Les Sources, Marie-Hélène Lafon

Un retour aux Sources et la puissance d’une écriture à l’os pour évoquer les violences et les non-dits

Elle vit à la ferme, et avec l’homme depuis dix ans. Dix années de mariage, de douleurs, de silence, de honte sans partage. Trois enfants, deux filles et un fils, qu’elle aime et élève du mieux qu’elle peut.
Vingt-six mois de service au Maroc, de courriers échangés, puis le mariage. Mais il l’avait bien dit le père, je ne le sens pas ton fiancé. Au fils des années, tant de mots dits et autant de mots tus, car à qui dire, avec qui partager la honte des roustes, des coups, des bleus, des insultes du mari.
Pourtant elle est propriétaire de la moitié de la ferme, descend en voiture au village pour aller à la messe avec ses trois enfants, c’est important de montrer ses forces, ses richesses, sa puissance aux autres, ceux du village qui la connaissent et dont elle sait qu’ils racontent ce qu’ils ont vu.

Et les années passent, dix ans déjà, de souffrance de douleur de silence jusqu’au jour où, plus envie de revenir à la ferme, juste envie de tout quitter.
Quotidien ordinaire d’une paysannerie aisée de province, où la vie n’est pas toujours facile mais où les apparences sont sauves. Jusqu’au moment où tout doit changer.

Trois parties de longueurs inégales dans ce roman, la mère, l’homme, la fille aînée. Trois époques, 1967, 1970, 2021. Trois moments importants dans une vie de femme, mariage, divorce, et après.

Une fois de plus Marie Hélène Lafon a les mots simples pour tout dire, l’amour, la souffrance le silence l’abandon la révolte l’incompréhension la famille la solitude la douleur la vie. Impossible de lâcher ce roman avant la fin, et aussitôt l’envie de tout reprendre à zéro tant les mots sont pesés, travaillés posés précis comme ils le sont roman après roman.
Les mots pour dire la vie en province dans les années 60 la famille les violences silencieuses qui détruisent aussi sûrement que les coups, et les violences physiques aussi, isolées dans le silence dévastateur du qu’en dira-t-on et de l’honneur.
J’ai aimé suivre cette femme qui subit, s’interroge accepte et un jour se révolte pour sauver à la fois sa vie et celle de ses enfants. Une vie de femme qui a hélas toute sa place en 2023.

Catalogue éditeur : Buchet-Chastel

La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l’érable, mais elle n’entre pas dans la maison. Elle n’y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l’après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c’est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu’elle a de la chance avec la lumière d’octobre, la cour de la maison, l’érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu’à elle dans l’air chaud et bleu. Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée de tous.

Les Sources est le nouvel opus de Marie-Hélène Lafon après Histoire du fils, prix Renaudot 2020.

Marie-Hélène Lafon est professeur de lettres classiques à Paris. Tous ses romans sont publiés chez Buchet/Chastel.

Date de parution : 05/01/2023 / 16,50 € / 128pages / ISBN : 978-2-283-03660-0

Elle voulait juste être heureuse, Géraldine Dalban-Moreynas

Tomber, se relever, avancer…

Elle est seule, une fois de plus. Il l’a quittée comme ils le font tous, la quitter sans raison, juste le désamour, ou le je ne t’aime plus, totalement incompréhensible.
Ils s’entendaient si bien, lui et elle, sa fille et son fils ; elle y croyait à ce futur à quatre et qui sait plus tard à deux, elle l’imaginait déjà. Mais elle se retrouve seule une fois de plus.

Elle rêve toujours d’un homme qui pourra l’accompagner, l’épauler, la comprendre. Mais c’est comme ça, c’est sa croix sans doute ces hommes qui passent et qu’elle ne retient pas, qui la quittent sans qu’elle sache comment les retenir.

Alors elle rêve d’ailleurs, même si elle a un métier qui lui plaît, une agence qui fonctionne bien.
Elle part à Marrakech se ressourcer, faire le point sur sa vie en miettes. Et se demande alors si elle ne devrait pas tout changer. Et si elle ouvrait une boutique de produits différents, du vrai beau travail traditionnel mais au style modernisé, venu du Maroc par exemple.

Et le lecteur la suit dans ses pérégrinations, ses amours déçues, sa recherche d’un nouveau métier, sa vie de femme et de mère.

L’autrice est cash, directe, spontanée, comme son héroïne souvent déboussolée par ses amours désastreuses, mais capable de réagir et d’avancer sans se laisser abattre. Car il n’est pas toujours facile dans un monde d’hommes tous puissants de s’affirmer, se reconstruire, créer son entreprise et avancer face aux aléas et aux obstacles.

Un roman qui a des airs d’autofiction, quand on sait que Géraldine Dalban-Moreynas tient une boutique en ligne d’artisanat marocain dont elle parle sur les réseaux sociaux. Une lecture pas désagréable mais qui ne me laissera pas de grands souvenirs.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Il l’a quittée la semaine dernière. Plus exactement le mardi soir de la semaine dernière à vingt et une heure quinze. La nuit d’avant, ils ont fait l’amour trois fois. Elle ne sait plus très bien quand exactement. Ce n’est pas très important.
Dans les mois noirs et les nuits blanches qui suivirent, elle se demandera longtemps comment un homme peut faire l’amour trois fois dans la nuit à une femme qu’il va quitter le lendemain. Peut-être justement parce qu’il sait qu’il va la quitter. Lui jurera que non, la veille, il ne savait pas.
On se souvient toujours des jours qui bouleversent nos vies parce que, sur le moment, on pense souvent que tout est terminé ; alors que finalement, c’est ici que tout commence…

17,90 € / Date de parution 01 octobre 2021 / 224 pages / EAN : 9782226452436

Les nuits bleues, Anne-Fleur Multon

L’amour par temps de confinement

Le confinement et le covid ont inspiré bien des romans. Les relations amoureuses aussi.

Lorsqu’elle rencontre Sara à sa soirée de fin d’année, la narratrice ne sait pas encore qu’elle va comme tant d’autres devoir rester confinée chez elle sans espoir de sortir. Comment imaginer alors vivre une aventure amoureuse et rencontrer l’âme sœur, celle qui apparaît sur les écrans de ses nuits bleues, par internet interposé.

C’est pourtant ce qu’elles vont réussir à faire. Se rencontrer, vivre ensemble cet amour neuf, un peu fou dans ce contexte. L’autrice nous fait vivre les gestes, les caresses, les sentiments amoureux, avec douceur et sensibilité. Mais on tourne vite en rond dans une petit appartement et sans espoir de sortie. Même si parfois l’imagination supplée au manque du monde extérieur.

Un roman sur l’amour et la rencontre, mais fade et sans trop de saveur à mon goût. Je retiens cependant l’originalité de l’écriture, qui se veut singulière parfois à l’excès, la poésie des mots pour dire les sentiments naissants, mais aussi la banalité des émoticônes lorsqu’ils sont décrits et surabondants. Un roman que j’ai cependant lu en une soirée, une histoire d’amour comme tant d’autres, entre deux jeunes femmes qui se cherchent, se trouvent, et partent vivre leurs rêves d’ailleurs, ailleurs.

Un roman de la sélection 2022 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : L’Observatoire

Dans les rues d’un Paris déserté, la narratrice avance la peur au ventre et la joie au cœur : c’est chez Sara qu’elle se rend, pour la toute première fois. Les premières fois, les deux amantes les comptent et les chérissent, depuis leur rencontre, les messages échangés comme autant de promesses poétiques, le désir contenu, jusqu’à l’apothéose du premier baiser, des premières caresses, de la première étreinte. Leur histoire est une évidence.

Débute une romance ardente et délicate, dont les héroïnes sont également les témoins subjuguées. La découverte de l’autre, de son corps, de ses affects, l’éblouissement sensuel et la douce ivresse des moments partagés seront l’occasion d’apprendre à se connaître un peu mieux soi-même.

Anne-Fleur Multon redonne ses lettres de noblesse et d’humanité au roman d’amour et nous entraîne dans les dédales d’une passion résolument joyeuse, souvent charnelle et parfois mélancolique, mais toujours étourdissante.

Nombre de pages:  208 / ISBN: 979-10-329-2229-3 / Date de parution: 05/01/2022

Authentique par Clémence Baron, théâtre BO Saint Martin

Elle est authentique, parole de Clémence, et de la parole, elle en a et nous en fait profiter avec humour, malice et humanité

La rencontre avec son futur mari, les frères trisomiques tellement attachants, drôles, déroutants, mais qui apportent tant à leurs familles, la réaction des parents, des deux côtés d’ailleurs, pas facile d’accepter les mariages mixtes qu’elle que soit la famille à laquelle on appartient.

Le mariage, le confinement avec les beaux-frères. Commencer sa vie à deux à quatre, ce n’est décidément pas simple pour se retrouver, se connaître, s’aimer.
Et pourtant que d’humour, de drôlerie, d’affection profondes pour son mari, sa famille, ses frères. Malgré les bagarres, les voix qui tonnent, les exaspérations ou les silences, ici les disputes se vêtent de chaleur, de finesse, de sensibilité.

Clémence baron tient la scène pendant plus d’une heure et son public se régale à l’écouter, vibre à ses excès, ses vérités, son humour décalé et sa profonde humanité.

C’est au théâtre BO 19 bd Saint Martin Paris métro République
Les mercredis jusqu’au 29 juin à 19h30
Puis au Sham’s Théâtre – Avignon à 13h au Festival OFF d’Avignon.

Pas la guerre, Sandrine Roudeix

Vivre à deux, ou se faire la guerre

Assia et Franck s’aiment. Ils vivent ensemble, mais l’amour n’est pas tout et au fil des jours, la cohabitation s’avère parfois difficile. Assia, est fille d’immigrés marocains, elle a toujours eu besoin d’affirmer sa place, son rôle, et certaines remarques la laissent à fleur de peau. Franck vient d’une famille dans laquelle on ne se parle pas. Difficile alors d’imaginer un dialogue fluide entre ces deux-là. Et ce soir, après une phrase malheureuse d’Assia, la dispute est bien au-delà d’un échange tendu, ils sont arrivés au bord de la rupture.

Dans une unité de temps et de lieu, cette soirée devient un mouvement de bataille, une montée en puissance du conflit avant la guerre aussi dévastatrice que définitive. Le repli d’abord, l’approche ensuite, puis l’assaut avant l’attaque.

L’autrice fait de cette soirée un moment de bascule avant l’explosion. Mais sauront-ils s’arrêter à temps ? Car la relation de couple, comme la relation amoureuse en général, n’est jamais un long fleuve tranquille. Fatigue, frustration, paroles malheureuses, cadre de référence dans lequel chacun a évolué, colère, désir, peur, envie, doute, sont autant d’éléments qui peuvent faire basculer un moment délicat en guerre ouverte.

J’ai trouvé la thématique intéressante, en particulier l’exploration et la finesse dans l’appréhension des sentiments et des tourments au plus intime. J’ai aimé l’écriture singulière, tout comme l’idée du roman. Pourtant je n’ai pas vraiment réussi à ressentir des émotions au contact d’Assia et Franck. Comme si l’intensité de leur combat les avait tenu trop loin de moi, à l’écart du monde dans leur bulle de rancœur et de violence, de certitude et d’individualisme. Mais peut-être est-ce commun à une certaine jeunesse d’aujourd’hui, individualiste et qui rêve de liberté avant de penser à vivre en couple. Pourtant ce n’est pas seulement parce qu’on s’aime que la vie à deux est facile, c’est un long chemin et un véritable travail sur soi qu’il faut faire chaque jour.

Catalogue éditeur : Le Passage

C’est l’histoire d’une fille qui se croit émancipée. C’est l’histoire d’un garçon qui se croit libre. Assia a 24 ans et est née en France de parents marocains. Franck a 25 ans et a grandi à Paris auprès d’un père militaire. Entre les deux, la possibilité d’un amour. Un emménagement. Le mélange des corps et des territoires. Mais un soir, l’entente se rompt. Comme du barbelé, des paroles les séparent. Comment aimer l’autre quand on traîne sa culture et sa famille avec soi comme autant d’ombres cachées sous le matelas ?

Sandrine Roudeix est romancière, scénariste et photographe. Elle est notamment, l’auteure des romans Attendre (Flammarion, J’ai lu) et Les Petites Mères (Flammarion), salués par la critique. Elle a également publié Diane dans le miroir, un texte consacré à la photographe américaine Diane Airbus (Mercure de France). Avec Pas la guerre, son cinquième roman, elle poursuit sa quête de l’intime et creuse de son écriture sensible et à fleur de peau les questions d’identité, d’émancipation féminine et de transmission familiale.

ISBN : 978-2-84742-477-5 / Date de publication : 6/01/2022 / pages : 160 / Prix : 18 €

Et mes jours seront comme tes nuits, Maëlle Guillaud

Un magnifique roman qui parle d’amour et de souvenirs

Hannah vit entre parenthèse depuis que son bel amour Juan est loin d’elle, depuis qu’elle lui consacre ses jeudis, qu’elle a elle aussi franchi la ligne entre le monde de dehors et celui de la prison.
Ils se sont rencontrés à Tanger. Hannah est musicienne, Juan artiste peintre. Ils ont tout de suite été en harmonie, soudés par le chagrin d’une enfance pas toujours heureuse, elle orpheline à huit ans, lui issu d’une famille de franquistes convaincus et toujours aussi passionnés qu’il rejette avec ardeur.
Autour de Juan il y a aussi Nessim, l’ami fidèle, celui qui a reconnu son talent, qui l’aide à vendre ses toiles, celui qui a une telle emprise sur Juan qu’il pourrait lui demander la lune.

Alors chaque jeudi Hannah ne vit que pour ses visites à la prison, c’est sa respiration, son moment suspendu, hors du temps, son obligation consentie.
Jusqu’au moment où le rideau se déchire sur une Hannah un peu perdue, et où le lecteur se demande où Maëlle Guillaud l’a embarqué.

L’autrice a un vrai talent pour sonder les âmes, mais aussi pour décrypter l’enfermement sous toutes ses formes au fil de ses romans. D’abord avec une jeune femme qui fait vœux de devenir religieuse dans Lucie ou la Vocation, puis une jeune fille qui se cherche dans une famille très française, enfin une jeune femme dont l’amoureux est en prison. Chacune a sa propre geôle qui la tient prisonnière. Ici, Hannah est prisonnière d’un amour absent, envolé, mis en cage loin d’elle.
Jusqu’à ce qu’elle trouve la force de s’en détacher ?

Créatrice du prix Montre Cristo avec la maison d’arrêt de Fleury-Merogis l’autrice connaît le quotidien des détenus vu par ceux qui leur rendent visite, ceux du dehors, et les scènes en milieu carcéral sont d’un grand réalisme. Le lecteur perçoit cette solitude, ce bruit, cet enferment. Et la douleur d’être enfermé.

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

« Le jeudi, c’est la cérémonie des retrouvailles. Dans quelques heures, elle pourra le voir, le toucher. Il lui racontera ces heures qui s’étirent, la promiscuité et le bruit incessant. Infernal. C’est le premier mot qu’il avait choisi pour décrire ce chaos ambiant. »
Dans le RER qui la conduit à la maison d’arrêt, Hannah ne peut s’empêcher de penser à tout ce qu’elle a perdu. Elle songe à celui qu’elle aime plus que tout malgré la trahison, et qu’elle va retrouver au bout du trajet. À ses fantômes qui l’habitent et l’escortent depuis si longtemps. À Tanger, ville lumière cernée par les ombres inquiétantes. Heureusement, il y a son art, la musique, qui l’aide à tenir debout et à combler les vides. Mais jusqu’à quand ? Hannah comprendra-t-elle qu’elle se doit d’ouvrir les yeux ?

EAN : 9782350877815 / Format : 140 x 205 mm / 17.50 € / Date de parution : 03/02/2022

Le sang des bêtes, Thomas Gunzig

Un roman déroutant qui bouscule les certitudes

Tom, la cinquantaine bodybuildée s’ennuie dans sa boutique de produits pour sportifs. Il se demande ce qu’il a fait de sa vie. Une forme de lassitude le tourmente chaque jour, mais rien de bien grave. Il attend les clients et continue ses exercices de musculation pour conserver ce corps qu’il sculpte depuis des années.

Chez lui l’attend Mathilde, la compagne qui partage sa vie depuis vingt cinq ans. Son quotidien va être bouleversé par le retour au bercail de leur fils Jérémie qui vient de rompre avec Jade, sa copine. Et par l’arrivée de Maurice son père atteint d’un cancer. Il vient puiser dans la chaleur du foyer les forces nécessaires pour supporter les séances de chimiothérapie qui s’annoncent. Ce père juif dont la famille a péri dans les camps, victime de la Shoa. Ce père et ce passé dont Tom refuse de s’encombrer.

Malgré la lassitude qui le prend chaque jour et alors qu’il regarde les chalands qui passent devant sa vitrine, Tom est choqué par l’attitude d’un homme envers une femme. Il ne réagit pas immédiatement, mais quelques jours plus tard il décide d’intervenir et de porter secours à la même femme à nouveau violemment traitée par son compagnon. Se sentant légitime pour intervenir, et alors qu’il lui propose son aide, il est très surpris de sa réaction pour le moins inattendue.

Je n’en dit pas plus et vous laisse découvrir la suite …

Voilà un roman tout a fait étrange, à la lecture parfois déroutante et qui bouscule nos certitudes. Sommes nous toujours ce que nous pensons être, qui est l’intrus ou le migrant parmi nos proches, qui est celui qui connaît réellement son passé et ses origines, et savons-nous seulement ce que nous voulons faire de nos vies. De nombreuses questions sont posées ici, sur le genre, le passé et la famille, la place que l’on souhaite occuper dans la société et celle qui nous est assignée sans que l’on ait un mot à dire. Sommes nous libres de nos décisions, de nos actes, de choisir notre futur.

J’ai aimé que sous des airs joyeux et déjantés, ce roman surréaliste nous pose de bonnes questions sur nous même et sur nos désirs, sur la place des femmes tant dans la famille que dans la société, la mode ou le besoin du végan, notre relation aux animaux et aux hommes pour ne citer que celles-là.

Catalogue éditeur : Au Diable Vauvert

« Même si parfois la vie est difficile pour vous, vous n’avez aucune idée de ce que c’est que la sensation terrifiante d’être un animal dans le monde des humains. »

Thomas Gunzig est un fauve littéraire aux gestes féroces et déroutants. On devine que face à lui, les mots tremblent de trouille, et ils ont bien raison. Hervé Le Tellier – Prix Goncourt 2020
Drôle, tendre, cruel et politique, ce roman est un cadeau. Merci Thomas Gunzig. Adeline Dieudonné

Thomas Gunzig, né en 1970 à Bruxelles, est l’écrivain belge le plus primé de sa génération et il est traduit dans le monde entier. Nouvelliste exceptionnel, il est lauréat du Prix des Éditeurs pour Le Plus Petit Zoo du monde, du prix Victor Rossel pour son premier roman Mort d’un parfait bilingue, mais également des prix de la RTBF et de la SCAM, du prix spécial du Jury, du prix de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Française de Belgique et enfin du très convoité et prestigieux prix Triennal du Roman pour Manuel de survie à l’usage des incapables. En 2017 il reçoit le prix Filigranes pour son roman La Vie sauvage. Star en Belgique, ses nombreux écrits pour la scène et ses chroniques à la RTBF connaissent un grand succès. Il a publié et exposé ses photos sur Bruxelles, Derniers rêves. Scénariste, il a signé le Tout Nouveau Testament aux deux millions d’entrées dans le monde, récompensé par le Magritte du meilleur scénario et nominé aux Césars et Golden Globes. Sont aussi parus au Diable vauvert, ses romans : 10 000 litres d’horreur pure, Assortiment pour une vie meilleur, Et avec sa queue il frappe.

Date de parution : 2022-01-06, Nombres de pages : 234, EAN-ISBN : 979-10-307-0452-5

On pourrait croire que ce sont des larmes, Eric Genetet

Après les années de silence, la rencontre d’un fils et de sa mère, émotion garantie

Lorsque Genio Tardelly, le voisin de Louise, averti Julien que sa mère à disparu, il n’a d’autre choix que de venir le retrouver. Portant, voilà trente cinq ans qu’il n’est pas revenu à Argelès-sur-mer, la station balnéaire où sa mère a posé ses valises lorsqu’elle a enfin accepté de prendre sa retraite.

Tout au long du voyage, les souvenirs l’assaillent, ces trajets qu’ils refaisaient chaque année pour passer les grandes vacances en bord de mer. Louise, sa mère, une femme très amoureuse de son mari, une comédienne qui a attendu toute sa vie le rôle qui allait faire démarrer sa carrière. Serge, son père, un bel homme très secret qui a disparu un jour de l’été 1986 pour ne jamais revenir.

Julien est photographe. Après s’être essayé aux paysages pendant des journées et des nuits, parcourant l’Europe au volant de la vieille Mercedes de son père, il a compris que ce qui l’anime, c’est sa relation aux autres, son regard posé sur eux, que son point fort c’est les portraits.

La relation entre la mère et le fils n’a jamais été facile et s’est détériorée depuis des années. Car Julien en veut à Louise, la seule responsable à ses yeux du départ du père. Et donc la seul responsable de ses échecs amoureux, de son instabilité, de son inadaptation au monde qui l’entoure.

Mais le retour vers Argelès-sur-mer s’avère être aussi un retour vers les années d’enfance, vers la relation qui l’unit à sa mère, vers le manque du père. Car ils parlent, elle l’écoute, elle a enfin envie de lui dire tant de choses, mais elle se tait…

Il y a des familles qui portent des mystères trop lourds pour s’aimer.

Ce que j’ai aimé ?

Le style de l’auteur, cette simplicité apparente de l’écriture, toute en émotion, en silences et en non-dits qui pourtant parlent au lecteur. Entendre les regrets et les silences d’une mère et de son fils qui auraient tant à se dire pour se comprendre. Ces silences que l’on s’impose alors qu’il faudrait parler, ces rancœurs que l’on refuse d’éteindre, les souvenirs que l’on a transformé pour qu’ils ne fassent plus souffrir, le passé que l’on modifie comme on s’arrange parfois avec la vie.

L’absence d’un père, violente, incompréhensible, sur laquelle il faut construire sa vie. Le silence de la mère, comme un refuge à sa douleur, mais dressé comme une palissade face aux questions et aux attentes d’un fils. Cette mère qui écrit pour se retrouver, pour dire son manque à elle, pour dire l’amour absent et celui jamais exprimé, pour dire la peine, la solitude. Les mots posés sur le papier en exutoire à la douleur, comme un point final. Et ce fils qui doit se construire seul, dans l’indifférence et l’absence d’amour maternel, sur le manque.

Beaucoup d’humanité et d’amour entourent chacun de ces personnages. Le roman est court, mais d’une densité telle que l’émotion est là, vibrante, touchante.

Catalogue éditeur : Héloïse d’Ormesson

Julien doit prendre la route pour Argelès-sur-Mer. Cela fait près de trente ans qu’il n’y est plus retourné. C’est là-bas, sur la plage, qu’il a abandonné son innocence, ses souvenirs d’une enfance heureuse et celui du visage de son père. C’est aussi là-bas que s’est installée sa mère, Louise, depuis plusieurs mois. Elle qui s’était promis de ne plus y remettre les pieds non plus. Ce trajet qui le ramène vers son passé, Julien n’a d’autre choix que de l’emprunter : sa mère a disparu. Du moins l’a-t-il cru, car elle est bien dans son appartement lorsqu’il arrive. À quoi joue-t-elle ? Louise veut lui parler. Elle doit lui parler. Mais après tant de silence, y a-t-il encore quelque chose à renouer ?

À travers le portrait de cet homme en route vers son passé, Éric Genetet raconte les silences infranchissables et les blessures vives de l’enfance. Mais au bout du voyage, la lumière inonde la plage entre les larmes et ouvre la voie de la renaissance. L’avenir est toujours à construire.

Né en 1967, Éric Genetet vit entre Strasbourg et Paris. Journaliste, il a travaillé dix ans dans le monde de la radio (notamment pour France Bleu Alsace). Il est l’auteur de plusieurs romans dont Le Fiancé de la lune, sélection Talents Cultura 2008, Tomber (2016), lauréat du prix Folire (Thuir, Pyrénées-Orientales), et Un bonheur sans pitié (2019).

EAN : 9782350877877 / Nombre de pages : 160 / 16.00 € / Date de parution : 27/01/2022

Simone, Léa Chauvel-Lévy

Quand Simone rencontre André Breton, ou la naissance d’un amour

En 1920, dans Paris libéré des horreurs de la première guerre mondiale, la jeunesse cherche un monde nouveau à partager. Simone Rachel Kahn, 23 ans, jeune femme à l’esprit libre, a le goût de la découverte, mais elle a déjà un lourd bagage intime à porter après sa rupture avec Voldemar.

Simone aime aller dans les café avec ses camarades pour refaire le monde. Elle écoute aussi ces Dadas dont on parle tant, même si elle n’aime pas du tout Tzara. Ces Dadas qui ont trouvé une façon bien à eux d’oublier les années de guerre et de privation, en cherchant à créer un monde nouveau, par la littérature, la pensée, par la force de leur jeunesse prête à tous les extrêmes.

C’est au cours d’une de ces rencontre qu’elle fait la connaissance d’André Breton.

Issu chacun d’un milieu différent, elle protégé par sa famille et ses origines des horreurs de la guerre, lui infirmier à Nantes, à Paris, connaît les souffrances et les blessures des rescapés. Réticente de prime abord, la jeune fille de bonne famille va vite se sentir attirée par cet homme singulier et à la forte personnalité. Si certaines choses les séparent, en particulier les Dadas, leur amour de l’art, leur curiosité, leur modernité va très rapidement les rassembler.

C’est ce moment de la vie de Simone, la rencontre avec Breton, après la rupture avec son ami Voldemar, que Léa Chauvel-Levy a choisi de nous raconter. Cette période d’interrogation et de doute, alors que l’intérêt qu’elle porte à André Breton est de plus en plus prégnant. Comment vivre avec un homme issu d’un milieu aussi différent, comment le faire accepter par sa famille, et leurs goûts communs seront-ils suffisants pour les unir durablement. En choisissant de répondre aux questions que se pose Simone l’autrice nous parle de femmes et d’universalité des sentiments, d’interrogations et de doutes, d’amour et de vie.

Catalogue éditeur : L’Observatoire

Paris, 1920. Simone Rachel Kahn n’est encore qu’une jeune femme de 23 ans. Esprit libre, férue de littérature, de poésie et de philosophie, elle vagabonde dans le Paris d’après-guerre, à la recherche de quelque chose ou quelqu’un qui, enfin, pourrait la faire renaître. Entre la librairie d’Adrienne Monnier et le Lutetia, elle croise le chemin des Dadas qui l’irritent autant qu’ils l’intriguent.

C’est alors qu’elle rencontre celui qui fera d’elle Simone Breton. L’auteur des Champs magnétiques n’est qu’un jeune artiste, déjà exalté, mais encore à la recherche de repères, de sa véritable voix.
Il est sans-le-sou, après avoir déserté les bancs de l’école de médecine. Simone, elle, est promise à un autre. Et pourtant…

Date de parution: 18/08/2021 / Nombre de pages: 192 / ISBN: 979-10-329-2124-1 / Format 14 x 20 cm

La grande Aventure, Victor Pouchet

Et si « La grande Aventure » du couple et de la vie était finalement un long poème…

Quel plaisir de lecture ce court recueil de Victor Pouchet, préface d’Hervé Le Tellier, publié par les éditions Grassert.
Parce que la poésie n’est jamais ridicule, qu’il suffit parfois d’aller à la ligne et que lire ou écrire un poème par jour peut nous rendre heureux.

Elle et lui, lui sans elle qui le quitte, elle et lui, elle sans lui qui doit partir, la vie, chaque jour, faite de petits riens, des promenades dans un sens ou dans l’autre, la montagne, la cuisine, le jardin, les souvenirs, les moments paisibles, ceux que l’on passe loin de l’autre, ceux que l’on partage, ceux que l’on voudrait tant vivre à deux. C’est l’attente, l’espoir, l’amour, le silence, les mots et les regards que l’on pose ensemble sur la vie, les joies et la tristesse, le quotidien.
Quand ce quotidien somme toute banal devient poésie et humour, solitude et retrouvailles, partage et échange.
Une poésie résolument moderne qui emprunte aux réseaux, téléphone et emoji sans que cela paraisse incongru ou déplacé.

Catalogue éditeur : Grasset

« Le fil c’est peut-être une histoire très simple : tragi-comédie en cinq actes et deux personnages. L’un régulièrement menace de partir. L’autre se contente d’écrire des poèmes, dans l’espoir absurde de l’en empêcher. »

Dans ce roman-poème, Victor Pouchet déroule en vers une histoire d’amour et d’amitié à la fois bouleversante et légère. Celle d’un homme et d’une femme qui se rencontrent, se quittent et se retrouvent. Et des petites et grandes aventures que la vie leur offre – réservoir de joies et batailles inédites. Avec humour, grâce et musique, Victor Pouchet nous emporte dans un livre plein de trésors et de simplicité. Une grande aventure.

Parution : 6 Octobre 2021 / Pages : 160 / EAN : 9782246829539 prix 14.50€ / EAN numérique: 9782246829546 prix 9.99€