Respire, Niko Tackian

Disparaître, seconde chance ou piège diabolique ?

Avoir envie de disparaître pour continuer sa vie sans tout ce qui nous empêche d’avancer, cela vous est-il déjà arrivé ? Yohan est l’auteur d’un seul roman à succès. Depuis que sa petite amie a disparu, il ne trouve plus l’inspiration. Lorsqu’il découvre la possibilité de changer de vie pour recommencer à zéro, il n’hésite une seconde.

Yohan espère faire comme les évaporés qui au Japon disparaissent, pas toujours de leur propre gré d’ailleurs, du jour au lendemain sans jamais réapparaître. Une petite pilule bleue, tiens donc, et hop, le voilà qui change de vie. Mais si c’est bien lui qui décide de prendre cette pilule, il ne s’attendait pas à se retrouver sur une île mystérieuse au milieu de nulle part, digne des meilleurs romans de Jules Vernes.

Sur cette île sauvage, hors du temps et du monde, inhospitalière à souhait, et très peu peuplée, Yohan devient l’enquêteur Achab. Un rôle qu’il prend au sérieux car il espère ainsi trouver comment s’enfuir et affronter la réalité d’un mur qui bloque sa fuite. Car il le sent bien, chacun de ses gestes, de ses déplacements, est épié, contrôlé, ausculté, sans qu’il n’arrive à voir qui ou quoi que ce soit. Mais si les îliens qu’il rencontre ont un passé aussi étrange que leur comportement, il est loin d’imaginer la réalité qui se cache derrière les apparences.

Une première partie laborieuse, une suite qui se laisse lire, et pour couronner le tout, une fin qui m’a paru évidente, au vu des nombreux indices semés tout au long du roman. Ce ne sera décidément pas mon préféré parmi les romans déjà lus de Niko Tackain, un auteur que j’apprécie par ailleurs.

Là j’ai eu l’impression de plonger dans des intrigues déjà vues, des scénarios éculés. Il y a du Shutter island de Denis Lehane dans ces situations, on se retrouve aussi parfois non pas Under the dome, mais bien behind the wall. Ce mur qui comme le dôme de la série isole du reste du monde des vivants. L’auteur fait également de nombreuses mentions au roman Moby Dick de Melville, avec l’enquêteur Achab. Au point que j’en suis à penser, et si tout cela n’était qu’un jeu avec ses lecteurs !

Par contre, j’ai apprécié la lecture par Antoine Tomé. Il endosse le rôle d’un Yohan impliqué, attentif, impatient, hésitant, désespéré, troublé, tout se ressent dans sa voix, ses questionnements, ses hésitations, son incrédulité.

Du même auteur, je vous conseille de découvrir Fantazmë, Celle qui pleurait sous l’eau, ou Toxique.

Catalogue éditeur : Audiolib, Calmann-Levy

Le sable très blanc, l’océan turquoise. Voici ce que découvre Yohan à son réveil. Un endroit paradisiaque où il va entamer une nouvelle vie. Avoir une deuxième chance d’être heureux. Pour arriver sur cette île inconnue, il a signé avec une mystérieuse société qui promettait de le faire disparaître et d’effacer toute trace de son passé.
Les premiers jours, Yohan savoure son insouciance retrouvée. Même si peu à peu, un sentiment d’étrangeté le gagne. L’île héberge une dizaine d’habitants plus énigmatiques les uns que les autres. Pourtant les maisons abandonnées, les échoppes désertes dans les rues balayées par le vent, laissent penser qu’un jour ils ont été bien plus nombreux. Où sont passés les autres ?
Yohan veut comprendre. Mais jamais il n’aurait dû chercher à voir l’envers du décor. Car c’est bien connu, la connaissance fait voler en éclats le Paradis…

Lu par Antoine Tomé

Parution : 08/06/2022 / Durée : 7h16 / EAN 9791035409708 Prix du format cd 20,90 â‚¬ / EAN numérique 9791035409852 Prix du format numérique 18,95 â‚¬

L’enfant du volcan, Léo et Ghyslène Marin

Revenir aux sources de la déchirure, pour ne pas oublier les drames du passé

Le volcan, celui de La Réunion, l’île intense, mais aussi cette île d’où sont partis plus de deux mille d’enfants ente 1964 et 1984, hier autrement dit, vers la métropole pour peupler les régions appauvries par l’exode rural massif. Plus de jeunes, plus de bras, vite, pourquoi ne pas mettre en place un vaste plan pour faire venir des orphelins de cette terre qui soit disant ne pourrait pas nourrir autant de monde. L’île était trop peuplée, suite à une trop forte natalité et à une faible mortalité. Ils allaient repeupler à peu de frais les familles, villages, fermes, de la Creuse et de quelques autres départements, Tarn, Gers, Lozère, Pyrénées-orientales.

Au départ pensé pour des orphelins, l’opération s’est avérée être un vaste mensonge orchestré par le BUMIDOM et la DDASS, sous l’égide de Michel Debré, alors préfet de La Réunion. Ce déplacement d’enfants n’a pas toujours été souhaité par des parents à qui on a largement menti. On leur a fait signer des papiers d’abandon alors qu’ils savaient à peine lire, et de fait, une faible minorité seulement de ces enfants étaient réellement orphelins.

Dans le village de Sainte-Avre, le château est devenu l’un de ces orphelinats qui accueillent les enfants de là-bas. Il est dirigé d’une main de fer par madame et mademoiselle, deux sÅ“urs portées sur la religion et le méthodes radicales pour faire passer le message, autorité, respect, silence.

Là, certains enfants ont beaucoup de mal à s’habituer. Cauchemars, angoisses, nuits sans sommeil, terreurs enfantines, rien ne leur est épargné dans cet environnement austère et déshumanisé. Bien sûr il y a le jour des familles pour tester lesquels pourraient être adoptables, ou pourraient bien servir à la ferme, pourquoi pas. Et puis il y a ceux qui restent un peu plus longtemps.

Mila est de ceux là.

Mila aime aller au village, et s’asseoir dans l’épicerie d’Ernestine la silencieuse et d’Hector son époux que certains jugent pas fini. Au fil des ans, une forme d’amitié se noue entre la petite fille venue de loin et ce couple bizarre. Mila est une des rares à vouloir savoir d’où elle vient, qui étaient ses parents, comment ils sont morts, et cherche à comprendre pourquoi elle et tant d’autres se sont retrouvés là. Elle bouscule les certitudes ou les silences acceptés par d’autres, rejette obstinément cette facilité d’oubli qui permet de mieux vivre le présent.

Lorsque l’amitié entre ce couple vivant déjà presque en marge du village et l’enfant du volcan devient trop grande, tout sera mis en Å“uvre par l’administration pour les séparer. La méchanceté des villageois aidant fortement à faire le mal là où un bonheur simple aurait pu leur être offert.

Des années plus tard, c’est Ernestine qui nous raconte leur histoire.

J’ai aimé cette façon toute en émotion de nous présenter cette période souvent méconnue de notre histoire récente. Toujours passionnée par cette île, La réunion, j’ai lu pas mal de choses à ce sujet, et quelques romans dont Les enfants du secret, de Marina Carrère d’Encausse. Le sujet n’est pas facile à traiter, il l’est ici avec une pudeur qui laisse transparaître l’émotion et la douleur, les questionnement et les attentes.

Malgré quelques longueurs, on se laisse surprendre par le récit d’Ernestine. Les trois personnages principaux sont attachants chacun à sa manière. Totalement décalés dans le monde qui les entoure, ce sont pourtant eux qui démontrent les plus beaux sentiments, sensibilité et amour, soucis de l’autre, intérêt pour leur prochain. Ils ne nous laissent jamais indifférents. J’aurais aimé en fin du roman un peu plus d’explications sur le sort de ces enfants, mais heureusement pour ceux qui veulent faire la démarche, internet est aussi là pour ça.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Saint-Avre, village de la Creuse vidé par l’exode rural. Le château, devenu un orphelinat, vient d’accueillir des enfants d’ailleurs, dont Mila, une petite Réunionnaise, arrachée à son île et à sa famille. La fillette trouve auprès d’Ernestine et d’Hector, les épiciers du village, un peu de réconfort. Or, l’attachement profond qui se crée entre ce couple sans enfant mais débordant d’amour et cette gamine livrée à la solitude et au racisme semble contrarier les autorités administratives…

Parution 01 février 2023 / Prix édition Brochée 20,90 € / 320 pages / EAN : 9782226476746

Wanted, Claire Delannoy

Fin de cavale d’une princesse jardinière, solitaire icône du terrorisme

Elle, Elsa, étudiante en médecine, s’est laissée embringuer par de jeunes utopistes vaguement révolutionnaires. Dans l’impatience de la jeunesse, bourrée de certitudes, elle a tout abandonné pour vivre avec eux, JR, K, Achille, jusqu’au jour où… Hold-up raté, mort, arrestation, cavale, sa vie n’a plus été qu’une fuite de chaque instant. Mais qui est-elle vraiment, une icône terroriste ou une jeune femme piégée ?

Lui, Anton, enquête pour la retrouver. C’est son métier et il touche enfin le but. Mais peut-être est-ce une sorte de fatalité qui l’amené là, auprès d’elle, celle qu’il recherche inlassablement, obstinément depuis tant d’années.

Assise sur le rocking-chair, chaque jour, elle l’attend. Et chaque fois elle se raconte, elle revit les amitiés parfois toxiques qui l’ont conduite à faire ce voyage. Une vie de cavale passée à se cacher dans différents pays, elle est vite devenue très douée pour le camouflage, mais surtout une vie affreusement solitaire.

Son travail d’introspection forcé lui permettra peut-être de faire la lumière sur un événement précis, celui qui a changé le cours de son existence à jamais.

Et si c’était enfin l’occasion de dire, de se libérer, d’avouer et de vivre plus sereinement le début du reste de sa vie.

Elle le sonde, d’où vient-il, pourquoi est-il là, comment et quand l’a-t-il retrouvée, jusqu’à ce que peu à peu, lui aussi se dévoile. N’est-il que ce sale type à la poursuite d’un gibier  ou au contraire quelqu’un de plus proche qu’il n’y paraît ? Car un lien invisible semble les relier, à elle de le trouver, à lui de le révéler.

Étonnant roman sur une rencontre improbable, celle de ces deux êtres que tout oppose et sépare, en apparence du moins. Sur le pourquoi ou le hasard des grands engagements, ceux de la jeunesse, ceux que l’on prend parfois sans en peser les conséquences. Sur les faiblesses, les manipulations, l’emprise, mais aussi les remords et les regrets.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Au fil d’un face à face subtil et sinueux, Elsa et Anton, deux êtres qu’apparemment tout oppose, vont se livrer à une exploration de leur passé, à commencer par celui d’Elsa, l’engagement révolutionnaire de sa jeunesse, sa cavale sous des identités diverses pour échapper à l’image qu’on lui a assignée. Revisitant les utopies des années 1968, sondant le travail du temps et la distance lucide qu’il instaure entre les événements et soi, Wanted est aussi une invitation au dépouillement et à la sérénité.

Claire Delannoy est éditrice et auteure de plusieurs romans, dont La guerre, l’Amérique (Goncourt du premier roman) et Méfiez-vous des femmes exceptionnelles. 

17,90 € / 01 février 2023 / 128 pages / EAN : 9782226480033

La valeur des rêves, Marie Lebey

Les Å“uvres d’art, valeur sûre ou relative ?

Simon Bret, commissaire-priseur s’est perdu un week-end de mai du coté d’Aix-en-Provence. Alors qu’il cherche une station service, ses pérégrinations le conduisent tout à fait par hasard dans le village vacances de La Trâine-les-Pins.

Là, il tombe en arrêt devant le curieux échafaudage métallique sur lequel les vacanciers ont coutume d’accrocher maillots mouillés et serviettes de plage. Mais l’œil averti du marchand d’art lui fait repérer un objet incroyable en ces lieux, cette structure monumentale en acier qu’il attribue immédiatement à Alexandre Calder. Et au centre du stabile, il repère même le monogramme CA que l’artiste avait l’habitude d’inscrire sur ses Å“uvres.

Dès lors, Simon Bret n’a de cesse de faire authentifier le stabile et son origine, tout comme sa propriété actuelle, afin de le réintégrer le plus rapidement et légalement possible dans le milieu très fermé de l’art. Il lui faut au minimum prouver que le stabile était là depuis au moins trente ans, ou en trouver l’origine.

Pour cela, il engage la jeune et jolie Lucie de Clichy, qui doit mener l’enquête pour lui. Elle part alors à la rencontre des lieux, des personnes, des témoignages de ceux qui ont connu ou côtoyé Calder afin de déterminer si oui ou non il aurait pu fabriquer ce stabile.

Cette enquête est prétexte pour l’autrice pour nous parler de l’artiste et de son Å“uvre, mais surtout de la folie du marché de l’art, et de la valeur si relative d’une Å“uvre d’art ou d’un magnifique et dérisoire tas de ferraille. Car avouons-le, s’il n’est pas reconnu comme étant une Å“uvre d’art, c’est bien à la casse que ce stabile devrait partir, alors que si il s’avère être une Å“uvre d’art, il va tutoyer les sommets de la gloire et son prix va s’envoler lors d’une prochaine vente aux enchères. Ah, la subtilité et la relativité des Å“uvres. Forcément on ne peut que penser aux Å“uvres de Bansky, ou aux NFC et à leur étrange volatilité.

Quelques personnages assez nombreux viennent étoffer le roman, on s’y perd parfois, mais cela ne m’a pas du tout gênée pour apprécier cette lecture. C’est un roman qui se lit aisément, nous entraîne dans une enquête simple mais pas désagréable, avec des personnages décalés et attachants.

Pour aller plus loin :

Le sculpteur américain est connu pour avoir créé un certain nombre de stabiles et de mobiles (le stabile étant une structure immobile quand le mobile est une structure mouvante) en ferraille, qui valent aujourd’hui quelques millions de dollars. Car tout comme les pionniers de la peinture abstraite qu’il fréquentait, il a souhaité faire des Å“uvres différentes, faire des Mondrian qui bougent pour intégrer des formes radicales dans un espace tridimensionnel.

Catalogue éditeur : Léo Scheer

Comment Moustipic, chef-d’œuvre d’Alexander Calder, a-t-il pu atterrir dans un club de vacances, où il servait d’étendoir pour maillots de bain ? Lucie de Clichy ne comprend rien à l’art contemporain, où même « rien Â» signifie quelque chose mais, pour Simon Bret, le commissaire-priseur fantasque qui l’a embauchée, elle devra retrouver l’origine de cette sculpture monumentale ; si elle réussit, Moustipic passera du statut de porte-serviettes à celui de stabile – soit une Å“uvre d’art majeure, susceptible de battre un record en salle des ventes…
Dans ce roman plein de fantaisie et d’érudition, Marie Lebey élabore une véritable enquête peuplée de personnages hauts en couleur, comme le petit monde de l’art sait les agiter, et nous montre l’incroyable destin de Moustipic, simple tas de ferraille ou authentique trésor. N’est-ce pas cela, la valeur des rêves ? Marie Lebey vit à Paris. La Valeur des rêves est son septième roman.

Parution le 1er février 2023 / 176 pages / 18 euros / EAN 9782756114095

Assemblage, Natasha Brown

Un roman singulier sur l’intégration et la différence

Elle est trentenaire, travaille à la City de Londres, est propriétaire d’un bel appartement et son petit ami vient de l’inviter à l’anniversaire de mariage de ses parents. Tout lui sourit en somme.

Sauf qu’elle est d’ici mais que tous la voudraient d’ailleurs, elle et sa peau noire qui dénote dans les hautes sphères de la finance. Elle à qui ses collègues osent faire ces réflexions qu’il faudrait garder pour soi s’ils avaient un tant soit peu d’attention pour l’autre. L’avantage d’être une femme, le soucis d’équilibre qui favorise les représentant des minorités, tous ce qui fait qu’on se permet de lui dénier ses aptitudes, sa capacité, ses compétences pour être qui elle est et où elle est.

Aujourd’hui elle sort de chez le docteur et ce cancer du sein l’interroge. Et si c’était la solution de fuir ce monde qui ne veut pas d’elle, qui aimerait la renvoyer vers cette Afrique qu’elle n’a jamais connue.

Alors elle assemble les éléments d’une vie, les mots, les situations, les relations, les frustrations, les silences, se taire et accepter, baisser les yeux et se faire discrète, tout ce qui fait son quotidien et que les autres ne voient pas, ne subissent pas, ne comprennent pas. Le tout est porté par une écriture singulière qui dénote dans cette rentrée littéraire.

Cet Assemblage de mots et de sentiments, de situations et de frustrations, de pensées et de souhaits est là pour crier la différence, la peau noire, le rejet par les autres, la difficulté à être admis, même si l’on a parfaitement accompli son intégration dans une société dans laquelle on aspire à se fondre.

Un roman sans doute un peu trop court pour réussir à m’attacher à son personnage et pour susciter l’empathie. Mais qui éveille notre conscience à la perception au plus profond de soi de la diversité. Car être blanc ou noir change vraiment la donne lorsque l’on évolue dans une société traditionnelle blanche.

Catalogue éditeur : Grasset

Découvrir l’âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à « Oxbridge », débuter une carrière. Faire tout ce qu’il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des Å“uvres d’art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n’était.

La narratrice d’Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au cÅ“ur de la campagne anglaise. C’est l’occasion pour elle d’examiner toutes les facettes de sa personnalité qu’elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer  ?

Pages : 160 / EAN : 9782246828235 prix 17€ / EAN numérique: 9782246828242 prix 11,90€ / parution : 11 Janvier 2023 /

Un général, des généraux, Boucq et Juncker

« Je vous ai compris… » ou l’Histoire autrement…


Retrouver ces généraux dont les noms flottent à nos mémoires avec plus ou moins d’acuité et que l’on ne sait pas toujours replacer dans l’histoire.
Massu, Salan, de Gaulle, mais aussi Mitterrand, Guy Mollet, le président Coty, Delbecque…

« Croit-on qu’à soixante-sept ans, je vais commencer une carrière de dictateur ? »

Mai 1958. La fin de la IV république et le retour de de Gaulle aux affaires après une traversée du désert, et surtout après les actions du FLN en Algérie.

Retrouver le général de Gaulle, celui qui a dit un jour : les généraux me détestent, je le leur rend bien…. Des crétins uniquement préoccupés de leur avancement, de leurs décorations, de leur confort, qui n’ont rien compris et ne comprendront jamais rien.

Parce qu’il est parfois difficile d’imaginer que de tels événements aient pu réellement se passer., j’ai aimé lire cette BD légèrement iconoclaste mais qui remet les événements en place…

Catalogue éditeur : Le Lombard

Nicolas Junker : scénario François Boucq : dessins

Mai 1958. Alger s’embrase contre un nouveau gouvernement qui, à Paris, semble prêt à dialoguer avec les indépendantistes. Des milliers de colons se soulèvent, obligeant l’armée et ses généraux à choisir leur camp : rester loyaux à l’état ou à l’Algérie française, dernier vestige du grand empire colonial Français.

Dépassés et galvanisés par la situation, les généraux s’embarquent dans un coup d’état qui devient rapidement incontrôlable… Et si seul un vieil homme à la retraite, le « dernier héros français Â», était capable d’arrêter cette machine folle et éviter une guerre civile ? Ce vaudeville politico-militaire donnera les clés du pouvoir à de Gaulle et sa Ve République… car juré-craché, « le Général Â» l’a promis à toutes et à tous : cette fois, il les a compris.

4 Février 2022 / 144 pages / ISBN 9782808201223

Les vengeurs, Le flower killer, au Théo théâtre


Envie de passer un bon moment en compagnie de John Steed et d’Emma Peel sa complice ? À vous remémorer les séries télé des années 80, enfin celles d’avant et d’après aussi n’ayez crainte, vous ne serez pas dépaysé quelles que soient vos références en la matière.

Deux pervenches viennent de décéder de façon très suspecte. Les deux enquêteurs so British arrivent aussitôt pour mener l’enquête. Car enfin, qui peut bien en vouloir à deux pauvres femmes que rien ne rapproche ? Pourquoi et surtout comment sont-elles décédées ?
Enfin, s’il n’y avait qu’elles, car l’hécatombe continue et nos enquêteurs ne sont pas au bout de leurs peines pour découvrir le coupable.

Une comédie envolée et déjantée, une équipe de comédiens à la hauteur du pari, des blagues, jeux de mots, phrases ou titres extraits des séries télé des quarante dernières années, voire plus, on rit, on écoute, on découvre, dans la joie et la bonne humeur. Trop sérieux s’abstenir, en venant voir Les Vengeurs, laissez vos idées reçues à la porte du théâtre et oubliez toutes vos contrariétés, vos soucis, venez juste passer un bon moment.

De Carlos Lafuente et Jennifer Moret
Compagnie JM Productions
Mise en scène Jennifer Moret
Avec Michaël Mishid, Hervé Terrisse, Jennifer Moret, Françoua Garrigues – Julie Boris – Carlos Lafuente

Au Théo théâtre 20 Rue Théodore Deck 75015 Paris

Moon River, Fabcaro

Découvrir enfin l’univers singulier et décalé de Fabcaro

Dans les années 50 à Hollywood, sur le tournage d’un western, l’inspecteur doit mener l’enquête. Betty Mennuway, l’actrice qui tient le rôle phare a été agressée chez elle pendant la nuit, c’est très grave.

Le voilà arrivé sur place pour découvrir l’horreur absolue, ce dessin au feutre noir qu’un inconnu lui a fait sur la joue gauche. Enfin, pas n’importe quel dessin !
Et en plus, l’agresseur a oublié son cheval sur la scène du crime.
Commence alors une enquête minutieuse pour démasquer le coupable. D’autant que l’affaire fait la une de tous les journaux.

Totalement déjanté, en particulier avec les jeux des acteurs et les dialogues couchés sur le papier, des situations plus comiques que catastrophiques, des personnages plus farfelus que réalistes. Et en alternance quelques scènes de la vie d’un personnage qui pourrait bien être l’auteur lui-même.

Se lit vite, en prenant malgré tout le temps d’apprécier les jeux de mots et les situations décalées et suggérées. Une parodie singulière du Hollywood de l’époque des grands western parfois très caricaturaux.
C’est ma première lecture de Fabcaro, il semble que ce ne soit pas la meilleure alors il me faudra tenter les autres pour apprécier pleinement toutes les facettes de cet auteur.

Catalogue éditeur : 6 pieds sous terre

Hollywood, années 50. Au cœur de l’usine à rêves du cinéma, l’immense actrice Betty Pennyway est victime d’un crime sans précédent et particulièrement abominable. L’affaire fait la une de toute la presse et l’Amérique entière est en émoi.

La police de l’État fait appel au peu orthodoxe inspecteur Hernie Baxter pour mener cette délicate enquête qui secoue tout le petit monde du 7ème Art.

C’est une investigation sombre et mystérieuse fouillant dans les recoins les plus obscurs de la ville de Los Angeles qui s’engage, un périple aux confins de la folie qui risque bien de le mener jusqu’aux portes de l’enfer…

Date de parution16 sept. 2021 / 18 €

Les douleurs fantômes, Melissa Da Costa

L’amour, l’amitié, la vie

Rosalie et Gabriel, Tim et Anton, et Ambre reviennent à Arvieux, ce village de montagne qui les avait réunis dans un précédent roman, Je revenais des autres.

Ils ont passé des années séparés. Depuis l’accident d’Anton, Ambre n’avait plus jamais pris de leurs nouvelles. Mais aujourd’hui, Rosalie l’appelle à l’aide, Gabriel a disparu. Ambre n’hésite pas une seconde et quitte quelques jours Marc son compagnon, sa vie rangée à Lyon, son travail à la boutique, pour lui porter secours.

Cinq ans ont passé, cinq ans qu’elle n’a pas revu Tim depuis son départ de Frontignan, qu’elle n’a pas revu Anton depuis l’accident qui l’a cloué sur un fauteuil roulant, qu’elle n’est allée voir ni Rosalie, ni Gabriel ni la petite Sophinette.

Pour qui n’a pas lu le roman précédent, pas de problème, car les griefs se dévoilent peu à peu, le passé se dessine, les relations parfois compliquées se révèlent. Et l’on comprend vite que la relation entre Anton et Tim est sans doute forte, mais qu’elle est plombée par la culpabilité de Tim et son besoin d’être présent pour Anton. Qu’Ambre est heureuse avec Marc, mais qu’elle l’était tellement plus avec Tim. Replonger dans le passé ouvre les anciennes blessures, exacerbe les regrets, attise les rivalités.

Alors le lecteur suit avec attention et empathie ces jeunes gens et leur questionnements, leurs attentes, leurs espoirs, leurs certitudes pas si évidentes que ça.

Melissa Da Costa a vraiment l’art de décrire les sentiments, les situations banales qu’elle sait nous rendre vivantes, et qui du coup ne sont plus du tout si ordinaires que ça. Chaque sentiment est posé, décortiqué, pour que ses personnages avancent peu à peu dans leur histoire. Émotions, regrets, espoirs, attentes, amours déçues, révélations aux autres ou à soi-même, tout y est pour nous embarquer dans ces quelques jours d’angoisse qui se transforment en jours d’avant fêtes et de fêtes. Puisque Noël est là, et que c’est une occasion de réunir les amis, et la fin d’année est là, ce moment idéal pour faire des projets de vie. Il y a un peu de longueur à mon goût tant il se passe peu de chose et que finalement tout est terriblement prévisible. Malgré tout je dois dire que j’ai apprécié cette lecture.

La lecture par Aaricia Dubois était un vrai bonheur. Grâce à une voix douce, une aptitude à prendre toutes les intonations, j’étais sûre que Sophinette était là devant moi ! Mais aussi par sa capacité à rendre vivants chacun des personnages par son interprétation des dialogues en particulier. Une réussite et un excellent moment d’écoute.

Catalogue éditeur : Audiolib, AlbinMichel

Rosalie, Gabriel, Tim, Anton et Ambre formaient un groupe d’amis soudé jusqu’à ce qu’un drame les éloigne les uns des autres. C’est pourtant un appel au secours qui, cinq ans après, va à nouveau les réunir. Entre silences amers et regrets, ces retrouvailles vont raviver leurs douleurs fantômes et bousculer leurs certitudes : mènent-ils vraiment la vie dont ils rêvaient ?

Un rendez-vous à la croisée des chemins qui leur prouvera qu’on peut se perdre de vue, mais pas de cœur… Et qu’il n’est jamais trop tard pour changer de vie et être heureux.

Date de parution 11/05/2022 / Durée 12h10 / EAN 9791035409616 Prix du format cd 24,90 â‚¬ / EAN numérique 9791035408985 Prix du format numérique 22,45 â‚¬

L’homme qui arrêta le désert, Yacouba Sawadogo Damien Deville

Quand un homme seul donne de l’espoir à tous

Au Burkina Faso, Yacouba Sawadogo n’est pas un homme ordinaire, même s’il fut un enfant puis un adolescent comme les autres. Né dans les années 50 il a grandi au village et à suivi les conseils avisés de son père pour apprendre à cultiver la terre.

Mais un jour, la terre s’est asséchée et les villageois sont partis à la ville, la faim et la misère étant la seule issue s’ils restaient dans leur village. Yacouba Sawadogo n’a pas fait comme eux.

Enfant, l’école coranique a été sa seule éducation, c’est dire s’il manquait d’outils pour s’engager dans la vie et tenir son échoppe. Il a bénéficié du soutien des cheikhs, qui donnent de sages conseils et aident à trouver la bonne ligne de conduite, Å“uvrent à perpétuer les tontines et sont garants de paix sociale. Si elle s’avère incomplète pour armer les élèves pour affronter les difficultés de leur vie future, c’est cependant son éducation Coranique et la force de la parole de l’islam qui l’ont aidé lorsque le temps est venu de prendre sa vie en main, et de creuser, de planter, encore et encore. À la richesse éventuelle il a choisi les arbres, réconciliant la nature et la culture pour sauver ses terres de la sécheresse et de la catastrophe annoncées.

C’est son histoire qui nous est racontée ici. Preuve s’il en est que l’Å“uvre d’un seul homme peut parfois compter bien plus que celle de toute une communauté quand sa finalité est la sauvegarde de la vie et que son action va dans cet unique but.

Usant de techniques ancestrales comme le zaï, qui consiste entre autre à creuser des trous à une certaine distance les uns des autres, trous que l’on arrose et que l’on nourrit régulièrement avant d’y mettre les jeunes plans, mais aussi former des murets de pierres, utiliser la nature dans sa diversité, ici même les termites ont leur place, autant d’éléments qui ont permis le succès de son action. En plantant les arbres, Yacouba a modifié le climat de son territoire.

Un livre intéressant car il nous permet de comprendre la difficulté de vivre lorsque l’ont est un paysan dans ces villages et la puissance de la volonté et du sens humain de certains hommes capables de relever de tels défis.. Il nous montre les changements dus tant au climat qu’à la mondialisation, achat de terre par l’Asie et monoculture étant parmi les effets le plus délétères. Mais aussi l’importance de la religion, Islam étant prépondérant mais subsiste toujours la religion Animiste.

Catalogue éditeur : Éditions Tana

Depuis le Burkina Faso, aux confins des dunes sahariennes, une voix inspirante s’élève : celle de Yacouba Sawadogo. Lauréat du Right Livelihood Award, prix Nobel alternatif, il consacre sa vie à planter des arbres aux portes du désert.
Alors que tout semblait perdu, qu’au début des années 1980, une grande sécheresse décimait les troupeaux et contraignait les familles à l’exil, Yacouba a fait le choix de retourner à la terre. En réinventant la méthode ancestrale du zaï, en renouant avec les héritages de sa propre lignée familiale, les « faiseurs de pluie Â», et en défrichant les chemins d’une quête spirituelle, il a ressuscité la vie. Les familles se sont réinstallées, les champs ont retrouvé leur fertilité, et l’antilope, le hérisson et l’oiseau ont repris leurs quartiers : le village de Yacouba est redevenu un monde de relations, une oasis verdoyante, une terre de poésie et de partage. …

Date de parution : 20/01/2022 / 15.90 € / EAN : 9791030103977 / Pages : 144