Les fureurs invisibles du cœur, John Boyne

Une formidable saga intime et sociale dans l’Irlande du XXe siècle

Émotion, amitié, fou rire et pleurs, famille et deuils, tout y est, pour le meilleur et pour le pire d’une vie, dans cette fresque familiale qui nous entraine des années 1945 à 2015.

Irlande, 1945. Dans ce pays catholique et rigide à l’extrême, il ne fait pas bon sortir du cadre. La jeune Catherine Goggin l’apprend à ses dépens lorsque le curé de la paroisse la chasse de l’église, du village, de sa famille. Elle a seize ans, elle a fauté et son ventre s’est dangereusement arrondi.

Arrivée à Dublin, elle donne naissance à un fils immédiatement adopté par les Avery. C’est ce fils, le jeune Cyril Avery que nous allons suivre tout au long de ces décennies, de Dublin à Amsterdam, de New-York à Dublin.

Le jeune Cyril grandit dans une famille aisée, peu aimante, mais qui lui offre confort et éducation, un bagage correct pour assurer son avenir. Maud, sa mère adoptive, est écrivain, pour la beauté du geste on pourrait dire, puisque de son vivant  elle ne supporte pas d’être célèbre, c’est tellement ordinaire. Cyril ne sera jamais un vrai Avery, ses parents le lui répètent à l’envi tout au long de ses années de jeunesse et même après. C’est un beau gamin puis un jeune homme séduisant.

Dans cette Irlande catholique et rétrograde, s’il ne fait pas bon être fille-mère, il est encore plus dangereux d’être homosexuel, car même un père est quasiment en droit de tuer son fils sans que la justice n’y trouve à redire. Et Cyril est terriblement attiré par Julian, ce garçon qu’il admire en secret depuis l’enfance. Il mettra quelques années à s’avouer qu’il préfère les garçons, et à comprendre que ce n’est ni une maladie, ni une perversité.

Si l’amour dure sept ans, les chapitres de ce roman également, qui rythment ainsi la vie tantôt heureuse, tantôt plus difficile de Cyril, de 1945 à 2015. Cyril traverse les années de jeunesse dans cette Irlande rétrograde et catholique bienpensante, puis la vie et les aspirations enfin assumées à Amsterdam,  enfin les terribles années SIDA dans le New-York des années 80.

J’ai aimé suivre ce parcours totalement atypique. J’ai aimé ce jeune homme aussi fragile et ambivalent que fort et décidé, qui tente de vivre sa vie dans un pays, une famille, un environnement pas toujours idéal. L’auteur nous propose une belle fresque historique, mais aussi une analyse factuelle et parfois cruelle de la société de cette fin du XXe siècle. Avec une religion qui dicte sa loi dans une société qui n’accepte pas les différences, et cette façon de renier ceux que l’on a aimés, comme elle le fait pour Julian et sa fin de vie. Le roman est à la fois fort, émouvant, et parfois désopilant, on se surprend à rire aux éclats face à certains dialogues ou situations, même quand la situation est tout à fait tragique. En cela, il m’a effectivement fait penser au fatalisme et au cynisme face à la vie, mais aussi à certains scènes d’anthologie du roman Le monde selon Garp (si vous avez lu, souvenez-vous de la scène du levier de vitesse dans la vieille guimbarde).

Si le roman vous semble trop épais, n’ayez aucune crainte, la lecture est fluide, on a toujours envie d’aller plus avant, et même un certain regret en fermant le livre, une fois arrivé à la dernière page.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche et JC Lattès

Traduit de l’anglais par Sophie Aslanides

Cyril n’est pas « un vrai Avery » et il ne le sera jamais – du moins, c’est ce que lui répètent ses parents, Maude et Charles. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif des Avery, un couple dublinois aisé et excentrique, Cyril se forge une identité au gré d’improbables rencontres et apprend à lutter contre les préjugés d’une société irlandaise où la différence et la liberté de choix sont loin d’être acquises.

864 pages / Date de parution : 02/01/2020 / EAN : 9782253237853 / 9,90€
JC Lattès : EAN : 9782709659772 / Parution : 22/08/2018 / 580 pages / 23.90 €

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2 réflexions sur “Les fureurs invisibles du cœur, John Boyne

  1. Choup juillet 2, 2020 / 19:56

    j’en ai justement entedu parler il y a deux jours, dans des termes tout aussi positifs! j’irai me le procurer en passant chez mon libraire ce week-end! merci!

    Aimé par 1 personne

    • Domi juillet 2, 2020 / 20:15

      Une excellente surprise et découverte pour ma part

      J’aime

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