Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, Fondation Cartier

« Voici ma terre, ma mer, celle que je suis »

La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition personnelle de l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori hors de l’Australie

Sally Gabori est venue à la peinture très tard. Pour ses « sans doute » 80 ans, puisque les dates de naissance sont assez approximatives, elle découvre la couleur et l’expression artistique dans le centre d’art de Mornington, près de son epad. Elle va peindre pendant un peu moins de quinze ans près de 2000 toiles, jusqu’à son décès en 2015.

Rapidement elle passe au grand format, plus propice à exprimer ce qu’elle désire. Car elle ne fait pas de l’art abstrait, mais bien du figuratif. Elle représente sur les immenses toiles les endroits de l’île Bentonck, ou l’île Morninton voisine, dans le golfe de Varpentarie au nord de l’Australie. Mais aussi les membres de sa famille. Il faut savoir que dans le peuple kaiadilt auquel elle appartient les personnes sont nommées en fonction de leur lieu de naissance. C’est donc bien de ses proches qu’elle parle lorsqu’elle peint les lieux de leur naissance.

Alors que son peuple ne possédait aucune tradition iconographique, Sally Gabori invente une nouvelle forme d’expression et invite sa famille ou ses amies à la rejoindre pour réaliser certaines œuvres.

J’ai adoré les couleurs, les tonalités, les ensembles composés de plusieurs tableaux qui se répondent. La technique qui peut paraître simple est cependant très élaborée puisque Sally Gabori travaille selon la technique alla prima, c’est-à-dire avant que la couche inférieure soit sèche, pour faire muer les couleurs qui se marient pour rendre ces tonalités si particulières et ces jeux de transparence. Elle qui n’utilise que des couleurs pures excelle autant dans des couleurs pastel et douces que dans le blanc ou les couleurs vives.

Les salles de la fondation Cartier sont tout à fait adaptées à l’exposition de ces formats gigantesques, la visite est très agréable et la lumière diffuse une belle chaleur sur ces immenses aplats de couleur.
Sally Gabori née vers 1924 est décédée en 2015.

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 bd raspail Paris 14
Exposition jusqu’au 6 novembre.

Un jardin en Australie, Sylvie Tanette

Deux femmes, une passion et la magie d’un jardin en Australie

Dans les années 1930, Ann a quitté Sydney. Contre l’avis de sa famille, elle a suivi l’homme qu’elle aime dans l’Outback australien. La famille de Justin a fait fortune grâce à l’exploitation de la bauxite dans la cité minière de Salinasburg. L’Australie est encore aujourd’hui le premier producteur de bauxite au monde.

De nos jours Valérie et Frédéric, deux jeunes français qui se sont rencontrés en Australie décident de s’installer à Salinsaburg, dans ces mêmes Territoires du Nord qui s’étendent sur plus de 1 300 000 km². Ils ont le coup de foudre pour une vieille maison abandonnée, celle de Ann et Justin, et pour son jardin asséché et envahi d’herbes folles et de ronces.

Frédéric est médecin. Après ses études en art contemporain, Valérie est embauchée pour organiser le salon d’art contemporain de la région. Cette région dans laquelle on trouve de nombreux artistes et galeries d’Art Aborigène.

Le roman alterne les récits de ces deux femmes attirées l’une après l’autre par cette terre rouge en apparence si hostile. L’une est portée par l’envie de créer un jardin enchanteur dans ces contrées arides, l’autre a décidé de se consacrer à l’art aborigène en réalisant ce festival d’art contemporain sur ces mêmes terres. Chacune à sa façon rêve de se réaliser. Mais cette émancipation n’est pas sans conséquences pour ceux qui les entourent et qui leur sont les plus proches, Justin pour Ann et Elena pour Valérie.

Ann hante toujours cette maison qui était toute sa vie. Il y a une certaine poésie dans sa façon de transmettre sa singularité, sa force et son amour de la nature à Valérie et à sa petite Elena. Un roman qui parle d’amour et de transmission, de vie et de passion.

J’ai aimé l’évocation des traditions aborigènes, tant dans les croyances évoquées face aux tragédies qui ponctuent la vie d’Ann, qu’aujourd’hui à travers le respect de ces traditions et la mise en avant par Valérie de l’art aborigène, ce bagage culturel qui se transmet de génération en génération depuis des millénaires, grâce à la mise en avant d’artistes contemporains.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche et Grasset

Deux femmes se racontent depuis cet endroit que les Aborigènes nommaient « le lieu d’où les morts ne partent pas ».

Au début des années trente, en Australie. Contre l’avis de sa famille, Ann choisit de suivre son mari dans un bourg reculé du centre du pays. Là, en bordure de désert, elle conçoit le projet insensé d’entourer sa maison d’un verger luxuriant.
Soixante-dix ans plus tard, une jeune Française, Valérie, crée dans la même région un festival d’art contemporain. Sur un coup de tête, elle s’installe avec son compagnon dans une maison délabrée mais pleine de charme, cachée au fond d’un enclos envahi de ronces, et y attend bientôt un enfant. Alors qu’à trois ans la petite Elena ne parle toujours pas, Valérie, inquiète, décide de faire revivre avec elle ce qui reste du jardin d’Ann…

168 pages / Prix : 7,20€ / Date de parution : 29/04/2020 / EAN : 9782253934127

Grasset : Format : 134 x 205 mm / Pages : 180 / EAN : 9782246818403 Prix : 16.90€ / EAN numérique: 9782246818410 prix : 11.99€