nom de Nigrita et qui vécut dans un XVIIe siècle partagé entre esclavage, flibusterie, servage et Inquisition.
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Catalogue éditeur : Actes Sud
Il s’appelle Nsaku Ne Vunda, il est né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo. Orphelin élevé dans le respect des ancêtres et des traditions, éduqué par les missionnaires, baptisé Dom Antonio Manuel le jour de son ordination, le voici, au tout début du XVIIe siècle, chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape. En faisant ses adieux à son Kongo natal, le jeune prêtre ignore que le long voyage censé le mener à Rome va passer par le Nouveau Monde, et que le bateau sur lequel il s’apprête à embarquer est chargé d’esclaves…
Janvier, 2018 / 11,5 x 21,7 / 272 pages / ISBN 978-2-330-09052-4 / prix indicatif : 20, 00€
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