Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon

Des personnages attachants à l’histoire dense et profonde traversent le siècle

Voici André, le fils de Gabrielle, élevé par Hélène la sœur de cette dernière et son époux, à la campagne du côté de Figeac, dans cette famille aimante, au milieu de ses cousines. Une vie heureuse, même si c’est aussi une vie de manque, celui cruel d’être né sans père, celui de l’absence de la mère, de son silence. André se construit sur ce silence pesant, ce gouffre qu’il porte à jamais en lui, en orphelin de père biologique, mais fort de tout l’amour de sa famille de cœur, lui le fils, le frère, qu’ils n’avaient pas eu. La nature, la force des relations, la joie de vivre dans cette province protégée et solidaire feront le reste.

A Paris, Gabrielle est infirmière. Elle vit de façon légère, heureuse, enfin, ça c’est du moins ce qu’elle montre à tous chaque fois qu’elle vient voir son fils lorsqu’elle passe noël ou les étés en famille, du côté du Lot.

Lorsque André se marie, une part du mystère s’effondre, mais que faire de cette révélation ? Est-ce le bon moment, et n’est-ce pas plutôt un cadeau empoisonné ? Comme ces paquets au joli ruban dont on craint de découvrir ce qu’ils cachent à l’intérieur. André époux comblé, père heureux, fils à jamais meurtri par l’absence.

Les chapitres courts alternent différentes époques sans aucune chronologie. Un léger doute prend le lecteur au début. Chanterelle, Figeac ? Qui ? Quand ? Deux lignées se mélangent, le fils ? Le père ? Puis les fils se délient, et peu à peu l’intrigue s’installe, les personnages prennent corps, les vies s’étoffent, les sentiments affleurent, bouleversants, émouvants, complexes.

Marie-Hélène Lafon sculpte avec la terre de ces régions qu’elle connait si bien des personnages attachants à l’histoire dense, profonde et les place dans des situations lourdes de conséquences sur leurs vies. Et pourtant le texte, le vocabulaire, le phrasé sont toujours légers, concis, précis. Par petites touches lumineuses et intenses, elle réussit l’exploit de créer une véritable saga familiale qui court sur un siècle, de 1908 à 2008, en un court roman d’à peine 170 pages, sans jamais perdre son lecteur. Tout est effleuré ou suggéré, tout est ressenti avec une intensité rare.

Pour aller plus loin, lire aussi la chronique de Léa Touchbook
Lire également ma chronique du précédent roman Nos vies

Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu.
André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille.
Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent des galeries dans les vies, sous les silences.

Marie-Hélène Lafon est professeur de lettres classiques à Paris. Tous ses romans sont publiés chez Buchet/Chastel. Avec ce nouveau roman, elle confirme la place si particulière qu’elle occupe aujourd’hui dans le paysage littéraire français.

Parution : 20/08/2020 / Format : 13 x 19 cm, 176 p., 15,00€ / ISBN 978-2-283-03280-0

6 réflexions sur “Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon

    • Domi septembre 17, 2020 / 10:36

      Comme toi, séduite par son écriture, et le plaisir s’est confirmé avec ce roman !

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      • Domi septembre 17, 2020 / 10:49

        oui, et surtout avec une incroyable économie de mots, ce roman là en est tout à fait l’exemple, il court sur plusieurs générations et tout est dit en si peu de pages

        Aimé par 1 personne

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