La Belle est la Bête, Floriane Joseph

Comment rester femme au delà de la douleur et des apparences

Leila, princesse d’un royaume imaginaire, vient d’être défigurée à l’acide par un jeune homme partisan de factions extrémistes.
Alors que sa famille veille la jeune femme plongée dans un coma artificiel à l’hôpital, tout est immédiatement mis en œuvre pour trouver le coupable et le punir.

Leila va peu à peu se remettre de cet acte terrible qui la transforme à jamais. La belle princesse doit trouver une autre façon d’exister. Mais qui oserait aimer une femme comme elle. Qui désormais saura lui parler, l’apprécier pour ce qu’elle est sans se laisser parasiter par ce nouveau visage qui la transforme aussi cruellement.

Leïla va de reconstruire en adoptant et en créant les masques derrière lesquels elle pourra à nouveau appréhender cette vie qu’elle ne s’autorise pas encore.

Dans ce tranquille royaume où le sultan a toujours prôné la sérénité et la confiance, le terrorisme vient d’entrer en jeu, au plus grand désarroi des gouvernants et du peuple.

Ce que j’ai aimé ?

Découvrir ce conte cruel et humain, cette héroïne attachante et courageuse, au pays des monstres au visage d’homme et des princesses au visage de bête. Floriane Joseph nous parle d’aujourd’hui avec les accents d’un conte des mille et une nuit. Une surprise et une très agréable lecture.

Ce roman est édité par la maison d’éditions Frison Roche Belles Lettres. Les couvertures au graphisme moderne et coloré affirment elles aussi leur singularité.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury du Prix littéraire de la Vocation 2021

Catalogue éditeur : Frison Roche, Belles Lettres

La Belle est la Bête est le récit d’une quête et l’histoire d’une femme. Un jour de grand soleil, la princesse Leïla est défigurée à l’acide par un inconnu, un jeune homme ayant fréquenté les factions extrémistes aux confins des terres gardées par le sultan. Ce dernier met tout en œuvre pour sauver sa jeune fille et rassurer son peuple, qui se lance tout entier à la recherche de celui qui est rapidement qualifié de terroriste. Le royaume entier tremble devant la violence de cette attaque. Pourtant, la princesse Leïla se relève. Dès lors, elle décide de continuer à honorer les nombreux bals du royaume de sa présence. Chaque danse est l’occasion de faire fleurir sur ce visage encore non apprivoisé des masques toujours plus somptueux, chaque fois plus grandioses. Autant de couleurs pour se composer une nouvelle identité… De palais en déserts, ce conte pour adultes mêle la politique à l’amour. Le terrorisme s’insinue dans un univers chatoyant, la réalité la plus cruelle côtoie un réalisme magique. Un conte moderne aux accents orientaux, où les femmes sont fortes et les royaumes imparfaits, où les monstres sont humains et où les hommes vont de valse en déchirure, dans une quête éperdue de beauté, de libertés et de sens.

À 24 ans, autrice pétillante de dynamisme, Floriane Joseph est un talent émergent de la scène littéraire. Très tôt, elle découvre Victor Hugo et le mot écrivain se niche dans sa poitrine. Il ne l’a plus jamais quittée. Elle illustre son compte Instagram de poèmes sur fonds colorés, portée par l’urgence d’une écriture féministe et engagée.
À travers des thématiques résolument modernes et originales, Floriane nous dévoile la force poétique de tous les quotidiens. Elle nous ouvre les espaces d’une écriture du vivant, parce que le monde en a besoin, pour que la lecture s’immisce dans nos vies bousculées. Avec La Belle est la Bête, elle signe son premier roman.

Collection : Ex Nihilo / Date de parution : 01/03/2021 / Nombre de pages : 300 / Format du livres : 13,5 x 22 cm / EAN : 978-2-492536-01-4 / Prix : 19.00 €

L’œil du paon, Lilia Hassaine

Un conte fantastique et cruel sur l’orgueil et la vanité

Voilà un roman qui débute comme un conte, une tragédie gréco-romaine. Héra vit sur l’ile des paons en Croatie avec Adonis, son père. Depuis la mort de sa mère ils ont une relation fusionnelle. Mais lorsque Titus, le souverain des lieux, décède, son père lui explique qu’une malédiction pèse sur tous ceux qui vivent sur cette ile et qu’elle doit en partir pour sauver sa vie.

Héra a 21 ans lorsqu’elle quitte cette ile hors du temps et arrive dans un Paris très actuel. Là, l’apprentie photographe pose son regard affuté et naïf sur le monde qui l’entoure.

Elle est accueillie par un couple à la relation délétère, Agathe, la sœur de sa mère et Laurent son époux, qui la traitent comme une étrangère. Le seul qui semble vraiment heureux de la connaitre est Hugo, leur petit garçon au regard triste dont elle va rapidement se sentir proche. Autour d’elle gravitent de bien étranges personnages, d’abord Gabriel, le séduisant et mystérieux instituteur d’Hugo, puis ce couple de pharmaciens chez lesquels Agathe s’approvisionne grassement en anxiolytiques, enfin l’énigmatique monsieur Quentin, un opticien, celui qui voit, ou qui aide ceux qui ne voient pas.

Si elle comprend qu’Hugo a besoin de sa présence, la jeune Héra se laisse rapidement emporter dans le tourbillon de la vie parisienne avec ses sorties, ses soirées, sa superficialité. Car le bonheur de séduire, de plaire, d’être aimée vont lui faire rapidement oublier l’essentiel, que le temps passe et qu’on ne le retient pas. Et surtout oublier ceux qui l’aiment, ceux qui comptent vraiment, ceux qui ont besoin d‘elle. Comme éblouie par la beauté de l’œil du paon, elle en oublie de regarder la réalité et la vérité des événements et de ceux qui l’entourent. Le jour où cette photographe qui pourtant traque la vérité dans le regard de ses contemporains va enfin ouvrir les yeux et regarder au delà des apparences, ne sera-t-il pas trop tard pour les autres et pour elle.

Quel étrange roman qui sous des airs légers nous fait réfléchir en profondeur sur la vacuité de certains de nos actes. Un roman qui frôle le fantastique mais qui évoque si bien l’apprentissage de la vie, l’orgueil et ses ravages, et ce sentiment de supériorité qui détruit parfois. Un conte cynique et brillant.

Le roman étonnant, à l’écriture poétique et parfois onirique, qui malgré quelques défauts (j’aurais aimé un peu plus de profondeur dans la psychologie de certains personnages par exemple) accroche le lecteur. Une jeune autrice que l’on a assurément envie de suivre.

Roman lu dans le cadre du jury du Prix littéraire de la Vocation 2020

Catalogue éditeur : Gallimard

 «Héra était fascinée par ces petites planètes qui habillaient la robe rousse du paon. La lumière du matin, diffractée par les lamelles des plumes, oscillait du vert émeraude au doré, moiré de reflets bleu métallique. Sur ses ailes, des centaines de plumes parsemées de perles claires, aussi éclatantes que les étoiles d’une nuit sans lune. Quant à l’herbier de sa fourrure, il avait la couleur ocre des feuilles mouillées d’octobre, que piétinait déjà Héra, loin de son île.
À l’ombre des marronniers, elle découvrit les premières images de Paris.»
Après avoir toujours vécu sur une île sauvage de Croatie, Héra se retrouve à Paris chez une tante qui la traite comme une étrangère. Tandis que son petit cousin, Hugo, reporte toute son affection sur elle, Gabriel, le mystérieux instituteur de l’enfant, l’initie aux plaisirs de la ville. Vite intégrée à la jeunesse des beaux quartiers, contaminée par le cynisme ambiant, Héra semble se satisfaire d’une certaine artificialité. Mais un drame bouleverse le cours de son destin.

Parution : 03-10-2019 / 240 pages, 140 x 205 mm / ISBN : 978207285390 / Prix : 18 ,50€

Facéties et paysages contés en Pyrénées-Orientales, Caroline Chemarin

Arpenter les routes des Pyrénées-Orientales au fils des secrets et de l’imaginaire poétique de Caroline Chemarin

Voilà un joli recueil de contes qui nous entraine dans le sud-ouest de notre beau pays, du côté des Pyrénées que j’aime tant. Tout au long de dix-neuf « promenades » qui nous entrainent dans les Pyrénées-Orientales.

Chaque commune est ici prétexte à raconter une « promenade » qui mêle la nature, la faune ou la flore, le paysage ou la ville, la mer ou la côte de sable, l’architecture et l’art. En se basant sur les histoires qui se racontent le soir au coin du feu, ou pas d’ailleurs, l’auteur nous transporte dans un univers féérique fait de sirènes, de Néréides, de sorcières gentilles et de jeunes filles exigeants, mais aussi de gentils vignerons, de pauvre sculpteur, de fabricant de sandales ou même de pas de danse.

Les sentiments les plus divers tels que jalousie, peur, envie, désobéissance, ou au contraire fidélité, amour, pour ne citer qu’eux, sont présents. Ici les animaux, gentils, solidaires, malins, peureux ou voleurs, lapin, renard, Gypaètes, ours et huppes fasciées, isard aux cornes d’or, viennent aussi nous rendre visite pour notre plus grand bonheur.

C’est un vrai plaisir de lire ces contes à l’écriture aussi poétique que chantante. A noter également que certains contes sont illustrés de jolis dessins de l’auteur. J’ai aimé tourner les pages, courir d’un bout à l’autre du département, de ses côtes maritimes jusqu’aux montagnes, de Collioure à Prats-de-Mollo-La Preste (cette ville située à la fin de la route dans la montagne, où ma mère a fait tant de séjours de cure et qui me paraissait au bout du monde). Je crois que je ne regarderai plus certains paysages de la même façon.

J’avais rencontré Caroline Chemarin au salon du Livre de paris, l’an dernier, et j’avais été intriguée par ses jolis recueils de contes bilingues à destination des tout-petits. Mais il n’était pas facile d’imaginer les faire lire à mes petits-enfants. Alors c’est une joie de découvrir ce recueil-là, qui parle d’une région que j’aime et qui associe l’universalité du conte, le rythme et la qualité de la narration avec le plaisir de pouvoir lire à voix haute.

Catalogue éditeur : Les Presses Littéraires

Nous avons appris à poser sur le territoire l’œil géographique et le regard historique. Nous savons qu’il peut être appréhendé de façons multiples par le géomètre, le géologue, le botaniste, le zoologue mais… Livre-t-il pour autant tous ses trésors ? Ne percevez-vous pas l’ombre de tout ce qu’il cache encore ?
Quel est le terrible secret qui lie la huppe fasciée au vigneron ? Comment le peintre désobéissant créa-t-il les cerises ? Par quelle ruse Sire Chat parvint-il à sauver tous ses compagnons du bûcher ? De quelle façon le roi philosophe éloigna-t-il le chaos du Canigou ? Connaissez-vous le tout petit Desman ? Pour quelle raison n’a-t-on jamais retrouvé le temple de Vénus bâti à Port-Vendres ?
Un paysage qui regorge de merveilles suscite mille questions.
Arpentez les routes des Pyrénées Orientales, perdez-vous sur les sentiers et remontez les fleuves jusqu’aux sources cachées : elles sont très bavardes pour peu qu’on fasse mine de les écouter.

Comme elles, les « Facéties » murmurent, courent et serpentent à travers les imaginaires successifs qui ont nourri et enrichi notre département. Elles en racontent les paysages, dévoilent certains de leurs secrets et nous invitent à poser un œil nouveau sur le monde qui nous entoure.

ISBN : 979-10-310-0734-2 / 16 X 24, 132 pages / Prix 13,00 €