Toute la violence des hommes, Paul Colize

Un thriller palpitant qui nous entraîne de la Belgique d’aujourd’hui à la Croatie des années 90

Un roman inspiré par des fresques monumentales apparues sur les murs de Bruxelles. Peintes de nuit par un graffeur qui souhaite garder l’anonymat. Aujourd’hui, certaines fresques ont été recouvertes, mais la principale est toujours visible. Et si ces fresques avaient un sens secret, étaient comme une suite, racontaient une histoire ?

A Bruxelles, Nikola Stakovic est graffeur, un artiste solitaire qui vit très bien son anonymat. Ses fresques émeuvent autant qu’elles bouleversent par la violence qui s’en dégage. Mais aujourd’hui le jeune homme est au poste de police, prostré, mutique. Il est interrogé car il est le dernier à avoir vu vivante Ivanka, une jeune femme retrouvée chez elle criblée de coups de couteau. Sa seule réponse aux enquêteurs est un laconique « C’est pas moi ».

Que s’est-il passé ?
Qui est réellement Nikola ? Un génie, un assassin, un fou ? Impossible d’en savoir plus, son attitude interroge quant à ses capacités et sa responsabilité. Pour tenter de le comprendre, il est placé en observation dans un centre médical. Là, tant la directrice, qu’une partie du personnel et son avocat s’interrogent sur sa véritable personnalité. Présumant au fil des jours que sous ce silence s’abritent des démons venus de loin.

Car dans son enfance, Nikola a vécu à Vukovar  en Croatie.
Dans les années 90, les troupes Serbes de Slobodan Milosevic font le siège de Vukovar. Se battant à armes tout à fait inégales, la population tient plusieurs jours, mais la défaite est inéluctable. A ce moment-là, soldats et milices serbes se rendent coupables de nombreuses exactions sur la population. Crimes, viols, hommes, femmes, enfants, vieillards sans discrimination disparaissent en nombre. Nikola a huit ans. Devenu orphelin, il fuit vers l’ouest, vers l’Allemagne puis la Belgique. Pendant les mois de terreur, caché dans les abris souterrains, il a découvert qu’il pouvait évacuer sa terreur par le dessin. Dessin par lequel encore aujourd’hui il trouve un exutoire à ses traumatismes, pour atteindre une forme de délivrance, de liberté, tant par la création que par la libération de tous ses démons.

Le personnage totalement décalé de Nikola, qui souffre d’un trouble post traumatique dû à la guerre, est particulièrement émouvant. Son incapacité à communiquer, son silence, sa souffrance bouleversent. Le récit au présent alterne avec celui des années de guerre, de l’enfance puis de l’adolescence. Peu à peu le lecteur fait le lien, soulève le voile, décèle une part de vérité qu’il espère moins sombre, une lumière au bout  du chemin. Toutes la violence des hommes est un formidable roman à suspense et d’une grande créativité.

Aussi intéressant que passionnant, ce roman hommage au street art Bruxellois, nous dévoile une période de l’histoire récente méconnue et bouleversante. Le dosage entre l’intrigue et la partie historique est parfait, laissant ce qu’il faut de mystère et de justesse aux personnages. Et les personnages justement, et celui de Nikola en particulier, sont terriblement attachants. C’est un roman que je conseille à tous les amateurs du genre, un bon thriller psychologique appuyé par des faits historiques avérés.

Catalogue éditeur : Editions Hervé Chopin

Qui est Nikola Stankovic ?

Un graffeur de génie, assurant des performances insensées, la nuit, sur les lieux les plus improbables de la capitale belge, pour la seule gloire de l’adrénaline ?
Un peintre virtuose qui sème des messages profonds et cryptés dans ses fresques ultra-violentes ?
Un meurtrier ?
Un fou ?
Nikola est la dernière personne à avoir vu vivante une jeune femme criblée de coups de couteau dans son appartement. La police retrouve des croquis de la scène de crime dans son atelier.
Arrêté, interrogé, incarcéré puis confié à une expertise psychiatrique, Niko nie en bloc et ne sort de son mutisme que pour répéter une seule phrase : C’est pas moi.

Entre Bruxelles et Vukovar, Paul Colize recompose l’Histoire. Au-delà de l’enquête, c’est dans les replis les plus noirs de la mémoire, à travers les dédales de la psychologie et la subtilité des relations humaines qu’il construit son intrigue.

Paul Colize est né à Bruxelles, d’un père belge et d’une mère polonaise. Ses polars, à l’écriture aiguisée et au rythme singulier, sont ancrés dans le réel et flirtent avec la littérature générale.
Son œuvre (Back Up, Un long moment de silence, Concerto pour 4 mains…) a été récompensée par de nombreuses distinctions littéraires dont le prix Saint-Maur en poche, le prix Landerneau, le prix Polar pourpres, le prix Arsène Lupin et le prix Sang d’Encre des lecteurs.

14,5 X 22 cm / 320 pages / Paru le 05/03/2020 / ISBN 9782357205253 / Prix : 19€

Grande exposition Hergé au Grand Palais

Que l’on aime, ou pas, les aventures de Tintin, on adorera découvrir la belle exposition consacrée à Hergé au Grand palais

affichehergeokCe qu’en dit le grand Palais : On ne présente plus la carrière de Georges Remi, dit Hergé, auteur belge de bande dessinée principalement connu pour Les Aventures de Tintin. Souvent considéré comme « le père de la bande dessinée européenne », il est l’un des premiers auteurs francophones à reprendre le style américain de la bande dessinée à bulles. Perfectionniste et visionnaire, il crée tour à tour Les Exploits de Quick et Flupke (1930) ou Les Aventures de Jo, Zette et Jocko (1935) et fait évoluer ses personnages en lien avec l’actualité contemporaine. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands artistes contemporains et a vendu presque 250 millions d’albums, traduits dans une centaine de langues.

Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec Le Musée Hergé.

Tout au long de cette exposition, le visiteur se promène dans la vie d’Hergé, à la découverte de sa rencontre avec l’art contemporain, car artiste lui-même, on découvre d’ailleurs quelques tableaux réalisés par Hergé, il était également amateur d’art.

Il débute au journal Le Vingtième Siècle où il fait des reportages sur des sujets très variés, art précolombien, Van Gogh, Goya, etc. Initié à l’art moderne dès les années 60, il va également collectionner les œuvres de ses contemporains.

Si Hergé a toujours aimé raconter des histoires, il aime aussi agrémenter ses histoires de dessins. Mais surtout il passe rapidement maitre dans l’art du découpage, de la mise en scène, du décor, pour créer une atmosphère, des personnages, une intrigue, alliant littérature et art cinématographique pour créer une œuvre originale.

Il publie ses premières planches dans le journal Le Petit Vingtième, mais le journal ferme lors de l’occupation allemande. Dès 1941, il va reprendre ses publications des premiers Tintin pour un supplément hebdomadaire jeunesse. Il connaitra d’ailleurs quelques soucis à la libération, plusieurs fois arrêté, il n’obtiendra son « certificat de civisme » qu’en 1947.

C’est à cette période qu’il connait ses plus grands succès, car jamais les tirages chez Casterman n’ont été aussi élevés. Il adopte enfin la couleur avec l’album L’étoile mystérieuse, et fait entrer le Capitaine Haddock dans le panthéon de ses personnages avec Le crabe aux pinces d’or.

Tout au long des différentes salles, on peut admirer la finesse des traits, le détail, les personnages, présentés par des planches successives et qui montrent bien les étapes de la réalisation d’un album. On est très proche d’ailleurs des dessins préparatoires des plus grands artistes peintres !

De salle en salle, on découvre d’autres aspects de la carrière d’Hergé, comme ces dessins pour des « réclames », ce précurseur de la publicité, de belles affiches, des logos, superbes de finesse et de simplicité, colorés et expressifs.

Une salle est consacrée à la rencontre d’Hergé avec sans doute le seul personnage réel des aventures de Tintin, Tchang, qu’il rencontre à Bruxelles en 1934. C’est le choc des cultures, et la rencontre aussi avec l’humain, qui transforme et donne une dimension supplémentaire à ses albums. On découvre avec plaisir quelques objets personnels, une multitude de dessins aussi, un mur de couvertures des revues Le Petit Vingtième, etc.

Une belle expo qui nous fait voyager sur les traces d’un artiste qui fait rêver les enfants de 7 à 77 ans…S’il faut retenir une leçon ? Pour y arriver, dessiner, dessiner, dessiner encore… et avoir du talent !

Grand Palais, Galeries nationales, du 28 septembre au 15 janvier 2017.