Looking for Banksy, La légende du street art, Francesco Matteuzzi, Marco Maraggi

à la recherche de l’artiste inconnu

Alors qu’il est en train de réaliser des tags la nuit dans les rues de Londres, un jeune homme est surpris par une jeune femme qui est à la recherche du mystérieux Banksy, cet artiste que nul n’a jamais vu. Elle souhaite faire un reportage sur l’artiste et sa façon de travailler. Mais ils sont tous deux arrêtés par la police et doivent faire un travail d’intérêt général qui pourrait les rapprocher de son but, nettoyer les graffitis sauvages qui dénaturent les murs de la capitale anglaise.

Voilà l’accroche de ce roman graphique dans lequel la rencontre de ces deux jeunes gens est prétexte à expliquer la carrière, ou plutôt les actions, créations, performances de l’artiste inconnu.

Car Banksy est un véritable mystère. Qui, quand, comment, pourquoi, autant d’interrogation restées encore à présent sans réponses. Est-il unique ou protéiforme ? Homme ou femme ? Anglais ou étranger ? Que cherche-t-il à démontrer en réalisant ces œuvres et coups médiatiques ? Se faire connaître ? Choquer, surprendre, réveiller les spectateurs endormis d’un système trop figé ? Ici point de réponse, mais beaucoup de questions et un intéressant tour d’horizon des actions et réalisations de Banksy.

Et après tout, à qui appartient l’art ? À celui qui le réalise, à l’acheteur, au propriétaire des murs sur lequel s’étalent fresques ou dessins ? Quelle est la durée de vie d’une œuvre, quand comme c’est ici le cas elle est réalisée sur un mur d’une ville qu’elle quelle soit ?

Banksy bouleverse l’art et les principes établis, change la donne de la propriété intellectuelle et artistique pour un réveil évident des consciences et du sens de la protection de l’œuvre artistique. Le graphisme particulièrement sombre m’a un peu gênée. Couleurs foncées et papier mat renforcent l’impression que l’on a du besoin d’anonymat de Banksy. Mais après tout c’est aussi le reflet de l’univers de Banksy, la nuit, l’anonymat, l’interdit, la non reconnaissance de l’artiste et du lien indéfectible qui le relie à son œuvre.

Une autre façon d’envisager l’art ? A l’ère des métavers et de la numérisation qui s’invite y compris dans le travail artistique, rien ne nous surprend plus. Alors si vous lisez cet intéressant roman graphique vous ne saurez pas plus qui est Bansky, mais au moins vous aurez pénétré son univers et compris en partie sa philosophie.

Catalogue éditeur : Hugo

Banksy et le street art sont au cœur de l’aventure vécue par deux jeunes gens, un tagueur amateur et une Youtubeuse, arrêtés par la police pour vandalisme. Leur punition : nettoyer les graffitis de Londres. C’est l’occasion pour eux de remonter l’histoire de ce mouvement et de sa plus célèbre incarnation, Banksy, et d’analyser les œuvres les plus marquantes de l’artiste (Girl With Balloon, Love in the Air, Can’t Beat That Feeling, The Kissing Coppers…).

Parution 15/09/2022 / ISBN papier : 9782755699708 / prix :19,95 €

Renaître, Janine Teisson

Comment  survivre au sinistre quand votre vie part en fumée ?

C’est ce qui est arrivé à Janine Teisson, l’auteur de Renaître, ce recueil de poésie paru aux éditions Chèvre-feuille Étoilée. Sa maison a été la proie des flammes, tout est brûlé, calciné, fondu, enfoui, perdu sous les cendres.

Les souvenirs, les mots, les images d’une vie, de plusieurs vies puisqu’il y a aussi les souvenirs qui viennent des anciens, la photo d’une grand-mère, le livret militaire d’un aïeul, les objets du passé, de ces êtres aimés et perdus, et au milieu de tout cela un ordinateur qui fond et qui emporte les rêves et les espoirs, les textes, les idées, les mots et les phrases de l’écrivain qui ne reviendront jamais identiques.

Ce texte est un long poème pour dire la surprise, l’effroi, la douleur, le manque, le chagrin, la résignation.

Pour dire
Ce qui est perdu à jamais ;
Ce qui est enfoui au fond du cœur ou de la mémoire ;
Ce qui ne reviendra plus, les mots écrits enfuis, fondus, perdus ;
L’attente, l’espoir, la résignation puis la résilience.

Un texte qui se lit d’une traite et que l’on a envie de reprendre encore et encore car il dit aussi la vie à travers la mort, les cendres, l’oubli.

J’y pense parfois, et si ça m’arrivait ? Photos, lettres, souvenirs sont les choses qui me manqueraient le plus. Alors bien sûr je me reconnais dans ces mots, j’y trouve mes craintes et mes angoisses mais aussi l’espoir, et savoir que même après ça, la vie continue.

🔥Pour écrire il faut concorder
avec soi,
même dans l’écartèlement.
Je discorde.

🔥Sinistre,
mot d’agent d’assurances.
Exactement ça.

🔥Ça va ? Ça va.
Que dire à ceux
qui ne mettent pas leur vie
dans les mots ?

Une fois le vent,
une autre fois l’eau 💧
et cette fois-ci c’est le feu🔥.
Va-t-elle ressusciter des cendres
mon écriture ?
Faudra-t-il un tremblement de terre
Pour en venir à bout ?

🔥Ce carnet vert
que j’ai tant cherché,
je ne le chercherai plus

Non seulement les textes, mais aussi les formats, le grain du papier, les illustrations, tout donne envie de lire ces recueils à la sobriété élégante. Dans la même collection, j’avais également aimé Icare, mon amour de Jeanne T.

Catalogue éditeur : Chèvre-Feuille Étoilée

Les pages de ce recueil forment un seul poème incandescent. Une nuit, la maison de Janine Teisson a brûlé.
Elle venait de se donner enfin le droit d’écrire, d’exprimer sa créativité jaillissante.
Au delà des meubles, des robes et des photos de famille, ce sont ses écrits, ses personnages qui partent en fumée. Ressusciteront-ils un jour ? Écriture phénix, déploie tes ailes, confie-moi les mots. Le recueil est illustré avec les compositions graphiques de Marion Béclu.

Paru le 1 juillet 2020 / ISBN : 9782367951430

Toute la violence des hommes, Paul Colize

Un thriller palpitant qui nous entraîne de la Belgique d’aujourd’hui à la Croatie des années 90

Un roman inspiré par des fresques monumentales apparues sur les murs de Bruxelles. Peintes de nuit par un graffeur qui souhaite garder l’anonymat. Aujourd’hui, certaines fresques ont été recouvertes, mais la principale est toujours visible. Et si ces fresques avaient un sens secret, étaient comme une suite, racontaient une histoire ?

A Bruxelles, Nikola Stakovic est graffeur, un artiste solitaire qui vit très bien son anonymat. Ses fresques émeuvent autant qu’elles bouleversent par la violence qui s’en dégage. Mais aujourd’hui le jeune homme est au poste de police, prostré, mutique. Il est interrogé car il est le dernier à avoir vu vivante Ivanka, une jeune femme retrouvée chez elle criblée de coups de couteau. Sa seule réponse aux enquêteurs est un laconique « C’est pas moi ».

Que s’est-il passé ?
Qui est réellement Nikola ? Un génie, un assassin, un fou ? Impossible d’en savoir plus, son attitude interroge quant à ses capacités et sa responsabilité. Pour tenter de le comprendre, il est placé en observation dans un centre médical. Là, tant la directrice, qu’une partie du personnel et son avocat s’interrogent sur sa véritable personnalité. Présumant au fil des jours que sous ce silence s’abritent des démons venus de loin.

Car dans son enfance, Nikola a vécu à Vukovar  en Croatie.
Dans les années 90, les troupes Serbes de Slobodan Milosevic font le siège de Vukovar. Se battant à armes tout à fait inégales, la population tient plusieurs jours, mais la défaite est inéluctable. A ce moment-là, soldats et milices serbes se rendent coupables de nombreuses exactions sur la population. Crimes, viols, hommes, femmes, enfants, vieillards sans discrimination disparaissent en nombre. Nikola a huit ans. Devenu orphelin, il fuit vers l’ouest, vers l’Allemagne puis la Belgique. Pendant les mois de terreur, caché dans les abris souterrains, il a découvert qu’il pouvait évacuer sa terreur par le dessin. Dessin par lequel encore aujourd’hui il trouve un exutoire à ses traumatismes, pour atteindre une forme de délivrance, de liberté, tant par la création que par la libération de tous ses démons.

Le personnage totalement décalé de Nikola, qui souffre d’un trouble post traumatique dû à la guerre, est particulièrement émouvant. Son incapacité à communiquer, son silence, sa souffrance bouleversent. Le récit au présent alterne avec celui des années de guerre, de l’enfance puis de l’adolescence. Peu à peu le lecteur fait le lien, soulève le voile, décèle une part de vérité qu’il espère moins sombre, une lumière au bout  du chemin. Toutes la violence des hommes est un formidable roman à suspense et d’une grande créativité.

Aussi intéressant que passionnant, ce roman hommage au street art Bruxellois, nous dévoile une période de l’histoire récente méconnue et bouleversante. Le dosage entre l’intrigue et la partie historique est parfait, laissant ce qu’il faut de mystère et de justesse aux personnages. Et les personnages justement, et celui de Nikola en particulier, sont terriblement attachants. C’est un roman que je conseille à tous les amateurs du genre, un bon thriller psychologique appuyé par des faits historiques avérés.

Catalogue éditeur : Editions Hervé Chopin

Qui est Nikola Stankovic ?

Un graffeur de génie, assurant des performances insensées, la nuit, sur les lieux les plus improbables de la capitale belge, pour la seule gloire de l’adrénaline ?
Un peintre virtuose qui sème des messages profonds et cryptés dans ses fresques ultra-violentes ?
Un meurtrier ?
Un fou ?
Nikola est la dernière personne à avoir vu vivante une jeune femme criblée de coups de couteau dans son appartement. La police retrouve des croquis de la scène de crime dans son atelier.
Arrêté, interrogé, incarcéré puis confié à une expertise psychiatrique, Niko nie en bloc et ne sort de son mutisme que pour répéter une seule phrase : C’est pas moi.

Entre Bruxelles et Vukovar, Paul Colize recompose l’Histoire. Au-delà de l’enquête, c’est dans les replis les plus noirs de la mémoire, à travers les dédales de la psychologie et la subtilité des relations humaines qu’il construit son intrigue.

Paul Colize est né à Bruxelles, d’un père belge et d’une mère polonaise. Ses polars, à l’écriture aiguisée et au rythme singulier, sont ancrés dans le réel et flirtent avec la littérature générale.
Son œuvre (Back Up, Un long moment de silence, Concerto pour 4 mains…) a été récompensée par de nombreuses distinctions littéraires dont le prix Saint-Maur en poche, le prix Landerneau, le prix Polar pourpres, le prix Arsène Lupin et le prix Sang d’Encre des lecteurs.

14,5 X 22 cm / 320 pages / Paru le 05/03/2020 / ISBN 9782357205253 / Prix : 19€