Passage de l’union, Christophe Jamin

Rencontre du troisième type avec Patrick Modiano dans ce roman écrit à l’encre sympathique

Alors qu’il est étudiant, le narrateur réside passage de l’union à Paris. Un jour il rencontre Patrick Modiano, cet écrivain si talentueux qui a pourtant tant de mal à s’exprimer à l’oral. Ils auront quelques échanges très limités.

Quelques années plus tard il est devenu avocat et, à l’instar de l’auteur, va régulièrement déposer une rose sur la tombe de Floriot, un célèbre pénaliste qu’il admire. Le jour où il doit défendre un criminel, il croise à nouveau Modiano lors du procès. Il faut dire que le prévenu a un parcours singulier, sa sœur aurait disparu dans les mêmes conditions que Dora Bruder, l’héroïne du roman de Modiano.

À partir de là, les routes des deux hommes se rejoignent à plusieurs reprises. Les mots, le pouvoir de l’écriture, les entraînent vers un univers parallèle dès qu’il s’engouffrent dans une station de métro, plongeant dans un passé récent jusqu’à la seconde guerre mondiale, la résistance, l’occupation de Paris.

Le narrateur met alors ses pas dans ceux de l’auteur devenu personnage de son roman, et part à la rencontre d’un monde bien plus vivable que celui dans lequel il évolue. Sur les traces d’un passé révolu mais qui parfois affleure à sa conscience, il rencontre ses propres personnages. Car eux aussi passent d’un monde à l’autre. La question est alors de savoir qui de François Yoannivitch ou de monsieur Joseph a le plus de réalité, le présent ou les protagonistes des romans de Modiano ? Grâce à l’écriture, à sa compréhension de certains situations, il peut enfin supporter la violence et le mal-être du présent.

Cette plongée dans la station de métro Varenne est là pour nous parler de tout cela, de l’écriture, du souvenir, de cette façon d’échapper à une actualité parfois difficile et sombre. De vivre sa vie autrement, dans un monde parallèle imaginaire. Avec ce côté magique parfois déroutant, ces personnages qui évoluent entre réalité et fiction, voilà un premier roman qui arrive à nous surprendre.

Catalogue éditeur : Grasset

L’ouvrage met principalement en scène trois personnages dont les vies vont être amenées à se croiser  : le narrateur, un écrivain, un criminel.
Étudiant durant les années 1980, le narrateur vit dans un studio, que lui a acheté son père, situé passage de l’Union dans le VIIe arrondissement de Paris. Un soir, il se sent observé par quelqu’un dont on comprendra qu’il s’agit de Patrick Modiano. Il le croise à plusieurs reprises, lui parle et commence à lire ses livres. Sans se l’expliquer, il se reconnaît dans son imaginaire romanesque. Néanmoins les années passent, le narrateur devient avocat et les deux hommes se perdent de vue.
Au cours d’un procès d’assises, le narrateur défend un homme dont le crime s’explique par un lointain passé  : une sœur ayant disparu durant la seconde guerre mondiale dans les mêmes circonstances que la Dora Bruder de Modiano. Il se trouve que l’écrivain assiste au procès et accepte d’aider le narrateur à retrouver la trace de cette mystérieuse sœur…
Cette quête commune amène les deux hommes à basculer dans le Paris les années 40. Ils sont reçus par des individus douteux dans un appartement situé près du studio du passage de l’Union, dont l’écrivain apprend au narrateur qu’il fut, durant la guerre, le siège des sombres trafics d’un ferrailleur de sinistre mémoire, le fameux «  Monsieur Joseph  »…
Ce roman met en abîme la dette que nous contractons à l’égard d’un passé trouble et tu. Il constitue aussi un hommage à la littérature.  Les écrivains ne sont-ils pas des passeurs dont les œuvres nous permettent de répondre aux questions les plus intimes, et parfois les plus douloureuses, que nous nous posons  ?

Parution : 25 Août 2021 / Pages : 140 / EAN : 9782246826750 prix 14.90€ / EAN numérique : 9782246826767 prix 10.99€

Les oubliés, John Grisham

Plonger dans les méandres de la justice avec ce thriller efficace et parfaitement maîtrisé

Cullen Post est un avocat atypique. Pasteur de l’église épiscopale, il a exercé son métier d’avocat en cabinet avant de rejoindre Les Anges Gardiens. Cette association à but non lucratif a pour mission de faire sortir de prison, et parfois même du couloir de la mort, les condamnés innocents des crimes qui leur ont été reprochés. Avant de décider de s’occuper de ceux qui les appellent au secours, une enquête poussée est menée par les membres de l’association.

Le jour où Quincy Miller les sollicite alors qu’il est déjà dans le couloir de la mort et emprisonné depuis 22 ans, Cullen Post prend l’enquête en main.

Quincy Miller à été condamné pour le meurtre violent de Russo, un jeune avocat qui exerçait dans la petite ville de Seabroke. Tout le travail des Anges Gardiens est alors de remonter les étapes de l’accusation et de la condamnation, d’en prouver les incertitudes et de mettre la lumière sur toutes les incohérences et les mensonges qui ont permis cette condamnation inique. Et l’on se rend vite compte que dans cette petite ville, comme dans bien d’autres aux Usa, la culpabilité d’un homme noir arrangeait bien les affaires d’un shérif vénal aux manières fort contestables.

Tout au long de l’enquête qui s’avère longue et délicate, Cullen Post travaille sur d’autres missions en parallèle. Ces multiples intervenants m’ont parfois un peu perdue, mais au final j’ai apprécié ce thriller à l’écriture aussi efficace que sobre. Pas de circonvolutions littéraire ou de description inutile, des faits, des actions, des résultats émaillent cette intrigue réaliste et d’autant plus passionnante que l’auteur s’est inspiré de faits réels.

Il y a longtemps que je n’avais pas lu de thriller de John Grisham. J’ai trouvé que cette version audio met en valeur son écriture dynamique, factuelle, rythmée, et sa connaissance du milieu judiciaire américain.

Catalogue éditeur : Audiolib et JC Lattès

À Seabrook, petite ville de Floride, le jeune avocat Keith Russo est tué à coups de fusil alors qu’il travaille un soir dans son bureau. L’assassin n’a laissé aucun indice. Aucun témoin, aucun mobile. Mais la police trouve bientôt un suspect, Quincy Miller, un homme noir et ancien client de Russo. Quincy est jugé et condamné à une peine de réclusion à perpétuité. Pendant vingt-deux ans, il se morfond en prison et ne cesse de clamer son innocence. Il n’a pas d’avocat, personne pour le défendre. De désespoir, il écrit une lettre aux Anges Gardiens, une fondation où travaille Cullen Post, avocat et ancien pasteur de l’Église épiscopale. Les Anges Gardiens n’acceptent que très peu d’affaires. Post sillonne le pays pour tenter de réparer les erreurs judiciaires et sauver des innocents. Le cas de Quincy Miller, toutefois, représente un défi d’une tout autre nature. Des gens puissants, violents et sans pitié ont assassiné Keith Russo, et ils ne veulent pas voir Quincy Miller disculpé. Ils ont tué un avocat il y a vingt-deux ans, ils en tueront un deuxième sans hésitation.

Traduit par Dominique Defert / Lu par Nicolas Charbonneaux

Parution : 07/07/2021 Éditeur d’origine JC Lattès Durée 11h04 EAN 9791035406288 Prix du format physique 24,90 € EAN numérique 9791035406202 Prix du format numérique 22,45 € Date de parution 07/07/2021

Surtensions, Olivier Norek

Avec Surtensions le lecteur plonge, décolle, jusqu’à la dernière page

Surtensions

Victor Coste est chez le psy, donc Victor Coste va mal. Un de ses hommes est mort, il a tiré sur un malfrat (enfin on l’imagine) … Dès les premières lignes, l’auteur nous prévient, ça ne va pas se passer si facilement que ça. Excellente mise en bouche, monsieur Norek, il n’y a plus qu’à tourner les pages avec impatience pour savoir, pour comprendre !

Si nous avions déjà suivi Victor Coste avec intérêt dans les méandres d’un département 93 que l’auteur nous fait redécouvrir autrement – et sans doute plus surement découvrir pour la plupart d’entre nous – là il va affronter cinq enquêtes en parallèle, sans liens entre elles, ou si peu apparemment.
Car la vie d’un flic n’est ni linéaire ni facile : je bosse sur une enquête et je rentre peinard chez moi m’occuper des bambins ou m’affaler devant la télé avec un carton de pizzas sur les genoux, ça ne marche pas comme ça. Au contraire, il n’est pas évident de laisser enquêtes, meurtres, et criminels en liberté à la porte de son domicile, même si comme l’écrit l’auteur « c’est pas tes proches, c’est pas ta peine ». Même les flics les plus aguerris ont des états d’âme ! Et manifestement Victor à des états d’âmes, des craintes, des questionnements, des envies d’ailleurs qui pourrissent un peu sa vie et sa relation avec Léa, la séduisante légiste. Mais Victor est aussi un excellent flic qui ne laisse tomber ni une enquête, ni son équipe.

Dans ces moments de Surtensions le lecteur plonge littéralement, décolle, jusqu’à la dernière page. Et l’on fait la connaissance de familles Corses un peu mafieuses sur les bords, d’Alex, une jeune femme prête à tout pour sauver sa famille, d’un étrange mercenaire Serbe. Et l’on découvre Mareil, une prison malfamée particulièrement sordide, creuset dans lequel se cristallisent les pires craintes des détenus, où les matons ferment les yeux et où personne ne voudrait aller. Viols, tabassage en règle, menaces, indifférence des gardiens, tout y passe. Fort heureusement Mareil est une invention, on espère qu’elle va le rester ! Là, sont également détenus les différents protagonistes qui se retrouvent mêlés sans autre raison qu’un casse étrange au Tribunal de Grande Instance. L’un d’eux, Nano, fragile et perdu, n’en sortira pas intact. Je ne vous en dis pas plus, sinon il faudrait trop en dévoiler…

Il y a aussi des flics épuisés qui gardent le cap et poursuivent leurs investigations. Et surtout, surtout des hommes et des femmes qui arrivent à leur point de rupture, qui arrivés au bout de leurs propres limites vont réagir en humains, avec leurs défauts, leurs qualités, leurs priorités vitales, indispensables certainement pour survivre ! Et c’est sans doute aussi cela qui fait la réussite de ce roman, ce côté terriblement humain des différents personnages auxquels on pourrait s’identifier et qui en deviennent terriblement attachants.

C’est un roman passionnant, bien écrit, qui a un vrai rythme. On s’y croit et on vibre pour ces flics et ces malfrats. Fin d’une trilogie ? Dommage ! En tout cas, il y a une véritable évolution dans l’écriture, dans la psychologie des personnages, dans la place de l’enquête, on y sent l’expertise et le professionnalisme de l’auteur, mais sans que cela prenne trop de place, laissant la part belle au jeu subtil de l’écrivain, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Voilà un polar que je n’ai pas réussi à lâcher, avec un vrai coup de cœur pour ce nouvel opus, un sérieux cran au-dessus de Code 93 que j’avais lu et apprécié il y a quelques mois. Allez, il me reste à lire Territoire, je sens que je vais craquer bientôt. Et vous ? Vivement le prochain !

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Cette sœur acceptera-t-elle le marché risqué qu’on lui propose pour faire évader son frère de la prison la plus dangereuse de France ? De quoi ce père sera-t-il capable pour sauver sa famille des quatre prédateurs qui ont fait irruption dans sa maison et qui comptent y rester ? Comment cinq criminels – un pédophile, un assassin, un ancien légionnaire serbe, un kidnappeur et un braqueur – se retrouvent-ils dans une même histoire et pourquoi Coste fonce-t-il dans ce nid de vipères, mettant en danger ceux qui comptent le plus pour lui ?
Des âmes perdues, des meurtres par amour, des flics en anges déchus : la rédemption passe parfois par la vengeance…
Pour cette nouvelle enquête du capitaine Coste, Olivier Norek pousse ses personnages jusqu’à leur point de rupture. Et lorsqu’on menace un membre de son équipe, Coste embrasse ses démons.

Parution : 31/03/16 / ISBN :  9782749928166