Cinq petits indiens, Michelle Good

Un roman choral bouleversant d’humanité, de douleur, d’espoir

Il y a Maisie, Clara, Lucy, Kenny et Howie et tous les autres, tous ceux qui ne sont plus là, disparus pour certains, silencieux pour la grande majorité d’entre eux.

Qui sont-ils ? Ce sont des indiens autochtones canadiens. Alors qu’ils n’étaient que des enfants, le gouvernement a décidé de les enlever à leurs familles pour ôter l’indien en eux, les faire vivre selon les préceptes de la religion catholique, dans des écoles qui devaient leur apprendre à devenir des blancs vivants à l’occidentale. Mais un indien reste à jamais indien, fort heureusement, et cet épisode douloureux de l’histoire récente du Canada signe l’échec de cette « invisibilisation » forcée des Premières Nations.

Michelle Good a voulu nous faire connaître leurs vies à travers le destin de cinq enfants devenus adultes. Leur prime enfance souvent heureuse, l’arrachement aux familles, les années noires du pensionnat, là où rien ne leur sera épargné, puis leur avenir à partir du jour où ils sont tout simplement mis à la porte du pensionnat à leurs 16 ans.

Chacun à son tour, les cinq petits indiens se racontent, du présent au passé, de l’enfance à l’adolescence, les peurs, les pleurs, la souffrance, les violences subies, les visites nocturnes du Père, tant aux filles qu’aux garçons, les silences de sœur Mary et sa cruauté, le soutien et l’entraide reçus de la part d’autres enfants.

Et le départ dans la vie, loin de la Mission, tellement difficile quand on a reçu ni amour, ni une éducation correcte pour pouvoir s’en sortir.

Un très beau roman, terriblement émouvant, empreint d’un réalisme qui fait mal tant les maltraitances sont flagrantes, la violence physique et morale destructrice pour ces adultes en devenir. Les dernières écoles ont fermé en 1996 à peine. De nombreux enfants sont passé par là, un grand nombre n’en est jamais revenu.

Des pratiques sordides que d’aucuns ont eues également ailleurs. En lisant ce roman on pense également aux enfants enlevés aux républicains par le gouvernement espagnol de Franco pour les élever dans la ligne du parti au pouvoir. Ici, c’est la nation indienne qui est niée en bloc. Fort heureusement, depuis des procès ont eu lieu, certains anciens pensionnaires ont pu s’exprimer au nom de tous ceux qui étaient passés par là, et une forme de reconnaissance essaye de voir le jour. Mais cela ne pourra jamais éclipser la cruauté de ce qu’ils ont subit pendant autant d’années.

J’ai aimé les écouter, les suivre, eu mal avec eux des outrages subits et de leurs difficultés à s’en sortir. J’ai suivi les traces de John Lennon et les pas des cinq petits indiens que je n’oublierai pas de sitôt.

Michelle Good, est une autrice crie qui appartient à la nation Red Pheasant. Elle a été l’avocate des survivants des pensionnats pendant de nombreuses années. Ce sont leurs voix qu’elle nous fait entendre, leurs douleurs, leurs vies. Certes romancées, mais le fonds est là, un roman choral bouleversant d’humanité, de tristesse, de douleur, mais aussi d’espoir et d’empathie.

Pour aller plus loin, lire par exemple l’article Découverte de corps d’enfants autochtones : comme si le Canada « se réveillait d’une longue amnésie »

« Ces pensionnats autochtones – on en dénombre officiellement 140 – ont été mis en place dans les années 1880. Le dernier a fermé en 1996″, »Le plus souvent gérés par l’Église catholique, leur objectif était de ‘civiliser’ les enfants des Premières Nations. »

Pendant près d’un siècle, l’État a ainsi arraché plus de 150 000 enfants amérindiens, métis ou inuits, à leur famille pour les assimiler à la culture blanche dominante », poursuit-elle. Un rapport publié en 2015 estime qu’entre 4 000 et 6 000 seraient morts dans ces institutions sous l’effet de maladies, de sous-nutrition, de maltraitances ou d’abus sexuels. 

Catalogue éditeur : Seuil, Voix autochtones

Traduit par : Isabelle Maillet

Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones, libérés des pensionnats, essaient de survivre dans le quartier d’East Vancouver, entre prostitution, drogue et petits boulots.
Il y a Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l’American Indian Movement ; Kenny, qui ne sait plus comment s’arrêter de fuir, et, enfin, Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.

D’une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant.

Michelle Good est une autrice crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats autochtones pendant plus de 20 ans et elle a également publié de la poésie, des essais et des nouvelles dans de nombreux magazines et anthologies. Cinq Petits Indiens a reçu, entre autres, le prix du Gouverneur général 2020 et le prix du public Canada Reads de Radio-Canada.

Date de parution 10/03/2023 / 22.00 € TTC / 352 pages / EAN 9782021502626

Blizzard, Marie Vintgras

Se perdre dans le blizzard pour mieux se retrouver

Dans ce coin perdu de l’Alaska, il fait un froid à ne pas mettre le nez dehors. Pourtant Bess et l’enfant sont sortis dans le blizzard ; une minute d’inattention et Bess a lâché la main de l’enfant de Benedict. Elle part droit devant elle pour tenter de le retrouver avant le retour de Benedict. Bess est une jeune femme un peu paumée qui a débarqué dans ce coin d’hiver avec Benedict, un jeune homme taiseux, bourru, mais cependant très attachant, c’est surtout le père de Thomas.

Chacun des protagonistes révèle une partie de son histoire. Cole et Clifford, les hommes du village qui ont connu Benedict et son frère Thomas enfants ; Benedict qui n’a jamais compris pourquoi Thomas avait quitté sa maison sans espoir de retour ; Bess et ses blessures d’enfance, ses échecs, ses doutes et ses regrets ; Freeman dont personne ne sait pourquoi il a atterri dans ce trou paumé.

Dans le froid et la neige, au cours de cette quête où chacun espère retrouver l’enfant et celle qui l’a laissé partir vivants, la tension monte, des secrets se dévoilent, des liens se nouent, laissant la place à l’imagination, aux souvenirs, aux regrets, aux questionnements. Et les pièces d’un puzzle bien plus sordide qu’il ne paraissait de prime abord se mettent en place, les liens se créent, des secrets sont révélés. Dans ce huis-clos sous un ciel immense, les hommes pris dans le blizzard se retrouvent face à leurs révélations, à leurs pensées, à leurs actes.

Ce que j’ai aimé ?

La façon de présenter les personnages, de les isoler dans cette immensité blanche et glacée qui par ce blizzard devient un huis-clos oppressant, seuls face à eux même. L’écriture et le rythme, les chapitre courts qui donnent la cadence, font monter la tension, et attendre un dénouement digne d’un roman noir américain. Face au drame qui se noue, la disparition d’un enfant, les caractères, les émotions, les sentiments se dévoilent pour le pire comme pour le meilleur.

Un roman qui s’écoute d’une traite, court, cela permet de se mettre au rythme voulu par l’autrice. De nombreux thèmes sont abordés et parfois seulement suggérés par petites touches, mais toujours de façon à être compris par le lecteur en priorité, lui qui a toutes les versions, et donc toutes les clés, pour dénouer l’intrigue.

Blizzard est un roman choral dans lequel les personnages prennent la parole tour à tour. Dans cette version audio, quatre lecteurs tiennent chacun leur rôle, ce qui rend l’écoute particulièrement agréable et facilite la compréhension. Les voix sont adaptées à chacun. J’ai apprécié cette multiplicité de lecteurs. Cela donne vie à chacun, et rend l’écoute vivante et rythmée plus seulement par le blizzard, mais bien par le passé et les pensées de chacun. Cette lecture audio est ma deuxième lecture de ce roman, elle m’a permis de m’immerger encore d’avantage dans la tête de chacun des personnages principaux.

Un seul bémol à mon avis, il m’a semblé qu’il y avait des incohérences et des lacunes sur la connaissance du pays, du climat, de New-York. Mais dans cette version, les voix de chacun ont porté le texte, lui donnant une autre dimension, plus personnelle, plus intime.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

On ne manquera pas de lire les avis de Caroline Le murmure des âmes livres , Aude Bouquine , Les lectures de Claudia , Carobouquine

Catalogue éditeur : Audiolib, éditions de L’Olivier

Le blizzard fait rage en Alaska. Au cœur de la tempête, un jeune garçon disparaît.
Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

Un premier roman à quatre voix, prix des Libraires 2022.

Lu par Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille, Sébastien Pouderoux

Parution : 10/08/2022 / Durée : 3h28 / EAN 9791035410070 Prix du format cd 19,50 € / EAN numérique 9791035410308 Prix du format numérique 17,45 €

Respire, Niko Tackian

Disparaître, seconde chance ou piège diabolique ?

Avoir envie de disparaître pour continuer sa vie sans tout ce qui nous empêche d’avancer, cela vous est-il déjà arrivé ? Yohan est l’auteur d’un seul roman à succès. Depuis que sa petite amie a disparu, il ne trouve plus l’inspiration. Lorsqu’il découvre la possibilité de changer de vie pour recommencer à zéro, il n’hésite une seconde.

Yohan espère faire comme les évaporés qui au Japon disparaissent, pas toujours de leur propre gré d’ailleurs, du jour au lendemain sans jamais réapparaître. Une petite pilule bleue, tiens donc, et hop, le voilà qui change de vie. Mais si c’est bien lui qui décide de prendre cette pilule, il ne s’attendait pas à se retrouver sur une île mystérieuse au milieu de nulle part, digne des meilleurs romans de Jules Vernes.

Sur cette île sauvage, hors du temps et du monde, inhospitalière à souhait, et très peu peuplée, Yohan devient l’enquêteur Achab. Un rôle qu’il prend au sérieux car il espère ainsi trouver comment s’enfuir et affronter la réalité d’un mur qui bloque sa fuite. Car il le sent bien, chacun de ses gestes, de ses déplacements, est épié, contrôlé, ausculté, sans qu’il n’arrive à voir qui ou quoi que ce soit. Mais si les îliens qu’il rencontre ont un passé aussi étrange que leur comportement, il est loin d’imaginer la réalité qui se cache derrière les apparences.

Une première partie laborieuse, une suite qui se laisse lire, et pour couronner le tout, une fin qui m’a paru évidente, au vu des nombreux indices semés tout au long du roman. Ce ne sera décidément pas mon préféré parmi les romans déjà lus de Niko Tackain, un auteur que j’apprécie par ailleurs.

Là j’ai eu l’impression de plonger dans des intrigues déjà vues, des scénarios éculés. Il y a du Shutter island de Denis Lehane dans ces situations, on se retrouve aussi parfois non pas Under the dome, mais bien behind the wall. Ce mur qui comme le dôme de la série isole du reste du monde des vivants. L’auteur fait également de nombreuses mentions au roman Moby Dick de Melville, avec l’enquêteur Achab. Au point que j’en suis à penser, et si tout cela n’était qu’un jeu avec ses lecteurs !

Par contre, j’ai apprécié la lecture par Antoine Tomé. Il endosse le rôle d’un Yohan impliqué, attentif, impatient, hésitant, désespéré, troublé, tout se ressent dans sa voix, ses questionnements, ses hésitations, son incrédulité.

Du même auteur, je vous conseille de découvrir Fantazmë, Celle qui pleurait sous l’eau, ou Toxique.

Catalogue éditeur : Audiolib, Calmann-Levy

Le sable très blanc, l’océan turquoise. Voici ce que découvre Yohan à son réveil. Un endroit paradisiaque où il va entamer une nouvelle vie. Avoir une deuxième chance d’être heureux. Pour arriver sur cette île inconnue, il a signé avec une mystérieuse société qui promettait de le faire disparaître et d’effacer toute trace de son passé.
Les premiers jours, Yohan savoure son insouciance retrouvée. Même si peu à peu, un sentiment d’étrangeté le gagne. L’île héberge une dizaine d’habitants plus énigmatiques les uns que les autres. Pourtant les maisons abandonnées, les échoppes désertes dans les rues balayées par le vent, laissent penser qu’un jour ils ont été bien plus nombreux. Où sont passés les autres ?
Yohan veut comprendre. Mais jamais il n’aurait dû chercher à voir l’envers du décor. Car c’est bien connu, la connaissance fait voler en éclats le Paradis…

Lu par Antoine Tomé

Parution : 08/06/2022 / Durée : 7h16 / EAN 9791035409708 Prix du format cd 20,90 € / EAN numérique 9791035409852 Prix du format numérique 18,95 €

L’eau du lac n’est jamais douce, Guilia Caminito

Comment survivre à une enfance dans un milieu défavorisé au bord du lac de Bracciano

Ce roman traduit de l’italien nous ouvre les portes d’une très modeste famille romaine des années 2000. Gaïa, le personnage principal, nous compte sa vie et ses aventures de l’enfance à l’âge adulte, toujours à la première personne sans que cela ne soit jamais lassant.

Gaïa a une mère singulière, qui ose aller jusqu’à des scènes dont sa fille a honte pour tenter d’obtenir un logement décent. Un père handicapé depuis qu’il a fait une très mauvaise chute sur ce chantier sur lequel il n’a jamais travaillé. Deux frères jumeaux bien plus jeunes et trop dociles, et un aîné rebelle né d’un père différent. Elle abhorre sa vie dans la pauvreté et cette condition sociale qui la place perpétuellement en marge de la vie des autres. Ils vont vivre une grande partie de leur vie à Anguillara Sabazia, une commune située près du lac de Bracciano au nord de Rome.

Elle grandit aux côtés d’Antonia, une mère au caractère bien trempé qui en est presque caricaturale. Tout repose sur elle, et elle doit se battre contre les injustices, au-delà des conventions, seule depuis que le père est relégué au rang des accessoires. L’enfance lui fait découvrir l’injustice, l’adolescence lui colle ses complexes et l’entrée dans l’âge adulte exacerbe ses difficultés. De part son milieu social Gaïa est souvent rejetée par ses camarades, surtout lorsque Antonia souhaite l’inscrire dans des écoles pour riches. Ce rejet accentue ses complexes mais fait émerger en elle des ressources insoupçonnées.

Il faut dire que sa mère lui a inculqué l’idée que seule la beauté permet aux pauvres d’accéder au milieu des riches. Alors elle se désespère, trop maigre, trop rousse, trop plate, trop mal habillée, trop différente. Mais elle découvre peu à peu qu’elle a hérité de sa mère une farouche détermination et une intelligence qui pourraient lui permettre de bousculer son destin.

Ce récit dans lequel les lieux et les événements ont leur place reste vrai, le style est léger, rythmé, féminin, poétique parfois. L’écriture de Giulia Caminito est directe, sobre, vivante, et terriblement réaliste. Les phrases sont simples, les mots précis, les répétitions de bon goût, les énumérations jamais fastidieuses et les allégories et les métaphores bien choisies. L’adolescence, point central du roman, y est bien décrite avec ses amitiés, ses expériences heureuses ou malheureuses, ses trahisons, ses succès et ses déceptions.

Difficile parfois de comprendre la psychologie du personnage principal. On la voudrait victime, elle est rebelle et toujours en colère. L’auditeur s’attache à Gaïa malgré son caractère ni sympathique ni agréable, et imagine la suite de sa vie à la lumière de ce qu’il croit comprendre. La fin un peu trop brutale à mon goût peut décevoir tellement l’empathie pour ce personnage ambigu est forte.

J’ai aimé la voix de Florine Orphelin, à la fois posée et juste dans ses atermoiements, ses hésitations, ses révoltes et ses envies de vie meilleure. Dans sa rage aussi contre une mère qui par son obsession de réussite scolaire espère lui permettre de vivre mieux qu’elle. Il y a tout dans ce personnage, l’espoir, le doute, la violence, la rébellion, l’amour et la déception, l’amitié et le deuil, et tout cela est bien transmis à l’écoute du roman.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Gallmeister

« Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille. »

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.

Nous sommes en l’an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n’existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.

Lu par Florine Orphelin

Traduit par Laura Brignon

EAN 9791035411510 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035411381 prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 10/08/2022 / Durée : 8h54

Un miracle, Victoria Mas

Et si le miracle résidait dans la force de croire en l’invisible et au merveilleux

Que faut-il rassembler pour faire un miracle ? Certainement au moins une religieuse, un voyant, un miracle.

Parce qu’elle a été bercée toute sa jeunesse par Catherine Labouret, sœur Anne sait que Sœur Catherine a vu la Vierge à plusieurs reprises un siècle auparavant. Elle est donc sans aucun doute plus portée sur la croyance que le commun des mortels. C’est là, auprès des Filles de la charité, rue du Bac à Paris que, depuis l’âge de ses treize ans, elle a trouvé la sérénité et le calme. Là-même où Catherine avait eu ses apparitions et créé la médaille miraculeuse à la demande de la vierge.

Mais un jour sœur Rose révèle qu’elle a fait un rêve, la vierge apparaîtra sur une île du côté de Roscoff. Alors celle qui n’a connu que l’abri de la congrégation n’hésite pas une seconde et accepte une mission dans cette Bretagne bercée d’Ankou, de fées et de croyances. Arrivée tout au bout du Finistère Nord, elle travaille sans relâche et espère chaque jour que les prédictions vont enfin se réaliser. C’est sa raison de vivre, d’espérer, de se réaliser. Mais elle attendra en vain cette apparition.

Sur l’île, Isaac vit avec son père Allan. Ce dernier survit plus qu’il ne vit depuis la mort de son épouse, et leur foyer est en décrépitude, la tristesse et des airs de fin du monde se sont installés dans leurs vies.

Hugo est le fils de Michel Bourdieu, venu sur l’île pour soigner sa fille Julia, asthmatique et fragile. Violent, autoritaire, il choisit ceux que son fils peut fréquenter et ce n’est certainement pas le fils d’Allan.

Un soir, Isaac est comme pétrifié, debout sur le promontoire face à la mer, il voit celle que personne ne voit, il entend, il écoute, il sait. Chaque soir, ce moment se répète, la population éblouie cherche à savoir, comprendre, accompagner le voyant.

Quand et comment se produira le miracle, nul ne le sait.

Ce livre est pétri de religion et de croyances, d’une forme de folie à travers les visions de l’adolescent, dans la rage et l’engouement de la foule, de violence aussi dans le rejet de ceux qui refusent de croire. Il est aussi une ode à l’acceptation de la différence, au désir de vivre autre chose. Cette rage qui s’empare de sœur Anne, cette violence qui possède Michel Bourdieu jusqu’à commettre le pire, ne sont finalement que des sentiments terriblement humains, échec, rejet, espoir, envie de croire au merveilleux, au tout puissant, à l’inexplicable pour accepter l’inhumanité du présent.

Ce que j’ai aimé ?

La façon dont Victoria Mas a construit son roman, nous entraînant dans une région particulièrement propice à croire au merveilleux, au surnaturel, à la force de l’invisible, tout en exacerbant les caractères de ses personnages jusqu’au point de non retour, pour finalement nous faire revenir assez brutalement sur terre. Car avouons-le, si l’on cherche le miracle, peut-être faut-il se dire que ce n’est pas forcément là où on l’attend qu’il va se réaliser. Miracle, hasard, destin, chance, nommons-le à notre guise, en se disant qu’il y a toujours une raison d’y croire.

Un roman de la sélection 2023 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Sœur Anne, religieuse chez les Filles de la Charité, reçoit d’une de ses condisciples une prophétie : la Vierge va lui apparaître en Bretagne. Envoyée en mission sur une île du Finistère Nord balayée par les vents, elle y apprend qu’un adolescent prétend avoir eu une vision.

Mais lorsqu’il dit « je vois », les autres entendent : « J’ai vu la Vierge. » Face à cet événement que nul ne peut prouver, c’est toute une région qui s’en trouve bouleversée. Les relations entre les êtres sont modifiées et chacun est contraint de revoir profondément son rapport au monde, tandis que sur l’île, les tempêtes, les marées, la végétation brûlée par le sel et le soleil semblent annoncer un drame inévitable.

Date de parution 17 août 2022 / Édition Brochée 19,90 € / 224 pages / EAN : 9782226474087

Un jour ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, Stéphanie Kalfon

Quand la folie broie tout sur son passage et fait exploser la famille

C’est jour de fête, aujourd’hui Nina a huit ans. Sa mère a tout organisé pour lui faire plaisir, banderoles, gâteau, et une sortie en fin de journée à la fête foraine du village. Mais les parents ont un moment d’inattention et Nina disparaît.

Désespoir, gendarmerie, recherches, retour à la maison des parents anéantis qui craignent de ne jamais revoir leur fille adorée. Au grand soulagement de tous, elle est retrouvée saine et sauve, paumée et gelée, au petit matin. Tout va pouvoir rentrer dans l’ordre et la famille peut reprendre sa vie comme avant, savourer ce bonheur à trois.

Enfin, c’est sans compter sur ce doute qui s’insinue dans la tête de la maman, et si cette enfant qui lui a été rendue n’était pas la sienne ? Car elle ne la reconnaît pas, son souffle, son odeur, son sourire, la couleur de ses cheveux, les élastiques qui tiennent ses couettes, le grain de beauté, rien ne va.

A partir de là va s’installer une suspicion, une folie qui pourrait tout broyer sur son passage. Pourquoi, comment une mère peut-elle douter ou être sûre que c’est bien sa fille qui est dans ses bras, sa menotte dans sa main, son souffle au creux de sa nuque. Emma qui ne reconnaît pas sa fille mais qui sait que c’est elle qui lui parle lorsqu’elle entend sa voix au téléphone.

L’autrice a su mener son intrigue à la façon d’un roman noir, où peu à peu les mystères s’éclaircissent. Elle a su amener le lecteur à entendre et comprendre les différents points de vue, la blessure de la mère venue de bien plus loin que ce présent délétère, la violence que cela implique pour cette enfant de huit ans, le désarroi d’un père qui fait tout ce qu’il peut pour que les femmes de sa vie puissent vivre en harmonie.

J’ai aimé les suivre jusqu’à la résolution du mystère en vibrant d’émotion pour cette petite Nina, d’incompréhension et de soutien pour cette mère perdue dans ses doutes et ses terreurs, pour ce père qui cherche sans comprendre à entendre les voix et les explications de chacune. Même s’il m’a manqué une plus grande simplicité dans l’écriture, comme pour le précédent roman d’ailleurs, j’ai aimé me laisser surprendre.

Catalogue éditeur : Verticales

Emma, la narratrice de ce roman, raconte le trouble qui la saisit en revoyant sa fille Nina, disparue plusieurs heures un soir de septembre. Quelque chose dissone dans leurs retrouvailles, un « presque-rien », provoquant chez Emma une vrille qui nous plonge dans une vertigineuse incertitude.

Parution : 05-01-2023 / ISBN : 9782072994852 / 208 pages / 18,50 €

Les manquants, Marie-Eve Lacasse

Comment survivre à une disparition ?

Claire, Hélène, et Joan se succèdent dans un bureau au commissariat pour évoquer Thomas, l’époux de Claire qui a disparu depuis deux ans.

Claire et Thomas s’étaient rencontrés à l’université, puis mariés à la surprise de tous car leur caractères et leurs aspirations ne semblaient pas vraiment correspondre. Vingt ans de vie commune, des enfants aujourd’hui adolescents, un changement radical de vie avec l’installation sur les terres des parents de Claire pour reprendre l’exploitation viticole. Désormais Claire sait qu’il faut parler de cette disparition pour enfin pouvoir vivre à nouveau, divorcer d’un absent, ou d’un mort, qui sait, pour reprendre cette liberté dont elle n’a jamais voulu mais qui lui a été imposée par ce mari parti un matin et qui n’est jamais revenu.

Depuis, il y a eu l’attente, l’incompréhension, les questionnements, les doutes, les angoisses, les silences, les peurs, la révolte, les obsessions, les nuits blanches, la méfiance des autres, leurs regards, leurs doutes, et chaque jour le vide abyssal de l’absence inexpliquée.

Depuis, Claire la vigneronne tente de vivre, travailler, penser, élever les enfants, alors que tant de doutes l’assaillent. Amies de toujours, Hélène et Joan sont là pour l’épauler, la faire réagir, l’aider.

Dans un monde en déliquescence, un cataclysme climatique est venu changer à tout jamais la vie des citadins. Où, quand, comment, on ne le saura jamais. Mais Claire et ses amies ont rejoint la Communauté. Là, à l’abri de la pollution, des inondations, du manque de nourriture, elles ont décidé qu’il est temps pour Claire de changer de vie, vendre ses biens, aider la Communauté. Et cela passe par la déclaration de disparition de Thomas.

De chapitre en chapitre, qui tous portent le prénom d’une des trois femmes, le lecteurs découvre la vie de Thomas entre ombre et lumière, mensonge et vérité, amour et amitié. Chacune dévoile la facette du Thomas qu’elle a côtoyé. Cet homme que Claire croyait si bien connaître apparaît peu à peu, semblable ou différent, cet homme brillant qui s’étiolait depuis quelques années dans son travail se révèle un être mystérieux et quasiment inconnu.

Ce que j’ai aimé ?

La façon dont l’autrice traite l’absence, la disparition, la culpabilité, les questionnements et le doute que celle-ci entraîne chez ceux qui restent. Mais aussi la façon dont chacun trouve sa place dans une société qui ne l’accepte pas toujours pour ce qu’il est. La culpabilité de Claire, ce doute qui s’est installé en elle, à se demander ce que Thomas pourrait penser s’il revient un jour et qu’elle ait divorcé sans qu’il l’ait voulu. Avant de se demander si elle a souhaité, elle, se retrouver seule sans la moindre explication. Il semble bien difficile d’accepter l’absence non souhaitée et inexpliquée, de se confronter à une forme de folie intime et violente.

Et si vous vous demandez vous aussi qui sont ces manquants, ce n’est pas seulement Thomas qui manque à l’appel, mais au contraire les pieds de vignes morts ou manquants dans les vignes des parents de Claire, et dans toutes les vignes en fait.

Catalogue éditeur : Seuil

Thomas est parti. Ça fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Et de ce rien il faut bien faire quelque chose. Alerter la police ou non. En parler ou se taire. Rendre cette histoire réelle ou pas. Faire avec. Inventer un récit. Convoquer le fantôme. Vivre avec lui. Ou bien le faire sortir par la porte. L’oublier jusqu’à ce qu’il revienne en rêve. Par la fenêtre. Par la forêt. Par ce détail ou cet objet qui rappelle sa mémoire, sans cesse. Et puis un jour, Claire, sa femme, Joan et Hélène, ses amies, sont convoquées au commissariat. C’est qu’il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas Cassar. On ne disparaît pas comme ça. Il y a toujours quelque chose. Il y a toujours quelqu’un.

Marie-Ève Lacasse, née en 1982 au Canada, vit en France depuis 2003. Elle a publié, entre autres, Peggy dans les phares (Flam­marion, 2017) et Autobiographie de l’étranger (Flammarion, 2020). Elle est journaliste-reporter à Libération.

Date de parution 03/03/2023 / 19.00 € TTC / 256 pages / EAN 9782021526769

On était des loups, Sandrine Collette

Naître père ou le devenir ?

Liam est un solitaire, les forêts, les lacs, la montagne, la chasse, c’est sa vie. Mais le jour où il rencontre Ava, l’entente est immédiate entre ces deux être pourtant dissemblables, et la belle part avec lui dans le coin retiré où il vit.

Quelques années plus tard, un petit Aru vient rejoindre le cercle familial que Liam aurait bien circonscrit au couple. Aru, c’est Ava qui s’en occupe, l’élève, le nourrit, l’éduque. Pendant que Liam part de longs jours à la chasse. Alors bien sûr, il y a ces élans du petit garçon vers le père lorsque celui ci apparaît au bout de la pairie après des jours d’absence. Mais il n’y a aucun sentiment ni émotion de la part de cet homme solitaire et taiseux. Si Liam sait être un époux, il n’a toujours pas accepté d’être aussi un père, bien que son fils ait aujourd’hui déjà cinq ans.

Un jour, à son retour d’une période de chasse, il découvre le corps sans vie d’Ava, et Aru toujours vivant, blotti sous elle. Liam n’a pas la force de continuer à faire vivre son fils dans l’univers sauvage qu’il s’est créé et qu’il n’est pas décidé à abandonner. Il part avec Aru pour le confier à un lointain parent qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Bercé par le pas des chevaux, Liam et Aru partent pour un dernier voyage ensemble avant la séparation. Mais c’est sans compter sur la réaction de l’oncle.

Alors Liam repart, et son monologue continue, fil ténu qui envahi sa tête, incompréhension, solitude, chagrin, rage, rejet de ce fils resté vivant à la mort de la mère tant aimée. Ensemble, ils devront cependant affronter la faim, la peur, la violence de l’ogre, au cours de ces jours qui transforment une vie à tout jamais.

Étonnant roman dans lequel une fois de plus, Sandrine Collette nous plonge dans la vie d’un homme en marge de la société, un solitaire qui a tout du sauvage, un homme brisé et révolté par ce que le destin lui impose.

Peu à peu, Liam va devoir écouter, entendre et comprendre cet enfant qu’il rejette de toute son âme et refuse de garder près de lui. Mais qu’elle est la vérité dans cette attitude, est-ce pour le bien de l’enfant ou pour le confort du père. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre et même à accepter l’attitude de cet homme brisé, mais si dur avec son fils, prêt à commettre l’impensable pour rester debout, pour continuer à vivre selon ses principes. Je me suis demandé si un homme pourrait réellement avoir une telle attitude. Mais qui sait, face à un choc immense, anéanti par le chagrin, les réactions peuvent être disproportionnées et incompréhensibles pour le quidam qui vit tranquillement sa petite vie confortable.

C’est un livre audio que j’ai écouté en voiture sur un trajet fait avec mon mari. Selon lui, « seule une femme pouvait avoir écrit ce roman tant la psychologie du personnage masculin parait caricaturale et peu réaliste. Comment imaginer qu’un homme intelligent et sensible aux beautés de la nature tel que décrit ici, qui aime sa femme, pourrait être amené à certaines extrémités. Les tentatives de l’autrice pour nous faire imaginer l’impensable sonnent faux. Le suspens est bien là mais difficile d’oublier ces invraisemblances ».

Un roman qui parle de nature, de violence, d’amour fou, de solitude et de questionnements sur la paternité en particulier, ce sentiment pas forcément plus naturel chez un homme que chez une femme. Mais aussi de liens familiaux, innés ou pas, place et importance de la famille, du couple, de la paternité. Sandrine Collette à l’art de décrire une nature sauvage, montagnes, lacs, animaux, parfois sans pitié pour l’homme qui souhaite toujours la dompter, mais en plaçant toujours l’Homme et ses comportements au centre.

J’ai aimé la voix de Thierry Hancisse, son rythme fluide qui coule comme les phrases apparemment sans ponctuation voulues par l’autrice. Grave, posée, rugueuse aussi parfois, une voix qui dit le doute, l’absence, la souffrance, la rage et la violence. L’auditeur, comme le lecteur sans doute, est entièrement immergé dans la tête de Liam, dans ses pensées morbides, cette tension qui sous-tend chacun de ses gestes, de ses décisions, de ses désirs. L’humanité n’est pas forcément une évidence pour l’autrice, elle sait nous le montrer et Thierry Hancisse en est le vecteur parfait, solide, sombre, fou de rage et emporté par une douleur qui domine ses réflexions et obère ses capacités de jugement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Jean-Claude Lattès

Lu par Thierry Hancisse

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.
Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Parution : 14/09/2022 / Durée : 3h58 / EAN 9791035411534 Prix du format cd 21,90 € / EAN numérique 9791035411701 Prix du format numérique 19,45 €

Les ombres blanches, Dominique Fortier

Comment les écrits d’Emily Dickinson sont arrivés jusqu’à nous

Emily Dickinson ombre blanche cloîtrée volontaire entre les quatre murs de sa chambre pendant de très longues années a écrit des centaines de lettres et autant sinon plus de poèmes posés en quelques mots, quelques lignes, sur une multitude de petits bouts de papier de toute sorte.

A son décès le 15 mai 1886, à Amherst, dans le Massachusetts, elle a demandé que toute sa correspondance soit brûlée, ainsi que tous ses papiers. C’est ce qu’a accepté de faire Lavinia, sa sœur, pour les lettres, nombreuses, les journaux intimes, mais le geste s’est fort heureusement arrêté là.

Pourquoi et par quel heureux hasard a-t-elle décidé de ne pas obéir à cette sœur singulière à qui elle n’avait jamais rien refusé ? Impossible de le savoir, mais pour notre plus grand bonheur elle a fini par réunir tous ces bouts de papier, chaque phrase, chaque mot, chaque respiration, chaque soupir d’Emily pour qu’ils soient retranscrits dans des livres.

C’est cette aventure incroyable que nous conte Dominique Fortier dans ce roman.

Pourquoi je l’ai aimé ? D’abord parce qu’il n’est ni une autofiction, ni une captation par un auteur de l’actualité, de l’air du temps, des catastrophes quotidiennes ou des malheurs du monde dont nous entendons parler déjà chaque jour aux informations.

J‘ai aimé cette singularité, cette originalité et surtout rencontrer Emily Dickinson, sa sœur, son frère, mais aussi Mabel, la maîtresse de celui-ci, sa nièce Millicent, les femmes de son entourage qui ont su comprendre l’importance de son œuvre et la faire parvenir jusqu’à nous. Si les premières retranscriptions ont été peu respectueuses des écrits d’Emily, modifiés, corrigés, en particulier pour les majuscules ou les tirets placés en apparence au hasard, la sténographie première de la poétesse lui a été restituée par la suite, offrant ainsi aux lecteurs une œuvre magistrale et unique.

Un roman qui sort du lot en cette rentrée littéraire, à la fois intimiste, poétique, délicat et  intelligent. Il m’a appris beaucoup de choses, et donné envie de relire les vers d’Emily Dickinson. L’autrice a su nous faire entrer dans l’intimité d’une famille affligée par la perte d’un être unique, mais aussi dans la tête d’Emily, de son entourage, nous faire entendre les difficultés d’être une femme poétesse à cette époque et l’accueil parfois dubitatif qui a été fait à sa façon d’écrire.

Catalogue éditeur : éditions Grasset

Emily Dickinson aurait pu ne jamais être pour nous qu’un nom étranger. Celui d’une femme, américaine, moins connue pour son talent littéraire que pour avoir passé la majeure partie de sa vie confinée chez elle. Puisqu’elle s’était toujours farouchement refusée à voir ses écrits publiés, rares sont ceux qui savaient, de son vivant (1830-1886), qu’Emily était aussi une formidable poète. Peu avant son décès, elle demande à sa sœur Lavinia de brûler tous ses papiers personnels. Mais lorsque cette dernière découvre dans sa chambre des centaines de poèmes renversant de beauté, griffonnés sur des morceaux d’enveloppes ou d’emballages, elle est à la fois sidérée et incapable de lui obéir. Jusqu’où la volonté des morts peut-elle changer l’existence des vivants  ? Lire la suite…

Parution : 11 Janvier 2023 / Pages : 256 / EAN : 9782246832553 prix 20.90€ / EAN numérique: 9782246832560 prix 14.99€

Nettoyage à sec, Joris Mertens

Chance, fatalité, quand tout est possible, comment faire le bon choix

François est livreur pour la blanchisserie Bianca. Il y travaille depuis des années, pas un retard, pas un jour d’absence et pourtant aucune considération ni augmentation ne vient saluer son travail et son comportement exemplaire.

Chaque jour il achète son journal à Maryvonne et joue inlassablement les mêmes numéros au loto, la chance finira bien par tourner, c’est écrit, il y croit.

Pourtant, dans cette ville qui se noie sous les trombes d’eau et la pluie incessante, il n’a qu’une chose à faire, travailler. Et former ce nouveau collège bien peu scrupuleux, un neveu de la directrice.
Jusqu’au jour où une opportunité de vie nouvelle s’offre à lui. Mauvaise ou bonne idée ? Il ne se pose pas trop de question et saisit l’occasion, trop belle.

Étrange roman graphique tout en pluie, flotte, ruissellement, sombre et lugubre à souhait même lorsque l’espoir de jours meilleurs pointe le bout de son nez. François fera-t-il le bon choix, que vient faire le hasard dans nos vies, et la fatalité.

Peu de textes, juste ce qu’il faut. Une bd découpée en chapitres qui portent les noms des différents personnages pour nous faire découvrir la vie de François et de ceux qui l’entourent. Et qui pose quelques questions intéressantes sur le hasard, la fortune et la malchance. On en ressort essoré, comme noyé sous cette pluie incessante et déprimante. Parfaitement réussi, l’auteur a su créer une ambiance de fin du monde qui glace jusqu’aux os, à la fois déprimante et touchante.

J’ai aimé ce graphisme qui déborde en pleine ou double page, ruisselle et reflète la vie dans des tonalités de noir et de rouge. La Belgique qu’on imagine parfois, où se mêlent une pluie incessante et la chaleur des humains que l’on croise chaque jour.

Catalogue éditeur : éditions rue de Sèvres

François n’a pas la vie dont il rêve. Il vit seul, dans une ville où il pleut sans cesse, et travaille depuis des années comme chauffeur dans une blanchisserie sans obtenir la moindre augmentation. Ses loisirs se résument à jouer les mêmes numéros au loto chaque semaine depuis 17 ans sans résultat, et à prendre une pinte de bière fraîche au Monico où il rencontre fréquemment Maryvonne, avec qui il aimerait nouer une relation plus intime. Une banale livraison l’amène un jour à frapper à la porte d’une grande maison … lire la suite

Date de parution : 20 avril 2022 / isbn : 9782810201709 / pages : 152 / Prix : 25.00€