Plus de 200 kimonos, anciens et plus modernes, mais aussi objets, gravures, etc. sont là pour nous raconter l’histoire de ce vêtement emblématique porté au Japon depuis le XVIIe siècle. Un kimono est toujours en forme de T, sa diversité vient du choix des matières, broderies, accessoires associés. On peut d’ailleurs voir dans cette expo une grande variété de tissus, soieries, cotons, et de somptueuses broderies. Mais aussi techniques de teinture particulières, comme le Kanoko shibori, ou couleurs extravagantes à base de pigments naturels.
Vêtements aussi bien féminin que masculin, porté à tout âge, y compris par les enfants. Il existe depuis plus de 1000 ans. Ici, on peut voir des vêtements de l’époque Edo, de 1603 à 1868 jusqu’à aujourd’hui.
S’il est un vêtement emblématique de l’histoire du Japon, il est également toujours d’actualité.
On peut voir des pièces rares comme un kimono fabriqué par Kunihiko Moriguchi, mais aussi Yves Saint Laurent, John Galliano, etc. car il est toujours une source d’inspiration pour les grands couturiers.
L’expo est magnifique. Réservation obligatoire, mais l’un des avantages de ce musée c’est que le billet dure toute la journée y compris si vous sortez. Je suis donc allée voir les blacks Indians le matin avec mon petit fils, et suis retournée seule l’après-midi voir cette somptueuse exposition.
Je suis attirée par la couleur pure, couleurs de mon enfance, de l’Ukraine, Sonia Delaunay
Alexandra K est une passeuse de mots, d’âmes, d’histoires, celles d’un peuple qui depuis trop longtemps doit plier face à l’envahisseur. Ce peuple qui a été contraint d’abandonner sa langue déjà depuis les années 1930, et donc sa mémoire, son histoire. Ce peuple aujourd’hui encore envahi et meurtri par la puissance soviétique qui rêve de l’anéantir.
K vit avec une montre arrêtée à 19h06, l’heure de l’invasion, de la guerre, de la défaite. Elle s’occupe de sa mère malade à qui elle ne dit rien de la situation en ville et dans le pays. Elle a une sœur jumelle, Mila, partie photographier les combats, dont elle est sans nouvelle. K est archiviste. Elle a refusé de fuir. Les œuvres d’art, livres, sculptures, tableaux majeurs du pays ont été mis à l’abri dans sa bibliothèque aux sous-sols infinis. Chaque jour elle protège ces richesses, accompagnée d’ombres invisibles et protectrices qui veillent avec elles. Mais c’est sans compter sur la visite de l’homme au chapeau qui doit mener à bien un grand projet de révisionnisme d’état. Il représente l’envahisseur et demande à K d’annihiler les traditions et la culture de son pays en falsifiant et en détournant un certain nombre d’œuvres majeures. K peut-elle se soustraire à ses ordres alors qu’il détient sa sœur jumelle sur qui il a droit de vie ou de mort.
De chapitre en chapitre, l’homme au chapeau lui présente les œuvres ou les artistes sur lesquels elle doit travailler. Et chacun est prétexte à nous parler avec poésie et dans une atmosphère fantastique et envoûtante qui allège les douleurs, de la culture et des traditions de l’Ukraine, ce pays cher au cœur d’Alexandra Koszelyk.
J’y retrouve ce qui constitue un pays, ses traditions, son histoire, sa culture, et découvre ces artistes qui ont agit pour que vive et survive leur art.
Si le tournesol est l’une des fleurs emblématiques de l’Ukraine, ici ce sont les soucis qui fleurissent. Cette fleur orange appelée la chornobryvtsi est plantée partout et prolifère dans les jardins et au bord des routes ; L’hymne national créé par Mukhailo Verbytsky en souvenir de l’Hematat, premier état ukrainien fondé par les cosaques en 1649, et les coutumes des cosaques ; Mais aussi Kharkiv et les tentatives de faire taire à jamais les joueurs de bandoura, l’instrument de musique traditionnel de l’Ukraine ; Les vitraux d’Alla Horska, artiste assassinée comme tant d’autres dans les années 70, et la poésie de Taras Chevchenko ou de Lessia Oukraïnka ; Les peintures naïves de Maria Primatchenko, dénigrée et rejetée par l’académie mais certaine d’être dans la bonne voie ; La littérature de Mykola Gogol et son envie de parler de son pays même en exil à Paris ; L’artiste peintre Sonia Delaunay et ses magnifiques œuvres colorées pour peindre les sentiments les émotions ;
Chacun à sa manière donne sa force à K, lui montre le chemin, ombres bénéfiques qui veillent sur elle et sur la culture et les traditions d’un pays meurtri.
Comment ne pas évoquer enfin les grands événements qui ont marqué le pays. L’Holodomor, la grande famine orchestrée par Staline pour vider l’Ukraine de ses habitants, mais aussi Tchernobyl ou la révolution de Maïdan. Ces événements meurtriers que l’on peut rapprocher de ce que vit l’Ukraine aujourd’hui.
Ce que j’ai aimé ?
Découvrir cette culture que je connais trop peu et bien mal, et j’ai vraiment envie de m’y plonger plus avant pour mieux découvrir les œuvres et les artistes. D’ailleurs, si j’ai mis quelques jours à le lire, c’est surtout par envie de noter des noms, de les chercher sur internet pour commencer à mieux connaître ces artistes. Merci Alexandra K pour ce magnifique roman, l’écriture est vraiment la plus belle façon de prendre les armes. A vous maintenant de lire L’Archiviste ce roman qui nous fait mieux comprendre le pouvoir que détiennent les livres et la culture pour forger une nation.
K est archiviste dans une ville détruite par la guerre, en Ukraine. Le jour, elle veille sur sa mère mourante. La nuit, elle veille sur des œuvres d’art. Lors de l’évacuation, elles ont été entassées dans la bibliothèque dont elle a la charge. Un soir, elle reçoit la visite d’un des envahisseurs, qui lui demande d’aider les vainqueurs à détruire ce qu’il reste de son pays : ses tableaux, ses poèmes et ses chansons. Il lui demande de falsifier les œuvres sur lesquelles elle doit veiller. En échange, sa famille aura la vie sauve. Commence alors un jeu de dupes entre le bourreau et sa victime, dont l’enjeu est l’espoir, espoir d’un peuple à survivre toujours, malgré la barbarie.
18.00 € / 272 pages / ISBN : 978-2-373-05655-6 / Date de parution : 07 Octobre 2022
Un livre né de la rencontre d’une femme blanche avec les Yenomami, communautés d’indiens semi-nomades de la forêt amazonienne.
Dans les années 69, Paliki part pour une mission en forêt amazonienne. Elle veut devenir photographe et souhaite réaliser un reportage sur les Yanomami. Un séjour au milieu d’eux lui permet de les comprendre et de les apprécier. Elle souhaite les photographier mais découvre avec stupeur que le flash des photos leur fait peur. Il pourrait figer les morts auprès des vivants et ils les hanteraient pour toujours. Il est hors de question d’aller à l’encontre de ces croyances auxquelles elle prête une grande attention.
Soucieuse de les respecter, elle fera plusieurs séjours avant d’être acceptée et de pouvoir les photographier librement et ouvertement. Mais peu à peu cette communauté de vie à priori provisoire devient sa norme. Elle ne reviendra plus à Brazilia et reste auprès d’eux pour partager leur vie.
Ce roman se lit d’un souffle. Ce souffle est celui de la vie des peuples natifs de l’Amazonie qui sont chassés peu à peu de leurs territoires par les garimperos. Mais surtout par l’appât du gain des grands groupes internationaux, poussés par la gouvernement actuel du Brésil, et qui n’hésitent plus à défricher la forêt amazonienne. Le poumon de la planète est en danger. Ce n’est plus un abri sûr pour les peuples qu’il a longtemps protégés, et sa disparition programmée est une catastrophe pour l’homme.
Court, humain, intense et porteur de sens, un roman qui fait réfléchir au sens profond de la vie et à l’indispensable communion des hommes et de la nature.
Paliki sait-elle que la première expédition en forêt amazonienne d’où elle veut ramener des photos des Yanomami changera pour toujours sa vie ? Avant de choisir définitivement de rester avec eux, elle alertera le monde sur ce qu’il faut bien appeler la destruction massive d’une communauté humaine ainsi que celle de la forêt où ils vivent.
David Hennebelle est né à Lille en 1971. Professeur agrégé et docteur en histoire, il a publié aux éditions Autrement Mourir n’est pas de mise, 2018, Prix Georges Brassens 2018, et Je marcherai d’un cœur parfait, 2020. Vers la flamme est son troisième roman.
Prix public TTC 18.00 € / Date de publication 05/01/2023 / EAN 9782363083210
Je pensais découvrir une BD qui allait me parler d’histoire, de Russie et de personnages historiques connus, j’ai plongé avec surprise dans le tome 1 de ce manga qui se déroule au pays du soleil levant. Dans le Japon des années 90, Yuki, celui que l’on appelle Raspoutine est un jeune homme au service de son pays. D’abord employé dans les ambassades il se retrouve un jour incarcéré et accusé à tord de corruption et de collusion avec l’étranger.
Et le lecteur découvre alors les arcanes de la justice japonaise, la mauvaise foi du procureur en charge de son dossier, et comment par interrogatoires successifs, il va tout tenter pour réussir à l’inculper, qu’il soit coupable ou non.
Les relations entre la Russie et le Japon, en particulier les échanges houleux à propos des îles du nord et de leur appartenance à l’un ou l’autre des deux pays, sont au cœur de cette histoire. Le jeune Yuki est rapidement victime d’un système capable de détruire un homme pour arriver à ses fins. C’est tout à fait glaçant et particulièrement instructif quant au fonctionnement du système judiciaire japonais.
Une fois passée l’hésitation due au manque d’habitude pour la lecture de droite à gauche, je me suis rapidement laissée embarquer par ce thriller politico-historique.
Celui qu’on appelle le Raspoutine du ministère des affaires étrangères a été arrêté par la brigade spéciale du ministère public de Tokyo. Pourquoi ce diplomate semble-t-il impliqué dans la rétrocession des îles du nord de Hokkaido par la Russie? Basé sur l’expérience personnelle de l’ancien diplomate Masaru Satô, ce récit présente son combat contre un procureur de la brigade spéciale au cours de sesinterrogatoires quotidiens
Un grand livre qui ressemble d’avantage à une revue luxueuse, très agréable à feuilleter.
On y trouve des adresses, c’est illustré de 150 photos qui donnent envie, et les lieux plus ou moins connus ponctuent notre découverte de cette belle région dans laquelle j’aime tant aller depuis des années. Car en Normandie il y a toujours quelque lieu, ville, village, à découvrir, quelque bonne chose à déguster, quelque site insolite à parcourir. La diversité des paysages, la richesse de la région, aussi bien aujourd’hui qu’à travers l’histoire, en font une région incontournable.
Quelle soit culturelle, gourmande, touristique ou entrepreneuriale, insolite ou secrète, la Normandie nous appelle et nous adorons lui répondre.
Bien sûr, les choix sont ceux de l’auteur et on aimerait parfois voir d’avantage d’adresses insolites, de lieux méconnus, mais les photos sont belles et nous rappellent qu’il faut aller voir pour mieux découvrir cette région de France hospitalière, belle et verdoyante.
« La Normandie existe ainsi, et elle existe aussi loin de tous ces clichés. Elle sait être créative, secrète, insolite et bien entendu gourmande. Dans ce livre splendide, vous découvrirez la rencontre merveilleuse entre un territoire et ceux qui le font vivre. Les paysages, magnifiquement photographiés, sont comme autant d’écrins à une trentaine d’extraordinaires trajectoires de vie ». Michel Bussi
Peu de régions en Europe bénéficient d’une notoriété comparable à celle de la Normandie. Au fil des pages de cet ouvrage richement illustré découvrez les talents normands, des hommes et des femmes issus de tous les horizons. Retrouvez des portraits de personnages remarquables, des sites confidentiels, des lieux insolites, le savoir-faire de pointe et l’excellence. Dominique Krauskopf a grandi en Normandie. Rédacteur en chef du portail Voyager-magazine.fr, bien qu’attiré par les voyages au long cours et les grands sites naturels de la planète, il garde toujours un œil sur ceux qui bougent et font l’actualité de la Normandie. Date de parution 29/04/2022 / 26,00€ /
Avant que le lecteur lambda ne devienne une espèce en voie d’extinction, protégeons les derniers hommes-lecteurs
Si aujourd’hui 85% des lecteurs sont des lectrices, il existe de fait un certain nombre de lecteurs, et donc d’hommes qui apprécient la lecture et aiment en parler.
Mais dans ce roman tout à fait délicieux et parfois désarmant, l’auteur imagine un monde dans lequel le dernier des lecteurs devra faire un choix s’il ne veut pas que le goût de la lecture s’éteigne avec lui. Transmettre sa passion à d’autres hommes, à ce fils qu’il pourrait élever un jour, devenir auteur lui-même pour enfin voir chez les libraires des thèmes qui pourraient intéresser ses coreligionnaires ?
Difficile de trouver la bonne solution même si toutes les options restent possibles. Enfin, s’il est encore temps, car rien n’est moins sûr. Dans le monde de notre narrateur, les hommes regardent les écrans, font du sport ou en parlent beaucoup, ont un travail et des responsabilités, et laissent la lecture et les rêveries qu’elle implique aux femmes.
Mais sont-elles seulement plus enclines à la rêverie, à la romance ou à l’évasion. Seraient-elles plutôt curieuses et surtout capables de s’intéresser à tous les sujets, tous les domaines, tous les voyages dans le temps ou dans l’espace, prêtes à comprendre, analyser, compatir, avoir de l’empathie pour les personnages et les situations qu’elles rencontrent dans les livres ? Capables d’échanger avec d’autres lectrices et de s’enrichir de ces échanges ? Car là est la question, que nous apporte la lecture ?
Ce que j’ai aimé ?
Voilà un auteur qui nous parle de littérature, du plaisir et du bonheur de lire, de la découverte, du partage et de l’échange, le tout avec un humour parfois grinçant, mais qui éveille nos consciences à réaliser que quelques poncifs éculés sur la lecture et les lecteurs (ou lectrices ?) sont bien trop souvent véhiculés sans que l’on s’en offusque ou que l’on tente de les contredire.
La façon dont il analyse les rôle des marqueteurs et des sondages pour adapter les sujets aux typologies de lecteurs, comme savent si bien le faire ces réseaux sociaux qu nous gouvernent déjà dans nos choix, quelle tristesse.
La lecture comme un moyen commun d’analyse des sociétés, des sentiments, comme guide, à prendre en exemple ou au contraire à rejeter, mais que l’on peut utiliser comme modèle ou référence, indispensable à nos sociétés.
Un regard satyrique, joyeux et parfois grinçant à souhait pour éveiller notre conscience aux bienfaits de la lecture, cette passion que certains d’entre pratiquent de manière intensive il faut bien l’avouer. Alors lisons et faisons lire les hommes autour de nous pour que ce roman ne deviennent pas une prophétie du XXIe.
2021 : 85% des lecteurs sont des lectrices. Sans qu’on puisse l’expliquer, jour après jour, l’écart continue de se creuser et une projection raisonnable permet même d’affirmer que les lecteurs masculins auront totalement disparu en 2046. Peut-être avant. Ce roman raconte l’histoire du dernier homme qui lisait. Comment a-t-il vécu cette situation inédite, seul au milieu des femmes qui le comprennent encore et partagent sa passion ? Son destin est-il une impasse et saura-t-il renverser la situation ? Qu’en disent les autres hommes ? Un roman-manifeste, aussi drôle qu’inquiétant, que les femmes devraient faire lire d’urgence aux hommes avant qu’il soit trop tard.
Paru le 28 janvier 2021 / 160 pages / Prix : 12€ / ISBN : 978-2-88944-173-0
Hommage, culte, figure historique, célébrité d’une personnalité hors du commun, Marie-Antoinette s’expose à la Conciergerie
Retour sur cette figure emblématique de la France qui a suscité tant de sentiments divers et de passions, allant de l’amour à la haine, et vice versa. C’est aussi le personnage historique le plus représenté par les artistes, que ce soit de son vivant, après sa mort le 16 octobre 1793, ou par nos contemporains. Une femme libre, qui souhaitait le bonheur dans sa vie de famille, ce qui était totalement contraire à son statut de Reine, et qui par sa singularité et sa condition, s’est attirée bien des inimitiés.
Ici, dans la magnifique grande salle de la Conciergerie, plus de 200 œuvres passent en revue l’icône absolue. A travers affiches, lettres, objets lui ayant appartenu ou pas, qu’importe d’ailleurs, robes somptueuses, coiffures extravagantes, portraits réels ou imaginaires, se dessine à chaque fois une femme différente.
Son séjour à la conciergerie. Là, objets, lettres de la main de la Reine, documents d’archive, tableaux, retracent ces dix semaines passées là avant son exécution. On ne manquera pas d’aller voir après l’exposition sa cellule transformée en chapelle expiatoire.
Tous les livres, histoires, romans, biographies qui lui sont consacrés à travers les années. Son parcours est retracé de 1788 à aujourd’hui.
L’image qu’elle véhicule à travers le temps. D’abord adulée puis honnie, enfin retournée en grâce auprès de tant d’artistes de son temps ou du nôtre qu’elle a inspiré. Peintures, caricatures, gravures, films, mode, tout est là et c’est foisonnant.
Il y a aussi une sorte de fétichisme autour de la Reine, ses cheveux, son corps, sa tête coupée, représentés à l’infini. Quoi qu’elle fasse ou dise, elle ne laisse pas indifférent.
L’image de la Reine aujourd’hui, bien présente dans l’imaginaire populaire, via des mangas, des films encore, la mode et les poupées par exemple. Si la Barbie exposée dans les premières salles était destinée à des collectionneurs, les propositions faites pour des fillettes en mal de représentation féminine sont foison, et accessibles à tous, comme le montrent les différents produits dérivés présentés en fin d’exposition.
Où : à la Conciergerie, 2, boulevard du Palais, 75001 Paris Quand : jusqu’au 26 janvier 2020, Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h Nocturnes le mercredi soir jusqu’à 20h30, dernier accès 1 heure avant la fermeture
Il parait que « Le Sud-Ouest n’existe pas » en tout cas c’est ce qu’explique Raymond Chabaud, dans cet essai publié par les éditions Cairn.
Édité par Cairn, cet éditeur palois qui nous réjouit avec ses polars régionaux, voilà un postulat intéressant affirmé par un géographe qui « pense avec ses pieds », de ceux qui ont parcouru en long, en large et en travers le sud-ouest divers et authentique qui existe car il le connait bien.
Car oui, ce pays-là existe bel et bien, mais ce n’est pas celui dont parlent ceux qui ne le connaissaient pas, qui n’y ont pas vécu, mais bien celui d’un homme qui l’a parcouru et le connait par ses terroirs, habitants, coutumes. Si l’on s’en tient à l’aspect purement géographique, ou géopolitique, il semble bien qu’il existe un grand Sud-Ouest… Enfin, jusqu’à présent c’est ce que je pensais, et j’y ai passé ma jeunesse et tel Ulysse j’y reviens sans cesse. Et effectivement il y a de vraies différences entre les départements, et régions d’origine, gascons, bigourdans, béarnais, landais ou basques pour ne citer qu’eux.
Mais selon Raymond Chabaud, Il n’existe pas car il est multiple et divers, du Béarn aux Landes en passant par le Tarn-et-Garonne et la Bigorre, terres et hommes ont ici leur singularité et l’auteur nous parle d’eux. Il n’existe pas car sa cuisine et ses productions locales sont multiples aussi, canard de Rouen ou pas, cochon noir de Bigorre, palombes, vins de Jurançon, de Madiran, Iroulegy et tant d’autres. Il n’existe pas car ses paysages et son patrimoine sont multiples, il faut aller dans ces régions pour les visiter, les connaître et en savourer toute les différences.
Alors, il y a une multitude de terroirs, accents, cultures, traditions à découvrir, à regarder, savourer, goûter… C’est ce que dit l’auteur avec force, enthousiasme et parfois même sans modération et parfois même un brin d’acidité, comme la tomate peut-être… Un recueil qui se lit facilement, fait de courts textes, puisque ce sont des articles de blog au départ, écrits avec une énergie et parfois une colère communicatives et bien instructives…
Il s’agit ici d’un recueil d’articles publiés sur le Blog « L’œil géopolitique » de l’auteur entre 2014 et 2016.
Le Sud-Ouest…. Vu de Paris… Dans les faits, ce qu’on appelle Sud-Ouest est surtout le Nord-Est du Pays basque. Jadis, on disait Novempopulanie, mais ça sonne désuet. Sud-Ouest, ça semble unitaire alors que c’est divers, varié, changeant, des collines gersoises aux plateaux bigourdans. Ici, de grosses bâtisses qui se veulent tellement distinguées qu’on les nomme châteaux. Là, de belles et lourdes fermes tant chargées d’histoire qu’on ne peut que les appeler maisons. De puissantes rivières et des gaves sautillants. Des pins aériens qui voisinent avec des chênes aux puissantes racines Lire la suite… ISBN : 9782350686448 / 17,00 € TTC / Format 13 x 21/ Nombre de pages 128/ Date de parution : été 2018
Le roman d’un duel mère fille, « Avec toute ma colère » est né de la rencontre d’Alexandra Lapierre avec Maud et Nancy Cunard.
Il faut avouer que les héritières de la flotte de paquebots The Cunard Line ont de quoi retenir
l’attention et forcer l’intérêt pour qui se penche sur leur histoire. Une relation
mère-fille absolument pas banale puisqu’au cœur des années folles, ces
héritières de fortunes colossales se sont détestées, ferraillant dans un duel à
mort sur fond d’égalité, de liberté, d’insoumission.
D’abord, la mère Maud… Richissime héritière américaine, amateur éclairée, femme cultivée et collectionneuse d’art tenant salon, véritable mécène dans l’Angleterre du XXe. Cette séductrice est aussi une femme terriblement conformiste qui se fond dans le rang pour garder la place qu’elle a obtenu de haute lutte dans la société, et qu’elle ne veut perdre sous aucun prétexte.
Puis Nancy, la fille…Elle est élevée par des nurses et délaissée par sa mère, qui va certainement la jalouser pour sa beauté et le risque quelle lui fait courir avec ses amants. Elle est belle cette femme que l’on découvre en couverture du roman, dans cette inoubliable photo de Man Ray en 1926, les bras parés d’innombrables bracelets anciens en ivoire. La fortune ? Elle nait avec, il ne lui reste donc qu’à trouver comment la dilapider et s’en servir, pour son plaisir celui de la cour qui l’entoure, puis rapidement pour s’opposer à sa mère, lutter contre le racisme anti noirs et pour l’égalité de tous dans la société dans laquelle elle vit. Véritable muse adulée par les artistes et les intellectuels, femme libre et sans entrave, elle partage la vie d’Aragon, de Neruda puis d’Aldous Huxley. Courageuse et désintéressée (mais comment ne pas l’être quand la fortune est là quoi qu’elle fasse) elle s’engage auprès des républicains pendant la guerre d’Espagne. Elle vit ensuite avec Henry Crowder, son grand amour, un noir américain qui lui vaudra l’ire de sa mère. Touchée par les implications de la ségrégation, elle publie un livre sur l’histoire de la négritude aux Etats-Unis, Negro : An Anthology publié en 1934. Nancy Cunard décède dans la solitude en 1965.
Ces deux héroïnes, tout comme l’époque dans laquelle elles évoluent, ont tout pour faire une œuvre romanesque et vibrante de liberté. Quelle violence cette lutte à mort entre ces femmes, sans aucun espoir de réconciliation quand elles auraient eu tout pour vivre en bonne intelligence. Mais sans doute fallait-il batailler pour affirmer une indépendance et une soif d’égalité qui n’entrait pas dans le moule des convenances.
Alexandra Lapierre est une passeuse d’histoire et de témoignage sur des personnages forts qui ont marqué l’Histoire à leur façon. En s’appuyant sur des faits avérés, elle nous enchante et nous embarque dans ce duel à mort sans espoir de rédemption entre deux femmes qui ont passé leur vie à se déchirer dans l’incompréhension mutuelle. En faisant parler l’une et l’autre, puis leurs amis intimes, elle donne corps et puissance à ce témoignage de vies singulières, flamboyantes et fantastiques. Même si le lecteur reste quelque peu abasourdi face à la violence de leur conflit.
Toute leur vie, c’est deux-là se sont aimées à se haïr. Un duel à mort. À ma droite : la mère, Maud Cunard, richissime héritière d’une célèbre ligne de paquebots, mécène internationale à la conversation exquise, grande dame pétrie de conformisme. À ma gauche : sa fille, Nancy Cunard. Excessive, audacieuse, scandaleuse, muse et amante d’Aragon, de Neruda, d’Aldous Huxley. De tous les combats pour la liberté, pour l’égalité raciale, pour le progrès social… D’accord sur rien. Semblables en tout. De la guerre qui les oppose, aucune ne sortira victorieuse.
EAN : 9782266287456 / Nombre de pages : 336 / Format : 108 x 177 mm / Date
de parution : 07/03/2019 / Pire : 7,50€
Le Soleil éclipsé. Le château de Versailles sous l’Occupation, un excellent et très complet ouvrage écrit par Claire Bonnotte
Ce château symbole de la France, mais qui a également
été symbole de défaite pour les allemands, puisqu’on y a signé deux armistices,
ne pouvait qu’être une prise de guerre pour Hitler. Quand en 1940 Hitler envahi
le château, les jeux pourraient déjà être fait, et les œuvres définitivement
perdues, tant on sait le nombre d’œuvres d’art qui ont transité par les trains
vers l’Allemagne et les collections du Reich.
J’ai eu envie de comprendre comment on a imaginé
sauver des œuvres, à quel moment, pourquoi, et surtout qu’est-ce qui a fait
qu’à moment donné on s’est dit qu’il fallait en enlever le plus possible du
château.
Ce que j’aime dans ce livre, l’alternance du récit
lui-même, dense, complet, étayé, et justement les extraits d’articles, de
lettres, de documents, qui démontrent et allègent en même temps la lecture.
Donnant aussi une dimension humaine à l’action des hommes et des femmes qui ont
réalisé ce sauvetage !
Le travail réalisé par Claire Bonnotte semble pharaonique, le résultat est passionnant, car peu commun.
💙💙💙💙
Catalogue éditeur : éditions Vendémiaire
Le château de Versailles et les éditions Vendémiaire publient Le
Soleil éclipsé. Le château de Versailles sous l’Occupation, un ouvrage qui
dévoile une période méconnue de l’histoire du château, celle de la
Seconde Guerre mondiale. Un sujet rarement traité par les auteurs et les
chercheurs.
Le château du Roi-Soleil à l‘ombre de l‘envahisseur
nazi
14 juin
1940. La Wehrmacht envahit le château de Versailles. Par la portée symbolique
de cet événement, Hitler réalise son rêve de revanche. Dès lors, et durant
quatre années, des milliers de soldats arpentent la galerie des Glaces,
parcourent les jardins dessinés par Le Nôtre, tandis qu’aléas climatiques,
bombardements, pénuries, pillages et vandalisme mettent en péril ce joyau
national, et les derniers chefs-d’oeuvre qu’il abrite.
En prévision du pire, un vaste plan de protection avait été élaboré dès les
années 1930. On camoufla à partir de septembre 1939 tout ce qui pouvait
l’être, à commencer par le Grand Canal, entièrement asséché. Dans
l’affolement de l’exode, on finit d’évacuer collections et décors au sein de
plusieurs châteaux de province : Chambord, Brissac, Sourches, Serrant,
Voré… La plupart de ces trésors survécurent ainsi, « hors les murs »,
jusqu’à la fin du conflit. C’est un quotidien fait de craintes
et d’espoirs que dévoile cet ouvrage, au plus près d’une poignée d’hommes
et de femmes, conscients de la nécessité absolue de préserver un
patrimoine unique.
L’auteur : Diplômée d’études supérieures de l’École du Louvre et docteur en histoire de l’art de l’Université Paris Nanterre, Claire Bonnotte a travaillé à l’Institut national d’Histoire de l’art de Paris avant d’intégrer le service des expositions du château de Versailles. Depuis 2017, elle a rejoint la conservation du musée comme collaboratrice scientifique. Elle a étudié plus de soixante-dix années d’innombrables archives à la fois françaises et allemandes, permettant aujourd’hui de restituer les évènements survenus dans l’ancienne résidence des Rois de France et le devenir de ses collections notamment sous l’Occupation allemande.
368 pages + 12 pages illustrées • 23 euros / 978-2-36358-283-6 / En librairie le 7 juin 2018