A la rencontre de Clarisse Serre

« On ne peut pas être Avocate ou être Pénaliste seulement la semaine, on l’est tout le temps, on y pense tout le temps »

Bonjour Clarisse, j’ai eu le plaisir de lire ton livre, La lionne du barreau, et d’y découvrir une femme forte, pugnace, droite. J’ai aimé cette lecture qui m’a vraiment embarquée dans les coulisses de ton métier.

Acceptes-tu de répondre à quelques questions à propos de ce livre ?

Qu’est ce qui a motivé l’envie d’écrire ce livre ? Le partage d’expérience, l’envie de montrer l’exemple, ou toute autre raison ?

En 2019 Arnaud Hofmarcher et François Verdoux m’ont contactée pour donner suite à un article de presse dans lequel j’aurais dit que j’avais envie d’écrire (à vrai dire j’ai souvent beaucoup d’idées). Rendez-vous est pris dans un restaurant.

Au début j’ai cru qu’il s’agissait d’une blague. Arrivée au rendez-vous j’ai bien vu que non, je leur ai dit que je ne savais pas écrire. Ils m’ont dit nous ferons des réunions, vous nous raconterez et on écrira. Me voilà rassurée et puis, en fait, la Covid est arrivée et j’ai donc décidé de m’y mettre. J’ai dis à Arnaud que je ne voulais pas d’une autobiographie car cela n’avait aucun intérêt mais qu’en revanche j’avais envie d’écrire des petits chapitres sur différents thèmes (j’ai d’autres thèmes en tête mais qui n’ont pas été écrit, il a bien fallu s’arrêter à un moment).

Je crois que j’avais vraiment envie d’écrire mais que je ne me sentais pas légitime car je ne suis pas écrivaine. Trop de professeurs de français m’avaient dit que j’avais des idées (ça a toujours été le cas) mais que je n’avais aucun style, que c’était lourd (et j’ai parfois un complexe par rapport à l’écrit car il me semble que celui qui sait véritablement écrire c’est mon conjoint).

Mais il y a eu un autre moteur, celui d’écrire en mon nom. Des avocats avaient écrit avec des journalistes mais je me suis dis que ce n’était pas moi, que si je devais parler du livre il fallait qu’il soit moi à 100% et j’ai donc pris la plume non le clavier. Et j’ai eu carte blanche !

Comment trouve-t-on le temps (et l’envie) d’écrire avec d’un côté un métier aussi prenant, et de l’autre une vie de famille, une vie sociale ? Et combien de temps cela t’a pris, serais tu prête à recommencer ?

Le début de l’aventure a commencé en été 2019 je crois, j’ai écrit pendant la covid puis quand l’activité a repris pour nous c’était véritablement en juin 2020 et ensuite il n’y plus eu de rupture, plus eu d’arrêt, j’écrivais quand je pouvais en particulier le soir tard et le dimanche

En fait j’écrivais dans ma tête et quand je me mettais devant l’ordinateur j’ai découvert le syndrome de la page blanche ou de l’écriture qui ne vient pas ! avec les audiences le temps a manqué car en même temps j’étais sur la série pour laquelle je suis auteur.

Le coup d’accélérateur a été janvier de cette année. La couverture du livre avait été validée mais le livre n’était pas fini. Là je vais dans ma librairie habituelle Fontaine à Duroc. Ils me connaissent très bien, au bout de 10 ans  j’ai noué des liens forts avec la propriétaire Marie DO qui est citée à la fin du livre(c’est une sacrée bonne femme que j’adore, une vraie librairie, des goûts tranchés, une grande gueule j’ai beaucoup appréhendé sa lecture du livre. Il y a même eu un quiproquo ; elle a lu le livre en août et je n’avais aucun retour ; je me suis dit elle n’a pas aimé et elle ne veut pas me le dire. En fait, elle a adoré, elle a même été touchée à être émue par certains passages dont celui sur la prison). Ce samedi de janvier au moment de payer, Olivier un des libraires plutôt réservé me dit Mme serre: Sonatine et il insiste ! Là je ne comprends pas du tout, je suis à 10 000 lieux de Sonatine et il insiste. Voyant ma tête, il me dit « on a reçu le catalogue Sonatine pour la rentrée de septembre et vous êtes dedans » je le regarde incrédule et lui réponds mais le livre n’est pas fini ! Et donc là il a fallu s’y remettre, le terminer.

En mars, phase de relecture, l’aventure a connu une nouvelle étape. J’ai demandé à ma marraine Monique Risser citée à la fin, bibliothécaire à la retraite de le lire. Depuis que je suis née, elle a toujours guidé mes choix de polar notamment. Elle était bibliothécaire dans un village alsacien Ebersheim. Sans hésiter elle a accepté. Elle avait un plan en 3 phases une lecture totale pour avoir une vue d’ensemble, une deuxième lecture pour les fautes puis une troisième lecture pour relecture finale.

Je dois dire qu’elle était la première lectrice en dehors de la maison d’édition et donc son avis était crucial.

Elle est très pudique, peu démonstrative, mon opposée en somme et là le verdict est tombé. Elle m’a dit j’ai découvert le monde judiciaire que je ne connaissais pas, et au-delà finalement je t’ai aussi découvert et ne m’imaginai pas du tout ce que tu vivais.

Qu’elles ont été les réactions de tes collègues avocats, comprennent-il cette démarche, et surtout ce que cela implique de ce que tu dévoies de ta personnalité et des difficultés d’être femme dans ce milieu ?

Le livre a été très bien accueilli par le milieu je n’ai que des compliments beaucoup me disent on aurait pu écrire ce livre car tout ce que tu écris est tellement juste.

Ceux qui ne sont pas du milieu me disent que le livre rend accessible la justice, que ce que je dis est clair. Je crois que je n’en reviens pas de tous ces compliments.

Il y a les collègues, mais il y a aussi, ou surtout, les clients. As-tu eu besoin, ou envie, d’en parler avant à certains clients que tu évoques, même si c’est sans les nommer ? Si oui, comment l’ont-ils pris ?

Mme H a été d’accord pour être enregistrée et a donné son accord une fois qu’elle a relu le livre, c’est une véritable preuve de confiance. Je pensais qu’en dévoilant les fragilités cela pourrait faire fuir les clients et en fait pas du tout, il faut dire que je ne mens pas et j’essaie de faire au mieux.

Penses-tu que ce livre sera utile à d’autres ? Et si oui, pour qui et comment. Je pense en particulier à de jeunes femmes avocates qui débutent dans le métier, mais ça peut-être aussi n’importe qui d’autre. As-tu des exemples ?

Quand j’ai écrit ce livre j’avais envie de parler de gens dont on parle peu les greffiers, de thèmes #metoo, de la relation avocat /magistrats, de dire ce que je pense mais je ne pensais pas à toutes les retombées.

Ce qui est certain c’est que depuis 10 ans beaucoup de jeunes veulent exercer au pénal mais je constate qu’ils ont une méconnaissance de la réalité et donc sans vouloir les décourager je voulais leur raconter mon vécu.

On ne peut pas être Avocate ou être Pénaliste seulement la semaine, on l’est tout le temps, on y pense tout le temps.

Je pense et je l’espère que ce livre sera utile pour donner l’envie de franchir les grilles des palais de justice.

J’aime quand je vais sur les plateaux télé et qu’on me dis grâce à vous on comprend mieux et on réfléchit autrement.

Quelles sont les réactions de tes lecteurs ? Penses-tu que tu pourrais susciter des vocations ?

Je reçois des messages tellement élogieux que j’en suis gênée, tant du milieu judiciaire que du non-judiciaire. On me dit souvent que je suis un modèle et franchement ça me met mal à l’aise je n’ai aucune prétention a être un modèle. C’est absolument nécessaire qu’il y ait toujours des Pénalistes, des avocats de la défense.

Je ne veux donc pas décourager les jeunes mais juste leur dire que Pénaliste c’est une vie consacrée à la Défense sans répit.

Ce n’est pas la branche du droit dans laquelle on fait fortune mais pour moi c’est certainement la plus exaltante

Je pense qu’il faudrait demander à mon conjoint, à mes enfants car vivre avec moi n’est pas une sinécure !!!!! je suis toujours en action c’est fatigant pour eux.

Maintenant par orgueil si à Noël mon livre se trouve sous le sapin, j’en serai très fière. Je ne rechigne pas mon plaisir mais je veux surtout dire qu’on n’a rien sans rien, que le travail est une valeur cardinale de mon éducation et que mon seul regret c’est l’absence de mes parents.

Tu parles de la difficulté de ce métier, qu’est-ce qui t’a paru le plus difficile au départ ? Est-ce toujours vrai aujourd’hui avec le recul et ton expérience ?

Le plus difficile c’est de s’imposer. Cela prend beaucoup de temps

Plus qu’un métier c’est une vocation pour moi ! C’est toujours aussi difficile et cela le sera toujours car il s’agit de situation de crise, de tristesse, de douleurs.

Mais alors, si c’était à refaire, referais-tu le même métier, et de la même façon ?

Je ne sais rien faire d’autre

Merci Clarisse d’avoir accepté de répondre à mes questions, et j’espère que de nombreux autres lecteurs vont apprécier ton témoignage autant que moi.

J’espère aussi que notre expérience de l’INHESJ et surtout de l’association Féminhes va pouvoir reprendre, en tout cas elle m’a permis cette belle rencontre avec toi !

La lionne du barreau, Clarisse Serre

Je suis une femme, je fais du pénal, j’exerce dans le 9-3, et alors ?

Clarisse Serre est avocate. Et femme.
Pourtant elle n’a pas choisi la facilité lorsque elle s’est orientée vers le pénal.

Mais alors, qu’est-ce qui fait qu’une jeune avocate choisit cette spécialité, qu’elle y reste et s’y fait un nom. Qu’elle prouve son sérieux et son professionnalisme à tel point que les bandits, enfin, pas seulement, décident de la choisir pour assurer leur défense. Certainement le fait qu’elle n’a aucune langue de bois, un sérieux à toute épreuve, et une passion pour un métier qui ne pardonne aucun écart.

Ajoutons à cela que pour corser le tout, elle a choisi d’installer ses bureaux à Bobigny. Pour qui connaît la banlieue parisienne ce n’est pas forcément la première situation qui viendrait à l’idée, surtout aussi près de Paris, et sachant l’addiction de certains à l’image que renvoi le fait d’officier dans la ville lumière.

Clarisse a osé, s’y est installée et y travaille depuis des années. Enfin, sillonne la France et ses tribunaux serait plus exact puisque son métier nécessite de nombreux déplacements en province. Dans La lionne du barreau, elle évoque ce métier qui est avant tout une passion et n’ayons pas peur des mots, ‘une vocation. Métier pour le moins très prenant, exigeant, il est parfois bien difficile de mettre la distance souhaitée avec certains clients, de se faire respecter. Elle y excelle et son livre est là pour donner envie et du courage à toutes celles qui hésitent, en montrant que la force, la conviction, la passion, permettent d’arriver à réaliser ce que l’on souhaite au plus profond de soi.

J‘ai aimé le dynamisme, la force de conviction et l’assertivité dont Clarisse Serre fait preuve tout au long de ce livre, un exemple à suivre assurément, un livre à lire et à faire lire.

Catalogue éditeur : Sonatine

Dans les couloirs des tribunaux, on la surnomme « la lionne ». Clarisse Serre détonne à tous les niveaux parmi les avocats pénalistes. Quand ses confrères ont adopté le confort d’un cabinet parisien, elle préfère s’installer à Bobigny. Quand elle embrasse sa carrière dans le pénal, c’est pour défendre des délinquants violents ou des figures du grand banditisme. Comment une femme peut elle trouver sa place dans cet univers brutal ? À force de ténacité, répond l’intéressée. Qu’elle évoque les affaires qu’elle a plaidées, sa vision du système judiciaire, ses doutes, ses combats, ou encore le féminisme, Clarisse Serre bouscule par son goût de la controverse et son franc-parler. Frondeuse, intrépide et incisive… Il existait des ténors du barreau – une diva est née !

Classée parmi les trente avocats les plus puissants de France par le magazine GQ, Clarisse Serre a su gagner le respect de ses confrères comme de ses clients, qu’ils soient petits délinquants ou criminels endurcis. Un rapport au réel brut et sans fard, qui n’est pas passé inaperçu puisqu’elle a été consultante pour la série phénomène de Canal Plus Engrenages.

20.00 € / EAN : 9782355847882 / Date de parution : 15/09/2022 / pages : 192

Les lamentations du Coyote, Gabino Iglesias

La frontière, ce chemin infranchissable avant le paradis rêvé

Gabino Iglesias m’avait embarquée avec son précédent roman Santa Muerte. Il récidive et nous entraîne dans les profondeurs glauques et sanglantes de La Frontera, une zone de non-droit entre Mexique et USA. Cette frontière sur laquelle l’homme orange rêvait de bâtir un mur infranchissable.

Le coyote est investi d’une mission divine, sauver les enfants d’une mort certaine ou de la misère absolue en les faisant passer de l’autre côté. Dure mission quand on sait le travail des gardes frontière et les suspicions qui les poussent en renvoyer chez eux ceux qu’ils auront pris sur le fait.

Les lamentations du Coyote est un roman choral, dans lequel parlent tout à tour Le Coyote, mais aussi Pedrito qui voit son père mourir sous ses yeux, la Mère qui ne sait plus si elle enfante diable ou démon, Jaime qui sort de prison pour découvrir son délateur chez sa mère, Alma qui rêve d’offrir le spectacle qui deviendra viral et la rendra mondialement célèbre, la Bruja ce spectre revenu d’entre les morts pour protéger son mari et son fils. Et avec chacun d’eux, le lecteur s’enfonce dans des territoire où le chaos, la violence, les fantômes et le diable occupent toute la place, où l’enfer n’est jamais loin.

Parce que de leur côté de la frontière il n’y a que chagrins, misère, douleurs, désespoir, et crimes, alors chacun d’eux emprunte à sa façon le difficile chemin des migrants pour fuir le cycle de la violence et de la pauvreté pour enfin atteindre le mythe américain. Mais ceux qui tentent de traverser sont le plus souvent victimes des passeurs, de la fatalité, de la Santa Muerte ou des trafiquant qui vendent les enfants au plus offrant. Le texte est totalement onirique, mystique même parfois, à la frontière entre réalité et spiritualité, noirceur et violence surgissant à chaque page pour dire la difficulté d’être, de vivre, de traverser cette Frontera pour fuir ce Barrio Noir dans lequel la vie a perdu toute valeur.

L’auteur à l’art de tisser entre chacun d’eux des fils invisibles, solides et mystérieux dont il ne nous dévoile la clé qu’à la toute fin. Avec une façon bien à lui de poser les mots pour faire jouer notre imagination, nos peurs, nos angoisses, nous emmenant dans cette zone inconfortable où chacun doit se poser des questions sans trouver de réponse. Aucun évangélisme dans ces mots, dans ce texte à la violence qui vous laisse parfois pantois, mais qui ose dire sans l’enrober de bons sentiments la complexité du mythe américain tant convoité et l’inhumanité que l’on y trouve. En bref, un livre qui va vous remuer, vous couper le souffle et dont vous ne sortirez pas indemne.

Merci au Picabo River Book Club pour cette lecture !

Catalogue éditeur : Sonatine

Traducteur : Pierre SZCZECINER

La Frontera, une zone de non-droit séparant le Mexique des États-Unis. C’est là que sévit le Coyote. Personne ne connaît son nom, mais à quoi bon ? Il est le Coyote, tout simplement. Celui dont la mission divine est de sauver des enfants mexicains en leur faisant passer clandestinement la frontière vers la terre promise. La Virgencita veille sur eux – et sur lui, son guerrier sacré, son exécuteur des basses œuvres. Autour de lui, d’autres habitants de la zone, confrontés eux aussi à la violence, au deuil, au désespoir. Tous résolus à se soulever contre un monde qui fait d’eux des indésirables. Cavales, fusillades, cartels, sacrifices sanglants, fantômes et divinités vengeresses… L’heure de la revanche latina a sonné.

Parution : 04/02/2021 / EAN : 9782355847776 / Pages : 224 Format : 140 x 220 mm / 20.00 €

Santa Muerte, Gabino Iglesias

Pourquoi il faut lire Santa Muerte, cet étonnant road trip sanglant en pays mafieux. Le thriller noir revisité par Gabino Iglesias

Quand Fernando débarque à Austin, Texas, on se doute que les choses ne sont pas tout à fait claires et qu’il a connu des jours meilleurs sous le soleil. En effet, ce clandestin arrive tout droit du Mexique, là-bas il risque sa peau. Il faut dire que lorsque sa petite sœur lui a dit qu’elle était harcelée par deux hommes, il n’a écouté que son cœur et sa force… mais dans certains milieux, on ne s’attaque pas à n’importe qui.

Alors il se planque aux USA. Fernando est dealer, il travaille pour Guillermo, le chef du gang qui règne sur une partie de la ville. Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Il se fait enlever par le gang adverse. Les hommes de la Salvatrucha sont féroces et n’hésitent pas à montrer à quel point en torturant devant ses yeux un comparse de Fernando. Et Indio, le plus féroce d’entre eux, est un véritable cauchemar ambulant. Fernando a  la mission de prévenir Guillermo, celui-ci doit céder une partie de son territoire.

La leçon est particulièrement sanglante, on ne compte plus les morts et Fernando va devoir jouer fin pour s’en sortir. Quitte à demander l’aide de la Santa Muerte, en s’appuyant sur les croyances et le mysticisme le plus incongru, ou même à plus méchant ou tordu que lui.

Un étonnant road trip sanglant en pays mafieux, où le plus malin n’est pas le plus méchant, où l’on plaint vite ce pauvre clandestin plus faible que violent à priori. C’est sanglant donc, mais aussi décalé, le personnage de Fernando est à la fois atypique et perdu entre les deux cultures de ces deux pays, cultures auxquelles il doit adhérer pour être accepté et survivre. La fatalité, la violence, les morts, les prières, les peurs et les croyances ancestrales se succèdent dans ce thriller noir revisité à la sauce Santa Muerte. Tout en maintenant une progression dans l’intrigue et dans la violence, Gabino Iglesias propose une analyse fine du contexte social et culturel, de cette double appartenance, de la difficulté d’être clandestin dans un pays qui vous rejette, et une évocation intéressante des croyances et de l’étrange qui régissent certains cultures. Un excellent moment de lecture, à ne pas mettre entre toutes les mains, lecteurs sensibles s’abstenir !

Catalogue éditeur : Sonatine

Pierre SZCZECINER (Traducteur)

Santa Muerte, protegeme…
Austin, Texas. Tu t’appelles Fernando, et tu es mexicain. Immigré clandestin. Profession ? Dealer. Un beau jour… Non, oublie « beau ». Un jour, donc, tu es enlevé par les membres d’un gang méchamment tatoués qui ont aussi capturé ton pote Nestor. Pas ton meilleur souvenir, ça : tu dois les regarder le torturer et lui trancher la tête. Le message est clair : ici, c’est chez eux.
Fernando croit en Dieu, et en plein d’autres trucs. Fernando jure en espagnol, et hésite à affronter seul ses ennemis. Mais avec l’aide d’une prêtresse de la Santería, d’un Portoricain cinglé et d’un tueur à gages russe, là oui, il est prêt à déchaîner l’enfer !

Originaire de Porto Rico, Gabino Iglesias vit à Austin. Il est culturiste et dort quatre heures par nuit. Santa Muerte est son premier roman publié en France.

Date de parution : 20/02/2020 / 20.00 € /  EAN : 9782355847769 / Pages : 192

La mort selon Turner. Tim Willocks

Afrique du Sud, là où une vie ne vaut rien… cela aurait pu être La foi selon Turner ou La justice selon Turner… Ce sera La mort selon Turner. Le dernier roman de Tim Willocks est totalement addictif, j’y ai succombé.

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De jeunes afrikaners quittent la vile du cap en catastrophe, ils doivent dégager en vitesse d’un bouge dans lequel ils ont bu plus que de raison. Dirk, l’un d’entre eux, complétement ivre, démarre le Range Rover et sans même s’en rendre compte percute à mort une jeune SDF. Protégé par Hennies, le second mari de sa mère, Dirk et la bande fuient vers Cap-Nord, la ville minière où règne Margot Le Roux, la mère de Dirk. Margot et ses mines qui permettent à toute une région d’avoir du travail.

Lorsqu’elle est mise au courant des faits, Margot, en maitresse femme décide que son fils doit tout ignorer et ne doit surtout pas être mis en cause dans cette affaire. Son brillant avenir d’avocat en pâtirait définitivement. Car après tout, que vaut cette inconnue oubliée dans la rue, morte juste un peu plus tôt par la faute de son fils …

Mais c’est sans compter sur Turner le flic aux yeux verts. Winston Turner, cet inspecteur de la brigade criminelle est armé d’une volonté farouche, il est bien décidé à rendre justice à la pauvresse que tout le monde souhaite oublier le plus rapidement possible. Envoyé par son boss sur le territoire hostile de la famille Le Roux, Turner n’est pas près d’arriver à ses fins.

Là, la corruption règne en maitre. La moitié de la région est aux ordres de Margot et de ses sbires, poussés par une haine viscérale de ceux qui leur résistent, ayant (et c’est un euphémisme) la gâchette facile, les situations vont être beaucoup plus compliquées que ne l’espérait Turner. Il va vite se rendre compte du peu de prix que l’on accorde aux vies humaines, à la sienne comme aux autres d’ailleurs. Représentant l’autorité ou pas, qu’importe. C’est un homme d’une force de caractère sans pareille, et je dois dire que l’auteur sait immédiatement nous le faire accepter et aimer tel qu’il est, dans le pire comme le meilleur.

Dans ce roman, il y a l’amour d’une mère, qui s’est construite contre les hommes, la loyauté à une famille, la corruption à tous les niveaux, quand on peut se laisser acheter pour une maison ou pour quelques lingots d’or, il y a un flic intègre qui porte au fond de lui de vielles blessures et une police corrompue et aveugle sans doute autant par facilité que par instinct de survie, il y a une étrange analyse de la justice des hommes, l’officielle et celle qui les arrange, qui permet de s’autoriser quelques petits accommodements qui parfois semblent raisonnables, il y a les silences et les non-dits qui peuvent détruire des existences, il y a la lutte entre noir et blancs en Afrique du Sud, et sans doute ailleurs dans le monde….

Alors, quel rythme, quelle hécatombe, quel suspense ! Des personnages attachants, révoltants, intrigants, que l’on veut comprendre, aider, aimer, qui nous révulsent et qui nous émeuvent. Je me suis laissée embarquer dans ce roman sans même reprendre mon souffle tant le rythme et l’intrigue sont addictifs. Il y a tout ce qu’il faut dans le décor pour nous dépayser et nous convaincre, vieilles mines de manganèse, fermes isolées, une seule grande rue dans le village, on se croirait en plein western, et par moment les scènes totalement apocalyptiques aux descriptions aussi violentes que détaillés se déroulent réellement sous nos yeux.. Enfin, je vous l’assure, vous n’appréhenderez plus jamais le désert ni un être humain de la même façon après avoir lu La mort selon TurnerUne réussite ce roman noir, très noir, qui nous emporte à un rythme effréné…

Voilà qui donne le là :

– Avez-vous la moindre idée de ce que la loi exigeait la première fois que j’ai prêté serment ? Nous étions comme la Gestapo. L’homosexualité était illégale. Les mariages interraciaux aussi. Un home comme vous et moi ne pouvait pas marcher dans la rue sans enfreindre la loi.
– Cette fille a été tuée. Elle a droit à la justice.
– Il n’y a pas de justice. Il n’y a que nous.

💙💙💙💙💙

On ne manquera pas de lire également l’avis de Nicole du blog Motspourmots

Catalogue éditeur : Sonatine

Benjamin LEGRAND (Traducteur)

Lors d’un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni ses amis ne préviennent les secours alors que la victime agonise. La mère du chauffeur, Margot Le Roux, femme puissante qui règne sur les mines du Northern Cape, décide de couvrir son fils. Pourquoi compromettre une carrière qui s’annonce brillante à cause d’une pauvresse ? Dans un pays où la corruption règne à tous les étages, tout le monde s’en fout. Tout le monde, sauf Turner, un flic noir des Homicides. Lorsqu’il arrive sur le territoire des Le Roux, une région aride et désertique, la confrontation va être terrible, entre cet homme déterminé à faire la justice, à tout prix, et cette femme décidée à protéger son fils, à tout prix.

Le fauve Willocks est à nouveau lâché ! Délaissant le roman historique, il nous donne ici un véritable opéra noir, aussi puissant qu’hypnotique. Lire la suite

Tim Willocks est né en 1957 en Angleterre. Grand maître d’arts martiaux, il est aussi chirurgien, psychiatre, producteur et écrivain. La Mort selon Turner est son quatrième roman chez Sonatine Éditions.

EAN : 9782355846724 / Nombre de pages : 384 / Format : 140 x 220 mm / Prix 22.00 € / Date de parution : 11/10/2018

Deux gouttes d’eau, Jacques Expert

La gémellité, un thème idéal pour un polar psychologique inquiétant

Que dire de ce roman. D’abord, c’est vrai, je n’ai pas eu envie de le lâcher, les pages tournent seules et l’amateur de polars que je suis n’a eu qu’une envie, connaître la suite. Il est plutôt bien écrit, pas de longueurs, un suspense maintenu par une bonne alternance des situations, la vie de Philippe et Sophie, leurs désir d’être enfin parents et leur vie avec les jumeaux Franck et Antoine, puis la scène de crime, l’enquête en extérieur et enfin les moments presque à huis clos dans le commissariat.

Le thème de la gémellité, déjà traité par d’autres auteurs (Danielle Thiery par exemple) est souvent source de mystère. Et l’idée de jumeaux en tous points identiques, le physique d’abord, puis le même ADN, la même maladie, ils n’ont pas d’empreintes digitales, parait à priori propice à tisser les fils d’une intrigue assez subtile. En parallèle à la sordide scène de crime et à l’enquête, le récit de la naissance tellement souhaitée et de l’enfance particulièrement étrange d’Antoine et Franck apporte quelques informations sur leurs personnalités complexes.

J’ai été déconcertée par le commissaire Robert Laforge, peu crédible dans sa façon d’enquêter, qui annonce tout de go au sosie parfait de son « coupable présumé numéro un » tout le déroulé et les moindres détails du crime sordide sur lequel il enquête, sans même attendre et le laisser venir. Alors j’ai eu un peu de mal à lui faire confiance pour la suite. Et d’ailleurs, l’auteur me conforte dans mon manque de confiance, lors des dernières scènes au commissariat, que je ne vous dévoilerai certainement pas mais que j’ai trouvées peu crédibles. Ce divisionnaire est un nerveux colérique, cinglant avec ses équipes. Connu pour sa perspicacité, il va cependant s’embrouiller. En même temps, l’auteur embrouille le lecteur avec ses jumeaux si bizarrement fusionnels, et en même temps si contradictoires.
Je suis cependant un peu déçue par ce polar. Je ne sais qu’en penser, un polar bien écrit, que l’on a envie de lire jusqu’au bout, mais dans lequel tout m’a semblé tellement évident que la fin est arrivée sans trop de surprise.

Reçu dans le cadre des explorateurs de polar de lecteurs.com

Catalogue éditeur : Sonatine

Deux frères, un coupable : une machination infernale.
Une jeune femme est retrouvée morte dans son appartement de Boulogne-Billancourt, tuée à coups de hache. Elle s’appelle Élodie et son ami, Antoine Deloye, est identifié sur l’enregistrement d’une caméra de vidéosurveillance de la ville, sortant de chez elle, l’arme du crime à la main. Immédiatement placé en garde à vue, Antoine s’obstine à nier malgré les évidences. Il accuse son frère jumeau, Franck, d’avoir profité de leur ressemblance pour mettre au point une machination destinée à le perdre. Quand Franck Deloye arrive au commissariat central pour être entendu, le trouble est immense : il est impossible de différencier les deux hommes, qui se ressemblent, littéralement, comme deux gouttes d’eau… Le divisionnaire de la PJ en charge de l’enquête, Robert Laforge, un homme réputé pour sa compétence mais aussi son intransigeance et ses éclats incontrôlés, va devoir tirer au clair avec son équipe ce véritable casse-tête. Lequel des deux jumeaux ment, lequel est le bourreau, lequel la victime ?

On retrouve dans ce nouveau roman tout ce qui fait l’univers de Jacques Expert : l’observation sans empathie de personnalités troublées, perverses, abîmées, qui ne savent plus exactement quelles sont les limites de leur identité ou de leur mission, y compris chez les enquêteurs.

Après avoir été grand reporter, Jacques Expert a été producteur et rédacteur en chef pour TF1, directeur des magazines de M6 et directeur général adjoint de Paris Première. Il est aujourd’hui directeur des programmes de RTL et auteur de la série « Histoires criminelles » sur France Info. Après Adieu (2012) et Qui ? (2013), Deux gouttes d’eau est son troisième roman à paraître chez Sonatine Éditions.

ISBN : 978-2-35584-316-7 / Format : 14 x 22 cm / Pages : 336 / Prix : 19€