Moon River, Fabcaro

Découvrir enfin l’univers singulier et décalé de Fabcaro

Dans les années 50 à Hollywood, sur le tournage d’un western, l’inspecteur doit mener l’enquête. Betty Mennuway, l’actrice qui tient le rôle phare a été agressée chez elle pendant la nuit, c’est très grave.

Le voilà arrivé sur place pour découvrir l’horreur absolue, ce dessin au feutre noir qu’un inconnu lui a fait sur la joue gauche. Enfin, pas n’importe quel dessin !
Et en plus, l’agresseur a oublié son cheval sur la scène du crime.
Commence alors une enquête minutieuse pour démasquer le coupable. D’autant que l’affaire fait la une de tous les journaux.

Totalement déjanté, en particulier avec les jeux des acteurs et les dialogues couchés sur le papier, des situations plus comiques que catastrophiques, des personnages plus farfelus que réalistes. Et en alternance quelques scènes de la vie d’un personnage qui pourrait bien être l’auteur lui-même.

Se lit vite, en prenant malgré tout le temps d’apprécier les jeux de mots et les situations décalées et suggérées. Une parodie singulière du Hollywood de l’époque des grands western parfois très caricaturaux.
C’est ma première lecture de Fabcaro, il semble que ce ne soit pas la meilleure alors il me faudra tenter les autres pour apprécier pleinement toutes les facettes de cet auteur.

Catalogue éditeur : 6 pieds sous terre

Hollywood, années 50. Au cœur de l’usine à rêves du cinéma, l’immense actrice Betty Pennyway est victime d’un crime sans précédent et particulièrement abominable. L’affaire fait la une de toute la presse et l’Amérique entière est en émoi.

La police de l’État fait appel au peu orthodoxe inspecteur Hernie Baxter pour mener cette délicate enquête qui secoue tout le petit monde du 7ème Art.

C’est une investigation sombre et mystérieuse fouillant dans les recoins les plus obscurs de la ville de Los Angeles qui s’engage, un périple aux confins de la folie qui risque bien de le mener jusqu’aux portes de l’enfer…

Date de parution16 sept. 2021 / 18 €

Apaiser nos tempêtes, Jean Hegland

Le difficile choix d’une vie dans l’Amérique d’aujourd’hui

Anna, jeune, étudiante, photographe au regard sûr, est bien décidée à faire carrière dans ce métier qu’elle affectionne par dessus tout. Elle sera photographe c’est évident. Le jour où elle se rend compte qu’elle est enceinte, elle décide de ne pas en parler au futur père et de régler ce problème seule. Même si c’est difficile, elle prend la décision de se faire avorter et de poursuivre sa vie d’étudiante et de photographe.

Cerise est une jeune fille mal dans sa peau, trop grande, trop gauche, trop tout pour plaire et se plaire. Aussi quand le jeune vendeur de la supérette se rapproche d’elle, elle ne peut que succomber. Mais pour une fille, la relation amoureuse n’est pas sans risque et rapidement elle se retrouve enceinte. Si le futur père ne sait que penser de cette nouvelle, et bien que sa mère lui affirme qu’elle va gâcher sa vie, elle décide de garder son’ bébé. Largement influencée dans cette décision par un couple intégriste religieux.

Chacune va vivre en fonction de cette décision qui oriente le reste de leur vie.

Quitter l’école jeune et sans diplôme, tenter de trouver un travail, galérer, mais toujours portée par l’amour absolu qui la lie à Melody sa fille. La vie ne sera jamais tendre avec Cerise, les difficultés s’accumulent, Melody est son unique rayon de soleil jusqu’au jour où elle croise la route de Jack, le beau parleur qui lui fait un enfant avant de la quitter pour trouver du travail ailleurs.

Anna suit sa route, artiste photographe, elle expose et enseigne à la fac. Avec Eliott son mari ils ont une fille, et Eliott enseigne lui aussi à la fac tout en poursuivant ses recherches sur le blé. Deux héroïnes aux destins que tout oppose, l’une brillante, vie aisée, artiste et mère comblée, l’autre mère qui va de galère en galère sans arriver à sortir de sa spirale infernale. J’ai eu du mal à m’y attacher tant par moment elles m’ont semblé trop caricaturales des deux milieux dont l’autrice voulait nous parler.

Un roman sur la maternité, la femme, les douleur et la difficulté d’être mère ou de le devenir, sur le choix de vie, avec l’avortement ou le choix de garder un enfant, les douleurs et les angoisses d’un accouchement, les questions que l’on se pose pour élever un enfant, le voir grandir, les crises de l’adolescence. Sur la précarité des jeunes femmes dans cette Amérique des laissés pour compte où les services sociaux ne sont pas toujours aux service de ceux qui ont besoin d’eux.

J’ai particulièrement apprécié la lecture par Maïa Baran, à la fois sobre et émouvante. Elle réussi à faire vivre ces deux jeunes femmes en leur donnant une vraie personnalité, alors que je ne les ai pas forcément trouvé attachantes à priori. C’est elle qui donne toute l’intensité du roman, je ne suis pas sûre que je l’aurais autant apprécié sans cette lecture audio.

Ce roman prend toute son importance au regard des dernières dispositions de la cour suprême des USA, qui ôte les droits chèrement acquis par les combats de leurs mère aux femmes américaines.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2022

Catalogue éditeur : Audiolib, Phébus

Deux femmes, deux destins, deux Amériques.
Anna, promise à une brillante carrière, étudie à l’université de Washington. Cerise, lycéenne de milieu modeste, vit en Californie sous l’emprise douloureuse de sa mère. Lorsque chacune tombe enceinte par accident, Anna avorte et Cerise garde l’enfant.
Des années plus tard, ce choix aura déterminé le cours de leur vie.
D’espoirs en déceptions, de joies en drames, Anna et Cerise, bientôt réunies par le hasard, apprennent à être mères et à être femmes.
À travers ce face à face poignant, Jean Hegland interroge la maternité, l’éducation et la quête de soi. Une expérience universelle de sororité.

Lu par Maia Baran / Traduit par Nathalie Bru / EAN 9791035407643 / Prix du format cd 25,90 € / Parution : 19/01/2022 / Durée : 12h55

Avis de grand froid, Jerome Charyn

Comment se débarrasser d’un président des États-Unis embarrassant ?

1989, à peine élu le président démocrate des USA est destitué suite à des malversations. Comme le veut la constitution c’est donc le vice président qui prend sa place. Mais Isaac Sidel, ex commissaire de police, ex maire de New York n’a pas tout à fait la vocation pour assumer ce rôle. Et surtout il a quelques idées un peu trop sociales. Ce Robin des bois des temps modernes ne plaît pas, en particulier aux banquiers internationaux qui font la pluie et le beau temps, aidés en cela par le faussaire Rembrandt, le roi du billet vert. Alors autour de lui, ça conspire, ça manigance, ça cherche comment l’éliminer.

Et si le seul moyen de s’en débarrasser était cette gigantesque tombola qui parie sur la date de sa mort ? Bien sûr l’idéal est alors de prêter main forte au destin tout en laissant monter les enchères.

Piégé de toutes parts, POTUS ne peux compter que sur son Glock, mais surtout sur sa garde très rapprochée et son instinct de fin limier pour déjouer les pièges et rester en vie à la Maison-Blanche.
De New-York à Washington, de Camp David à Prague, du Lower East Side à la prison de Rikers Island, les péripéties sont nombreuses et mouvementées. Sur les traces de Franz Kafka et de sa sœur internée à Terezin, le camp de concentration vitrine pour l’histoire, érigé en modèle par les nazis et si fièrement exposé aux monde, ou encore à la rencontre de Saul Bellow, son amour des livres et de la littérature n’est jamais oublié.
Isaac Sidel est aussi à l’écoute de ces hommes qui ont fait le Camp David des accords entre le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous la présidence de Jimmy Carter. Mais également au souvenir de Roosevelt et de Warm Springs, sa résidence qui servit de modèle pour certains bâtiments de camp David, qu’il avait d’ailleurs nommé Shangri-La, la concrétisation du royaume imaginaire d’un président en fauteuil roulant ?

Avis de grand froid est le denier opus d’une saga commencée en 1973 avec Zyeux-bleus. C’est aussi le douzième de la série. Si chacun peut se lire indépendamment, j’avoue avoir été un peu perdue au départ, n’en ayant lu aucun auparavant. Mais une fois intégré les multiples noms, prénoms, surnoms des différents personnages, on rentre dans l’intrigue. Le rythme est soutenu et l’intrigue nous embarque dans une course pour la vie dans une Maison-Blanche très convoitée où rôdent les fantômes d’inoubliables présidents, ceux de FDR et de Lincoln en particulier. Aussi farfelu que déjanté, ce roman grouille de références et foisonne d’idées ; à savourer surtout si l’on aime partir dans des aventures pour le moins irréalistes et totalement hors de contrôle.

Catalogue éditeur : Rivages

Marc Chenetier (Traducteur)
Ultime volume dans la saga du héros de Charyn Isaac Sidel. Depuis Marilyn la Dingue, roman dans lequel il était inspecteur à la Criminelle de New York, Isaac a fait son chemin. Il est devenu commissaire principal de la police, puis maire de New York. Et voilà que par un concours de circonstances, il se retrouve… à la Maison-Blanche, le candidat élu n’ayant pu être intronisé. 
Un roman d’espionnage  délirant, noir et grinçant. Une comédie du pouvoir qui résonne étrangement avec la « réalité » de la présidence Trump. L’écriture électrique et le talent de conteur de Jerome Charyn sont à l’œuvre dans cette grandiose conclusion de la saga. 

Collection: Rivages Noir / ISBN: 978-2-7436-5113-8 / EAN: 9782743651138 / Parution: septembre, 2020 / 350 pages / Format : 15.5 x 22.5 / Prix: 21,90€

Rêves de garçons. Laura Kasischke

Dans l’Amérique des années 70, trois Cheerleaders s’ennuient dans leur camp d’été

Rêves de garçons

Elles rêvent de liberté. Le paysage est splendide, la vie idéale, mais l’été et sa chaleur intense, le bruit des cigales omniprésent de jour comme de nuit, donnent une épaisseur oppressante à leurs rêves de légèreté.

Elles sont trois amies belles à en mourir, comme le sont dans notre imaginaire toutes les pom-pom girls. Kristy possède une Mustang décapotable rouge propice à concrétiser tous leurs rêves d’évasion. Mais tout n’est pas aussi simple, il ne suffit pas d’être belle et blonde, rousse aux yeux verts, ou longiligne et avoir un succès fou avec tous les garçons du lycée pour être heureuse. Sur fond d’une journée d’été magique, en quelques flashbacks, les côtés plus obscurs de la vie de chacune sont distillés avec adresse, jusqu’à ce moment où tout bascule, et qui fait que l’avenir ne sera plus jamais innocent.

Laura Kasischke a l’art de restituer une ambiance. On se croirait dans ces films américains où tout commence comme dans un rêve, où les héros s’entre déchirent, où la violence sournoise de leur vie se fait jour peu à peu. Pourtant, malgré un talent d’écriture évident et un suspense qui fait pressentir un drame, l’histoire s’étire et le lecteur que je suis reste en apnée un peu trop longtemps, attendant le drame, nourri de flashbacks incessants, en attente d’un « scénario dramatique annoncé » au final pour le moins étonnant mais tellement tardif.

En fait tout l’art du roman repose sur l’attente et la montée du drame à venir, qui arrive comme une gifle et tellement fort dans l’horreur qu’on souhaiterait qu’il ne soit jamais arrivé. Ne vous précipitez surtout pas pour lire les dernières pages, vous gâcheriez le suspense.

J’ai donc un avis mitigé. C’est un roman bien écrit, un univers très bien restitué, des personnalités peu attachantes, ce qui est sans doute voulu par l’auteur, mais je n’ai pas eu de coup de foudre. Pourtant, je suis sure que je n’hésiterai pas à lire de nouveau un roman de Laura Kasischke.


Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

A la fin des années 1970, trois pom-pom girls quittent leur camp de vacances à bord d’une Mustang décapotable dans l’espoir de se baigner dans le mystérieux Lac des Amants.
Dans leur insouciance, elles sourient à deux garçons croisés en chemin. Mauvais choix au mauvais moment. Soudain, cette journée idyllique tourne au cauchemar.
Rêves de garçons est une plongée au cœur d’un univers adolescent dépeint avec une justesse sans égale. Une fois de plus, Laura Kasischke s’attache à détourner avec beaucoup de férocité certains clichés de l’Amérique contemporaine et nous laisse, jusqu’à la révélation finale, dans l’imminence de la catastrophe.

Laura Kasischke est née en 1961 dans l’État du Michigan. Elle est l’auteure d’une dizaine de romans, dont Rêves de garçons, La Couronne verte, À moi pour toujours, qui a reçu le prix Lucioles des lecteurs en 2008, A Suspicious River et La Vie devant ses yeux, tous deux adaptés au cinéma, ou encore Esprit d’hiver, finaliste des prix Femina et Médicis étrangers en 2013, et lauréat du Grand Prix des lectrices de Elle 2014. Elle est également l’auteure d’un recueil de nouvelles, Si un inconnu vous aborde, ainsi que de poèmes, publiés dans de nombreuses revues, pour lesquels elle a notamment remporté un Hopwood Award et la bourse MacDowell. Sa poésie est traduite en français sous le titre Mariées rebelles.  Laura Kasischke enseigne l’art du roman à Ann Arbor et vit toujours dans le Michigan. 

pages : 256/ Date de parution: 29/04/2009 : EAN : 9782253123644 : Éditeur d’origine: Christian Bourgois Éditeur