Au pays des fées et des Ours, un roman émouvant et fort qui bouleverse nos certitudes

Mariette et son fils vivent dans la montagne, à l’orée du village. Un fils sans père, vite surnommé l’Ours par les enfants du village. Puisque dans ce coin reculé de montagne, c’est bien connu, les enfants sans père sont les enfants de l’ours. S’il est allé un temps à l’école, l’Ours n’a jamais réussi à s’intégrer ni à s’habituer aux contraintes. Lui qui ne s’exprime que par gestes ou grognements a besoin de l’espace et de la sérénité de la nature et des animaux pour vivre.
La mère et ce fils que d’aucuns trouvent différent, vivent en paix depuis des années près du village, au flanc de cette montagne sauvage et isolée. Jusqu’au jour où un randonneur plus curieux que les autres dénonce ce qu’il a découvert, et qui jusqu’alors ne faisait de mal à personne, une enfant qui vit nue dans la montagne, auprès d’un âne et de l’Ours. .
Le lecteur entre dans leur histoire à travers les interrogatoires de divers villageois, l’institutrice, le facteur, la pharmacienne, un voisin, Luc le coureur, et quelques autres. Mais aussi Mariette qui tente de faire comprendre à cette maréchaussée obtuse et bornée que les différences et un handicap ne sont pas forcément synonymes de dangerosité. Que son fils est un homme bon qui a eu peur du déploiement de force de ceux qui sont venus l’arrêter, qu’il ne peut pas s’exprimer ni comprendre. Mais surtout, tente de montrer que l’on peut accepter les différences, que le bonheur et la justice ne sont pas toujours où on croit.
Violaine Bérot nous propose là un roman choral subtil, qui déroule peu à peu une intrigue forte en émotion. La différence, le handicap, le viol, les peurs enfantines, les croyances, les fées protectrices, chaque élément qui compose cette intrigue apparaît peu à peu, le mystère se dévoile et nous montre qu’il faut ouvrir son cœur à l’autre pour l’accepter tel qu’il est.
J’ai aimé cette écriture et cette façon si poétique et en même temps si sobre de dire la douleur, la différence. Mais aussi de mettre en avant notre manière d’appréhender ces autres que l’on veut tellement conformes à nos idées, notre cadre de référence, notre propre façon de vivre et de penser. Comme des bêtes, un titre à double sens particulièrement bien trouvé. Car ici on peut se demander qui sont les bêtes, qui juge qui, et de quel droit ?
Du même auteur j’avais déjà apprécié le roman Nue, sous la lune et cette façon bien à elle appréhender de vrais sujets de société avec force et en si peu de pages.
Lire également la chronique de Joëlle du blog Les livres de Joëlle.
Catalogue éditeur : Buchet-Chastel
La montagne. Un village isolé. Dans les parois rocheuses qui le surplombent, se trouve une grotte appelée ’la grotte aux fées’. On dit que, jadis, les fées y cachaient les bébés qu’elles volaient.
A l’écart des autres habitations, Mariette et son fils ont construit leur vie, il y a des années. Ce fils, étonnante force de la nature, n’a jamais prononcé un seul mot. S’il éprouve une peur viscérale des hommes, il possède un véritable don avec les bêtes.
En marge du village, chacun mène sa vie librement jusqu’au jour où, au cours d’une randonnée dans ce pays perdu, un touriste découvre une petite fille nue. Cette rencontre va bouleverser la vie de tous…
Violaine Bérot, dans ce nouveau roman à l’écriture poétique, décrit une autre vie possible, loin des dérives toujours plus hygiénistes et sécuritaires de notre société. Un retour à la nature qu’elle-même expérimente depuis vingt ans dans la montagne pyrénéenne
Retrouvez également le blog de Violaine Berot
Parution : 01/04/2021 / Format : 13 x 19 cm, 160 p., / 14,00 EUR € / ISBN 9782283034873