Les ombres blanches, Dominique Fortier

Comment les écrits d’Emily Dickinson sont arrivés jusqu’à nous

Emily Dickinson ombre blanche cloîtrée volontaire entre les quatre murs de sa chambre pendant de très longues années a écrit des centaines de lettres et autant sinon plus de poèmes posés en quelques mots, quelques lignes, sur une multitude de petits bouts de papier de toute sorte.

A son décès le 15 mai 1886, à Amherst, dans le Massachusetts, elle a demandé que toute sa correspondance soit brûlée, ainsi que tous ses papiers. C’est ce qu’a accepté de faire Lavinia, sa sœur, pour les lettres, nombreuses, les journaux intimes, mais le geste s’est fort heureusement arrêté là.

Pourquoi et par quel heureux hasard a-t-elle décidé de ne pas obéir à cette sœur singulière à qui elle n’avait jamais rien refusé ? Impossible de le savoir, mais pour notre plus grand bonheur elle a fini par réunir tous ces bouts de papier, chaque phrase, chaque mot, chaque respiration, chaque soupir d’Emily pour qu’ils soient retranscrits dans des livres.

C’est cette aventure incroyable que nous conte Dominique Fortier dans ce roman.

Pourquoi je l’ai aimé ? D’abord parce qu’il n’est ni une autofiction, ni une captation par un auteur de l’actualité, de l’air du temps, des catastrophes quotidiennes ou des malheurs du monde dont nous entendons parler déjà chaque jour aux informations.

J‘ai aimé cette singularité, cette originalité et surtout rencontrer Emily Dickinson, sa sœur, son frère, mais aussi Mabel, la maîtresse de celui-ci, sa nièce Millicent, les femmes de son entourage qui ont su comprendre l’importance de son œuvre et la faire parvenir jusqu’à nous. Si les premières retranscriptions ont été peu respectueuses des écrits d’Emily, modifiés, corrigés, en particulier pour les majuscules ou les tirets placés en apparence au hasard, la sténographie première de la poétesse lui a été restituée par la suite, offrant ainsi aux lecteurs une œuvre magistrale et unique.

Un roman qui sort du lot en cette rentrée littéraire, à la fois intimiste, poétique, délicat et  intelligent. Il m’a appris beaucoup de choses, et donné envie de relire les vers d’Emily Dickinson. L’autrice a su nous faire entrer dans l’intimité d’une famille affligée par la perte d’un être unique, mais aussi dans la tête d’Emily, de son entourage, nous faire entendre les difficultés d’être une femme poétesse à cette époque et l’accueil parfois dubitatif qui a été fait à sa façon d’écrire.

Catalogue éditeur : éditions Grasset

Emily Dickinson aurait pu ne jamais être pour nous qu’un nom étranger. Celui d’une femme, américaine, moins connue pour son talent littéraire que pour avoir passé la majeure partie de sa vie confinée chez elle. Puisqu’elle s’était toujours farouchement refusée à voir ses écrits publiés, rares sont ceux qui savaient, de son vivant (1830-1886), qu’Emily était aussi une formidable poète. Peu avant son décès, elle demande à sa sœur Lavinia de brûler tous ses papiers personnels. Mais lorsque cette dernière découvre dans sa chambre des centaines de poèmes renversant de beauté, griffonnés sur des morceaux d’enveloppes ou d’emballages, elle est à la fois sidérée et incapable de lui obéir. Jusqu’où la volonté des morts peut-elle changer l’existence des vivants  ? Lire la suite…

Parution : 11 Janvier 2023 / Pages : 256 / EAN : 9782246832553 prix 20.90€ / EAN numérique: 9782246832560 prix 14.99€

L’américaine, Catherine Bardon

Années 60, entre la République Dominicaine, New-York et Israël

Ruth est la digne héritière de Wilhelm et Almah. Mais au décès brutal de son père, la jeune fille souhaite partir de l’île sur laquelle elle a vécu heureuse avec ses parents pour aller forger sa propre destinée en Amérique, ce pays qui avait refusé de les accueillir lorsqu’ils avaient fui l’Autriche nazie. Elle veut de venir journaliste comme son père.

Ce sont ces pérégrinations que le lecteur va suivre dans le deuxième tome de la saga qui avait débuté avec « Les déracinés ».

Sur le bateau qui l’emmène à New-York, Ruth fait la rencontre d’Arturo, un jeune homme qui rêve de devenir musicien et quitte leur île en même temps qu’elle. Cette rencontre scelle le pacte d’une profonde et durable amitié. Ruth va vivre cinq années de bouleversements importants qui auront des conséquences pour le reste de sa vie,. Elle est secondée à New-York par Myriam, sa tante fidèle et aimante qui veille sur elle comme sur sa propre fille ; en Israël par sa marraine Svenja, partie trouver sur la terre promise ce qu’elle n’a jamais trouvé ailleurs ; et toujours accompagnée sans faille par Almah, sa mère qui la guide depuis la République Dominicaine qu’elle ne quitte pas pendant ces années troubles.

Ce roman est une excellente opportunité de se remémorer quelques faits marquants de l’histoire contemporaine de ces différents pays, de suivre l’évolution des principaux personnages de la saga, et de nous faire attendre une suite que tous espèrent aussi mouvementée et humainement attachante que les précédents opus.

Si chacun des titres peut se lire indépendamment, il est sans doute préférable de commencer par Les déracinés, pour envisager de façon plus globale les conséquences de la guerre en Europe et du déplacement de ces familles qui ont dû tout quitter, et la difficulté d’être soi que peuvent ressentir les deuxièmes générations qui sont nées loin du pays d’origine de leurs parents.

Catalogue éditeur : Les Escales, Pocket

Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York. Elle en est sûre, bientôt elle sera journaliste comme l’était son père, Wilhelm. Très vite, elle devient une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l’amitié, des amours et des bouleversements du temps : l’assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre-culture…
Mais Ruth se cherche. Qui est-elle vraiment ? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens ? Américaine d’adoption ? Dans cette période de doute, elle est entourée par trois femmes fortes et inspirantes : sa mère Almah en République dominicaine, sa tante Myriam à New York et sa marraine Svenja en Israël symbolisent son déchirement entre ses racines multiples. 
Date de parution : 28/05/2020 / EAN : 9782266300452 / pages : 592 / 8.75 €

Radium Girls, Cy

They paid with their lives. Their final fight was for justice.

Edna, Katherine, Mollie, Albina, Quinta et bien d’autres sont ouvrières à l’United State Radium Corporation dans le New Jersey. Nous sommes en 1918 et à cette époque certains imaginent tous les bienfaits que peut apporter le radium découvert depuis peu par Pierre et Marie Curie. La mode est aux cadrans aux chiffres lumineux, un confort apporté justement par la peinture Undark à base de radium. A longueur de journée, les dials-painters font inlassablement le même geste : lip, dip, paint (porter aux lèvres, tremper, peindre) car il faut lisser le pinceau avec sa salive, puis le plonger dans la peinture, et peindre délicatement.

Ce geste qui aurait pu être anodin devient une véritable bombe à retardement qui détruit inéluctablement le corps des malheureuses. Mais face à une corporation toute puissance et à des intérêts financiers prépondérants, difficile de croire que cette poignée de femmes arrivera à se faire entendre et ébranler le pouvoir en place. On notera que l’usine d’Orange, dans le New Jersey, emploie jusqu’à deux cent cinquante ouvrières.

Après seulement quelques mois de joies et d’amusement, parce qu’après tout ces jeunes femmes ont la vie devant elles et l’envie d’en profiter, des maladies se déclarent. Rien ne leur sera épargné. Elles tombent littéralement en miettes, il s’avère que le radium se loge dans les os qu’il va progressivement ronger. Mais on ne leur reconnaît pas le fait que leur mort puisse être liée à leur emploi. Aussi celles qui restent, et tant qu’elles en auront l’énergie, vont mettre leurs dernières forces dans la bataille pour faire reconnaître la maladie du travail.

Grâce à leur courage, leur force et leur opiniâtreté, leur calvaire aura malgré tout servi à changer les lois pour les travailleurs outre-Atlantique, un combat mortel qui n’a pas été vain.

Il faut rappeler qu’en France on a interdit ces fameux cadrans au radium en 1962 seulement (voir article ici)

La BD de Cy est vraiment passionnante et tellement émouvante. Déjà, la couverture semble irradier. Puis avec très peu de couleurs, ce vert si caractéristique du radium et un dégradé de mauve, elle parvient à donner vie – et mort – aux Radium Girls, à leur combat, à nous les faire aimer à la fois joyeuses et insouciantes, solidaires et unies dans le bonheur comme dans le malheur et dans la lutte, inoubliables bien qu’oubliées pendant de bien longues années.

On ne manquera pas d’aller également voir le site The radium Girls ou encore cet article sur les peintures luminescentes

Sur la photo, des verres en ouraline (ce terme désigne un objet en verre ou en cristal de couleur jaune avec des reflets verts) ce dichroïsme est dû à l’uranium et plus précisément à un oxyde d’uranium, l’urane (ou uranyle) qu’ils contiennent. On en trouve encore dans quelques brocantes.

Catalogue éditeur : Glénat

Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès.

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire…

La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.

Parution : 26.08.2020 / Format : 200 x 265 mm / Pages : 136 / EAN : 9782344033449

Prix BD Lecteurs.com 2021

Blanc autour, Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

Il est long le chemin vers l’égalité et l’éducation pour toutes

En 1832, dans le Connecticut, la petite ville de Canterbury est une bourgade paisible.
Prudence Crandall est la directrice d’un pensionnat pour jeunes filles. Nous sommes trente ans avant l’abolition de l’esclavage toujours pratiqué dans les états du sud. Dans cette région les noirs sont libres mais restent des personnes à part dans la vie des villages. Aussi lorsque Prudence décide d’accepter des jeunes filles noires, puis de consacrer son école à elles seules, les citoyens ses déchaînent.

Peu de temps auparavant Nat Turner, un jeune noir instruit, avait fomenté une révolte d’esclaves qui s’est terminée dans les sang par le massacre de soixante personnes. Nat Turner, l’esclave qui savait lire, donne une image désastreuse de l’éducation des noirs à ces américains à qui cela convient parfaitement car ils peuvent ainsi continuer à pratiquer la ségrégation en toute impunité, et refuser l’accès à l’éducation aux noirs. Et à des femmes de surcroît.

Un sujet passionnant, qui montre d’un côté la position désastreuse et ségrégationniste des blancs, les actions entreprises, légales ou pas, pour contraindre celles qui souhaitent l’éducation de toutes et pour empêcher les jeunes filles d’y avoir à accès. De l’autre, le courage et la détermination de ces jeunes femmes à s’instruire, et de Prudence Crandall, précurseur dans ce domaine et qui œuvrera à l’égalité de l’accès à l’éducation toute sa vie.

Quelques pages en fin de BD restituent la vie de différents protagonistes, leur rôle dans l’éducation des jeunes filles et l’abolition de l’esclavage. Le graphisme est intéressant, stylisé, à la fois déterminé par certains traits ou couleurs, et parfois assez flou pour laisser nos esprits compléter les scènes.

Catalogue éditeur : Dargaud

1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah.
La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction… Lire la suite

Date de parution : 15.01.2021 / 144 pages / 19,99€ / ISBN/EAN : 9782505082460

Le poète, Michael Connelly

Des suicides de flics, le poète Edgar Allan Poe et tout le talent de Michael Connelly pour un thriller inoubliable

Je me souviens d’avoir lu ce livre prêté lors de sa sortie par un collègue qui voulait me faire découvrir le style novateur de l’auteur. Depuis j’ai lu bien d’autres romans de Michael Connelly avec toujours autant de plaisir.

Dès le début, l’affaire est quasiment classée puisqu’il s’agit d’un suicide de policier, dramatiquement triste mais si facile quand on se supprime avec son arme de service, et surtout lorsque l’enquête que vous n’arrivez pas à l’élucider vous obsède. Pourtant, le frère jumeau de Sean, Jack McEvoy, doute du suicide de son frère. Alors que tout lui souriait, pourquoi se serait-il supprimé ?

Jack est journaliste au Rocky de Denver. Il décide de mener sa propre enquête et découvre que toute une série de suicides de policiers sont en fait certainement des morts suspectes. Mais dès lors que vous enclenchez la grosse artillerie et que vous reliez des faits entre eux et qu’ils dépassent le frontière de votre état, c’est le FBI qui se saisit de l’affaire. Tout d’abord inclus avec beaucoup de suspicion et bien peu de bonne volonté dans les équipes d’enquêteurs, jack se sent mis peu à peu sur la touche. Malgré tout, il continue à investiguer de son côté. Et son enquête couplée à celle qui FBI va nous entraîner du côté noir du net, déjà, au milieu de réseaux pédophiles et de criminels aguerris.

Ce roman est paru en 1996. Depuis les techniques ont évolué et les moyens de communications également. Plus besoin de fax, de ligne fixe pour brancher son ordinateur, etc. plus de notes de téléphone avec sa note d’hôtel…. Malgré ces quelques anecdotes qui datent un peu, on s’y laisse prendre à tous les coups. J’avoue que je me suis plongée sans retenue au cœur de cette enquête aux ramification et aux sources bien sombres.

La voix de Benjamin Jungers sied parfaitement au rôle, chaude, posée, j’avais l’impression de voyager dans la tête de Jack, de l’écouter penser à voix haute, ses hésitations, ses découvertes et le plaisir pris à avancer dans l’enquête. Jack qui ne sait pas trop ce qu’il veut, au passé difficile, qui a du mal à faire confiance aux autres et de fait n’arrive pas à se réaliser pleinement. Jack avec ses forces et ses faiblesses qui mène de main de maître le lecteur par le bout du nez jusqu’au final.

J’ai eu une légère inquiétude en réalisant qu’il y avait plus de seize heures d’écoute. Aucune crainte, le rythme soutenu, le suspense toujours présent, les protagonistes plus ou moins attachants mais qui ont un vrai rôle à jouer, et les différents rebondissements font passer le temps presque trop vite !

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2021

Catalogue éditeur : Calmann-Levy, éditions Points, Le Livre de Poche, Audiolib

Un livre audio lu par Benjamin Jungers. Traduit par Jean Esch

La spécialité de Jack McEvoy, c’est la mort. En tant que chroniqueur judiciaire au Rocky Mountain News, il y a été confronté plus d’une fois. Mais rien n’a pu le préparer au suicide de son frère jumeau. Inspecteur de police, déprimé et incapable de supporter le meurtre non résolu d’une jeune femme retrouvée coupée en deux, Sean s’est tiré une balle dans la bouche, comme le font souvent les policiers dépressifs. Un sujet dont Jack décide de s’emparer, en guise de dernier hommage à son frère.
Mais en s’immisçant dans une base de données du FBI pour les besoins de son article, McEvoy découvre avec stupéfaction que beaucoup de policiers se sont suicidés dernièrement, et que le FBI mène l’enquête sur la mort de son frère. Il comprend alors que cette affaire est en passe de lui fournir le plus gros scoop de sa carrière.
Il pressent aussi qu’il est devenu la prochaine cible du suspect, un assassin qui a, jusqu’à présent, toujours réussi à tromper les plus fins limiers lancés à ses trousses…
Le Poète, l’un des premiers jalons de l’œuvre magistrale de Michael Connelly, brillamment porté par la lecture de Benjamin Jungers, fête en 2021 ses 25 ans.

Né en 1956, Michael Connelly commence sa carrière comme journaliste en Floride, ses articles sur les survivants d’un crash d’avion en 1986 lui valant d’être sélectionné pour le prix Pulitzer. Il travaille au Los Angeles Times quand il décide de se lancer dans l’écriture avec Les Égouts de Los Angeles, pour lequel il reçoit l’Edgar du premier roman. Il y campe le célèbre personnage du policier Harry Bosch, que l’on retrouvera notamment dans Volte-Face et Ceux qui tombent. Auteur du Poète, il est considéré comme l’un des maîtres du roman policier américain. Deux de ses livres ont déjà été adaptés au cinéma, et l’ensemble de son œuvre constitue le cœur de la série télévisée Bosch. Les romans de Michael Connelly se sont vendus à près de soixante-cinq millions de livres dans le monde et ont été traduits en trente-neuf langues. 

Date de parution : 17 Mars 2021 / Durée : 16h43 / Prix : 26.90 € / Livre audio 2 CD MP3 Poids (Mo): 586 / Poids CD 2 (Mo): 564/ EAN Physique: 9791035402976 / Éditeur d’origine : Calmann-Lévy

Les lamentations du Coyote, Gabino Iglesias

La frontière, ce chemin infranchissable avant le paradis rêvé

Gabino Iglesias m’avait embarquée avec son précédent roman Santa Muerte. Il récidive et nous entraîne dans les profondeurs glauques et sanglantes de La Frontera, une zone de non-droit entre Mexique et USA. Cette frontière sur laquelle l’homme orange rêvait de bâtir un mur infranchissable.

Le coyote est investi d’une mission divine, sauver les enfants d’une mort certaine ou de la misère absolue en les faisant passer de l’autre côté. Dure mission quand on sait le travail des gardes frontière et les suspicions qui les poussent en renvoyer chez eux ceux qu’ils auront pris sur le fait.

Les lamentations du Coyote est un roman choral, dans lequel parlent tout à tour Le Coyote, mais aussi Pedrito qui voit son père mourir sous ses yeux, la Mère qui ne sait plus si elle enfante diable ou démon, Jaime qui sort de prison pour découvrir son délateur chez sa mère, Alma qui rêve d’offrir le spectacle qui deviendra viral et la rendra mondialement célèbre, la Bruja ce spectre revenu d’entre les morts pour protéger son mari et son fils. Et avec chacun d’eux, le lecteur s’enfonce dans des territoire où le chaos, la violence, les fantômes et le diable occupent toute la place, où l’enfer n’est jamais loin.

Parce que de leur côté de la frontière il n’y a que chagrins, misère, douleurs, désespoir, et crimes, alors chacun d’eux emprunte à sa façon le difficile chemin des migrants pour fuir le cycle de la violence et de la pauvreté pour enfin atteindre le mythe américain. Mais ceux qui tentent de traverser sont le plus souvent victimes des passeurs, de la fatalité, de la Santa Muerte ou des trafiquant qui vendent les enfants au plus offrant. Le texte est totalement onirique, mystique même parfois, à la frontière entre réalité et spiritualité, noirceur et violence surgissant à chaque page pour dire la difficulté d’être, de vivre, de traverser cette Frontera pour fuir ce Barrio Noir dans lequel la vie a perdu toute valeur.

L’auteur à l’art de tisser entre chacun d’eux des fils invisibles, solides et mystérieux dont il ne nous dévoile la clé qu’à la toute fin. Avec une façon bien à lui de poser les mots pour faire jouer notre imagination, nos peurs, nos angoisses, nous emmenant dans cette zone inconfortable où chacun doit se poser des questions sans trouver de réponse. Aucun évangélisme dans ces mots, dans ce texte à la violence qui vous laisse parfois pantois, mais qui ose dire sans l’enrober de bons sentiments la complexité du mythe américain tant convoité et l’inhumanité que l’on y trouve. En bref, un livre qui va vous remuer, vous couper le souffle et dont vous ne sortirez pas indemne.

Merci au Picabo River Book Club pour cette lecture !

Catalogue éditeur : Sonatine

Traducteur : Pierre SZCZECINER

La Frontera, une zone de non-droit séparant le Mexique des États-Unis. C’est là que sévit le Coyote. Personne ne connaît son nom, mais à quoi bon ? Il est le Coyote, tout simplement. Celui dont la mission divine est de sauver des enfants mexicains en leur faisant passer clandestinement la frontière vers la terre promise. La Virgencita veille sur eux – et sur lui, son guerrier sacré, son exécuteur des basses œuvres. Autour de lui, d’autres habitants de la zone, confrontés eux aussi à la violence, au deuil, au désespoir. Tous résolus à se soulever contre un monde qui fait d’eux des indésirables. Cavales, fusillades, cartels, sacrifices sanglants, fantômes et divinités vengeresses… L’heure de la revanche latina a sonné.

Parution : 04/02/2021 / EAN : 9782355847776 / Pages : 224 Format : 140 x 220 mm / 20.00 €

Denali, Patrice Gain

Un roman initiatique et noir, dans les vastes étendues du Montana

Je me souviens avoir entendu parler de rares exploits d’alpinistes sur le Mont Mc Kinley, ce sommet de l’Alaska qui culmine à 6 190 mètres d’altitude. Depuis quelques années il a repris le nom de ses origines indiennes, le Denali. C’est cette montagne que le père de Matt veut escalader comme au temps glorieux de ses exploits. C’est là qu’il trouve la mort, disparu à jamais.

Cette nouvelle plonge la mère de Matt et Jack dans la folie, une folie dont elle ne se relèvera pas. Elle meurt à l’hôpital peu de temps après sans que ses fils n’aient pu la revoir. La vie devient alors un océan d’incertitude pour Matt qui vit avec cette grand-mère qui décède elle aussi, laissant à Matt une vieille boite en fer dans laquelle elle cache quelques dollars. Le frère quant à lui joue un jeu dangereux avec Ron, un comparse de misère violent et sans pitié, et s’adonne à la Mett avec une fureur dévastatrice.

Matt n’aime rien tant qu’aller au bord la rivière et pêcher. Et la pêche il va en avoir besoin quand ruiné et sans ressources il faut tenter de vivre ou de survivre. Matt contraint et forcé à la débrouillardise par les violence répétées de ce frère devenu un étranger, un inconnu aux réactions imprévisibles. Pêcher pour se nourrir, mais aller aussi à la pêche aux informations pour savoir et comprendre, la disparition du père, la mort de la mère, leur relation ambiguë, la violence du frère, le passé qui fait aussi de vous ce que vous êtes, car même les secrets les mieux gardés ont des répercussion sur les nouvelles générations.

Patrice Gain réussi une fois de plus le pari de nous entraîner dans les pas d’un personnage atypique, à la personnalité à la fois attachante et désespérante. Comment peut-il tant de fois tendre la joue pour se faire battre quand tout s’écroule autour de lui ! Mais il s’acharne, s’obstine, là où tant d’autres auraient abandonné et tout envoyé valser. Soutenir son frère contre vents et marées, parce que c’est la seule famille qu’il lui reste bien sûr, mais à quel prix.

La tension, le rythme soutenu, les révélations toutes plus dramatiques les unes que les autres, l’obstination et la personnalité de Matt, tout concours à faire de ce roman noir une réussite. J’ai apprécié également les descriptions de la nature, ce Montana sauvage et parfois inhospitalier, les parties de pêche au bord de la rivière, les montagnes aux sommets inatteignables, aussi belles que dangereuses. Comme une ponctuation, une forme de légèreté indispensable à ce roman par ailleurs très noir, la nature nous rappelle par sa beauté et la force qui s’en dégage à quel point elle nous est vitale.

De l’auteur, on ne manquera pas de lire également Terre fauves, vous pouvez également lire ma rencontre avec Patrice Gain ici.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, Le Mot et Le Reste

Dans les territoires immenses du Montana, Matt Weldon, adolescent livré à lui-même et maltraité par l’existence, tente de renouer avec ses origines. Il fouille le passé d’un père décédé dans l’ascension du mont Denali et d’une mère internée. Il découvre au fil des jours une vie qu’il ne soupçonnait pas, partagé entre admiration et stupeur. Incontrôlable et dévasté, son grand frère Jack est envahi par une rage qui le met en travers de sa quête et le conduit à commettre l’irréparable.
Entre nature writing, roman noir et thriller, Denali est un roman envoûtant. Comme Matt, le lecteur est aux prises avec la rudesse du monde rural et autarcique qui habite cette aventure, ne trouvant du répit que dans les instants où l’osmose avec une nature grandiose devient salvatrice.

Né à Nantes en 1961, Patrice Gain est ingénieur en environnement et professionnel de la montagne. Il est l’auteur de quatre romans publiés aux éditions Le mot et le reste : La Naufragée du Lac des dents blanches (Prix Récit de l’Ailleurs 2018), Denali (Prix Lire Élire Nord Flandre 2018), Terres Fauves (Prix du Festival du Polar de Villeneuve-lez-Avignon 2019) et, plus récemment, Le Sourire du scorpion

288 pages / Date de parution : 10/02/2021 / EAN : 9782253181637 prix 7,40€

Avis de grand froid, Jerome Charyn

Comment se débarrasser d’un président des États-Unis embarrassant ?

1989, à peine élu le président démocrate des USA est destitué suite à des malversations. Comme le veut la constitution c’est donc le vice président qui prend sa place. Mais Isaac Sidel, ex commissaire de police, ex maire de New York n’a pas tout à fait la vocation pour assumer ce rôle. Et surtout il a quelques idées un peu trop sociales. Ce Robin des bois des temps modernes ne plaît pas, en particulier aux banquiers internationaux qui font la pluie et le beau temps, aidés en cela par le faussaire Rembrandt, le roi du billet vert. Alors autour de lui, ça conspire, ça manigance, ça cherche comment l’éliminer.

Et si le seul moyen de s’en débarrasser était cette gigantesque tombola qui parie sur la date de sa mort ? Bien sûr l’idéal est alors de prêter main forte au destin tout en laissant monter les enchères.

Piégé de toutes parts, POTUS ne peux compter que sur son Glock, mais surtout sur sa garde très rapprochée et son instinct de fin limier pour déjouer les pièges et rester en vie à la Maison-Blanche.
De New-York à Washington, de Camp David à Prague, du Lower East Side à la prison de Rikers Island, les péripéties sont nombreuses et mouvementées. Sur les traces de Franz Kafka et de sa sœur internée à Terezin, le camp de concentration vitrine pour l’histoire, érigé en modèle par les nazis et si fièrement exposé aux monde, ou encore à la rencontre de Saul Bellow, son amour des livres et de la littérature n’est jamais oublié.
Isaac Sidel est aussi à l’écoute de ces hommes qui ont fait le Camp David des accords entre le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous la présidence de Jimmy Carter. Mais également au souvenir de Roosevelt et de Warm Springs, sa résidence qui servit de modèle pour certains bâtiments de camp David, qu’il avait d’ailleurs nommé Shangri-La, la concrétisation du royaume imaginaire d’un président en fauteuil roulant ?

Avis de grand froid est le denier opus d’une saga commencée en 1973 avec Zyeux-bleus. C’est aussi le douzième de la série. Si chacun peut se lire indépendamment, j’avoue avoir été un peu perdue au départ, n’en ayant lu aucun auparavant. Mais une fois intégré les multiples noms, prénoms, surnoms des différents personnages, on rentre dans l’intrigue. Le rythme est soutenu et l’intrigue nous embarque dans une course pour la vie dans une Maison-Blanche très convoitée où rôdent les fantômes d’inoubliables présidents, ceux de FDR et de Lincoln en particulier. Aussi farfelu que déjanté, ce roman grouille de références et foisonne d’idées ; à savourer surtout si l’on aime partir dans des aventures pour le moins irréalistes et totalement hors de contrôle.

Catalogue éditeur : Rivages

Marc Chenetier (Traducteur)
Ultime volume dans la saga du héros de Charyn Isaac Sidel. Depuis Marilyn la Dingue, roman dans lequel il était inspecteur à la Criminelle de New York, Isaac a fait son chemin. Il est devenu commissaire principal de la police, puis maire de New York. Et voilà que par un concours de circonstances, il se retrouve… à la Maison-Blanche, le candidat élu n’ayant pu être intronisé. 
Un roman d’espionnage  délirant, noir et grinçant. Une comédie du pouvoir qui résonne étrangement avec la « réalité » de la présidence Trump. L’écriture électrique et le talent de conteur de Jerome Charyn sont à l’œuvre dans cette grandiose conclusion de la saga. 

Collection: Rivages Noir / ISBN: 978-2-7436-5113-8 / EAN: 9782743651138 / Parution: septembre, 2020 / 350 pages / Format : 15.5 x 22.5 / Prix: 21,90€

Rassemblez-vous en mon nom, Maya Angelou

Le récit autobiographique puissant et sincère d’une icône de l’Amérique

Positif, humoristique, honnête, Maya Angelou se raconte sans fard, de ses dix-sept à ses vingt-et-un ans. Fille mère, elle élève seule son fils Guy, et jeune femme noire, ça fait beaucoup dans cette Amérique qui sort de la seconde guerre mondiale.

Si elle fuit d’une certaine façon le racisme du sud, ce dernier n’est pas absent pour autant dans les autres régions des États-Unis qu’elle parcourt de l’Arkansas à San Francisco. Serveuse, cuisinière, maquerelle, danseuse, elle a fait tous ces métiers avec autant de bonne volonté et de sincérité, la plupart du temps même par amour ou par recherche de cet amour, de cet homme qui pourrait la protéger et l’aimer.

Mais ces hommes justement abusent sans scrupule de cette jeune femme positive, intelligente, authentique qui ne demande qu’à être aimée. Elle donne son cœur et sa confiance à de nombreux hommes qui tour à tour jouent de cette naïveté qui la caractérise mais qui d’une certaine façon la protège sans doute.

Le racisme, la difficulté d’être femme, la solitude, sont aussi bien retranscrits ici. La famille, sa mère, son frère, mais aussi les oncles et tantes si froids et égoïstes, les nounous bienveillantes de son fils Guy, et ces femmes qu’elle rencontre vont également forger celle qu’elle deviendra.

Une magnifique traduction de Christiane Besse nous permet de profiter pleinement de ce formidable texte. L’écriture, le rythme, l’humour et la dérision, et je le redis sans doute, la sincérité, font de ce récit un moment inoubliable.

Je connaissais vaguement la vie de Maya Angelou, figure emblématique de la vie politique et artistique américaine, après avoir lu Rassemblez-vous en mon nom j’ai forcément envie d’en savoir d’avantage et de lire ses autres livres.

Maya Angelou, poétesse, écrivain, actrice, militante pour les droits civiques, réalisatrice et enseignante est décédée en 2014 à l’âge de 86 ans.

Catalogue éditeur : éditions Noir sur Blanc Notbilia

Traduit par Christiane Besse
Langue d’origine : Anglais (États-Unis)

Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d’une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d’une extrême dureté, dominé par les Blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l’espoir et la joie, l’accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.

Après l’inoubliablement beau Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, Maya Angelou poursuit ici son cycle autobiographique. Maya Angelou fut poétesse, écrivaine, actrice, militante, enseignante et réalisatrice. Elle a mené de nombreux combats avant de devenir une icône contemporaine qui a inspiré la vie de millions de personnes. Elle a côtoyé Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X et James Baldwin. À sa mort, Michelle Obama, Rihanna, Oprah Winfrey, Emma Watson, J. K. Rowling et beaucoup d’autres encore lui ont rendu hommage.

Date de parution : 20/08/2020 / Format : 12,8 x 20 cm, 272 p., 18,00€ / ISBN 978-2-88250-644-3

La belle lumière, Angélique Villeneuve

Le magnifique parcours d’une mère pour sauver sa fille, un roman inoubliable

L’auteur porte un regard émouvant et réaliste sur la vie de Kate Keller, la mère passionnée et attentive d’Helen, cette enfant sauvage et folle, sourde muette et aveugle que tous lui conseillent de placer à l’asile.

Cette enfant c’est Helen Keller, devenue la première femme handicapée à réussir un diplôme universitaire, auteure prolifique, elle crée une fondation pour personnes handicapées et milite au sein de mouvements socialistes, féministes et pacifistes, elle voyage dans le monde entier pour défendre les personnes handicapées.

En Alabama en 1880, Kate a quitté ses parents pour suivre Arthur, ce veuf de vingt ans son ainé. Mais la vie n’est pas facile pour cette jeune femme qui sait bien qu’elle ne prendra jamais la place de la première épouse trop tôt disparue. La naissance de son premier enfant est vécue comme une fête. Helen est un bébé comme les autres, aimée de ses parents, élevée dans cette grande maison au bord de la rivière. Jusqu’à ces journées de fièvre qui  laissent la mère et la fille exsangues et changent à jamais le cours de leurs vies. Helen a dix-neuf mois.

Vont suivre des années de recherche tous azimuts pour cette mère aussi obstinée que pugnace, médecins, oculistes, médecines alternative, eaux miraculeuses ou plantes qui guérissent, tout y passe, rien n’y fait. L’enfant grandit, sauvage, exigeante, indocile.

La relation quasi-charnelle et si forte qu’elle a avec sa fille lui dit qu’elle peut faire quelque chose pour elle. Alors Kate s’obstine, laisse Helen vivre, toucher, crier, mordre, blesser, fuir. Kate cherche et trouve enfin une école pour malentendants et aveugles, l’école Perkins à Boston et convainc son époux de faire venir Ann Sullivan, une jeune femme qui prend en charge l’éducation d’Helen. Plus qu’éduquer, il lui faudra dompter la jeune Helen, et soumettre à rude épreuve ces parents aimants qui ne comprennent pas forcément la difficulté et l’exigence de cette éducation.

Le difficile parcours de cette mère qui aime sa fille et se bat contre tous pour lui donner une vie « normale » est magnifiquement dépeint par les mots, la force et la douceur de l’écriture de l’auteur. Une écriture qui touche le lecteur au cœur et à l’âme. Bien sûr, comme elle le dit, peu de documents existent sur la réalité de la vie de Kate, mais Angélique Villeneuve la fait vivre sous nos yeux avec intelligence et sincérité, c’est particulièrement réussi et terriblement émouvant

La beauté, la complexité, la dualité des sentiments de cette mère, les difficultés qu’elle doit affronter, l’isolation face à une société qui n’est pas prête à accepter ces enfants si différents. Mais aussi la complexité de cette Amérique qui sort de la guerre de sécession, les conflits latents entre le nord et le sud, malgré la fin de l’esclavage une réalité qui veut que ces hommes et ces femmes qui ne sont plus esclaves n’ont pas pour autant leur place dans la société, sont également traduits avec finesse. Tout y est. C’est émouvant, beau, triste et magnifique à la fois.

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Catalogue éditeur : Le Passage

Alabama, 1880. Dans une plantation du sud des États-Unis, la naissance d’Helen console sa mère d’un mariage bancal. Un monde s’ouvre entre Kate et sa fille, et puis tout bascule : les fièvres féroces ravagent l’enfant adorée.
Cette fillette à la destinée extraordinaire, beaucoup la connaissent. La renommée d’Helen Keller, aveugle, sourde et muette, enfant farouche tenue pour folle et puis surdouée, a franchi frontières et années.
Kate Keller, que La Belle Lumière éclaire aujourd’hui, semblait en revanche repoussée dans l’ombre à jamais. Sans elle, pourtant, sa fille aurait-elle pu accéder au miracle de la connaissance ?
Comme glissée au cœur de son héroïne, tant vibre dans ces pages le corps déchiré de Kate, Angélique Villeneuve restitue, de son écriture sensuelle et précise, la complexité d’une femme blessée et dévorée par l’amour. Dans ce Sud encore marqué par la guerre de Sécession et les tensions raciales, le lecteur traverse avec elle une décennie de sauvagerie, de culpabilité et de nuit. Mais découvre aussi, et c’est là la force du livre, un temps de clarté et de grâce.

ISBN: 978-2-84742-447-8 / Date de publication: Août 2020 / pages: 240 / Prix : 18 €