Ta vie ou la mienne, Guillaume Para

Un beau premier roman de vie et d’amour.

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Hamed Boutaleb vient du 93. Sevran-Bodottes pour qui s’y est perdu un soir, c’est quand même bien la zone. Orphelin à treize ans, il déménage chez son oncle et sa tante, à Saint-Cloud, il arrive dans un autre monde à quelques encablures pourtant de son point de départ, dans cette région parisienne si disparate et qui vous marque à jamais, suivant l’endroit où l’on nait…

L’enfance et l’adolescence se passent, Hamed est doué, très doué pour le foot, c’est aussi un gamin qui aime les autres. Lorsqu’il défend François, le petit blanc souffre-douleur des gamins du collège, une indéfectible amitié s’instaure entre les deux  garçons, amitié qui ne les quittera plus jamais. Un jour, François lui présente Léa, la belle, l’inaccessible dont il est secrètement amoureux. Cette fille si différente, arrivée des quartiers huppés de Saint-Cloud, et qu’Hamed aime en secret, amour déjà partagé par Léa.

Le père de François, ancien footballeur, donne des leçons à Hamed, leçon de sport, de foot, leçons de vie, et son coaching lui permet de rentrer dans l’équipe des jeunes footballeurs d’Auxerre.

Jusqu’au jour où Léa lui annonce qu’elle est enceinte, jusqu’au jour où Hamed veut la demander en mariage, jusqu’au soir fatal où leur vie bascule… Jusqu’au jour où, ta vie ou la mienne…

Ensuite, ce sera la prison, Fleury-Mérogis et sa violence, les coups et les humiliations, les trafics en tout genre, la duplicité des matons, les gangs du dehors qui se reforment pour le malheur des plus faibles. Seul le soutien de Jean-Louis, son compagnon de cellule, permet à Hamed de garder la tête hors de l’eau, mais quatre longues années feront de lui un tout autre homme. A sa sortie, la vie d’avant, l’amour, la sérénité, ne sont plus faits pour lui. Comment alors peut-il imaginer retrouver Léa, l’amitié, la famille, comme redevenir l’homme qu’il a toujours été au fond de lui.

Un roman découvert grâce aux 68 premières fois. Vous le commencez et vous ne pouvez pas le refermer avant d’avoir tourné la dernière page, l’œil parfois un peu humide. Un beau roman qui parle d’amour, d’amitié et d’hommes fiers et libres. Mais qui parle également de la violence des prisons, violence qui vous marque à jamais et vous fait devenir autre. De la difficulté à vivre ou à sortir de sa banlieue maudite, celle qui vous marque au fer rouge, comme une empreinte inavouable, et vous empêche de vivre bien, de vivre mieux, cette vie à laquelle vous avez pourtant droit. Car peut-on renier ses origines, et en est-on responsable toute sa vie ? Faut-il se sentir coupable même lorsqu’on a payé sa dette à la société, et le malheur doit-il se coller à vous comme une tique ?

J’ai aimé découvrir et suivre les destins croisés et parfois maudits de ces trois personnages si attachants. Il y a bien sûr quelques poncifs, mais malgré ces stéréotypes, le tout est bien écrit, plausible et touchant, on s’y laisse prendre et on espère que le prochain roman de ce jeune auteur saura tout autant nous retenir !

Catalogue éditeur : Anne Carrière

Hamed Boutaleb naît à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Orphelin à l’âge de huit ans, il part vivre chez son oncle et sa tante à Saint-Cloud, commune huppée de l’Ouest parisien. Pour la première fois, une existence sans adversité s’offre à lui. Hamed saisit sa chance et s’épanouit avec une passion : le football. Il brille dans le club de la ville, où il se lie d’amitié avec l’un de ses coéquipiers, François. À seize ans, le jeune homme tombe amoureux de Léa, qui appartient à un autre monde, la haute bourgeoisie. L’amour passionné qui les lie défie leurs différences et la mystérieuse tristesse qui ronge l’adolescente. Lire la suite…

ISBN : 978-2-8433-7886-7  / Nombre de pages : 250 / Parution : 9 février 2018 / Prix : 18 €

Au nom du foot. Jean-Claude Darmon

 

Alors que l’Euro 2016 nous a donné des envies de foot… ou pas ! « Au nom du foot » de Jean-Claude Darmon est une belle parenthèse pour les lecteurs, aficionados… ou pas !

Jean-Claude Darmon raconte sa vie, du petit rapatrié d’Algérie qu’il était à 5 ans à la création de Sportfive première entreprise au monde dans la gestion des droits sportifs. Il est fier de son parcours d’autodidacte, et il a raison de l’être.

Darmon imagine, bien avant les autres en France, des formes de publicité et sponsoring sportifs qu’il réussit à vendre et développer au profit du sport, du foot en particulier. Il rencontre toutes les personnalités de ce sport et sait parfaitement nous les croquer au travers de ses propres expériences.

Darmon souligne tout le respect et l’amitié qu’il a vis-à-vis de la plupart des dirigeants sportifs et chefs d’entreprise qu’il a croisés. Mais tout le monde n’est pas beau et gentil dans ce livre, Bernard Tapie n’a droit qu’à quelques lignes sur la fin de sa carrière à l’OM ponctuée d’une condamnation et Platini dirigeant n’y est pas non plus présenté sous son meilleur jour, sans parler du fils de Khadafi.

Ce n’est pas un livre sur le foot, mais un livre sur l’argent du foot, Darmon comprend que le sport est un business et qu’il faut savoir le faire grossir. On y découvre toutes les arcanes des négociations tarifaires sur les droits TV et autres ventes d’espaces publicitaires.

Travail, honnêteté, amitié, fidélité semblent être les devises du personnage, la famille n’a pas le beau rôle dans ce livre, les épouses ou compagnes n’y passent que pour la figuration ou pour ponctuer les chapitres.

C’est un livre bien écrit, vif et concis. On ne s’ennuie jamais. Le personnage devient attachant au fil des pages et finit même par rattraper l’actualité du foot international.

C’est assurément un bon bouquin pour cet été, plutôt destiné à un public masculin même si l’auteur cherche toujours à expliquer le contexte.


Catalogue éditeur : Fayard

Ce passionné de foot a tout vu du football et de ses coulisses. Pendant près d’un demi-siècle, Jean-Claude Darmon a promené sa haute silhouette sur tous les terrains. Il a foulé le gazon des clubs les plus emblématiques, fréquenté les plus grands joueurs du monde, traîné dans les vestiaires les plus prestigieux, côtoyé les dirigeants les plus influents. Il a humé le parfum du dopage, reniflé l’odeur de la corruption dans les couloirs de la FIFA, vendu le Paris Saint-Germain à Canal Plus. Il a résisté aux intimidations du patron d’Adidas, séduit Jean-Luc Lagardère et récolté, au passage, quelques solides inimitiés.
Pionnier de la publicité dans les stades et sur les maillots des joueurs, inventeur des animations commerciales en tribune, il s’est révélé un négociateur intraitable face aux patrons des grandes chaînes de télé. En imposant le versement de droits de retransmission, il a fait passer le football de l’ère du patronage laïque à celle du business mondialisé. lire la suite

EAN : 9782213699172 /EAN numérique : 9782213699455 / Témoignages/Doc/Actu
Parution : 04/05/2016 /304pages /Format : 150 x 235 mm /Prix imprimé : 18.00 €

Rencontre avec Alain Gillot aux éditions Flammarion

Depuis toujours, pour Alain Gillot, écrire est une passion, un outil pour vivre, voyager, rencontrer des gens. Il est scénariste, en particulier de documentaires. Pour ses lecteurs, l’écriture de son roman « la surface de réparation » est davantage celle d’un professionnel que d’un premier roman.

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L’idée du roman lui est venue d’une relation avec un enfant atteint de la maladie d’Asperger. Un enfant finalement assez identique à la description de Leonard, qui dégage quelque chose de très fort, même quand il ne parle pas, qui a une vraie présence. L’auteur a eu envie de mieux connaître et comprendre cette maladie. Il s’est renseigné, a lu des témoignages poignants et enthousiasmants, mais aussi parfois très noirs. Et de là lui est venu cette envie d’écrire sur ces personnes qui l’ont impressionné. Aux lecteurs qui se demandent pourquoi il n’a pas eu envie d’en faire un documentaire, Alain Gillot explique qu’il avait envie de s’essayer au roman, à l’écriture.

Pourquoi parler du foot ? En fait l’idée  d’un sport collectif s’est imposée rapidement.  Alain Gillot aime le jeu, le sport, en observateur, pas forcément la compétition comme elle se pratique aujourd’hui. Et puis dans le foot, il y a un joueur qui peut rester statique, contrairement à un Tony Parker par exemple, qui est toujours en mouvement même quand il n’est pas dans l’action de jeu. Au foot, le rôle du goal est important, car c’est le seul qui ne bouge pas et un goal qui anticipe bien se déplace peu.

Le personnage de Léonard est basé sur différents témoignages, le choc de la rencontre, le besoin de repère physique par exemple. En particulier sur les témoignages de Temple Grandin (que je ne connaissais pas, merci Google, diagnostiquée autiste enfant, professeur à l’université du Colorado). Bien sûr au cinéma, les lecteurs se souviennent tous de Rain man, par contre l’auteur n’a pas souhaité revoir le film avant d’écrire son livre.
Alain Gillot aborde le problème important et délicat du diagnostic. L’annonce de la maladie est une réalité qu’il est parfois difficile d’accepter et certains parents n’en sont pas capables. L’auteur n’a pas voulu écrire un roman social, mais sur une situation réellement difficile, celle du déni des parents, la peur, parfois même la honte d’avoir un enfant différent. Pourtant cet enfant ne peut se construire que s’il est accepté et aimé tel qu’il est.

A ceux qui sont légèrement déçus par la deuxième partie du roman, un peu trop « conte de fée idyllique » à mon goût, l’auteur explique son envie de traiter du regroupement d’une famille. Léonard n’est pas un enfant seul qui devrait être adopté par un oncle. Il a une mère qui, même si elle est aveugle à sa maladie, est consciente de sa différence et fait ce qu’elle peut. Il a une grand-mère qu’il aime et qui s’en va. Et cet enfant différent va déclencher le regroupement de la famille dispersée.
Au départ de l’écriture il y a une base, des caractères, un plan, mais le plan n’est fait que pour s’en débarrasser et finalement les personnages évoluent. Le personnage de Madeleine, parfois un peu excessif il me semble, présente la situation d’échec de ces enfants qui n’ont pas pu assumer ce qu’ils avaient réellement envie de faire, ou de ne pas faire, qui sont guidés dans leur choix de vie par ce que leurs parents ont décidé pour eux. D’où la difficulté accrue d’être différent et de l’assumer. Dans son roman, Alain Gillot n’avait pas envie de s’appesantir sur du noir, mais il n’a pas non plus voulu nier les réalités, même les plus sombres.

Le roman est écrit à la première personne, l’auteur et le narrateur ont-ils des points communs ? Pas forcément, par exemple l’auteur n’a jamais vécu seul, mais son regard sur beaucoup de choses peut parfois être semblable à celui de Vincent. Le narrateur n’est pas un intellectuel, mais il voit ce qu’il se passe autour de lui et, s’il n’a pas trop d’illusions envers ses semblables, il est cependant assez pragmatique. Après tout,  comme beaucoup d’écrivains qui puisent dans leur vécu les traits de leurs personnages. Quelques traits de caractère peuvent être similaires, mais ce sont avant tout des personnages de roman.

Pourquoi venir à l’écriture aussi tard ? Peut-être parce que l’écriture est une petite mort. L’auteur évoque son appétit de vivre, après une jeunesse qui ne l’a pas forcément toujours satisfait. Impossible pour lui d’imaginer s’isoler dans une bulle, à une table avec son crayon ou son ordinateur, pour écrire. Il exprime le besoin d’être au milieu de sa famille, dans le monde, à l’intérieur de cette sphère de confort. Avec également aujourd’hui l’envie de balancer la vie dans l’écriture. L’écrivain est proche de l’artisan, autonome, créatif, il assume seul son travail, sa réalisation. C’est une découverte, la noblesse du fonctionnement de l’écriture, par rapport à d’autres univers professionnels. Un univers élémentaire très précieux, être assis à sa table, avec son crayon et ses envies. Même si c’est également un travail d’équipe, avec éditeurs, correcteurs, etc.

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Pour finir ce très intéressant entretien, l’auteur mentionne l’adaptation prochaine au cinéma, l’écriture d’un deuxième roman et l’ébauche de plan d’un troisième. Après une séance de dédicaces et quelques mots échangés, j’ai un regard plus indulgent sur « la surface de réparation ». Tiens, je n’ai pas demandé s’il y avait un double sens dans ce titre, la surface de réparation d’une famille désunie serait-elle logée dans le cœur d’un enfant différent mais terriblement attachant ?

La surface de réparation. Alain Gillot

« La surface de réparation », d’Alain Gillot, un étonnant roman qui parle à la fois de foot et de la maladie d’Asperger, il fallait oser.

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Quel lectorat l’auteur souhaite-t-il intéresser, les amateurs de foot, ceux qui s’intéressent à la maladie, ou les curieux prêts à tout lire ? Je dois faire partie de ces derniers car ce livre m’a interpellée lorsque Babelio et Flammarion me l’ont proposé. Sans oublier que mon fils a joué au foot pendant de nombreuses années, son enthousiasme, sa passion pour ce sport et quelques années à laver les tenues de foot m’ont rapprochée de ces jeunes amateurs.
Une blessure a contraint Vincent à abandonner ses rêves de sportif professionnel pour aller entrainer des jeunes à Sedan. Son enfance a été particulièrement difficile avec un père alcoolique et très violent, une mère qui laisse faire et détourne le regard. Sa sœur Madeleine était pensionnaire, à l’abri de cette souffrance. Fort de ce ressentiment, il s’est définitivement éloigné de sa mère et de sa sœur. Alors quand Madeleine débarque à l’improviste pour lui confier Léonard, son fils de 13 ans, un garçon fragile et différent, son équilibre est bouleversé.

Avec La surface de réparation, je découvre les symptômes de la maladie d’Asperger, et comment appréhender ces enfants pour qu’ils adhérent à l’autre monde, celui des gens dits normaux. Vincent va y arriver peu à peu, et tel le petit prince avec le renard, il va apprivoiser Léonard et l’emmener à dépasser ses peurs pour s’intégrer peu à peu dans le monde réel.

Toute cette première partie du roman est particulièrement intéressante, on tourne les pages pour vite connaître la suite. Dommage, quand Madeleine vient chercher son fils, et face aux incohérences de cette femme qui loupe tout dans sa vie, la crédibilité s’estompe et l’intérêt aussi. La fin ressemble presque à un conte de fée, la mère, la découverte de l’amour, la réconciliation, je ne vous en dit pas plus mais tout est presque trop parfait. Un peu inconsistant dans sa deuxième partie, j’ai eu malgré tout un véritable intérêt pour ce livre à l’écriture agréable, rythmée et qui m’a fait passer un bon moment de lecture.

Catalogue éditeur : Flammarion

Quand sa sœur débarque à Sedan et lui confie pour quelques semaines son fils de 13 ans, Vincent se sent piégé. Ce solitaire a rompu depuis longtemps avec sa famille et affiche un goût modéré pour les enfants, même s’il entraîne les jeunes footballeurs de la ville. Comment s’y prendre avec ce neveu qui fuit tout contact et passe la nuit à jouer aux échecs ? Et comment Léonard va-t-il réagir face à cet oncle inconnu, lui qu’un simple imprévu, geste ou parole, peut faire totalement paniquer ?

La surface de réparation est l’histoire d’un homme qui n’attendait plus rien de la vie et dont les certitudes, par le miracle d’une rencontre, vont voler en éclats. En cherchant à sortir de son enfermement un enfant qui se révèle atteint du syndrome d’Asperger, il se pourrait bien que Vincent s’ouvre de nouveau au monde.

Auteur : Alain Gillot / Prix : 18.00 € / ISBN : 9782081333864 / Paru le : 01/04/2015