Je mange de tout !, G. Bouttier Guérive, B. Bécue

Un recueil à lire aux petits dès 3 ans, pour apprendre à manger de façon claire et ludique

C’est sûr, dans la vie, c’est quand même drôlement mieux de manger varié, sain, des aliments qui ont du goût, parfois trop, parfois trop bizarre, mais des aliments qui font du bien.

Je mange de tout, le recueil de textes de Gaëlle Bouttier Guérive, illustré de couleurs vives et savoureuses par Benjamin Bécue, dans la collection Mes premières questions réponses, répond à vos questions, et à celles de vos petits :

  • A quoi ça sert de manger ?
  • D’où vient la nourriture ?
  • Pourquoi il faut manger des légumes ?
  • A quoi ça sert de bien se tenir à table ?
  • Pourquoi on ne mange pas toujours la même chose ?

Etc… vous l’aurez compris, en 21 questions, on fait le tour de la problématique, par des réponses adaptées à l’âge des petits lecteurs et un jeu à chaque page pour qu’il apprenne en s’amusant. Car à chaque double page, il y a des objets à trouver parmi ceux que l’on vient d’évoquer.

Ce recueil est fait avec de jolies pages plastifiées, on peut presque manger en le lisant, ce n’est pas grave, ça ne va pas tacher les pages.

Catalogue éditeur : Nathan

Auteur : G. Bouttier Guérive
Illustrateur : B. Bécue

La collection qui répond aux questions des tout-petits : 21 questions pour découvrir le plaisir de manger de tout : pourquoi on ne mange pas que des gâteaux ? Pourquoi c’est bien de goûter un peu de tout ? à quoi ça sert de prendre son temps pour manger? Est-ce que la soupe ça fait vraiment grandir ?
Et un grand jeu de cherche et trouve pour s’amuser à tous les aliments préférés.

6,95 € / 24 Pages / Parution : mai 2019 / ISBN : 978-2-09-258748-5

Ma vie de marmotte, Hervé Kuhn

Partir pour la Savoie avec Hervé Kuhn en suivant les aventures loufoques de deux marmottes avec « Ma vie de marmotte », sa nouvelle BD aux éditions Boule de neige.

Je viens de finir « Ma vie de Marmotte » La BD de Hervé Kuhn aux éditions Boule de neige.
Une BD destinée aux plus de 7 ans, mais pas seulement… puisque ces aventures de marmottes montagnardes en feront sourire plus d’un !
La plupart des pages sont composées de deux bandes en 5 ou 6 vignettes. Ce sont de courts récits au fil des saisons, où l’on suit les aventures et les événements qui ponctuent la vie d’Églantine et Séraphin, ce désopilant couple de marmottes avec leurs différents amis, animaux de la montagne comme eux. Une jolie atmosphère de montagne en toutes saisons, avec boule de neige, Grolle et fondue savoyarde, et surtout un humour à toute épreuve qui ravira les plus jeunes.

Voilà donc une BD que je compte bien faire lire rapidement à Arthur, bientôt 7 ans, qui adore passer ses vacances en Savoie ! Un plus il me semble, les textes écrits en lettre bâton, ce qui doit faciliter la lecture des apprentis lecteurs.
Hervé Kuhn est né en Savoie, ce professeur d’allemand partage sa vie entre l’enseignement et ses crayons. Il puise son inspiration dans ses montagnes natales.

Catalogue éditeur : Éditions Boule de neige

Les aventures intimes, drôles et loufoques d’un petit couple de marmottes des Alpes : Églantine et Séraphin, en compagnie de leurs amis de toujours : bouquetins, vaches, chamois, bélier, etc.  
Retrouvez l’humour d’Hervé Kuhn et les personnages de la série « Là-Haut sur la montagne ».
Date de parution : juin 2019 / ISBN : 978-2-918735-34-2 / Format : 20 x  27 cm, album souple / Nb de pages : 68 pages / Prix : 11,00 €

Plus jamais peur de la cantine, Catherine Aliotta, Ewen Blain

Un livre jeunesse pour apprendre à dédramatiser la cantine, et rendre la vie plus facile aux petits

couv du livre plus jamais peur de la cantine, photo Domi C Lire

J’ai aimé la lecture de ce livre à destination des petits « Plus jamais peur à la cantine » dans la collection Souris à la vie, sophrologie, éditions Langue au Chat, écrit par Catherine Aliotta et illustré par Ewen Blain.

Comment minimiser le fait de ne pas rentrer à la maison le midi, de manger des plats qui ne ressemblent ni par l’odeur, ni par leur couleurs, à ceux dont on a l’habitude, ceux qui sont préparés par les parents, à ne pas manger au calme, contrairement à ce qu’il se passe dans l’abri douillet de son chez-soi.
Car c’est effectivement souvent une question de goût, de couleur, d’odeur, de bruit, et le fait d’être entouré de gamins distraits ou rêveurs, ce n’est pas toujours évident ni agréable. Du coup, le blocage arrive, et plus moyen de manger.

Alors l’auteur dédramatise, ici, une petite souris vient aider l’enfant et lui explique les situations, lui propose des petits exercices de sophrologie, tous simples à faire, comme un jeu pour lui rendre la vie plus facile chaque jour. Lui montrant l’intérêt de bien manger pour grandir. Et le plaçant à nouveau dans un cercle familial où il n’est pas forcément le seul à être malheureux de ne pas retrouver la famille le midi, j’ai trouvé cela aussi particulièrement intelligent.
Et maintenant j’ai hâte de le faire découvrir à mes petits enfants ! je suis ravie de découvrir cette collection à destination des petits.

Catalogue éditeur : Langue au chat

Emma doit déjeuner à la cantine. 
C’est horrible ! La nourriture n’a pas du tout le même goût, ni la même couleur qu’à la maison. En plus, il y a du bruit, des petits qui pleurent, les dames du service qui crient pour demander le silence, les grands qui jettent des choses collantes dans les cheveux… Rien ne va ici !
Catherine Aliotta, la référence française en sophrologie, explique des exercices pas à pas pour chasser les mauvais souvenirs vécus à la cantine, pour se sentir en sécurité dans un environnement qui n’est pas encore familier ou encore pour apprendre à goûter les aliments inconnus…

Catherine ALIOTTA est une auteure et pédagogue française spécialisée dans le domaine de la sophrologie. Fondatrice et directrice de l’Institut de formation à la sophrologie. Elle a à son actif de nombreux manuels pratiques en sophrologie destinés au grand public et aux professionnels. Elle donne de nombreuses conférences et apparait régulièrement en tant qu’experte dans les plus grands médias français.
Ewen BLAIN est né en 1981. Nourri aux bandes dessinées dès son plus jeune âge par son père, il se dit qu’être dessinateur plus tard, ce serait vachement bien. Du coup, il se met à dessiner, encore et encore, et ça lui plaît ! Depuis, il a illustré des jeux, des bandes dessinées, des manuels scolaires, des romans, des contes, des livres scientifiques… et il ne s’en lasse pas !

EAN : 9782806310071 / Nombre de pages : 40 / Format : 200 x 292 mm / Prix : 12,50€

Allez hop ! Au Pays Basque, Cécile Serres, Camille Juarez

Souvenir de vacances avec mamie, « Allez hop ! Au Pays Basque »  entraine avec humour et bienveillance ses petits lecteurs à la découverte d’une belle région française.

couverture du livre jeunesse allez hop, au Pays Basque éditions Cairn

J’ai découvert dans la collection jeunesse des éditions Cairn ce livre pour enfants « Allez hop ! Au Pays Basque » avec des dessins de Cécile Serres et des textes de Camille Juarez. Un très joli graphisme pour cette artiste qui généralement propose l’éditeur des dessins en noir et blanc, et dans lequel on retrouve les couleurs propres au Pays Basque, le rouge, le blanc et le vert de la campagne particulièrement bien arrosée ! L’idée de départ, une grand-mère très moderne embarque ses petits-enfants pour des vacances dans son camping-car, et leur fait visiter une belle région française.

Frère et sœur partent donc avec leur mamie de Bayonne à Biarritz, d’Espelette à Iraty, de Socoa à la corniche et jusqu’en Espagne. Ils visitent, mais ils rencontrent aussi l’âme basque, celle que l’on retrouve dans les chants, les danses, les fêtes, à Bayonne par exemple, ou les jeux comme la traditionnelle pelote – ou pala- mais aussi le surf que l’on pratique avec ferveur tout au long de la côte, mais aussi chez les bergers qui gardent leurs troupeaux et produisent un merveilleux fromage de pays.

Si frère et sœur n’ont pas de prénom, alors chacun peut s’identifier à eux dans l’une ou l’autre des situations. Une petite fille qui rêve de plage et de farniente, qui du coup se trouve un peu en opposition avec le rythme de vie de sa grand-mère, sport, visites, découvertes, rencontres partout et à toute heure ! Mais elle prend plaisir à la suivre… Et d’ailleurs, la dernière page s’ouvre sur une promesse, celle de la retrouver pour de nouvelles aventures.

Voilà donc un moyen bien sympathique de faire un tour d’horizon de ce Pays Basque que beaucoup d’entre nous apprécient de retrouver pour des vacances sportives ou gourmandes, relaxantes ou instructives. Vous ne l’aviez pas vu avant de quitter le Pays Basque ? Ce livre est disponible sur le site des éditions Cairn, un joli moyen de faire revivre quelques souvenirs.

Les éditions Cairn nous proposent le plus souvent de passionnants polars dits « régionaux » en ce qu’ils se passent en régions, même si leur attrait dépasse largement le sud-ouest. Quelques-uns sont à retrouver sur le blog : Sous les pavés la jungle, Simone Gélin ; Galeux, Bruno Jacquin ; Le 9 bordelais était chargé, Éric Becquet ; Un, deux, trois, sommeil ! Gilles Vincent.

Mais aussi des publications plus « régionales » comme Le Sud-Ouest n’existe pas, de Raymond Chabaud ou encore Passages, les Pyrénées du nord au sud et réciproquement par Marie Bruneau et Bertrand Genier.

Catalogue éditeur : éditions Cairn

Deux enfants partent en vacances avec leur grand-mère rock’n’roll, à bord de son fidèle camping-car au look années 60. À chaque album, une nouvelle destination ! Allez Hop, embarquez pour la première aventure de notre nouvelle collection jeunesse et laissez-vous transporter par les délicieuses illustrations de Cécile Serres et l’humour de Claire Juarez.

ISBN :  9782350686967 / Prix : 13,00 € TTC / Nombre de pages : 40 / Date de parution : Juin 2019

Tout quitter, Anaïs Vanel

Et si Tout quitter était la solution pour vivre pleinement et sereinement sa vie rêvée ? Un roman qui nous entraine au gré des vagues et des performances des surfeurs de la côte Basque 

Rejoindre le sud, c’est mieux que d’être à l’ouest et de ne plus supporter la ville. Tout quitter pour revivre, loin des autres, du passé, avec seulement quelques valises, et mettre toute une vie dans le coffre d’un Berlingo, ça ne pèse pas bien lourd… et si c’était la condition pour mieux avancer ?

A la façon du surfeur qui étudie sa vague et la courbe qu’il doit prendre pour sortir des flots, la narratrice a tout quitté pour mieux s’élancer. C’est donc vers La Sud, une plage qu’elle connait déjà, qu’elle est partie pour fuir son quotidien, pour se retrouver, se ressourcer, et au grès des vagues, sur sa planche de surf, réapprendre sa vie. Bon, bien sûr, c’est quand même dans sa maison du sud qu’elle va fuir la capitale, l’inconnu total n’est pas au bout du chemin ! Mais qu’importe, le pas est franchi, la vague est passée, sa vie va changer.

Voilà un court roman qui interroge sur nos options de vies, celles que l’on prend ou pas, que l’on regrette parfois de ne pas avoir saisies au bon moment, et qui nous rendent plus forts quand on arrive à les réaliser. J’ai aimé cette construction en touches fines déposées sur la page comme autant d’instants de vie qui permettent d’avancer, et qui sont chacune empreintes d’une certaine poésie. Dans de courts paragraphes, les saisons et les jours défilent, ceux de l’enfance et du passé, ceux du nouveau monde que l’on se construit, de l’oubli qui régénère, de ces murailles d’eau que l’on bâtit pour mieux se protéger. Quitter la folie de la ville, le rythme dément des transports, le stress du bureau, même lorsqu’on a la chance d’exercer un métier que l’on aime,  et si c’était la solution pour aller de l’avant sereinement, sans se perdre  en route ?

Catalogue éditeur : Flammarion

« Un jour, j’ai acheté un Berlingo. J’ai mis quelques cartons dans le coffre et je suis partie. J’ai pris la route comme ça. Après ma journée de boulot, comme on part en week-end. J’ai avalé les kilomètres, en écoutant King of the Road, de Roger Miller. Et enfin. Les pins. Les dunes. Les embruns. L’appartement. J’ai éventré les cartons. Trouvé mon maillot de bain. Et je suis allée me jeter dans les vagues. »

Au rythme des saisons et des vagues de la Sud, la grande plage près de laquelle elle vient de s’installer, Anaïs retrouve les souvenirs qui habitent en elle. Devant l’étonnante simplicité des choses, tout quitter signifie la réconciliation avec soi.

Paru le 25/09/2019 / 192 pages – 135 x 210 mm / Prix : 18,00€ / ISBN : 9782081478497

Nous nous sommes tant aimés, Mona Azzam

couverture du roman nous nous sommes tant aimés de Mona Azzam, photo Domi C Lire

Océane débarque à Paris le 10 mai 81. Dans la ville en liesse elle ne trouve rien de moins que le café de Flore pour découvrir la jeunesse et la vie trépidante de cette ville qui ne dort jamais. Comme tant d’artistes, écrivains, philosophes l’ont fait avant elle, Océane se laisse prendre par la magie des lieux. Embarquée par un groupe de jeunes gens qui refont le monde et célèbrent la victoire, elle rencontre Emmanuel. Prise dans l’insouciance et la frénésie de bonheur qui l’entourent, c’est le coup de foudre. Il ne durera qu’un instant, un jour, une nuit, une vie…

Court roman qui dit l’amour, éternel, celui qui n’a jamais connu les tous les jours, la lassitude, l’ennui, les traces de dentifrice et tous ces petits tracas qui empoisonnent le couple et le désintègre à petit feu. Qui dit la fulgurance de l’instant parfait, jamais renouvelé, éternel souvenir du bonheur un jour atteint.

Au fil des années, des saisons, des rencontres manquées, Mona Azzam déroule les amours d’Océane et Emmanuel. Les mots sont ciselés, les sentiments travaillés au pinceau comme le ferait l’artiste qui effleure, qui esquisse, qui dévoile sans vraiment dire. L’auteur nous permet de faire une incursion dans le Paris du grand soir de l’élection de François Mitterrand, une plongée en apnée dans l’euphorie qui a suivi et au creux des rêves qui ont porté la jeunesse d’alors, mais aussi dans le quartier de Saint Germain des Près avec ses auteurs, ses artistes, ses figures inoubliables de la littérature et de la culture française. Un roman pour se souvenir, et pour passer un agréable moment de lecture.

Catalogue éditeur : La Trace

« On ne sort pas comme l’on entre, au Flore (…)
Ce 10 mai 1981 a pris les allures d’un jour de bonheur, parti pour durer éternellement.
Je me refuse, en cet instant précis, à penser au futur, à toutes ces années à venir et, m’emparant de ma énième coupe de champagne, j’y trempe les lèvres, formulant ainsi, en silence, une promesse, celle de ne jamais oublier ce jour… »

ISBN 979-10-97515-16-4 / Prix 18,00€ / 90 pages / Parution : octobre 2019

La police des fleurs, des arbres et des forêts, Romain Puértolas

Avec un titre long comme ça, il  faut du souffle pour tenir ses lecteurs en haleine jusqu’à la dernière page. C’est le pari de Romain Puértolas dans son dernier roman «La police des fleurs, des arbres et des forêts »

En 1961, alors que la canicule a frappé partout en France comme dans le petit village de P où tout le monde se connait, un corps vient d’être retrouvé, démembré et égorgé, dans les cuves de l’usine à confitures. Il n’en faut pas plus pour que monsieur le maire, par ailleurs propriétaire de la dite usine flambant neuf, appelle la police à la rescousse. Car au village, tout le monde appréciait Joël, il faisait partie du paysage, lui qui était né le jour de la libération du pays.

Le jeune et fringuant inspecteur de police diligenté sur place constate avec surprise que le corps a déjà été autopsié et enterré. L’enquête ne fait que commencer et déjà les contrariétés apparaissent. A l’heure où n’existent ni internet ni mobiles, la situation se complique avec la panne généralisée du téléphone fixe. Voilà donc notre inspecteur obligé de faire ses comptes rendus par lettre, et d’attendre la réponse de madame le procureur. Fort heureusement, cet inspecteur aussi astucieux que moderne à la bonne idée d’enregistrer toutes ses enquêtes, car quoi de mieux pour ne rien oublier, pouvoir réécouter et peut-être résoudre l’intrigue.

Et l’auteur nous balade, nous simples lecteurs, dans les méandres des esprits campagnards parfois revanchards, un peu malhonnêtes, pas toujours fidèles. De rencontre en déclaration, il questionne, soupèse les réponses, détecte les faux-semblants, et tente de dénouer ce sordide meurtre.

L’intelligence de l’auteur ? Nous transporter dans un passé récent, mais sans les moyens de communications d’aujourd’hui, tout en donnant du rythme à son enquête par le biais de ces interrogatoires enregistrés, par ces échanges épistolaires d’un nouveau genre. L’éloge de la lenteur en quelque sorte… bien que… allez, lisez, et délectez-vous jusqu’au bout de cette intrigue sérieuse, mais pas trop, non dénuée d’humour et d’un soupçon de légèreté.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Une fleur que tout le monde recherche pourrait être la clef du mystère qui s’est emparé du petit village de P. durant la canicule de l’été 1961.
Insolite et surprenante, cette enquête littéraire jubilatoire de Romain Puertolas déjoue tous les codes.

19.00 € / 2 Octobre 2019 / 140mm x 205mm / 352 pages / EAN13 : 9782226442994

Ce qu’elles disent, Miriam Toews

Quand la voix des femmes se libère enfin, Miriam Toews nous dévoile « Ce qu’elles disent » dans ce roman édifiant et passionnant de la rentrée littéraire

D’abord il y a la rencontre avec Miriam Toews, sous les frondaisons de la place de l’Hôtel de Ville à Manosque, auteur absolument charmante et qui m’a tout de suite séduite par son côté solaire et sa grande disponibilité. Un bonheur !

couverture du roman "Ce qu'elles disent" de Miriam Toews, éditions Buchet-Chastel, photo Domi  C Lire

Vient ensuite la lecture de ce roman totalement édifiant. Car si au départ on imagine plonger dans une intrigue (basée sur un fait divers) du siècle dernier, très rapidement il faut se rendre à l’évidence, les femmes de la colonie mennonite du Manitoba, en Bolivie, vivent bien aujourd’hui, et ce qui leur est arrivé l’a été entre 2005 et 2009.

Pendant quatre ans plus d’une centaine de femmes de la communauté de tous âges, 3 ans pour la plus jeune fillette, issues de différentes familles, ont été successivement droguées, violées, battues, et laissées inconscientes au petit matin. La seule explication donnée par les hommes est que le diable a pris possession de leurs corps, de leurs âmes, elles sont donc coupables. La place de la religion est tellement énorme dans cette communauté chrétienne anabaptiste et pacifiste (crée au XVIe siècle) pour tous et toutes qu’elles sont paralysées face au poids de ces évidences. Jusqu’au jour où elles démontrent que ce sont certains hommes de cette même communauté qui les endorment et abusent d’elles.

Cette lecture est à la fois un choc et une énorme surprise. Comment imaginer que des femmes vivent aujourd’hui dans de telles conditions, et surtout, comprendre ce qui leur est arrivé et comment elles ont été traitées pendant si longtemps.

L’auteur est elle-même issue de cette communauté mennonite qu’elle connait bien et qu’elle a quittée lors de ses dix-huit ans. Point de rancune ou de vengeance ici, la séparation s’est faite en bonne intelligence. Il s’agit plutôt d’une parole portée pour dire l’égalité des femmes, leur liberté, leur possibilité de choisir leur vie, de décider, d’être indépendantes, tout ce qu’elles n’ont pas le droit d’être ou de faire au sein de la communauté où les hommes ont tout pouvoir.

Un bémol peut-être, l’écriture semble hors du temps et donc par moment l’intrigue devient complexe. Il s‘agit ici d’une prise de notes, essentiellement sous la forme de dialogues, des réflexions de la communauté des femmes réunies en huis-clos lors de l’absence exceptionnelle des hommes. Ces femmes par ailleurs souvent analphabètes (elles ne parlent que leur propre dialecte) et peu cultivées, peu au fait de l’actualité contemporaine (aucun accès au monde extérieur ne leur est autorisé) et qui vivent dans un espace-temps entre parenthèse, à la façon des Amish. Cela peut sembler brouillon, mais surtout dense et complexe. Les nombreux prénoms, les relations entre filles, sœurs, mères, nous perdent parfois.

Mais j’ai depuis longtemps appris à passer outre ces détails qui me perdent pour ne prendre du texte que l’important, ce qu’il veut me dire, la situation qu’il présente, ici la condition des femmes, et surtout leur éveil à une envie de liberté, de prise de décision, de sortie vers ce monde étrange qui les entoure et pour lequel elles n’ont aucune clés pour s’intégrer. Qu’importe, leur soif de justice, de liberté, d’égalité est la plus forte, et c’est ce qui est le plus beau ici.

Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

Traduit par Lori Saint-Martin & par Paul Gagné.
Colonie mennonite de Molotschna, 2009.
Alors que les hommes sont partis à la ville, huit femmes – grands-mères, mères et jeunes filles – tiennent une réunion secrète dans un grenier à foin. Depuis quatre ans, nombre d’entre elles sont retrouvées, à l’aube, inconscientes, rouées de coups et violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l’explication est évidente, c’est le diable qui est à l’œuvre. Mais les femmes, elles, le savent : elles sont victimes de la folie des hommes. Elles ont quarante-huit heures pour reprendre leur destin en main. Quarante-huit heures pour parler de ce qu’elles ont vécu, et de ce qu’elles veulent désormais vivre. Analphabètes, elles parlent un obscur dialecte, et ignorent tout du monde extérieur.
Pourtant, au fil des pages de ce roman qui retranscrit les minutes de leur assemblée, leurs questions, leur rage, leurs aspirations se révèlent être celles de toutes les femmes.
Inspiré d’un fait divers réel, Ce qu’elles disent est un roman éblouissant sur la possibilité pour les femmes de s’affranchir ensemble de ce qui les entrave.

Langue d’origine : Anglais (Canada) / Date de parution : 22/08/2019 / Format : 14 x 20,5 cm, 240 p., 19,00 EUR € / ISBN 978-2-283-03248-0

Francis Rissin, Martin Mongin

C’est le roman le plus improbable et le plus ambitieux de cette rentrée littéraire. Si vous embarquez avec Francis Rissin, vous n’êtes pas sûr de comprendre où vous allez, mais vous ne pourrez plus le lâcher !

Dans ce roman, tout étonne, et d’abord sa structure. En onze parties construites de façon fort différentes, tantôt un cours magistral d’université, tantôt une enquête de police, un rapport administratif, les délires d’un fan absolu ou encore les écrits des apôtres, tout y passe dans cette dystopie totalement décalée. Y compris les mots et les délires du journal intime de Francis Rissin lui-même, excusez du peu. Mais en fait, qui est-il ? Qui le connait ? Qui a compris ses desseins ? C’est l’alerte générale dans tout le pays, qui est Francis Rissin ?

De son existence supposée à son existence avérée. Des affiches fleurissent sur tous les murs en France et le plus fin limier suit ses traces de village en village. Mais Francis Rissin sillonne le pays et nul ne peut le suivre, le devancer ou même l’arrêter. Capable de soulever les foules par son seul charisme, ce nouveau messie des temps modernes est aussi totalement incompris du pouvoir en place. Pourtant tous ceux qui l’ont connu l’apprécient, et tels des apôtres, ils écrivent les évangiles de Francis Rissin.

Car oui, en vérité, je vous le dis, dès sa jeunesse il savait qu’il lèverait une armée pour sauver la France… Tient, ça vous rappelle quelqu’un ?  

Stupeur, colère et inquiétude, voilà les sentiments qui dominent dans tout le pays… Comment peut-il être présent à différents endroits à la fois éloignés géographiquement et très proches dans le temps. Le mystère s’épaissit. Et si c’était Rissin versus Rissin ? Sont-ils nombreux ? Est-il un ? Est-il multiple ? En vérité, une fois encore, sachez-le, Francis est légion !

Je ne vous en dis pas plus, j’en ai d’ailleurs déjà trop dit, car parler de ce roman tellement différent de tout ce qu’on lit habituellement n’est pas aisé. Alors si vous aimez les paris impossibles, si quelques six cent pages ne vous rebutent pas pour tenter de percer à votre tour ce mystère, soyez curieux, immergez-vous, acceptez le challenge, et partez à la découverte de Francis Rissin. Puis venez me dire ce que vous en aurez pensé ! Attention, il me semble cependant que ce roman est avant tout à conseiller aux lecteurs passionnés, tant il est dense, déroutant et singulier.

Roman lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois

Catalogue éditeur : Tusitala

De mystérieuses affiches bleues apparaissent dans les villes de France, seulement ornées d’un nom en capitales blanches : FRANCIS RISSIN. Qui est-il ? Comment ces affiches sont-elles arrivées là ? La presse s’interroge, la police enquête, la population s’emballe. Et si Francis Rissin s’apprêtait à prendre le pouvoir, et à devenir le Président qui sauvera la France ?

Pour son premier roman, Martin Mongin signe un livre vertigineux. Un roman composé de onze récits enlevés, onze voix qui lorgnent tour à tour vers le roman policier, le fantastique, le journal intime ou encore le thriller politique, au fil d’une enquête paranoïaque sur l’insaisissable Francis Rissin. Avec une maîtrise rare, Martin Mongin tisse sa toile comme un piège qui se referme sur le lecteur, au cœur de cette zone floue où réalité et fiction s’entremêlent.
Autant marqué par l’art de Lovecraft, de Borges ou de Bolaño que par la pensée de La Boétie ou d’Alain Badiou, Francis Rissin est un premier roman inventif et inattendu, au propos profondément politique.

Martin Mongin est né en 1979. Il est professeur de philosophie, et passionné de politique. Il a signé plusieurs articles et publié divers essais politiques sous des noms d’emprunt, notamment aux éditions Pontcerq.
En parallèle, il a toujours écrit de la fiction, imprimant ses ouvrages à quelques dizaines d’exemplaires pour ses proches. Francis Rissin est son premier roman, qu’il a envoyé par la poste à Tusitala à la fin de l’année 2018.

616 pages / 22 euros / ISBN : 979-10-92159-17-2 / Parution : 21 août 2019

Groove, Airwan Isle de Beauchaine

Venez, on embarque avec Airwan Isle de Beauchaine sur les quais du métro pour une balade dans le Groove !

D’abord il y a le papier, comme un joli papier recyclé qui donne tout de suite envie de tourner les pages,

Ensuite vient la rencontre avec Airwan Isle de Beauchaine, cet artiste de Street-Art dont les motifs au pastel éclairent régulièrement les quais du métro.

Enfin, découvrir les visages, les traits, noir et blanc ou couleurs, les affiches revisitées, les dessins spontanés, et ce style que l’on retrouve à chaque page, que l’on a vu mainte fois dans les couloirs du métro parisien (oui, je sais, je vous parle souvent de Paris, sans doute parce que j’y suis très souvent ?). Et donc ce style, qui dit, qui trace, coloré, vif, incisif, témoin d’un art aussi éphémère qu’actuel.

Pour le rendre éternel, quoi de mieux que cet étonnant recueil de 80 photographies, moderne et résolument graphique, porteur d’une poésie citadine tout à fait inclassable, que ces photos d’œuvres éphémères, commentées et dessinées par l’artiste sur la page blanche.

Pour amateurs graffeurs avertis !

Catalogue éditeur : Hugo et Cie

Sur les quais du métro parisien, à même l’affiche publicitaire, il trace au pastel à l’huile des visages, un horizon, une étoile. Dans ce lieu de passage, la présence de ces lignes aux couleurs primaires interpelle et intrigue.
Fragiles et éphémères, ses dessins nous plongent dans un monde surréaliste où l’inconscient de l’artiste s’exprime en dialogue avec une réelle photographie de la société.
Dans cet ouvrage, découvrez le langage poétique d’Airwan Isle Groove en une centaine de photographies, de légendes ainsi que des notes extraites de ses carnets.

Date de publication: 12/09/2019 / ISBN: 9782755641936 / 128 pages / Prix 13€