Et si le monde était subitement frappé par une pandémie ?
Il suffit de quelques cygnes morts au parc du Marquenterre pour que les scientifiques soient en alerte et s’affolent lors de la découverte d’un virus puissant et mortel qui touche de plus en plus d’oiseaux.
Au 36, un virus semble avoir atteint de plus en plus de personnes, le nombre de malades se multiplie, au risque de déstabiliser les différents services, en particulier celui de Sharko.
C’est aussi dans ce contexte que l’on rencontre Phong, le mari malade d’Amandine. Et que l’on découvre les précautions que doit prendre le couple pour ne pas se contaminer, précautions qui nous rappellent celles que nous mettons parfois en pratique depuis bientôt deux ans.
S’enchaînent alors des meurtres aux mises en scènes rituelles sordides, nous obligeant à faire une incursion dans le dark web. Et à suivre une enquête au cours de laquelle rien n’est épargné aux enquêteurs comme aux victimes. Une fois de plus Sharko à la partie difficile et les ramifications sont bien plus inextricables que ce qu’elles paraissent de prime abord.
Le talent de Franck Thilliez n’est plus à démontrer, c’est efficace, un vrai page turner dont on se souvient longtemps.
« L’homme, tel que nous le connaissons, est le pire virus de la planète. Il se reproduit, détruit, épuise ses propres réserves, sans aucun respect, sans stratégie de survie. Sans nous, cette planète court à la catastrophe. Il faut des hommes purs, sélectionnés parmi les meilleurs, et il faut éliminer le reste. Les microbes sont la solution. » Après Angor, une nouvelle aventure pour l’équipe de Franck Sharko et Lucie Henebelle, renforcée en coulisses par la jeune et courageuse Camille. Et l’enjeu est de taille : la préservation de l’espèce humaine.
De Byzance à Moscou, une fresque familiale sur l’exil et la transmission
En 1453 Byzance, le dernier bastion catholique orthodoxe d’Orient conquis deux siècles auparavant par les croisés, tombe sous les coups des Ottomans. La chute de l’empire byzantin est aussi la fin du règne des orthodoxes dans cette partie du monde très convoitée car à cheval entre l’Orient et l’Occident. Celle qui deviendra Istanbul connaît alors de nombreux pillages et exactions. Femmes, enfants, vieillards ne sont pas épargnés par les conquérants musulmans, poursuivis et abattus jusque dans l’enceinte de la basilique Sainte Sophie.
C’est dans ce contexte que les survivants de la famille Dionous doivent fuir la cité. Les circonstances obligent les deux frères survivants à partir chacun de son côté, Nicolas et Constantin vont alors embarquer qui pour la Russie, qui pour l’autre rive de la méditerranée. À Byzance, cette lignée d’artistes écrit des icônes sacrées depuis la nuit des temps. Le deux frères sont désormais séparés, mais chacun de son côté va tenter de maintenir vaille que vaille cette tradition familiale.
C’est à travers une dizaine de générations successives que Catherine Hermary-Vieille leur fait parcourir de nombreux pays, dans un périple à travers l’orient, de Beyrouth à Moscou, du Caire à Londres, de Saint-Pétersbourg à Florence, Londres, Paris. Fuyant leur ville, les Dionous deviendront paysans, pêcheurs, commerçants, feront prospérer les plantations de coton égyptien, deviendront artistes de père en fille à Moscou. Mais toujours, chacun à sa manière tentera de percer le mystère de cette lignée qu’ils connaissent parfois si mal, mais qui subsiste par delà leurs propres existences.
Maintenir la tradition familiale, la perpétrer dans le respect des ancêtres n’est pas toujours aisée. Cinq siècles d’histoire mouvementée et souvent violente vont s’inscrire dans ces quelques cinq cent pages. C’est à la fois beaucoup et peu pour expliquer les remous provoqués par les conquêtes, les vagues de migrations forcées ou choisies, les révolutions et les transformations des différents pays traversés. Pour Nicolas et sa descendance, il y aura en particulier la création de Saint-Pétersbourg, mais aussi la mort du tsar, la révolution bolchevique et la fin du servage du côté de la Russie. Pour la lignée de Constantin, après quelques années d’errance, l’installation en Égypte, puis la culture et le commerce du coton, qui prospère d’autant plus que celui produit par les États-Unis souffre à son tour des complications dues à la guerre de sécession, la nationalisation des terres et l’obligation de changer de culture imposée par le nouveau gouvernement. Autant de changements que chacun devra anticiper, proposer, accepter, ou au contraire subir, ou refuser.
En fin du roman, un bien utile arbre généalogique permet de s’y retrouver parmi les nombreux membres des deux lignées. Dans ce roman sur l’exil, l’errance, la famille et la recherche de ses racines pour enfin trouver un équilibre, l’autrice nous fait parcourir ces cinq siècles d’Histoire sans nous lasser, passant en revue les transformations politiques et religieuses de cette partie du monde. En fil rouge on retrouve ces icônes peintes par les artistes de la famille. J’ai d’ailleurs appris que l’on dit écrire et non peindre des icônes. Icônes emblématiques qui se transmettent de génération en génération, perpétuant ainsi les racines de la famille Dionous à travers les siècles.
29 mai 1453. Byzance, dernière capitale de l’empire romain d’Orient, tombe après le siège le plus sanglant de l’Histoire. La fière cité qui a résisté pendant plus de mille ans à tous les assauts s’effondre sous la violence de l’offensive turque. Jusqu’à l’intérieur de la basilique Sainte-Sophie, le peuple se défend avec ardeur et fièvre. Mais les vainqueurs n’épargnent ni les vieillards, ni les femmes, ni les enfants. Deux frères, Nicolas et Constantin Dionous parviennent à s’enfuir, l’un vers la Russie, l’autre vers les rives de la Méditerranée. Ils se font le serment qu’un jour, leurs descendants se retrouveront.
Date de parution 01 octobre 2021 /Édition Brochée 21,90 € / 480 pages / EAN : 9782226442390
Quel est le lien entre l’homme qui nettoyait, la fille à la mèche Violette et la chasseuse de mouches ? Qui est ce mystérieux Micky derrière la porte verte ? Qui est cet enfant de cinq ans que sa mère entraîne dans la piscine de cet hôtel désaffecté ? Qui est cet homme qui traque les femmes blondes jusque dans leurs maisons ? Quel rapport entre ces femmes blondes qui disparaissent et cette jeune fille qui tente de mourir ?
Pour le savoir, il faut découvrir ce roman qui démarre sur les chapeaux de roues, à la fois sombre et dur, au suspense garanti. Certaines scènes sont à la limite du supportable, mais elles sont indispensables à la bonne compréhension des rôles de chacun des protagonistes. Les flash-back dans le passé de l’enfant en particulier permettent habilement au lecteur de commencer à échafauder sa propre théorie, mais il est bien difficile malgré tout de savoir jusqu’où l’auteur veut nous mener.
J’ai aimé le chassé croisé entre ces trois, quatre avec le mystérieux Micky, personnages aux parcours parallèles qui subtilement vont être amenés à se croiser. Peu à peu, leurs personnalités prennent forme, le passé de chacun se dévoile avec ses blessures, ses failles, ses rêves et ses désillusions.
Le mal, l’amour maternel, les origines, les troubles de la personnalité, la maltraitance, et de nombreux autres sujets y sont abordés sans que cela n’enlève quoi que ce soit à l’intensité, au rythme ou à l’intrigue. Vous l’aurez compris, c’est ma première lecture de cet auteur et je suis totalement emballée.
Un roman traduit de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza. Et lu par Benjamin Jungers, un acteur qui donne toute leur intensité aux différents personnages.
L’homme qui nettoie rôde autour de nous. Parmi nos déchets, il cherche des indices sur nos vies. En particulier sur celles des femmes seules. Une femme lui a fait beaucoup de mal enfant : sa mère. La chasseuse de mouches, elle, tente de sauver les femmes en péril. Et elles sont nombreuses… Surtout quand l’homme qui nettoie rôde autour d’elles.
EAN 9791035407513 / Prix du format physique 23,90€ / EAN numérique 9791035407377 Prix du format numérique 21,45€ / Date de parution 10/11/2021
Un adolescent de quinze ans parle avec l’avocat commis d’office puis avec le psy auquel il a été confié. Dans sa cellule, il revit ses dernières années jusqu’à cet événement qui l’a amené là, dans la prison, seul, plus victime que coupable peut être malgré la gravité de ses actes.
Son long monologue est avant tout un prétexte à décrire la société tunisienne depuis le printemps arabe. Pas de révolution si ce n’est dans les paroles et dans la violence, mais la vie de certains tunisiens loin d’être meilleure semble beaucoup plus compliquée et encore plus misérable qu’avant. Pourtant dans cette société qui ne veut pas s’occuper des jeunes, lui avait trouvé le bonheur auprès de Bella la fidèle, l’aimante, la douce. Bella, cette petite chienne qu’il avait recueillie âgée de quelques jours à peine et élevée contre l’avis de sa famille. Car dans les sociétés musulmanes, les chiens n’ont pas bonne presse, rejetés par la religion, ils n’ont pas leur place au sein des familles.
Il y a de l’amour et de la rage, de l’espoir et de la colère, de la passion et du mépris dans ce roman à l’écriture incisive et violente, désespérée et percutante. Le lecteur s’attache à ce jeune homme d’aujourd’hui prisonnier d’une société tunisienne qui n’arrive pas à comprendre, à aider ou à donner le moindre espoir à sa jeunesse en mal d’avenir.
Je n’en dit pas plus, mais courrez lire ce court, très court, mais fort, vraiment très fort roman. Il interpelle, bouscule, bouleverse. C’est un roman à mettre entre toutes les mains, une excellente idée de cadeau pour ces fêtes de fin d’année.
Catalogue éditeur : éditions Elyzad
Un jeune homme s’adresse tour à tour à son avocat et à un psychiatre venus lui rendre visite en prison. Avec une ironie mordante, le narrateur prend à parti ses interlocuteurs. Les charges qui pèsent sur lui sont sérieuses, mais il affirme ne rien regretter. Se dévoilent les raisons qui l’ont poussé au crime : un père qui l’a toujours humilié ; une société gouvernée par les apparences ; la domination des plus forts sans partage. La pauvreté, la saleté, le mépris des animaux et de l’environnement. Les seuls élans d’affection que le jeune homme a connus ont été ceux de Bella, le chiot qu’il a recueilli. Mais dans ce pays, on tue les chiens « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Pourtant la rage est déjà là. Alors quand Bella a été tuée, il a fallu la venger. Date de parution : 02/09/2021 / EAN :9782492270444
Quand Simone rencontre André Breton, ou la naissance d’un amour
En 1920, dans Paris libéré des horreurs de la première guerre mondiale, la jeunesse cherche un monde nouveau à partager. Simone Rachel Kahn, 23 ans, jeune femme à l’esprit libre, a le goût de la découverte, mais elle a déjà un lourd bagage intime à porter après sa rupture avec Voldemar.
Simone aime aller dans les café avec ses camarades pour refaire le monde. Elle écoute aussi ces Dadas dont on parle tant, même si elle n’aime pas du tout Tzara. Ces Dadas qui ont trouvé une façon bien à eux d’oublier les années de guerre et de privation, en cherchant à créer un monde nouveau, par la littérature, la pensée, par la force de leur jeunesse prête à tous les extrêmes.
C’est au cours d’une de ces rencontre qu’elle fait la connaissance d’André Breton.
Issu chacun d’un milieu différent, elle protégé par sa famille et ses origines des horreurs de la guerre, lui infirmier à Nantes, à Paris, connaît les souffrances et les blessures des rescapés. Réticente de prime abord, la jeune fille de bonne famille va vite se sentir attirée par cet homme singulier et à la forte personnalité. Si certaines choses les séparent, en particulier les Dadas, leur amour de l’art, leur curiosité, leur modernité va très rapidement les rassembler.
C’est ce moment de la vie de Simone, la rencontre avec Breton, après la rupture avec son ami Voldemar, que Léa Chauvel-Levy a choisi de nous raconter. Cette période d’interrogation et de doute, alors que l’intérêt qu’elle porte à André Breton est de plus en plus prégnant. Comment vivre avec un homme issu d’un milieu aussi différent, comment le faire accepter par sa famille, et leurs goûts communs seront-ils suffisants pour les unir durablement. En choisissant de répondre aux questions que se pose Simone l’autrice nous parle de femmes et d’universalité des sentiments, d’interrogations et de doutes, d’amour et de vie.
Paris, 1920. Simone Rachel Kahn n’est encore qu’une jeune femme de 23 ans. Esprit libre, férue de littérature, de poésie et de philosophie, elle vagabonde dans le Paris d’après-guerre, à la recherche de quelque chose ou quelqu’un qui, enfin, pourrait la faire renaître. Entre la librairie d’Adrienne Monnier et le Lutetia, elle croise le chemin des Dadas qui l’irritent autant qu’ils l’intriguent.
C’est alors qu’elle rencontre celui qui fera d’elle Simone Breton. L’auteur des Champs magnétiques n’est qu’un jeune artiste, déjà exalté, mais encore à la recherche de repères, de sa véritable voix. Il est sans-le-sou, après avoir déserté les bancs de l’école de médecine. Simone, elle, est promise à un autre. Et pourtant…
Date de parution: 18/08/2021 / Nombre de pages: 192 / ISBN: 979-10-329-2124-1 / Format 14 x 20 cm
Une pièce émouvante, un rôle qui sied à merveille à Cristiana Reali, qui incarne avec justesse et réalisme cette grande dame qui a traversé les épreuves et la vie avec autant de courage que de détermination.
Qui ne connaît pas cette date, le 1er juillet 2018. Simone Veil entre au Panthéon. Pas seule non, son mari Antoine l’accompagne.
Une jeune journaliste doit commenter la cérémonie à la radio. Prétexte à faire revivre avec brio celle qui a connu l’horreur des camps de concentration et la gloire des politiques et des élus.
Bien sur nous en avons tous plus ou moins entendu parler,. Nous la connaissons tous un peu, les camps de concentration avec sa mère adorée et sa sœur. Le mariage et les enfants, le travail qu’elle voulait faire et que le mari ne souhaitait pas. Puis la façon dont le président Giscard d’Estaing souhaitant faire voter la loi sur l’avortement lui demande de la porter à l’assemblée, les insultes, la violence subie alors, et cette femme digne et droite qui a su faire front face à une assemblée d’hommes bien peu compatissants ou compréhensifs, quel manque d’humanité dans les mots, les gestes qu’elle devra essuyer alors. Enfin, son combat pour la réconciliation et pour une Europe forte et unie.
Il y a tout ça, mais il y a surtout un rôle porté par Cristiana Reali avec réalisme, force et pudeur, avec une vérité qui émeut et qui convainc, dans un décor minimaliste qui donne toute leur ampleur aux deux actrices.
C’est jusqu’à fin décembre ! Alors vite, courrez au théâtre, vous ne le regretterez pas.
Quoi : Simone Veil « Les combats d’une effrontée » d’après Une vie de Simone Veil Adaptation Cristiana Reali et Antoine Mory Mise en scène Pauline Susini
Il y a d’abord cette étrange sensation, en cette chaude matinée d’été. Comme si le temps s’était brutalement figé. Comme si l’Histoire reprenait ses droits. Simone Veil entre au Panthéon, avec son mari Antoine. L’histoire de Camille, elle, ne fait que commencer. Appelée à prendre la parole sur Simone Veil dans une émission de radio, elle part à la recherche de ses souvenirs d’étudiante. A moins qu’il s’agisse des souvenirs de toute une génération, qui a grandi avec les combats de cette femme hors du commun. A mesure que progresse l’émission de radio, une conversation voit le jour entre ces deux femmes, comme un dialogue entre deux générations.
Comment trouve-t-on la force de consacrer sa vie aux combats politiques ? Comment reçoit-on cet héritage?
Où : Théâtre Antoine 14 Boulevard de Strasbourg 75010 Paris Quand : encore jusqu’au 30 décembre
« La plupart du temps, je savais tout d’elle, de ce qu’elle pensait, ressentait…Et à d’autres moments, elle m’échappait »
J’ai aimé découvrir La belle est la bête, ce conte cruel et humain, avec cette héroïne attachante et courageuse qui vit au pays des monstres au visage d’homme et des princesses au visage de bête. Floriane Joseph nous parle d’aujourd’hui avec les accents d’un conte des mille et une nuit. Lorsque j’ai rencontré Floriane à la remise du Prix de la Vocation, prix pour lequel elle avait été sélectionnée, j’ai eu envie de lui poser quelques questions, et quelle chance, Floriane a accepté d’y répondre.
– Vous avez écrit ce roman très singulier « la belle est la bête ». Pourquoi avoir choisi d’écrire un conte ? Et d’ailleurs était-ce réellement un choix au départ ou cela s’est il imposé à vous à mesure de l’écriture ?
Le genre du conte s’est imposé à moi avant même que je commence à écrire. J’avais tout d’abord l’idée d’écrire un roman dont l’héroïne serait une femme défigurée à l’acide. Mais je ne savais pas comment parler de ce sujet très dur sans que le roman lui-même devienne trop sombre, voire glauque. Et soudain, j’ai regardé les affiches de cinéma au-dessus de mon lit, dont celle du nouveau film « La Belle et la Bête », avec Emma Watson, et tout s’est mis en place dans ma tête : il fallait en faire un conte !
– Vous avez pris la parti de nous faire vivre ce qui arrive dans la tête de la princesse, celle qui avait tout et qui, pour une femme en particulier, perd tout, était-ce compliqué de se mettre à sa place ?
Oui et non, c’est une question très intéressante. Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir choisi de raconter ce qu’il se passait dans la tête de Leïla, c’est comme cela que les choses se sont faites pendant que j’écrivais. J’avais l’impression de suivre Leïla partout en permanence, comme un fantôme. La plupart du temps, je savais tout d’elle, de ce qu’elle pensait, ressentait… Et à d’autres moments, elle m’échappait. Plusieurs fois, notamment lors des scènes de bal, j’avais l’impression qu’elle me regardait et me mettait au défi : je devenais alors une toute petite chose qui suivait éperdument cette princesse sans pouvoir jamais la figer, la toucher, tout comprendre d’elle.
– La beauté n’est pas la seule qualité d’une femme, est-ce un message ? Regarder au delà de l’apparence ?
Je n’ai pas vraiment voulu faire passer de message même si celui-ci est très important bien sûr. J’ai plutôt l’impression que l’écriture s’est construite au-delà. La beauté n’est pas la seule qualité d’une femme, et pourtant elle est sur valorisée par nos sociétés, a tel point que la valeur des femmes ne dépend que de leur beauté. A partir de ce constat révoltant, il s’agissait de se demander quelles étaient les conséquences pour une femme défigurée. Plutôt qu’une volonté de faire passer un message, c’était une quête pour comprendre les implications : j’avais l’impression de tirer un fil depuis une pelote de laine et d’observer le processus.
– Votre héroïne se cache derrière des masques pour arriver à ressortir dans le monde. Même si dans sa famille elle est toujours appréciée, le pas doit être difficile d’affronter l’extérieur quand tout à changé. Je pense à toute sorte de handicap et à notre regard sur les gens que l’on considère comme différents, est-ce aussi un message que vous avez voulu envoyer ? Loin de la seule beauté ou apparence, voir et accepter la différence ?
J’ai beaucoup aimé explorer le regard des autres, la façon dont on se construit par rapport à ce regard, dont on peut en jouer (les parties sur les photos et la presse n’étaient pas prévues mais se sont insérées dans l’écriture). Et bien sûr, cela peut s’appliquer à toute forme de handicap ou de différence. C’est d’ailleurs une remarque que j’ai entendu plusieurs fois de la part de lecteurs, et je suis très heureuse qu’il puisse y avoir différentes interprétations.
– On aurait pu penser que le roman allait plutôt parler de l’aspect terrorisme, enquête, répression, il est à peine évoqué, qu’est-ce qui a prévalu à ce choix ?
Je n’étais pas du tout intéressée par le système judiciaire ou par la répression dans ce roman, ce n’est pas cette histoire-là que j’avais envie de raconter. D’ailleurs, j’ai dû me forcer un peu pour écrire le peu de scènes qui concernent le procès, car elles étaient nécessaires à l’histoire. La question du terrorisme m’intéressait mais uniquement d’un point de vue humain : qu’est-ce que cet attentat fait à Leïla, au sultan, au peuple ? Comment aborde-t-on la montée de ces idées terroristes, en tant qu’être humain mais aussi en tant que personnalité politique ? Quels sont les arrangements que l’on prend avec sa conscience ? Etc
– Comment vous est venue l’idée de ce roman ?
J’ai lu un article sur les femmes défigurées à l’acide en Inde et, étant passionnée depuis un moment par la question du visage, j’ai eu envie de raconter l’histoire d’une femme défigurée volontairement.
– Avez vous déjà un autre en tête, ou en cours d’écriture ?
Je suis en train de corriger le prochain roman, qui sera très différent, et j’ai beaucoup d’idées pour les prochains. Je continue également d’écrire des poèmes.
– Depuis quand avez vous envie d’écrire ? Est-ce quelque chose que vous avez toujours eu en vous ?
Mes premiers souvenirs d’écriture remontent à mes 10 ou 11 ans et depuis cet âge-là, je crois que j’ai toujours voulu devenir écrivaine.
– Qu’avez vous pensé quand votre roman a fait partie de sélection du prix de la Vocation ?
C’était merveilleux ! Le Prix de la Vocation évoque pour moi Amélie Nothomb, Line Papin qui l’a obtenu pour son premier roman « L’éveil » et d’autres merveilleux écrivains. J’avais l’impression d’être invitée à marcher dans leurs pas, qu’on me donnait l’autorisation d’être pleinement écrivaine.
– Quelle lectrice êtes vous ? Quel roman récent avez vous envie de nous conseiller pour nos prochaines lectures ?
J’adore lire bien sûr ! C’est parfois un peu compliqué de tout concilier avec un « vrai » travail et l’écriture en plus, mais j’essaye de lire le plus possible. J’ai récemment adoré le roman en vers libres de Clémentine Beauvais, « Décomposée » qui donne la parole à la charogne de Baudelaire.
Merci Floriane de nous avoir permis de vous connaître un peu mieux et d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Amis lecteurs, n’hésitez pas à découvrir le roman La belle est la bête.
Un roman historique sombre et glaçant sur fond de seconde guerre mondiale
Les belles dames du Reich aiment se réunir dans le confort ouaté de l’hôtel Adlon à Berlin, loin des tensions qui agitent l’Europe à l’aube de la seconde guerre mondiale. Pourtant, lorsque certaines d’entre elles disparaissent il s’avère nécessaire de mener l’enquête. Celle-ci est confiée en toute discrétion à Franz Beewen, gestapiste convaincu, qui rapidement ressent le besoin d’agir avec l’aide de Simon Kraus, psychanalyste, et de Minna von Hassel, psychiatre. Tous trois forment le trio d’enquêteurs le plus insolite de l’Allemagne nazi.
Grangé nous embarque dans un roman historique qui fait revivre le Berlin du début de la seconde guerre mondiale. L’intrigue m’a semblé n’être qu’un prétexte à nous rappeler l’horreur du nazisme. Elle passe d’ailleurs parfois d’un réalisme descriptif dense et pointu au surréalisme le plus déconcertant.
L’ambiance lourde, angoissante, nous plonge dans un décor particulièrement bien rendu. Elle est l’objet de descriptions et d’explications historiques souvent utiles mais également parfois longues et redondantes, au risque de ne pas rendre ce roman assez nerveux, rythmé ou même attachant, si tant est que la période s’y prête. Bon c’est un gros pavé mais je ne pense pas que le lecteur ait déjà tout oublié au fil de sa lecture. L’excellent travail de documentation fait par Jean-Christophe Grangé se ressent à chaque chapitre tant il décrit et détaille à l’excès la période qu’il a choisie. Les personnages ne semblent être là que pour étayer le besoin qu’il a eu de balayer tous les crimes et les horreurs perpétrés par les nazis. Comme à son habitude, Grangé y décrit l’horreur avec une délectation poussée à l’extrême, jusqu’à vous donner la nausée.
Le point le plus positif de cette lecture est très certainement la qualité du lecteur. J’ai apprécié les intonations, le rythme, le souffle, les voix qu’il donne aux personnages, et la façon dont il maintient le mystère et l’horreur, qui se ressentent bien tout au long de l’écoute de ce roman.
Les promises, ce sont ces grandes dames du Reich, belles et insouciantes, qui se retrouvent chaque après-midi à l’hôtel Adlon de Berlin, pour bavarder et boire du champagne, alors que l’Europe, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, est au bord d’imploser. Ce sont aussi les victimes d’un tueur mystérieux, qui les surprend sur les rives de la Spree ou près des lacs, les soumettant à d’horribles mutilations… Dans un Berlin incandescent, frémissant comme le cratère d’un volcan, trois êtres singuliers vont s’atteler à l’enquête. Simon Kraus, psychanalyste surdoué, gigolo sur les bords, toujours prêt à faire chanter ses patientes. Franz Beewen, colosse de la Gestapo, brutal et sans pitié, parti en guerre contre le monde. Minna von Hassel, riche héritière et psychiatre dévouée, s’efforçant de sauver les oubliés du Reich. Ces enquêteurs que tout oppose vont suivre les traces du Monstre et découvrir une vérité stupéfiante. Le Mal n’est pas toujours là où on l’attend.
Depuis plus de vingt-cinq ans, l’auteur du Vol des cigognes et des Rivières pourpres règne en maître sur le thriller français. Traduits dans une trentaine de langues, vendus à des millions d’exemplaires dans le monde, tous les romans de Jean-Christophe Grangé ont été adaptés au cinéma ou à la télévision. Les promises est son premier roman historique.
EAN 9791035406509 / Prix du format physique 25,90 € / EAN numérique 9791035406714 / Prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 20/10/2021 / durée : 20h48
Harcèlement à l’école, suicide adolescent, un sujet tristement d’actualité
Le roman débute par le témoignage d’Iris. L’adolescente parle de son beau-père, de ses petits copains et de tous ces garçons qui ont déjà défilé entre ses bras malgré sa courte vie, explique comment sa mère la considère, le peu d’intérêt que lui porte sa famille, mais aussi ses amis et camarades du lycée. Puis son suicide frappe le lecteur d’un grand coup de poing dans l’estomac.
Et pourtant, qui est coupable parmi les élèves, les amis, les camarades ? Sans doute chacun d’eux tour à tour, par leurs attitudes, leurs actions, leurs mots et leurs railleries. Tous par leurs silences, à l’ignorer, la décrier, l’insulter. Et les réseaux sociaux, complices de ceux qui ont agit, dit, filmé, montré.
Viennent ensuite les témoignages de la très sage Emma, de Sarah et Chloé ses meilleures copines, de Solal son amoureux, de Tom, le jumeau d’Emma, l’inséparable, puis Romane, Timothée, Aaron, Julian, Léon, Virgile, etc. Chacun à son tour se sent en partie coupable, raconte, essaie de comprendre, de s’excuser, de s’accuser, de remonter le temps pour que cela ne soit pas, mais aussi de continuer le fil de sa propre vie, au milieu de tant de questions, d’interrogations, d’incompréhension.
Ils sont jeunes, boivent beaucoup, fument de la beuh au lycée ou les soirs de fête et de beuverie. Ces soirs-là, comme l’argent ne semble pas un problème pour en trouver, l’alcool coule à flot, les filles saoules deviennent faciles et les garçons se croient beaux et forts. Les jalousies s’exacerbent pourtant lorsque les beaux gars du lycée s’intéressent à d’autres, y compris aux copines.
J’ai eu un peu de mal à les entendre ces lycéens, garçons ou filles, qui semblent trouver normal de boire autant, de fumer, se droguer, d’avoir des expériences sexuelles avec tous ceux qui le souhaitent, et de les enchaîner sans se poser de question. Pourtant, il est évident que cette façon de vivre cache aussi une profonde détresse, des doutes et des questions sur sa propre personnalité, ses désirs, ses envies. L’intérêt de ce roman, c’est aussi qu’il aborde les conséquences du harcèlement scolaire. Un sujet d’actualité dont on parle trop peu, à part sans doute lorsque des affaires éclatent au grand jour et qu’elles sont reprises un court moment par les médias. En parler, le faire lire, et sans doute ensuite l’évoquer avec ses ados est sans doute une excellente solution pour éviter le pire ou pour dédramatiser.
Ah, merci Gilles Paris pour le lexique en fin du livre, car même si j’en connaissais certains, les acronymes ou mots expliqués m’ont permis de suivre et qui sait d’avoir l’air moins bête lors de conversation future avec des jeunes.
«Je me suis laissée prendre, comme une fille facile.» Ainsi parle Iris avant de se donner la mort. C’est un choc pour l’ensemble du lycée mais surtout pour Emma, Tom et leurs amis. Conscients d’avoir mal agi, ils tiennent à mieux comprendre ce qui s’est passé et à défendre la mémoire d’Iris.
À partir de 15 ans / 224 pages / 13,50 € / Parution : 09-09-2021 / ISBN : 9782075153034
Connaissez vous les droodles ? Ces drôles de dessins réalisés par Roger Price et édités par les éditions de la Table Ronde. Inventés dans les années 50 ils n’ont pas pris une ride et vont vous dérouiller les zygomatiques, c’est sûr.
Roger Price était dans les années 50 une figure populaire des jeux et talks-shows à la télévision américaine. On apprécie grâce à ses droodles son humour totalement décalé. Les droodles sont à la fois absurdes et loufoques, réalisés à base de dessins minimalistes, c’est le moins qu’on puisse dire. Et surtout, grâce à la légende qu’il leur donne ils prennent vie sous nos yeux.
Droodle, une combinaison entre drawing (dessin) et doodle (gribouillage) ou peut-être entre doodle et riddle (devinette/énigme) …. Mais qu’importe, ces drôles de droodles nous font passer un excellent moment Ici, 120 droodles pour s’amuser en famille ou seul, qu’importe pourvu que l’on s’amuse.