Un premier roman qui parle d’amour fou, d’émigration et de secrets de famille, Le fou de Hind, une belle réussite qui ne laisse pas indifférent.

Lydia découvre la lettre et les photos que lui a laissées Moshin, son père qui vient de décéder. Ces différents éléments soulèvent une étrange question : Qui est Hind ? Qui est cette jeune fille que l’on trouve aux côtés de Moshin ? Quelle est cette vie dont elle n’a jamais entendu parler ?
Après le choc et la surprise, vient le temps de remonter les années, depuis l’arrivée de son père en France et son installation au château une maison quasi abandonnée à Créteil. Avec d’autres familles, émigrées comme lui, ils transforment cette maison en espace de vie communautaire avant l’heure. Bien que souvent diplômés dans leurs pays, ces maghrébins doivent trouver des emplois qui leur permettent pourtant difficilement de faire vivre leurs familles.
Mais Lydia veut comprendre jusqu’à quand son père est resté là, avec qui il vivait à l’époque, et pourquoi il en est parti. De fil en aiguille, ses recherches vont l’entrainer dans le sillage de Mohammed, Ali, Luna, Marqus et Sakina, tous des anciens du Château. Chacun à son tour va parler, peu, se souvenir, beaucoup, et grâce à ces points de vue successifs, permettre au lecteur de remonter le temps, de comprendre l’amour fou entre un père et sa fille, cette jeune fille secrète et lumineuse, mais surtout explorer tant la beauté que la complexité des relations entre les différents protagonistes.
Ce premier roman est une belle surprise, qui révèle un style totalement maitrisé, à la fois clair et mystérieux, vivant et émouvant. Il y a beaucoup de poésie dans les mots et les personnages, mais aussi beaucoup d’émotion et de mélancolie à l’évocation du passé. L’écriture déjà très mûre dépeint des relations humaines, des sentiments forts, l’amour et l’amitié, la culpabilité et l’oubli, et des personnages étonnants de profondeur. L’intrigue familiale absolument romanesque est portée par un socle historique et social qui ancre ce roman dans une réalité oubliée. J’ai apprécié cette analyse fine des difficultés de l’immigration, placée dans les années 60, 70, au moment de l’arrivée de nombreux ouvriers algériens, en particulier dans les usines automobiles de la région parisienne, et de ces banlieues dans lesquelles le logement est encore plus qu’approximatif. Cela m’a permis de revisiter ces grands ensembles de région parisienne des années 70, élucubrations de quelques architectes novateurs, comme les choux de Créteil ou les arènes de Picasso.
Roman lu dans le cadre de ma participation au jury du prix littéraire de la Vocation 2019.
Catalogue éditeur : Belfond
Un premier roman qui s’empare avec brio de la question de l’immigration et de l’intégration en France.
« La maison avait fait le tour du monde.
C’était le navire de Sindbad. Elle avait roulé jusqu’à la rive et elle avait
dormi jusqu’à ce que nous, les Arabes, qui n’avions rien, décidions de la
retaper. Nous, les champions de la récup et des chansons d’amour, de la colle
industrielle et du voyage au long cours, nous avions traversé la mer pour
échouer ici, aux accents d’une poésie imparfaite mais vivante, quotidienne, qui
donnait à l’exil de nos pères une saveur moins amère. »
Mohsin, un immigré algérien, vient de décéder. Il laisse
derrière lui une lettre dans laquelle il s’accuse de la mort d’un être
innocent, ainsi qu’une série de vieilles photos où il apparaît
avec une enfant brune, omniprésente, Hind.
Sa fille, Lydia, interroge alors ceux qui ont autrefois
connu son père, à Créteil, à la fin des années 1970… Lire la suite
EAN : 9782714479716 / Date de parution : 16/08/2018