Mahmoud ou la montée des eaux, Antoine Wauters

La beauté d’un long poème pour dire l’absence et la douleur sur les bords du lac el-Assad

Aujourd’hui Mahmoud le poète flotte entre deux eaux, entre deux mondes, entre la réalité sinistre et violente de la Syrie de Bachar El Assad, et le monde sous-marin de son enfance, dans le village englouti par le barrage de Tabqa construit en 1973 au bord de l’Euphrate par Hafez El Assad.

Sur sa barque bleue qu’il emprunte sans relâche, il plonge inlassablement dans les eaux noires armé de sa seule lampe, pour retrouver tout ce qui s’est perdu dans les profondeurs, la maison de ses parents, le café Farah, l’école des années heureuses. Leila, son premier amour, puis la rencontre avec Sarah, l’écriture des poèmes et leur amour commun de la poésie et des mots, leur vie de couple puis de parents comblés avec deux garçons, Salim et Brahim et une fille Nazafé, le départ et la disparition de ces derniers, les années de prison, la guerre, la solitude et l’oubli.

A ces souvenirs viennent parfois s’intercaler ceux de Sarah, l’épouse tant aimée, celle qui a disparu sous les coups de l’armée de Bachar. L’ancien étudiant londonien devenu le dirigeant de la Syrie au décès de son père, et qui s’est installé dans un pouvoir coercitif et violent.

Le long poème de Mahmoud est aussi un plaidoyer pour une Syrie heureuse loin de Daesh et des armées du pouvoir en place, prétexte à rappeler au lecteur l’histoire souvent oubliée du pays depuis les années 70.

Un roman qui se lit d’une traite et nous plonge dans les eaux noires du lac el-Assad. Porteur d’espoir malgré la grande mélancolie et les souvenirs douloureux que l’on ressent au plus intime, un poème écrit avec une grande tendresse, comme pour marquer la nostalgie et la pudeur qu’il y a à se remémorer les moments heureux disparus à jamais. Le pouvoir des mots pour faire entendre le mal, la douleur, la violence subie, pour croire en l’homme malgré tout.

Catalogue éditeur : Verdier

Syrie. Un vieil homme rame à bord d’une barque, seul au milieu d’une immense étendue d’eau. En dessous de lui, sa maison d’enfance, engloutie par le lac el-Assad, né de la construction du barrage de Tabqa, en 1973.
Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d’un masque et d’un tuba, il plonge – et c’est sa vie entière qu’il revoit, ses enfants au temps où ils n’étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté. 

Cet ouvrage a reçu le prix Wepler – Fondation La Poste, le prix Marguerite-Duras, le prix des lecteurs de la Librairie Nouvelle à Voiron et le prix de la Librairie Nouvelle d’Orléans.

144 pages / 15,20 € / Epub : 10,99 € / 978-2-37856-112-3 / août 2021

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