Le roi qui voulait voir la mer, Gérard de Cortanze

Le voyage à Cherbourg de Louis XVI, un roi incompris et méconnu

En 1786, alors âgé de 32 ans, Louis XVI décide de se rendre à Cherbourg. Ce passionné de cartes marines et de géographie n’avait encore jamais vu la mer.
Il décide de partir en équipage réduit, sans tout le cérémonial que lui impose la couronne, contre l’avis de ses conseillers. Cela va tout de même représenter quelques dizaines de personnes à sa suite, pour traverser les villes et les villages entre Versailles et Cherbourg, et enfin découvrir le peuple de cette Normandie qu’il connaît bien peu.

Ce roi que l’on imagine bien naïf et si peu à sa place est un homme instruit, passionné par la géographie, la marine, la technique. Il parle plusieurs langues et connaît parfaitement bien ses dossiers. Mais il est hélas très mal accompagné par les nobles et les flatteurs de son gouvernement ou de la cour, par tous ceux qui s’ils se pressent à Versailles pour récolter les honneurs ne se privent pourtant pas de dire le plus grand mal de celui qui les gouverne.

J’ai aimé ce roman qui nous fait découvrir la personnalité de ce roi méconnu. A part son rôle avant et pendant la révolution, sa fin sur l’échafaud en 1793, je ne me souviens pas d’avoir entendu souvent évoquer ses qualités, ses compétences, ses ambitions ou ses réalisations.

Et pourtant, son souci d’égalité homme femme, son désir avorté d’abolir l’esclavage, son acceptation des juifs et des protestants dont il souhaite le retour en France, son envie de faire le bien de son peuple, pour ne citer que ces actions là sont quasiment passées sous silence. Une personnalité qui se révèle bien plus riche et intéressante qu’il n’y paraît. Un roman aussi instructif que divertissant qui permet d’apprendre tout en passant un excellent moment de lecture.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

Le 21 juin 1786, Louis XVI, qui n’a jamais voyagé, décide de se rendre à Cherbourg, contre l’avis de ses plus proches conseillers. Que compte-t-il rapporter de ce périple dans un territoire qu’on prétend hostile ? Pourquoi traverser ces terres où vivent encore des sorcières et plane le souvenir des invasions Vikings ?

Roi lettré qui pratique couramment plusieurs langues, il sait tout des navires et des monstres marins. Il est capable de dresser la carte de l’expédition autour du monde de La Pérouse, mais n’a jamais embarqué, à trente-deux ans, sur un bateau ni vu la mer. Bouleversé par le spectacle de ces eaux déchaînées et de ce peuple qu’il découvre enfin, il se met à rêver à une société plus juste.

01 octobre 2021 / 19,90 € / 256 pages / EAN : 9782226449382

A la rencontre de Gérard de Cortanze …

J’ai été embarquée par le personnage de Violette Morris, et par le dernier roman de Gérard de Cortanze « Femme qui court ». J’ai eu envie de lui poser quelques questions auxquelles il a bien voulu répondre. A votre tour de découvrir ses réponses ici…

A propos du roman « Femme qui court »

Pourquoi ce personnage de Violette Morris ? Comment avez-vous eu l’idée d’en parler ?

Ancien sportif de haut niveau – coureur de 800 mètres – j’ai toujours été passionné par les exploits des autres, et notamment par ceux des femmes dont on parle si peu… Même encore aujourd’hui… La question essentielle : comment se dépasser et apprendre à perdre ? Les victoires sont rares et les échecs fréquents. La phrase la plus imbécile a été prononcé par le baron Pierre de Coubertin qui vanta les charmes du nazisme, affirma que les femmes ne devaient pas faire de sport et que pour un sportif « l’essentiel était de participer »… Quelle absurdité, un sportif ne veut pas « participer » mais « vaincre », « gagner ».

Pour écrire ce roman, j’imagine qu’il vous a fallu de longues recherches. Cela représente combien de temps entre l’idée et la réalisation ?

Deux ans de travail. Recherches, archives, journaux d’époque, lectures diverses. Un travail de fourmi absolument passionnant. Surtout qu’il s’agissait dans ce livre d’aller à l’encontre d’une idée reçue, fausse, d’un détournement historique : prouver que Violette Morris, avait certes fait de la collaboration mais n’avait dénoncé personne, torturé personne, espionné personne et n’avait absolument pas été une « tortionnaire de la Gestapo » !

Violette est une femme en avance sur son temps et qui arrive à s’assumer. Elle présente également des failles et des blessures intimes, en particulier il me semble parce qu’elle a toujours recherché l’amour qu’elle n’a jamais trouvé auprès de ses parents. Est-ce la réalité ou est-ce voulu pour rendre plus crédible votre personnage ?

Violette était une jeune fille brisée par une enfance malheureuse. Délaissée par son père, militaire de carrière, qui n’accepta jamais qu’elle fasse du sport à une époque où le pratiquer, pour une femme, relevait de la pure rébellion. Rejetée par sa mère qui n’avait jamais pu se remettre de la mort prématuré d’un fils juste avant la naissance de Violette. Enfin, ni l’un ni l’autre ne pouvait accepter que leur fille soit lesbienne.

Comment  l’avez-vous ressentie,  est-ce un personnage attachant ?

J’ai voulu me mettre dans la peau de cette femme rejetée par tout le monde, mise au ban de la société, exclue, mais tellement attachante, tellement vraie. Ce roman avait pour titre Sommes-nous faits pour attendre toujours le bonheur ? Fils d’italiens, aristocrate piémontais par mon père, classe ouvrière napolitaine du côté de la mère – je sais ce que veux dire exclusion, rejet, mouton noir, intolérance, etc.

Quelle est votre relation avec vos personnages, est-il difficile de les laisser partir quand le roman est terminé, et ressentez-vous toujours pour eux une affection particulière ?

J’ai répondu en partie à cette question. Quand j’écris un livre, plus j’avance vers sa fin, plus je ralentis le rythme d’écriture jusqu’à ce qu’un nouveau livre vienne s’insinuer dans mes pages et prendre la place de ces dernières. Me disant, en somme : c’est mon tour, à moi maintenant. Une poussée contre laquelle je ne peux rien faire, et ne veux rien entreprendre. Qui emporte tout sur son passage. Souvent j’ai le sentiment d’être écrit plutôt que d’écrire.

Il me semble que vous aimez écrire sur des femmes ou des situations d’exception. Cependant vous le faites en les romançant, est-ce une forme voulue pour mieux les faire appréhender par plus grand nombre de lecteurs ?

La forme romanesque est moins contraignante que la biographie pure, laisse des espaces où mon art peut s’exercer. Je peux ainsi m’emparer d’un sujet, le mettre en relation avec mon univers. Je me sens avant tout narrateur, raconteur d’histoires.

Et … si j’ose vous demander, dans votre prochain roman, de quelle femme extraordinaire allez-vous nous parler ?

De Tina Modotti, qui fut ouvrière dans des usines de textile durant son enfance à Udine, en Italie, comédienne, actrice du cinéma muet, avant de devenir une formidable photographe qui hésita toute sa vie entre son art et l’engagement politique. États-Unis, URSS, France, Mexique, Allemagne à l’époque de la montée du nazisme, Espagne durant la guerre qui ensanglanta cette dernière. Une vie extraordinaire, incroyable. Qui mourut seule, dans un taxi, en janvier 1942, à Mexico. Lorsqu’on lui demandait « quelle est votre profession ? », elle répondait, non sans humour : « Les hommes ! »

Concilier le métier d’écrivain et celui d’éditeur ?

Vous avez écrit de très nombreux romans, et en même temps vous exercez le métier d’éditeur, est-ce facilement compatible ? Y compris pendant que vous écrivez vos propres romans ?

J’ai écrit plus de 90 livres et ai passé ma vie à faire mille choses en même temps. C’est mon rythme, ma respiration. C’est comme ça. Je ne cherche pas à comprendre. Un jour, ma fille aînée m’a dit, alors qu’elle n’était qu’une enfant, que je me noyais dans le travail pour ne pas voir la réalité. Je suis certain qu’elle a tort. Je pencherai plutôt vers une forme de générosité, d’expansion permanente. J’ai un besoin immense de connaître, de savoir, de partager. Les autres peuvent tellement nous apprendre. Par les « autres » j’entends tout ce qui est différent de moi, tout ce qui m’étonne, me bouleverse, me fait me poser des questions. Et tel est bien le cas de Violette Morris. Publier les livres des autres, parler des livres des autres dans la presse, publier ses propres livres = travail identique : de l’écriture, toujours de l’écriture ; des personnages, toujours des personnages. Toujours des vies, toujours des vies racontées.

Quel lecteur êtes-vous ?

Si vous deviez me conseiller un livre, que vous avez lu récemment, ce serait lequel et pourquoi ?

Je suis ce qu’on appelle un lecteur compulsif. Il y a longtemps, un ophtalmologue de la vieille école m’a dit que je devrais lire un peu moins. « Regardez, m’a-t-il dit, les bergers de mon enfance ne portaient jamais de lunettes ! » Mais ma destinée n’était pas de garder des chèvres ou des moutons… Vous me demandez quel livre je suis en train de lire. Je lis et relis les classiques. J’ai une passion pour Jean Giono. Le hussard sur le toit, Un roi sans divertissement sont des romans dont je ne me lasse jamais de tourner les pages.

Un grand merci Gérard de Cortanze pour ces réponses à mes questions, pour nos échanges autour de votre dernier roman et pour l’accueil dans vos bureaux , une superbe rencontre et encore de beaux livres à découvrir !

Retrouvez ma chronique de Femme qui court ici. On pourra lire aussi mon avis sur la BD Violette Morris.

Violette Morris. À abattre par tous moyens, tome I : Première comparution

Cette BD éditée chez Futuropolis est une magnifique façon de faire revivre Violette Morris, une femme hors du commun découverte grâce au roman de Gérard de Cortanze Femme qui court.

Ici, les auteurs prennent le parti de commencer leur récit par la découverte dans l’Eure, en 1945, de six corps enfouis dans une ancienne mare. Et par l’intervention inopinée de Lucie Blumenthal, ancienne avocate, rayée du barreau parce qu’elle était d’ascendance juive, sans aucun soutien de ses pairs. Elle n’a jamais voulu reprendre ce métier et est devenue détective privé spécialisée dans la recherche de personnes disparues. Ce personnage, fictif bien sûr, va devenir le fil rouge de l’histoire de Violette, puisque Lucie apparait vite comme une de ses coreligionnaires du pensionnat.

Car parmi les corps retrouvés figure celui de Violette Morris. Violette, assassinée pour ce qu’elle était ou pour ce qu’elle a fait ? C’est ce que veut comprendre Lucie, et nous avec elle.

Et l’on découvre une Violette Morris au pensionnat, déjà attirée par les femmes, par le sport, et qui rapidement va se distinguer dans de très nombreuses disciplines, course, natation, javelot, boxe, entre autre, puis la compétition automobile. Elle sera souvent la seule femme à prendre le départ dans bien des disciplines. Un mariage de raison, des envies, des succès, une homosexualité rapidement et ouvertement assumée, la vie de Violette est mise en images de façon étonnante et réaliste.

Violette a mené bien des combats, comme celui de la présence des femmes dans le sport, en particulier leur participation aux olympiades. On se souviendra à l’occasion que le baron de Coubertin était contre la participation des femmes aux jeux Olympiques, et que Violette ne voulait pas tant participer, mais bien gagner, comme tout grand sportif qui se respecte.

Un premier tome qui tient à la fois du polar, avec l’enquête policière qui s’amorce, et de la biographie, et qui est particulièrement intéressant. Les propos son étayés par le dossier historique de Marie-Jo Bonnet que l’on retrouve en fin d’album, avec quelques photos de Violette Morris (1893-1944). En quatre parties, ce qui veut dire que nous sommes déjà impatients de découvrir la suite.

Retrouvez ma chronique du roman de Gérard de Cortanze Femme qui court, qui m’a fait découvrir Violette Morris, et l’interview de l’auteur A la rencontre de Gérard de Cortanze … 

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Catalogue éditeur :  Gallimard / Albums, Futuropolis

Un récit de Bertrand Galic et Kris. Dessin de Javi Rey, sur un dossier historique de Marie-Jo Bonnet

Violette Morris est l’une des sportives françaises les plus titrées de l’histoire. Une championne toute catégorie : boxe, natation, football, athlétisme, course automobile. Elle devint chanteuse de cabaret et égérie des années 30, amie de Jean Cocteau, de Joséphine Baker, de Brassaï… Le 26 avril 1944, elle meurt dans une embuscade organisée par un groupe de résistants qui mitraillent sa voiture. Était-ce elle qui était visée par les maquisards? Tout porte à le croire. Car sous l’Occupation, elle passe pour «la hyène de la Gestapo», une collabo au service de l’Allemagne nazie.

Voilà pour la légende. Une légende noire. Mais la réalité, quelle est-elle ? L’assassinat de cette «femme à abattre par tous moyens» ne cache-t-il pas autre chose ? Hors norme, sa personnalité est celle d’une femme impossible à enfermer en cases, son histoire est inouïe, son destin forcément tragique !

72 pages / 240 x 300 mm, cartonné / Achevé d’imprimer : 01-09-2018 / Époque : XXIe siècle / ISBN : 9782754821650 / Parution : 11-10-2018

Femme qui court, Gérard de Cortanze

Femme exceptionnelle incomprise par ses pairs, Violette Morris est l’héroïne singulière et attachante du dernier roman de Gérard de Cortanze « Femme qui court » publié chez Albin-Michel

Sportive de haut niveau à une époque où l’on ne se posait pas la question de savoir si les filles et les femmes pouvaient ou devaient faire du sport, Violette Morris fait figure d’exception. Au début du XXe siècle, la place des femmes est au foyer, à pondre des bébés et s’occuper du mari. La pratique du sport leur permet à la rigueur d’améliorer leur santé pour fabriquer de beaux enfants ! Cette place-là, Violette la refuse d’emblée. Elle a compris que le sport qu’elle aime tant sous toutes ses formes pouvait être une passion assumée et réalisée avec succès.

Amoureuse des femmes, passionnée par le sport, par la vitesse, elle affirme ses différences et ses goûts en faisant fi des contraintes. Elle s’affiche en pantalon à une époque où son port est stigmatisé chez les femmes (on se souvient à l’occasion que l’interdiction du port du pantalon pour les femmes a été officiellement levée dans les années 2010 !). Après un mariage raté avec Cyprien Gouraud, mariage qui se termine par un divorce, cette homosexuelle assumée a vécu librement et sans entrave. Souvent mise au ban de cette société qui refuse les différences, qui les craint et les stigmatise. Rejetée de tous du fait de sa singularité et de son caractère entier, y compris par les femmes de son époque.

Femme libre avant l’heure, elle a tout essayé, la course à pied, le lancer du javelot ou du disque, la boxe, le cyclisme et les courses automobiles. Tout au long de sa carrière elle accumule les coupes, trophées, médailles, titres de championne dans de multiples disciplines. Il faut dire qu’à cette époque il n’était pas rare de pratiquer des sports différents et d’y exceller. On était loin alors de la spécialisation à l’extrême de nos sportifs actuels. Violette Morris a par exemple souvent participé à des courses cyclistes ou automobiles en étant la seule femme parmi les hommes. Tout comme il existait des équipes mixtes, faute de participants suffisants dans le cas contraire.

Ses succès sportifs, mais surtout  ses incartades à répétition vont pousser les fédérations nationales à lui retirer toute possibilité de concourir, sa radiation par la FFSF en 1930 la détruisant à petit feu. Elle quitte les champs de course et devient l’amie intime des vedettes de son époque. Joséphine Baker, Yvonne de Bray, Jean Cocteau et Jean Marais partageront quelque temps son quotidien, sur sa péniche ancré en bord de Seine. Avec eux, elle va même s’essayer à la chansonnette et au théâtre. Mais la France des années post Première Guerre Mondiale est terriblement patriarcale, Violette se distingue, donc Violette dérange. Pendant la guerre, partagée entre sa passion du sport et des femmes et ses ennuis financiers, elle va être accusée de collaborer avec l’ennemi.

L’auteur a l’art de dénicher des personnalités singulières, et de nous les dévoiler avec passion. Avec Femme qui court, Gérard de Cortanze restitue à Violette Morris la place qui lui revient, et surtout nous fait découvrir cette femme exceptionnelle. Ce roman est particulièrement bien construit, étayé par une longue recherche, cela se sent sans être prégnant, et donne du corps à l’intrigue. J’ai vraiment aimé la suivre et la voir vivre dans son époque, elle si éblouissante et en même temps si humaine dans ses interrogations, ses luttes, ses succès, ses déceptions, sa quête insatiable d’amour.

Retrouvez mon avis sur la BD Violette Morris, et l’interview de Gérard de Cortanze A la rencontre de Gérard de Cortanze … Du même auteur, vous pouvez également retrouver ma chronique de Zazous ici.

Et poursuivre avec l’avis de Henri-Charles du blog ma collection de Livres.

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Catalogue éditeur : Albin-Michel

Elle s’appelait Violette Morris. Sportive de haut niveau, figure des nuits parisiennes et du music-hall, elle fut aussi une grande amoureuse : Joséphine Baker et Yvonne de Bray, grâce à qui elle rencontra Cocteau et Marais, furent parmi ses conquêtes. Inclassable, extravagante, résolument moderne, féministe engagée, lesbienne assumée, elle suscita la crainte et le rejet d’une France corsetée dans son conformisme, dont elle incarna tous les démons refoulés. Lire la suite

Édition brochée : 22.90 € / parution : 2 Janvier 2019 / 150mm x 220mm / 416 pages / EAN13 : 9782226400215

Zazous. Gérard de Cortanze

Les Zazous, c’est l’affirmation d’une jeunesse contestataire aux cheveux longs et aux tenues excentriques, qui écoute du swing et qui enflamme la France des années 40 en refusant l’ordre établi.

« Le Zazou refuse l’ordre nouveau qui lui est imposé. C’est une attitude politique qui dicte le comportement du zazou, un peu comme les incroyables ou les muscadins…. »

Ils sont nombreux les Zazous du café Eva, on a parfois un peu de mal à les reconnaitre au début du roman. Il y a Odette, Marie, l’artiste qui chante dans les cabarets, Lucienne, modiste, Sarah la jeune fille juive, Josette, Jean et Pierre les lycéens, Charlie, l’américain qui devient français-antillais pour survivre, et Gerhard, le soldat allemand qui aime tant la musique. Ils vivent tous les maux des jeunes grandis trop vite dans les tourments de l’histoire. Qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié, leurs aventures sont celles des jeunes de leur âge, relations torturées, compliquées ou évidentes, heureuses ou tristes, mais souvent réalistes. Et ce malgré tous les interdits, qui paraissent tellement incroyables, énormes ou dérisoires, mais qui lorsqu’on les brave chaque jour deviennent mortellement dangereux.

Au fil des pages l’auteur nous présente un panorama très complet de la vie artistique, de la musique, de la mode, de la vie en somme, de cette jeunesse qui vit dans un Paris occupé mais pas vaincu. Vision que l’on trouve rarement dans les romans traitant de cette époque. C’est étonnant et permet de comprendre comment chacun a réussi à se débrouiller pour vivre, s’habiller, faire bonne figure, pour trouver ce semblant de normalité qui même dans l’excès prouve que l’on existe.
Petit bémol peut être, au fil de la lecture, on se demande d’où viennent ces jeunes qui vont si souvent au cinéma et au concert l’après-midi – puisqu’il faut rentrer avant le couvre-feu et parce que tout s’arrête le soir- et qui chaque jour ou presque se retrouvent au café Eva. Quand vont-ils au travail, quelle est leur vie, où sont leurs familles et que fait leur entourage, sont-ils des étudiants sans parents, qu’elle est donc leur réalité dans ce monde des années 40 ?

Dans ce roman de Gérard de Cortanze, l’occupation et les années sombres de la seconde guerre mondiale sont décrites en musique et avec beaucoup d’originalité, car le phénomène Zazous est peu connu et peu décrit finalement. Tout le monde à plus ou moins entendu le mot sans toujours savoir ce qu’il recouvre. Nous voilà donc un peu moins ignorants, et sans doute un peu admiratifs de ces jeunes de 15 à 20 ans qui, sous couvert d’insouciance, cherchaient malgré tout à montrer leur refus de vivre sans agir dans un Paris aux mains de l’ennemi, après l’armistice signée par un général Pétain collaborateur et tellement décevant.

Le texte est parsemé de très nombreuses anecdotes et de faits historiques, j’aurais presque souhaité un deuxième tome, rendant ainsi plus fluide l’histoire de cette bande de zazous auxquels on met un peu de temps à s’attacher. C’est cependant un roman très complet, intéressant et passionnant surtout lorsqu’on s’intéresse à la petite histoire, celle qui par ses actions combinées forme la grande Histoire. Et qui nous donne très certainement envie d’aller écouter un air de swing !

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Catalogue éditeur : Albin Michel

On n’est pas sérieux quand on a quinze ans – même en pleine Occupation. Chaque jour, au café Eva, une bande de zazous se retrouve pour écouter du jazz. Josette, Pierre et Jean sont lycéens, Sarah est coiffeuse, Charlie trompettiste, Marie danseuse, Lucienne apprentie mannequin. Dans un Paris morose, ils appliquent à la lettre les mots d’ordre zazous : danser le swing, boire de la bière à la grenadine, lire des livres interdits, chausser en toutes circonstances des lunettes de soleil et enfiler de longues vestes à carreaux. Lire la suite

mars 2016 / Format : 220 mm x 150 mm / 544 pages / EAN : 9782226324047 / Prix : 22.50 €