Tout quitter, Anaïs Vanel

Et si Tout quitter était la solution pour vivre pleinement et sereinement sa vie rêvée ? Un roman qui nous entraine au gré des vagues et des performances des surfeurs de la côte Basque 

Rejoindre le sud, c’est mieux que d’être à l’ouest et de ne plus supporter la ville. Tout quitter pour revivre, loin des autres, du passé, avec seulement quelques valises, et mettre toute une vie dans le coffre d’un Berlingo, ça ne pèse pas bien lourd… et si c’était la condition pour mieux avancer ?

A la façon du surfeur qui étudie sa vague et la courbe qu’il doit prendre pour sortir des flots, la narratrice a tout quitté pour mieux s’élancer. C’est donc vers La Sud, une plage qu’elle connait déjà, qu’elle est partie pour fuir son quotidien, pour se retrouver, se ressourcer, et au grès des vagues, sur sa planche de surf, réapprendre sa vie. Bon, bien sûr, c’est quand même dans sa maison du sud qu’elle va fuir la capitale, l’inconnu total n’est pas au bout du chemin ! Mais qu’importe, le pas est franchi, la vague est passée, sa vie va changer.

Voilà un court roman qui interroge sur nos options de vies, celles que l’on prend ou pas, que l’on regrette parfois de ne pas avoir saisies au bon moment, et qui nous rendent plus forts quand on arrive à les réaliser. J’ai aimé cette construction en touches fines déposées sur la page comme autant d’instants de vie qui permettent d’avancer, et qui sont chacune empreintes d’une certaine poésie. Dans de courts paragraphes, les saisons et les jours défilent, ceux de l’enfance et du passé, ceux du nouveau monde que l’on se construit, de l’oubli qui régénère, de ces murailles d’eau que l’on bâtit pour mieux se protéger. Quitter la folie de la ville, le rythme dément des transports, le stress du bureau, même lorsqu’on a la chance d’exercer un métier que l’on aime,  et si c’était la solution pour aller de l’avant sereinement, sans se perdre  en route ?

Catalogue éditeur : Flammarion

« Un jour, j’ai acheté un Berlingo. J’ai mis quelques cartons dans le coffre et je suis partie. J’ai pris la route comme ça. Après ma journée de boulot, comme on part en week-end. J’ai avalé les kilomètres, en écoutant King of the Road, de Roger Miller. Et enfin. Les pins. Les dunes. Les embruns. L’appartement. J’ai éventré les cartons. Trouvé mon maillot de bain. Et je suis allée me jeter dans les vagues. »

Au rythme des saisons et des vagues de la Sud, la grande plage près de laquelle elle vient de s’installer, Anaïs retrouve les souvenirs qui habitent en elle. Devant l’étonnante simplicité des choses, tout quitter signifie la réconciliation avec soi.

Paru le 25/09/2019 / 192 pages – 135 x 210 mm / Prix : 18,00€ / ISBN : 9782081478497

Les reins et les cœurs, Nathalie Rheims

Quand la vie ne tient plus qu’à un fil, la résurrection est parfois au bout du chemin

couv du récit les reins et les cœurs de Nathalie Rheims photo Domi C Lire

« Les reins et les cœurs » le récit témoignage de Nathalie Rheims paru aux éditions Léo Scheer est le vingtième livre de l’auteur. Mais pour celui-ci elle n’a pas eu besoin d’imagination, ni de personnages fictifs, mais bien d’une réalité qui poursuit les femmes de sa famille de génération en génération. Jusqu’au jour où cette maladie héréditaire la frappe à son tour. Jusqu’au jour où ses reins s’arrêtent de fonctionner.

Bien sûr au départ il y a le déni – pas moi, je ne suis pas de cette famille-là-, le doute –et si c’était vrai- puis la révolte, la faiblesse et l’abandon, faut-il rendre les armes ou accepter l’inéluctable, ce par quoi sont passées les autres femmes, mère, tantes, grand-mère…

Alors que son corps abdique et que la mort semble si proche, il en aura fallu de la volonté, du courage, et l’aide et le travail de la médecine et des personnels soignants pour remonter la pente vertigineuse qui mène à la mort, puis le don absolu pour parvenir à l’impossible, le reins d’un autre, pour retrouver la vie au bout de ce tunnel de souffrance inimaginable.

J’ai fait cette lecture en apnée, impossible à lâcher, c’est un témoignage particulièrement émouvant, mais aussi tellement positif. Moi qui vit avec une mère malade des reins depuis tant d’années, avec un père décédé d’un cancer du rein, comment-dire, je suis émue, touchée, bouleversée par ce livre.

En lisant ce récit, impossible de ne pas penser également au roman de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants.

Catalogue éditeur : Léo Scheer

« J’avais fini par imaginer que les reins, parce qu’ils fonctionnent sans qu’on puisse rien en savoir, sont le véritable siège de l’inconscient. J’avais opté pour les maintenir dans cette sphère de mon ignorance. Inutile de fouiller dans ces zones d’ombre, je savais très précisément où cela me conduirait. Qui étais-je pour me croire l’égale de celui qui, seul, peut sonder les reins et les cœurs ? »
Pour écrire ce texte, Nathalie Rheims n’a pas été guidée par son imagination. Confrontée à une réalité implacable, elle raconte une année de lutte contre un mal singulier, qui, de génération en génération, frappe toutes les femmes de sa famille. Arrivée aux limites de ce que le corps et la conscience sont capables d’endurer, elle doit faire un choix, auquel elle n’aurait jamais cru devoir faire face, un choix sublimé par le don, mais rongé par le sentiment de culpabilité.

Parution 21 août 2019 / 216 pages / 18 euros / EAN 9782756112909

Et tu n’es pas revenu. Marceline Loridan-Ivens

« Toi, tu reviendras peut- être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas » c’est une vie offerte pour une vie perdue…

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Ce roman récit de Marceline Loridan-Ivens était dans ma bibliothèque depuis longtemps… l’envie de lire était là, mais sans jamais en prendre le temps, car c’est exactement le livre qui va vous marquer, vous toucher, et vous savez d’avance que vous y penserez pendant des jours et des jours.

Marceline s’est éteinte il y a peu, mais son aura est là, prégnante, éternellement attentive au souvenir du père, des oubliés, des disparus, des compagnons de malheur, des camps, de son amie Simone disparue avant elle, toutes deux emportant avec elles la mémoire de ces temps sombres qu’il ne faudra jamais oublier.

Arrêtés dans le château qu’avait acheté son père à Bollène, Marceline et son père ont été déportés en même temps en avril 1944. Elle, Marceline, 15 ans à peine, va être internée à Birkenau. Lui, Schloïme, Salomon, à Auschwitz. A des milliers de lieues l’un de l’autre, tant la communication, le dialogue, et ne serait-ce que savoir si l’autre est encore vivant, étaient tout simplement impossible. Ils étaient pourtant à peine à 3 kilomètres l’un de l’autre, femmes d’un côté, hommes de l’autre. Et au milieu, les crématoires, le tri, le gaz, la mort et la vie, Mengelé et les trains de déportés, la mort, toujours. Marceline se souviendra toute sa vie des mots de son père, Toi, tu reviendras peut- être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas. Une vie offerte, une  vie donnée, perdue, pour en sauver une autre ? Une sensation qui ne la quittera jamais, celle d’avoir échangé, d’avoir pris, la vie de son père, celle que cette vie-là aurait été plus indispensable à toute la famille, celle d’une usurpation en somme. Il y a cette lettre, ces mots de son père, qui disent la vie, l’espoir au milieu de l’horreur. Il y a cette rencontre dans le camp entre le père et la fille, les coups, mais il y a aussi la douleur, les petits larcins pour survivre un jour de plus, la maladie, la peur. Il y a aussi le bonheur inexprimable d’avoir été arrêtée avec ce père qui est tout pour elle. Indicible et si fort.

Je t’aimais tellement que je suis contente d’avoir été déportée avec toi.

Mais que ce texte est beau, sincère, émouvant, fort… Difficile d’y mettre des mots, tant il y a de présence, de douleur, de souvenirs, de vie aussi. En même temps, il n’est pas triste, revanchard ou désespéré, il y a une part de vie, c’est incroyablement positif.

A lire, d’urgence, pour savoir et ne pas oublier, pour tenter de comprendre, un peu, si peu…

Comment transmettre ce que nous avons tant de mal à nous expliquer ?

Je suis l’une des 160 qui vivent encore sur les 2 500 qui sont revenus. Nous étions 76 500 juifs de France parti pour Auschwitz-Birkenau. Six millions et demi sont morts dans les camps. Je dine une fois par mois avec des amis survivants des camps, nous savons rire ensemble et même du camp à notre façon…

S’il savaient la permanence du camp en nous. Nous l’avons tous dans la tête et ce jusqu’à la mort.

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Catalogue éditeur : Grasset

Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon

« J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »

Parution : 04/02/2015 / Pages : 112 / Format : 120 x 188 mm / Prix : 12.90 € / EAN : 9782246853916

Le livre que je ne voulais pas écrire. Erwan Larher

En cette rentrée littéraire, il faut lire « Le livre que je ne voulais pas écrire » ce roman est un OVNI littéraire qui vous prend et ne vous lâche plus.

DomiCLire_le_livre_que_je_ne_voulais_pas_ecrire_larher.jpgUn roman indispensable. Même si ce qu’a vécu l’auteur est difficile, émouvant au-delà de ce qu’on imagine, intense et terrible aussi, et puis doux comme l’amour et l’amitié, ces sentiments plus forts que tout qui viennent rappeler au monde que la vie existe, il faut le lire !

Erwan aime le rock, et quand il va au concert, il l’annonce sur son profil Facebook, celui destiné aux amis, aux vrais, pour qu’ils viennent avec lui à l’occasion… En ce soir du 13 novembre 2015, il est comme beaucoup d’autres amoureux de la musique et de la vie au concert des Eagles Of Death Metal… La suite, on s’en doute, ce sera l’horreur, les tirs, les cris, l’attente, les blessés et les morts, les sonneries des téléphones, les paroles et les regards, l’angoisse et les blessures. Le temps qu’il faut pour être enfin pris en charge par des secours totalement débordés devant la multiplicité des événements simultanés qui ont endeuillé Paris ce soir-là. Puis l’ambulance de fortune, le blessé plus grave qui est transporté à côté de vous, l’arrivée à l’hôpital et le personnel efficace bien que submergé, arriver enfin à prévenir, savoir ce qu’il se passe et ensuite, se poser des questions sur ses capacités physiques, et réapprendre à vivre, entouré d’amour et d’amitié, mais aussi grâce à sa force intérieure, à l’abnégation du personnel soignant, ou en relisant les épreuves de « Marguerite n’aime pas ses fesses » par exemple.

Alors que ce récit aurait pu être celui d’un homme blessé, il est au contraire celui d’un homme debout, non pas victime mais survivant, qui se relève grâce à ses mots et à cette histoire qu’il a posée là, à côté de lui, et pas en lui, comme si elle ne lui appartenait plus. L’auteur transcende la peur et la douleur, il convoque dans son texte les mots de ses amis, ceux  qui l’attendaient, qui l’espéraient, qui l’ont cru… ça personne ne l’a jamais verbalisé bien sûr. Récit bouleversant de pudeur, écrit à cette deuxième personne du singulier qui éloigne et met une distance entre l’intime et l’Histoire, qui relate les hurlements et les silences, l’effroi et l’espoir, qui va au-delà du simple j’étais là, qui questionne aussi, sur la vie, le hasard, les circonstances, et nous aide sans doute à comprendre ces chaos que vit notre époque. Témoignage émouvant, poignant, sensible et qu’il faut lire, vraiment, absolument ! Et surtout, se dire qu’il faut vivre, aimer, donner, et ne jamais oublier de dire aux gens qu’on aime, qu’on les aime !

En décembre 2016, lors de la soirée des 68 premiers romans, j’ai rencontré Erwan Larher et nous avons parlé de « Marguerite n’aime pas ses fesses ». Puis, assez banalement j’ai demandé le thème de son prochain roman. Et là, Erwan répond qu’il écrit sur le Bataclan… Ah, le Bataclan, les attentats, le terrorisme, il y avait déjà eu quelques titres de la rentrée littéraire 2016 qui portaient sur le sujet, ce que j’ai certainement dit, et Erwan de répondre « oui, mais moi j’y étais et j’ai pris une balle… » Aie, là, c’est évident vous vous trouvez totalement stupide. Ne sachant plus trop comment continuer, je parle victime, résilience (sujet évoqué si souvent avec Françoise Rudetzki). Mais là,  Erwan me répond en substance : « Je ne suis pas une victime, je suis un survivant ». Ah, quelle façon extraordinaire de se voir, après avoir vécu ÇA ! Oui « ça » parce que ne l’ayant pas vécu, comment comprendre, savoir et surtout en parler autrement ?

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Photos de la rencontre à la librairie Millepages à Vincennes.

N’hésitez pas, allez lire les avis de Virginie, Nicole, Joëlle


Catalogue éditeur : Quidam

Je suis romancier. J’invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, j’espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l’humain.
Il m’est arrivé une mésaventure, devenue une tuile pour le romancier qui partage ma vie : je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment ; donc lui aussi.

Collection : Made in Europe / Thèmes : politique violence Histoire Invention formelle /  août 2017 / 140 x 210mm / 268 pages 20 € /   ISNB : 978-2-37491-063-5

Winter is coming. Pierre Jourde

« Winter is coming », c’est beau comme un morceau de musique qui parle à votre cœur et c’est difficile comme la mort d’un enfant que l’on ne peut ni ne veut accepter, mais que l’on va accompagner autant qu’on en sera capable.

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C’est un beau mais triste récit, celui de la maladie et de la mort du fils de l’auteur. A vingt ans, l’âge de tous les possibles, où tous les rêves sont permis, où la vie s’ouvre devant vous, Gabriel meurt d’une forme de cancer qui touche peu de patients mais qui va l’emporter en quelques mois. Son père pleure un fils, son père sublime ces moments rares mais puissants de partage et de silence, de non-dits et de compréhension mutuelle de ce temps qui file et que l’on ne revivra plus jamais.

C’est la difficile descente vers plus de souffrance, vers moins de vie, c’est l’accompagnement du malade à qui on n’ose pas dire tout ce qu’on aimerait tant dire avant la fin, avant qu’il disparaisse à jamais, à qui on n’ose pas parler de peur qu’il ne comprenne que sa vie inéluctablement s’en va, car le sait-il, lui, que c’est fini, que plus jamais ? Et l’on peut d’ailleurs se demander qui cache la vérité à l’autre, qui le protège, qui est celui qui joue le plus la comédie de la guérison possible, le malade, ses proches, les médecins qui ne disent pas tout ou que l’on ne veut pas entendre ?

C’est le cri d’amour d’un père pour son fils, c’est le cri d’impuissance des vivants face à la mort, c’est aussi le cri que nous avons tous envie de pousser lorsque ceux qu’on aime disparaissent… Ce n’est pas un roman, ce n’est pas un récit, c’est une parenthèse de douleur qui parle à tous ceux qui ont connu la mort, à tous ceux qui la redoute, à chacun d’entre nous en somme.

 «Winter si coming » est le récit de l’avant, avant de savoir, avant l’inéluctable, du pendant, pendant la maladie, les silences, les moments de vie intense mais si brefs, de l’après, quand on porte sa douleur comme un bagage que l’on ne pourra plus jamais déposer dans aucune consigne mais qui s’allégera malgré tout peu à peu. Difficile, douloureux, rempli d’amour et de souffrance « Winter is coming » est porté par l’écriture incisive, désespérée, optimiste parfois, poignante toujours, de Pierre Jourde.

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Catalogue éditeur : Gallimard

«Après coup, on ne peut pas s’empêcher de revenir sur les jours d’avant, comme pour prendre la mesure de son aveuglement d’alors. On se regarde ne pas savoir, on se regarde vivre alors que cela n’est pas encore arrivé, on s’étonne de ce fragile bonheur. Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l’on a su. Ta photographie d’enfant joyeux est celle, à jamais, d’un enfant qui va bientôt mourir.»
Un des trois fils de Pierre Jourde, Gabriel, est mort à vingt ans. Le récit évoque la dernière année de ce jeune homme plein de charme et de joie de vivre, doué pour les arts plastiques et la musique. La figure radieuse de «Gazou» hante le récit de la maladie : les anecdotes du bonheur enfui ponctuent l’élégie. Un texte poignant sur le deuil et l’amour paternel.

Collection Blanche / Parution : 09-03-2017 / 160 pages, 140 x 205 mm / ISBN : 9782072721373

Agatha Christie, le chapitre disparu. Brigitte Kernel

Dans la vie de la célèbre romancière, il manque un chapitre, celui de sa disparition, en 1926, entre le 3 et le 14 décembre, onze jours de mystère pour la reine du polar ! Dans « Agatha Christie, le chapitre disparu » Brigitte Kernel lève un voile sur cette intrigue.

https://i0.wp.com/static1.lecteurs.com/files/articles/2_9782081365629-1-75.jpegBrigitte Kernel prend la plume en lieu et place d’Agatha, et nous raconte à la première personne ce chapitre de sa vie tel qu’elle l’imagine. Disparition inquiétante, enlèvement, suicide, meurtre, toutes les conjectures sont permises, l’enquête est en cours et le lecteur navigue dans la tête d’Agatha comme s’il y était.
Que s’est-il passé pour qu’elle disparaisse ainsi pendant onze jours ? Peu de personnes le savent. Agatha vient de perdre sa mère à laquelle elle était particulièrement attachée, elle s’occupe, peu et mal de sa petite fille, elle travaille beaucoup pour écrire et publier ses romans, le succès est là mais la condition des femmes n’est sans doute pas à la hauteur de ses aspirations de liberté. Enfin et surtout, sa relation conjugale n’est pas au beau fixe, son mari lui préfère une collègue, jeune femme plus mince, plus amoureuse peut être, plus « nouvelle » sans doute. Banal adultère subit par une héroïne peu banale. Agatha n’accepte pas cette condition sans imaginer quelque vengeance digne des meilleures enquêtes d’un Hercule Poirot fin limier, à défaut de pouvoir faire revenir vers elle ce mari volage.

Sous la plume de Brigitte Kernel, nous allons suivre au jour le jour son escapade, ses pensées les plus intimes, ses atermoiements. C’est le premier roman de cet auteur que je lis, et j’avoue je ne connaissais pas assez la vie d’Agatha Christie pour connaître cet épisode. Je me suis laissé porter par l’écriture d’un roman agréable qui nous apprend au détour de quelques phrases, en plus de cette disparition, de son origine et de ses conséquences, des évènements marquants de la vie de la reine du crime.

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Catalogue éditeur

« Voilà, le livre est fini. J’ai posé le point final. Le titre : Une autobiographie. Je ne me sens pas très à l’aise. Mon éditeur va s’en rendre compte… Des pages manquent : ma disparition à l’hiver 1926. Pourtant, j’ai bien écrit ce chapitre. Des pages et des pages, presqu’un livre entier. Mon secret.  Ma vie privée. Une semaine et demie qui n’appartient qu’à moi. »
C’est une histoire vraie. Un mystère jamais totalement élucidé. Une zone d’ombre qui demeure dans la vie d’Agatha Christie. Pourquoi et comment la reine du crime s’est –elle volatilisée dans la nature durant l’hiver 1926 ? Qu’a-t-elle fait pendant ces onze journées ?  Pourquoi toute la presse a-t-elle cru qu’elle avait été kidnappée ou assassinée ?
Dans ce roman passionnant, Brigitte Kernel se glisse dans la peau d’Agatha Christie pour reconstituer cette étrange disparition. Une histoire d’amour, de vengeance et de trahison.

Parution : 13/01/2016 / Nb pages : 272 / Prix : 18,00 € / EAN : 9782081365629

Dépendance Day. Caroline Vié.

Trois générations de femmes, la maladie d’Alzheimer et un cri d’amour, un roman émouvant et exigeant à découvrir comme une tragédie moderne

Dépendance day

Dans Dépendance Day, le second roman de Caroline Vié, nous suivons trois générations de femmes aux prénoms impossibles. Ce sont les prénoms des trois Parques,  bon, là bien sûr il faut réviser un peu mes cours. Le récit de Morta, la petite-fille, nous  plonge dans les affres de la maladie, qu’elle soit sénilité ou Alzheimer, vécue par les personnes âgées qui s’enfuient dans un univers sans mémoire, sans souvenir, sans repère et évoque surtout les bouleversements que cela entraine dans la vie des accompagnants, ceux qui perdent leurs relations avec leur famille, leurs parents.

On croirait presque une biographie tant certaines scènes sonnent vrai. Aborder la maladie d’Alzheimer n’est pas un postulat évident, pourtant je m’y suis laissée prendre, car en plus du malheur et de la souffrance évoqués sans retenue, il y a tout au long de ces pages un humour, une façon de vivre les évènements, de les décrire, qui vous oblige à rire et à pleurer en même temps. Construction étonnante, qui fait sourire et réfléchir, qui déchire et qui afflige, mais qui n’est jamais morbide.

Malgré le sujet  évoqué, c’est un roman terriblement attachant que j’ai lu d’une traite, qui ne laisse pas indifférent et qui certainement pose de nombreuses questions sur l’accompagnement des malades et des personnes en fin de vie, mais aussi sur la fin de vie voulue et digne.

Catalogue éditeur : JC Lattès

« Je me laisse tomber sur un banc, le souffle court. Je ne sais plus où je suis. À Paris. Dans une rue. Elles se ressemblent toutes. J’ai rendez-vous. Je suis perdue. Je tente de me calmer. La respiration abdominale n’a pas été inventée pour les caniches, comme dirait ma copine Véronique. Inspirer. Expirer. Je me répète la date, mon nom, celui de mon mari, de ma meilleure amie et du président de la République. Commence à m’apaiser.
Ce n’est pas pour aujourd’hui. Ça n’a pas encore commencé. Je me suis juste égarée. Non, ce n’est pas pour maintenant. La malédiction qui a abattu ma grand-mère et ma mère ne m’a pas encore frappée. »

Elles s’appellent Lachésis, Clotho et Morta, comme les Trois Parques. Elles filent leurs propres vies, entre joies familiales et blessures d’adultère. De génération en génération, surtout, elles se transmettent le même rouet, la même malédiction : l’oubli, la folie, la perte de soi – ce que l’on appelle aujourd’hui Alzheimer. Clotho a dû enfermer Lachésis. Morta, la narratrice, sait qu’un jour elle devra à son tour enfermer Clotho.
De mère en fille, le même amour, la même impuissance.
Avec Dépendance Day, Caroline Vié signe un roman où l’humour est l’autre nom de la violence, celle d’une société qui piétine la dignité humaine. De l’amour seul viendra, peut-être, le salut.

Caroline Vié est l’auteur de Brioche (JC Lattès, 2012). Journaliste de cinéma, elle a longtemps participé à l’émission de Canal +, « Le Cercle », et travaille actuellement au quotidien 20 minutesDépendance Day est son deuxième roman.

Date de Parution : 02/2015 / ISBN : 9782709646680 / Prix public : 17.00 € / Format : 130 mm x 205 mm / 150 pages