Faire corps, Charlotte Pons

Peux-t-on porter un enfant sans devenir mère ?

D’un côté, Sandra, jeune femme bien dans sa peau, sa vie, son emploi, sûre d’elle, aucune envie de devenir mère un jour, et un peu ras-le-bol de tous ceux qui sans cesse lui demandent, alors cet enfant, c’est pour quand ?

De l’autre côté, Romain et Marc. Romain l’ami d’enfance, celui avec lequel Sandra a le plus en commun, souvenirs, vécu, passé, et Marc, son mari pour la vie. Romain et Marc et leur envie folle d’être enfin pères, d’élever un enfant, d’être enfin un couple de parents accomplis. Des années qu’ils suivent toute la procédure, aux USA, pour avoir enfin un bébé avec une mère porteuse. Mais ils vont d’échec en échec et se désespérément. Jusqu’au jour où Sandra cède à la demande en toute amitié de Romain, ou qui sait si elle ne le lui propose pas au fond, il y a un peu des deux sans doute, et la voilà qui accepte de devenir cette mère porteuse qui va réaliser cette GPA pour son ami.

Porter un enfant, mais ne pas devenir mère, car cet enfant, elle n’en veut pas. C’est son credo, son cri, sa certitude. Un bébé contrat, neuf mois à le porter, puis à l’abandonner à ce couple qui l’attend de tout son cœur, de toute son énergie, de tout son amour. Commence alors une période entre deux, porter sans vivre vraiment, jusqu’au jour où elle reçoit ce courrier qui lui indique que dans cinq mois elle sera mère.

Mère, pas du tout, jamais ! Et pourtant ? Neuf mois et puis s’en vont, ou va-t-elle réellement devenir maman ?

Un roman d’amitié, d’entraide, de relation homme femme, de relation à l’autre, mais aussi à ce corps qui change, qui accueille une autre vie, cet autre qui est un étranger mais qui est un peu de vous aussi. L’analyse des personnages et la construction du roman autour de cette évolution, à la fois de la grossesse et des idées, sentiments, envies, angoisses est tout à fait bien explicité, montré à travers les doutes, les questionnements, les certitudes et les craintes de Romain futur et déjà père, comme de Sandra, porteuse mais pas encore mère. Et surtout, qu’est-ce qu’être mère, porter un enfant, le sentir dans son corps, l’élever, l’aimer, un peu de tout ça au fond, et sans doute plus encore.

Si j’ai eu quelques craintes à commencer cette lecture, je l’ai trouvé particulièrement intéressante, émouvante, constructive et forte en questionnements pour tous. L’autrice aborde de nombreux thèmes, pour ou contre parentalité, couple gai, mère porteuse, désir d’enfant, être mère ou pas, que de questions, que de doutes, que d’espoirs.

Un roman de la sélection 2022 des 68 premières fois

Catalogue éditeur : Flammarion

« Et votre projet, c’en est où ? » Voilà plusieurs années que Sandra observe Romain et son compagnon se confronter au parcours épineux de la GPA aux États-Unis. Ce désir d’enfant que rien ne semble faire vaciller l’intrigue, elle qui est catégorique depuis toujours: elle ne sera jamais mère. À bout, son ami va lui demander de porter son bébé. Commence alors un corps-à-corps avec un enfant qui ne sera pas le sien. Neuf mois de bouleversements physiques que la raison ne peut pas ignorer et qui font naître des sentiments d’une intensité insoupçonnée.
Dans ce deuxième roman à fleur de peau, Charlotte Pons met très subtilement en scène une femme qui consent, sans en mesurer toute la portée, à réparer le mal d’enfant de son ami. Jusqu’où son geste l’emportera-t-elle ?

Paru le 24/02/2021 / 240 pages / 138 x 211 mm / EAN : 9782081486225 / 19€

De l’influence de David Bowie sur la vie des jeunes filles, Jean-Michel Guenassia

David Bowie, on l’a tant aimé, il nous manque tant qu’on a tous envie de comprendre

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Paul Martineau a 17 ans et vit dans une famille composée de deux mères, Lena, sa mère biologique, et Stella, avec qui elle vit, et qui est la patronne du cabaret où il se plait à jouer du piano chaque soir.

Étrange trio, étrange famille, dont semble amplement se satisfaire Paul, qui a trouvé sa place de « lesbien » comme il se plait à le dire. On le suit dans cette vie en marge, mais semble-t-il heureuse et qui lui convient. Même si les états d’âme et le disputes de Lena et de Stella ne sont pas toujours faciles à gérer, même si la situation n’est plus aussi simple que ce qu’elle a été toutes ces années. Car un jour, Paul va devoir partir à la rencontre de son père biologique…

Ce que j’ai aimé ? Ce portrait d’une époque, où homoparentalité, ce un mot qui fait peur, est une réalité qui s’installe enfin dans le paysage, mais également la question du genre soulevée avec justesse par l’auteur, et là comment ne pas penser à Maria le roman d’Angélique Villeneuve.

Mais quel dommage, car si le récit met longtemps à s’installer, il met aussi bien trop longtemps à se développer… comme si l’auteur était en manque d’inspiration ou avait voulu faire durer le livre un peu trop longtemps, pour tenter de nous faire aimer Paul peut-être ? Pour nous impliquer d’avantage dans son histoire ?
Est-ce parce que j’avais tellement aimé le club des incorrigibles optimistes puis La vie rêvée d’Ernesto G. que j’en attendais trop peut-être ?  Bon, cela ne m’empêchera pas d’aller lire le prochain roman de Jean-Michel Guenassia !

Du même auteur, on peut lire également mon avis sur La Valse des arbres et du ciel, ainsi que l’avis de Joëlle du blog Les livres de Joëlle.

Catalogue éditeur : Albin-Michel

« Moi, je me plais dissimulé dans le clair-obscur. Ou perché tout en haut, comme un équilibriste au-dessus du vide. Je refuse de choisir mon camp, je préfère le danger de la frontière. Si un soir, vous me croisez dans le métro ou dans un bar, vous allez obligatoirement me dévisager, avec embarras, probablement cela vous troublera, et LA question viendra vous tarauder : est-ce un homme ou une femme ? Et vous ne pourrez pas y répondre. »

De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles nous fait partager l’histoire improbable, drôle et tendre, d’une famille joliment déglinguée dont Paul est le héros peu ordinaire. Paul qui, malgré ses allures de filles, aime exclusivement les femmes. Paul, qui a deux mères et n’a jamais connu son père. Paul, que le hasard de sa naissance va mener sur la route d’un célèbre androgyne : David Bowie.
Fantaisiste et généreux, le nouveau roman de Jean-Michel Guenassia, l’auteur du Club des incorrigibles optimistes, nous détourne avec grâce des chemins tout tracés pour nous faire goûter aux charmes de l’incertitude.

Édition brochée 20.00 € / 23 Août 2017 / 140mm x 205mm / EAN13 : 9782226399137