Le goéland qui fait miaou, Jérôme Attal, Sylvie Serpix, Constance Amiot

Au détour d’une allée du salon du livre de Boulogne, échanger avec Jérôme Attal, et découvrir ce livre/disque aussi bienveillant que poétique destiné aux enfants

J’aurai presque envie de dire, à la manière de Desnos, un goéland qui fait miaou, ça n’existe pas, ça n’existe pas. Mais le contexte n’étant pas celui du poème de Desnos, je ne le dirais pas. Et après tout, oui, un goéland qui fait miaou, ça existe, la preuve !

Kino vit sur le toit de la maison de Cordélia, au bord de la mer. Ses parents, comme les parents de Cordélia, sont partis faire un tour, les uns au restaurant, les autres pour chercher à manger pour leur petit goéland qui ne peut pas encore voler de ses propres ailes.

Mais un coup de vent, et vlan, voilà bébé goéland tombé dans le jardin. Heureusement sain et sauf. Occasion inespérée pour lui de faire la connaissance de tous les animaux qui vivent au ras du sol. Ce que ne peut pas faire un goéland en temps normal, vous en conviendrez. Et de suivre leurs conseils, les écouter parler de leurs vies, de l’entre aide, du soutien bienveillant que l’on peut s’apporter.

Le voisin de Cordélia, est un monsieur acariâtre qui déteste et chasse les goélands. Il lui semble bien avoir entendu Kino. Alors, comment va-t-il pouvoir s’en sortir ? Lisez vite ce joli recueil à vos petits et vous le saurez !

Le texte peut être découvert avec le CD joint, cela permet de laisser les enfants profiter de l’histoire et des chansons. Voilà des situations, un vocabulaire, des personnages à la fois attachants et réalistes avec toute leur magie et leur esprit de solidarité (ou pas !). De jolis dessins accompagnent ces textes absolument charmants. C’est joli, émouvant, instructif et très poétique, j’ai particulièrement aimé le niveau du vocabulaire, ni trop, ni trop peu.

Catalogue éditeur : Le label dans la forêt

Récit et paroles par Jérôme Attal | Musique et chant par Constance Amiot | Illustrations par Sylvie Serprix | Raconté par Robinson Stevenin

Sur un bord de mer, où les toits des maisons sont le terrain de chant des goélands, avec les vents marins comme complices, Kino, bébé Goéland, va vivre une aventure-road-trip à pattes – à travers un jardin.
Kino ne sait pas encore voler, c’est comme ça qu’il va d’abord apprendre à faire miaou ! Il doit échapper au vilain voisin monsieur Orbide, qui en veut aux goélands. Il va rencontrer certains habitants du jardin qui lui démontreront « qu’on apprend toujours beaucoup des autres » : un ver universaliste, une tortue individualiste, un hérisson amoureux, et surtout une géante prénommée Cordélia, l’enfant qu’il n’oubliera jamais.

Le récit de Jérôme Attal est narré par le comédien Robinson Stevenin dans un décor mêlant sons de bord de mer et instruments « imitateurs ». Les chansons, interprétées et composées par Constance Amiot, sont des petits portraits des habitants du jardin : folk, accents jazzy, swing, western et même hip-hop avec le featuring de Yoshi Di Original. Ecoutez-lisez-regardez en simultané, c’est l’expérience du livre disque, l’aventure du Goéland qui fait miaou… Miaou.

A partir de 4 ans / Prix : 19,90 euros / Format : 23x24cm / 36 Pages / CD : 34 minutes / Sortie le : 12/10/2017

Les P’tites Poules, Christian Jolibois et Christian Heinrich

On aime et on vous conseille ces P’tites Poules et leurs belles aventures à raconter aux plus petits

Dans chaque épisode, des enfants désobéissants mais si mignons, des parents attentifs, déroulent avec tendresse et humour une vie de famille dans laquelle les petits peuvent se retrouver à un moment ou un autre de leur jeune vie.

Cette série écrite par Christian Jolibois, avec les illustrations de Christian Heinrich est un régal pour tous les enfants qui aiment les belles découvertes. A lire, relire et écouter avec les plus jeunes pour se régaler avec eux et que les plus grands vont aimer lire eux-mêmes.

Les P’tites Poules et l’œuf de l’empereur

A chaque épisode, nous découvrons des récits à l’imagination débordante. Ici, les petits s’amusent avec des cerfs-volants taillés dans de grandes chemises sous une brise légère. Mais arrive une bourrasque de vent bien plus forte que les autres et voilà nos jeunes compères embarqués par-delà le pays jusque sur la muraille de Chine. Mais entre poules on se comprend, et après quelques belles péripéties, faites d’anecdotes super drôles et intelligentes, propices à de malins jeux de mots.

Et surtout, ces petits-là n’ont qu’une hâte, retrouver le câlins et les bisous de leurs parents, être rassurés par leur présence chaleureuse et douce. Mais comment peuvent-ils retrouver le chemin du poulailler ?

Le poulailler dans les étoiles

Ici, un livre, un CD pour cette histoire à lire, ou à faire écouter racontée par André Dussollier. Quelques bruitages, de la musique, formidable moment d’écoute et de partage.

Carmélito n’a peur de rien, et écouter sa maman n’est pas le premier de ses soucis. Alors quand il découvre une merveilleuse étoile filante, maman peut dire ce qu’elle veut, la nuit est à lui ! Pourtant, il est très déçu car son étoile filante n’est qu’une triste étoile de mer. A bien y réfléchir, si les étoiles existent, il y a peut-être aussi d’autres poules, là-bas dans l’univers ? Mais ça, Carmélito le saura seulement quand les poules auront des dents, c’est dit ! Ah, mais avec les P’tites Poules, la surprise est parfois au rendez-vous !

Allez, embarquez avec Carmélito et son ami le bélier pour une belle aventure interstellaire.

Les P’tites poules pop-up : Jean qui dort et Jean qui lit

Comme chaque lundi, les P’tites Poules sont surexcitées, car c’est soir de conte à poulailler land. Le Rat Conteur vient passer la soirée et leur faire découvrir toutes ces mystérieuses histoires qui se sont transmises de génération en génération. Mais aujourd’hui, le Rat Conteur est bien fatigué, et il faut absolument qu’il trouve un successeur. Pas facile, car pour cela il va devoir découvrir la réponse à l’énigme que lui a posée le fantôme de l’oncle Ésope, le plus grand des Rat Conteurs. Aidé de nos gentils compères, va-t-il y parvenir ?
Un superbe pop-up qui fourmille de détails, de caches à découvrir, de dessins à soulever, pour le régal des petits à partir de 5 ans.

Catalogue éditeur : PKJ

Les P’tites Poules – tome 17 : Les P’tites Poules et l’œuf de l’Empereur

Après une séance inoubliable de cerf-volant où les P’tites Poules se sont amusées comme des folles, Carmélito, Carmen, Bélino et Coquenpâte sont perplexes. À leur retour, leur poulailler chéri a changé. Le mur d’enceinte est maintenant infranchissable… Quant à leur grand copain Pédro le cormoran, l’ami de toujours, il ne semble pas les reconnaître…
Parution : 03/10/2019 / EAN : 9782266294126 / Pages : 56 / Format : 225 x 285 mm / Prix : 10.70 €

Les P’tites Poules – Un poulailler dans les étoiles

Approcher les étoiles ! Depuis qu’il est sorti de son œuf, Carmélito, le petit poulet, ne rêve que de ça. En digne fils de Carméla, la poulette de La petite poule qui voulait voir la mer, rien ne peut l’abattre, ni la difficulté, ni les moqueries de Pédro le cormoran….
Parution : 03/10/2013 / EAN : 9782266189736 / Pages : 48 / Format : 225 x 285 mm / Prix : 10.70 €

Les P’tites Poules pop-up- Jean qui dort et Jean qui lit

Les petites poules sont tristes! Le rat Conteur, trop vieux, ne viendra plus leur raconter des histoires le soir, avant qu’elles aillent au nid. Un mystérieux Jean pourrait le remplacer… Oui, mais, des Jean, il en existe des centaines! L’astucieuse Carmen et son frère Carmélito, réussiront-ils à dénicher le bon?
Parution : 07/11/2019 / EAN : 9782266294133 / Format : 185 x 260 mm / Prix : 23.90 €

Nous n’avons pas vu passer les jours, Yann Plougastel, Simone Schwarz-Bart

Simone Schwarz-Bart évoque dans ce récit émouvant et passionnant sa vie avec André, auteur du roman « Le Dernier des Justes«  Goncourt 1959

« Il était une fois une Noire farouche et un petit Juif solitaire, qui vécurent et écrivirent une demi-douzaine de romans, sans voir le temps passer… »

Quel couple singulier ! Lui André Schwarz-Bart, un jeune juif qui arrive de Metz, issu d’une famille d’origine polonaise en grande partie anéantie dans les camps de concentration. Elle Simone Brumant, une guadeloupéenne issue de l’esclavage. Chacun est là avec ses chaines et ses morts à porter, par amour et pour se souvenir.

Après avoir fait de nombreux métiers, et passé son bac en même temps, André devient étudiant à la Sorbonne. Mais il est déçu car pour lui la culture aurait dû être liée à une élévation de l’âme, hors il ne trouve rien de cela à l’université. Il préfère retourner à ses valeurs de fraternité et de simplicité.

Ils se croisent de façon improbable dans les couloirs du métro. Elle est perdue, il s’adresse à elle en créole, ils parlent pendant des heures. C’est la rencontre de leur vie, ils ne se quitteront plus.

Lorsqu’ils se rencontrent, André est un ouvrier en train de finaliser l’œuvre de sa vie, un roman qui sort de ses tripes, ce texte qu’il doit à la fois à sa famille et à tous les juifs qui vivent en lui. Ce sera  Le Dernier des Justes. Le Goncourt de 1959 est bien plus qu’un simple roman, c’est aussi le premier qui dit ce que l’on n’appelle pas encore la Shoah, qui dit l’indicible, qui ose enfin verbaliser la souffrance, les morts, la folie de l’homme.

Considéré par certains comme un quasi « porte-parole » du judaïsme, il est conscient que cela n’est pas possible. Il a perdu la foi vers ses 13 ans alors qu’il n’est déjà qu’un survivant, et comme on le comprend. Le Dernier des Justes est écrit comme un petit caillou blanc que l’on poserait sur une tombe, un hommage à ces morts et à cette communauté partie en fumée dans les crématoires de la seconde guerre mondiale. Face à la polémique de ce Goncourt, et son incompréhension devant tant de haine, André choisit de s’exiler.

Ensuite, André décide de réaliser un  « cycle antillais », qu’il va initier et rédiger avec Simone avec le roman Un plat de porc aux bananes vertes en 1967 (puis en écrivant La Mulâtresse Solitude, Seuil, 1972). Sa démarche va être totalement incomprise. Car il rassemble dans son roman le sort du peuple juif et celui des esclaves, deux entités qui pour lui se ressemblent, car marquées l’une comme l’autre par une immense catastrophe. Face à l’incompréhension des lecteurs et des critiques pour sa démarche, il publiera par la suite très peu de livres. Blessé, meurtri par ce procès public sur sa légitimité, il part avec Simone s’installer à la Guadeloupe. Là, Simone va également publier ses romans, Pluie et vent sur Télumée Miracle en 1973, et Ti’Jean l’horizon en 1979. Quant à André, toute sa vie il rédige des notes, pose sur le papier idées et ébauches de romans, mais sans jamais rien publier.

Ils passeront quarante-six ans ensemble jusqu’au décès d’André en 2006. Après sa mort, Simone va rassembler ces archives, ces notes et ces manuscrits laissés André. Elle aurait pu en rester là, mais fort heureusement, elle va publier à titre posthume une partie de l’œuvre d’André Schwarz-Bart. Seront ainsi édités au Seuil L’Étoile du matin en 2009, L’Ancêtre en Solitude en 2015 puis Adieu Bogota en 2017.

Lors de mon dernier séjour au festival de Manosque, j’avais longuement échangé avec Louis-Philippe Dalembert, auteur haïtien que par ailleurs j’apprécie beaucoup, et ce dernier m’avait parlé de jacques, le fils de Simone et André Schwarz-Bart, musicien avec qui il apprécierait de se produire en lecture musicale. Aussi, j’ai tout de suite été intriguée par ce livre co-écrit avec Yann Plougastel, le récit de la vie de ce couple hors du commun. Et ce livre-là est absolument passionnant, alliant humanité et intelligence, lisez-le, vous ne verrez pas passer le temps !

Catalogue éditeur : Grasset

C’est l’histoire d’un couple rare. Celle de deux écrivains, l’une guadeloupéenne, l’autre juif, dont l’œuvre croisée témoigne de la souffrance de leurs peuples. Et celle de deux êtres éperdument soudés, qui, pendant cinquante-cinq ans, tous les soirs, se sont lu un poème d’amour de Pablo Neruda.
Il y a pourtant un mystère autour des Schwarz-Bart. Pourquoi, au milieu des années 1970, se sont-ils tus et enfermés dans leur maison de Guadeloupe ? Douze ans après la disparition de son mari, Simone donne sa vérité sur le parcours hors norme d’un petit juif d’origine polonaise et d’une métisse solitaire.
En 1959, André Schwarz-Bart publie Le Dernier des Justes. Premier roman d’un jeune ouvrier inconnu, orphelin de parents morts à Auschwitz, cette éblouissante saga raconte l’histoire d’une famille juive et, à travers elle, le monde yiddish, disparu dans les camps nazis. Goncourt âprement disputé avec les jurés Femina, premier succès romanesque sur le sujet, le livre est un best-seller dans le monde entier. Simone et André cosignent ensuite Un plat de porc aux bananes vertes. Mais les ouvrages suscitent d’insupportables polémiques. La vision du judaïsme de Schwarz-Bart est très critiquée et, blessé, il cesse définitivement de publier.
En Israël, sur un mur du musée de Yad Vashem, on peut lire le Kaddish révolté qui conclut Le Dernier des Justes : « Et loué. Auschwitz. Soit. Maïdanek. L’Eternel. Treblinka. Et loué… »

Parution : 23 Octobre 2019 / Format : 140 x 205 mm / Pages : 208 / EAN : 9782246861492

Opus 77, Alexis Ragougneau

Se laisser emporter par la musicalité de ce roman envoûtant et virtuose d’Alexis Ragougneau

Tout commence dans une église, une femme est au piano. Ariane, artiste de renommée mondiale, vient jouer pour les obsèques de Claessens, son père, lui-même mélomane, d’abord pianiste, puis chef d’orchestre de l’Orchestre de la Suisse romande.

Ariane, un quart de siècle et des cheveux de feu, va peu à peu tirer les fils enchevêtrés de cette famille désunie. Une mère chanteuse soprano d’origine israélienne qui s’est murée dans le silence et la folie, un père musicien qui ne pouvant plus jouer est devenu chef d’orchestre, un frère, David,  violoniste enfermé dans un bunker qui lui assure un silence total. Chacun a un talent de musicien, mais on dirait que leur plus grande obsession est de le gâcher, de ne pas s’en servir, en dehors d’Ariane qui sort du cadre.

Face à l’image si forte du père, comment peut-on se construire ? Car tout se passe entre ombre et lumière, réussite et échec, espoir et désillusions, travail et abandon. Peu à peu se dessinent les contours d’une famille de prodiges qui ayant toutes les clés en eux pour réussir vont plonger inexorablement dans l’échec et la folie. Avec en trame de fond un silence pesant, celui du bunker, celui de la salle de spectacle, celui de l’église quand l’artiste pose ses mains sur le piano et indique que tout est fini.

Aux obsèques, le fils prodigue est absent, et Ariane l’appelle et lui narre (ou à nous lecteurs ?) cette vie de famille si compliquée, le poids de cet opus sur leurs vies à tous. Tout le roman se déroule au rythme du Concerto pour violon n°1 en La mineur Opus 77, composé par DImitri Chostakovitch. Chaque chapitre commence comme les quatre mouvements du concerto, Nocturne, Scherzo, Passacaglia, Burlesque, au milieu desquels s’insère la cadence. Le ton est donné, la musique, sa force et sa passion dévorante vont nous emporter.

Il y a la mort, présente tout au long du roman et dès les premières pages avec le père omnipotent.
Il y a les relations ambiguës entre un fils et son père, apaisées entre une fille et son père, fusionnelles une sœur et son frère.
Il y a la puissance destructrice de la passion pour un instrument, pour la réussite aux concours – ici l’auteur nous dit tout du Concours musical international Reine Élisabeth de Belgique – et leur exigence dévastatrice pour atteindre la perfection.

L’auteur réussi le prodige de nous intéresser et de nous faire vibrer avec ses musiciens, de nous donner l’impression que nous comprenons tout, l’exigence, la douleur, les heures de répétitions, la solitude du musicien face à son jury, face à la salle.

J’ai aimé cette immersion dans un monde inconnu et très exigeant. Alexis Ragougneau dit les sélections, les concours, le travail acharné pour devenir le meilleur, le soliste que tout la monde va s’arracher. Mais aussi l’inextricable complexité des sentiments, face à un père qui domine par son aura une famille dans laquelle les enfants ont du mal à trouver leur place. Il se dégage de ces pages une belle musicalité des mots, des sentiments, des personnages, aimables ou pas, troublants dans leur façon de réagir, émouvants dans leur solitude et leur prison de silence.

Catalogue éditeur : Viviane Hamy

« Un jour, dans mille ans, un archéologue explorera ton refuge. Il comprendra que l’ouvrage militaire a été recyclé en ermitage. Et s’il lui vient l’idée de gratter sous la peinture ou la chaux, il exhumera des fresques colorées intitulées La Vie de David Claessens en sept tableaux. Je les connais par cœur, ils sont gravés à tout jamais dans ma médiocre mémoire, je peux vous les décrire, si vous voulez faire travailler votre imaginaire :

L’enfant prodige choisit sa voie.
Il suscite espoirs et ambitions.
Le fils trébuche, s’éloigne, ressasse.
Dans son exil, l’enfant devient un homme.
Le fils prodigue, tentant de regagner son foyer, s’égare.
Blessé, il dépérit dans sa prison de béton.

Mais à la différence des tapisseries de New York, ton histoire est en cours ; il nous reste quelques tableaux à écrire, toi et moi, et je ne désespère pas de te faire sortir un jour du bunker. La clé de ton enclos, de ta cellule 77, c’est moi qui l’ai, David. Moi, Ariane, ta sœur. »

Parution : 05/09/2019 / ISBN : 9791097417437 / Pages : 256 / Prix : 19€

GrassKings, Matt Kindt et Tyler Jenkins

GrassKings, une BD de la sélection Polar Sncf et Fauve d’Angoulême 2020, éditée par Futuropolis

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De 1450 à aujourd’hui, aux États-Unis. GrassKings, une ville hors du monde, avec ses propres règles, ses lois et sa communauté soudée et autonome. On dit même que Grasskings hébergerait un tueur…

Nul ne peut pénétrer dans GrassKings, les tireurs veillent, et si les intrus en ressortent vivant c’est qu’on l’a bien voulu. Mais ceux de Cargill, la ville à côté, sont bien trop curieux. Quand Lo vient fouiner par-là, c’est bien pour qu’il puisse rapporter l’avertissement au shérif Humbert qu’on le laisse repartir.

La ville est gouvernée par Robert, qui reste pourtant affalé dans son fauteuil à bascule en buvant ses bières tout au long de la journée. C’est Ashur, son frère, qui veille pour maintenir le royaume en l’état. Car robert est perdu dans ses pensées sombres, des années auparavant, sa fille Rose a disparu pendant qu’il la gardait. sa disparition est restée inexpliquée, faisant voler en éclats la vie de Robert. Depuis, ses pensées et son esprit errent sur les berges où elle a été vue pour la dernière fois.
Mais la femme du shérif de Cargill vient se réfugier à Grasskings, elle sort de l’eau telle une Rose ressuscitée. Troublé, hésitant, Robert décide de l’héberger. Pourtant il le sait, les complications ne font que commencer…Car le shérif ne l’entend certainement pas de cette oreille.

L’intrigue se déroule et nous perd dans ses méandres malsains et lourds de suspicion. Le récit actuel alterne avec des flashbacks, des scènes de violence essentiellement, des temps anciens, depuis l’occupation des terres par les indiens et leur spoliation par les migrants jusqu’à aujourd’hui. Comme si la terre elle-même restituait aux hommes tout le mal qu’il lui ont fait.

Cet étonnant graphisme prend des airs d’inachevé, tantôt fait de coups de traits fins et précis, tantôt de grandes touches de couleurs imprécises, et embarque ses lecteurs dans une intrigue pour le moins complexe.

Un récit de Matt Kindt, dessin et couleur de Tyler Jenkins, est publié en trois tomes de 6 épisodes chacun, qui reprennent la version de la bande dessinée américaine. Il m’en reste donc encore deux à découvrir.

Cette BD fait partie de la sélection 2020 du Prix SNCF du Polar, retrouvez tous les titres en compétition ici.

Catalogue éditeur : Futuropolis

Un bien étrange royaume dominé par trois frères, Bruce, le shérif au passé tumultueux, Ashur, le plus jeune et surtout Robert.
Robert est devenu alcoolique à la suite de la disparition de sa fille des années auparavant. Depuis sa femme l’a quitté, et il est devenu asocial.
Ce petit village cache de lourds secrets. Les morts violentes sont omniprésentes depuis la nuit des temps. L’arrivée de la femme en fuite du shérif du comté voisin, Humbert Jr, ravive les tensions. Robert voit en elle sa fille devenue adulte. Mais pour beaucoup, elle a été victime d’un tueur en série, peut-être un membre de la communauté. C’est ce que voudrait démontrer Humbert Jr.

185 x 290 mm / 176 pages / Prix de vente : 22 € / ISBN : 9782754825092

Prix SNCF du Polar 2020

 Avec plus de 44 000 votes en 2018, le Prix SNCF du Polar est le 1er prix littéraire en France décerné à 100% par le public

Pour sa 20e édition, le Prix SNCF du Polar nous propose un très beau choix de titres.
Les lecteurs et les voyageurs ont quelques mois pour voter sur le site Sncf.

Les romans en compétition : La catégorie roman est la toute première du Prix SNCF du Polar. Depuis le lancement du Prix en 2000, plus de 200 livres ont été présentés et 31 récompensés.

  • L’Écrivain public Auteur : Dan Fesperman  (États-Unis) 10/18
  • Le Diable en personne Auteur : Peter Farris (États-Unis) Gallmeister
  • L’Été circulaire Auteure : Marion Brunet (France)  Le Livre de Poche
  • En pays conquis Thomas Bronnec (France) Folio Policier
  • Les Chemins de la haine Eva Dolan (Angleterre) Points Policier
  • Seules les bêtes Colin Niel (France) Babel Noir
  • Le Manuscrit inachevé Franck Thilliez (France) Pocket

Les 6 BD / albums en compétition : Le Prix SNCF du Polar offre à tous les amateurs de bulles noires une plongée exclusive dans les abysses du 9e art

  • Cassandra Darke de Posy Simmonds (Angleterre) Denoël Graphic
  • Tumulte de John Harris Dunning et Michaël Kennedy (Angleterre) Presque Lune
  • Le Detection Club de Jean Harambat (France) Dargaud
  • Dans la tête de Sherlock Holmes de Cyril Liéron et Benoît Dahan (France) Ankama
  • No direction d’Emmanuel Moynot (France) Sarbacane
  • Grasskings de Matt Kindt et Tyler Jenkins (États-Unis) Futuropolis

Retrouvez ma chronique de GrassKings ici.

Les 8 films en compétition : Pour fêter les 20 ans, et parce que nous les avons tant aimés, les 8 courts métrages en compétition cette année ont tous été déjà récompensés par le Prix SNCF du Polar depuis 2012.

  • L’Accordeur d’Olivier Treiner, 24 25 Films (France)
  • Kerosene de Joachim Weissmann, Artemis Productions (Belgique)Penny
  • Dreadful de Shane Atkinson, Rob Cristiano (États-Unis)
  • CarJack de Jeremiah Jones Société de production : 100 to 1 Productions (États-Unis)
  • Mr Invisible de Greg Ash, Tin Monkey & Big Bright Lights (Irlande)
  • Hasta que la celda nos separe de Mariana & Joserro Emmanuelli ; Black Dog Production Mansion & French Alliance of Puerto Rico (Porto Rico)
  • Speed/Dating de Daniel Brunet & Nicolas Douste, Affreux, sales & méchants Productions (France)
  • Troc Mort de Martin Darondeau, La Voie Lactée, Slumdog Production et les Films du Duc (France)

Ma sœur sérial killeuse, Oyinkan Braithwaite

Ma sœur sérial killeuse, d’Oyinkan Braithwaite, un roman teinté d’humour noir, quand deux sœurs unies à la vie à la mort bousculent nos habitudes

Korede aime sa sœur cadette, bien que celle-ci soit la plus belle et la favorite de leur mère. Elle s’est également donné pour mission de s’occuper d’elle. Mais Ayoola est une véritable mante religieuse, elle supprime ses amants quand elle n’en veut plus, ou peut-être quand ils se rapprochent trop d’elle. En tout cas, quelle qu’en soit la raison, le résultat est là, et c’est toujours la grande sœur qui doit faire le ménage pour la protéger.

Impossible de s’en ouvrir à leur mère, et comme le père n’est plus là… on comprendra d’ailleurs au fil des chapitre la relation ambigüe des filles au père.

Korede, infirmière à l’hôpital, est toujours célibataire. Tate, le médecin avec qui elle travaille, ne la laisse pas insensible. Aussi lorsque sa sœur s’en approche, elle compte bien sortir les griffes pour qu’il garde toutes ses chances d’avoir la vie sauve.

Vif, rythmé, fait de courts chapitres, qui donnent envie de continuer pour aller jusqu’au bout et de comprendre comment ces deux sœurs vont bien pouvoir s’en sortir. Mais permet de se poser des questions sur les méandres obscurs de la société nigériane avec ses strates infranchissables, une police inexistante, les relations hommes-femmes et la condition féminine pas forcément au top, les femmes qui luttent pour prendre la place qui devrait leur revenir.

Voilà un premier roman à la fois addictif et déjanté, décapant et hilarant. Famille et solidarité, société et culture africaine, de nombreux thèmes sont abordés par le biais de cet excellent thriller psychologique et sociologique. Un très plaisant moment de lecture que je vous recommande.

Catalogue éditeur : Delcourt littérature

Traduit de l’anglais (Nigeria) par Christine Barnaste

Korede s’est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n’est pas une mince affaire. Non contente d’être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants. Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaitre les traces de sang et les cadavres. Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue serial killer…
Korede a une vie à mener, elle aussi : elle est secrètement amoureuse de Tade, le séduisant médecin qu’elle croise tous les jours dans les couloirs de l’hôpital où elle travaille comme infirmière. Aussi, lorsque sa jeune sœur jette son dévolu sur Tade, Korede se trouve face à un dilemme : comment continuer à protéger Ayoola, sans risquer la vie de l’homme qu’elle aime ?
À l’instar d’une Jane Austen des temps modernes, Oyinkan Braithwaite interroge les liens du sang, tout en pratiquant une critique en règle de la société nigériane : sa corruption, ses différences de classe, son machisme exacerbé…
Une comédie noire et décalée, aussi grinçante que glaçante.

Parution le 13 février 2019 / 244 pages / 18.50€

Louise au parapluie, avec Myriam Boyer

Une comédie romantique tendre et drôle à la fois, et le talent de Myriam Boyer, au théâtre du Gymnase

Une histoire toute simple. Myriam Boyer joue le rôle d’une mère dont le grand fils a abandonné une carrière de champion d’athlétisme pour devenir influenceur sur les réseaux sociaux. Un monde inconnu pour cette femme qui toute sa vie, et surtout depuis le départ de son mari, a enfilé des baleines de parapluie pour faire bouillir la marmite.

Relation mère-fils difficile, envie de briller à nouveau dans les yeux de ce fils, besoin de reconnaissance et soif d’aider les autres, de s’engager pour le bien commun, de nombreux thèmes sont abordés avec délicatesse et humanité.

Sous couvert d’une comédie romantique douce-amère et souvent très drôle, Myriam Boyer laisse passer tout son art  pour incarner cette mère en mal de repère qui a le cœur sur la main. La société change, sera-t-elle capable de suivre ces changements ? Myriam Boyer est caricaturalement authentique et tout à fait attachante dans ce personnage de femme qui veut aller au bout de ses envies. Elle met beaucoup de sincérité et de délicatesse à incarner celle qui cherche à faire d’abord le bonheur des autres. On est pris d’un élan de sympathie pour son personnage et pour ces situations aussi improbables que réalistes.

Une petite scène qui prend toute sa dimension, un décor minimaliste et expressif, et un agréable jeu de comédiens empreints de naturel et d’émotion, nous voilà assurés de passer un bon moment. Et de sortir de notre cadre de référence pour devenir un peu plus tolérants ?

C’était un plaisir de voir sur scène cette grande comédienne. Myriam Boyer a reçu deux fois le Molière de la meilleure comédienne pour Qui a peur de Virginia Woolf ?, puis pour La vie devant soi de Romain Gary (Émile Ajar), excusez du peu !

Quoi : Louise au parapluie, avec Myriam Boyer, Prune Lichtlé et Guillaume Viry, texte et mise en scène d’Emmanuel Robert Espalieu.
Quand : Jusqu’au dimanche 5 janvier 2020.
 : Théâtre du Gymnase Marie-Bell, Paris.

Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image, La Conciergerie

Hommage, culte, figure historique, célébrité d’une personnalité hors du commun, Marie-Antoinette s’expose à la Conciergerie

Retour sur cette figure emblématique de la France qui a suscité tant de sentiments divers et de passions, allant de l’amour à la haine, et vice versa. C’est aussi le personnage historique le plus représenté par les artistes, que ce soit de son vivant, après sa mort le 16 octobre 1793, ou par nos contemporains. Une femme libre, qui souhaitait le bonheur dans sa vie de famille, ce qui était totalement contraire à son statut de Reine, et qui par sa singularité et sa condition, s’est attirée bien des inimitiés.

Ici, dans la magnifique grande salle de la Conciergerie, plus de 200 œuvres passent en revue l’icône absolue. A travers affiches, lettres, objets lui ayant appartenu ou pas, qu’importe d’ailleurs, robes somptueuses, coiffures extravagantes, portraits réels ou imaginaires, se dessine à chaque fois une femme différente.

Son séjour à la conciergerie. Là, objets, lettres de la main de la Reine, documents d’archive, tableaux, retracent ces dix semaines passées là avant son exécution. On ne manquera pas d’aller voir après l’exposition sa cellule transformée en chapelle expiatoire.

Tous les livres, histoires, romans, biographies qui lui sont consacrés à travers les années. Son parcours est retracé de 1788 à aujourd’hui.

L’image qu’elle véhicule à travers le temps. D’abord adulée puis honnie, enfin retournée en grâce auprès de tant d’artistes de son temps ou du nôtre qu’elle a inspiré. Peintures, caricatures, gravures, films, mode, tout est là et c’est foisonnant.

Il y a aussi une sorte de fétichisme autour de la Reine, ses cheveux, son corps, sa tête coupée, représentés à l’infini. Quoi qu’elle fasse ou dise, elle ne laisse pas indifférent. 

L’image de la Reine aujourd’hui, bien présente dans l’imaginaire populaire, via des mangas, des films encore, la mode et les poupées par exemple. Si la Barbie exposée dans les premières salles était destinée à des collectionneurs, les propositions faites pour des fillettes en mal de représentation féminine sont foison, et accessibles à tous, comme le montrent les différents produits dérivés présentés en fin d’exposition.

Où : à la Conciergerie, 2, boulevard du Palais, 75001 Paris
Quand : jusqu’au 26 janvier 2020, Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h
Nocturnes le mercredi soir jusqu’à 20h30, dernier accès 1 heure avant la fermeture

Le Greco, Grand Palais

Rétrospective chronologique d’un artiste singulier «  dernier grand maître de la Renaissance, premier grand peintre du Siècle d’Or »

Mystique ? Fou ? Tout a été dit sur son œuvre et sur cet artiste atypique. Né en 1541 en Crète, Domenico Theotokopoulos, dit Le Greco, fait son premier apprentissage dans la tradition byzantine.  Inspiré depuis toujours par l’Italie de la renaissance, il va parfaire sa formation à Venise en 1567.

Lorsqu’il s’installe à Rome en 1570, il découvre les grands artistes de l’époque. Il rencontre Le Titien, et les œuvres Michel-Ange mort depuis quelques années. Il emprunte les compostions du Tintoret, le clair-obscur de Bassano, ou les couleurs du Titien, et à son tour passe maitre dans l’art du portrait.

N’arrivant pas à trouver sa place, il quitte l’Italie en 1577 pour Madrid puis Tolède. Là, il reçoit de nombreuses commandes, y compris pour l’Escorial du roi Philippe II. Cherchant à se singulariser, il va proposer d’autres modèles, couleurs, formes, et ainsi créer puis imposer son propre style.

Certains personnages semblent avoir sa faveur, les Saints, la Pietà, Marie-Madeleine ou encore Jésus chassant les marchands du temple. Il les représente souvent méditatifs, visages penchés, comme repentants, aux yeux larmoyants, aux mains fuselées, aux doigts infiniment longs, ou au contraire auréolés de gloire. Il pose sur ses toiles des détails anachroniques, mais aussi parfois les portraits de ses maitres.

Compositions aux personnages rassemblés, ou au contraire démesurément allongées, bras levés vers le ciel, personnages étirés nimbés de couleurs vives sur fond sombres… Tout au long de sa carrière, il aura également peint à de multiples reprises la même toile à laquelle il apporte quelques modifications mineures. Idée reprise dans les séries par Monet ou Warhol ?… Le Greco meurt en 1614 à Tolède, à l’âge de soixante-treize ans.

L’exposition du Grand Palais propose 75 œuvres de divers formats, très peu de dessins, mais il faut dire que très peu sont parvenus jusqu’à nous.

Quand : jusqu’au 10 février
Où : Grand Palais 3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris