Les vulnérables, Mémona Hintermann

Revenir aux origines pour comprendre le combat sans fin pour la liberté des femmes

Momine n’a jamais compris le désamour de sa mère Amélie de Kerveguen envers elle et ses autres enfants. Issue d’une famille très pauvre, elle passe son enfance entourée de sept frères et sœurs vivants, d’autres enfants n’ayant pas survécu à la pauvreté et à la violence. Mais elle n’a jamais connu ni les bras ni les caresses de sa mère. Pour comprendre d’où vient cette indifférence elle revient sur son île de La Réunion interroger la mémoire des anciens. Ce sera le seul moyen de savoir et d’arrêter ces cauchemars peuplés de serpents qui la terrorisent.

Oskar son époux apprend un lourd secret au décès de Sybille, sa propre mère. Il doit découvrir qui est cette mystérieuse sœur dont Sybille lui parle dans une lettre posthume. Il part de son côté à la recherche des souvenirs dans cette Silésie qui a subit de plein fouet les horreurs de la débâcle allemande.

Si la vie de couple pèse autant à Momine, si Oskar ne sait pas comment lui dire à quel point elle compte pour lui, ils espèrent que ce retour vers leur passé pourra les aider à se retrouver et à enfin connaître la sérénité.

Ce que j’ai aimé ?

Découvrir et suivre deux mondes, deux familles, deux temporalités pour panser les plaies du présent. Deux univers, pour faire entendre la douleur des femmes premières victimes de la guerre ou de la pauvreté à travers leur seul bien inaliénable, leur corps. Par le viol, les tortures, les violences de toutes sortes, elles ont été et restent les premières à souffrir de ce que leur infligent les hommes. Des souffrances parfois bien trop intimes, cachées, qu’il faut arriver à déceler pour mieux comprendre l’histoire de celles qui ont également eut un rôle dans la grande Histoire.

Largement inspiré de la vie de l’autrice et de son mari, ce roman qui parle des femmes de leur enfance se lit d’une traite tant il y a de force dans ses personnages. Un roman très dense, parfois trop peut-être, tant il nous assène de vérités qu’ il faut entendre et enregistrer en se disant que la lutte est sans fin pour l’égalité et la liberté des femmes et des petits filles.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Sur Terre, la vie d’Amélie fut une histoire de silence qui hurle.

Sa fille, Momine, ne peut plus vivre sans savoir pourquoi sa mère ne la serrait jamais dans ses bras, pourquoi à ses yeux ses enfants portent une salissure que seule la mort peut effacer. Elle retourne sur son île, La Réunion, fait parler les anciens. Sa seule issue pour en finir avec ses cauchemars, et peut-être renouer avec son mari, Oskar, de qui elle s’est éloignée.
Hasard de la vie ? Oskar se retrouve confronté lui aussi à un terrible secret, celui que sa mère lui révèle dans un journal intime légué à son décès. Il remonte le temps, plonge en pleine débâcle allemande quand, adolescente, elle fuit la Silésie sous la menace des troupes russes.
Le couple résistera-t-il à la vérité qui surgit : la lumière n’est rien sans l’obscurité, et inversement…

Mémona Hintermann, journaliste, reporter de guerre et présentatrice de journal télévisé, livre dans ce roman un récit intime, inspiré de son propre parcours. Avec force et poésie, elle interroge le legs des générations qui nous précèdent et la place des femmes dans la grande Histoire.

Parution : 26/08/21 / Prix :18.95 € / ISBN : 9782749947167

Eiffel, Nicolas d’Estienne d’Orves

Le monument le plus visité de Paris est-il une belle déclaration d’amour ?

Alors qu’il est déjà célèbre et vient de finir l’ossature de celle qui représente à jamais la porte du nouveau monde, cette statue de la liberté qu’il construit en collaboration avec le sculpteur Bartoli, Eiffel rêve de participer au projet de l’exposition universelle de 1889. Il souhaite réaliser un métro qui transporterait les parisiens d’un bout à l’autre de la capitale. Mais c’est sans compter sur les désirs du gouvernement qui pense à une construction magistrale pour symboliser la grandeur de la France, un siècle après la révolution française.

En se basant sur un projet de ses collaborateurs, Gustave Eiffel propose alors une tour extraordinaire qui devra être implantée en bord de Seine en plein Paris. Prodige architectural en particulier pour sa réalisation dans un terrain meuble qui se rempli d’eau à mesure que sont creusés les emplacements des piliers, l’ingénieur met à profit ses compétences pour finaliser l’œuvre majeure de l’exposition.

Ce que l’on sait moins est sans doute que la création de cette tour s’accompagne de la rencontre totalement imprévue, surtout aussi longtemps après, avec son grand amour de jeunesse. Cette jeune bordelaise qu’il avait imaginé épouser et qui a hanté ses rêves sera sa muse et sa source d’inspiration sur le chantier titanesque de notre éternelle Dame de Fer. Cette tour qui devait être détruite dix ans plus tard et qui étend son ombre majestueuse et incontestée sur la capitale.

N’oublions pas que son édification a été source de nombreux conflits et de violentes contestations. L’auteur met particulièrement bien en situation toutes les contraintes, contestations, railleries dont Eiffel a été victime lors de la construction de son monument éphémère. Nous permettant peut-être d’avoir un peu plus d’indulgence envers ce qui aujourd’hui aussi nous perturbe ou nous choque, qui sait ? Alors si la tour que chacun connaît sous le nom de tour Eiffel a une forme pour le moins étonnante, lisez ce roman ou courez voir le film pour comprendre le pourquoi de ce grand A qui surplombe Paris depuis 1889.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Paris, 1886. Obsédé par « sa » tour de métal, une bagatelle d’acier de 300 mètres de hauteur qu’il s’est lancé le défi de construire en plein Champ-de-Mars, Gustave Eiffel ne quitte plus ses ateliers. Certes, l’Exposition universelle mérite bien ce pari, et la France, de croire à nouveau en sa toute-puissance. Mais est-ce l’unique raison qui pousse celui qu’on surnomme « le magicien du fer  » à griffonner sans relâche des plans pour trouver la forme parfaite ? Depuis ce dîner chez le ministre du Commerce, et cette idée folle qu’il a lancée devant le Tout-Paris, l’ingénieur est comme possédé. Quelles que soient ses esquisses, c’est Adrienne, son amour perdu réapparue ce même soir, qui se dessine, la magnifique cambrure de son dos qui cascade depuis la nuque jusqu’à la taille. L’illumination le frappe : ce n’est pas une ligne droite qui doit mener du pilier au sommet, mais une courbe, incarnée, vivante. « Nous allons construire un rêve ! » Désormais la vie de Gustave ne tient plus qu’à un A majuscule, celui de sa tour qui s’élance dans le ciel de Paris, prête à le transpercer et le conquérir…

Écrivain et journaliste né en 1974, Nicolas d’Estienne d’Orves est l’auteur d’une trentaine d’essais et de romans salués par la critique, notamment son Dictionnaire amoureux de Paris.

Parution : 23 septembre 2021 / prix : 19,95€ ISBN : 9782749945866

À 20 heures sur le quai, Léa Wiazemsky

D’un drame, faire émerger la lumière. Un roman délicat et sensible

Léa Wiazemsky a l’art de transformer un événement dramatique en une révélation, la vie est belle et mérite que chacun essaie de la vivre au mieux. Bien sûr, d’aucuns pourront trouver que tout ceci est bien positif, un peu trop peut-être. Et pourtant, frôler la mort de près peut aussi avoir des répercussions positives sur nos vies, et nous permet parfois de savoir qu’il faut profiter de chaque instant car tout est éphémère.

Tous les samedis matin depuis quelque semaines, ils se retrouvent sans se connaître dans le même wagon du métro, à la même heure. Liviu, un jeune musicien, est le témoin attendri de leur amour naissant. Car lorsqu’ils se regardent, il en tombe immédiatement amoureux, mais ni l’un ni l’autre n’ose faire ce premier pas qui leur permettrait de dévoiler leurs prénoms, leurs vies, leurs envies. Aujourd’hui, c’est décidé, il va lui parler. Mais ils n’ont que quelques secondes, un appel lui enjoint de quitter immédiatement le métro pour rejoindre sa librairie. Le temps de se dire à 20 heures sur le quai, le temps d’un prénom, Raphaël.

Puis tout explose, un attentant dans le métro, des rescapés qui tentent d’échapper au carnage, des blessés pris en charge par les secours, des survivants, de nombreuses victimes.

Le lecteur suit quelques personnages aux parcours très différents mais qui tous à un moment se rejoignent sur le quai, dans la station, dans le wagon. Il y a Raphaël bien sûr, et son inconnue que l’on va très vite apprendre à connaître.

Mais aussi Nina, une vieille dame qui part rejoindre son amie. Il pleut, pas de taxi, elle s’engouffre dans le métro.
Estelle, une petite fille très sérieuse et sage. Pour la première fois, Christiane sa mère l’autorise à prendre seule le métro pour se rendre à son cours de danse avant le spectacle de ce soir. Elle est heureuse et excitée à la fois, un peu stressée quand même par cette responsabilité nouvelle qui lui incombe. Intimidée, elle s’assoit à côté de cette mamie qui lui semble tout à fait respectable et rassurante.
Christian, un SDF pas comme les autres. Jamais une goutte d’alcool, enfin plus jamais depuis celles qui ont causé cette déchéance qui l’oblige à vivre en marge de la société. Il aime par dessus tout la littérature, il déniche régulièrement des romans dans les poubelles de la librairie toute proche. Nicole, une vendeuse très respectable de chez Gibert Jeune le rejoint souvent. Ils s’assoient près de la fontaine Saint-Michel et parlent littérature, elle lui donne quelques livres. Une forme d’amitié qui ne dit pas son nom est en train de naître entre ce deux personnes qui ont tant en commun malgré les apparences.
Liviu, l’accordéoniste du métro. Pour une fois il joue particulièrement bien de son instrument (ceux qui comme moi ont eu envie de se boucher les oreilles en entendant le fausses notes de certains comprendront!). C’est aussi un émigré roumain qui rêve de la vie normale d’un jeune homme de 17 ans.

Autour d’eux gravitent amis, famille, amoureuse ou fiancé, médecins, secours, clochards, qui sans nous faire perdre le fil de l’histoire donnent de la densité à l’intrigue.

L’écriture est fluide, sensible et délicate. L’autrice a joué la carte de l’optimisme même si celui-ci est parfois teinté de chagrin, de tristesse, de douleur, mais il est toujours tourné vers une lumière qui réconforte. Avec une grande tendresse pour ses personnages, elle nous propose une histoire positive, heureuse et toujours bienveillante.

Peut-être me direz-vous qu’être victime ou témoin d’un attentat, d’un drame ne peut pas laisser indifférent, et l’on peut s’en sortir, certes, mais difficilement et à quel prix parfois. Alors tant pis si certaines situations ne sont pas tout à fait crédibles, c’est aussi le privilège d’un auteur de choisir la façon dont il nous en parle et c’est tant mieux. Ce qui est sûr, c’est que j’ai lu ce roman d’une traite, comme une respiration faite de légèreté, de résilience, d’humanité. Une lecture que je vous conseille pour l’été. J’ai aimé que l’on me montre le côté positif de la vie, une heureuse initiative.

Catalogue éditeur : Michel-Lafon

Tous les samedis matin, d’un accord tacite, une jeune femme et un jeune homme se retrouvent dans une rame de métro, et, le temps d’une poignée de stations, se dévorent des yeux. Leur dialogue silencieux se joue sur les airs d’accordéon de Liviu, un jeune musicien témoin de leur amour naissant. Mais aujourd’hui, c’est décidé, il ira lui parler. Quelques mots, un rendez-vous donné, et déjà il doit quitter son inconnue dont il ne connaît même pas le nom. Et puis, c’est le chaos. L’épaisse fumée qui sourde des entrailles plonge à nouveau Paris dans la désolation. Ceux qui se relèvent s’en trouvent à jamais changés, conscients que la vie est précieuse et l’amour, salvateur. Lui n’a plus qu’une chose en tête, retrouver celle dont le cœur est rivé au sien.

Parution : 27/05/21 / Prix :17.95 € / ISBN :9782749945330

Matriochka, Laetitia Ayres

Quand les destins s’emmêlent comme s’emboîtent les matriochka, ces poupées russes qui souvent nous fascinent

Un roman en trois parties qui nous fait entrer dans la vie des trois personnages principaux que le lecteur découvre peu à peu.

Claire, divorcée, un enfant, une carrière à plat… comment peut-elle aimer la vie alors que rien ne lui réussi ? Actrice en mal de contrat, elle est aujourd’hui spécialiste du doublage de licornes dans les dessins animés. Jusqu’au jour où elle décroche une audition et devient la voix d’Alma, une comédienne argentine qui joue dans la série à succès Diosa . Dés lors, sa vie change du tout au tout. Au fil des épisodes de la série, elle découvre Alma et s’identifie à celle dont elle connaît ou croit connaître les moindres mimiques, gestes, sentiments, faiblesses.

Le succès est au rendez-vous pour Alma. Mais ce n’est pas au goût de tous car la voilà rattrapée par son passé qu’elle a tenté de rejeter, par l’enfance et la famille qu’elle avait décidé d’oublier. En réaction à ces attaques, elle fait une tentative de suicide et part se mettre au vert.

Claire panique. Que va-t-elle devenir si son double disparaît des écran ? Claire ne fait ni une ni deux et part au Brésil avec son fils Clément pour rejoindre incognito celle à travers qui elle a enfin trouvé une raison de vivre. Comment l’aborder, que lui dire, comment expliquer son voyage, sa quête… autant d’interrogations auxquelles elle refuse de répondre avant de la rencontrer.

Clément profite de ces vacances de rêve au Brésil, de ce cadeau d’anniversaire anticipé offert par sa mère. Pourtant il a des difficultés à comprendre les silences de Claire, la relation étrange qu’elle noue avec Alma, pourquoi tant de mensonges, même par omission.

A travers l’histoire de ces deux femmes, l’auteur aborde de nombreux thèmes importants, la maltraitance, l’enfance difficile qu’Alma a vécue dans cette famille qu’elle rejette de toutes ses forces, mais aussi le deuil, la séparation, et tous les non-dits qui rendent la vie si difficile.

Voilà un roman qui commence tout doucement, monte en puissance peu à peu et nous offre un final tout à fait inattendu. L’auteur a su créer une ambiance, avec des personnages intéressants par leurs failles et leurs faiblesses, et ces non-dits qui les entraînent peut-être au-delà de ce qu’ils auraient souhaité de façon à la fois subtile et sensible.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Deux femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, deux destins qui vont s’entremêler.

Claire a les ailes coupées depuis qu’elle a sept ans.
Comédienne, elle double davantage de personnages de dessins animés dans l’ombre des studios qu’elle ne foule de scènes de théâtre. Sa vie est au point mort. Jusqu’à ce qu’elle rencontre, par écran interposé, l’actrice principale d’une série argentine au succès fulgurant dont elle devient la voix française.
Alma a toujours voulu s’envoler.
Elle a grandi dans un quartier pauvre de Buenos Aires, au sein d’une famille dans laquelle elle ne se reconnaît pas, comme si la vie avait commis une erreur de casting. Elle trouve son salut en devenant actrice. Mais le succès qui lui roule dessus pourrait bien finir par balayer ses ambitions.
C’est dans les dunes qui bordent l’Atlantique, au nord du Brésil, que Claire, son fils Clément et Alma vont se rencontrer. Leurs failles, leurs mensonges et leurs secrets de famille aussi.
Quelles sont les voix qui habitent nos silences ?

Laetitia Ayrès est chanteuse et comédienne. En 2019, elle est lauréate du prix littéraire Aufeminin en partenariat avec les éditions Michel Lafon. Matriochka est son premier roman. http://www.laetitiaayres.com

Parution : 28/01/21 / Prix :16.95 € / ISBN :9782749944944

Mon inventaire 2020

Janvier 2021, Domi C Lire 6 ans déjà

Domi C Lire est un rendez-vous quotidien indispensable pour partager ma passion et vous donner je l’espère quelques envies de lecture.

2020 était une drôle d’année avec des mois de confinement, des jours que l’on n’a pas vu passer, et souvent l’impression de perdre son temps, de ne pas avancer…

Heureusement l’envie de lire et de partager mes coups de cœur était toujours là. Que ce soit à propos de nouvelles lectures, de rencontres (trop rares cette année) avec des auteurs, d’expositions, de musées, théâtres et les villes ou les lieux que j’ai découvert et partagé ici.

Il y a beaucoup moins d’expositions, musées, théâtre, mais on se rattrapera en 2021 j’espère. Alors avec un peu plus de 190 livres tous genres confondus lus en 2020, combien en reste-t-il ? En tout cas, impossible de n’en garder que 10 comme je pensais le faire au départ…

Voici Mon inventaire 2020

Ces premiers romans bouleversants

Ces romans qui m’ont fait vibrer

Ces thrillers qui m’ont sortie du quotidien

Une envie de voyage

Une incursion réussie en littérature étrangère

Une BD, parce que Boris Vian !

Quartier libre, Vincent Lahouze

Mourir pour s’en sortir, le roman social et humaniste d’un auteur à suivre

A Toulouse, dans le quartier du Mirail, Olivier assiste aux obsèques d’Ismahane, une jeune fille qu’il connaît depuis des années. Ismahane la belle et lumineuse rebelle s’est suicidée. Olivier veut découvrir ce qui a motivé son geste incompréhensible.

Flash-back de quelques années, quand le jeune Olivier débarque dans ce quartier du Mirail à Toulouse pour travailler comme animateur social dans une école. On ne peut pas dire qu’il ait la vocation, mais il n’a pas le choix. Son père lui impose de prendre ce poste. Ses parents en ont raz le bol de voir leur fils de vingt ans planté devant son ordinateur et ses jeux en ligne à longueur de journée. Il est temps de se confronter au monde du travail.

La découverte va être totale, face à ces jeunes des quartiers difficiles, venus de familles souvent issues de l’immigration et qui vivent dans ces immeubles où il est plus facile de vendre de la drogue que d’espérer trouver un emploi. D’abord intrigué par son nouvel environnement de travail et souvent découragé, Olivier peu à peu apprend à connaître et aimer ces enfants qui le testent puis l’acceptent. En particulier la jeune Ismahane, rebelle, courageuse, meneuse de groupe et particulièrement intelligente.

La vie pourrait devenir belle avec Sophie son amoureuse, les enfants qu’il accompagne et cette vie d’animateur dans laquelle Olivier s’épanouit chaque jour un peu plus. Mais c’est sans compter sur les déboires sentimentaux. Sans compter surtout sur les caïds qui veulent mener la loi et maintenir sous leur coupe ces jeunes qui pourraient leur échapper. Et qui n’apprécient pas qu’on leur fasse de l’ombre.

Quartier libre est un roman très actuel, social et humain, ancré dans la réalité, prenant et terriblement émouvant. Il est à la fois déprimant face au sort inéluctable qui attend ces jeunes, et empli d’espoir envers ceux qui déploient ces étincelles de vie avec autant de pugnacité pour s’en sortir.
J’ai aimé l’écriture, le contexte, l’énergie qui s’en dégage. On a tellement envie de les prendre dans nos bras, mais parfois aussi de les secouer, de leur ouvrir les yeux, ou tout simplement de compatir, d’accepter ces vies tracées par la société, la famille, les traditions, et pour lesquelles au final on est impuissant à pouvoir faire quelque chose. Une totale découverte de cet auteur, et une vraie réussite.

Catalogue éditeur : Michel-Lafon

Février 2017, Olivier, éducateur d’une trentaine d’années, assiste à la veillée funèbre d’Ismahane, l’une de ses protégées qu’il connaissait depuis sa plus tendre enfance. Ismahane l’insolente, la libre et charismatique Ismahane, s’est suicidée à la veille de ses seize ans.
Pour lui rendre hommage et pour tenter de comprendre le geste irréparable de celle qui aurait dû avoir la vie devant elle, il décide de mener l’enquête. L’occasion pour lui de revenir sur ses débuts d’éducateur inexpérimenté catapulté dans ce quartier difficile de la banlieue de Toulouse. Un quartier régi par ses propres lois qui vous broie et vous recrache aussi bien qu’il peut vous porter.

Une réflexion bouleversante sur des quartiers où la vie tient de la survie, où la violence côtoie la plus grande humanité. Un livre coup de poing.

Parution : 15/10/20 / Prix : 17.95 € / ISBN : 9782749938974

Le souffle de la nuit, Alexandre Galien

Une plongée en eaux troubles, entre réseaux de prostitution et poupées vaudou

Dès les premières pages, plusieurs intrigues s’écrivent en parallèle. D’abord Valmy et ses cauchemars. Depuis la disparition de sa femme et l’arrestation d’un tueur en série, le flic s’est mis en retrait de la police. Il vit désormais à Lagos, au Nigeria où il est l’adjoint de l’attaché de sécurité intérieure à l’ambassade de France.

Au Nigeria, l’envoûtement d’une jeune femme a qui on fait miroiter une belle vie en France, mais que la Madam prépare pour qu’elle soit soumise aux pires réseaux de prostitution, sans espoir de retour.

Dans le bois de Vincennes, le meurtre sordide d’un flic de la mondaine met en alerte toutes les force de PJ du 36 Bastion. Alors que Philippe Valmy est parti depuis un an, ce meurtre interpelle ses anciens acolytes qui vont avoir besoin de ses lumières.

L’enquête, difficile, va faire plonger le lecteur dans la vie de la nuit, des réseaux de prostitution, des poupées Vaudou et des moyens de pression exercés envers ces filles qui n’ont aucune chance de s’en sortir tant le poids des croyances impacte leurs réactions.

L’auteur vient du sérail, c’est un ancien policier de la direction régionale de PJ, ce mythique 36 qui a déménagé du quai des orfèvres vers les rives du Bastion. On ne s’étonnera pas dès lors qu’il maîtrise parfaitement tant les rouages des enquêtes que les tensions entre les différents services ou chefs de services. Tout comme les mentalités des flics, des enquêteurs, de ceux dont le métier implique souvent de se blinder psychologiquement pour affronter les pires scènes, mais aussi de résister à la pression de la hiérarchie ou du politique.

Guerre des polices et des services, tension entre pays, petits arrangements et immunités diplomatiques, chantage aux grands groupes internationaux, de nombreux sujets sont ici abordés. Le tout sous couvert d’une enquête palpitante qui nous fait courir à cent à l’heure entre les différents site de polices, les personnages, les intrigues qui s’intriquent habilement et judicieusement.

Une écriture concise, factuelle, documentée, crédible et percutante. Un roman très actuel, qui pulse et que l’on n’a pas envie de finir trop vite. Ou alors dites nous que le prochain arrive vite ! Ah, mais il me reste à découvrir Les cicatrices de la nuit, le roman d’Alexandre Galien lauréat du Prix du Quai des orfèvres 2020.

Pour aller plus loin et mieux comprendre les réseaux de prostitution africains et leur pouvoir sur les filles, on ne manquera pas de lire aussi l’excellent thriller Les sirènes noires de Jean-Marc Souvira.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

« Les silences de Valmy, au bout du fil, avaient résonné dans leurs oreilles comme le sifflement d’un corps qui tombe droit dans l’abîme. Pourtant quand le chef de la Crim’ avait prononcé les mots « meurtre », « poupée criblée de cicatrices », « vaudou » et « bois de Vincennes », une tension inhabituelle avait envahi la pièce. Jean et le commissaire ne surent dire si c’était sa respiration qui avait changé, ou s’il était habité d’une force inconnue, mais le Valmy qu’ils connaissaient avait repris le dessus. »

Des faubourgs de Barbès aux dorures des ambassades, entre prostitution et magie noire, le groupe de Philippe Valmy se reforme pour traquer un tueur sanguinaire qui met à vif les cicatrices du passé.

Après des études de droit et de sciences criminelles, Alexandre Galien a intégré la direction régionale de la police judiciaire. Il se consacre aujourd’hui à l’écriture. Trente ans, du talent à revendre, il est le plus jeune lauréat du prix du Quai des Orfèvres, obtenu pour Les Cicatrices de la nuit. Depuis septembre 2020, il enseigne le cours « Roman noir , époque sombre » à la chaire d’écriture et de rhétorique de Sciences Po Paris. Un profil hors normes à suivre de près !

Parution : 24/09/20 / Prix :18.95 € / ISBN : 9782749944159

Impact, Olivier Norek

Impact, la bombe écologique d’Olivier Norek

Quand un auteur est capable d’autant se renouveler, passé la surprise, c’est un vrai plaisir. Il ne faut surtout pas s’attendre à un polar dans la même veine que ceux dont l’auteur nous gratifie avec de plus en plus de bonheur et de maîtrise. Impact, qui a tout d’un plaidoyer pour la planète, est à la fois constat, état des lieux, et éveil de nos consciences bien trop souvent endormies sur le thème de l’écologie. Mais ici, il n’est plus l’heure de faire la paix pour sonner l’alarme, plutôt de faire la guerre, car Greenwar a remplacé Greenpeace. Un fois la lecture terminée il faut digérer toutes ces vérités pas toujours bonnes à dire mais pourtant tellement importantes pour chacun de nous et pour la survie de cette planète que nous maltraitons depuis si longtemps.

Virgil Solal a vécu de nombreuses vies avant de rencontrer Laura et avant la naissance de leur petite fille. Mais le malheur les frappe au plus intime, au plus violent avec sa disparition prématurée de leur bébé. Le couple n’y survivra pas.
Cet ancien militaire et ancien flic qui n’a plus rien à perdre décide de frapper un grand coup pour réveiller le monde qui se laisse endormir par les puissantes multinationales et par les gouvernements qui savent mais ne font rien. Car les ressources naturelles s’épuisent, la pollution gagne du terrain quand les forêts en perdent chaque jour, les catastrophes climatiques sont de plus en plus violentes.
Au nom de Greenwar, porté par des milliers de suiveurs partout en France comme dans le monde, Virgil Solal va réveiller les consciences, y compris si cela doit être en échange de quelques vies…

Impact me semble être soit un tournant soit un ovni dans l’écriture d’Olivier Norek. Quoi que, l’auteur nous avait déjà proposé un magnifique polar social avec Entre deux mondes. Ici, la fibre n’est plus seulement humanitaire mais également écologique, engagée, responsable et revendicative. Les faits sont avérés et vérifiés, ou vérifiables.

Bien sûr, le lecteur qui s’attendait à un polar peut regretter que l’intrigue policière soit ténue, avec des personnages aussi manichéens, manquant parfois de densité et auxquels on a du mal à s’attacher. Mais dans ce roman en particulier, l’intrigue ne me donne pas l’impression d’être aussi importante pour l’auteur que le message qu’il souhaite passer. Pour ma part malgré ce léger bémol, message reçu 5 sur 5 avec ce roman que l’on n’a pas du tout envie de lâcher. Reste à savoir ce que nous pouvons en faire, comment être chacun écoresponsable, engagé pour notre survie et celle de la planète et ce chacun à notre niveau. Et si là était la question ? à nous de trouver rapidement la réponse.
Enfin, merci pour cette incursion dans nos belles vallées des Pyrénées.

Du même auteur, on ne manquera pas de découvrir Entre deux mondes, Surface.

Lire également les chroniques d’Aurélie du blog Des livres et moi 7 et d’Anthony du blog les livres de K79

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Face au mal qui se propage
et qui a tué sa fille

Pour les millions de victimes passées
et les millions de victimes à venir

Virgil Solal entre en guerre,
seul, contre des géants.

Engagé dans l’humanitaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, puis capitaine de police à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 pendant dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de la trilogie du capitaine Coste (Code 93, Territoires et Surtensions) et du bouleversant roman social Entre deux mondes, largement salués par la critique, lauréats de nombreux prix littéraires et traduits dans près de dix pays. 
Avec Surface, il nous entraîne dans une enquête aussi déroutante que dangereuse. Un retour aux sources du polar, brutal, terriblement humain, et un suspense à couper le souffle.

Paru le 22/10/2020 / Prix : 19,95€ / ISBN : 9782749938646

Entre deux mondes, Olivier Norek

Aussi magistral qu’émouvant, un roman inoubliable

Oliver Norek est un auteur de polar largement reconnu par ses lecteurs, c’est aussi un ancien flic qui connait ce métier qu’il a pratiqué pendant près de vingt ans. Avec Entre deux mondes, il sort de la trilogie Coste pour nous embarquer dans cet entre deux de la jungle de Calais, lieu de rétention de nombreux migrants, arrivés du Soudan ou de Syrie, d’Afrique et d’Orient pour atteindre leur Graal, l’Angleterre. Bloqués là par les français, ils ne rêvent chaque jour que d’une chose, partir, embarquer sur les camions la nuit et atteindre Youké et les rives de cet eldorado fantasmé, citadelle imprenable. Le roman est situé en 2016, lors du démantèlement de la jungle.

Adam est un flic syrien qui doit fuir son pays. Comprenant que sa situation est désespérée, il enclenche la procédure d’évacuation qu’il a anticipée depuis des mois, et fait partir avec les passeurs sa femme Nora et sa petite fille, pour qu’elles soient en sécurité. Elles devront atteindre Calais, là, il  pourra à son tour venir les rejoindre. Mais la traversée de la méditerranée n’est pas sans risque, ni pour elles, ni pour lui. Lorsqu’il arrive enfin dans la jungle, il les attend pendant des jours, sans trouver la moindre trace.

Un jour, il prend la défense de Kilani, un jeune garçon soudanais maltraité par les afghans. Mais il est difficile de s’imposer et de rester en vie sans soutien dans la jungle. Les animosités et les conflits que l’on trouve entre les pays sont présents ici aussi entre les migrants. Ousmane, un  soudanais, offre aide et protection à Adam. Dans la jungle, on retrouve un microcosme comme à l’extérieur, deux mosquées, des regroupements par pays d’origine, une discrète présence policière de la DGSI, des recruteurs de Daesh qui espèrent trouver de la chair à attentat parmi les désespérés du passage manqué pour l’autre monde, mais aussi fort heureusement, des associations qui aident vaille que vaille les migrants à survivre.

A l’extérieur, Bastien, jeune flic revenu à Calais pour tenter de soigner sa femme, fait de son mieux pour obéir aux ordres. Comme lui, la plupart des policiers de la zone sont totalement désespérés, il est quasi impossible de faire correctement leur métier. Un jour, un décès qui n’a bizarrement pas été étouffé par les habitants de la jungle lui fait croiser la route d’Adam. Va naitre alors entre les deux flics une complicité et une forme d’amitié et de respect.

Et l’on navigue entre ces deux mondes, celui de la jungle et celui des hommes et femmes de l’extérieur, celui des migrants coincés dans cet entre-deux, entre le pays que l’on a fui et celui que l’on espère comme un Eldorado magique.

Olivier Norek réussi une fois de plus à nous emporter dans ce roman très différent des précédents. On ressent immédiatement une grande empathie pour ses différents personnages. Il a donné corps aux nombreux migrants totalement déshumanisés dans les bulletins d’informations au 20h. Le rythme est soutenu, l’écriture à la fois efficace et relativement sobre, point de fioriture pour décrire la jungle et son enfer.

Si l’on peut considérer que le polar écrit à sa façon l’Histoire, ici l’auteur c’est largement emparé du réel pour construire son roman. Plusieurs semaines d’immersion attentive et silencieuse dans la jungle, à écouter, comprendre, les migrants, leurs attentes, leurs espoirs. Puis des nuits à suivre les policiers qui gèrent tant bien que mal cette zone, ce no man’s land dans lequel les lois de la république ont du mal à s’appliquer. Leur tâche est particulièrement ardue, rester humain et ne rien faire, ou empêcher par tous les moyens les migrants de passer et protéger leurs familles et leur région. Enfin, s’immiscer dans la ville, prendre le pouls des calaisiens, pour comprendre aussi comment la jungle est vécue par ceux qui la regarde de l’extérieur et tenter d’en faire un état des lieux. L’endroit idéal pour un auteur qui veut y mener une enquête impossible. On le sait, aujourd’hui c’est la technologie plus que la logique et l’intuition qui permettent les résolutions d’enquêtes policières, de l’ADN aux suivis de téléphonie, des empreintes aux témoignages. Or rien de tout cela ne peut être obtenu dans la jungle, au milieu de tant de migrants issus de pays, de tribus, de religions différentes, regroupés en clans dans lesquels tous vont trouver aide et soutien. Alors qui pourrait parler, témoigner ?

Si l’on se demande pourquoi ce sujet-là plutôt qu’un autre, Olivier Norek l’a dit à plusieurs reprises, il est lui-même descendant de migrant polonais, hommage au grand-père qui a su prendre sa place dans son pays d’accueil, on ne manquera pas de lire à ce sujet la dédicace du roman. Il faut dire que de tous temps l’exode est partie prenante de la condition humaine et ce n’est pas demain que cela va s’arrêter.

La situation actuelle des migrants peut être vécue comme un de ces moments de l’Histoire dont un pays ne peut pas s’enorgueillir. Ce que j’ai vraiment aimé, c’est que l’auteur nous montre une situation particulièrement sensible en ayant l’intelligence de l’appréhender dans son ensemble. Et c’est assez rare pour le souligner, ici tous les points de vue sont abordés, migrants, calaisiens, flics, politiques, en essayant de s’immerger pour comprendre sans juger, et au contraire pour prendre conscience.

Entre deux mondes est un roman magistral, réaliste et humain, qui procure des émotions fortes et donne envie d’ouvrir les yeux et de comprendre le monde qui nous entoure.

Du même auteur, lire Surface et l’article d’une rencontre avec l’auteur.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Ce polar est monstrueusement humain, « forcément » humain : il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre, il y a juste des peurs réciproques qui ne demandent qu’à être apaisées.
Bouleversant

Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. 
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds. 
Un assassin va profiter de cette situation. 
Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. 

Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.

Engagé dans l’humanitaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, puis capitaine de police à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 pendant dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de la trilogie du capitaine Coste (Code 93, Territoires et Surtensions) et du bouleversant roman social Entre deux mondes, largement salués par la critique, lauréats de nombreux prix littéraires et traduits dans près de dix pays.

Parution : 05/10/17 / Prix : 19.95 € / ISBN : 9782749932262

Toboggan, Jean-Jacques Beineix

Se laisser glisser sur le Toboggan de la vie, émotion garantie avec l’excellent roman d’un cinéaste de talent

Découvrir que Jean-Jacques Beineix vient d’écrire un roman, à coup sûr cela donne envie de le lire. Surtout quand on se souvient de l’effet de 37,2 le matin sur la jeunesse qui découvrait ce film. Cette façon très personnelle de mettre en scène et en lumière ses personnages. Vais-je être autant bouleversée et séduite, intriguée et intéressée ?

Alors qu’il file depuis sept ans le parfait amour avec Solène, trente ans à peine, le narrateur se fait larguer par sa belle. Elle a rencontré un bellâtre marchand de voitures et photographe à ses heures, à New-York où elle était partie quelques mois. Elle le quitte sans plus d’explications pour cet homme bien plus jeune.

Si pendant des années de bonheur et de passion, leur différence d’âge était importante, elle ne semblait pas être un obstacle, aujourd’hui elle semble rédhibitoire. L’ancien cinéaste repasse en boucle le film des années de bonheur avec celle qui avait tout pour être La femme de sa vie. Car depuis elle, finies les conquêtes d’une nuit ou de quelques jours, Solène lui a révélé l’amour avec un grand A. Solène et leur rencontre improbable, leurs grandes discussions interminables, leur passion commune pour la musique et le piano, et la fusion des corps, incandescente et flamboyante.

Il écrit dans des carnets, et de souvenirs heureux en idées noires, le soixantenaire éconduit refait le parcours de cet amour dont il sait déjà qu’il sera le dernier. A cette rupture vient s’ajouter la découverte d’une maladie. Comme pour confirmer que le temps passe inexorablement, son corps l’abandonne, malgré ses efforts, malgré le yoga, les traitements, la volonté de guérir. Mais si l’on peut guérir un cœur brisé par une rupture, il n’est pas aussi facile de guérir un corps usé. Les questionnements du narrateur interrogent notre capacité à décider de notre fin de vie avec réalisme et une grande humanité. Un sujet aussi sensible et difficile qu’actuel.

Jean-Jacques Beineix  signe un premier roman sur le temps qui passe et la peur de vieillir. L’écriture très descriptive permet au lecteur de s’emparer facilement des situations, des paysages. Les scènes sont comme photographiées, les phrases et les mots comme posés sur les émotions, les sentiments. Les personnages ne sont pas forcément très attachants, mais on imagine aisément le désespoir de cet homme que l’on suit avec un intérêt grandissant à mesure que se dessine son projet.

Catalogue éditeur : Michel Lafon

Il y en a toujours un qui aime moins que l’autre, malheur au perdant.

Toboggan est le récit poignant d’une rupture entre une jeune femme dans la trentaine et un homme, cinéaste en panne de création, qui en a le double. Alors que l’homme ne cesse de rejouer le film de cette histoire d’amour qui lui a échappé, il réalise aussi que ses plus belles années sont derrière lui. La femme aimée prend successivement les visages de l’amante solaire et ingénue ou de l’infidèle cruelle. Au terme de l’autopsie du couple, y aura-t-il une renaissance pour l’homme blessé ?

Parution : 20/02/20 / Prix : 19.95 €  / ISBN : 9782749930794