Peut-on revenir fils lorsque l’on est devenu père, un roman qui déborde d’émotion et d’amour

1987. Le fils a quinze ans, ses belles années sont devant lui quand survient le deuil qui va tout changer. L’accident du père au volant de sa 504 entraîne peu à peu la folie de la mère. Elle sombre dans une mélancolie que rien ne pourra arrêter. Le choc est si intense que même la vie de son fils va s’estomper de sa mémoire. Remplacé bien étrangement par un autre fils, disparu lui aussi. Il faudra confier le fils à la famille, oncle et tante feront ce qu’ils peuvent pour l’élever.
2007. Le fils devenu père éprouve le besoin de revenir fils. De retrouver cette mère qui l’a effacé de sa vie des années auparavant pour sombrer dans la folie. Atteinte de la maladie de Diogène, elle vit toujours dans la même maison, désormais envahie de toute part par les accumulations de toute sorte qui la rassurent, la confortent, l’aident à survivre. Des boites de Nesquick aux aliments frelatés, des verres inutiles aux revues qui s’amoncellent, sa vie est un équilibre instable fait d’accumulation, de saleté, de solitude.
Peu à peu, alternant ces deux époques, l’auteur nous fait pénétrer dans le monde intérieur d’une mère perdue, d’un fils orphelin, d’un homme qui se cherche et veut donner ce qu’il n’a plus jamais reçu depuis l’accident qui a transformé leurs vies.
L’auteur a su aborder des thèmes difficiles et délicats avec beaucoup de tendresse, d’émotion, de véracité. La maternité, le deuil, la famille, la maladie, celle de Diogène évoquée ici est envahissante et traumatisante autant pour ceux qui la vivent que pour ceux qui la subissent.
Difficile chemin de ce fils devenu homme, mari, père et qui devra tout oublier pour enfin devenir fils. Ce roman est dense, fort, percutant et marquant. L’alternance des époques donne du rythme et du souffle face à la difficulté d’être, de vivre, d’accepter, de comprendre, et enfin d’aimer, en étant le fils de cette mère si singulière. Car il doit en affronter des murailles, au propre comme au figuré, dans cette maison devenue une véritable décharge et le creuset des immondices récoltées avec tant d’énergie par cette mère devenue souillon. Mais aussi des silences, des frustrations, pour tenter de percer la carapace et faire émerger l’amour. Quelle énergie, quel amour, quelle tendresse dans ces gestes, ces mots, ces sentiments du fils orphelin envers celle qui lui a donné la vie.
Un roman de la sélection 2022 des 68 premières fois
Catalogue éditeur : Rouergue
Depuis la mort de son père, le narrateur, un collégien de quatorze ans, vit seul avec sa mère, qui montre les signes grandissants d’un syndrome de Diogène : elle accumule les objets qui envahissent peu à peu la maison. Tandis que le fils adolescent continue de grandir et d’explorer, la mère se replie jour après jour dans un monde où un premier enfant, Jean, touché par la mort subite du nourrisson, reprend vie. Lire la suite…
Parution août 2021 / 288 pages / 20,00 € / ISBN 978-2-8126-2211-3
Bien d’accord avec toi !
Revenir fils, un livre que j’ai beaucoup aimé.
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Sur le thème du syndrome de Diogène je recommande le roman Les frères Holt de Marcia Davenport, avec des longueurs certes mais passionnant sur cette maladie 🙂
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