Regarde le vent, Virginie Dru

Comprendre les générations de femmes qui nous ont précédées pour prendre son destin en main

Camille écrit, Camille vit, certes un peu en marge de sa propre vie, mais ça passe, Camille aime Raphaël depuis leur première rencontre, mais elle a chaque jour de plus en plus de difficulté à le comprendre.

Depuis le décès de sa grand-mère adorée, Camille passe ses nuits à écrire. Pas sur elle, son homme ou ses filles, non, ce serait inutile et banal. Mais sur sa grand mère, son arrière grand mère et son arrière arrière grand mère.

Trois générations de femmes fortes, amoureuses, mères, épouses, amantes, des femmes ordinaires en apparence mais pourtant des femmes qui ont osé vivre leur amour fou, porter leurs enfants avec force et conviction, avec amour et passion.

Chaque nuit Camille écrit en cachette de celui qui ne sait rien faire d’autre que critiquer, corriger, crier, être négatif alors que la relation entre eux pourrait être sereine et apaisée. Avec Raphaël ils forment un couple qui s’aime mais ne sait plus se le dire. C’est banal et triste à la fois, tellement courant que l’on ne fait même plus d’effort pour que tout s’arrange.

Une approche singulière de la famille, de la relation entre époux, de la relation à celles et ceux qui nous ont précédés et dont on porte une part d’histoire.

Mais aussi du métier d’écrivain. Cette solitude, cette hésitation à accepter l’œuvre qui se dévoile peu à peu, à être ou devenir réellement un écrivain et plus seulement un homme ou une femme qui écrit dans la solitude de sa cuisine, nuit après nuit.

Regarde le vent est un joli roman de femmes sur les femmes, sur ces générations de femmes qui ont porté haut leur désir de liberté, leur indépendance, leur pugnacité à des époques ou c’était encore moins évident que de nos jours. Quoique, de nos jours rien n’est acquis non plus pour une partie des femmes, pas seulement dans le monde mais aussi tout simplement dans notre pays.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Au lendemain de la mort de sa grand-mère, tandis qu’elle feuillette de vieux albums de famille, Camille se met en tête de retracer la lignée de ses aïeules, des femmes libres et extravagantes, « toujours sur leur trente et un, élégantes, coquettes, bavardes, indisciplinées, des gigolettes qui se balançaient en dévoilant leurs genoux et en profitant de la douceur du jour ».
Chaque nuit, au fil de sa plume, elle puise son inspiration dans ce passé triste et joyeux, exhume des secrets bien gardés et fait revivre quatre générations d’amoureuses qui n’ont pas hésité à braver les interdits de leur temps.
Mais c’est compter sans son époux, qui ne supporte pas de voir sa femme écrire et s’épanouir…

Date de parution 01 février 2023 / Édition Brochée 21,90 € / 272 pages / EAN : 9782226474421

Les manquants, Marie-Eve Lacasse

Comment survivre à une disparition ?

Claire, Hélène, et Joan se succèdent dans un bureau au commissariat pour évoquer Thomas, l’époux de Claire qui a disparu depuis deux ans.

Claire et Thomas s’étaient rencontrés à l’université, puis mariés à la surprise de tous car leur caractères et leurs aspirations ne semblaient pas vraiment correspondre. Vingt ans de vie commune, des enfants aujourd’hui adolescents, un changement radical de vie avec l’installation sur les terres des parents de Claire pour reprendre l’exploitation viticole. Désormais Claire sait qu’il faut parler de cette disparition pour enfin pouvoir vivre à nouveau, divorcer d’un absent, ou d’un mort, qui sait, pour reprendre cette liberté dont elle n’a jamais voulu mais qui lui a été imposée par ce mari parti un matin et qui n’est jamais revenu.

Depuis, il y a eu l’attente, l’incompréhension, les questionnements, les doutes, les angoisses, les silences, les peurs, la révolte, les obsessions, les nuits blanches, la méfiance des autres, leurs regards, leurs doutes, et chaque jour le vide abyssal de l’absence inexpliquée.

Depuis, Claire la vigneronne tente de vivre, travailler, penser, élever les enfants, alors que tant de doutes l’assaillent. Amies de toujours, Hélène et Joan sont là pour l’épauler, la faire réagir, l’aider.

Dans un monde en déliquescence, un cataclysme climatique est venu changer à tout jamais la vie des citadins. Où, quand, comment, on ne le saura jamais. Mais Claire et ses amies ont rejoint la Communauté. Là, à l’abri de la pollution, des inondations, du manque de nourriture, elles ont décidé qu’il est temps pour Claire de changer de vie, vendre ses biens, aider la Communauté. Et cela passe par la déclaration de disparition de Thomas.

De chapitre en chapitre, qui tous portent le prénom d’une des trois femmes, le lecteurs découvre la vie de Thomas entre ombre et lumière, mensonge et vérité, amour et amitié. Chacune dévoile la facette du Thomas qu’elle a côtoyé. Cet homme que Claire croyait si bien connaître apparaît peu à peu, semblable ou différent, cet homme brillant qui s’étiolait depuis quelques années dans son travail se révèle un être mystérieux et quasiment inconnu.

Ce que j’ai aimé ?

La façon dont l’autrice traite l’absence, la disparition, la culpabilité, les questionnements et le doute que celle-ci entraîne chez ceux qui restent. Mais aussi la façon dont chacun trouve sa place dans une société qui ne l’accepte pas toujours pour ce qu’il est. La culpabilité de Claire, ce doute qui s’est installé en elle, à se demander ce que Thomas pourrait penser s’il revient un jour et qu’elle ait divorcé sans qu’il l’ait voulu. Avant de se demander si elle a souhaité, elle, se retrouver seule sans la moindre explication. Il semble bien difficile d’accepter l’absence non souhaitée et inexpliquée, de se confronter à une forme de folie intime et violente.

Et si vous vous demandez vous aussi qui sont ces manquants, ce n’est pas seulement Thomas qui manque à l’appel, mais au contraire les pieds de vignes morts ou manquants dans les vignes des parents de Claire, et dans toutes les vignes en fait.

Catalogue éditeur : Seuil

Thomas est parti. Ça fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Et de ce rien il faut bien faire quelque chose. Alerter la police ou non. En parler ou se taire. Rendre cette histoire réelle ou pas. Faire avec. Inventer un récit. Convoquer le fantôme. Vivre avec lui. Ou bien le faire sortir par la porte. L’oublier jusqu’à ce qu’il revienne en rêve. Par la fenêtre. Par la forêt. Par ce détail ou cet objet qui rappelle sa mémoire, sans cesse. Et puis un jour, Claire, sa femme, Joan et Hélène, ses amies, sont convoquées au commissariat. C’est qu’il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas Cassar. On ne disparaît pas comme ça. Il y a toujours quelque chose. Il y a toujours quelqu’un.

Marie-Ève Lacasse, née en 1982 au Canada, vit en France depuis 2003. Elle a publié, entre autres, Peggy dans les phares (Flam­marion, 2017) et Autobiographie de l’étranger (Flammarion, 2020). Elle est journaliste-reporter à Libération.

Date de parution 03/03/2023 / 19.00 € TTC / 256 pages / EAN 9782021526769

Rosa bonheur et l’atelier de By, A la FolieThéatre

à la découverte de l’artiste animalière Rosa Bonheur

Au château de By, l’artiste Rosa bonheur vit enfin comme elle le souhaite, proche de la nature, entourée d’animaux qu’elle peux peindre à satiété, sans être constamment importunée dans son atelier par un défilé de visiteurs hautement improductifs.
En ce 14 août 1863 elle attend impatiemment un courrier important, son marchand d’art Ernest Gambart vient la trouver pour lui apprendre une mauvaise nouvelle de vive voix.

C’est dans cette atmosphère d’attente que se déroule la pièce. Chaque personnage, chaque élément est prétexte à nous présenter la vie et l’œuvre de l’artiste dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance.

La pièce et les acteurs emplissent toute la salle de leur énergie, leur maîtrise du texte, et nous plongent deux siècles en arrière le temps de la représentation.

J’ai été transportée avec bonheur dans ce château à l’orée de Fontainebleau qu’elle a occupé pendant plus de quarante ans. J’ai aimé mieux connaître la femme indépendante et affirmée, l’artiste reconnue par les collectionneurs anglo-saxons quand la France lui refusait encore le droit d’entrer à l’académie de peinture, la grande spécialiste de la peinture de paysages, d’animaux, de nature, en opposition aux standards de son époque et qui a laissé de somptueuses œuvres picturales.

Une pièce formidable d’une heure et quart mais surtout des minutes qui défilent à toute allure tant on se plaît en compagnie de Rosa et de celles et celui qui l’accompagnent ici.

Pour aller plus loin :
Une exposition Rosa Bonheur va débuter en octobre au musée d’Orsay.
Une visite du château de By en Île de France pour tous ceux qui veulent approfondir leur connaissance de cette artiste.
Un roman J’ai l’énergie d’une lionne dans un corps d’oiseau publié aux éditions Albin Michel, Patricia Bouchenot-Dechin

Auteur : Barbara Lecompte
Artistes : Aurélia Frachon, Laurent Ledermann, Hélène Phénix, Sabine Pisani, Marie-Line Grima, Martine Piat-Raffier, Myriam Descoutures
Metteur en scène : Yves-Patrick Grima, Marie-Line Grima
@rosabonheur_lapiece
A La Folie Théâtre – Grande Salle
6 rue de la Folie-Méricourt 75011 Paris
Jeudi, samedi, dimanche

Décomposée, Clémentine Beauvais

Entre roman et poésie, Clémentine Beauvais donne vie aux femmes oubliées

et nous fait re-découvrir le poème de Charles Baudelaire La charogne

Jeanne, la muse du poète.
Grâce, celle qui est abandonnée, morte dans le fossé, à la merci des charognards qui se repaissent de son cadavre.
Mais Grâce a eu une vie, des sœurs, un père et un frère.
Grâce a protégé les sœurs des assauts du frère en les subissant nuit après nuit, jusqu’au départ pour la ville.
Grâce à soigné les filles, les femmes, fait des anges de ces petits corps qui voulaient pousser dans le ventre des filles de rien, des femmes aussi.
Grâce réparé les blessures, faites en tombant, faites en trimant, faites dans les silence des foyers où l’homme toujours est tout puissant.
Grâce abandonnée là, au bord du fossé.

Alors Jeanne la muse du poète entend, comprend, se remémore, sait qu’il ne faut pas oublier ces femmes qui aident, subissent, triment, partagent, donnent aux autres.

Une véritable surprise. Un roman à la forme originale qui sait dire les autres, la condition des femmes, l’avortement, le viol, la prostitution, la solidarité féminine mais aussi les lieux de vie et le temps qui passe.

Un roman de la sélection 2022 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Iconopop, aux éditions de l’Iconoclaste

Un court roman en vers libres, d’une grande modernité, qui transforme notre regard et nos a priori sur la déchéance féminine.

Au bord d’un chemin, une femme gît, en décomposition.
Passant par là au bras de son aimée, un poète se délecte de cette vue infâme.

Clémentine Beauvais revisite avec audace le célèbre poème « Une charogne » de Charles Baudelaire.
Elle imagine le destin de cette femme que l’histoire a bafouée, la faisant prostituée, chirurgienne,
avorteuse, puis tueuse en série.

Clémentine Beauvais est née en 1989. Elle est l’autrice de plusieurs romans dont Songe à la douceur, Âge tendre, Brexit romance et Les Petites Reines, couronnés de nombreux prix littéraires.

128 pages / 13,00 €

Simone Veil, Les combats d’une effrontée

Une pièce émouvante, un rôle qui sied à merveille à Cristiana Reali, qui incarne avec justesse et réalisme cette grande dame qui a traversé les épreuves et la vie avec autant de courage que de détermination.

Qui ne connaît pas cette date, le 1er juillet 2018. Simone Veil entre au Panthéon. Pas seule non, son mari Antoine l’accompagne.

Une jeune journaliste doit commenter la cérémonie à la radio. Prétexte à faire revivre avec brio celle qui a connu l’horreur des camps de concentration et la gloire des politiques et des élus.

Bien sur nous en avons tous plus ou moins entendu parler,. Nous la connaissons tous un peu, les camps de concentration avec sa mère adorée et sa sœur. Le mariage et les enfants, le travail qu’elle voulait faire et que le mari ne souhaitait pas. Puis la façon dont le président Giscard d’Estaing souhaitant faire voter la loi sur l’avortement lui demande de la porter à l’assemblée, les insultes, la violence subie alors, et cette femme digne et droite qui a su faire front face à une assemblée d’hommes bien peu compatissants ou compréhensifs, quel manque d’humanité dans les mots, les gestes qu’elle devra essuyer alors. Enfin, son combat pour la réconciliation et pour une Europe forte et unie.

Il y a tout ça, mais il y a surtout un rôle porté par Cristiana Reali avec réalisme, force et pudeur, avec une vérité qui émeut et qui convainc, dans un décor minimaliste qui donne toute leur ampleur aux deux actrices.

C’est jusqu’à fin décembre ! Alors vite, courrez au théâtre, vous ne le regretterez pas.

Quoi : Simone Veil « Les combats d’une effrontée » d’après Une vie de Simone Veil
Adaptation Cristiana Reali et Antoine Mory
Mise en scène Pauline Susini

Il y a d’abord cette étrange sensation, en cette chaude matinée d’été. Comme si le temps s’était brutalement figé.
Comme si l’Histoire reprenait ses droits. Simone Veil entre au Panthéon, avec son mari Antoine.
L’histoire de Camille, elle, ne fait que commencer. Appelée à prendre la parole sur Simone Veil dans une émission de radio, elle part à la recherche de ses souvenirs d’étudiante. A moins qu’il s’agisse des souvenirs de toute une génération, qui a grandi avec les combats de cette femme hors du commun.
A mesure que progresse l’émission de radio, une conversation voit le jour entre ces deux femmes, comme un dialogue entre deux générations.

Comment trouve-t-on la force de consacrer sa vie aux combats politiques ? Comment reçoit-on cet héritage?

 : Théâtre Antoine 14 Boulevard de Strasbourg 75010 Paris
Quand : encore jusqu’au 30 décembre

Elles disent, Léonora Miano

D’Olympe de Gouges à Toni Morisson
De Barbara à Erica Jong
D’Anaïs Nin à Jeanne Moreau
De Delphine Horvileur à Marguerite Yourcenar
De Gisele Halimi à Winnie Mandela
Léonora Miano les convoque toutes et rassemble ici leurs mots pour nous les proposer à son tour.

À travers ces citations, qu’elles soient intellectuelle, révolutionnaire, avocate, chanteuse, écrivain ou visionnaire, chacune nous offre ses pensées, ses paroles, ses idées dans ce recueil construit comme une harmonie musicale.

Exactement le genre de recueil que l’on a envie d’avoir avec soi, et de lire et relire de temps à temps. À offrir et/ou à s’offrir, ou les deux !

« Ma revendication en temps que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin » Simone Veil.

Catalogue éditeur : Grasset

« Des femmes d’horizons différents parlent, se parlent. Parfois  de manière frontale, parfois en se tournant le dos ou en se  prenant par la main.
Celles dont les mots composent cette mélopée sont spirituelles,  politiques, cérébrales, sensuelles, visionnaires, enragées,  mystiques, torturées, espiègles.
Leurs citations s’organisent en une manière de conversation  qui emprunte au jazz avec ses harmonies et dissonances, à  l’emphase d’antiques prêtresses, à diverses modalités du chant.
Ce n’est pas le testament des femmes qui est ici proposé,  mais une déambulation rythmée dans leurs paroles. » L.M.

Léonora Miano est née en 1973 à Douala, au Cameroun.
Prix Goncourt des lycéens pour Contours du jour qui vient en 2006, Grand prix littéraire d’Afrique noire en 2011 pour l’ensemble de son œuvre, Prix Femina pour La saison de l’ombre en 2013, elle est l’auteur d’une œuvre forte d’une vingtaine de titres en fiction et non-fiction. Son dernier essai : Afropea. Utopie post-occidentale et post-raciste, Grasset, 2020.

Parution : 29 Septembre 2021 / Format : 120 x 185 mm / Pages : 56 / EAN : 9782246824619 prix 6.00€ / EAN numérique: 9782246824626 prix 4.49€

Montagnes Russes, Gwénola Morizur, Camille Benyamina

Vouloir être parents à tout prix, est-ce possible ?

Être parents à tout prix n’est pas donné à tous les couples. Le parcours peut s’avérer long, difficile et sans issue heureuse.

Aimée et Jean ne le seront sans doute jamais, malgré leur désir fou d’avoir un enfant, malgré leur amour si fort, malgré la science et ce qu’elle peut parfois apporter pour aider une nature trop capricieuse. Pour eux, point de FIV, de maternité heureuse, de ventre arrondi et de layette à choisir. Ni la nature ni le progrès et ses évolutions ni pourront rien. Il y a parfois bien des tensions dans ce couple si uni malgré l’épreuve, bien des regrets face à l’échec.

Aimée travaille dans une crèche. Un métier qu’elle aime, des enfants auxquels parfois elle s’attache. Comme avec ce petit Julio si craquant que sa mère a bien du mal à gérer. Une succession de retards et de manque d’attention de la part de sa mère, et Aimée commence à s’occuper un peu trop de ce petit garçon. Une forme d’amitié va même s’esquisser entre les deux femmes. Mais comme pour les montagnes russes, elle oscille entre confiance, défiance et jalousie, et bientôt les complications s’annoncent…

La douceur ou l’énergie du dessin et des couleurs, le graphisme dynamique et parfois sombre, mais surtout les situations qui semblent tellement justes, réalistes et humaines donnent une cohérence et un rendu particulièrement touchants. Le parcours du désir d’enfant, les espoirs déçus, la tristesse et la résignation, sont très bien décrits et aident à mieux comprendre ceux qui traversent une telle épreuve.


Catalogue éditeur : Grand Angle

Une histoire d’amour et d’amitié : de celles qui nous prennent par surprise, nous oxygènent et nous métamorphosent.  
Aimée et Jean rêvent d’avoir un enfant. C’est devenu une idée fixe et les échecs successifs de procréation médicalement assistée sont de plus en plus durs à accepter. Dans la crèche où Aimée travaille, elle fait la connaissance de Charlie, qui élève seule ses trois enfants, et vient inscrire Julio, son petit garçon. Lorsqu’Aimée prend sous son aile l’enfant de Charlie, un lien se tisse entre elles, plus grand et plus fort qu’elles ne l’auraient imaginé. Une histoire qui nous entraîne sur les montagnes russes, dans ces hauts et ces bas qui ressemblent à la vie, et les sensations fortes qui les accompagnent.  

Scénario : Gwénola MORIZUR Dessin, Couleur : Camille BENYAMINA

Paru le 02 Juin 2021 / 16,90 € / 80 pages / ISBN 978-2-81897-600-5

Rassemblez-vous en mon nom, Maya Angelou

Le récit autobiographique puissant et sincère d’une icône de l’Amérique

Positif, humoristique, honnête, Maya Angelou se raconte sans fard, de ses dix-sept à ses vingt-et-un ans. Fille mère, elle élève seule son fils Guy, et jeune femme noire, ça fait beaucoup dans cette Amérique qui sort de la seconde guerre mondiale.

Si elle fuit d’une certaine façon le racisme du sud, ce dernier n’est pas absent pour autant dans les autres régions des États-Unis qu’elle parcourt de l’Arkansas à San Francisco. Serveuse, cuisinière, maquerelle, danseuse, elle a fait tous ces métiers avec autant de bonne volonté et de sincérité, la plupart du temps même par amour ou par recherche de cet amour, de cet homme qui pourrait la protéger et l’aimer.

Mais ces hommes justement abusent sans scrupule de cette jeune femme positive, intelligente, authentique qui ne demande qu’à être aimée. Elle donne son cœur et sa confiance à de nombreux hommes qui tour à tour jouent de cette naïveté qui la caractérise mais qui d’une certaine façon la protège sans doute.

Le racisme, la difficulté d’être femme, la solitude, sont aussi bien retranscrits ici. La famille, sa mère, son frère, mais aussi les oncles et tantes si froids et égoïstes, les nounous bienveillantes de son fils Guy, et ces femmes qu’elle rencontre vont également forger celle qu’elle deviendra.

Une magnifique traduction de Christiane Besse nous permet de profiter pleinement de ce formidable texte. L’écriture, le rythme, l’humour et la dérision, et je le redis sans doute, la sincérité, font de ce récit un moment inoubliable.

Je connaissais vaguement la vie de Maya Angelou, figure emblématique de la vie politique et artistique américaine, après avoir lu Rassemblez-vous en mon nom j’ai forcément envie d’en savoir d’avantage et de lire ses autres livres.

Maya Angelou, poétesse, écrivain, actrice, militante pour les droits civiques, réalisatrice et enseignante est décédée en 2014 à l’âge de 86 ans.

Catalogue éditeur : éditions Noir sur Blanc Notbilia

Traduit par Christiane Besse
Langue d’origine : Anglais (États-Unis)

Silhouette imposante, port de tête altier, elle fait résonner la voix d’une femme noire, fière et volontaire, qui va devoir survivre dans un monde d’une extrême dureté, dominé par les Blancs. Une voix riche et drôle, passionnée et douce qui, malgré les discriminations, porte l’espoir et la joie, l’accomplissement et la reconnaissance, et défend farouchement son droit à la liberté.

Après l’inoubliablement beau Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, Maya Angelou poursuit ici son cycle autobiographique. Maya Angelou fut poétesse, écrivaine, actrice, militante, enseignante et réalisatrice. Elle a mené de nombreux combats avant de devenir une icône contemporaine qui a inspiré la vie de millions de personnes. Elle a côtoyé Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X et James Baldwin. À sa mort, Michelle Obama, Rihanna, Oprah Winfrey, Emma Watson, J. K. Rowling et beaucoup d’autres encore lui ont rendu hommage.

Date de parution : 20/08/2020 / Format : 12,8 x 20 cm, 272 p., 18,00€ / ISBN 978-2-88250-644-3

Antonia : Journal 1965-1966, Gabriella Zalapì

Entre ombre et lumière, un voyage dans l’intimité d’une femme qui se dévoile et s’émancipe sous nos yeux

Dans les années 60, la femme est d’abord femme au foyer, épouse docile et mère accomplie. Dans ce rôle écrit d’avance, Antonia s’ennuie, Antonia s’étiole, mais elle en parle avec délicatesse et sagesse. Si son mari la cantonne exclusivement à ces rôles, la nurse lui vole sa fonction de mère en lui interdisant une approche trop intime avec son fils Arturo. Et un sentiment diffus se développe, comme si son propre fils lui était étranger, la poussant à s’interroger sur son rôle de mère.

Peu à peu, elle s’évade de ce quotidien. Un jour elle exhume du paquet qu’elle a reçu à la mort de sa grand-mère les lettres et albums photos de sa famille et de son passé. Elle va alors s’y pencher et à partir de là, tenter de se retrouver, de comprendre où elle en est.

Pendant deux ans, de 1965 à 1966, elle confie ses découvertes, mais aussi son mal-être à son journal intime. Elle y relate ses journées et ses trouvailles, ses sentiments et ses rêves. Celle qui sort des années de guerre qu’on connues ses parents n’est pas encore tout à fait la femme contestataire des années 68. C’est dans cet entre-deux qu’elle laisse entrevoir un embryon de révolte face à la morosité et à cette place qui lui est assignée dans une vie toute tracée qui l’assomme au plus haut point.

Entre ombre et lumière, sa vie s’écoule, lente et morose. Comme dans ces vieilles photos qu’elle exhume des albums de famille oubliés, elle s’expose, triste et fascinante, révolté et soumise. Et avec Antonia, le lecteur fait ce voyage dans le temps, dans l’intimité de la famille, dans le quotidien monotone de cette femme qui se dévoile et finalement s’émancipe sous nos yeux.

C’est joliment écrit et fort agréablement illustré de vieilles photos qui donnent vie à ce journal d’une femme émouvante et sincère.

Roman lu dans le cadre des 68 premières fois, session anniversaire 2020

Catalogue éditeur : éditions Zoé

Antonia est mariée sans amour à un bourgeois de Palerme, elle étouffe. À la mort de sa grand-mère, elle reçoit des boîtes de documents, lettres et photographies, traces d’un passé au cosmopolitisme vertigineux. Deux ans durant, elle reconstruit le puzzle familial, d’un côté un grand-père juif qui a dû quitter Vienne, de l’autre une dynastie anglaise en Sicile. Dans son journal, Antonia rend compte de son enquête, mais aussi de son quotidien, ses journées-lignes. En retraçant les liens qui l’unissent à sa famille et en remontant dans ses souvenirs d’enfance, Antonia trouvera la force nécessaire pour réagir.

Roman sans appel d’une émancipation féminine dans les années 1960, Antonia est rythmé de photographies qui amplifient la puissante capacité d’évocation du texte.

Anglaise, italienne et suisse, Gabriella Zalapi a vécu à Palerme Genève, New York, habite aujourd’hui Paris. Ses longs séjours à Cuba et en Inde ont également été déterminants pour donner corps à l’une de ses préoccupations essentielles : comment une identité se construit ? Artiste plasticienne formée à la Haute école d’art et de design à Genève, Gabriella Zalapì puise son matériau dans sa propre histoire familiale. Elle reprend photographies, archives, souvenirs pour les agencer dans un jeu troublant entre histoire et fiction. Cette réappropriation du passé, qui s’incarnait jusqu’ici dans des dessins et des peintures, Gabriella la transpose cette fois à l’écrit et livre son premier roman, Antonia, sensible et saisissant.

Paru en janvier 2019 / ISBN 978-2-88927-619-6 / 112 pages / 140×210 mm

Violette Morris. À abattre par tous moyens, tome I : Première comparution

Cette BD éditée chez Futuropolis est une magnifique façon de faire revivre Violette Morris, une femme hors du commun découverte grâce au roman de Gérard de Cortanze Femme qui court.

Ici, les auteurs prennent le parti de commencer leur récit par la découverte dans l’Eure, en 1945, de six corps enfouis dans une ancienne mare. Et par l’intervention inopinée de Lucie Blumenthal, ancienne avocate, rayée du barreau parce qu’elle était d’ascendance juive, sans aucun soutien de ses pairs. Elle n’a jamais voulu reprendre ce métier et est devenue détective privé spécialisée dans la recherche de personnes disparues. Ce personnage, fictif bien sûr, va devenir le fil rouge de l’histoire de Violette, puisque Lucie apparait vite comme une de ses coreligionnaires du pensionnat.

Car parmi les corps retrouvés figure celui de Violette Morris. Violette, assassinée pour ce qu’elle était ou pour ce qu’elle a fait ? C’est ce que veut comprendre Lucie, et nous avec elle.

Et l’on découvre une Violette Morris au pensionnat, déjà attirée par les femmes, par le sport, et qui rapidement va se distinguer dans de très nombreuses disciplines, course, natation, javelot, boxe, entre autre, puis la compétition automobile. Elle sera souvent la seule femme à prendre le départ dans bien des disciplines. Un mariage de raison, des envies, des succès, une homosexualité rapidement et ouvertement assumée, la vie de Violette est mise en images de façon étonnante et réaliste.

Violette a mené bien des combats, comme celui de la présence des femmes dans le sport, en particulier leur participation aux olympiades. On se souviendra à l’occasion que le baron de Coubertin était contre la participation des femmes aux jeux Olympiques, et que Violette ne voulait pas tant participer, mais bien gagner, comme tout grand sportif qui se respecte.

Un premier tome qui tient à la fois du polar, avec l’enquête policière qui s’amorce, et de la biographie, et qui est particulièrement intéressant. Les propos son étayés par le dossier historique de Marie-Jo Bonnet que l’on retrouve en fin d’album, avec quelques photos de Violette Morris (1893-1944). En quatre parties, ce qui veut dire que nous sommes déjà impatients de découvrir la suite.

Retrouvez ma chronique du roman de Gérard de Cortanze Femme qui court, qui m’a fait découvrir Violette Morris, et l’interview de l’auteur A la rencontre de Gérard de Cortanze … 

💙💙💙💙💙

Catalogue éditeur :  Gallimard / Albums, Futuropolis

Un récit de Bertrand Galic et Kris. Dessin de Javi Rey, sur un dossier historique de Marie-Jo Bonnet

Violette Morris est l’une des sportives françaises les plus titrées de l’histoire. Une championne toute catégorie : boxe, natation, football, athlétisme, course automobile. Elle devint chanteuse de cabaret et égérie des années 30, amie de Jean Cocteau, de Joséphine Baker, de Brassaï… Le 26 avril 1944, elle meurt dans une embuscade organisée par un groupe de résistants qui mitraillent sa voiture. Était-ce elle qui était visée par les maquisards? Tout porte à le croire. Car sous l’Occupation, elle passe pour «la hyène de la Gestapo», une collabo au service de l’Allemagne nazie.

Voilà pour la légende. Une légende noire. Mais la réalité, quelle est-elle ? L’assassinat de cette «femme à abattre par tous moyens» ne cache-t-il pas autre chose ? Hors norme, sa personnalité est celle d’une femme impossible à enfermer en cases, son histoire est inouïe, son destin forcément tragique !

72 pages / 240 x 300 mm, cartonné / Achevé d’imprimer : 01-09-2018 / Époque : XXIe siècle / ISBN : 9782754821650 / Parution : 11-10-2018