Mon année de repos et de détente, Ottessa Moshfegh

Ottessa Moshfegh  propose un roman étrange et déroutant, une introspection poussée à son paroxysme

Mais quelle drôle d’idée, rester chez soi, confinée, pour dormir, dormir, dormir pendant un an. C’est ce qu’a décidé de faire l’héroïne de ce roman, une jeune femme de 26 ans. Elle veut prendre une année de repos, se terrer au moins pendant douze mois pour se réveiller en septembre 2001. A dose forcée, grâce à une quantité assez délirante de somnifères de toute sorte, pour changer sa vie, passer à autre chose, se régénérer dans l’oubli !

Elle a hérité de la fortune de ses parents à leur mort, une mère qui s’est noyée dans l’alcool et les médicaments (ah, décidément) un père mort d’un cancer, la voilà à l’abri du besoin. Appartement sur la quatre-vingt quatrième rue de Manhattan, toilettes, bijoux, meubles, un magnétoscope et tous les films à voir et revoir à l’infini, elle ne manque de rien. Elle a même quitté la galerie d’art dans laquelle elle avait trouvé un travail.

Reva sa seule amie est toujours là, fidèle, elle l’accompagne même lorsqu’elle la rejette et la suit dans ses délires. Avec Reva, nous allons la suivre tout au long d’interminables journées et nuits de coma médicamenteux, à se souvenir de l’enfance, de l’adolescence, des parents, des amis, de Trevor son étrange amoureux et de leur relation malsaine. Tous ces souvenirs d’une vie qu’elle veut oublier dans ce sommeil forcé quelle imagine réparateur.

Tout cela est rendu possible grâce à la plus délirante et la plus folle des psychiatres, cette Dr Tuttle qu’elle a déniché dans l’annuaire par hasard, qui ne l’écoute jamais et lui fait toutes les ordonnances les plus délirantes possibles, avec tous les médicaments qu’elle lui demande. Elle va essayer tous les psychotropes présents sur le marché, des anxiolytiques aux hypnotiques.

Malgré une héroïne à laquelle je n’ai pas su m’attacher, voilà un roman singulier à la fois déroutant, intrigant et lucide. Un roman qui dit la solitude extrême, le besoin d’effacer le passé pour repartir à zéro dans un monde qui ne convient plus. On regarde le personnage principal agir en étant totalement abasourdi, interrogateur, perplexe mais aussi inquiet sur la façon que peuvent avoir les jeunes d’appréhender leur vie dans un monde qui va trop vite, trop loin. Je n’y ai pas vu vraiment d’humour, plutôt l’expression d’un véritable mal être et d’une sacré dose de désillusion.

Catalogue éditeur : Fayard

Les tribulations assoupies de cette Oblomov de la génération Y forment un récit hilarant  qui est aussi une charge au vitriol contre les travers de notre époque.

Jeune, belle, riche, fraîchement diplômée de l’université de Columbia, l’héroïne du nouveau roman d’Ottessa Moshfegh décide de tout plaquer pour entamer une longue hibernation en s’assommant de somnifères. Tandis que l’on passe de l’hilarité au rire jaune en découvrant les tribulations de cette Oblomov de la génération Y qui somnole d’un bout à l’autre du récit, la romancière s’attaque aux travers de son temps avec une lucidité implacable, et à sa manière, méchamment drôle.

Parution : 21/08/2019 / Pages : 304 / Format : 135 x 215 mm / Prix : 20.90€ / EAN : 9782213711515 / Prix Numérique : 14.99 € / EAN numérique : 9782213711256

Lithium. Aurélien Gougaud

Lithium, le premier roman d’Aurélien Gougaud, nous entraine pendant une semaine à la suite de ses deux personnages désenchantés dans un univers typiquement parisien.

Domi_C_Lire_Lithium.jpgIl y a Il, il y a Elle, il y a Paris, la ville. Deux trajectoires, deux jeunes gens de cette génération Y née avec les smartphones et les réseaux sociaux, légèrement décalés, blasés, par la vie qui ne leur promet pas grand-chose d’excitant et ni de vraiment nouveau…

Il se lève tous les matins pour regagner les tours de la Défense où il exerce un emploi qui n’a vraiment rien de glorieux, partage son appartement avec Édouard, son colocataire, sa vie parfois avec Sofia, la petite amie qu’il n’aime pas mais dont l’existence le rassure et lui permet de ne pas se sentir totalement seul.
Elle se lève chaque jour à l’heure où les autres rentrent de boite de nuit, pour se rendre à la radio, ce lieu quasi mythique dont elle a rêvé plus jeune, mais où elle traine un ennui mortel à préparer les répliques d’un animateur radio star de l’audiovisuel, pédant, désobligeant, incompétent. Désenchantement, désillusion, contact froid avec le monde égocentré et souvent faux du travail et des relations entre collègues.
Leurs seuls échappatoires, chacun de son côté, l’alcool, les soirées avec les potes, les joints qu’on fume et qu’on se passe, les filles qu’on note ou qu’on critique, les mecs qu’on juge ou qu’on jette. Chronique parfois grinçante d’une jeunesse en mal de repères qui s’oublie dans l’alcool et la drogue pour arrêter de penser à tous ses rêves de réussite et de bonheur. Rêves qui semblent le plus souvent inatteignables et totalement utopiques. Jeunesse qui parle, rencontre, écoute, au travers de son smartphone et des réseaux sociaux, là où chacun s’expose, se découvre, se cherche et se retrouve.

La structure du roman, une semaine égrenée jour par jour, deux personnages, deux points de vue, pour une rencontre, est intéressante. Même si à certains moments ce côté blasé et désespéré est un peu déprimant, il est sans doute également le reflet d’une société qui n’a pas grand espoir à donner à sa jeunesse. Premier roman attachant d’un jeune auteur qui semble raccord avec ses personnages tant il nous fait vivre dans leurs têtes et leurs sentiments.

Quelques extraits :

  • La sortie du bureau de la Défense ressemble à un exode urbain. Chacun se hâte porté par l’espoir illusoire d’éviter une foule inévitable.
  • Il n’y a pas de meilleur confident que la parfait inconnu, celui qui s’en fout, sans attentes ni jugement.
  • « Bon courage » car il est invité à la pendaison de crémaillère d’un couple d’amis fraichement propriétaire d’une maison en banlieue. Or, pour un vrai Parisien, tout trajet impliquant un changement de département s’apparente forcément à une expédition. La banlieue ce n’est pas Paris. Si ce n’est pas Paris, c’est la province. La province, c’est loin. Raisonnement implacable.

 #RL2016


Catalogue éditeur : Albin Michel

Elle, vingt-trois ans, enfant de la consommation et des réseaux sociaux, noie ses craintes dans l’alcool, le sexe et la fête, sans se préoccuper du lendemain, un principe de vie. Il vient de terminer ses études et travaille sans passion dans une société où l’argent est roi. Pour eux, ni passé ni avenir. Perdus et désenchantés, deux jeunes d’aujourd’hui qui cherchent à se réinventer.

Dans un texte crépusculaire, Aurélien Gougaud entremêle leurs voix, leurs errances, leur soif de vivre, touchant au plus près la vérité d’une génération en quête de repères. Un premier roman d’une surprenante maturité, qui révèle le talent d’un jeune auteur de vingt-cinq ans.

Édition brochée 16.00 € / 17 Août 2016 / 140mm x 205mm/ 192 pages /EAN13 : 9782226329752