Vivre à deux, ou se faire la guerre

Assia et Franck s’aiment. Ils vivent ensemble, mais l’amour n’est pas tout et au fil des jours, la cohabitation s’avère parfois difficile. Assia, est fille d’immigrés marocains, elle a toujours eu besoin d’affirmer sa place, son rôle, et certaines remarques la laissent à fleur de peau. Franck vient d’une famille dans laquelle on ne se parle pas. Difficile alors d’imaginer un dialogue fluide entre ces deux-là. Et ce soir, après une phrase malheureuse d’Assia, la dispute est bien au-delà d’un échange tendu, ils sont arrivés au bord de la rupture.
Dans une unité de temps et de lieu, cette soirée devient un mouvement de bataille, une montée en puissance du conflit avant la guerre aussi dévastatrice que définitive. Le repli d’abord, l’approche ensuite, puis l’assaut avant l’attaque.
L’autrice fait de cette soirée un moment de bascule avant l’explosion. Mais sauront-ils s’arrêter à temps ? Car la relation de couple, comme la relation amoureuse en général, n’est jamais un long fleuve tranquille. Fatigue, frustration, paroles malheureuses, cadre de référence dans lequel chacun a évolué, colère, désir, peur, envie, doute, sont autant d’éléments qui peuvent faire basculer un moment délicat en guerre ouverte.
J’ai trouvé la thématique intéressante, en particulier l’exploration et la finesse dans l’appréhension des sentiments et des tourments au plus intime. J’ai aimé l’écriture singulière, tout comme l’idée du roman. Pourtant je n’ai pas vraiment réussi à ressentir des émotions au contact d’Assia et Franck. Comme si l’intensité de leur combat les avait tenu trop loin de moi, à l’écart du monde dans leur bulle de rancœur et de violence, de certitude et d’individualisme. Mais peut-être est-ce commun à une certaine jeunesse d’aujourd’hui, individualiste et qui rêve de liberté avant de penser à vivre en couple. Pourtant ce n’est pas seulement parce qu’on s’aime que la vie à deux est facile, c’est un long chemin et un véritable travail sur soi qu’il faut faire chaque jour.
Catalogue éditeur : Le Passage
C’est l’histoire d’une fille qui se croit émancipée. C’est l’histoire d’un garçon qui se croit libre. Assia a 24 ans et est née en France de parents marocains. Franck a 25 ans et a grandi à Paris auprès d’un père militaire. Entre les deux, la possibilité d’un amour. Un emménagement. Le mélange des corps et des territoires. Mais un soir, l’entente se rompt. Comme du barbelé, des paroles les séparent. Comment aimer l’autre quand on traîne sa culture et sa famille avec soi comme autant d’ombres cachées sous le matelas ?
Sandrine Roudeix est romancière, scénariste et photographe. Elle est notamment, l’auteure des romans Attendre (Flammarion, J’ai lu) et Les Petites Mères (Flammarion), salués par la critique. Elle a également publié Diane dans le miroir, un texte consacré à la photographe américaine Diane Airbus (Mercure de France). Avec Pas la guerre, son cinquième roman, elle poursuit sa quête de l’intime et creuse de son écriture sensible et à fleur de peau les questions d’identité, d’émancipation féminine et de transmission familiale.
ISBN : 978-2-84742-477-5 / Date de publication : 6/01/2022 / pages : 160 / Prix : 18 €