La vrai vie, celle d’avant… Un premier roman intense et puissant.

… Avant cette scène qui change tout dans la vie de Gilles et de sa grande sœur, il avait déjà une famille si terriblement « glaciale… »
Dans cette famille il y a le père, chasseur de gros gibier sur des terres lointaines, qui rapporte en conquérant les trophées, massacres et autres bêtes empaillées qui ornent la chambre des cadavres si justement nommée.
Il y a la mère, qualifiée d’amibe, quel surnom à la fois terrible et terriblement évocateur du dégoût que cette mère inspire à sa fille, femme soumise, acceptant les coups la peur au ventre et dans le regard, assouvissant son besoin d’amour avec sa perruche et ses chèvres, comme s’il était impossible d’accorder de l’amour à sa propre famille, à ses enfants.
Il y a le frère, Gilles, de trois ans plus jeune, il est le rayon de soleil, le petit qu’il faut aimer et protéger.
Il y a enfin cette fillette de dix ans qui raconte, qui nous raconte leur vie pendant six ans. Cette narratrice brillante et sensible, passionnée de mathématiques quantiques, et qui aime tant son petit frère qu’après l’accident, sa vie ne sera plus comme avant. Elle n’a plus dès lors qu’un rêve, qu’une seule ambition, revenir à avant, retrouver La vraie vie.
Dans ce premier roman qui se lit d’une traite, dans un souffle, l’amour et l’espoir viennent éclairer les temps sombres, ceux de l’innocence perdue, de la quête d’un passé qui ne reviendra plus jamais. Mais il s’agit aussi ici de maltraitance, parfois sans violence, enfin sans trop de violence, envers des enfants soumis à leurs parents, par amour, par obligation, par peur aussi sans doute. De maltraitance envers une femme, qui par crainte de voir cette violence changer de cible accepte tout, les mots qui tuent, les gestes qui blessent, les attitudes qui vous transforment en amibe justement. Pour ne pas éveiller la frustration de celui qui frappe ? Par peur, par lassitude, par soumission ? Et si c’était la violence au quotidien, si tristement réelle, le véritable sujet du roman ?
La violence au quotidien, celle qu’on accepte, celle qu’on combat, celle qui vous tue à petit feu dans l’indifférence…
Dans La vraie vie, il y a aussi la recherche désespérée d’une machine à remonter le temps, puis la révolte d’un frère que l’on imaginait passif, sursaut indispensable, absolument vital.
Par certains côtés, ce roman m’a fait penser à My absolut Darling… par la relation terrible entre un père et sa fille, ou comme ici entre un père et son fils. Et l’on se demande quel est le moyen d’en sortir, si ce n’est en répondant à tant de violence par la violence elle-même ?
Premier roman encensé par les critiques et les lecteurs, La vraie vie est un roman à l’écriture vive, acerbe et directe, qui évoque une situation familiale dramatique et difficile… Et le lecteur de s’attacher à cette narratrice tellement émouvante, dont on espère qu’elle arrivera à ses fins, forcément…
Petit bémol peut-être, ce père toxique m’a parfois semblé un peu trop caricatural, et donc ce parallèle que je n’ai pu m’empêcher de faire avec le roman de Gabriel Tallent. Mais Adeline Dieudonné reste une auteure à suivre, assurément.
Catalogue éditeur : L’Iconoclaste
Un roman initiatique drôle et acide. Le manuel de survie d’une guerrière en milieu hostile. La fureur de vivre.
Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère est transparente, amibe craintive, soumise à ses humeurs.
Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glaces. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant.
Format 135 x 185 mm / prix 17 € / nombre de pages 270 / EAN : 9782378800239