L’ange de Munich, Fabiano Massimi

Enfin lever le voile sur le décès mystérieux de la nièce d’Hitler

En 1931, à Munich, Angela Raubal est retrouvée morte dans sa chambre fermée à clé de l’intérieur, avec un pistolet Walther PPK tombé à ses côtés. Tout semble prouver qu’il s’agit d’un suicide. Mais le commissaire Siegfried Sauer et son adjoint Helmut Forster sont sommés de mener l’enquête, enquête confidentielle qu’ils se doivent de boucler en 8 heures chrono.

Pourquoi ?
Parce qu’Angela Raubal n’est pas simplement une belle jeune femme dynamique et lumineuse. C’est aussi et dans ce cas on pourrait même dire c’est avant tout la nièce d’Adolf Hitler, la personnalité montante de ces années 30. Sa petite protégée dont il est le tuteur, mais dont il semble être bien trop proche pour que ce soit tout à fait honnête. Il ne faut donc pas que cette mort fasse des vagues pour ne pas interférer dans l’ascension du parti.

Mais l’enquête va s’avérer bien plus complexe et délicate que prévu. Les témoins sont bien silencieux, ou suspicieux. Les amis et les collègues ne sont pas très fiables, et durant cette période si particulière de l’après première guerre mondiale et d’ascension sournoise du nazisme, il faut se méfier de tout le monde. Car le parti fait de plus en plus d’adeptes et le sentiments sont parfois très divergents y compris au sein des familles.

Inspiré d’une histoire vraie, ce roman est un excellent rappel de cet entre deux guerres si caractéristique qui a vu l’ascension inexorable du parti Nazi sans que personne en Allemagne ou en Europe ne bouge le petit doigt. Différents personnages, les Hess, Goering, Himmler ou encore Heydrich dont on sait que la plupart ont réellement existé, apparaissent froids, déterminés, calculateurs et déjà fidèles au Furher. Pourtant, j’avoue avoir été parfois déstabilisée par le côté presque humain que l’auteur a donné à ces hommes dont chacun a compris depuis la puissance dévastatrice, à travers les douleurs qu’ils ont engendrées et les horreurs dont qu’ils ont pu commettre par la suite. Difficile alors de les considérer comme de simples hommes au service d’une cause, fidèles à un parti, soucieux du bonheur d’Hitler ou de sa nièce.

Comme souvent je n’avais regardé ni les chroniques, ni la 4e de couverture avant d’écouter ce roman. Et je ne connaissais pas ce fait divers. Aussi mes interrogations ont-elles été nombreuses, fiction, réalité ? Fabiano Massimi a bel et bien déterré une histoire vraie avec le décès brutal et inexpliqué de cette jeune femme de vingt trois ans. En bibliothécaire averti, il a su où chercher, et trouver, les documents indispensables à son enquête. Du coup j’aurais presque aimé un peu pus d’informations historiques à la fin du roman, même si celles qui sont données permettent déjà de mieux comprendre les mentalités de l’époque.

J’ai trouvé cette lecture tout à fait passionnante, avec un lecteur convaincant et à la hauteur du rôle qui lui est attribué. Celui de Sauer, le commissaire sincère, juste, mais tellement seul face au pouvoir qui peu à peu occupe toute la place.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2022

Catalogue éditeur : Albin-Michel, Audiolib

À Munich, en 1931, Angela Raubal, 23 ans, est retrouvée morte dans la chambre d’un appartement de Prinzregentenplatz. À côté de son corps inerte, un pistolet Walther. Tout indique un suicide et pousse à classer l’affaire.
Sauf qu’Angela n’est pas n’importe qui. Son oncle et tuteur légal est le leader du Parti national-socialiste des travailleurs, Adolf Hitler, alors en pleine ascension. Les liens troubles qui les unissent font d’ailleurs l’objet de rumeurs.
Détail troublant : l’arme qui a tué Angela appartient à Hitler.
Entre pressions politiques, peur du scandale et secrets sulfureux, cet événement, s’il éclatait au grand jour, pourrait mettre un terme à la carrière d’Hitler. Et faire du commissaire Sauer, chargé de l’enquête, un témoin très gênant.

Lu par Nicolas Matthys Traduit par Laura Brignon

EAN 9791035406530 / durée 14h04 / Prix du format cd 25,90 € / Date de parution 15/09/2021

Les vulnérables, Mémona Hintermann

Revenir aux origines pour comprendre le combat sans fin pour la liberté des femmes

Momine n’a jamais compris le désamour de sa mère Amélie de Kerveguen envers elle et ses autres enfants. Issue d’une famille très pauvre, elle passe son enfance entourée de sept frères et sœurs vivants, d’autres enfants n’ayant pas survécu à la pauvreté et à la violence. Mais elle n’a jamais connu ni les bras ni les caresses de sa mère. Pour comprendre d’où vient cette indifférence elle revient sur son île de La Réunion interroger la mémoire des anciens. Ce sera le seul moyen de savoir et d’arrêter ces cauchemars peuplés de serpents qui la terrorisent.

Oskar son époux apprend un lourd secret au décès de Sybille, sa propre mère. Il doit découvrir qui est cette mystérieuse sœur dont Sybille lui parle dans une lettre posthume. Il part de son côté à la recherche des souvenirs dans cette Silésie qui a subit de plein fouet les horreurs de la débâcle allemande.

Si la vie de couple pèse autant à Momine, si Oskar ne sait pas comment lui dire à quel point elle compte pour lui, ils espèrent que ce retour vers leur passé pourra les aider à se retrouver et à enfin connaître la sérénité.

Ce que j’ai aimé ?

Découvrir et suivre deux mondes, deux familles, deux temporalités pour panser les plaies du présent. Deux univers, pour faire entendre la douleur des femmes premières victimes de la guerre ou de la pauvreté à travers leur seul bien inaliénable, leur corps. Par le viol, les tortures, les violences de toutes sortes, elles ont été et restent les premières à souffrir de ce que leur infligent les hommes. Des souffrances parfois bien trop intimes, cachées, qu’il faut arriver à déceler pour mieux comprendre l’histoire de celles qui ont également eut un rôle dans la grande Histoire.

Largement inspiré de la vie de l’autrice et de son mari, ce roman qui parle des femmes de leur enfance se lit d’une traite tant il y a de force dans ses personnages. Un roman très dense, parfois trop peut-être, tant il nous assène de vérités qu’ il faut entendre et enregistrer en se disant que la lutte est sans fin pour l’égalité et la liberté des femmes et des petits filles.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Sur Terre, la vie d’Amélie fut une histoire de silence qui hurle.

Sa fille, Momine, ne peut plus vivre sans savoir pourquoi sa mère ne la serrait jamais dans ses bras, pourquoi à ses yeux ses enfants portent une salissure que seule la mort peut effacer. Elle retourne sur son île, La Réunion, fait parler les anciens. Sa seule issue pour en finir avec ses cauchemars, et peut-être renouer avec son mari, Oskar, de qui elle s’est éloignée.
Hasard de la vie ? Oskar se retrouve confronté lui aussi à un terrible secret, celui que sa mère lui révèle dans un journal intime légué à son décès. Il remonte le temps, plonge en pleine débâcle allemande quand, adolescente, elle fuit la Silésie sous la menace des troupes russes.
Le couple résistera-t-il à la vérité qui surgit : la lumière n’est rien sans l’obscurité, et inversement…

Mémona Hintermann, journaliste, reporter de guerre et présentatrice de journal télévisé, livre dans ce roman un récit intime, inspiré de son propre parcours. Avec force et poésie, elle interroge le legs des générations qui nous précèdent et la place des femmes dans la grande Histoire.

Parution : 26/08/21 / Prix :18.95 € / ISBN : 9782749947167

A l’ombre des loups, Alvydas Slepikas

Découvrir les enfants-loups, un épisode peu glorieux de l’après seconde guerre mondiale

Après la débâcle de l’armée du Reich, l’armée Rouge investit la Prusse-Orientale. Elle est sans pitié pour les populations qu’elle chasse vers l’ouest. Le discours qui était tenu aux soldats soviétiques afin de les encourager était alors « Tuez tous les allemands. Et leurs enfants aussi. » (Ordre de l’état-major soviétique 1945-1946).

A la frontière avec la Lituanie à partir d’avril-mai 1945, femmes et enfants allemands souffrent de faim et de froid, ils risquent leur vie à chaque instant. Impossible pour les familles de rester ensemble, souvent les mères ont été réquisitionnées pour travailler, les pères ont disparu. Des milliers d’enfants, souvent orphelins, doivent trouver par eux-mêmes le moyen de survivre, malgré la grande famine qui sévi alors. Ils sont connus sous le nom de Wolfskinder ou enfants-loups. Ils n’ont qu’un espoir, atteindre en prenant le train ou en passant par les forêts la Lituanie tout proche, se proposer dans les fermes, travailler et quémander pour ne pas mourir de faim.

Heinz est un de ces enfants. Il a déjà franchi la forêt, il est de retour avec un peu de nourriture pour sa famille, ses sœurs, sa mère, et l’amie de celle-ci. Mais les soldats sans pitié rodent, il doit repartir. Tout comme ses sœurs qui tenteront à leur tour de survivre en s’enfuyant. Seuls le plus souvent, car impossible d’accueillir plusieurs enfants, ni de leur donner à manger. Les Lituaniens ne sont pas très accueillants, et lorsqu’ils le sont, ils craignent tant de déplaire au régime soviétique et d’être envoyés en Sibérie, que leur aide est parcimonieuse. Alors Heinz, comme Renate à son tour,  devra errer de maison en maison. Ils deviennent cette main d’œuvre corvéable à merci qu’ils offrent en échange d’un repas, d’un morceau de pain, d’un abri. Puis il faut reprendre la route et marcher de village en village, seul, loin des siens, sans espoir de les retrouver un jour.

Ce roman qui met en lumière cet épisode bien sombre de l’après-guerre tient presque du mauvais et dramatique conte de fées. De ceux auxquels on ne veut pas croire et qui font frissonner de terreur. Une fois de plus s’il était besoin de la démontrer, les enfants sont affamés, exploités, parfois violés ou assassinés, souffrant de froid, de manque d’éducation, les premières victimes de la guerre et de la folie des hommes.

Dans ces années 46/48, pas moins de 200 000 femmes et enfants ont été dépossédés de leurs fermes, de leurs biens, laissés dans un état de dénuement extrême. Une bonne moitié décédera de froid et de dénutrition. Près de 30 000 enfants ont vécu cette horreur, pris en étau entre l’armée soviétique et la famine.

Catalogue éditeur : Flammarion

Traduction (Lituanien) : Marija-Elena Baceviciute

Alors que la Seconde Guerre mondiale vient de s’achever, femmes et enfants allemands sont exposés à l’avancée de l’armée soviétique victorieuse en Prusse-Orientale. Dépossédés de leurs biens, craignant pour leur vie, ils endurent la faim et le froid, tandis qu’autour d’eux tout n’est plus que désolation. Leur unique espoir est de gagner la Lituanie voisine pour trouver à se nourrir : malgré la menace omniprésente des soldats russes, certains enfants décident d’entamer le périlleux voyage. La forêt sombre et inquiétante devient alors l’un des seuls refuges de ceux que l’Histoire appellera les « enfants-loups ».

Dans ce roman bouleversant, Alvydas Šlepikas fait revivre plusieurs de ces destinées en s’inspirant du témoignage de deux survivantes. À ce terrible hiver, dont on sent presque la morsure du froid, il prête une poésie et une beauté aussi inattendues que fascinantes, qui confèrent à ce livre une force irrésistible.

Alvydas Slepikas est dramaturge, scénariste et metteur en scène. Il a déjà publié plusieurs recueils de poésie et dirige la rubrique littéraire de l’hebdomadaire Literatura ir menas. À l’ombre des loups (Flammarion, 2020) est son premier roman.

Paru le 08/01/2020 / 240 pages / ISBN : 9782081458017 / Prix : 19,00€

La terre invisible, Hubert Mingarelli

Un texte court d’une étonnante sobriété, La terre invisible d’Hubert Mingarelli, le roman que l’on ne lâche pas avant la fin

Dans l’Allemagne de 1945 un photographe de l’armée britannique assiste à la libération des camps de concentration. Choqué, il n’arrive pas à quitter le pays et décide de partir photographier les habitants dans la campagne environnante. En faisant cela, sans savoir ni comment ni pourquoi, il tente de déceler sous leur banalité une raison à leur comportement. Car comment des hommes ordinaires ont-ils laissé faire les horreurs qu’il vient de découvrir. Hanté tout au long du récit par les visions d’horreur qu’il a eues à la découverte des camps de concentration, le photographe cherche des réponses au pourquoi et comment tant de monstruosité, à cette complicité passive de tout un peuple.

Il sera accompagné par O’Leary, un jeune soldat anglais arrivé sur le front à la fin de la guerre et dont on comprend rapidement qu’il porte lui aussi ses propres failles intérieures. Ils partent au hasard, à la recherche de réponses à la fois à ces interrogations et à leurs propres traumatismes, à la recherche de la terre invisible.

Avec des personnages qui ont tout de l’anti héros et sans aucun évènement marquant pour émailler leur route, malgré des conditions historiques exceptionnelles et propices aux agissements extra-ordinnaires Hubert Mingarelli propose un récit à la fois épuré, presque silencieux, et absolument émouvant. Cette écriture d’une grande sobriété interroge sur la nature humaine et sur les incompréhensions que provoquent certains actes dans des circonstances exceptionnelles.  La terre invisible est par essence de ces romans qui infusent lentement et restent en mémoire longtemps après avoir refermé le livre.

citation :

« Attendez, on na pas tout vu. Ça commence à arriver. Dans des fosses à la mitrailleuse, des milliers. L’Ukraine, c’est un cimetière. Et qui les creusait ces fosses ? « 
Il se tut, et dans un murmure :
« Alors pendant qu’ils creusaient à quelle vitesse battaient leurs cœurs ? »

D’Hubert Mingarelli, lire également L’homme qui avait soif.

Des romans de cette rentrée littéraire qui évoquent la seconde guerre mondiale, je retiens en particulier Le temps des orphelins, de Laurent Sagalovitsch

Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

En 1945, dans une ville d’Allemagne occupée par les alliés, un photographe de guerre anglais qui a suivi la défaite allemande ne parvient pas à rentrer chez lui en Angleterre. Il est sans mot devant les images de la libération d’un camp de concentration à laquelle il a assisté.
Il est logé dans le même hôtel que le colonel qui commandait le régiment qui a libéré le camp. Ayant vu les mêmes choses qui les ont marqués, ils sont devenus des sortes d’amis. Un soir, le photographe expose son idée de partir à travers l’Allemagne pour photographier les gens devant leur maison. Il espère ainsi peut-être découvrir qui sont ceux qui ont permis l’existence de ces camps. Le colonel met à sa disposition une voiture et un chauffeur de son régiment. C’est un très jeune soldat qui vient d’arriver et qui n’a rien vu de la guerre.
Le photographe et son jeune chauffeur partent au hasard sur les routes. Le premier est hanté par ce qu’il a vu, et le second est hanté par des évènements plus intimes survenus chez lui en Angleterre. Le roman est ce voyage.

Parution : 15/08/2019 / Format : 11,5 x 19,0 cm, 192 p. / 15,00 € / ISBN 978-2-283-03224-4

Spirou, L’espoir malgré tout. Émile Bravo

Une BD qui reprend les codes classiques du genre pour le plus grand bonheur des amateurs et de tous les amoureux de Spirou.

Ce tome 1 de Spirou, L’espoir malgré tout, un mauvais départ, écrit par Émile Bravo commence à Bruxelles en janvier 1940. La Belgique est neutre dans ce conflit international qui frappe pourtant à ses portes. Spirou, le jeune Groom du Moustic hôtel se trouve bien désœuvré dans cette ville où plus personne ne vient. Fantasio quant à lui s’est engagé dans l’armée belge.

Spirou reçoit une lettre de son amoureuse allemande Kassandra. Elle est prisonnière des soviétiques qui veulent la renvoyer dans son pays, elle la juive qui s’était exilée comme tant d’autres pour fuir le régime nazi. Puis il rencontre un peintre juif allemand, Felix, et sa femme Felka, avec qui il sympathise. Il découvre avec eux la situation dramatique des juifs. C’est le moment que choisit Fantasio pour réapparaitre, dans sa tenue militaire, lui qui semble aussi perdu que les troupes en déroute…

Fuite des populations, invasion de la Belgique par les Allemands en 1940, réquisition du Moustic hôtel par les armées anglaises ou françaises, puis par les allemands, réactions des populations, qui passent de l’incrédulité au déni, de la passivité à la collaboration. Tout cela est évoqué avec subtilité et sans concession.

Le trait, évocateur du passé et d’anciennes BD, et en même temps plutôt moderne dans son rythme, est porté par des dialogues plutôt actuels, le tout fait de cette BD un véritable plaisir de lecture.

💙💙💙💙

Catalogue éditeur : Dupuis

Janvier 1940. Un hiver particulièrement rude s’est abattu sur Bruxelles. Alors que tout le monde attend avec appréhension l’arrivée imminente de la guerre, Fantasio s’est engagé dans l’armée belge. Dans la forteresse d’Ében-Émael, il est impatient d’en découdre et ne doute pas une seconde que les armées française et britannique écraseront l’armée allemande…

Quant à Spirou, il est toujours groom et continue de vivre le plus normalement possible. Sa rencontre avec Felix, un peintre juif allemand dont les nazis ont jugé l’œuvre « dégénérée », et Felka, sa femme, va lui faire découvrir la « question juive » et la complexité de la situation internationale.

Quand la guerre éclate, Fantasio cherche à servir la patrie le plus héroïquement possible. Spirou, lui, essaye de comprendre la complexité de la situation à travers des rencontres avec des personnages profondément humains et tente de se rendre utile en étant fidèle à ses valeurs.

 Age du lectorat : 9+ / Parution le 05/10/2018 / 88 pages en couleurs / Hauteur : 320 mm / Largeur : 240 mm / ISBN: 9782800160986 / PVP : 16.50EUR

Toutes les histoires d’amour du monde, Baptiste Beaulieu

Un roman plein d’émotion, de tendresse et d’amour.…

Baptiste Beaulieu est un médecin qui soigne autant les âmes que les corps… avec ce roman, il nous fait pénétrer l’intimité de sa famille.
La relation entre Jean, le narrateur, et Denis, son père, est difficile depuis une discussion entre les deux hommes… Pourtant, un jour Denis vient trouver son fils. Il est dépité, affolé, déçu. Au décès de Moïse, le grand-père, il a découvert au fond d’une vieille malle un secret trop lourd pour lui… Denis cherche refuge et soutien auprès de Jean, lui expose ses découvertes et sa stupéfaction, son incompréhension et son chagrin profond en découvrant cet homme qu’il ne reconnait pas, ce père si peu aimant, si peu enclin aux gestes d’affection.

Car Moïse le taiseux a caché un lourd secret pendant une vie entière… Moïse est un homme du nord, né à Fourmies en 1910, il perd son propre père à la guerre. Marié un peu trop jeune, il est amoureux fou de Hennie, une jeune allemande qui passe ses étés au village. Alors qu’il est détenu en Allemagne comme PG (Prisonnier de guerre), il retrouve Hennie à Cologne. Après la guerre, il rentre en France…

Chaque 3 avril depuis 1960, Moise écrit une lettre à une mystérieuse femme qu’il nomme affectueusement sa petite Anne-Lise. Dans ses lettres, il reprend le fil de sa propre histoire, de sa vie, depuis sa naissance et jusqu’à la veille de sa mort. Cet homme qui a traversé la guerre sait que ses jours sont comptés et que jamais il ne reverra sa petite souris, sa Lisette. Il se raconte, il explore les méandres de sa mémoire, de son cœur, de ses sentiments.

Alors commence pour Jean la retranscription des lettres découvertes dans le grenier avec les quelques souvenirs auxquels tenait ce grand-père:des lettres, une boite en fer blanc, une photo, une bible… Et peu à peu l’histoire de Moïse se dévoile, ponctuée d’incursions dans le présent, quand l’auteur évoque son travail de recherche, ses rencontres, sa relation avec son propre père, sa découverte de ce grand-père si méconnu, si peu connu, si mal connu…

A la fois catharsis pour Denis, qui à travers ces mots, ces pages, ce vécu, peut enfin entrevoir ce qu’ont été cette vie, ces amours, ces aspirations qu’il n’a jamais décelés dans les regards, les gestes ou les sentiments de son père, et traitement pour le fils qui aide son père et s’en rapproche, tant qu’il est encore temps… Alors même les mots de Hennie, arrivés de si loin, sont comme un cataplasme sur un cœur souffrant, sur des émotions,des sentiments qui ne savent pas s’exprimer mais qui pourtant sont bien présents.

C’est un beau roman, c’est une belle… et triste histoire. Et cette recherche n’a toujours pas abouti pour retrouver cette petite souris…Alors toi, lecteur, ici, là, ou là-bas, par-delà les océans, si tu connais cette Anne-Lise Schmidt, à Cologne, aux États-Unis, ou ailleurs sur terre, contacte vite Baptiste Beaulieu ! Toutes les histoires d’amour du monde, un livre qui fait du bien, à ne pas manquer !

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020

Catalogue éditeur : Mazarine et Le Livre de Poche

Lorsqu’il découvre dans une vieille malle trois carnets renfermant des lettres d’amour, le père de Jean sombre dans une profonde mélancolie.

Jean, lui, tombe des nues : Moïse, son grand-père, y raconte toute l’histoire de sa vie. Plus incroyable encore, Moïse adresse son récit à une inconnue : Anne-Lise Schmidt.
Qui est cette femme ? Et surtout qui était-elle pour Moïse ? Comment quelqu’un de si chaleureux et sensible dans ses lettres a-t-il pu devenir cet homme triste et distant que père et fils ont toujours connu ?
Naviguant entre les grands drames du XXe siècle et des histoires d’amour d’aujourd’hui glanées dans une tentative éperdue de faire passer un message à son père, Jean devra percer le lourd secret d’un homme et lever le voile sur un mystère qui va chambouler toute une famille…

Romancier et médecin, Baptiste Beaulieu est l’auteur de plusieurs best-sellers, Alors voilà : les 1001 vies des Urgences (prix France Culture « Lire dans le Noir »),  Alors vous ne serez plus jamais triste (Prix Méditerranée des lycéens 2016),  La Ballade de l’enfant gris (Grand Prix de l’Académie française de Pharmacie). Son blog Alors Voilà compte plus de8 millions de visiteurs. Il est également chroniqueur chez Grand bien vous fasse, sur France Inter.

Parution : 17/10/2018 / EAN : 9782863744475 / Pages : 480 / Format : 138 x 215 mm

Le Livre de Poche 448 pages /Date de parution: 29/01/2020 / EAN : 9782253240785 / Prix : 8,40€

La disparition de Josef Mengele. Olivier Guez

Olivier Guez nous entraine dans les ténèbres, à la suite de Josef Mengele, le chirurgien d’Hitler, l’un des plus grands criminels nazis qui a échappé à la traque de l’après seconde guerre mondiale,  réfugié comme tant d’autres en Amérique du Sud.

DomiCLire_la_disparition_de_josef_mengeleOlivier Guez livre un roman-récit sans concession sur le parcours de Mengele, le terrible chirurgien, médecin dans le camp de concentration d’Auschwitz. Ici, l’auteur ne s’attarde pas tant sur les exactions dramatiques de ce nazi convaincu que sur les longues années de sa fuite à travers un continent. On se souvient d’avoir lu ou vu des articles de journaux, des reportages, les procès, de ces hommes traqués jusqu’au fin fond de l’Amérique du Sud, en Argentine, Bolivie, Paraguay ou au Brésil, tant de pays conciliants et accueillants pour les criminels nazis. Puis ces pays, souhaitant intégrer à leur tour la ronde des puissants, ont enfin accepté de ne plus cacher ces criminels poursuivis par Israël, le Mossad, Simon Wiesenthal et tant d’autres.

Né en 1911,  l’ange de la mort, Josef Mengele, fait preuve tout au long de sa vie, d’un cynisme, d’une dureté à nul autre pareille. Lui le savant, le chercheur, qui obéit aux ordres et fait tout pour atteindre la perfection biologique de la race arienne, prônant une politique eugéniste active, est capable du pire sur ces humains qui lui permettaient de pratiquer in vivo ses expériences abominables sur les jumeaux, les nains, les difformes et tant d’autres. Le bourreau d’Auschwitz sélectionne et envoie à la mort sans aucune pitié à leur arrivée au camp les bien-portants comme les malades, les infirmes comme les fous, épargnant momentanément ceux qui deviendraient le terreau de ses recherches anthropologiques et génétiques.

Olivier Guez suit le parcours et la fuite de Mengele – et de tant d’autres-  vers cet eldorado sud-américain qui le protège et où ils se sont retrouvés entre eux pendant de longues années, soutenus et financés par les industriels restés en Allemagne, et qui malgré leurs activités pendant la guerre, vont faire prospérer leurs entreprises. Marchands de machine outils pour les agriculteurs et paysans, la famille Mengele prospère et envoie de l’argent pour aider Josef.

Fuyard protégé sous de fausses identités, parfois sous son propre nom, Josef Mengele est accueilli d’abord par Perón qui ferme les yeux sur l’horreur, faisant venir à lui les savants et les chercheurs qui vont l’aider à créer un monde nouveau, puis par les diasporas allemandes nostalgiques du troisième Reich. De l’Argentine au Brésil en passant par le Paraguay, trente ans de fuite, de cavale, de peurs, de soutiens, sans jamais rien changer à ses idées, celles qui prônent la suprématie de la race supérieure, celle de ses recherches pour le bien de son pays, de l’obéissance, du devoir. Jusqu’à la fin, Mengele n’aura aucun remord du travail accompli, et mourra en 1979, sans avoir jamais rendu de comptes pour son action.

La disparition de Josef Mengele a également pour intérêt de nous replacer dans le contexte si particulier de l’après-guerre, avec la fuite de nombreux criminels nazis vers des pays plus que conciliants d’Amérique du Sud, mais aussi avec le développement économique et la prospérité des familles restées en Allemagne, de ces marques qui perdurent encore aujourd’hui, et de cette façon qu’ont certains de fermer les yeux quand l’intérêt d’un état est en jeu. Quel livre ! quel parcours terrible ! Si j’ai longtemps cru que Mengele avait été arrêté et jugé, comme tant d’autres, j’aurais trouvé indispensable qu’il rende compte de ses forfaitures.

Parce qu’il ne faut jamais oublier, lire également le roman Hadamar d’Oriane Jeancourt-Galignani, sur la mise en place du programme Aktion 4 qui visait l’extermination des adultes handicapés physiques et mentaux pour … débarrasser l’Allemagne des poids inutiles et dispendieux.

💙💙💙💙💙


Catalogue éditeur : Grasset

1949  : Josef Mengele arrive en Argentine.
Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz  croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant  ?
La Disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.

Parution : 16/08/2017 / Pages : 240 /Format : 140 x 205 mm / Prix : 18.50 € / EAN : 9782246855873

Avant que les ombres s’effacent. Louis-Philippe Dalembert

Dans son roman « Avant que les ombres s’effacent » Louis-Philippe Dalembert lève le voile sur un pan d’Histoire d’Haïti et nous embarque dans son écriture avec bonheur et poésie.

Domiclire_avant_que_les_ombres_seffacent.jpgD’Haïti, on se souvient du tremblement de terre qui a frappé durement l’ile en 2010, peut-être aussi de ses hommes célèbres. On pense en particulier à la lutte contre l’esclavage par Toussaint-Louverture (ce descendant d’esclave d’origine afro-caribéenne  a mené la Révolution haïtienne à partir de 1791) d’Haïti encore comme étant la première République noire indépendante en 1804, mais  certainement pas de l’épisode dont nous parle Louis-Philippe Dalembert dans ce roman lauréat du Prix Orange du livre 2017.

En 2010, juste après le tremblement de terre, le docteur Ruben Schwarzberg passe ses soirées avec Deborah, sa petite-nièce, venue sur l’ile pour porter secours. Ils se délassent de la fatigue des journées passées à soigner et soutenir la population durement frappée. Car si le docteur vit en Haïti, l’histoire de sa famille et sa propre histoire, sont bien plus compliquées et sinueuses que ça… Et les souvenirs affluent, lentement, doucement. A son rythme, le vieil homme accepte de se confier, de se raconter, dans ce qu’il a vécu de plus terrible et de plus heureux.

Né en 1913, Ruben Schwarzberg est originaire de Lodz en Pologne.  Il passe son enfance à Berlin, où la famille s’intègre avec bonheur. Mais si le nazisme étend son ombre sur le pays depuis 1933, la Nuit de cristal (Kristallnacht), le pogrom des 9 et 10 novembre 1938, va de nouveau sonner l’exil d’une partie de sa famille, aux États-Unis ou vers ce qui deviendra Israël. Hésitant à quitter Berlin, Ruben sera arrêté et interné à Buchenwald. Lorsque par un étonnant hasard il est enfin libéré, il décide de partir pour Cuba. Il embarque sur le Saint-Louis, mais le bateau fait demi-tour et ramène ses passagers quasiment à leur point de départ, Ruben se retrouve alors à Paris. Là, il rencontre Ida Faubert, une poétesse haïtienne  qui accueille les lettrés et se prend d’amitié pour lui. Il va connaître les joies de la capitale, le Bal Nègre  et ses artistes, à un moment où tout s’effondre autour de lui, une certaine légèreté que d’ailleurs le lecteur peut avoir du mal à appréhender, mais après tout, même dans les moments les plus noirs, la vie est là, la musique, la comédie, et le bonheur simple d’exister. Après quelques semaines de relative insouciance, il est temps de partir pour Haïti la glorieuse, celle qui accueille en son sein les exilés et les victimes du nazisme, et qui ose même entrer en guerre contre le IIIe Reich. Ruben s’installe sur l’ile et ne la quittera plus.

La lecture de ce roman m’a parue dans un premier temps presque fastidieuse, hachée, du fait de la ponctuation des phrases en particulier. Mais en fait, on se rend compte qu’elle est comme la parole de ce vieil homme de 95 ans qui se souvient le soir sur sa terrasse, et qui parle, lentement, doucement, qui évoque la douleur des souvenirs d’une période si noire sans doute. Rapidement au fil des pages le rythme s’accélère, l’impression d’oppression s’allège, la vie reprend ses droits, et le plaisir de la lecture est bien là. Le lecteur est pris par cette écriture poétique au rythme très particulier, face à cet épisode de l’histoire méconnu et à ces personnages attachants. Car il y a beaucoup de tristesse, mais aussi de joie, d’espoir, parfois même d’humour et de légèreté dans ces souvenirs, dans ces situations qui montrent combien il faut avoir foi en l’homme.

Le roman alterne les souvenirs et le présent, les moments de joies et d’espoir avec les épisodes les plus terribles de la montée du nazisme et de la seconde guerre mondiale, il a aussi l’avantage de nous parler de cet épisode méconnu de l’histoire de l’ile. Car en 1939, l’État haïtien a voté un décret-loi qui a permis à ses consuls de délivrer des passeports et des sauf-conduits à tous les juifs qui en feraient la demande, les accueillant ainsi sans condition sur un sol protecteur. Il y a une belle humanité dans ces lignes, et infiniment de poésie et de sensibilité dans la façon de traiter l’Histoire.

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Quelques photos que j’ai eu plaisir de prendre lors de la soirée de remise du Prix Orange du livre 2017

 


Catalogue éditeur : Sabine Wespieser

Dans le prologue de cette saga conduisant son protagoniste de la Pologne à Port-au-Prince, l’auteur rappelle le vote par l’État haïtien, en 1939, d’un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à tous les Juifs qui en formuleraient la demande.

Avec cette fascinante évocation d’une destinée tragique dont le cours fut heureusement infléchi, Louis-Philippe Dalembert rend un hommage tendre et plein d’humour à sa terre natale, où nombre de victimes de l’histoire trouvèrent une seconde patrie. Lire la suite…

Disponible en librairie au prix de 21 €, 296 p / ISBN : 978-2-84805-215-1 / Date de parution : Mars 2017

Hadamar. Oriane Jeancourt Galignani

Dans « Hadamar », son dernier roman, Oriane Jeancourt Galignani évoque avec justesse et mesure un pan oublié de l’histoire, les plans du IIIe Reich pour supprimer les malades mentaux.

DomiCLire_hadamar.jpgRescapé de Dachau, Franz arrive à Hadamar. Il a survécu à cinq ans d’enfer, enfermé à cause de ses convictions politiques et suite à son opposition affichée au troisième Reich.  Après la mort de sa femme, il avait élevé son fils seul, mais avec la montée du nazisme, l’isolement dans lequel ils vivaient leur rendant la vie impossible, son fils est entré dans les Jeunesses Hitlérienne, comme tous les jeunes gens à cette époque. Depuis, il l’a perdu de vue, mais espère qu’il aura su se protéger et survivre dans cette région isolée de l’Allemagne. Pourtant la rencontre ne sera pas aussi idyllique que ce qu’il avait imaginé, partout sur sa route, les hommes se taisent, les volets sont clos, les villageois invisibles, un chape de plomb pèse sur Hadamar, et seul un soldat américain désire percer le mystère, comprendre, faire punir les coupables.

Entrer dans Hadamar, c’est pénétrer dans l’antre des fous, mais les plus malades ne sont pas ceux qu’on imagine. Car ici, on trouve la mort au fond des caves, là où des centaines, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, sont arrivés entre janvier et aout  1941 pour ne jamais en repartir. Le lieu existe, il est l’un des centres du programme Aktion 4. En 1947, le procès a révélé l’infamie (plus de 70 000 morts sur les différents sites) et punis certains coupables. Mais l’Histoire oublie parfois, et ici l’auteur nous remémore ce pan de la stratégie d’extermination des malades psychiatriques et handicapés mentaux, cette « mort miséricordieuse » mise en place par les nazis qui refusaient que leur société prenne en charge les faibles,  et que l’on préfère souvent occulter tant notre esprit a du mal à l’imaginer.

Alors le lecteur plonge avec Franz à la recherche de la vérité, à la recherche de Kasper, sur les traces des faibles et des puissants, pour comprendre, dire, affronter le mal, et tenter de reprendre le fil de la vie… sans oublier. Les mots sont justes, les situations émouvantes et réalistes nous emportent au plus profond de l’horreur, dans l’attente et dans l’espoir, la crainte et la peur de ce père qui apprend, qui découvre, qui comprend et rejette ce que ses pairs ont fait subir à une partie de l’humanité. A lire, à poser, à méditer sans doute.

Extrait :

– Vous savez pourquoi la fée électrique sait tout ce qu’il va se passer ? […]
– Parce qu’on lui a mis de l’électricité dans la tête, c’est pour ça qu’elle voit des choses. C’est magique. Mais elle le dit à personne, elle a pas le droit. Les fées électriques, s’ils les attrapent, ils les laissent pas repartir. C’est pour ça que c’est un secret, et que sa maman l’a enlevée de chez les fatigués.

Catalogue éditeur : Grasset

En 1945. Un homme sort de Dachau. Il y a été emprisonné pour ses articles d’opposition au Troisième Reich qui vient de s’effondrer. Dans le désastre physique et moral de l’Allemagne vaincue, il part à la recherche de son fils, dont il ne sait plus rien depuis qu’il l’a inscrit aux Jeunesses hitlériennes avant d’être emprisonné. Il retourne dans sa ville natale. Les habitants sont énigmatiques, fuyants : une femme élude ses questions ; un soldat américain venu enquêter sur un mystérieux programme « Aktion T4 » des nazis garde des informations secrètes. C’est alors que l’homme entend des rumeurs au sujet de l’hôpital d’Hadamar. Il s’y rend, décidé à retrouver son fils, quel que soit le prix de sa quête.
Collection Le Courage, dirigée par Charles Dantzig.
Parution : 04/01/2017 / Pages : 288 / Format : 140 x 205 mm / Prix : 19.00 € / EAN : 9782246863618

La mélodie familière de la boutique de Sung. Karin Kalisa

Voilà un drôle de roman qui sous des airs de légèreté et de naïveté bon enfant aborde intelligemment le problème de l’immigration et de l’insertion dans ces pays que l’on n’adopte pas toujours par choix.

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Berlin, dans le quartier de Prenzlauer berg, la fête de l’école s’annonce chaleureusement classique. Mais le directeur à une idée farfelue, demander à chacun des enfants d’étrangers, d’émigrés, de son école de venir avec un objet représentant son pays d’origine. Tout serait très simple si Minh n’avait pas eu la belle idée de venir avec sa grand-mère, qui donne un spectacle peu commun de marionnettes, abordant en même temps la difficile période d’immigration, d’adaptation et d’insertion des Vietnamiens dans le Berlin d’avant la chute du mur.

Cette représentation au demeurant fort artistique et poétique pourrait ne pas avoir de suite. Mais c’est sans compter sans l’institutrice, qui va aimer puis reprendre l’idée des marionnettes pour en faire un élément de contestation. Pour ce faire, elle va rencontrer différemment ces vietnamiens qu’elle côtoie depuis toujours sans les aborder réellement. Parler, travailler ensemble, échanger, sourire, goûter, rêver, voilà bien un exercice simple, évident, mais si peu courant. Pourtant, l’ensemble de la communauté va peu à peu changer ses habitudes, les allemands d’origine pour découvrir les coutumes de ces étrangers qu’ils voient dans leur quartier depuis toujours sans pour autant avoir jamais essayé de les connaitre, les vietnamiens pour sortir de leur isolement, apprendre une langue qu’ils avaient ignorée jusque-là, mais aussi partager des habitudes, des goûts, des savoirs. Chacun faisant un pas vers l’autre, de découverte en découverte, le quartier va changer pour le plus grand bonheur de tous.

Ah, et si c’était aussi simple ! Car bien sûr ici tout parait bien idyllique. Mais quand même, quel joli moment d’échange, d’ouverture vers l’autre, de rêve idéalisé d’entraide, de partage, d’échange, de joies communes et de vie plus sereine. C’est une drôle d’aventure terriblement optimiste qui se déroule dans ces pages-là, et même si on a du mal à y croire, on voudrait bien malgré tout que cette belle expérience se répète dans nos villes, dans nos quartiers, entre les différentes communautés qui trop souvent s’ignorent, plus par manque d’élan vers l’autre, de curiosité, que par réel manque d’ envie.

Et s’il suffisait de construire quelques ponts de singe pour créer des liens entre nous ?

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Catalogue éditeur : éditions Héloïse d’Ormesson

Lorsque la grand-mère de Minh donne un spectacle de marionnette vietnamienne à la fête de l’école, personne ne soupçonne que le quartier de Prenzlauer Berg va en être bouleversé. Et pourtant, dans ces rues de l’ancien Berlin-Est, la part d’Asie ressurgit, insufflant un nouveau sens de la communauté. C’est l’effet papillon assuré. Bientôt, les habitants sont coiffés de chapeaux de paille pointus, des légumes méconnus apparaissent dans les assiettes, des ponts de bambou relient les maisons de toit en toit. De belles vibrations, une vraie révolution ! Lire la suite

Rose Labourie / 288 pages | 20€ / Paru le 19 janvier 2017 / ISBN : 978-2-35087-380-0

Illustration de couverture © conception : Geviert, Grafik & Typografie, Andrea Janas ; illustration : © Geviert ; photo de Berlin © shutterstock/linerpics.