La musique des âmes, Sylvie Allouche

Une belle histoire d’amitié par temps de guerre


En 1944. Mathias et Simon sont amis. Le père de Simon est un luthier très réputé sur la place de Paris, mais depuis les lois iniques imposées par les nazis, et cette horrible inscription apposée sur la porte de son magasin, plus personne n’ose franchir le seuil d’un établissement juif.
Alors chaque jour il peaufine l’œuvre de sa vie, ce magnifique violon qu’il destine à son fils Simon.

Qu’il est difficile pour la famille de Simon de vivre avec les tickets de rationnement, avec une clientèle qui a disparu, mais surtout avec cette épée de Damoclès sur la tête, le risque d’être raflés par les nazis et déportés en Allemagne dans ce que l’on appelle injustement encore les camps de travail.

Le jour où Mathias découvre que la famille de Simon n’est plus là, malgré son désir d’aider, le risque est trop grand pour lui et pour sa famille de tenter de venir en aide cette famille juive qu’il considère comme ses amis, et ses égaux.

Que peut-il faire, que peuvent faire ceux qui veulent aider dans ces périodes si difficiles. C’est bien la question que pose l’autrice et à laquelle elle tente de répondre.
Un court roman qui pose les bases de cette période si dramatique et difficile de la guerre, mais qui peut être lu par des jeunes afin qu’ils comprennent et n’oublient pas à leur tour.
J’ai apprécié le fait que l’autrice ait su s’arrêter avant d’être obligée de dire l’horreur absolue. Ici les choses sont adroitement effleurées, suggérées et un minimum d’explications peut permettre aux jeunes lecteurs de les comprendre.

Un court roman indispensable qui évoque la rafle du vel’dhiv, la déportation, mais surtout qui parle de force, de loyauté, d’amitié et d’amour.

Catalogue éditeur : Syros jeunesse

Avant, le père de Simon était un luthier renommé, son atelier ne désemplissait pas. Puis il y a eu la guerre, l’occupation et le mot juif placardé en travers de sa vitrine. Alors Simon s’est fait une promesse : il composera une œuvre avec le violon que son père lui fabrique, pour lui dire tout son amour et son admiration. Un après-midi, Matthias, son meilleur ami, trouve l’atelier vide : la famille de Simon a disparu.

10 ans, 11 ans, 12 ans / Date de publication : 14/01/2021 / ISBN : 9782748529869 / 7,50 €

Albert Einstein, un enfant à part, Théâtre de la Tour Eiffel

Ce sont les dernières représentations, ne les manquez surtout pas !

Un dimanche matin je suis allée avec mes petits fils voir l‘excellente adaptation du roman de Brigitte Kernel au théâtre.
Pendant un peu plus d’une heure, le spectateur se régale avec les facéties du jeune Albert admirablement bien joué par Sylvia Roux, espiègle, décalé, solitaire, amoureux des maths et des étoiles, bridé dans ses envies de lecture par des parents qui ne comprennent pas sa soif d’apprendre et surtout l’étendue de ses capacités.

Le couple Tadrina Hocking et Thomas L’empire dans le rôle des parents, mais aussi sœur grands parents instituteur médecin amis de la famille meilleur ami d’Albert etc. nous bluffe par leur talent à interpréter autant de différents personnages.

Une belle leçon de vie pour des jeunes qui auraient quelques doutes sur leurs capacités. Car si Albert Einstein est devenu le Savant que l’on sait, l’enfant quant à lui était totalement en décalage avec ses camarades de classe. S’il excellait dans les mathématiques au point de corriger son professeur, il était totalement nul dans les autres matières.

Quel excellent moment aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Les miens ont aimé, en ont a parlé ensuite à leurs parents, ayant bien pris la mesure de la singularité d’Albert, du fait qu’il ne faut pas juger les autres sur des apparences et que finalement l’espoir de réussir dans la vie n’est pas uniquement conditionné par la seule réussite scolaire.

Auteur : Adaptée du roman de Brigitte Kernel
Artistes : Sylvia Roux, Tadrina Hocking, Thomas Lempire
Metteur en scène : Victoire Berger-Perrin

Si vous allez par là n’oubliez pas d’admirer l’immeuble Lavirotte situé tout à côté.

Le silence de la ruche, Guillemette Comby

Une enquête originale pour initier les enfants à l’écologie

C’est le printemps, la nature s’éveille, les animaux reprennent vie après un long hiver au calme.
Mais sur le plateau du Causse, un silence assourdissant intrigue plantes et animaux. La ruche ne s’est pas réveillée.

L’Ascalaphe décide alors de mener l’enquête. Il n’hésite pas à interroger les fleurs, les insectes, fourmi, sauterelle, grenouille pour comprendre ce qu’il se passe.

Le roman prend la forme d’une enquête, d’un roman policier au pays des fleurs et des insectes pour tenter de trouver les causes de la disparition des abeilles.
La faute au frelon asiatique sans doute. En fait, non, il y a de multiples réponses à cette disparition annoncée. Et pour certaines l’homme est le seul responsable.

Ce roman destiné aux enfants peut leur faire prendre conscience des risques liés aux actions de l’homme. Engrais, insecticides, pollution dans les jardins ou dans les exploitations agricoles causent de gros dommages qu’il est temps d’arrêter. Et comme la parole des enfants peut avoir des échos chez les adultes qui les entourent mais aussi sur ceux qu’ils seront demain, il est important de passer le plus tôt possible ces messages.
Petit plus, les mots ou les noms des insectes méconnus sont expliqués à la fin des chapitres.

Catalogue éditeur : éditions Sedrap jeunesse

Autour de la ruche plane un silence angoissant… Qu’est-il arrivé aux abeilles ? L’enquête commence menée par l’Ascalaphe, un insecte détective. Devenez insecte et plongez avec lui dans l’univers des insectes, plantes et animaux du Causse.

Un roman policier au cœur des préoccupations écologiques, issu de la collection Lecture en Tête, la lecture suivie par plus de 2.5 millions d’élèves.

Pour les CE2-CM1 / à partir de 8 ans / 6,50€ / ISBN:9782758150206

Les orangers de Versailles, Annie Pietri

Intrigue à la cour du Roi-Soleil

Marion est la fille d’un des jardiniers du château de Versailles. Élevée par son père depuis le décès de sa mère, elle connaît tous les secrets des plantes que se trouvent dans le parc. Dans la France de Louis XIV, nombreux sont les courtisans qui vivent à Versailles. La favorite du Roi-soleil est alors Athénaïs de Montespan. Une marquise adulée par son époux qui refuse que sa femme soit favorite du roi à la cour, mais a-t-on son mot à dire face aux désirs d’un monarque.

Le Roi fait tout pour satisfaire sa dulcinée, rien n’est trop beau pour elle. Exigeante, arriviste, jalouse de la Reine, elle choisit Marion comme demoiselle de compagnie. Et découvre rapidement que cette jeune fille n’est absolument pas quelqu’un d’ordinaire. Elle sait lire et écrire, ce qui est fort rare chez les jeunes femmes de sa condition, et elle connaît parfaitement les parfums. Elle est même capable d’en composer à la demande.

La vie n’est pas toujours facile pour les servantes de la cour du Roi, mais fort heureusement, l’amitié existe même entre demoiselles de compagnie. Il est bien doux alors d’avoir une oreille attentive à qui confier secrets et doutes. Le jour où la Montespan est malade, troublée par le diagnostic du médecin, Marion comprend vite qu’il faut ruser lorsque l’on s’adresse aux puissants. Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire et il est parfois plus sage de s’abstenir.

Fine psychologue, perspicace et douée d’un sens aigu de l’observation, Marion comprend rapidement que la Montespan se joue d’elle et complote contre la Reine. Elle trouve vite un allier en la personne du médecin. Ensemble ils vont devoir jouer très finement pour déjouer tous les pièges qui se dressent devant eux.

Un roman très agréable et une lecture parfaite, la voix de Emmylou Homs est posée, douce, rythmée, et nous fait aimer d’emblée cette jeune fille bien courageuse et si singulière.

Si l’épisode qui est évoqué ici et les personnages sont adaptés pour une lecture par des enfants à partir de 11 ans, l’intrigue est pourtant bien basée sur des faits historiques. Une bien jolie façon d’apprendre un pan de notre histoire avec l’affaire des poisons à la cours du Roi Louis XIV. Et n’allez pas croire que ce roman est pour les filles, les garçons qui l’ont écouté avec moi étaient également très intéressés. L’enquête menée par Marion et le médecin, les tentatives de la Montespan, le coté historique et la visite du Versailles de cette époque doivent y être pour beaucoup !

Catalogue éditeur : Audiolib

Marion, la fille d’un jardinier du château de Versailles, a été choisie pour servir la favorite du Roi-Soleil, madame de Montespan. La marquise est exigeante et capricieuse ; il est bien difficile de la satisfaire. Heureusement, Marion possède un don rare : elle sait créer des parfums extraordinaires qui plaisent à sa maîtresse. Mais la Montespan a plus d’un vilain tour dans son sac. Bientôt, Marion découvre qu’un terrible complot se trame contre la reine…

Lu par Emmylou Homs

Dès 11 ans / Éditeur d’origine Bayard Jeunesse / Durée 2h37 / EAN 9782367627649 Prix du format cd 13,90 € / EAN numérique 9782367627298 Prix du format numérique 12,45 € / Date de parution 12/09/2018

Le secret des parents, Nicolas Mathieu, Pierre-Henri Gomont

Connaissez vous le secret ? Savez vous ce que les parents pensent des enfants ?

Kleber le sait bien, car il a percé le secret des parents, ceux qui détestent les enfants, les grondent, les obligent à ranger leur chambre, à aller à l’école, et surtout surtout, ceux qui ont oublié depuis longtemps qu’un jour ils ont été eux aussi des enfants.

Heureusement, il y a mamie et ses délicieuses tartes à la mirabelle, qui console de tout, tout le temps. Et qui explique, raconte, et vous fabrique plein de souvenirs pour plus tard. Enfin, il y a aussi toutes les promesses que Kleber fait à l’adulte qu’il deviendra un jour.

Mais le temps passe, les années s’ajoutent aux années et le jour où Kleber est devenu adulte à son tour, c’est un père de famille occupé et stressé. Mais alors, aimera-t-il les enfants ou va-t-il les détester lui aussi ?

Si vous voulez le savoir, il faut lire ce joli livre écrit par Nicolas Mathieu et au graphisme tout en légèreté et bonne humeur réalisé par Pierre-Henri Gomont. Tellement de vérité et de conseils faciles à appliquer finalement dans cette BD à hauteur d’enfant à lire sans faute par les parents, pour ne jamais oublier !

Catalogue éditeur : Actes Sud Junior

Pourquoi les grandes personnes sont-elles si sévères avec les enfants ? Le petit Kleber ne cesse de s’interroger. Jusqu’à ce qu’un jour, sa grand-mère lui révèle un secret : si les adultes sont si grognons, c’est parce qu’eux-mêmes ont oublié qu’ils étaient autrefois des enfants. Alors, Kleber se jure que lui n’oubliera jamais. Mais le temps passe, et les étés se succèdent…

Nicolas Mathieu est né en 1978, à Épinal. Après des études d’histoire et de cinéma, il s’installe à Paris où il exerce une multitude de métiers (scénariste, stagiaire dans l’audiovisuel, rédacteur dans une société de reporting, professeur à domicile, contractuel à la Mairie de Paris…).
En 2014, il publie son premier roman, Aux animaux la guerre, dans la collection Actes noirs, et reçoit le prix Erckmann-Chatrian, le prix Transfuge du meilleur espoir Polar et le prix Mystère de la critique.  Il participe à l’adaptation du roman qui devient une série diffusée sur France 3, avec Roschdy Zem dans le rôle principal.
Son deuxième roman, Leurs enfants après eux, parait en 2018. Salué par une critique enthousiaste, il est récompensé par le prix Blù Jean-Marc Roberts, la Feuille d’or de Nancy, le prix des Médias France Bleu-France 3-L’Est Républicain, le prix du deuxième roman Alain Spiess-Le Central et le prix Goncourt. Son troisième roman Connemara est sorti en janvier 2022.

Né en 1978, Pierre-Henry Gomont a exercé différentes professions, dont celle de sociologue, avant de devenir auteur de bandes dessinées. En 2010, il fait ses premiers pas dans le 9e art et participe à l’album collectif 13m28 (Manolosanctis). En 2011, il signe son premier album, Kirkenes (Les Enfants rouges), scénarisé par Jonathan Châtel. Au cours de la même année, il écrit et dessine Catalyse (Manolosanctis). Début 2012, il publie Crématorium (Kstr), écrit par Éric Borg. Il enchaîne ensuite les titres : Rouge karma (Sarbacane, 2014), avec Eddy Simon, et, en solo, Les Nuits de Saturne (Sarbacane, 2015) et Pereira prétend (Sarbacane, 2016). Pour cet album, adapté du roman d’Antonio Tabucchi, il reçoit le Grand Prix RTL de la bande dessinée ainsi que le prix de la bande dessinée historique des Rendez-vous de l’Histoire de Blois.
Chez Dargaud, il est l’auteur de Malaterre et La fuite du cerveau.
En 2020, il fait son entrée au catalogue d’Actes Sud junior avec l’album La Grande École qu’il signe avec Nicolas Mathieu. Et en 2021, Le secret des parents. Il vit et travaille à Bruxelles.

novembre 2021 / 24.00 x 32.00 cm / 32 pages / ISBN 978-2-330-15521-6 / prix : 16,50 €

36 heures dans la brume, Nathalie Somers

la folle aventure de deux adolescents dans le San Francisco des années 30

Quand San Francisco s’embrume nous chantait Maxime Le Forestier dans les années 70. Ici, nous voici plongés dans les années 1930, en 1937 exactement, quand le Golden Gate Bridge qui enjambe majestueusement la baie de sa belle couleur orange vient tout juste d’être construit.

Un adolescent est miraculeusement sauvé par des pêcheurs alors qu’il flottait accroché à un vieux pneu malencontreusement jeté dans la baie (prétexte à évoquer les dégâts de la pollution, déjà à cette époque). Mais Matt, puisque s’est son prénom, souffre d’une amnésie passagère et ne sait pas ce qu’il fait là. Peu à peu, la mémoire lui revient. Malgré ses blessures, intrépide et décidé, il sait qu’il doit absolument sauver une jeune fille en détresse.

Sa quête va le ramener dans le quartier du port, à la rencontre d’une jeune chinoise qui va l’aider à retrouver celle qui n’est autre que sa sœur jumelle, Mary.
C’est donc avec l’aide de Jiao qu’il va affronter les hommes d’Al Capone, alors incarcéré à Alcatraz, la célèbre prison dont on ne s’évade jamais, mais également les bandes rivales, gangs de petits blancs oisifs et belliqueux ou tongs des jeunes chinois qui tiennent eux aussi en coupe réglée le quartier de chinatown.
Toute l’intrigue est prétexte à évoquer les différents quartiers de San Francisco, les conflits entre communautés, la spécificité de chinatown ou encore une allusion à la pègre avec l’arrestation du grand Al Capone, une courte plongée dans la ville des années 20.

Bien sûr, je ne correspond pas au public auquel est destiné ce roman, 12 ans et plus, et donc j’ai parfois trouvé que quelques explications n’étaient pas assez poussées ou détaillées. Mais l’impression générale est bien rendue. Les principaux protagonistes vont rapidement se rapprocher pour réussir leur folle entreprise de sauvetage. Le rythme est soutenu, peu de temps mort, une lecture agréable qui devrait séduire les amateurs de thriller en herbe.

Catalogue éditeur : Fayard

1937. Matt est repêché, à moitié noyé, dans la baie de San Francisco.
À son réveil, l’adolescent est amnésique. Son seul souvenir : une jeune fille désespérée, cheveux au vent, qui s’apprête à sauter du Golden Gate Bridge. Matt ignore qui elle est. Pourtant, il sait qu’il doit la sauver à tout prix.
Mais par où doit-il commencer, lui qui se souvient à peine de son propre nom ?
Une course effrénée dans les rues de San Francisco, dans l’ombre du plus grand gangster de tous les temps.

À partir de 12 ans / Date de parution 06/09/2022 / Prix 13,90 €

La bibliothécaire, Gudule

Pourquoi les enfants ont aimé ce roman de Gudule lu par Thomas Solivéres

Chaque jour à l’école Guillaume s’endort sur son pupitre. Pourtant c’est un bon élève, aussi l’instituteur se demande ce qui lui arrive.
Il faut dire que chaque soir, Guillaume observe sa voisine par la fenêtre. C’est une vieille dame qui passe des heures à écrire, inlassablement penchée à sa table.
Puis lorsqu’elle a fini et éteint enfin la lumière, il a le bonheur de voir une jeune fille sortir de son immeuble.

Mais une question le taraude, qui est elle, ou plutôt qui sont-elles ?
Pour le savoir, une nuit il décide de suivre la jeune fille, et va avec elle jusqu’à la bibliothèque de son quartier.

La rencontre est un grand moment de bonheur. Guillaume est totalement séduit par la jeune Ida au parfum et aux habits surannés qui lui ouvre la porte vers la magie des livres. Ida qui lui avoue qu’elle rêve de trouver le grimoire qui lui permettra d’écrire le roman de sa vie. Mais la vieille dame, tout comme Ida, disparaissent du jour au lendemain.
Avec ses amis, il décide de partir à leur rencontre. Cette recherche les entraîne à nouveau dans la bibliothèque où ils plongent littéralement dans les histoires les plus extraordinaires à la rencontre des différents personnages. Il suffit de le vouloir, et ils entrent dans les livres, dès lors que ce soit Alice au Pays des Merveilles, le Petit Prince, Poil de Carotte, ou même Gavroche, plus aucun personnage n’a de mystère pour celui qui est totalement entré dans l’histoire.

Un joli conte et une lecture agréable. Quel bonheur de se dire qu’il suffit de tourner les pages à l’envers pour ressusciter nos personnages préférés qui finalement ne meurent jamais et nous feront éternellement rêver.

Catalogue éditeur : Audiolib

Pas étonnant que Guillaume s’endorme pendant les cours : toutes les nuits, il observe les drôles de choses qui se passent dans l’immeuble d’en face. Une mystérieuse vieille dame qui n’arrête pas d’écrire, une jeune fille qui s’enfuit dans les rues sombres, toujours à la même heure… Un jour, il se lance à sa poursuite, et découvre que toutes les réponses à ses questions se trouvent… à la bibliothèque ! Avec l’aide de ses amis, il se lance dans un fantastique voyage au pays des livres, qui le mènera à la rencontre d’Alice au pays des merveilles, de Poil de Carotte, du Petit Prince…

Collection : Jeunesse Éditeur d’origine : Hachette Jeunesse / EAN 9782367623047 Prix du format cd 14,00 € / parution : 22/03/2017 Durée : 3h19

Ce que nous confions au vent, Laura Imai Messina

Quand le malheur frappe, vivre intensément le temps présent

Dans un Japon à la fois moderne et traditionnel, il existe un lieu magique où les vivants communiquent avec les morts, un lieu extraordinaire capable de suturer les âmes les plus meurtries.

À Otsushi, sur les pentes du Mont Kujira-yama au Nord du pays, une cabine téléphonique avec un vieux combiné noir est plantée dans un immense jardin. Les japonais l’ont nommée La cabine du vent, elle permet de téléphoner aux morts, et en particulier aux disparus de la catastrophe de 2011. Le vieux téléphone installé par Itaru Sasaki n’est reliée à rien sinon à la mémoire de ceux qui ne sont plus, et au chagrin lié au souvenir des jours heureux.

Yui a perdu sa mère et sa fille dans la catastrophe du tsunami. Elle n’arrive pas à atténuer la douleur que lui provoque cette double perte. Animatrice d’une émission de radio, lorsqu’un de ses auditeurs évoque le téléphone du vent, elle comprend qu’il faut absolument qu’elle s’y rende.

En chemin, elle rencontre Takeshi qui est aussi perdu qu’elle. C’est son épouse qui a disparu, et depuis sa petite fille de six ans ne parle plus,. Il ne sait plus comment agir avec elle.

Ce que nous confions au vent est l’histoire d’une rencontre. Entre un homme et une femme anéantis par le malheur, mais qui espèrent trouver un moyen de communiquer avec leurs défunts. Deux rescapés parmi les nombreux destins brisés lors de la catastrophe de Fukushima.

Dans ce lieu magique créé pour favoriser la résilience et l’oubli, au fil des mois il semble pourtant évident que toute l’énergie passée à se connecter au passé empêche d’envisager un avenir. Mais pour ces cerveaux torturés et ces cœurs brisés, le temps fait son œuvre réparatrice malgré un chemin difficile et aléatoire.

J’ai apprécié la façon dont la société Japonaise est décrite de l’intérieur, même si j’aurais aimé avoir quelques explications complémentaires sur les subtilités des relations entre homme et femme, pour mieux comprendre leurs hésitations et leur place dans cette autre culture si éloignée de notre monde occidental rationnel.

S’il n’y a rien de moins universel que le malheur, la façon dont les principaux protagonistes interagissent avec prudence, lenteur et pudeur peut parfois dérouter. Le déroulé de l’intrigue et son issue sont rapidement évidents, mais tout l’intérêt du roman réside dans l’analyse de l’évolution psychologique de Yui et sur la difficulté à recréer une relation après le traumatisme d’un deuil. Mais aussi sur la difficulté à être, mère, épouse, ami, les interrogations que cela implique et les bouleversements au présent et au futur dans la vie de chacun. Une leçon de vie aussi, vivre intensément le temps présent car tout peut s’arrêter si vite, vivre sans attendre, sans penser à tout ce que l’on pourra faire plus tard, faire, agir, vivre.

La lectrice Clara Brajman a une voix douce, délicate et posée, en symbiose avec les sentiments des protagonistes. Elle n’est jamais désespérée, comme si elle voulait leur insuffler son énergie pour les faire évoluer devant nous, prendre en main leurs vies, et avancer.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2022

Catalogue éditeur : Audiolib, Albin-Michel

Sur les pentes abruptes du mont Kujira-yama, au milieu d’un immense jardin, on aperçoit une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. Chaque année, des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier au vent des messages à destination de leurs proches disparus. En perdant sa mère et sa fille, emportées par le tsunami de 2011, Yui a perdu le sens de sa vie. C’est pour leur exprimer sa peine qu’elle se rend au mont Kujira-yama, où elle rencontre Takeshi et sa petite fille, également en deuil. Mais une fois sur place, Yui ne trouve plus ses mots…

Lu par Clara Brajtman / Traduit par Marianne Faurobert

EAN 9791035406967 Prix du format cd 21,90 € / EAN numérique 9791035407117 Prix du format numérique 19,95 € / Parution : 15/09/2021Durée : 5h01

Albin-Michel Date de parution 01 avril 2021

L’arbre d’Hipollène, théâtre du gymnase Marie-Bell

Une adaptation libre du livre de Claude Ponti, l’arbre sans fin, par La Nad Compagnie

Retomber en enfance le temps d’un spectacle, une belle promesse. En enfance, mais surtout sauter à pieds-joints dans l’univers de Claude Ponti, avec ses personnages déjantés, ses mots inventés et ses jeux de mots inventifs adaptés au public parents-enfants (la scène des portes est géniale !) pour une histoire qui séduit autant les petits que les grands.

Pour ma part, je découvre cet univers qui a déjà conquis depuis bien longtemps Roman qui m’explique en allant au théâtre les personnages que je vais peut-être y trouver et tout l’intérêt du vocabulaire de l’auteur.

Roman, six ans : L’escalier était trop drôle, mais l’escalier, il a pas mal ? Et tu as vu, le crayon qui trace le fil, je le connais ! Ils sont fort les acrobates, mais comment ils font pour ne pas se faire mal ? Et tu as vu, ils inventent des mots tout le temps.

Arthur, neuf ans : J’aime beaucoup la fête avec tous les poussins. Le monsieur qui était là, il inventait l’histoire au fur et à mesure ?
C’était très drôle, les décors étaient rigolos, parfois on voyait les gens pendant qu’ils les déplaçaient, mais ils étaient aussi drôlement compliqués, il y en avait beaucoup, ils s’ouvraient comme des livres et nous on était dans l’histoire.

Des décors étonnants, mobiles, colorés, variés, des détails superbes qui rappellent l’univers de l’auteur, fouillés, précis, pour une scénographie vraiment bien orchestrée qui suit le déroulé du conte. Une musique et des chants, portés par la voix superbe de la maman d’Hipollène, que les enfants reconnaissent car ils font appel à certains classiques qu’ils ont maintes fois écoutés comme Pierre et le loup. Des personnages je l’ai dit, assez déjantés, humains, attachants, enfin, pas tous, quelques monstres rodent par là et feront peut-être faire quelques sauts sur leur fauteuil aux petits qui vous accompagnent.

Chant, acrobatie, rythme, jeu d’acteur et jeu de mots, échanges, tout est fait pour nous transporter dans cet arbre sans fin. C’est féerique, vous oublierez le temps du spectacle tout se qui se passe au dehors.

Alors courez vite à le rencontre d’Hipollène, qui passant de la joie à la tristesse, va découvrir à travers un parcours initiatique comment affronter ses peurs et être elle-même, une plongée dans l’univers magique de Claude Ponti.

Quoi : Hipollène, animal anthropomorphique (mi-petite fille, mi-écureuil) est confrontée au départ d’un être cher : sa grand-mère.

Elle débute alors un long parcours initiatique au cœur des racines de son arbre-maison, au cours duquel elle devra affronter ses propres peurs et sa finitude, pour finalement accepter la mort et sortir grandie de cette épreuve.
Au fil de sa quête, elle sera aidée par tout un tas de personnages déjantés et loufoques ; en un mot, Pontiesques.

Auteur : Claude Ponti
Artistes : Alex Dey, Fanny Passelaigue, Aymeric de Nadaillac, Kader Taibaoui, Diane Vaz
Metteur en scène : Aymeric de Nadaillac

Où : Théâtre du Gymnase Marie-Bell 38 boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris
Mais surtout, ce spectacle sera repris à la Chapelle des Italiens lors du prochain Festival Off d’Avignon. Quand : du 7 au 30 Juillet 2022 • 10h30, tous les jours sauf relâche

Le sanctuaire d’Emona, Alexandra Koszelyk

Entre fantasy et sortilège, embarquer avec deux amies dans les mondes parallèles

Ne vous demandez pas si ce roman est de la littérature jeunesse, destiné aux adolescents, ou s’il est pour tous les lecteurs. Le sanctuaire d’Emona s’adresse à tous ceux qui aiment voyager dans les mondes parallèles, dans le concret et le fantastique, à ceux qui aiment rêver à des mondes meilleurs et les retrouver sous la plume des auteurs qu’ils apprécient.

Alexandra Koszelyk est de ceux-là, elle qui sait nous embarquer dans le présent et le rêve, le naturel et le surnaturel.

Séléné est une jeune fille bien dans son temps, en permanence connectée à son téléphone et accroc à ses réseaux sociaux. La meilleure photo, les like, les réactions des followers suffiraient presque à son bonheur. Il faut dire que Séléné est une enfant adoptée, ses parents ne lui ont jamais caché ses origines, ils l’élèvent en lui donnant tout leur amour mais elle reste une enfant solitaire. Et surtout, la question qui la taraude est de comprendre comment et pourquoi sa mère biologique l’a abandonnée. Peut être à cause de ce signe distinctif, un croissant de lune qui se love au creux de son poignet.

Irina est une jeune fille qui vit au contraire en décalage avec son époque, elle aime tirer les cartes et a créé elle même son tarot, elle fabrique des figurines à l’image de ceux qui l’entourent qu’elle nomme ses santons. Elle semble à l’opposé de Séléné et pourtant le hasard va les mettre toutes deux dans la même voiture en partance pour la Roumanie.

Le voyage se fera en passant par l’Italie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie. Ensuite, direction l’Australie. Un rêve va enfin se réaliser à l’aube de ces vacances scolaires qui s’annoncent sous les meilleurs auspices. Séléné embarque en compagnie de son frère Antoine et de Daria, la copine de celui-ci qui est aussi la sœur d’Irina.

Les quatre jeunes parcourent l’Italie et sont arrêtés en Slovénie par un contrôle de police intempestif. Bloqués pour quelques jours, ils sont hébergés dans une maison inconnue, accueillis par Milena, une hôtesse aussi mystérieuse qu’avenante.

A partir de là, il va leur arriver toute sorte d’événements étranges dans lesquels le surnaturel va rapidement interférer avec le réel. Les rêves récurrents de Séléné semblent même être annonciateurs de la réalité d’un monde parallèle que les deux jeunes femmes vont aborder avec courage et curiosité.

Cette rencontre d’un monde parallèle et les épreuves qu’elles vont affronter vont leur apprendre qui elles sont réellement, renforcer leur amitié naissante, et éveiller leurs sens à la force de la nature et des origines.

J’ai aimé partir à la rencontre de ces jeunes femmes d’aujourd’hui qui doivent affronter leurs démons et comprendre les leçons de ce monde parallèle. Véritable voyage initiatique, c’est une ode à la nature dans ce qu’elle a de plus intrinsèquement vivant et immuable, apprenant ainsi la vraie valeur du monde qui nous entoure et la place de chacun.

Catalogue éditeur : Collection R

Séléné n’a gardé de son passé d’enfant adoptée que son prénom et une mystérieuse marque en forme de croissant de lune au creux du poignet.
Irina prétend lire dans les étoiles, consulte sans cesse son tarot divinatoire et fabrique des santons magiques dans des écorces de bois.
L’une et l’autre n’ont rien en commun, mais lorsqu’elles se retrouvent coincées en Slovénie
dans une étrange maison dissimulée au fond d’un parc planté d’arbres centenaires, elles comprennent que leur rencontre n’est pas liée au hasard.
Des forces invisibles sont à l’œuvre, qui les poussent au seuil d’une découverte extraordinaire. De celles qui changent la face du monde.

Quand elle n’écrit pas, Alexandra Koszelyk est professeure de lettres classiques.
Son premier roman, À crier dans les ruines (Aux Forges de Vulcain, 2019), a remporté les prix du Meilleur Roman des lecteurs Points, de la librairie Saint-Pierre à Senlis, de la librairie Mérignac Mondésir, Infiniment Quiberon, Lions Club de littérature, Totem des lycéens et a été finaliste du prix Stanislas.
Le Sanctuaire d’Emona est son premier roman destiné aux jeunes adultes.

EAN : 9782221258569 / Nombre de pages : 400 / 18.50 € / Date de parution : 20/01/2022