Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel

Le roman noir des violences intrafamiliales et de leurs répercutions sur la vie d’adulte

Vivre son enfance sous le joug d’un tyran domestique violent, cela laisse des traces. C’est ce qui est arrivé à Jeanne, la petite dernière d’un famille vivant dans le canton du Valais. Sa mère a enduré les coups, les insultes, d’un époux tyrannique sans jamais chercher à fuir.

Sa sœur aînée a tout subi elle aussi, mais si elle était Sa préférée, nul ne saura vraiment ce qu’elle a vécu, si ce n’est les quelques révélations faites à sa jeune sœur, puis sa disparition, inacceptable pour les femmes de la famille qui s’interrogeront sans fin, incapables de trouver la moindre réponse à leurs questionnements.

Jeanne enfant subit les violences du père, sa brutalité quasi quotidienne envers ses filles et son épouse, qui lui laissent à jamais un goût amer et provoque en elle une antipathie physique envers les hommes. Et qui dit accepter ces violences dans l’intimité du foyer implique souvent une forme de soumission aux autres maltraitances. Celles des garçons du village, de la cour de récréation, petite fille perdue, moquée, frappée, mais toujours en mal d’amour, de signe de sympathie, d’amitié.

Alors Jeanne grandit, quitte le foyer familial, celui de tous les malheurs, de toutes les questions, pour vivre à Lausanne. Elle reviendra très peu dans son Valais natal, seulement pour y retrouver sa mère, son seul refuge. Trouvera une forme de stabilité dans l’amour, la douceur, la compréhension des femmes qui lui ressemblent parfois si peu mais qui l’attirent. Mais toujours reste en elle la douleur initiale, celle de ces violences à la fois physiques et morales qui détruisent les vies à jamais. Car il ne suffit pas de partir pour oublier, difficile de trouver une forme de résilience dans l’oubli et le silence de ce qui a été. Bien sûr, l’apaisement et la douceur sont là, mais les traumatismes du passé aussi, tapis, prêts à ressurgir au moindre moment de faiblesse.

Roman souvent glacial et perturbant lorsqu’il évoque le foyer, cette violence intrafamiliale et les silences, les mots et les gestes du père, ses colères et ses coups, tous les traumatismes de l’enfance. Émouvant aussi, puissant lorsque l’autrice évoque de deuil, l’enfance, les douleurs et les coups. Le silence des voisins, celui du médecin, sont autant de coups portés aux femmes victimes de violences. Et pourtant, j’ai trouvé difficile d’entrer en communion avec Jeanne, de la plaindre ou de la comprendre tant son personnage m’a paru froid, elle en qui la violence du père à fait sourdre une autre forme de violence, celle qui lui est indispensable pour tenir, se défendre, continuer à vivre et à exister. Une fin ouverte qui laisse tout envisager, mais surtout le pire.

Ce roman est lu par Lola Naymark. Sa voix est à la fois douce et forte, hésitante et décidée. A l’image de Jeanne qui se cherche et reste si fortement en colère tant la douleur et les blessures de l’enfance sont prégnantes, toujours vivantes en elle. Si j’ai aimé cette écoute et la voix de la lectrice, la violence qui est en filigrane du roman et qui explose à chaque chapitre le rend parfois difficile à écouter, trop d’émotion, de douleur, de doute. Et pourtant, j’avais l’impression d’être une oreille attentive aux confidences de Jeanne, d’être à ses côtés, mais incapable de l’aider ou de la sauver des réminiscences destructrices de ces violences subies.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Sabine Wespieser, Audiolib

Lu par Lola Naymark

Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence.
Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, puis à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde.
Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse.

Née en 1971, Sarah Jollien-Fardel a grandi dans un village du district d’Hérens, en Valais. Elle a vécu plusieurs années à Lausanne, avant de se réinstaller dans son canton d’origine avec son mari et ses deux fils. Devenue journaliste à plus de trente ans, elle a écrit pour bon nombre de titres. Les lieux qu’elle connaît et chérit sont les points cardinaux de son premier roman.

Sabine Wespieser : Parution : Août 2022 / 20 € / 208 p. / ISBN : 978-2-84805-456-8

Lauréat du Prix du Roman FNAC 2022

Audiolib : Parution : 18/01/2023 / Durée : 4h37 / EAN 9791035412418 Prix du format cd 22,50 € / EAN numérique 9791035412623 Prix du format numérique 20,45 €

Blizzard, Marie Vintgras

Se perdre dans le blizzard pour mieux se retrouver

Dans ce coin perdu de l’Alaska, il fait un froid à ne pas mettre le nez dehors. Pourtant Bess et l’enfant sont sortis dans le blizzard ; une minute d’inattention et Bess a lâché la main de l’enfant de Benedict. Elle part droit devant elle pour tenter de le retrouver avant le retour de Benedict. Bess est une jeune femme un peu paumée qui a débarqué dans ce coin d’hiver avec Benedict, un jeune homme taiseux, bourru, mais cependant très attachant, c’est surtout le père de Thomas.

Chacun des protagonistes révèle une partie de son histoire. Cole et Clifford, les hommes du village qui ont connu Benedict et son frère Thomas enfants ; Benedict qui n’a jamais compris pourquoi Thomas avait quitté sa maison sans espoir de retour ; Bess et ses blessures d’enfance, ses échecs, ses doutes et ses regrets ; Freeman dont personne ne sait pourquoi il a atterri dans ce trou paumé.

Dans le froid et la neige, au cours de cette quête où chacun espère retrouver l’enfant et celle qui l’a laissé partir vivants, la tension monte, des secrets se dévoilent, des liens se nouent, laissant la place à l’imagination, aux souvenirs, aux regrets, aux questionnements. Et les pièces d’un puzzle bien plus sordide qu’il ne paraissait de prime abord se mettent en place, les liens se créent, des secrets sont révélés. Dans ce huis-clos sous un ciel immense, les hommes pris dans le blizzard se retrouvent face à leurs révélations, à leurs pensées, à leurs actes.

Ce que j’ai aimé ?

La façon de présenter les personnages, de les isoler dans cette immensité blanche et glacée qui par ce blizzard devient un huis-clos oppressant, seuls face à eux même. L’écriture et le rythme, les chapitre courts qui donnent la cadence, font monter la tension, et attendre un dénouement digne d’un roman noir américain. Face au drame qui se noue, la disparition d’un enfant, les caractères, les émotions, les sentiments se dévoilent pour le pire comme pour le meilleur.

Un roman qui s’écoute d’une traite, court, cela permet de se mettre au rythme voulu par l’autrice. De nombreux thèmes sont abordés et parfois seulement suggérés par petites touches, mais toujours de façon à être compris par le lecteur en priorité, lui qui a toutes les versions, et donc toutes les clés, pour dénouer l’intrigue.

Blizzard est un roman choral dans lequel les personnages prennent la parole tour à tour. Dans cette version audio, quatre lecteurs tiennent chacun leur rôle, ce qui rend l’écoute particulièrement agréable et facilite la compréhension. Les voix sont adaptées à chacun. J’ai apprécié cette multiplicité de lecteurs. Cela donne vie à chacun, et rend l’écoute vivante et rythmée plus seulement par le blizzard, mais bien par le passé et les pensées de chacun. Cette lecture audio est ma deuxième lecture de ce roman, elle m’a permis de m’immerger encore d’avantage dans la tête de chacun des personnages principaux.

Un seul bémol à mon avis, il m’a semblé qu’il y avait des incohérences et des lacunes sur la connaissance du pays, du climat, de New-York. Mais dans cette version, les voix de chacun ont porté le texte, lui donnant une autre dimension, plus personnelle, plus intime.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

On ne manquera pas de lire les avis de Caroline Le murmure des âmes livres , Aude Bouquine , Les lectures de Claudia , Carobouquine

Catalogue éditeur : Audiolib, éditions de L’Olivier

Le blizzard fait rage en Alaska. Au cœur de la tempête, un jeune garçon disparaît.
Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

Un premier roman à quatre voix, prix des Libraires 2022.

Lu par Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille, Sébastien Pouderoux

Parution : 10/08/2022 / Durée : 3h28 / EAN 9791035410070 Prix du format cd 19,50 € / EAN numérique 9791035410308 Prix du format numérique 17,45 €

Respire, Niko Tackian

Disparaître, seconde chance ou piège diabolique ?

Avoir envie de disparaître pour continuer sa vie sans tout ce qui nous empêche d’avancer, cela vous est-il déjà arrivé ? Yohan est l’auteur d’un seul roman à succès. Depuis que sa petite amie a disparu, il ne trouve plus l’inspiration. Lorsqu’il découvre la possibilité de changer de vie pour recommencer à zéro, il n’hésite une seconde.

Yohan espère faire comme les évaporés qui au Japon disparaissent, pas toujours de leur propre gré d’ailleurs, du jour au lendemain sans jamais réapparaître. Une petite pilule bleue, tiens donc, et hop, le voilà qui change de vie. Mais si c’est bien lui qui décide de prendre cette pilule, il ne s’attendait pas à se retrouver sur une île mystérieuse au milieu de nulle part, digne des meilleurs romans de Jules Vernes.

Sur cette île sauvage, hors du temps et du monde, inhospitalière à souhait, et très peu peuplée, Yohan devient l’enquêteur Achab. Un rôle qu’il prend au sérieux car il espère ainsi trouver comment s’enfuir et affronter la réalité d’un mur qui bloque sa fuite. Car il le sent bien, chacun de ses gestes, de ses déplacements, est épié, contrôlé, ausculté, sans qu’il n’arrive à voir qui ou quoi que ce soit. Mais si les îliens qu’il rencontre ont un passé aussi étrange que leur comportement, il est loin d’imaginer la réalité qui se cache derrière les apparences.

Une première partie laborieuse, une suite qui se laisse lire, et pour couronner le tout, une fin qui m’a paru évidente, au vu des nombreux indices semés tout au long du roman. Ce ne sera décidément pas mon préféré parmi les romans déjà lus de Niko Tackain, un auteur que j’apprécie par ailleurs.

Là j’ai eu l’impression de plonger dans des intrigues déjà vues, des scénarios éculés. Il y a du Shutter island de Denis Lehane dans ces situations, on se retrouve aussi parfois non pas Under the dome, mais bien behind the wall. Ce mur qui comme le dôme de la série isole du reste du monde des vivants. L’auteur fait également de nombreuses mentions au roman Moby Dick de Melville, avec l’enquêteur Achab. Au point que j’en suis à penser, et si tout cela n’était qu’un jeu avec ses lecteurs !

Par contre, j’ai apprécié la lecture par Antoine Tomé. Il endosse le rôle d’un Yohan impliqué, attentif, impatient, hésitant, désespéré, troublé, tout se ressent dans sa voix, ses questionnements, ses hésitations, son incrédulité.

Du même auteur, je vous conseille de découvrir Fantazmë, Celle qui pleurait sous l’eau, ou Toxique.

Catalogue éditeur : Audiolib, Calmann-Levy

Le sable très blanc, l’océan turquoise. Voici ce que découvre Yohan à son réveil. Un endroit paradisiaque où il va entamer une nouvelle vie. Avoir une deuxième chance d’être heureux. Pour arriver sur cette île inconnue, il a signé avec une mystérieuse société qui promettait de le faire disparaître et d’effacer toute trace de son passé.
Les premiers jours, Yohan savoure son insouciance retrouvée. Même si peu à peu, un sentiment d’étrangeté le gagne. L’île héberge une dizaine d’habitants plus énigmatiques les uns que les autres. Pourtant les maisons abandonnées, les échoppes désertes dans les rues balayées par le vent, laissent penser qu’un jour ils ont été bien plus nombreux. Où sont passés les autres ?
Yohan veut comprendre. Mais jamais il n’aurait dû chercher à voir l’envers du décor. Car c’est bien connu, la connaissance fait voler en éclats le Paradis…

Lu par Antoine Tomé

Parution : 08/06/2022 / Durée : 7h16 / EAN 9791035409708 Prix du format cd 20,90 € / EAN numérique 9791035409852 Prix du format numérique 18,95 €

L’eau du lac n’est jamais douce, Guilia Caminito

Comment survivre à une enfance dans un milieu défavorisé au bord du lac de Bracciano

Ce roman traduit de l’italien nous ouvre les portes d’une très modeste famille romaine des années 2000. Gaïa, le personnage principal, nous compte sa vie et ses aventures de l’enfance à l’âge adulte, toujours à la première personne sans que cela ne soit jamais lassant.

Gaïa a une mère singulière, qui ose aller jusqu’à des scènes dont sa fille a honte pour tenter d’obtenir un logement décent. Un père handicapé depuis qu’il a fait une très mauvaise chute sur ce chantier sur lequel il n’a jamais travaillé. Deux frères jumeaux bien plus jeunes et trop dociles, et un aîné rebelle né d’un père différent. Elle abhorre sa vie dans la pauvreté et cette condition sociale qui la place perpétuellement en marge de la vie des autres. Ils vont vivre une grande partie de leur vie à Anguillara Sabazia, une commune située près du lac de Bracciano au nord de Rome.

Elle grandit aux côtés d’Antonia, une mère au caractère bien trempé qui en est presque caricaturale. Tout repose sur elle, et elle doit se battre contre les injustices, au-delà des conventions, seule depuis que le père est relégué au rang des accessoires. L’enfance lui fait découvrir l’injustice, l’adolescence lui colle ses complexes et l’entrée dans l’âge adulte exacerbe ses difficultés. De part son milieu social Gaïa est souvent rejetée par ses camarades, surtout lorsque Antonia souhaite l’inscrire dans des écoles pour riches. Ce rejet accentue ses complexes mais fait émerger en elle des ressources insoupçonnées.

Il faut dire que sa mère lui a inculqué l’idée que seule la beauté permet aux pauvres d’accéder au milieu des riches. Alors elle se désespère, trop maigre, trop rousse, trop plate, trop mal habillée, trop différente. Mais elle découvre peu à peu qu’elle a hérité de sa mère une farouche détermination et une intelligence qui pourraient lui permettre de bousculer son destin.

Ce récit dans lequel les lieux et les événements ont leur place reste vrai, le style est léger, rythmé, féminin, poétique parfois. L’écriture de Giulia Caminito est directe, sobre, vivante, et terriblement réaliste. Les phrases sont simples, les mots précis, les répétitions de bon goût, les énumérations jamais fastidieuses et les allégories et les métaphores bien choisies. L’adolescence, point central du roman, y est bien décrite avec ses amitiés, ses expériences heureuses ou malheureuses, ses trahisons, ses succès et ses déceptions.

Difficile parfois de comprendre la psychologie du personnage principal. On la voudrait victime, elle est rebelle et toujours en colère. L’auditeur s’attache à Gaïa malgré son caractère ni sympathique ni agréable, et imagine la suite de sa vie à la lumière de ce qu’il croit comprendre. La fin un peu trop brutale à mon goût peut décevoir tellement l’empathie pour ce personnage ambigu est forte.

J’ai aimé la voix de Florine Orphelin, à la fois posée et juste dans ses atermoiements, ses hésitations, ses révoltes et ses envies de vie meilleure. Dans sa rage aussi contre une mère qui par son obsession de réussite scolaire espère lui permettre de vivre mieux qu’elle. Il y a tout dans ce personnage, l’espoir, le doute, la violence, la rébellion, l’amour et la déception, l’amitié et le deuil, et tout cela est bien transmis à l’écoute du roman.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Gallmeister

« Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille. »

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.

Nous sommes en l’an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n’existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.

Lu par Florine Orphelin

Traduit par Laura Brignon

EAN 9791035411510 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035411381 prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 10/08/2022 / Durée : 8h54

On était des loups, Sandrine Collette

Naître père ou le devenir ?

Liam est un solitaire, les forêts, les lacs, la montagne, la chasse, c’est sa vie. Mais le jour où il rencontre Ava, l’entente est immédiate entre ces deux être pourtant dissemblables, et la belle part avec lui dans le coin retiré où il vit.

Quelques années plus tard, un petit Aru vient rejoindre le cercle familial que Liam aurait bien circonscrit au couple. Aru, c’est Ava qui s’en occupe, l’élève, le nourrit, l’éduque. Pendant que Liam part de longs jours à la chasse. Alors bien sûr, il y a ces élans du petit garçon vers le père lorsque celui ci apparaît au bout de la pairie après des jours d’absence. Mais il n’y a aucun sentiment ni émotion de la part de cet homme solitaire et taiseux. Si Liam sait être un époux, il n’a toujours pas accepté d’être aussi un père, bien que son fils ait aujourd’hui déjà cinq ans.

Un jour, à son retour d’une période de chasse, il découvre le corps sans vie d’Ava, et Aru toujours vivant, blotti sous elle. Liam n’a pas la force de continuer à faire vivre son fils dans l’univers sauvage qu’il s’est créé et qu’il n’est pas décidé à abandonner. Il part avec Aru pour le confier à un lointain parent qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Bercé par le pas des chevaux, Liam et Aru partent pour un dernier voyage ensemble avant la séparation. Mais c’est sans compter sur la réaction de l’oncle.

Alors Liam repart, et son monologue continue, fil ténu qui envahi sa tête, incompréhension, solitude, chagrin, rage, rejet de ce fils resté vivant à la mort de la mère tant aimée. Ensemble, ils devront cependant affronter la faim, la peur, la violence de l’ogre, au cours de ces jours qui transforment une vie à tout jamais.

Étonnant roman dans lequel une fois de plus, Sandrine Collette nous plonge dans la vie d’un homme en marge de la société, un solitaire qui a tout du sauvage, un homme brisé et révolté par ce que le destin lui impose.

Peu à peu, Liam va devoir écouter, entendre et comprendre cet enfant qu’il rejette de toute son âme et refuse de garder près de lui. Mais qu’elle est la vérité dans cette attitude, est-ce pour le bien de l’enfant ou pour le confort du père. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre et même à accepter l’attitude de cet homme brisé, mais si dur avec son fils, prêt à commettre l’impensable pour rester debout, pour continuer à vivre selon ses principes. Je me suis demandé si un homme pourrait réellement avoir une telle attitude. Mais qui sait, face à un choc immense, anéanti par le chagrin, les réactions peuvent être disproportionnées et incompréhensibles pour le quidam qui vit tranquillement sa petite vie confortable.

C’est un livre audio que j’ai écouté en voiture sur un trajet fait avec mon mari. Selon lui, « seule une femme pouvait avoir écrit ce roman tant la psychologie du personnage masculin parait caricaturale et peu réaliste. Comment imaginer qu’un homme intelligent et sensible aux beautés de la nature tel que décrit ici, qui aime sa femme, pourrait être amené à certaines extrémités. Les tentatives de l’autrice pour nous faire imaginer l’impensable sonnent faux. Le suspens est bien là mais difficile d’oublier ces invraisemblances ».

Un roman qui parle de nature, de violence, d’amour fou, de solitude et de questionnements sur la paternité en particulier, ce sentiment pas forcément plus naturel chez un homme que chez une femme. Mais aussi de liens familiaux, innés ou pas, place et importance de la famille, du couple, de la paternité. Sandrine Collette à l’art de décrire une nature sauvage, montagnes, lacs, animaux, parfois sans pitié pour l’homme qui souhaite toujours la dompter, mais en plaçant toujours l’Homme et ses comportements au centre.

J’ai aimé la voix de Thierry Hancisse, son rythme fluide qui coule comme les phrases apparemment sans ponctuation voulues par l’autrice. Grave, posée, rugueuse aussi parfois, une voix qui dit le doute, l’absence, la souffrance, la rage et la violence. L’auditeur, comme le lecteur sans doute, est entièrement immergé dans la tête de Liam, dans ses pensées morbides, cette tension qui sous-tend chacun de ses gestes, de ses décisions, de ses désirs. L’humanité n’est pas forcément une évidence pour l’autrice, elle sait nous le montrer et Thierry Hancisse en est le vecteur parfait, solide, sombre, fou de rage et emporté par une douleur qui domine ses réflexions et obère ses capacités de jugement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Jean-Claude Lattès

Lu par Thierry Hancisse

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.
Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Parution : 14/09/2022 / Durée : 3h58 / EAN 9791035411534 Prix du format cd 21,90 € / EAN numérique 9791035411701 Prix du format numérique 19,45 €

L’homme peuplé, Franck Bouysse

Deux hommes, une atmosphère étrange, inspiration créatrice ou secrets de famille ?

Ce roman dont le personnage principal est un auteur qui tente de se ressourcer dans un lieu isolé devient très vite addictif. L’histoire reste cantonnée comme dans une pièce de théâtre à quelques rares personnages et une unité de lieu un village rural et son hameau en hiver.

Harry cherche sa respiration, le souffle très particulier de l’écriture. Après le succès d’un premier roman, il est en apnée et s’est épuisé à chercher en vain un sujet à la hauteur de ses ambitions. De guerre lasse, il s’enfuit et achète une ferme à l’écart de tout, surtout de son quotidien. Ce lieu hors du temps devrait lui fournir le calme nécessaire pour retrouver l’inspiration, l’envie d’écrire et de créer. Il rencontre peu de monde dans ce village isolé. Sofia, une bien jolie jeune femme qui tient l’épicerie dans laquelle se retrouvent bien peu de clients si ce n’est ce consommateur charmant et assidu, son visiteur du matin. Un maire qui parait accueillant mais au comportement étrange et suspicieux. Et surtout un voisin qu’il ne voit jamais mais qu’il devine.

Caleb est le fils de la sorcière, celle qui guérit, une taiseuse solitaire, mère abusive et exigeante. Il a les mêmes pouvoirs de guérisseur que sa mère. Ils vivent en symbiose avec la nature et les animaux. Incompris du commun des mortels, tous deux vivent à l’écart du village. Lorsque sa mère décède, Caleb continue en solitaire à soigner les bêtes et à vivre au plus près de la nature. Jusqu’au jour où la belle Emma croise la route de ce garçon beau comme un dieu et tombe amoureuse. Mais Caleb se méfie des femmes, celles par qui le malheur arrive, qu’il faut éviter à tout prix. Selon les règles que sa mère s’est échinée à lui inculquer depuis sa plus tendre enfance.

Étrangement, Harry entend ce voisin discret et solitaire, mais n’arrive ni à le croiser ni à l’apercevoir. Dans le même temps, il noue une relation de plus en plus proche avec Sofia, qui ne parle jamais de sa vie privée mais l’intrigue au plus haut point. Puis avec ce chien solitaire qui vient à sa rencontre, d’abord craintif, puis fidèle et attentif.

Ce que j’ai aimé ?

La façon dont Franck Bouysse tisse un écheveau fait de relations, de solitudes, de sentiments, qu’il alterne de chapitre en chapitre et nous dévoile peu à peu. Et justement, peu à peu le lecteur comprend toute la subtilité des relations entre les différents personnages, entre les saisons contradictoires, les champs qui passent de la neige épaisse et silencieuse aux prairies verdoyantes peuplées de fantômes et de souvenirs, de violence et de mots d’amour, de rencontres manquées et de passions inassouvies.

La puissance du climat souvent extrême. La neige, le froid, et le silence des univers glacés qui cachent une nature que l’on devine seulement, sont omniprésents dans le monde de Harry et de Sofia. La beauté des prairies d’été et cette nature aussi colorée que luxuriante abritent la violence et le silence dans le monde de Caleb et Emma.

La poésie des mots pour dire la vie et la mort, la beauté et le silence.

L’écriture est belle, masculine, bien balancée et efficace. Certes il y a aussi de trop fréquentes métaphores, parfois assez ésotériques, qui n’apportent rien et pourraient paraître parfois un brin prétentieuses si l’on ne connaissait pas l’auteur. Pourtant, j’ai apprécié la façon dont Franck Bouysse est capable de rendre floue la ligne entre une certaine réalité et la fiction. Il a su une fois de plus me séduire avec cette belle écriture qui dit la beauté et l’amour, le silence le chagrin, la violence et le deuil, la vie dans ce coin à la frontière de deux mondes, de deux temporalités. Même si j’ai été troublée par le côté surnaturel de certains passages qui me paraissaient inutiles et pas forcément bienvenus. Comme si l’auteur avait hésité entre plusieurs style pour écrire ce roman et décidé d’y mettre un peu de tout. A la fin, on hésite entre la frustration d’en connaître l’issue, son coté fantastique déroutant et l’envie d’en savoir plus. Mais là réside aussi le charme de l’écrivain, nous donner à lire ce qu’il propose, ces deux temporalités dans lesquelles il nous a plongés tout au long du roman.

La lecture par Philippe Allard est vibrante, posée, à l’image de ces deux hommes, l’un si beau et si sauvage dans son isolement choisi, l’autre si perdu et si solitaire dans sa recherche d’inspiration, leur rencontre est un beau moment de poésie au plus proche de la nature. Et la voix de la mère, scandée, forte, obsédante, à l’image de cette personnalité qui se dessine de page en page bien au delà de la mort, reste en mémoire longtemps.

Catalogue éditeur : Audiolib, Albin-Michel

Lu par Philippe Allard

Harry, romancier à la recherche d’un nouveau souffle, achète sur un coup de tête une ferme à l’écart d’un village perdu. C’est l’hiver. La neige et le silence recouvrent tout. Les conditions semblent idéales pour se remettre au travail. Mais Harry se sent vite épié, en proie à un malaise grandissant devant les événements étranges qui se produisent.
Serait-ce lié à son énigmatique voisin, Caleb, guérisseur et sourcier ? Quel secret cachent les habitants du village ? Quelle blessure porte la discrète Sofia qui tient l’épicerie ? Quel terrible poids fait peser la mère de Caleb sur son fils ? Entre sourcier et sorcier, il n’y a qu’une infime différence.

Parution : 14/09/2022 / Durée : 7h22 / EAN 9791035411527 Prix du format cd 23,90 € / EAN numérique 9791035411398 Prix du format numérique 21,45 € / Date de parution 14/09/2022

La sélection des titres en lice pour le Prix Audiolib 2023

Cette année encore, pour mon plus grand bonheur, je vais participer au jury du Prix du meilleur livre audio avec les éditions Audiolib.

Mais alors, quels sont les livres dans la course pour remporter le Prix Audiolib 2023 ? Et surtout, le prix Audiolib, qu’est-ce que c’est ?

Il a été créé en 2013 et récompense chaque année le meilleur livre audio des éditions Audiolib.
Le jury des blogueurs dont je vais faire partie va devoir sélectionner les 5 finalistes après l’écoute attentive des 10 titres en lice. Ensuite, les lecteurs – vous par exemple ?- éliront leur ouvrage préféré lors d’un vote en ligne qui déterminera le lauréat du Prix Audiolib 2023.

En 2022, c’est Laura Imai Messina qui a été récompensée pour Ce que nous confions au vent, traduit par Marianne Faurobert et lu par Clara Brajtman.

La sélection 2023 :

Comme vous pouvez vous en douter, j’ai vraiment hâte de recevoir ces nouveaux titres et de les découvrir !

Et si vous voulez lire les avis des jurées qui vont partager l’aventure avec moi, voici le liens vers leurs blog ou leurs chaînes Youtube :

Les orangers de Versailles, Annie Pietri

Intrigue à la cour du Roi-Soleil

Marion est la fille d’un des jardiniers du château de Versailles. Élevée par son père depuis le décès de sa mère, elle connaît tous les secrets des plantes que se trouvent dans le parc. Dans la France de Louis XIV, nombreux sont les courtisans qui vivent à Versailles. La favorite du Roi-soleil est alors Athénaïs de Montespan. Une marquise adulée par son époux qui refuse que sa femme soit favorite du roi à la cour, mais a-t-on son mot à dire face aux désirs d’un monarque.

Le Roi fait tout pour satisfaire sa dulcinée, rien n’est trop beau pour elle. Exigeante, arriviste, jalouse de la Reine, elle choisit Marion comme demoiselle de compagnie. Et découvre rapidement que cette jeune fille n’est absolument pas quelqu’un d’ordinaire. Elle sait lire et écrire, ce qui est fort rare chez les jeunes femmes de sa condition, et elle connaît parfaitement les parfums. Elle est même capable d’en composer à la demande.

La vie n’est pas toujours facile pour les servantes de la cour du Roi, mais fort heureusement, l’amitié existe même entre demoiselles de compagnie. Il est bien doux alors d’avoir une oreille attentive à qui confier secrets et doutes. Le jour où la Montespan est malade, troublée par le diagnostic du médecin, Marion comprend vite qu’il faut ruser lorsque l’on s’adresse aux puissants. Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire et il est parfois plus sage de s’abstenir.

Fine psychologue, perspicace et douée d’un sens aigu de l’observation, Marion comprend rapidement que la Montespan se joue d’elle et complote contre la Reine. Elle trouve vite un allier en la personne du médecin. Ensemble ils vont devoir jouer très finement pour déjouer tous les pièges qui se dressent devant eux.

Un roman très agréable et une lecture parfaite, la voix de Emmylou Homs est posée, douce, rythmée, et nous fait aimer d’emblée cette jeune fille bien courageuse et si singulière.

Si l’épisode qui est évoqué ici et les personnages sont adaptés pour une lecture par des enfants à partir de 11 ans, l’intrigue est pourtant bien basée sur des faits historiques. Une bien jolie façon d’apprendre un pan de notre histoire avec l’affaire des poisons à la cours du Roi Louis XIV. Et n’allez pas croire que ce roman est pour les filles, les garçons qui l’ont écouté avec moi étaient également très intéressés. L’enquête menée par Marion et le médecin, les tentatives de la Montespan, le coté historique et la visite du Versailles de cette époque doivent y être pour beaucoup !

Catalogue éditeur : Audiolib

Marion, la fille d’un jardinier du château de Versailles, a été choisie pour servir la favorite du Roi-Soleil, madame de Montespan. La marquise est exigeante et capricieuse ; il est bien difficile de la satisfaire. Heureusement, Marion possède un don rare : elle sait créer des parfums extraordinaires qui plaisent à sa maîtresse. Mais la Montespan a plus d’un vilain tour dans son sac. Bientôt, Marion découvre qu’un terrible complot se trame contre la reine…

Lu par Emmylou Homs

Dès 11 ans / Éditeur d’origine Bayard Jeunesse / Durée 2h37 / EAN 9782367627649 Prix du format cd 13,90 € / EAN numérique 9782367627298 Prix du format numérique 12,45 € / Date de parution 12/09/2018

Le guerrier de porcelaine, Mathias Malzieu

Traverser la guerre à travers les yeux d’un enfant

Mainou vient de perdre sa mère, morte en couche alors que la famille attendait impatiemment une petite sœur. Drame de la vie qui ne devient plus du tout ordinaire quand on sait que cela se passe en zone libre, en août 1944, et que le père de Minou est engagé dans les combats. Impossible pour cet homme seul de s’occuper de son fils si jeune. Il décide donc de l’envoyer chez sa propre mère. Mais la grand-mère de Mainou habite en Lorraine, zone occupée par l’Allemagne depuis trente ans.

Débute alors pour le garçonnet un voyage clandestin hors du commun, puisqu’au lieu de fuir la zone occupée, il doit franchir incognito la ligne de démarcation pour aller se terrer en zone occupée.

Avec l’aide de son père, puis de complices, d’une cousine, de passeurs, il embarque dans le train puis sur une charrette, caché sous la paille, et arrive sans heurts à sa destination. Mais la vie à la ferme n’est pas vraiment amusante pour cet enfant qui, ne parlant pas allemand, et n’étant pas du coin, doit se cacher chaque jour. Impossible de courir, de jouer, de sortir, pendant une année entière.

Fort heureusement, il se passe malgré tout quelques aventures dans cette ferme isolée. Un cambrioleur du grenier, une voisine accorte à qui il faut apporter ses poèmes quotidiens, un oncle et une grand-mère pas si bourrus que ça, un vélo que l’on peut emprunter la nuit sans lumière, un œuf qui bientôt laissera sortir un cigogneau baptisé Marlène Dietrich, compagnon des jours de solitude, et surtout l’ombre de la meilleure amie de sa mère qui rode par là.

Ce roman, qui pourtant évoque une période difficile, est un véritable bonheur de lecture. Lors qu’il était hospitalisé et qu’il luttait pour rester en vie, Mathias Malzieu avait demandé à son père de lui raconter cet épisode pour le moins singulier de son enfance. Il a réussi par ses mots, son humanité, sa justesse, sa capacité à se mettre dans la tête d’un gamin, à nous faire rire, à nous émouvoir, nous étonner, nous bouleverser.

J’ai écouté la version audio après avoir lu le roman publié chez Albin-Michel. La voix de Mathias Malzieu est juste, attachante, posée, dansante, espiègle parfois. La musique qui rythme certains passages en allant crescendo donne une vitalité et une dynamique au texte. Une angoisse aussi, telle que devait la vivre cet enfant orphelin de mère, dont la père à également disparu, car du moins nul ne sait s’il reviendra un jour, perdu dans sa famille inconnue, adopté avec amour par les siens mais contraint au silence et aux questionnements sans réponse, au milieu de cette guerre atroce. C’est un bonheur à écouter, et pourtant il parle de chagrins, de guerre, de deuil, mais l’auteur sait faire émerger la lumière à travers le mots de Mainou qui chaque jour pose quelques lignes sur le papier, dans ces lettres qu’il écrit sans s’arrêter à la mère absente, à celle qui console, qui dorlote, qui aime et qui protège.

J’ai écouté la version audio avec mes petits-fils de sept et neuf ans, en faisant régulièrement des pauses pour expliquer certaines situations, ils ont adoré et avaient chaque fois hâte de reprendre la lecture.

Catalogue éditeur : Albin-Michel Audiolib

En juin 1944, le père de Mathias, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère, morte en couches. On décide de l’envoyer, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation, chez sa grand-mère qui a une ferme en Lorraine. Ce sont ces derniers mois de guerre, vus à hauteur d’enfant, que fait revivre Mathias Malzieu, mêlant sa voix à celle de son père. Mainou va rencontrer cette famille qu’il ne connaît pas encore, découvrir avec l’oncle Émile le pouvoir de l’imagination, trouver la force de faire son deuil et de survivre dans une France occupée.

Albin-Michel 12 janvier 2022 / Édition Brochée 19,90 € / 240 pages / EAN : 9782226470379

Audiolib Date de parution 16/02/2022 / Durée 4h35 / EAN 9791035408039 Prix du format cd

21,90 € / EAN numérique 9791035407896 Prix du format numérique 19,95 €

Les douleurs fantômes, Melissa Da Costa

L’amour, l’amitié, la vie

Rosalie et Gabriel, Tim et Anton, et Ambre reviennent à Arvieux, ce village de montagne qui les avait réunis dans un précédent roman, Je revenais des autres.

Ils ont passé des années séparés. Depuis l’accident d’Anton, Ambre n’avait plus jamais pris de leurs nouvelles. Mais aujourd’hui, Rosalie l’appelle à l’aide, Gabriel a disparu. Ambre n’hésite pas une seconde et quitte quelques jours Marc son compagnon, sa vie rangée à Lyon, son travail à la boutique, pour lui porter secours.

Cinq ans ont passé, cinq ans qu’elle n’a pas revu Tim depuis son départ de Frontignan, qu’elle n’a pas revu Anton depuis l’accident qui l’a cloué sur un fauteuil roulant, qu’elle n’est allée voir ni Rosalie, ni Gabriel ni la petite Sophinette.

Pour qui n’a pas lu le roman précédent, pas de problème, car les griefs se dévoilent peu à peu, le passé se dessine, les relations parfois compliquées se révèlent. Et l’on comprend vite que la relation entre Anton et Tim est sans doute forte, mais qu’elle est plombée par la culpabilité de Tim et son besoin d’être présent pour Anton. Qu’Ambre est heureuse avec Marc, mais qu’elle l’était tellement plus avec Tim. Replonger dans le passé ouvre les anciennes blessures, exacerbe les regrets, attise les rivalités.

Alors le lecteur suit avec attention et empathie ces jeunes gens et leur questionnements, leurs attentes, leurs espoirs, leurs certitudes pas si évidentes que ça.

Melissa Da Costa a vraiment l’art de décrire les sentiments, les situations banales qu’elle sait nous rendre vivantes, et qui du coup ne sont plus du tout si ordinaires que ça. Chaque sentiment est posé, décortiqué, pour que ses personnages avancent peu à peu dans leur histoire. Émotions, regrets, espoirs, attentes, amours déçues, révélations aux autres ou à soi-même, tout y est pour nous embarquer dans ces quelques jours d’angoisse qui se transforment en jours d’avant fêtes et de fêtes. Puisque Noël est là, et que c’est une occasion de réunir les amis, et la fin d’année est là, ce moment idéal pour faire des projets de vie. Il y a un peu de longueur à mon goût tant il se passe peu de chose et que finalement tout est terriblement prévisible. Malgré tout je dois dire que j’ai apprécié cette lecture.

La lecture par Aaricia Dubois était un vrai bonheur. Grâce à une voix douce, une aptitude à prendre toutes les intonations, j’étais sûre que Sophinette était là devant moi ! Mais aussi par sa capacité à rendre vivants chacun des personnages par son interprétation des dialogues en particulier. Une réussite et un excellent moment d’écoute.

Catalogue éditeur : Audiolib, AlbinMichel

Rosalie, Gabriel, Tim, Anton et Ambre formaient un groupe d’amis soudé jusqu’à ce qu’un drame les éloigne les uns des autres. C’est pourtant un appel au secours qui, cinq ans après, va à nouveau les réunir. Entre silences amers et regrets, ces retrouvailles vont raviver leurs douleurs fantômes et bousculer leurs certitudes : mènent-ils vraiment la vie dont ils rêvaient ?

Un rendez-vous à la croisée des chemins qui leur prouvera qu’on peut se perdre de vue, mais pas de cœur… Et qu’il n’est jamais trop tard pour changer de vie et être heureux.

Date de parution 11/05/2022 / Durée 12h10 / EAN 9791035409616 Prix du format cd 24,90 € / EAN numérique 9791035408985 Prix du format numérique 22,45 €