Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, Gilles Paris

Harcèlement à l’école, suicide adolescent, un sujet tristement d’actualité

Le roman débute par le témoignage d’Iris. L’adolescente parle de son beau-père, de ses petits copains et de tous ces garçons qui ont déjà défilé entre ses bras malgré sa courte vie, explique comment sa mère la considère, le peu d’intérêt que lui porte sa famille, mais aussi ses amis et camarades du lycée. Puis son suicide frappe le lecteur d’un grand coup de poing dans l’estomac.

Et pourtant, qui est coupable parmi les élèves, les amis, les camarades ? Sans doute chacun d’eux tour à tour, par leurs attitudes, leurs actions, leurs mots et leurs railleries. Tous par leurs silences, à l’ignorer, la décrier, l’insulter. Et les réseaux sociaux, complices de ceux qui ont agit, dit, filmé, montré.

Viennent ensuite les témoignages de la très sage Emma, de Sarah et Chloé ses meilleures copines, de Solal son amoureux, de Tom, le jumeau d’Emma, l’inséparable, puis Romane, Timothée, Aaron, Julian, Léon, Virgile, etc. Chacun à son tour se sent en partie coupable, raconte, essaie de comprendre, de s’excuser, de s’accuser, de remonter le temps pour que cela ne soit pas, mais aussi de continuer le fil de sa propre vie, au milieu de tant de questions, d’interrogations, d’incompréhension.

Ils sont jeunes, boivent beaucoup, fument de la beuh au lycée ou les soirs de fête et de beuverie. Ces soirs-là, comme l’argent ne semble pas un problème pour en trouver, l’alcool coule à flot, les filles saoules deviennent faciles et les garçons se croient beaux et forts. Les jalousies s’exacerbent pourtant lorsque les beaux gars du lycée s’intéressent à d’autres, y compris aux copines.

J’ai eu un peu de mal à les entendre ces lycéens, garçons ou filles, qui semblent trouver normal de boire autant, de fumer, se droguer, d’avoir des expériences sexuelles avec tous ceux qui le souhaitent, et de les enchaîner sans se poser de question. Pourtant, il est évident que cette façon de vivre cache aussi une profonde détresse, des doutes et des questions sur sa propre personnalité, ses désirs, ses envies. L’intérêt de ce roman, c’est aussi qu’il aborde les conséquences du harcèlement scolaire. Un sujet d’actualité dont on parle trop peu, à part sans doute lorsque des affaires éclatent au grand jour et qu’elles sont reprises un court moment par les médias. En parler, le faire lire, et sans doute ensuite l’évoquer avec ses ados est sans doute une excellente solution pour éviter le pire ou pour dédramatiser.

Ah, merci Gilles Paris pour le lexique en fin du livre, car même si j’en connaissais certains, les acronymes ou mots expliqués m’ont permis de suivre et qui sait d’avoir l’air moins bête lors de conversation future avec des jeunes.

Catalogue éditeur : Hors Série Giboulées, Gallimard Jeunesse

«Je me suis laissée prendre, comme une fille facile.» Ainsi parle Iris avant de se donner la mort. C’est un choc pour l’ensemble du lycée mais surtout pour Emma, Tom et leurs amis. Conscients d’avoir mal agi, ils tiennent à mieux comprendre ce qui s’est passé et à défendre la mémoire d’Iris.

À partir de 15 ans / 224 pages / 13,50 € / Parution : 09-09-2021 / ISBN : 9782075153034

Les croques, tuer le temps, Léa Mazé

Les élucubrations fantaisistes de deux gamins dans les allées d’un cimetière

Dans cette BD destinée au plus de 9 ans, l’ambiance est pour le moins originale et singulière. En effet, peu d’enfants parcourent les allées des cimetières pour leur plaisir comme peuvent le faire les jeunes protagonistes de cette série.

Fort heureusement, des jumeaux ne sont jamais vraiment seuls. Car Céline et Colin sont moqués à l’école du fait du métier des parents, et sont un peu trop laissés de côté par de parents très très occupés par leurs clients, enfin, par les familles de leurs clients puisqu’ils sont croque-morts.

Ils sont également les souffre-douleur de leur camarades de classe, et leur instituteur est bien aveugle quant aux responsabilités réelles des jumeaux qui se font systématiquement punir. Ils restent cependant unis dans l’adversité. En particulier face au harcèlement jamais dénoncé par le maître, ou même envisagé par des parents fort peu soucieux de leur bien-être.

Bien sûr ces enfants ne sont pas très différents des autres. Ils aiment faire du bruit, jouer, et partir l’aventure. Quand leurs parents surbookées les oublient un peu trop, les tombes, les chapelles, et les inscriptions recèlent assez de mystères pour leur permettre de voyager loin grâce à leur imagination. Heureusement, Poussin, le graveur funéraire qui travaille au cimetière, arrive encore entre deux gravures à écouter leurs élucubrations et semble prêt à alimenter la source de leurs interrogations.

Et leur découverte dans les allées du cimetière va les mener vers une aventure qui pourrait faire peur aux enfants, mais pas aux jumeaux, bien décidés à dénouer l’intrigue qui se présente à eux. Car l’imaginaire n’a ni frontière ni tabou, et les enfants sont capables de s’occuper partout où ils sont. Comme Léa Mazé nous en fait la démonstration.

Le graphisme sobre, peu coloré, fait de nuances d’ocres, de sépia et de gris, fait bien ressentir l’ambiance du cimetière. Un série intéressante, vite il faut que je découvre la suite…

Catalogue éditeur : éditions de la Gouttière

Dessinatrice et scénariste : Léa Mazé

Les parents de Céline et Colin tiennent une entreprise de pompes funèbres. Une profession bien lourde à porter pour les jumeaux, raillés en permanence par leurs camarades qui les surnomment Croque-mort et Croquemitaine. Isolés, les deux jeunes collégiens ne voient que peu leurs parents, très occupés, et commencent à cumuler les bêtises… jusqu’à être renvoyés de leur établissement scolaire pendant deux jours !
Les enfants se réfugient alors auprès de Poussin, le graveur funéraire qui aime les écouter et alimenter leur imagination…

Date de parution : 7 septembre 2018 / Format :  22 x 29 cm / 72 pages / 13,70 € / ISBN 979-10-92111-79-8 coup de cœur Cultura en 2019