A la rencontre de Stéphanie Kalfon

Autour de son dernier roman Un jour ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau

Stéphanie Kalfon – Photo © Francesca_Mantovani/Gallimard

Bonjour Stéphanie,

Un jour ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau dont j’ai parlé sur le blog il y a quelques jours est votre troisième roman. J’ai adoré le premier, et je vous suis depuis. Ils sont tous très différents d’ailleurs et c’est aussi ce qui me plaît chez vous.

Dans ce dernier roman paru aux éditions Verticales le 5 janvier, une petite fille disparaît quelques heures et à son retour, plus rien ne sera jamais comme avant dans sa famille. Sa mère ne la reconnaît plus et doute chaque jour un peu plus de la réalité du lien qui l’attache à cette enfant.

Qu’est-ce qui a été à l’origine de ce sujet ? La famille, le doute, la maladie ?

Ça a été la découverte par hasard, il y a une dizaine d’années, du syndrome de l’illusion des sosies. Je faisais des recherches sur un scénario et je suis tombée sur un petit livre qui résumait une foule de maladies de manière humoristique, un peu comme des « fiches cuisine ». J’ai été sidérée en lisant la définition. J’ai éclaté de rire, puis ce rire s’est troublé ; il m’a fait capturer quelque chose de bien plus grave, au revers du drôle…ce sentiment tragique qu’éprouve la narratrice de mon roman, Emma, que j’ai observé avec le plus grand sérieux du monde. Alors, ça a été comme un appel ; la certitude qu’il y a avait là une question qui m’était posée à travers ce sujet, absolument vertigineuse. Il fallait que j’entre dans cette fiction, et que je marche sur la crête du vrai. Ma boussole, c’était le doute. Ce doute qui envahit le livre et cette famille, comme une infiltration. Parce que ce livre est avant tout un roman de l’incertitude.

Comment décide-t-on de traiter un tel sujet ? Et surtout quel est l’aspect qui vous a le plus intéressée ?

Je ne décide pas vraiment, je suis happée, hantée, dérangée, obsédée par quelque chose. D’ailleurs ce n’est jamais un sujet, c’est toujours très vague, mais saisissant. Ce qui fait que je me décide à aller voir, c’est la manière dont cette impression qui me frappe tout d’abord (qui peut se rattacher à n’importe quoi ; un sourire, une situation dramatique, un fait personnel, une lecture, une lumière, etc…) persiste. Insiste. Vient se superposer à la réalité de ma vie, entre dans mon imagination et se déploie. Un peu comme une musique, une atmosphère. Progressivement, elle est là, puis elle est encore là et toujours là, si bien que c’est elle qui décide de me faire lire tel livre, aller voir tel spectacle, parler à telle personne… elle prend la main sur mes décisions, elle me prend la main.

Ce qui m’a le plus intéressée dans cette histoire, c’est son mystère. Je savais qu’elle contenait des thématiques qui me travaillent et qu’elle pouvait me permettre d’en parler autrement. Mais chaque fois que j’y parvenais, il fallait que je décale la direction. La boussole de ce livre (qui parle de se perdre dans la nuit) était toujours décalée, son « nord » se situait en dehors des clichés. Par exemple, entre Emma et sa fille il ne s’agit pas d’un manque d’amour, mais du récit d’un amour manqué.

Avez-vous rencontré ou lu des témoignages de personnes dans ce cas, que ce soit à la place de la mère, du père mais aussi de la petite fille ?

Je me suis documentée exclusivement sur le syndrome, en lisant des témoignages et des publications scientifiques. Assez vite, j’ai eu la sensation d’avoir compris quelque chose qui me dépassait totalement. Si bien que la plus grande partie de mes recherches, je l’ai consacrée à quitter le terrain de la documentation pour entrer en profondeur à la recherche de ces échappées ; j’ai couru après l’exigence de l’authentique et du vrai, c’est avant tout sur moi que j’ai posé le regard, sur « mon moi » d’écrivain, qui se déplace dans les personnages, les temporalités, les distances, les focales, les vérités, les illusions. Je suis restée fidèle au vertige que je découvrais. Les personnages se sont trouvés en chemin, mais ne sont pas tirés de témoignages réels. Sauf peut-être Emma, qui m’a d’emblée fait penser au personnage de Mabel dans « Une femme sous influence » de John Cassavetes : son sourire, sa manière de renoncer et de vouloir à tout prix, sa solitude désolée, l’incompréhension des autres, ce qu’elle doit cacher, protéger, taire, amoindrir, imaginer pour se sauver d’un réel qui la considère déjà comme fugitive… cela m’a inspirée énormément.

Il me semble qu’il est toujours difficile de se mettre à la place des enfants, qu’en est-il pour vous ? Car Nina est présentée avec une grande finesse et justesse des sentiments qui émeut le lecteur au plus haut point.

Je trouve qu’il est difficile de se mettre à la place de n’importe quel personnage, si on vise une proximité qui ne triche pas, si on accepte de le créer et de le regarder avec ses couleurs, ses volumes, et surtout, ses défauts. Qu’il s’agisse d’une enfant ou d’un adulte, la situation dramatique d’une histoire les contraint d’une certaine manière. L’énergie de Nina, je la porte depuis longtemps. Le vrai travail, ça a été d’accepter d’aller au bout de ses désirs, de ses sentiments, même quand cela devenait cruel ; accepter de ne pas la protéger de sa mère et que toutes deux développent cette relation inouïe, inédite. C’est sa relation avec sa mère qui m’a permis de la rendre vivante : il fallait que tout soit totalement crédible, même dans la folie, même quand ça va trop loin. Mais sa mélodie est simple et stable : c’est une enfant, elle aime sa mère, elle la regarde se perdre de croire qu’elle l’a perdue, alors cette gamine est capable de tout faire pour retrouver cet amour. Absolument tout. C’est dans cette exigence que se trouvait la clé de Nina.

J’ai aimé la façon dont vous parlez de Nina, son sentiment envers sa mère, son silence, son incompréhension, cet abandon de l’amour maternel auquel elle doit faire face. Cela a-t-il été facile de parler d’une enfant et de lui faire vivre ce que vous avez décidé de lui faire endurer ?

Ça a été très difficile parce que rien, dans cette relation, n’est banal. La situation de départ est dingue : voici une mère qui cherche une enfant qu’elle n’a pas perdue. Et voici une fille qui regarde sa mère qui ne la voit plus. C’est violent, inextricable et paradoxal, car elles ne se parlent que d’amour au fond. Plus Emma cherche sa « vraie » fille sans jamais y renoncer, plus Nina mesure à quelle point sa maman l’aime et tout ce qu’elle est prête à faire pour elle. Mais c’est tragique, parce que l’enfant que sa mère veut retrouver existe seulement dans la nuit d’Emma, le passé, dans la lésion de son cerveau, en raison du syndrome dont elle est atteinte et qu’elle ignore longtemps. Nina est spectatrice passive. En théorie. Car elle ne le reste pas. Je crois que les enfants font toujours tout ce qu’ils peuvent pour changer les choses, réparer, aider, retrouver leur sécurité. Ils sont prêts à tout, même maladroitement ou de manière extrême et c’est ça qui me touche chez eux. C’est cela que j’ai cherché à montrer avec Nina : elle ne juge pas, elle ne perd jamais confiance, elle ne se décourage pas, elle essaye, et elle s’ajuste. Là où les adultes y voient un lien violent, cruel, Nina y voit une situation à traverser, à réparer. Elle ne lâchera jamais la main de sa mère. Et sa mère non plus. C’est ce qui m’a bouleversée.

Comment avez-vous fait pour être aussi près de ses sentiments ?

J’ai essayé de ne jamais m’éloigner de ce qui me dérangeait dans la vérité des sentiments traversés, et leur évolution. M’approcher et tenter d’atteindre la justesse : cela, je l’ai fait de manière radicale, obsessionnelle, c’était un pacte avec moi-même et ceux qui liraient. Le point de départ du déploiement de l’histoire est tellement extravagant, que je voulais en contrepoids (et en contrepoint) que cela soit absolument crédible, réel. Rester à ras de ce que nous pourrions tous ressentir dans la même situation : pas de spectaculaire mais entrer dans le familier, là où il se brise, justement quand il se brise. Parce que ce syndrome peut arriver à n’importe qui.

Qu’est-ce qui vous a le plus intéressée dans cette relation familiale qui s’épuise et se délite face à ce qui semble inéluctable ?

Leur résistance et leurs silences. La nuit est un registre spécial : en elle, le jour est incertain. Cette famille fait l’épreuve du vacillement de leurs repères, de leurs pensées, de leurs points d’appui, mais cela se vit intimement, dans l’inouï. Le drame a lieu dans la résonance des gestes, dans l’interstice des regards qui s’échangent ou ne s’échangent plus. Ce sont les non-dits qui les lient progressivement et prennent la place de leurs liens, qui m’ont passionnée. Cette maladie ne se guérit pas, ce qui arrive est donc inéluctable et en cela, tragique. Mais je voulais qu’ils parviennent à dépasser le tragique, à faire comme ils peuvent avec la vie. Comme nous tous.

Vous auriez pu écrire un thriller, en tout cas vous nous faites vraiment suivre cette famille, avec ses questionnement et ses doutes, à la façon d’un roman noir. Pourtant le lecteur plonge dans une intrigue bien plus profonde qu’il y paraît de prime abord.

Était-ce une évidence pour vous au départ ?

Non, au départ je n’ai aucune évidence ; et j’ai même découvert la noirceur obligatoire de cette histoire au fur et à mesure de l’écriture. Elle est évidente et pourtant, j’ai commencé par de petits détails, comme des touches de lumière, de petits pas. Ce dont j’étais conscience en revanche, c’est d’entrer dans une sorte de galerie des glaces, où la possibilité que tout soit une illusion (ou non), ronge, dévore le récit et fait vaciller sans cesse les certitudes. J’ai cherché avant tout à proposer au lecteur d’une expérience du vacillement. Qu’en lisant, tout vacille sans cesse, à cause de ce « peut-être » qui menace ce qui est posé, menace sourdement, puis de manière de plus en plus sonore. Je voulais que la pensée du lecteur, ses réflexions, le rythme de sa compréhension, ses émotions, ses impressions, ses effrois, ses curiosités, ses limites soient touchées, exactement comme les personnages de cette famille.

Comment s’est passée la genèse de ce roman ?

Longue. Dix ans. Des tâtonnements, des recherches qui se sont perdues mille fois dans le vertige ; impossible de trouver où se situait le point de vue réel de l’histoire et sa temporalité, c’est-à-dire ce qui pouvait durer vraiment tout le livre et non pas tenir en haleine et s’essouffler. Chaque fois que je trouvais une réponse, un peu plus tard, tout retombait ; la tension, l’intérêt, le sens de l’histoire cessaient d’agir ou d’avancer, électrocardiogramme plat, brutalement. Je ne comprenais pas pourquoi. Jusqu’à ce que je réalise qu’il fallait que j’écrive du point de vue du doute, qui n’est pas exactement celui d’Emma, qui est plus précis et plus vaste aussi, parce qu’il englobe les hors-champs et les autres personnages.

Avez-vous fait de nombreuses recherches sur la maladie avant d’écrire ce roman ?

Au début, j’étais partie pour étudier tout ce qui existait au monde sur le sujet. Mais j’ai « attrapé » très vite le secret de cette maladie, parce que dans son évidence étaient déjà contenus une foule d’aspects qui m’étaient familiers. J’ai eu accès à son scandale, à sa profondeur, à tout ce par quoi cette histoire peut à la fois fasciner et déranger.

Comment est-il accueilli auprès de vos lecteurs ? En tout cas pour moi qui vous suit depuis le premier je l’ai trouvé particulièrement réussi, j’étais très heureuse de le lire, j’ai eu du mal à le poser j’avais juste envie de le lire d’une traite.

Il est accueilli très joliment et je suis contente de voir qu’il parvient à ceux qui le lisent, malgré la noirceur spéciale et les aspects déroutants du sujet. A travers ce livre, je parle de choses simples et de sentiments que tous nous éprouvons : de ce qui nous lie, nous délie, nous sidère ou nous soude. Ce qui me touche, c’est la manière dont les lectrices et lecteurs s’emparent du livre et en parlent spontanément ; je trouve que ce qu’ils en écrivent ressemble au livre, comme un petit « air musical » qui circulerait de moi à eux. Comme si quelque chose de ce roman ouvrait leur envie d’écrire aussi, d’en passer par certains mots.

Quelle lectrice êtes-vous ?

Quand on est autrice, est-on aussi lectrice ? Si vous pouviez nous conseiller un roman, lequel ce serait ?

Un roman ? Un seul ? Impossible. Je peux vous conseiller le premier qui me vient en tête, La vie devant soi de Romain Gary, parce qu’en termes de cache-cache, d’illusion, d’humour tragiquement drôle, de désespoir tendre, de rythmique, de renouvellement, de panache, bref… de tout ce qui fait que certains livres qu’on lit paraissent plus urgents que la vie, c’est un auteur majeur.

Pouvez-vous nous conseiller un roman de cette rentrée littéraire mais aussi un roman plus ancien ?

Je peux vous conseiller deux romans qui prolongent notre conversation :
Dans cette rentrée littéraire, je vous conseille Une histoire du vertige de Camille de Toledo, en résonance directe avec l’expérience de lecture du vacillement.
Autre conseil : L’attrape cœur de Salinger : écrit à hauteur d’enfant, le temps d’une nuit.

Merci Stéphanie, je vous souhaite plein succès et longue vie à ce titre émouvant et surprenant.

Je vous remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Merci à vous !

A la rencontre de Clarisse Serre

« On ne peut pas être Avocate ou être Pénaliste seulement la semaine, on l’est tout le temps, on y pense tout le temps »

Bonjour Clarisse, j’ai eu le plaisir de lire ton livre, La lionne du barreau, et d’y découvrir une femme forte, pugnace, droite. J’ai aimé cette lecture qui m’a vraiment embarquée dans les coulisses de ton métier.

Acceptes-tu de répondre à quelques questions à propos de ce livre ?

Qu’est ce qui a motivé l’envie d’écrire ce livre ? Le partage d’expérience, l’envie de montrer l’exemple, ou toute autre raison ?

En 2019 Arnaud Hofmarcher et François Verdoux m’ont contactée pour donner suite à un article de presse dans lequel j’aurais dit que j’avais envie d’écrire (à vrai dire j’ai souvent beaucoup d’idées). Rendez-vous est pris dans un restaurant.

Au début j’ai cru qu’il s’agissait d’une blague. Arrivée au rendez-vous j’ai bien vu que non, je leur ai dit que je ne savais pas écrire. Ils m’ont dit nous ferons des réunions, vous nous raconterez et on écrira. Me voilà rassurée et puis, en fait, la Covid est arrivée et j’ai donc décidé de m’y mettre. J’ai dis à Arnaud que je ne voulais pas d’une autobiographie car cela n’avait aucun intérêt mais qu’en revanche j’avais envie d’écrire des petits chapitres sur différents thèmes (j’ai d’autres thèmes en tête mais qui n’ont pas été écrit, il a bien fallu s’arrêter à un moment).

Je crois que j’avais vraiment envie d’écrire mais que je ne me sentais pas légitime car je ne suis pas écrivaine. Trop de professeurs de français m’avaient dit que j’avais des idées (ça a toujours été le cas) mais que je n’avais aucun style, que c’était lourd (et j’ai parfois un complexe par rapport à l’écrit car il me semble que celui qui sait véritablement écrire c’est mon conjoint).

Mais il y a eu un autre moteur, celui d’écrire en mon nom. Des avocats avaient écrit avec des journalistes mais je me suis dis que ce n’était pas moi, que si je devais parler du livre il fallait qu’il soit moi à 100% et j’ai donc pris la plume non le clavier. Et j’ai eu carte blanche !

Comment trouve-t-on le temps (et l’envie) d’écrire avec d’un côté un métier aussi prenant, et de l’autre une vie de famille, une vie sociale ? Et combien de temps cela t’a pris, serais tu prête à recommencer ?

Le début de l’aventure a commencé en été 2019 je crois, j’ai écrit pendant la covid puis quand l’activité a repris pour nous c’était véritablement en juin 2020 et ensuite il n’y plus eu de rupture, plus eu d’arrêt, j’écrivais quand je pouvais en particulier le soir tard et le dimanche

En fait j’écrivais dans ma tête et quand je me mettais devant l’ordinateur j’ai découvert le syndrome de la page blanche ou de l’écriture qui ne vient pas ! avec les audiences le temps a manqué car en même temps j’étais sur la série pour laquelle je suis auteur.

Le coup d’accélérateur a été janvier de cette année. La couverture du livre avait été validée mais le livre n’était pas fini. Là je vais dans ma librairie habituelle Fontaine à Duroc. Ils me connaissent très bien, au bout de 10 ans  j’ai noué des liens forts avec la propriétaire Marie DO qui est citée à la fin du livre(c’est une sacrée bonne femme que j’adore, une vraie librairie, des goûts tranchés, une grande gueule j’ai beaucoup appréhendé sa lecture du livre. Il y a même eu un quiproquo ; elle a lu le livre en août et je n’avais aucun retour ; je me suis dit elle n’a pas aimé et elle ne veut pas me le dire. En fait, elle a adoré, elle a même été touchée à être émue par certains passages dont celui sur la prison). Ce samedi de janvier au moment de payer, Olivier un des libraires plutôt réservé me dit Mme serre: Sonatine et il insiste ! Là je ne comprends pas du tout, je suis à 10 000 lieux de Sonatine et il insiste. Voyant ma tête, il me dit « on a reçu le catalogue Sonatine pour la rentrée de septembre et vous êtes dedans » je le regarde incrédule et lui réponds mais le livre n’est pas fini ! Et donc là il a fallu s’y remettre, le terminer.

En mars, phase de relecture, l’aventure a connu une nouvelle étape. J’ai demandé à ma marraine Monique Risser citée à la fin, bibliothécaire à la retraite de le lire. Depuis que je suis née, elle a toujours guidé mes choix de polar notamment. Elle était bibliothécaire dans un village alsacien Ebersheim. Sans hésiter elle a accepté. Elle avait un plan en 3 phases une lecture totale pour avoir une vue d’ensemble, une deuxième lecture pour les fautes puis une troisième lecture pour relecture finale.

Je dois dire qu’elle était la première lectrice en dehors de la maison d’édition et donc son avis était crucial.

Elle est très pudique, peu démonstrative, mon opposée en somme et là le verdict est tombé. Elle m’a dit j’ai découvert le monde judiciaire que je ne connaissais pas, et au-delà finalement je t’ai aussi découvert et ne m’imaginai pas du tout ce que tu vivais.

Qu’elles ont été les réactions de tes collègues avocats, comprennent-il cette démarche, et surtout ce que cela implique de ce que tu dévoies de ta personnalité et des difficultés d’être femme dans ce milieu ?

Le livre a été très bien accueilli par le milieu je n’ai que des compliments beaucoup me disent on aurait pu écrire ce livre car tout ce que tu écris est tellement juste.

Ceux qui ne sont pas du milieu me disent que le livre rend accessible la justice, que ce que je dis est clair. Je crois que je n’en reviens pas de tous ces compliments.

Il y a les collègues, mais il y a aussi, ou surtout, les clients. As-tu eu besoin, ou envie, d’en parler avant à certains clients que tu évoques, même si c’est sans les nommer ? Si oui, comment l’ont-ils pris ?

Mme H a été d’accord pour être enregistrée et a donné son accord une fois qu’elle a relu le livre, c’est une véritable preuve de confiance. Je pensais qu’en dévoilant les fragilités cela pourrait faire fuir les clients et en fait pas du tout, il faut dire que je ne mens pas et j’essaie de faire au mieux.

Penses-tu que ce livre sera utile à d’autres ? Et si oui, pour qui et comment. Je pense en particulier à de jeunes femmes avocates qui débutent dans le métier, mais ça peut-être aussi n’importe qui d’autre. As-tu des exemples ?

Quand j’ai écrit ce livre j’avais envie de parler de gens dont on parle peu les greffiers, de thèmes #metoo, de la relation avocat /magistrats, de dire ce que je pense mais je ne pensais pas à toutes les retombées.

Ce qui est certain c’est que depuis 10 ans beaucoup de jeunes veulent exercer au pénal mais je constate qu’ils ont une méconnaissance de la réalité et donc sans vouloir les décourager je voulais leur raconter mon vécu.

On ne peut pas être Avocate ou être Pénaliste seulement la semaine, on l’est tout le temps, on y pense tout le temps.

Je pense et je l’espère que ce livre sera utile pour donner l’envie de franchir les grilles des palais de justice.

J’aime quand je vais sur les plateaux télé et qu’on me dis grâce à vous on comprend mieux et on réfléchit autrement.

Quelles sont les réactions de tes lecteurs ? Penses-tu que tu pourrais susciter des vocations ?

Je reçois des messages tellement élogieux que j’en suis gênée, tant du milieu judiciaire que du non-judiciaire. On me dit souvent que je suis un modèle et franchement ça me met mal à l’aise je n’ai aucune prétention a être un modèle. C’est absolument nécessaire qu’il y ait toujours des Pénalistes, des avocats de la défense.

Je ne veux donc pas décourager les jeunes mais juste leur dire que Pénaliste c’est une vie consacrée à la Défense sans répit.

Ce n’est pas la branche du droit dans laquelle on fait fortune mais pour moi c’est certainement la plus exaltante

Je pense qu’il faudrait demander à mon conjoint, à mes enfants car vivre avec moi n’est pas une sinécure !!!!! je suis toujours en action c’est fatigant pour eux.

Maintenant par orgueil si à Noël mon livre se trouve sous le sapin, j’en serai très fière. Je ne rechigne pas mon plaisir mais je veux surtout dire qu’on n’a rien sans rien, que le travail est une valeur cardinale de mon éducation et que mon seul regret c’est l’absence de mes parents.

Tu parles de la difficulté de ce métier, qu’est-ce qui t’a paru le plus difficile au départ ? Est-ce toujours vrai aujourd’hui avec le recul et ton expérience ?

Le plus difficile c’est de s’imposer. Cela prend beaucoup de temps

Plus qu’un métier c’est une vocation pour moi ! C’est toujours aussi difficile et cela le sera toujours car il s’agit de situation de crise, de tristesse, de douleurs.

Mais alors, si c’était à refaire, referais-tu le même métier, et de la même façon ?

Je ne sais rien faire d’autre

Merci Clarisse d’avoir accepté de répondre à mes questions, et j’espère que de nombreux autres lecteurs vont apprécier ton témoignage autant que moi.

J’espère aussi que notre expérience de l’INHESJ et surtout de l’association Féminhes va pouvoir reprendre, en tout cas elle m’a permis cette belle rencontre avec toi !

La chair de sa chair, Claire Favan

Rencontrer l’autrice et découvrir ce roman, noir et addictif

Moira fait de son mieux, mais Moira est épuisée par ses quatre boulots et ses trois enfants, difficile de tenir la tête hors de l’eau quand la petite dernière est gravement malade, que l’assurance ne paye pas les soins, que le père s’est suicidé et que l’ex mari est en tôle. Pourtant avec courage et ténacité elle essaie de contrer le zèle délétère des agents des services sociaux pour garder ses enfants auprès d’elle.

Fort heureusement il y a Peter, l’aîné du premier lit, qui s’occupe au delà du raisonnable de la fratrie pendant l’absence, la fatigue et les manques de sa mère. Jusqu’à ce moment de non retour où le drame arrive, le décès de Wendy, la petite sœur atteinte de mucoviscidose. Non pas tuée par sa maladie, mais par Nigel, son frère.

Nigel que Moria rejette sans espoir de compassion ou d’écoute, Nigel enfermé en hôpital psychiatrique afin d’évaluer son taux de responsabilité, Nigel prostré, atteint par l’horreur de son acte et la compréhension de sa pleine responsabilité. Un médecin, le docteur Bruce Thomas, va s’intéresser à son cas et tenter de tisser un lien pour faire sortir Nigel de son silence. Mais y parvenir s’avère plus complexe que prévu.

L’autrice nous entraîne vers les méandres tordus de la passion familiale, la possession, l’exclusivité que peut ressentir un enfant pour sa mère. Elle tisse peu à peu une toile dans laquelle Moira s’englue sans aucun espoir de se sauver, paralysée et aveugle. Et la lectrice que je suis ne peut que souffrir avec chacun des membres de cette famille face à tant de silence, d’incompréhension, de manipulation et de soumission. Tout en ayant envie de faire éclater la vérité. D’ouvrir les yeux, de donner un peu d’espoir, de bonheur à cette femme prisonnière de l’amour exclusif qu’elle partage avec ses enfants.

L’autrice a situé son intrigue aux États-Unis, nous permettant de découvrir avec stupeur le système carcéral américain et son implication à l’encontre des enfants criminels. Amis lecteurs, si vous n’êtes pas dans une période favorable, prière de s’abstenir de lire, car la lumière n’est pas au bout du chemin et votre moral peut s’en ressentir. Et pourtant, ce roman noir est totalement addictif.

Catalogue éditeur : Pocket

Moira O’Donnell, derrière le feu des boucles rousses et l’énergie inépuisable, est une femme qui lutte pour garder la tête hors de l’eau. Ce sont trois gamins livrés à eux-mêmes et autant de boulots cumulés pour les nourrir. Ce sont des pères absents : le premier est incarcéré pour longtemps, croit-elle, et le second s’est suicidé. C’est la solitude d’une mère de famille dure au mal qui se bat, tombe et renaît. Pour ses enfants. Et avec eux. Chaque semaine, elle achète un ticket de loterie en rêvant à une vie meilleure. Mais les services sociaux ont d’autres projets pour elle…

Née à Paris en 1976, Claire Favan travaille dans la finance et écrit sur son temps libre. Son premier thriller, Le Tueur intime, a reçu le Prix VSD du Polar 2010, le Prix Sang pour Sang Polar en 2011 et la Plume d’or 2014 catégorie nouvelle plume sur le site Plume Libre. Son second volet, Le Tueur de l’ombre, clôt ce diptyque désormais culte centré sur le tueur en série Will Edwards. Après les succès remarqués d’Apnée noire et de Miettes de sang, Claire Favan a durablement marqué les esprits avec Serre-moi fort, Prix Griffe noire du meilleur polar français 2016, Dompteur d’anges, Inexorable, et Les Cicatrices. La Chair de sa chair est son 9e roman et a reçu Le Prix Polar « Les Petits Mots des Libraires ».

Prix 7.95 € / EAN : 9782266322423 / Nombre de pages : 408 / Date de parution : 14/04/2022

Prix des cinq continents de la Francophonie, Organisation internationale de la francophonie

C’était aujourd’hui la remise des prix 2021 à Karim Kattan, lauréat du Prix des cinq continents de la francophonie pour Le Palais des deux collines (Elyzad, Tunisie) et la Mention spéciale à Miguel Bonnefoy pour Héritage (Rivages, France).

Ces prix sont de véritables étendards de la littérature francophone. Des témoins à la fois de la diversité des écrivains et de la place de leurs œuvres dans le monde. On souligne aussi la qualité des six comités de lecture (Congo, Canada, Sénégal, Belgique, France, Vietnam) qui présélectionnent 10 œuvres parmi les ouvrages concourant au Prix des cinq continents, ouvrages qui sont ensuite soumis au jury des écrivains.

Ce jury international qui est présidé par Paula Jacques (Égypte-France) et composé de Jean-Marie Gustave Le Clézio (Maurice), Lise Bissonnette (Canada-Québec), Vénus Khoury-Ghata (Liban), Liliana Lazar (Roumanie), Wilfried N’Sondé (Congo), Lyonel Trouillot (Haïti), Abdourahman Waberi (Djibouti), Jun Xu (Chine) et Karim Kattan (Palestine-France).

Créé par l’OIF en 2001, le Prix des cinq continents de la Francophonie met en lumière des talents littéraires reflétant l’expression de la diversité culturelle et éditoriale en langue française sur les cinq continents et permet de les promouvoir sur la scène littéraire internationale. Ce prix récompense des textes de fiction narratifs (roman, récit et recueil de nouvelles) mais également tout auteur d’expression française quelle que soit sa maturité littéraire.

En plus de la dotation de 15 000 euros, le lauréat est accompagnés tout au long de l’année pour assurer la promotion du roman. La dotation de la mention spéciale du jury est de 5.000 euros.

20 lauréats et 11 mentions spéciales

2021 : Karim Kattan, Le Palais des deux collines » (Elyzad, Tunisie)
Mention spéciale : Miguel Bonnefoy, « Héritage » (Rivages, France)

2020 : Béata Umubyeyi Mairesse, « Tous tes enfants dispersés » (Autrement, France)
Mention spéciale : Paul Kawczak, « Ténèbre » (La Peuplade, Canada Québec)

2019 : Gilles Jobidon, « Le tranquille affligé » (Leméac, Canada Québec)
Mention spéciale : Alexandre Feraga, « Après la mer » (Flammarion, France)

2018 : Jean Marc Turine, « La théo des fleuves » (Esperluète, Fédération Wallonie Bruxelles)
Mention spéciale : Stéfanie Clermont, « Le jeu de la musique » (Le Quartanier, Canada Québec)

2017 : Yamen Menai, « L’Amas ardent » (Elyzad, Tunisie)

2016 : Fawzia Zouari, « Le Corps de ma mère » (Joëlle Losfeld – France / Demeter – Tunisie)

2015 : In Koli Jean Bofane, « Congo Inc. le testament de Bismarck » (Actes Sud, France)
Mention spéciale : Miguel Bonnefoy, « Le Voyage d’Octavio » (Rivages, France)

2014 : Kamel Daoud, « Meursault, contre-enquête » (Barzakh, Algérie)

2013 : Amal Sewtohul, « Made in Mauritius » (Gallimard, France)

2012 : Geneviève Damas, « Si tu passes la rivière » (Luce Wilquin, Belgique)
Mention spéciale :  Naomi Fontaine, « Kuessipan » (Mémoire d’Encrier, Canada-Québec)

2011 : Jocelyne Saucier, « Il pleuvait des oiseaux » (XYZ, Québec)
Mention spéciale : Patrice Nganang, « Mont Plaisant » (Philippe Rey, France)

2010 : Liliana Lazar, « Terre des affranchis » (Gaia, France)
Distinction du jury à Naomi Fontaine (Canada-Québec) pour Kuessipan, Éditions Mémoire d’Encrier

2009 : Kossi Efoui, « Solo d’un revenant » (Le Seuil, France)

2008 : Hubert Haddad, « Palestine » (Zulma, France)

2007 : Wilfried N’Sondé, « Le Coeur des enfants Léopards » (Actes Sud, France)

2006 : Ananda Devi, « Eve de ses décombres » (Gallimard, France).
Mention spéciale : Pierre Yergeau, « La cité des Vents » (L’instant même, Québec)

2005 : Alain Mabanckou, « Verre Cassé » (Seuil, France)

2004 : Mathias Enard, « La Perfection du tir » (Actes Sud, France).
Mention spéciale : Seyhmus Dagtekin, « À la source, la nuit » (Robert Laffont, France)

2003 : Marc Durin-Valois, « Chamelle » (Jean-Claude Lattès, France).
Mention spéciale : Fawzia Zouari, « La Retournée » (Ramsay, France)

2001 : Yasmine Khlat, « Le désespoir est un péché » (Le Seuil, France)
Mention spéciale : Ahmed Abodehmane, « La ceinture » (Gallimard, France)

A la rencontre de Floriane Joseph

« La plupart du temps, je savais tout d’elle, de ce qu’elle pensait, ressentait…Et à d’autres moments, elle m’échappait »

J’ai aimé découvrir La belle est la bête, ce conte cruel et humain, avec cette héroïne attachante et courageuse qui vit au pays des monstres au visage d’homme et des princesses au visage de bête. Floriane Joseph nous parle d’aujourd’hui avec les accents d’un conte des mille et une nuit. Lorsque j’ai rencontré Floriane à la remise du Prix de la Vocation, prix pour lequel elle avait été sélectionnée, j’ai eu envie de lui poser quelques questions, et quelle chance, Floriane a accepté d’y répondre.

Vous avez écrit ce roman très singulier « la belle est la bête ». Pourquoi avoir choisi d’écrire un conte ? Et d’ailleurs était-ce réellement un choix au départ ou cela s’est il imposé à vous à mesure de l’écriture ? 

Le genre du conte s’est imposé à moi avant même que je commence à écrire. J’avais tout d’abord l’idée d’écrire un roman dont l’héroïne serait une femme défigurée à l’acide. Mais je ne savais pas comment parler de ce sujet très dur sans que le roman lui-même devienne trop sombre, voire glauque. Et soudain, j’ai regardé les affiches de cinéma au-dessus de mon lit, dont celle du nouveau film « La Belle et la Bête », avec Emma Watson, et tout s’est mis en place dans ma tête : il fallait en faire un conte !

Vous avez pris la parti de nous faire vivre ce qui arrive dans la tête de la princesse, celle qui avait tout et qui, pour une femme en particulier, perd tout, était-ce compliqué de se mettre à sa place ? 

Oui et non, c’est une question très intéressante. Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir choisi de raconter ce qu’il se passait dans la tête de Leïla, c’est comme cela que les choses se sont faites pendant que j’écrivais. J’avais l’impression de suivre Leïla partout en permanence, comme un fantôme. La plupart du temps, je savais tout d’elle, de ce qu’elle pensait, ressentait… Et à d’autres moments, elle m’échappait. Plusieurs fois, notamment lors des scènes de bal, j’avais l’impression qu’elle me regardait et me mettait au défi : je devenais alors une toute petite chose qui suivait éperdument cette princesse sans pouvoir jamais la figer, la toucher, tout comprendre d’elle.

La beauté n’est pas la seule qualité d’une femme, est-ce un message ? Regarder au delà de l’apparence ? 

Je n’ai pas vraiment voulu faire passer de message même si celui-ci est très important bien sûr. J’ai plutôt l’impression que l’écriture s’est construite au-delà. La beauté n’est pas la seule qualité d’une femme, et pourtant elle est sur valorisée par nos sociétés, a tel point que la valeur des femmes ne dépend que de leur beauté. A partir de ce constat révoltant, il s’agissait de se demander quelles étaient les conséquences pour une femme défigurée. Plutôt qu’une volonté de faire passer un message, c’était une quête pour comprendre les implications : j’avais l’impression de tirer un fil depuis une pelote de laine et d’observer le processus.

– Votre héroïne se cache derrière des masques pour arriver à ressortir dans le monde. Même si dans sa famille elle est toujours appréciée, le pas doit être difficile d’affronter l’extérieur quand tout à changé. Je pense à toute sorte de handicap et à notre regard sur les gens que l’on considère comme différents, est-ce aussi un message que vous avez voulu envoyer ? Loin de la seule beauté ou apparence, voir et accepter la différence ? 

J’ai beaucoup aimé explorer le regard des autres, la façon dont on se construit par rapport à ce regard, dont on peut en jouer (les parties sur les photos et la presse n’étaient pas prévues mais se sont insérées dans l’écriture). Et bien sûr, cela peut s’appliquer à toute forme de handicap ou de différence. C’est d’ailleurs une remarque que j’ai entendu plusieurs fois de la part de lecteurs, et je suis très heureuse qu’il puisse y avoir différentes interprétations.

On aurait pu penser que le roman allait plutôt parler de l’aspect terrorisme, enquête, répression, il est à peine évoqué, qu’est-ce qui a prévalu à ce choix ?

Je n’étais pas du tout intéressée par le système judiciaire ou par la répression dans ce roman, ce n’est pas cette histoire-là que j’avais envie de raconter. D’ailleurs, j’ai dû me forcer un peu pour écrire le peu de scènes qui concernent le procès, car elles étaient nécessaires à l’histoire. La question du terrorisme m’intéressait mais uniquement d’un point de vue humain : qu’est-ce que cet attentat fait à Leïla, au sultan, au peuple ? Comment aborde-t-on la montée de ces idées terroristes, en tant qu’être humain mais aussi en tant que personnalité politique ? Quels sont les arrangements que l’on prend avec sa conscience ? Etc

Comment vous est venue l’idée de ce roman ?

J’ai lu un article sur les femmes défigurées à l’acide en Inde et, étant passionnée depuis un moment par la question du visage, j’ai eu envie de raconter l’histoire d’une femme défigurée volontairement.

Avez vous déjà un autre en tête, ou en cours d’écriture ?

Je suis en train de corriger le prochain roman, qui sera très différent, et j’ai beaucoup d’idées pour les prochains. Je continue également d’écrire des poèmes.

Depuis quand avez vous envie d’écrire ? Est-ce quelque chose que vous avez toujours eu en vous ? 

Mes premiers souvenirs d’écriture remontent à mes 10 ou 11 ans et depuis cet âge-là, je crois que j’ai toujours voulu devenir écrivaine.

Qu’avez vous pensé quand votre roman a fait partie de sélection du prix de la Vocation ? 

C’était merveilleux ! Le Prix de la Vocation évoque pour moi Amélie Nothomb, Line Papin qui l’a obtenu pour son premier roman « L’éveil » et d’autres merveilleux écrivains. J’avais l’impression d’être invitée à marcher dans leurs pas, qu’on me donnait l’autorisation d’être pleinement écrivaine.

Quelle lectrice êtes vous ? Quel roman récent avez vous envie de nous conseiller pour nos prochaines lectures ?

J’adore lire bien sûr ! C’est parfois un peu compliqué de tout concilier avec un « vrai » travail et l’écriture en plus, mais j’essaye de lire le plus possible. J’ai récemment adoré le roman en vers libres de Clémentine Beauvais, « Décomposée » qui donne la parole à la charogne de Baudelaire.

Merci Floriane de nous avoir permis de vous connaître un peu mieux et d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

Amis lecteurs, n’hésitez pas à découvrir le roman La belle est la bête.

A la rencontre de Patrice Gain…

« Le paysage devient plus qu’un décor, il est dans l’action »

copyright : Jérémie Le Maout

Nous devions nous rencontrer en mars à Paris à l’occasion de la parution au Livre de Poche de son roman Terre Fauve. Mais la pandémie en a décidé autrement. J’ai aimé ce roman qui est aussi ma première découverte de l’auteur. Aujourd’hui, Patrice Gain a accepté de répondre à mes questions, alors venez, partons à sa rencontre.

Qui êtes-vous :

Vous êtes né à Nantes en 1961, mais vous êtes aujourd’hui professionnel de la montagne. La montagne plutôt que la mer, est-ce un choix de vie ?

Oui, absolument. Un choix de vie influencée très jeune par des récits d’aventures et de montagnes, « Les Conquérants de l’inutile » de Lionel Terray en sont un exemple. Ma passion pour les territoires d’altitudes et les grands espaces ne s’est jamais démentie. Si on m’avait mis entre les mains un livre de Moitessier, peut-être bien aujourd’hui je serais un « Vagabond des mers du sud ». On ne sait jamais vers quel ailleurs un livre peut nous conduire

Vous êtes écrivain, mais vous êtes aussi ingénieur en environnement, comment peut-on concilier les deux ?

Il faut apprendre à jongler avec  l’écriture, les obligations liées à la promotion des ouvrages, le travail, la vie sociale et la vie de famille. C’est un peu l’école du cirque…

Dans quelles circonstances avez-vous commencé à écrire ?

Je ne sais pas vraiment quand c’est arrivé. J’ai stocké pendant plusieurs années des feuillets, sans me soucier de ce que j’allais en faire. Puis un jour, je me suis dit qu’il y avait peut-être matière à en faire quelque chose.

Avant Terres Fauves, vous avez publié deux romans La Naufragée du lac des Dents Blanches et Denali. Pourquoi avoir choisi le roman, plus particulièrement le thriller, dont les codes sont, il me semble, moins libres que le roman ?

Lors d’un trajet en voiture avec Yves Bichet, je me souviens l’avoir entendu dire : « Pour écrire, il faut avoir quelque chose à dire. » J’écris avant tout des histoires que j’aimerais lire. Des histoires souvent assez noires, mais qui collent de près à la réalité, comme pour « Le sourire du scorpion », mon dernier roman. Je ne m’attache donc pas à un code, mais seulement à « ce que j’ai à dire. »

À propos de vos romans :

Vous vivez à la montagne depuis des années, est-ce pour ça que vos romans y sont en partie situés ? L’endroit où vous situez vos personnages à une importance pour l’action à venir, pour leur personnalité ou leur façon de se révéler ?

Disons que dans mes romans on croise assez régulièrement des montagnes et des hommes qui les gravissent. Ce sont des images constitutives du texte, mais pas son fondement. Quand j’écris, il me faut une histoire et un territoire, puis je pose mes personnages au milieu. Ils interagissent ensuite les uns avec les autres.

Il me semble que vous aimez la montagne et la nature, en tout cas c’est ce que l’on ressent à vous lire, par vos descriptions. Mais ce n’est pas forcément le cas de David McCae, votre héros. Et de plus, la montagne n’est pas seulement belle, elle peut être aussi dangereuse, comme la faune ou la nature en général, c’est d’ailleurs ce que vous montrez si bien dans ce roman. Pourquoi avoir choisi de placer votre héros dans une situation aussi inconfortable ? Que cherchiez-vous à prouver ?

Je ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, ni même à donner des leçons. Il y a des hommes qui vont sur la mer, d’autres qui gravissent des sommets vertigineux ou qui arpentent des déserts glacés, mais sont-ils pour autant plus apte à la vie que le citadin qui fuit ces grands espaces ? Chacun d’entre nous traîne dans ses valises ses phobies, ses rancœurs, ses peines  et ses joies…

Mes personnages cultivent souvent une forme d’ambiguïté que j’aime attiser, introspecter. J’aime étudier leur psychologie, comme la résilience de David face aux épreuves, à sa descente aux enfers et face aux hommes rencontrés, portant parfois en eux l’ambivalence du bien et du mal.

David a une conscience très forte de notre époque, ce qui lui fait dire ceci quand il rencontre les gars de Kluane Wilderness « J’ai parfois le sentiment de me trouver à un croisement de l’humanité: l’un des chemins ancre l’homme dans sa condition de prédateur et l’autre l’amène à s’en éloigner et à cultiver ce qu’il mange. » C’est très révélateur de sa personnalité.

Alors qu’il débute un peu en looser, il va finir par se révéler au fil des pages et des tonnes d’épreuves qu’il va surmonter. Est-ce une envie de lui donner une carrure à la hauteur de vos attentes, et des nôtres simples lecteurs ?

David est un citadin assez classique. Jean Cocteau disait : « La campagne, on s’y ennui le jour et on a peur la nuit ». David aurait aimé l’entendre dire ça.

Les épreuves, les personnes qu’il va croiser, lui donnent à voir le monde différemment. À se révéler aussi.

L’Alaska, dans les romans précédents le Canada ou le Montana. L’Amérique et ses grands espaces vous attirent. Y êtes-vous allé pour pouvoir les décrire aussi bien ? Comment se passe votre travail d’écriture et de recherche, je pense en particulier aux paysages qui ont une place importante, et aux superbes scènes que vous nous offrez dans Terres fauves.

Je connais effectivement la plupart des territoires dans lesquels je situe mes romans. L’immersion du lecteur dans les paysages arpentés par mes personnages n’a de sens que lorsqu’elle sert le texte. Le paysage devient plus qu’un décor, il est dans l’action.  

Depuis Terres fauves, vous avez écrit un autre roman, de quelle façon recevez-vous la parution en poche qui permet d’atteindre un nouveau lectorat, et le fait d’être sélectionné pour le prix des lecteurs ?

Très clairement, la parution de Terres fauves chez Le livre de poche donne une seconde vie à mon roman, auprès d’un autre lectorat et par voie de conséquence, plus de visibilité pour moi, l’auteur. J’ai conscience que c’est une énorme chance. Il suffit de jeter un œil à la qualité du catalogue. La cerise sur le gâteau, c’est la sélection pour le prix des lecteurs. J’en profite pour remercier le travail de Zoé Bellée, l’éditrice qui gère les collections policier / thriller chez Le livre de poche.

Quel lecteur êtes-vous ?

Êtes-vous vous-même un lecteur de thriller ? Avec des auteurs en particulier que vos appréciez, des styles, ou êtes-vous plutôt éclectique ?

Mes lectures sont très éclectiques. Il y a des tas de livres que j’aimerai lire, mais j’ai du mal à suivre le train de mes envies. Dans le registre noir et thriller, je citerai John Steinbeck, Larry Brown, Charles Williams, Jim Thompson, Kent Haruf…

Avez-vous lu un roman en particulier pendant le confinement que vous souhaitez nous conseiller ?

Vanda de Marion Brunet. Un excellent roman qui tisse la trame psychologique d’une femme en déshérence qui élève seule son fils.

Quelle va être votre prochaine lecture ?

J’ai plusieurs livres qui m’attendent, mais je n’ai pas encore fait mon choix.

Votre dernier roman, Le sourire du scorpion, est dans la première sélection du Prix Orange du Livre, une forme de visibilité bienvenue après cette difficile période de confinement. Il me semble que c’est toujours une bonne nouvelle de faire partie des sélections de Prix Littéraires, qu’en pensez-vous ?

Je confirme que c’est toujours une très agréable nouvelle, mais dans le contexte actuel, cela a un goût particulier. C’est quitter le silence d’un refuge après une période de mauvais temps et croire qu’atteindre le sommet est encore possible

Un grand merci Patrice Gain d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Maintenant, il nous reste de beaux romans à découvrir chez Le mot et le reste ou au Livre de Poche.

Retrouvez mes chroniques de Terre Fauve et de Vanda, le roman conseillé par Patrice Gain.

Partir à la rencontre de Frédéric Couderc

« Je suis une sorte d’anti écrivain voyageur… »

Yonah ou le chant de la mer le dernier roman de Frédéric Couderc est paru juste avant le confinement. Il a donc subi de plein fouet ces deux mois de silence, ni rencontre, ni salon, pour le faire connaître. Mais ce serait dommage de passer à côté de cette belle aventure humaine. Je l’ai beaucoup aimé, vous pouvez d’ailleurs retrouver ma chronique ici, j’espère qu’elle vous donnera envie de le découvrir à votre tour.

Ce qu’en dit l’éditeur : Yonah ou le chant de la mer fait le pari de l’humanité, et révèle à travers l’histoire d’une famille morcelée celle d’un pays où certains gardent encore espoir.

Frédéric Couderc a accepté de répondre à quelques questions à propos de ce roman qui nous entraine à Tel-Aviv et qui m’a totalement séduite.

Comme à chacun de vos romans, avec « Yonah ou le chant de la mer » on voyage dans un pays à travers l’histoire d’un personnage en particulier. Ici, vous nous faites découvrir la vie d’Abie Nathan. Comment l’avez-vous découvert ? Pourquoi avoir eu envie d’en parler ?

Inspiré par les fantastiques séries israéliennes du moment (Fauda, False flag, When heroes fly, Our boys, Nehama…) je cherchais mon sujet du côté de Tel-Aviv, que j’ai fréquenté il y a 20 ans, et qui me semblait incarner ce côté « montagne russe » que je recherche toujours. En fait, je suis une sorte d’anti écrivain voyageur, hostile aux lieux communs de l’exotisme, à une certaine emphase. Je me déplace de telle ville à telle ville pour retrouver des points communs entre les humains, dans le détail montrer des diversités, mais m’attarder sur les fondamentaux : les histoires d’amour, de transmission, de deuil. Si, d’ailleurs, on ne devait trouver qu’un mérite au Covid, c’est celui-ci : on se joue toujours très facilement des frontières.

Qu’est-ce qui vous a le plus attiré, le discours, l’époque, le personnage ?

Abie Nathan est le point de départ, et finalement le prétexte à ce texte. Je ne veux surtout pas être son biographe. On n’est pas du tout dans le biopic, le « d’après une histoire vraie ». C’est un roman et je me moque d’ailleurs un peu de ça en inventant un tournage, une mise en abyme. C’est un livre plus intello qu’il n’y paraît, même si je n’aurais jamais un papier dans Télérama (rires). Je n’ai pas la carte à Saint-Germain-des-Près.

Israël, pays de contradictions, de conflits, avez-vous eu besoin d’y aller pour écrire ce roman ?

Oui, bien sûr,  j’ai passé un long séjour à Tel-Aviv. Mais je ne prétends pas écrire sur Israël. Mon truc, c’est de choisir des villes en toile de fond. Pas des pays. Si Gaza se situe à quelques minutes de roquettes, Tel-Aviv n’est absolument pas une ville de conflits, au contraire, enfin, il faut lire le roman pour comprendre…

J’ai trouvé intéressante l’approche des religieux intégristes juifs, qui démontre si besoin était que l’intégrisme est présent dans chacune des grandes religions, et ses dégâts évident sur une société, sur les jeunes. Est-ce un message que vous vouliez aussi faire passer ?

Oui, j’ai visité le quartier de Mea Shearim à l’âge de 20 ans, et à l’époque les ultraorthodoxes, bien qu’ils brûlaient déjà des salles de cinéma, conservaient une forme de bienveillance dans le regard des visiteurs. Je reviens à ce romantisme, cet exotisme, qui me paraît assez dangereux. Zeev, mon héros, ne les supporte pas. L’instinct chez lui se mêle toujours à une obsession : lutter contre la loi du plus fort. Chez les ultraorthodoxes se sont les femmes et les enfants qui sont broyés.

On aime cette famille, ce couple atypique et ses deux enfants très différents. Le fait qu’ils soient aussi différents, pensez-vous que ce soit le propre de toutes les familles ? Et la complexité de les laisser vivre leur vie, alors qu’on voudrait tant leur montrer le chemin peut-être ?

Il y a dès le début cette citation de Zeruya Shalev, elle est un fil rouge au roman : je crois, oui, qu’il s’agit toujours de donner et redonner vie à nos enfants.  C’est un roman familial, comme on dit. Clairement Abie, l’activiste, est un monstre d’égoïsme chez moi, c’est bien joli de se battre pour la paix dans le monde, mais si on n’est même pas capable de se déployer pour les siens, de trouver en soi cette générosité, c’est une existence plutôt ratée je trouve… Mais là encore tout est encore dans le sous-texte. Puisqu’on parle de série, je ne vais pas me spoiler quand même… Je pense que les personnages sont assez solides, mais l’intrigue est travaillée aussi je trouve. 

Il m’a semblé, contrairement aux deux romans précédents, que la relation mise en avant est moins celle du couple que celle des parents avec leurs enfants et en particulier du père, d’abord avec son fils, puis avec sa fille Yonah.

Le roman est dédicacé à ma petite Violette. J’ai quatre enfants, c’est naturellement la chose la plus importante dans mon existence, l’aventure ultime que ça représente, avec la femme de ma vie, c’est bien plus fort, naturellement, et bien plus difficile aussi, que d’écrire un texte, faire un film. Excepté quelques génies, je suis toujours un peu gêné par celles et ceux qui placent leur « œuvre » devant tout, c’est plutôt du pur égoïsme, non ?

Pour vous, être père, est-ce naturel, une évidence, ou au contraire faut-il s’y préparer ?

Ah, les trois ! Mais surtout une réinvention permanente. Ce que fait Zeev pour Rafael, puis Yonah, dans le roman, donne la clef…

Quel message aimeriez-vous que l’on retienne de ce roman s’il ne devait y en avoir qu’un ?

Les failles et tout l’amour de la famille Stein, surtout ! Mais aussi la dimension intime du conflit israélo palestinien. Ni sioniste, ni pro-palestinien, je laisse le lecteur choisir finalement… 

Avez-vous aimé un livre en particulier pendant ces semaines confinées d’une vie comme entre parenthèse ?

J’ai détesté chaque minute de ce confinement, les réactions de la plupart de mes contemporains, sinon François Sureau et André Comte Sponville qui ont clairement énoncé mes ruminations rageuses. Écrire, c’est une réclusion volontaire, pour éprouver la plus grande liberté possible, écouter les tambours du monde. Kessel est mon modèle, imaginez-le remplir une attestation dérogatoire pour sortir à un kilomètre de chez lui ! Ma littérature est celle du contact social, du « toucher », avec Adbdennour Bidar je pense qu’en voulant sauver la vie nous l’avons dans le même temps coupée de tous les liens qui la nourrissent. Nous avons cessé d’exister pour rester en vie. Mon héros Zeev aurait été furieux. Sa femme Hélène plus mesurée. Yonah aussi et Rafael à deux doigts de péter les plombs. C’était un peu pareil chez moi… J’ajoute enfin que je ne comprends même pas ce discours « feel good book » autour d’un retour sur soi, d’une parenthèse enchantée avant un « monde d’après ». La vérité, c’est que la plupart des écrivains sont anéantis, effondrés, prêts à mettre la clef sous la porte.  

– Quel conseil de lecture aimeriez-vous nous donner ?

Pour rester à Tel-Aviv, et rire, toute l’œuvre d’Etgar Keret.

Un grand merci Frédéric pour vos réponses.

C’est toujours un grand plaisir de lire les romans de Frédéric Couderc, à votre tour de découvrir celui-ci, disponible dans toutes nos librairies. Et pour aller plus loin, Etgar Keret est publié chez Actes-Sud

Retrouvez mes chroniques de Yonah ou le chant de la mer, Le jour se lève et ce n’est pas le tien et Aucune pierre ne brise la nuit. Et du roman jeunesse Je n’ai pas trahi. Ainsi que l’entretien avec Frédéric Couderc lors de la parution du roman Aucune pierre ne brise la nuit.

A crier dans les ruines, Alexandra Koszelyk au château de Maffliers

C’était une belle soirée hier, ce diner aux chandelles du cercle littéraire de Maffliers

Là comme chaque mois depuis des années, Corinne et Jean-Pierre Tartare recevaient un auteur au Château de Maffliers. Hier soir, c’était Alexandra Koszelyk, et une belle tablée de vingt-neuf convives qui avaient tous lu le roman d’Alexandra « A crier dans les ruines publié aux éditions Les Forges de Vulcain.

Instant magique, et c’est bien Alexandra qui en parle le mieux, sur son fil Instagram :

Quand un auteur écrit, il déverse sur le papier un des nombreux mondes qu’il porte en lui, une sorte d’accouchement solitaire dont la gestation peut prendre des années.
Et puis, arrive ce miracle de la rencontre de l’autre, de ce lecteur avide d’un nouvel univers à explorer.
La magie de la littérature est là, dans ces ponts qu’elles créent entre deux imaginaires.

La magie d’écouter un auteur, mais aussi le contexte particulier qui fait que tous les participants ont lu et aimé le roman, procurent une harmonie incroyable à ces diners, chacun donne son avis, son ressenti, sa vision du roman, dans une ambiance particulièrement agréable et conviviale.

Alexandra Koszelyk a réussi un magnifique premier roman dont elle a parlé avec beaucoup d’émotion et de ferveur, l’Ukraine, Tchernobyl, ses grands-parents, la belle histoire, souvent triste, entre Lena et Ivan, et tant d’émotions impossibles à partager.

Alors si vous ne l’avez pas encore lu, courrez  en médiathèque, chez votre libraire, et découvrez ce roman.

Retrouvez mon billet de ce roman lu aussi dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois

Rentrée Littéraire 2019, Zulma

Merci aux éditions Zulma et à toute l’équipe qui travaille avec Laure Leroy pour cette présentation de la rentrée littéraire 2019…

🌞📚La canicule n’avait pas fait reculer blogueurs et blogueuses qui étaient là pour écouter les auteurs parler de leurs romans à paraître fin août et pour échanger avec eux.

🌞📚Chaque auteur, ou presque car nous ne parlons pas encore chinois, a ensuite lu un extrait de son roman, y compris quelques lignes en islandais, puis en chinois, de quoi nous mettre vraiment l’eau à la bouche 📖

📙 Hubert Haddad a présenté « Un monstre et un chaos ». Dans le ghetto de Lodz, Alter, un gamin de 12 ans qui refuse d emporter l’étoile est ? face à Chaïm Rumkowski.
L’âme yiddish dans un chant de résistance hors du commun. En librairie le 22 août.

📗 Zhang Yeuran a présenté son premier roman traduit en français « Le clou » dont elle aurait préféré avoir pour titre « cocoon » comme dans la version originale.
Deux amis, un homme et un femme se retrouvent après des années de séparation. Tous deux se remémorent la vie de leurs aïeux pendant la révolution culturelle dans un roman très contemporain. En librairie le 22 août.

📘 Audur Ava Olafsdottir à présenté son dernier roman « Miss Islande ». En 1963, Une jeune femme rêve de devenir auteur., quand tout le monde lui conseille plutôt de se présenter au concours de Miss Islande… Il n’est pas facile de faire partie des minorités et de ne pas rentrer dans ces cases toutes faites auxquelles on voudrait vous voir correspondre, et ce qu’importe où et quand ! En librairie le 5 septembre.

❤️☀️📘📚🌞📙📗🌞❤️💙☀️
Merci à toute votre belle équipe pour ces moments partagés… Et pour la rencontre avec les blogueuses et blogueurs.

Rentrée Littéraire, Stock

« Lisez! On a besoin de vous. Quelle belle injonction pour les amoureux de lecture que nous sommes !

🌞📘☕🥐 Il faisait vraiment beau ce matin-là chez Paul & Rimbaud pour la présentation de la rentrée littéraire des éditions Stock.


🌞📘☕🥐 Les femmes étaient à l’honneur, trois auteurs, dont deux primo romancières, sont venues présenter leurs romans à paraître pour la rentrée littéraire de septembre.

📘 Constance Rivière pour « Une fille sans histoire » un premier roman court qui se lit comme un souffle et fait revivre à son héroïne les semaines qui ont suivi les attentats de 2015.

📘 Romane Lafore pour ce premier roman qui parle d’Italie et de traducteurs, comme un bel hommage à la littérature

📘 Claire Berest, dont j’avais tant aimé « Gabriële » le roman écrit avec sa sœur Anne, nous a littéralement embarqués dans les pas et la vie de Frida, amoureuse de cet homme emblématique qu’est Diego Rivera avec qui elle va former ce couple mythique qui nous fait tant rêver.

Une belle rentrée, avec de nombreux autres beaux romans à découvrir à partir du moins d’août. Merci à toute l’équipe des éditions Stock pour cette matinée 💙