Nettoyage à sec, Joris Mertens

Chance, fatalité, quand tout est possible, comment faire le bon choix

François est livreur pour la blanchisserie Bianca. Il y travaille depuis des années, pas un retard, pas un jour d’absence et pourtant aucune considération ni augmentation ne vient saluer son travail et son comportement exemplaire.

Chaque jour il achète son journal à Maryvonne et joue inlassablement les mêmes numéros au loto, la chance finira bien par tourner, c’est écrit, il y croit.

Pourtant, dans cette ville qui se noie sous les trombes d’eau et la pluie incessante, il n’a qu’une chose à faire, travailler. Et former ce nouveau collège bien peu scrupuleux, un neveu de la directrice.
Jusqu’au jour où une opportunité de vie nouvelle s’offre à lui. Mauvaise ou bonne idée ? Il ne se pose pas trop de question et saisit l’occasion, trop belle.

Étrange roman graphique tout en pluie, flotte, ruissellement, sombre et lugubre à souhait même lorsque l’espoir de jours meilleurs pointe le bout de son nez. François fera-t-il le bon choix, que vient faire le hasard dans nos vies, et la fatalité.

Peu de textes, juste ce qu’il faut. Une bd découpée en chapitres qui portent les noms des différents personnages pour nous faire découvrir la vie de François et de ceux qui l’entourent. Et qui pose quelques questions intéressantes sur le hasard, la fortune et la malchance. On en ressort essoré, comme noyé sous cette pluie incessante et déprimante. Parfaitement réussi, l’auteur a su créer une ambiance de fin du monde qui glace jusqu’aux os, à la fois déprimante et touchante.

J’ai aimé ce graphisme qui déborde en pleine ou double page, ruisselle et reflète la vie dans des tonalités de noir et de rouge. La Belgique qu’on imagine parfois, où se mêlent une pluie incessante et la chaleur des humains que l’on croise chaque jour.

Catalogue éditeur : éditions rue de Sèvres

François n’a pas la vie dont il rêve. Il vit seul, dans une ville où il pleut sans cesse, et travaille depuis des années comme chauffeur dans une blanchisserie sans obtenir la moindre augmentation. Ses loisirs se résument à jouer les mêmes numéros au loto chaque semaine depuis 17 ans sans résultat, et à prendre une pinte de bière fraîche au Monico où il rencontre fréquemment Maryvonne, avec qui il aimerait nouer une relation plus intime. Une banale livraison l’amène un jour à frapper à la porte d’une grande maison … lire la suite

Date de parution : 20 avril 2022 / isbn : 9782810201709 / pages : 152 / Prix : 25.00€

Moon River, Fabcaro

Découvrir enfin l’univers singulier et décalé de Fabcaro

Dans les années 50 à Hollywood, sur le tournage d’un western, l’inspecteur doit mener l’enquête. Betty Mennuway, l’actrice qui tient le rôle phare a été agressée chez elle pendant la nuit, c’est très grave.

Le voilà arrivé sur place pour découvrir l’horreur absolue, ce dessin au feutre noir qu’un inconnu lui a fait sur la joue gauche. Enfin, pas n’importe quel dessin !
Et en plus, l’agresseur a oublié son cheval sur la scène du crime.
Commence alors une enquête minutieuse pour démasquer le coupable. D’autant que l’affaire fait la une de tous les journaux.

Totalement déjanté, en particulier avec les jeux des acteurs et les dialogues couchés sur le papier, des situations plus comiques que catastrophiques, des personnages plus farfelus que réalistes. Et en alternance quelques scènes de la vie d’un personnage qui pourrait bien être l’auteur lui-même.

Se lit vite, en prenant malgré tout le temps d’apprécier les jeux de mots et les situations décalées et suggérées. Une parodie singulière du Hollywood de l’époque des grands western parfois très caricaturaux.
C’est ma première lecture de Fabcaro, il semble que ce ne soit pas la meilleure alors il me faudra tenter les autres pour apprécier pleinement toutes les facettes de cet auteur.

Catalogue éditeur : 6 pieds sous terre

Hollywood, années 50. Au cœur de l’usine à rêves du cinéma, l’immense actrice Betty Pennyway est victime d’un crime sans précédent et particulièrement abominable. L’affaire fait la une de toute la presse et l’Amérique entière est en émoi.

La police de l’État fait appel au peu orthodoxe inspecteur Hernie Baxter pour mener cette délicate enquête qui secoue tout le petit monde du 7ème Art.

C’est une investigation sombre et mystérieuse fouillant dans les recoins les plus obscurs de la ville de Los Angeles qui s’engage, un périple aux confins de la folie qui risque bien de le mener jusqu’aux portes de l’enfer…

Date de parution16 sept. 2021 / 18 €

L’ombre des pins, Cécile Dupuis, Valérian Guillaume

L’été, les vacances en famille et les premiers émois adolescents

Cette année encore, Pablo part en vacances avec ses parents. Révisions au programme, mais aussi plage et retrouvailles avec sa grand-mère dans cette maison où il revient chaque été. Mais avouons-le, quand on est adolescent, les parents et grands-parents paraissent bien vieux et démodés, et l’on a envie de bouger, danser, sortir. Pourtant, il faut réviser et le programme est dense, alors Pablo reste là pendant que ses parents vont retrouver leurs amis.

Enfin, ça c’est sans compter sur sa grand-mère bien plus moderne et jeune qu’il n’y paraît, et qui a bien compris que la jeunesse a autant besoin de liberté et de changement que de révisions pour s’épanouir.

Alors elle pousse Pablo à aller se baigner, se promener. Au village il rencontre Carla, une jeune fille qui ne quitte jamais son appareil photo. Tout est bon pour elle, clic, clic, son œil collé au viseur, elle est très occupée à prendre des photos. Mais heureusement pour lui, elle va avoir besoin de l’aide de Pablo pour venir à bout de celles qu’elle souhaite envoyer pour participer à un concours.

Peu à peu, une belle histoire se noue entre les deux adolescents, sous le regard complaisant et tendre d’une grand-mère comme on rêverait tous d’en avoir. Dans la chaleur de l’été, la grand-mère évoque des souvenirs anciens quand les jeunes s’en créent de nouveaux. Un beau regard sur le temps qui passe, la vie à se construire, sur ce temps particulièrement privilégié des vacances d’été, avec ses rencontres mais aussi avec les relations que l’on a avec sa famille, parents, grands-parents, toutes ces choses qui font que l’on devient ce que l’on est.

L’ombre des pins est un joli roman graphique tout en couleurs ocres et dorées comme le sable et la peau des adolescents sous le soleil d’été. Qui réveille les souvenirs de nos étés passés, bienveillant et nostalgique à souhait. J’aime toujours autant le format et le papier utilisé par cette nouvelle collection, Virages graphiques.

Catalogue éditeur : Virages graphiques

Pablo passe l’été dans la maison de sa grand-mère, en bord de mer. Il connaît les lieux par cœur : été après été, il s’y est amusé et y a grandi. Mais l’enfance s’éloigne et aujourd’hui, il faut penser à l’avenir. Ses parents partis, l’été va reprendre ses droits…

Et Pablo rencontre Carla : qui est cette fille qui ne semble appréhender le monde qu’à travers l’objectif de son appareil photo ? Que cherche-t-elle à capter de ce lieu et de ses habitants ? À l’ombre des pins, dans le temps suspendu des désirs camouflés et des désirs retenus, Carla et Pablo vont se découvrir. Un récit tendre et puissant qui invite à se fonde dans le regard contemplatif de deux adolescents, à partager leurs sentiments à la fois hésitants et terriblement puissants.

Date de parution: 28 septembre 2022 / Prix: 20€ / Pages: 112 / ISBN: 978-2-7436-5773-4

JazzMan, Jop

Dans une New Story City qui pourrait être NewYork City, Tony Scrump le nouveau et jeune maire de la ville a tous les pouvoirs sur ses administrés, qu’il tient sous sa coupe grâce à des ondes diffusées par sa radio, One FM.

Il a même décidé de raser tout un quartier de la ville, et depuis il ne fait vraiment pas bon s’y aventurer. Pourtant, c’est là que se trouvaient les clubs de Jazz, l’animation et surtout la vie, la vraie, artistique en particulier. C’est là qu’arrive un peu par hasard Edward Renard par une soirée glaciale et sombre.

Dès lors, par un concours de circonstances, c’est aussi dans ces bas fonds en démolition que vont se retrouver sans vraiment l’avoir choisi Birdy Jones Carter, un saxophoniste totalement désabusé, Edward Renard, un drôle de barman qui ne sait plus vraiment d’où il vient et pourquoi il est là, et Billie, qui n’est autre que la fille de Birdy et de son ex, Lady Taylor, c’est un génie de l’électronique qui sait tout ou presque sur la propagation de ces fameuses ondes radio.
Ensemble, ils vont tenter de pirater One FM, la radio à la fréquence unique de Tony Scrump, fréquence hypnotique qui fait tout oublier aux habitants qui l’écoutent.

Et l’on retrouve pèle-mêle la nouvelle génération qui impulse la démolition des quartiers et l’expulsion de ses habitants sans aucun scrupule, et sans même les reloger, la présence de la mafia, celle des anciens musiciens de jazz des vieux quartiers, tous se côtoient pour rendre l’ensemble cohérent et attachant.

Une BD toute en noir, bleu et blanc, assez hypnotique d’ailleurs dans son graphisme et par l’impression qui s’en dégage, à l’atmosphère glacée de fin d’un monde, celui de ceux qui pensent par eux-même, vivent, jouent de la musique et aiment la vie. La couverture cartonnée et le papier sont superbes et font de cette BD un très bel objet.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Le maire Tony Scrump a hypnotisé sa ville.
Mais un trio insolite formé par un barman amnésique, un saxophoniste dépressif et une jeune prodige de l’électronique, compte bien réveiller la population.
Des décombres du Old Square aux sommets du High District. Jop signe un premier roman graphique syncopé et envoûtant.

Date de parution 02 mars 2022 / prix 23,90 €

Lettres perdues, Jim Bishop

Dans un univers mi terrestre mi aquatique, les aventures d’un petit garçon qui attend des nouvelles de sa mère

Chaque matin, Iode attend le facteur et espère qu’il sera enfin porteur d’une lettre de sa mère. Celle-ci, aviatrice, est partie depuis longtemps chercher une terre plus hospitalière qui pourrait les accueillir. Car Iode vit dans un univers où se côtoient à la fois des poissons, des requins-marteaux quelques homards et quelques pieuvres tous rescapés d’un cataclysme écologique. Les-dits poissons pouvant vivre grâces aux prothèses et technologies inventées justement par le père de Iode.

Las d’attendre, Iode décide de prendre sa 2CV pour aller directement à la poste, puisque le poisson clown facteur ne lui répond jamais. En route, il recueille Frangine, une auto-stoppeuse très silencieuse qui doit livrer une valise pour La Pieuvre, un groupe mafieux qui sévit sur l’île. Mais Frangine lui fausse compagnie dès l’arrivée en ville. Inquiet de son absence, le très naïf Iode fait appel à un poisson policier pas du tout débrouillard pour tenter de la retrouver. Tous deux s’embarquent alors dans une aventure bien plus périlleuse qu’il n’y paraît.

Un univers coloré, farfelu, déjanté, où humains et poissons vivent ensemble sur une planète frappée par la catastrophe écologique qui n’est plus seulement annoncée mais devenue bien réelle. Un texte qui parle écologie, deuil, famille, relation père-fils, amitié, solitude, ambition, partage et qui prône le vivre ensemble entre humains et animaux, en particulier avec le monde de la mer et les poissons pour le coup ici. Une fable écologique d’anticipation, mais qui parle pourtant du temps présent, à méditer, savourer.

Lettres perdues a reçu le prix de la BD lecteurs.com 2022.

Catalogue éditeur : Glénat

Comme tous les matins, Iode attend impatiemment cette lettre que le facteur tarde à lui apporter. Sûrement une blague de ce farceur de poisson-clown qui s’amuse à livrer son courrier aux voisins… Ou peut-être a-t-il simplement été égaré ? Il n’y a qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net : se rendre en ville. Embarqué dans sa petite auto vert pomme, Iode fait la rencontre de Frangine, une auto-stoppeuse au caractère bien trempé qui effectue une livraison pour le compte du mystérieux groupe mafieux « la pieuvre ». Seulement, lorsque cette dernière décide de lui fausser compagnie, le jeune garçon s’inquiète et décide naïvement de partir à sa recherche. Sans le savoir, Iode vient de mettre les pieds dans une affaire qui le placera au cœur d’un terrible drame. …lire la suite

Parution : 15.09.2021 / 22€ / Pages :  200 / EAN : 9782344043448
Prix BD Orange Lecteurs.com 2022 Prix BD France Bleu 2022

Looking for Banksy, La légende du street art, Francesco Matteuzzi, Marco Maraggi

à la recherche de l’artiste inconnu

Alors qu’il est en train de réaliser des tags la nuit dans les rues de Londres, un jeune homme est surpris par une jeune femme qui est à la recherche du mystérieux Banksy, cet artiste que nul n’a jamais vu. Elle souhaite faire un reportage sur l’artiste et sa façon de travailler. Mais ils sont tous deux arrêtés par la police et doivent faire un travail d’intérêt général qui pourrait les rapprocher de son but, nettoyer les graffitis sauvages qui dénaturent les murs de la capitale anglaise.

Voilà l’accroche de ce roman graphique dans lequel la rencontre de ces deux jeunes gens est prétexte à expliquer la carrière, ou plutôt les actions, créations, performances de l’artiste inconnu.

Car Banksy est un véritable mystère. Qui, quand, comment, pourquoi, autant d’interrogation restées encore à présent sans réponses. Est-il unique ou protéiforme ? Homme ou femme ? Anglais ou étranger ? Que cherche-t-il à démontrer en réalisant ces œuvres et coups médiatiques ? Se faire connaître ? Choquer, surprendre, réveiller les spectateurs endormis d’un système trop figé ? Ici point de réponse, mais beaucoup de questions et un intéressant tour d’horizon des actions et réalisations de Banksy.

Et après tout, à qui appartient l’art ? À celui qui le réalise, à l’acheteur, au propriétaire des murs sur lequel s’étalent fresques ou dessins ? Quelle est la durée de vie d’une œuvre, quand comme c’est ici le cas elle est réalisée sur un mur d’une ville qu’elle quelle soit ?

Banksy bouleverse l’art et les principes établis, change la donne de la propriété intellectuelle et artistique pour un réveil évident des consciences et du sens de la protection de l’œuvre artistique. Le graphisme particulièrement sombre m’a un peu gênée. Couleurs foncées et papier mat renforcent l’impression que l’on a du besoin d’anonymat de Banksy. Mais après tout c’est aussi le reflet de l’univers de Banksy, la nuit, l’anonymat, l’interdit, la non reconnaissance de l’artiste et du lien indéfectible qui le relie à son œuvre.

Une autre façon d’envisager l’art ? A l’ère des métavers et de la numérisation qui s’invite y compris dans le travail artistique, rien ne nous surprend plus. Alors si vous lisez cet intéressant roman graphique vous ne saurez pas plus qui est Bansky, mais au moins vous aurez pénétré son univers et compris en partie sa philosophie.

Catalogue éditeur : Hugo

Banksy et le street art sont au cœur de l’aventure vécue par deux jeunes gens, un tagueur amateur et une Youtubeuse, arrêtés par la police pour vandalisme. Leur punition : nettoyer les graffitis de Londres. C’est l’occasion pour eux de remonter l’histoire de ce mouvement et de sa plus célèbre incarnation, Banksy, et d’analyser les œuvres les plus marquantes de l’artiste (Girl With Balloon, Love in the Air, Can’t Beat That Feeling, The Kissing Coppers…).

Parution 15/09/2022 / ISBN papier : 9782755699708 / prix :19,95 €

Keith Haring, Le Street art ou la vie, Paolo Parisi

« Quand je serais grand je voudrais être un artiste en France, parce que j’aime bien dessiner »

Keith Haring est né le 4 mai 1958 à Reading, il décède du sida à l’âge de 31 ans le 16 février 1990, de cette terrible maladie alors trop méconnue et si longtemps injustement cataloguée et cantonnée au milieu homosexuel.

Il y a quelques années, la Tour Keith Haring, une grande fresque qu’il avait dessinée à l’hôpital Necker de Paris pour illuminer la vie des enfants malades a été rénovée. Je l’avais découverte à cette occasion. Mais bien sûr qui ne connaît pas ses personnages et surtout son « radiant baby » aussi célèbre que copié. Uniclo a d’ailleurs fait quelques belles reproductions de ses personnages colorés sur des vêtements destinés à tous les âges.

De la même génération que Jean Michel Basquiat, dans la mouvance d’Andy Warhol et des artistes des années 80, qui était réellement Keith Haring et d’où venait il ? Issu d’une famille de Pennsylvanie, frère aîné de trois sœurs, le jeune Keith a eu très tôt la frénésie de dessiner encore et encore, sur tous les supports, à tout moment.

L’ennui étant l’animation la plus répandue dans son village, on comprend vite que l’enfant, puis l’adolescent, a cherché dans l’art un échappatoire et un moyen de développer sa créativité naissante. Avec une seule idée en tête, devenir un artiste. C’est un adolescent qui se cherche et qui va trouver dans la religion, puis dans la drogue, mais surtout dans l’art qu’il explore sous toute ses formes et avec la plus grande diversité de matériaux, un moyen de s’épanouir. Arrivé à New-York en 1978, il développe sa créativité, et prend pleinement conscience de son homosexualité.

Le roman graphique de Paolo Parisi nous explique son parcours, ses rencontres, sa passion pour l’art quels que soient les supports sur lesquels il s’exprime. Métro, fresques géantes, graffitis, toiles, performances, tout est adapté à l’expression, au langage, au message qu’il veut faire passer. Et que celui-ci parle au plus grand nombre possible de spectateurs. Les années noires des nombreux décès du sida sont bien montrées, ce cataclysme qui frappe la jeunesse et les artistes des années 80. Les couleurs flashies à dominante rose, jaune et bleu restituent l’univers à la fois singulier et emblématique de l’œuvre de Keith Haring.

Catalogue éditeur : Hugo et Cie

Le premier roman graphique consacré au petit génie du street art

Paolo Parisi / 15/09/2022 / ISBN papier : 9782755699715 / 19,95 €

Céleste : Bien sûr, monsieur Proust, Chloé Cruchaudet

A la recherche de Céleste, celle qui a accompagné Marcel Proust pendant huit ans

Pendant huit ans, Céleste Albaret a accompagné Marcel Proust dans quasiment toutes les phases de sa vie, de la création et de la maladie.
Celui qui a passé tant de journées dans son lit, se levant vers 16h pour passer les nuits au Ritz ou dans d’autres lieux de plaisir, a tout exigé de cette femme qui ne savait rien faire, sauf peut être qu’elle s’adresse à lui à la troisième personne.

La jeune épouse a passé de longues journées à attendre un coup de sonnette qui lui demande de lui apporter un café, ou simplement de l’écouter, l’accompagner, d’aller porter des paquets de feuilles chez ses éditeurs, d’accueillir les visiteurs, d’écouter les doléances, de répondre au téléphone et enfin, de coller les corrections, ces multitudes de petits papiers qui rendaient fous ses éditeurs et que l’on a pu voir lors de l’expo consacrée à l’écrivain au musée Carnavalet ou à la galerie Gallimard à Paris.

J’ai aimé le graphisme utilisé par l’autrice, et ces couleurs pastels dans les tonalités de vert, mauve, noir sont tout à fait surannées mais parfaitement bien adaptées à l’histoire qui nous est contée.

Tout sa vie, Céleste a vécu avec le souvenir de sa rencontre avec Marcel Proust. Elle a accepté de l’évoquer vers la fin de sa vie, lors d’entretiens enregistrés qui permettent de mieux cerner la personnalité de l’écrivain et la relation étrange qui l’a lié à Céleste.

Catalogue éditeur : Delcourt Soleil

À l’occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust, ce diptyque, signé Chloé Cruchaudet, repose sur une structure en miroir et s’intéresse au lien qui unit Céleste Albaret et l’écrivain de génie.
Grâce à de multiples sources, Chloé Cruchaudet tisse le portrait dévoué et passionné de Céleste Albaret, gouvernante et parfois secrétaire de Marcel Proust jusqu’à sa mort, en 1922. Elle révèle leur lien, l’écrivain sous toutes ses aspérités, l’atmosphère d’une époque et les dessous de la construction d’une fiction. Monde réel et monde fantomatique s’entremêlent pour nourrir ce sublime diptyque.

scénariste, Illustrateur, coloriste Chloé Cruchaudet

Collection Noctambule bd / EAN 9782302095700 / Nombre de pages 116 / 18€95 / Paru le  15 Juin 2022 / Prix RTL Juin 2022

Le peintre hors-la-loi, Frantz Duchazeau

à la rencontre d’un artiste méconnu à la folie dévastatrice

Et si c’était tout simplement ça, la Terreur. Celle des hordes qui parcourent le pays pour tuer sans discernement nobles et ouvriers, gens de cour et subordonnés. Lorsqu’en 1793 le roi Louis XVI meurt sur l’échafaud, nombreux sont également ceux qui perdent la vie ces années là. C’est dans ce contexte que Lazare Bruandet, peintre naturaliste porté autant sur la bouteille que sur la bagarre doit fuir la ville.

Mais suite à un coup de sang et une jalousie mal placée, au retour de chez sa maîtresse il défenestre sa compagne. Il ne trouve de salut que dans la fuite à l’abri de cette campagne qui l’a vu grandir. Déjà difficile du temps de son enfance, la vie y est devenue périlleuse. Sa maison est en ruine, il se réfugie alors chez les moines à qui il finira par apprendre à se défendre contre les milices. Mais aussi à l’auberge où la servante accorte se prend d’amitié pour lui, admirative du travail du peintre.

Partout c’est le chaos. On échappe aux milices pour tomber au mains ou sous les coups de l’armée ou des pillards. Il faut se défendre, mais il faut aussi survivre. C’est ce que fera le peintre dans les forêts qu’il affectionne, lui l’artiste spécialiste de la nature, amoureux de ces paysages qu’il peint à l’envi. Rien ne lui fait peur, cet artiste alcoolique au mauvais caractère a cependant une certaine dextérité à manier l’épée et les armes autant que ses pinceaux.

L’ensemble est porté par un graphisme brut, sombre, fait de peu de traits affinés ou précis, mais plutôt d’une sombre représentation à l’image de cette époque si dangereuse pour ceux qui l’ont connue. Une forme de folie émerge de ces dessins, de ces pages parfois denses et sombres, d’autre fois plus lumineuses, à l’image de l’artiste tout en excès et en fulgurance.

Si le personnage a réellement existé, et si sa folie et son amour de la peinture naturaliste sont bien réels, l’auteur lui a créé une enfance à la hauteur du personnage. Car il semble qu’il a réellement tué sa compagne et fuit dans la forêt de Fontainebleau, poussé par une forme de folie autodestructrice qui transparaît à chaque page. Le peintre parisien joue par ailleurs un rôle décisif dans le développement de l’art du paysage. Il est en totale rupture avec le cadre institutionnel de son époque avec sa pratique de la peinture en plein air dans les forêts environnant Paris.

Quelques œuvres de Lazare Bruandet (1755-1804) peintre français du XVIIIe siècle et paysagiste méconnu.

Catalogue éditeur : Casterman

1793. Louis XVI est condamné à mort tandis que la France est frappée par la Terreur, une véritable guerre civile qui met le pays à feu et à sang. Fuyant la capitale pour trouver refuge à la campagne, un écorché vif au regard inquiétant louvoie dans la forêt. C’est un étrange peintre que voici, dont le nom résonne comme un couperet : Lazare Bruandet a des gestes un peu fous, le verbe haut et le coup d’épée tranchant.
Tiraillé par des souvenirs d’enfance douloureux, hébergé par des moines qui lui demandent de l’aide, Lazare tombe sous le charme d’une jeune aubergiste. L’homme a bien du mal à se retirer de ce monde dont la violence et la bêtise l’agressent, et pour tenter de s’y soustraire, il peint la nature qui le fascine, sans souci d’académisme et de postérité vis-à-vis de son œuvre…

Scénario : Duchazeau, Frantz / Dessin : Duchazeau, Frantz / Couleurs : Drac Parution le 03/03/2021 / ISBN : 978-2-203-20277-1 / Pages : 88 / 20€

Je serais là, À la vie, l’homme étoilé

Une superbe découverte, l’émotion est au rendez-vous

Infirmier en centre de soins palliatifs, l’homme étoilé nous livre ici un message empli d’amour et d’humanité.
Il le fait avec humour, beaucoup de douceur et de réalisme, et toujours une grande pudeur, même lorsqu’il évoque ces moments où celle de ses malades est bien mise à mal par des personnels un peu trop déshumanisés par le quotidien, le stress, les habitudes.

Apprendre à aider, écouter, soutenir autant que guérir et soigner est le maître mot des différentes scènes décrites dans chacun de ces deux volumes.
Les mots bien sûr, mais aussi les silences, la musique, les regards et les sourires valent parfois bien plus que les pilules ou les traitements en tous genres, surtout lorsque l’on est dramatiquement conscient que sa fin est proche.


Les avez-vous lus ? Pas encore ?
À emporter dans vos bagages, à lire, à faire découvrir, c’est beau et ça fait du bien, même si parfois le réalisme de certaines scènes fait émerger quelques souvenirs et vous fait venir des larmes au bord des yeux.

Catalogue éditeur : Calmann-Levy

Avec Roger, l’Homme étoilé met une claque à la maladie sur les sons endiablés des tubes de Queen. Avec Mathilde, il apprend à parler le suédois, Edmond lui lance un véritable défi gastronomique et Nanie finit par l’adopter, en parfaite nouvelle grand-mère.

Dans ce roman graphique plein d’humanité, émouvant et drôle, l’Homme étoilé, l’infirmier aux plus de 1OO OOO abonnés sur Instagram, raconte la vie aux soins palliatifs avec douceur, pudeur, amour et humour.

EAN : 9782702167328 / Prix en euros TTC: 16.50 € / Pages : 192 / Format : 175 x 209 mm / Parution : 08/01/2020 / EAN numérique: 9782702167267 / Prix Numérique: 9.99 €