Le bal des cendres, Gilles Paris

Quand passé et présent se rencontrent au pied d’un volcan

Guillaume de la Salle est le directeur d’un hôtel au pied du volcan Stromboli, sur l’île éolienne homonyme à quelques encablures de la Sicile.
Dans cet hôtel vont se côtoyer Mathéo, son ami de toujours, ancien militaire comme lui, confident, chaperon, protecteur ;
Giulia, sa femme disparue à la naissance de Giulia sa fille désormais adolescente un peu rebelle qui voudrait en savoir plus sur cette mère qu’elle n’a pas connue ;
Thomas, qui pleure Emilio son amour disparu en mer, et Lior, sa nouvelle conquête ;
Anton le séducteur médecin turc et Sevda, l’épouse trompée mais toujours amoureuse et résignée ;
L’américaine Abigale et son amant Eytan, qui chaque jour fidèlement téléphone à l’épouse restée au foyer ;
Sebastian et Ethel, un frère et une sœur qui se sont perdus de vue pendant des années et se sont enfin retrouvés ;
Cécile, la mère de Tom, Louise et Corentin, et Gris le grand frère disparu que ne voient que ceux qui savent ;
Elena, la comtesse italienne et sa discrète infirmière dame de compagnie, qui l’accompagne partout depuis l’accident qui l’a contrainte à vivre dans un fauteuil roulant et le décès de son époux ;

et tant d’autres qui comme eux se retrouvent à l’hôtel Strongyle pour quelques jours de vacances, d’amour, de rencontres, de bonheur, de repos.

Ces hommes et ces femmes nous racontent tour à tour une partie de leur histoire. En chapitres courts et rythmés, parfois déroutants, surtout au début quand la multiplicité des personnages m’a parfois légèrement perdue. Mais je me suis très vite familiarisée avec chacune de ces tranches de vies venues s’échouer dans le lobby de l’hôtel, sur la plage, dans les ruelles du village, sur les pentes abruptes et parfois si dangereuses du volcan.

Au fil des pages, des rencontres, des situations plus ou moins dramatiques, se dessinent un passé, des secrets, des espoirs et des attentes, des déceptions plus ou moins acceptées, des interactions entre ces protagonistes que pourtant rien ne semblait rapprocher au départ.

Un roman polyphonique dans lequel les relations se nouent, les masques tombent, les secrets se dévoilent, sur cette île au paysage à la fois idyllique et sec. Mais si le passé est parfois bien sombre, l’espoir renaît au bout du chemin, toujours porteur de lumière et d’espérance. J’ai aimé les descriptions de l’île, son influence sur le caractère de ses habitants, la chaleur, l’âpreté des paysages avec ce volcan toujours en éruption, mais aussi l’attrait inégalé pour les nombreux touristes qui y viennent chaque année, et dont on sent que l’auteur y a séjourné et les a lui même vécues. Et qui m’a terriblement donné envie d’aller les découvrir à mon tour !

Catalogue éditeur : Plon

Sur l’île de Stromboli, des couples savourent leurs vacances. Ils sont sensibles, lâches, infidèles, égoïstes, enfantins. Elles sont fortes, résilientes, légères, amoureuses. Le réveil du volcan va bouleverser leurs vies. Cet été de tous les dangers sera-t-il le prix à payer pour se libérer enfin ?

L’action se déroule au Strongyle, un hôtel de Stromboli où séjournent plusieurs couples et familles. Il y a aussi un enfant de 10 ans, Tom, qui ne se sépare jamais de ce mystérieux Gris qu’il est seul à voir avec son frère et sa sœur. Il y a enfin une adolescente, Giulia, grandie trop vite après la mort de sa mère.
Tous vont apprendre à se connaître, à s’apprécier, à s’aimer même pour certains, jusqu’à l’éruption du volcan qui décidera du sort de chacun dans ce roman choral. Lire la suite

EAN : 9782259263740 / Nombre de pages : 312 / Date de parution : 07/04/2022 / 19.00 €

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, Gilles Paris

Harcèlement à l’école, suicide adolescent, un sujet tristement d’actualité

Le roman débute par le témoignage d’Iris. L’adolescente parle de son beau-père, de ses petits copains et de tous ces garçons qui ont déjà défilé entre ses bras malgré sa courte vie, explique comment sa mère la considère, le peu d’intérêt que lui porte sa famille, mais aussi ses amis et camarades du lycée. Puis son suicide frappe le lecteur d’un grand coup de poing dans l’estomac.

Et pourtant, qui est coupable parmi les élèves, les amis, les camarades ? Sans doute chacun d’eux tour à tour, par leurs attitudes, leurs actions, leurs mots et leurs railleries. Tous par leurs silences, à l’ignorer, la décrier, l’insulter. Et les réseaux sociaux, complices de ceux qui ont agit, dit, filmé, montré.

Viennent ensuite les témoignages de la très sage Emma, de Sarah et Chloé ses meilleures copines, de Solal son amoureux, de Tom, le jumeau d’Emma, l’inséparable, puis Romane, Timothée, Aaron, Julian, Léon, Virgile, etc. Chacun à son tour se sent en partie coupable, raconte, essaie de comprendre, de s’excuser, de s’accuser, de remonter le temps pour que cela ne soit pas, mais aussi de continuer le fil de sa propre vie, au milieu de tant de questions, d’interrogations, d’incompréhension.

Ils sont jeunes, boivent beaucoup, fument de la beuh au lycée ou les soirs de fête et de beuverie. Ces soirs-là, comme l’argent ne semble pas un problème pour en trouver, l’alcool coule à flot, les filles saoules deviennent faciles et les garçons se croient beaux et forts. Les jalousies s’exacerbent pourtant lorsque les beaux gars du lycée s’intéressent à d’autres, y compris aux copines.

J’ai eu un peu de mal à les entendre ces lycéens, garçons ou filles, qui semblent trouver normal de boire autant, de fumer, se droguer, d’avoir des expériences sexuelles avec tous ceux qui le souhaitent, et de les enchaîner sans se poser de question. Pourtant, il est évident que cette façon de vivre cache aussi une profonde détresse, des doutes et des questions sur sa propre personnalité, ses désirs, ses envies. L’intérêt de ce roman, c’est aussi qu’il aborde les conséquences du harcèlement scolaire. Un sujet d’actualité dont on parle trop peu, à part sans doute lorsque des affaires éclatent au grand jour et qu’elles sont reprises un court moment par les médias. En parler, le faire lire, et sans doute ensuite l’évoquer avec ses ados est sans doute une excellente solution pour éviter le pire ou pour dédramatiser.

Ah, merci Gilles Paris pour le lexique en fin du livre, car même si j’en connaissais certains, les acronymes ou mots expliqués m’ont permis de suivre et qui sait d’avoir l’air moins bête lors de conversation future avec des jeunes.

Catalogue éditeur : Hors Série Giboulées, Gallimard Jeunesse

«Je me suis laissée prendre, comme une fille facile.» Ainsi parle Iris avant de se donner la mort. C’est un choc pour l’ensemble du lycée mais surtout pour Emma, Tom et leurs amis. Conscients d’avoir mal agi, ils tiennent à mieux comprendre ce qui s’est passé et à défendre la mémoire d’Iris.

À partir de 15 ans / 224 pages / 13,50 € / Parution : 09-09-2021 / ISBN : 9782075153034

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien, Gilles Paris

Un récit à la fois intime et universel dans lequel l’auteur se livre sans concession

L’enfance, le départ du père et ce deuil impossible de l’amour par cette mère abandonnée à cinquante ans qui restera seule, à vivre dans le souvenir du mari volage toute sa vie. La relation au père, sa violence tant verbale que physique, les silences, la douleur du manque d’amour paternel et de reconnaissance.
Comment se construire sur autant de violence et aussi peu d’amour.

Un métier, attaché de presse, avec ses hauts et ses bas, mais toujours exercé par passion.
Des amours et des amants de passage puis la rencontre avec Laurent, mari, ami, amant, fidèle jusque dans la maladie, les crises, les dépressions. L’indispensable soutien depuis vingt ans.

Et ces dépressions qui ponctuent la vie d’années de silence, d’hospitalisation, de traitements, avant la lumière qui enfin apparaît à celui qui se tient là, sur un banc et soudain revit. Huit dépressions plus ou moins longues, pour lesquelles il est parfois difficile de guérir. Mais toujours une forme de lumière pour ce warrior qui va renaître à chaque crise de ses propres cendres pour le meilleur et pour la vie.

Un récit sans concession je l’ai dit, et surtout d’une grande sincérité. La violence de cette relation père fils est presque incompréhensible pour qui ne l’a pas vécue. On est admiratif face à l’énergie déployée pour s’en sortir malgré tout. Malgré les obstacles, les chutes, les aléas de la vie.

Si j’avais quelques hésitations à entrer dans ce récit, des dépressions ce n’est pas forcément vendeur à priori, je dois avouer que je n’ai pas du tout eu envie de le lâcher avant la fin. Il n’y a rien de morbide ou d’exhibitionniste dans ces révélations, mais au contraire une certaine pudeur à dire l’amour ou le désamour, une force aussi à parler de ses failles les plus intimes, de ses combats pour s’en sortir, qui rendent l’auteur encore plus attachant. Un récit à la fois intime et universel, tant il nous parle de lui et sans doute un peu de nous à travers lui.

Catalogue éditeur : Flammarion

Une dépression ne ressemble pas à une autre. Gilles Paris est tombé huit fois et, huit fois, s’est relevé. Dans ce récit où il ne s’épargne pas, l’auteur tente de comprendre l’origine de cette mélancolie qui l’a tenaillé pendant plus de trente ans. Une histoire de famille, un divorce, la violence du père. Il y a l’écriture aussi, qui soigne autant qu’elle appelle le vide après la publication de chacun de ses romans. Peut-être fallait-il cesser de se cacher derrière les personnages de fiction pour, enfin, connaître la délivrance. «Ce ne sont pas les épreuves qui comptent mais ce qu’on en fait », écrit-il. Avec ce témoignage tout en clair-obscur, en posant des mots sur sa souffrance, l’écrivain nous offre un récit à l’issue lumineuse. Parce qu’il n’existe pas d’ombre sans lumière. Il suffit de la trouver.

Paru le 27/01/2021 / 224 pages – 138 x 208 mm / ISBN : 9782081500945 / Prix : 19€