Instagrammable, Éliette Abecassis

Un roman léger qui aborde un sujet grave et contemporain

Les liaisons dangereuses des temps modernes. Quand les outils numériques ne servent plus seulement à communiquer mais aussi à paraître, être, vivre, regarder, sublimer, valoriser, vendre, promouvoir, jalouser, désirer, démolir, détruire, anéantir…

Dans la ronde des instagrammeuses, il y a Jade, et sa ribambelle de followers, Jade qui fait la pluie et le beau temps autour d’elle, que tous rêvent d’imiter, de rencontrer, qui fait votre réussite ou votre bannissement sur ces réseaux sociaux indispensables aux jeunes d’aujourd’hui.
Autour de Jade, on trouve Léo l’ami ex amoureux qui doit son succès aux stories et posts de Jade et lui est donc totalement redevable.
Sacha qui rêve d’être comme elle, ne plus être transparente, avoir autant de suiveurs, au risque d’en oublier sa vie.
Ariane, la mère de Sacha, qui malgré son métier dans la communication est vite dépassée par les événements.
Et quelques autres…

Une mise en situation extrême mais pourtant contemporaine, intéressante à la fois pour mieux envisager les jeunes d’aujourd’hui mais aussi le décalage et l’incompréhension de leurs parents.
Un roman qui se lit tout seul, qui est à la fois léger et grave. Un roman que j’aurais peut-être destiné à un lectorat de jeunes adultes ou d’adolescents, car il parle d’eux. Pour preuve tous les problèmes de harcèlement, destruction de certains jeunes à la suite de propos ou de photos diffusés sur les réseaux. Et pour rappeler à tous qu’il est important d’avoir toujours en tête que l’oubli numérique n’est absolument pas garanti.

Personnages inventés qui nous semblent plus que réels dans ce monde factice que pourtant nous suivons pour certains d’entre nous de près chaque jour. Qui ne passe pas du temps chaque jour sur ce téléphone qui nous relie au monde qui nous entoure ? En tout cas j’avoue y passer quelques heures par semaine… Mais le risque pour ces jeunes accros à Instagram, Facebook, Tiktok, Whatsapp et autres, est de passer plus d’heures sur leur téléphone que dans leur vraie vie.

Catalogue éditeur : Grasset

«  A la terrasse des cafés, seuls ou avec des amis, ils sont sur le qui-vive. À l’affût d’une nouvelle, dans une attente fébrile, constante, ils ont toujours leur téléphone à portée de main. Le soir, ils ne s’endorment pas sans l’avoir consulté, le matin le saisissent avant même d’avoir ouvert l’œil, pour savoir ce qui est arrivé. Mais quoi, au juste ?  » 
 
Dans ces  Liaisons dangereuses  à l’ère d’Instagram, Éliette Abécassis  décrit de façon inédite une génération née au début des années 2000,  en proie à la dépendance et la violence induites par les réseaux sociaux. 
Un roman incisif qui sonde notre époque, et tout ce qui, en elle, nous interroge et nous dépasse.

Format : 133 x 206 mm / Pages : 180 / Parution : 10 Mars 2021 / 17.00 €

Edmond

Un bel hommage à Edmond Rostand, brillant inventeur du noble Cyrano de Bergerac

Mais que c’est long, que le public s’ennuie, et pourtant c’est l’incomparable, la sublime Sarah Bernhardt qui joue La princesse lointaine, cette pièce d’un poète inconnu. D’ailleurs les critiques ne s’y trompent pas non plus qui quittent le théâtre avant la fin de la représentation. D’autant qu’Edmond Rostand, le malheureux auteur de cette pièce en vers avait été sommé d’écrire une comédie. Quel flop.

Ce sont aussi les débuts des salles de projection de cette découverte révolutionnaire ds frères Lumière, le film qui projette des mouvements sur un écran. Edmond en est sûr, il faut vite trouver le succès avant que tous les théâtres disparaissent. D’autant que la grande Sarah Bernhardt lui a arrangé un rendez-vous avec Coquelin, l’acteur à la mode cherche le rôle qui confirmera son talent par un éclatant succès.

Désespéré, Edmond qui n’a toujours pas écrit une ligne, part chercher le calme et l’inspiration au café Honoré. Là, le patron et serveur au nom éponyme a de la répartie, de la dérision et l’amour de la rime. Il n’y a donc pas de meilleur endroit sans doute pour retrouver l’inspiration.

Après bien des péripéties qui nous sont contées ici avec humour, tendresse et une bonne dose de dérision, Edmond arrive enfin à écrire l’œuvre de sa vie, celle que chacun d’entre nous connaît au moins de nom. Cyrano de Bergerac sera son chef d’œuvre de Compagnon, son envol vers la postérité.

Ce que j’ai aimé ? Suivre Edmond Rostand pas à pas, jusque dans les tortueux méandres de son imagination, dans sa vie qui parfois s’encanaille, mais seulement pour le bien de sa créativité, dans le tout Paris de la création et du spectacle de l’époque.

Le rythme est soutenu, enlevé, souvent joyeux, avec de belles pointes d’humour parfois grinçant mais jamais mordant. Le tout est porté par un graphisme très agréable, avec un trait parfois fuyant, donnant un dessin tout en atmosphère plutôt qu’en traits nets affirmant la fermeté, aux couleurs fondues et chaudes, qui restituent non seulement l’ambiance des coulisses des théâtres et des cafés, mais aussi celle que l’on imagine pour cette période de la fin du 19e. Les dessins qui sortent des cases par exemple donnent le ton de cet embrouillamini qui semble être le creuset idéal pour faire émerger toute cette belle créativité.

Scénario Léonard Chemineau et Alexis Michalik Dessin Léonard Chemineau

Talents Cultura BD 2019

Catalogue éditeur : Rue de Sèvres

Paris, décembre 1897, Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Après l’échec de La princesse lointaine, avec Sarah Bernhardt, ruiné, endetté, Edmond tente de convaincre le grand acteur en vogue, Constant Coquelin de jouer dans sa future pièce, une comédie héroïque, en vers. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit mais qui deviendra la pièce préférée des français, la plus jouée du répertoire jusqu’à ce jour.

120 pages, 21×27,5 cm, 18€ / PARUTION 17 Octobre 2018 / EAN : 9782369815297

Puisque tu m’aimes, Janine Boissard

Janine Boissard ou l’art de se réinventer

Des années que je n’avais pas lu cet auteur qui évoque souvent dans ses romans les relations familiales, le couple, les souvenirs et l’importance du passé et de nos actions sur le présent.

Lou a seize ans. Cette jolie jeune femme dynamique a un grand défaut (à ses yeux !) elle est rousse. Elle est surtout pompiers volontaire, sans doute par passion pour son parrain, Philippe, le frère de son père disparu depuis trois ans. Lou est amoureuse de Stan, un jeune photographe qui se rêve aspirant criminologue.

A Montsecret, leur  village tranquille de Basse-Normandie, des incendies inexpliqués frappent depuis plusieurs mois les repas de noces. Dans de telles circonstances le risque de faire de nombreuses victimes est grand. Fort heureusement, grâce à Philippe et aux pompiers du village, il y a eu peu de décès.

Ces incendies inexpliqués intriguent Lou et Stan qui décident de mener leur propre enquête. Ce qui n’est pas sans danger car la piste pourrait les mener là où ils n’ont pas vraiment envie d’aller. C’est ce que va découvrir Stan à ses dépends, car la vérité n’est pas toujours bonne à mettre en lumière. Lou devra continuer seule et tenter de démêler le vrai du faux, sans se laisser abuser par ses sentiments.

L’auteur a l’art de décrypter les relations humaines complexes, mais aussi les affres de l’adolescence avec ses premiers émois amoureux et ses interrogations bien légitimes. Elle rend également hommage au métier de sapeur-pompier. Sous des airs plutôt légers, car comme à son habitude le roman est court et l’auteur ne s’attarde pas sur les personnages ou les événements,  la palette de sentiments abordés est large et plus complexe qu’il n’y paraît. Le livre se lit d’une traite, comme c’est souvent le cas pour les romans de Janine Boissard qui a l’art de dire les choses simplement et cependant d’accrocher ses lecteurs. A conseiller pour vous changer les idées cet été.

Catalogue éditeur : Fayard

Elle a seize ans, elle s’appelle Lou.
Son père est décédé il y a trois ans. Sa mère est infirmière, et son oncle et parrain est pompier.
Bref, sa vie familiale et affective est un peu compliquée.
Et pour ne rien arranger, elle tombe amoureuse d’un photographe amateur qui rêve d’entrer dans la police… Lire la suite

Janine Boissard est l’auteur d’environ trente-cinq livres, dont L’Esprit de famille, tomes I à VI (Fayard, 1977-1984), et plusieurs œuvres romanesques.  Janine Boissard a été décorée des Palmes Académiques pour son action auprès de la jeunesse.

Parution : 03/06/2020 / Pages : 256 / Format : 153 x 235 mm / Prix : 19.90€  EAN : 9782213716732 / Prix Numérique : 14.99€ EAN numérique : 9782213715407

Les choix secrets, Hervé Bel

Un portrait d’une femme qui interroge sur les choix d’une vie

A une époque où les filles écoutaient leurs parents pour le choix d’un époux Marie a décidé seule qu’elle convolerait en justes noces avec André. Ce bel homme qu’elle observait de loin lui semblait porteur de promesses. Marie, fille du commandant Cavignaux, expatrié en Indochine puis revenu au pays auréolé d’une gloire locale. Marie consciente de sa valeur, bien supérieure à celle des autres filles du village. A quatre-vingt ans passés, André son mari depuis soixante ans est toujours à ses côtés, fade, insignifiant, effacé, malade.

Une tuile du toit est tombée dans la nuit, il faut appeler le petit cousin Roger à la rescousse. Mais il va entrer dans la grande maison de famille, froide, à l’abandon, comme tout dans la vie de Marie, comme elle-même. Ce matin-là André souffre, il a passé une nuit horrible mais elle ne veut pas de médecin chez elle. Certaine qu’il veut lui faire honte, qu’il fait forcément semblant, Marie se mure dans son mépris pour cet époux malade, sa rancœur d’une vie qu’il ne lui a pas offerte, sa jalousie du bonheur des autres. Elle s’obstine à ne rien voir, n’accepte pas la vérité.

Et avec le jour s’égrènent les souvenirs de 80 ans de vie. La jeunesse au village, le choix d’épouser André envers et contre tous, l’Indochine et le séduisant Hervé Perrot, qui lui fait la cour, un soupirant à sa mesure, promesse d’une vie meilleure. Elle hésite longtemps mais finalement ce sera le retour au pays, seule, pour épouser celui qu’elle s’est choisi. Marie est séduisante. C’est une belle femme qui aime s’habiller, sortir, recevoir pour le thé. Son instituteur de mari s’avérera sans ambition, puisqu’il n’aura même pas celle de devenir directeur d’école. Il lui aura tout fait subir cet homme qui n’a aucune envergure. Ils auront deux fils, l’un brillant qui disparait si jeune, l’autre qu’elle peine à aimer. Puis ce sont les années de solitude, le chagrin de la perte et du deuil, d’un père, d’un fils. La vie est dure, en tout cas elle se complaît à le penser. Marie est exigeante, austère, méchante, égoïste, et pourtant elle a vécu tant d’années aux côtés d’André.

Cette femme singulière, égoïste, perpétuellement insatisfaite, embourbée dans sa crasse et ses ressentiments est terriblement dérangeante dans sa façon d’être. Jusqu’au bout, elle reste avec ce mari qu’elle a choisi, pourtant elle sait que ses choix n’ont pas forcément été les bons, que sa vie n’est pas celle dont elle a rêvé. Il est aussi difficile de s’y attacher que de la laisser et de refermer cet étrange roman. Car l’auteur interroge sur nos choix de vie, sur ces années qui passent, inéluctablement, cette jeunesse qui s’enfuit et que l’on ne pourra jamais retrouver.

Roman lu dans le cadre des 68 premières fois, session anniversaire 2020

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

Il n’y a plus que la cuisine et le mari, le ciel gris derrière la mousseline des rideaux et ce présent dont il faut bien se contenter. Le temps n’a fait que traverser son corps. Il est passé, la laissant inchangée dans sa façon d’appréhender les choses et les gens. H. B.

Marie est une vieille femme qui ne veut pas être dérangée. Elle souhaite que chaque chose soit à sa place, que chaque jour s’écoule comme la veille, sans imprévu, sans douleur, afin qu’elle puisse contempler tout ce que la vie lui a permis d’accumuler : les objets, les photos, les souvenirs. Aujourd’hui cette vie sans histoires lui convient. Avant, elle brûlait de vivre, elle cherchait la passion et les drames, la souffrance – la sienne et celle des autres. Elle s’est mariée, a eu deux enfants, a hérité de la maison de ses parents, mais a-t-elle vécu ? Un roman ambitieux qui offre un portrait de femme intime et dérangeant.

Prix : 7,10€ / 336 pages / Parution : 03/12/2014 / EAN : 9782253174912 / Éditeur d’origine : JC Lattès

Oxymort, Franck Bouysse

Oxymort de Franck Bouysse, un huis-clos oppressant et glaçant aux limites de la folie

Découvrir une autre facette de l’auteur de « Né d’aucune femme » ce roman qui nous avait tous tellement séduit l’an dernier..
Un homme est enchaîné sur un sol en terre battue, attaché dans le noir. Il ne comprend absolument pas ce qui a pu le mener jusque-là. Cet homme, c’est Louis Forell, professeur dans un lycée, une vie relativement banale, alors comment et pourquoi est-il arrivé là ?

Son geôlier lui fait jouer un jeu malsain afin de le lui faire deviner. Piégé dans cette cave obscure, il n’a pas d’autre solution s’il ne veut pas devenir fou, que de s’évader dans ses pensées, évoquer son travail, ses parents disparus, et surtout son amoureuse la belle Lilly avec qui la vie est si belle. Nous allons le suivre dans ce jeu mortel du chat et de la souris.


Le roman se lit vite, les chapitres courts alternent entre passé et présent, entre les souvenir de l’un puis de l’autre. Des vies défilent et rapidement le lecteur voit poindre toute la folie du geôlier, et de se demander alors jusqu’où l’amour peut mener un homme. Si le thème est abordé dans ce roman, c’est de façon plutôt singulière. Comme un oxymore auquel le titre fait référence peut être ? Je t’aime je te fais souffrir ?

L’écriture est rapide, rythmée, avec des phrases et des chapitres courts qui s’enchainent facilement. Si l’on n’y retrouve pas le style peaufiné et les belles phrases de Né d’aucune femme, c’est malgré tout un thriller qui se laisse lire et qui fait passer un bon moment.

Catalogue éditeur : J’ai Lu

Un homme s’éveille, enchaîné sur la terre battue d’une cave où règne un effroyable silence. Engourdissement, incompréhension. Qui ? Pourquoi ? La seule façon de repousser son désespoir, de lutter, est de remonter le temps, errer dans les corridors de sa mémoire et chercher à comprendre, en allant de piste en piste, pour tenir en laisse la folie. Guetter l’apparition d’une femme, au moment où les ombres s’étirent dans le crépuscule. Jouer la musique de sa survie.

Paru le 04/03/2020 / Prix : 7,20€ / 224 pages / 110 x 178 mm / EAN : 9782290219478

Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard

Lire ce roman brillant et singulier, Ça raconte Sarah, la passion intense, destructrice, l’amour fou et la mort

Ça raconte Sarah, ça raconte la rencontre un soir de décembre entre la narratrice et Sarah. La narratrice est la maman divorcée d’une petite fille, professeur, rien ne vient perturber sa vie plutôt rangée et banale. Un soir de réveillon, elle rencontre Sarah.  Sarah la femme fantasque, trop maquillée, mal habillée, violoniste dans un quatuor, qui lui avoue être passionnément amoureuse. Puis se seront les premiers baisers, les premiers gestes, les premiers moments ensemble. Les mots fusent, s’ajoutent les uns aux autres pour dire Sarah, l’amour comme une étincelle de soufre, l’amour qui fait souffrir, les voyages qui éloignent et parfois rapprochent, les émotions exacerbées, la passion qui brule.

Ça raconte Sarah, ses gestes, son corps, sa fougue, ses élans et son désespoir, Sarah changeante, amoureuse, tendre ou violente, passionnée toujours.

Une première partie particulièrement réussie, un portrait détaillé de tout ce qui constitue Sarah, qui se lit sans reprendre son souffle, qui dit, explique, détaille, ajoute les faits, les sentiments, les révoltes, les élans, les gestes tendres, l’amour physique, au point d’en oublier les autres, la fille, le compagnon, et son autre vie, là, à l’extérieur de ce couple fusionnel et dévastateur, qui dit l’attente des retrouvailles et le désespoir de la séparation.

Une deuxième partie qui dit l’après, après la mort, après la violence de la passion, après le bonheur, après la fuite. Une déchéance incompréhensible, inexplicable, qui m’a bien moins séduite, trop délétère sans doute.

photo de Pauline Delabroy-Allard par Dominique Sudre blog Domi C Lire

Pauline Delabroy-Allard, un auteur à suivre, rencontrée aux Correspondances de Manosque lors de la présentation de son roman en septembre 2018.

Catalogue éditeur : Les éditions de Minuit

Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.

2018 / 192 pages / ISBN : 9782707344755 / Prix : 15.00 €

Boys, Pierre Théoblad

Avec Boys, Pierre Théoblad nous offre des instants de vies résolument masculines. Cette plongée dans le cœur des hommes est un véritable bonheur de lecture !

couverture du roman Boys de pierre Théoblad chez JC Lattes photo Domi C Lire

Il aurait pu être photographe, tant ses récits semblent être des instantanés de vies absolument jubilatoires à lire. Tout d’abord si comme moi vous êtes de l’autre sexe car quelle joie de lire ces sentiments, ces désirs, ces interrogations qui nous montrent que pour chacun d’entre nous la vie est un éternel questionnement.

Qu’ils soient Théo ou Fred, père ou frère, amis ou amants, ils ont tous su me séduire par leur humanité, leurs tâtonnements, leurs hésitations et leurs certitudes. Mais tous, absolument tous nous parlent d’amour. Celui qu’on attend, qu’on espère, qu’on regrette, qu’on pleure. Amour pour une femme, un homme, un enfant, amour sous toutes ses formes, qui rassure ou qui inquiète, qui déstabilise ou qui rend plus fort. Qu’ils soient forts ou faibles, sûr d’eux ou fragilisés, ils sont hommes avant tout, avec leurs sentiments et leurs espoirs, leurs doutes et leurs peurs, leur jeunesse et leur vieillesse, et nous avons tellement envie de les entendre.

Mais que ces nouvelles sonnent juste, on s’y plonge, on les vit, on est avec eux tous, on vibre et on pleure, on se réjouit et on espère. Un vrai bonheur, une lecture que je vous conseille vivement.

Roman lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois.

Catalogue éditeur : JC Lattès

« J’ai aimé nos instants minuscules, nos instants de rien, ce que l’on croit être l’ennui, le quotidien, mais qui n’est autre que la manifestation sincère de l’amour, son expression nue et désintéressée. L’amour n’existe que là, dans ces intervalles dépourvus de consistance. »
Ce sont des hommes de tous âges, saisis chacun à un instant de bascule. Un mari qui enquête sur la vie secrète de sa femme, un séducteur qui s’apprête à retrouver une fille dont il n’a que faire, un sportif sur le déclin… Des losers magnifiques, des romantiques déraisonnables. Des pères sans enfant, de grands enfants devenus pères. Et, au milieu de tous ces hommes, il y a Samuel, que l’on retrouve à différentes étapes de sa vie, et qui doit faire face au plus difficile des renoncements.
Dans Boys, Pierre Théobald dresse un portrait sensible de la condition masculine aujourd’hui.

Né en 1976, Pierre Théobald est journaliste sportif. Il vit à Metz. Boys est son premier livre de fiction.

EAN : 9782709663243 / Parution : 03/04/2019 / 224 pages

Horrora Borealis, Nicolas Feuz

Horrora Borealis est diabolique à souhait. Laissez-vous happer par Nicolas Feuz et son thriller angoissant. Avec ce polar glaçant vous ne rêverez plus jamais de la même façon d’une aurore boréale !

Sur les rives du lac, à Neuchâtel en Suisse, pendant un festival de musique.  Un homme marche, et se sent traqué. Walker est inquiet, il guette et découvre celui qu’il cherche depuis longtemps, depuis ce voyage en Laponie. Car … que s’est-il passé en Laponie ?

Rapidement, une bagarre éclate, les hommes se battent, les coups de feu partent à l’aveugle, les morts tombent autour des deux hommes. Et toujours cette question, que s’est-il passé en Laponie ? Walker prend un  otage, un négociateur est appelé sur les lieux, puis un autre, Marc Boileau, dont la femme est à l’hôpital… et l’attente dure, l’angoisse monte, lancinante et violente.

En parallèle, Walker revit ce voyage en Laponie. Toute la famille était réunie pour passer les vacances de Noel, les trois enfants et les parents, là-haut près du cercle polaire pour découvrir chiens de traineaux, rennes et aurores boréales. Mais en lieu et place de toutes ces distractions idylliques, il y a cet homme qui rôde la nuit près du chalet, cette jeune femme qui erre la nuit dans le froid glacial, les mains ensanglantées, et le mystère qui plane. Car Walker est semble-t-il partiellement amnésique, et aujourd’hui il veut se remémorer ces instants que sa mémoire blessée avait choisi d’obérer. Car il s’avère bien évidement que le séjour vire au drame…

C’est passionnant, étonnant, différent des thrillers classiques, à aucun moment le suspense ne faiblit, l’intrigue est étonnement bien ficelée, complexe à souhait. Nicolas Feuz nous balade dans les étendues glacées pour notre plus grand bonheur de lecteur amateur de mystères, frissons garantis ! Je me suis laissée embarquer par ce roman que je n’ai absolument pas pu lâcher avant la fin, nuit blanche garantie, une réussite. Bien sûr, il en faut pas essayer de chercher des cohérences ou un réalisme pour certaines scènes, en particulier dans le froid et la neige, mais qu’importe. Eh oui, l’auteur sème des pistes que l’on peut suivre, ou pas… A lire au chaud sous la couette, avec un bon chocolat chaud, ou cet été bien sûr !

Catalogue éditeur : le Livre de Poche

Sur les rives du lac de Neuchâtel, en Suisse, des coups de feu éclatent en plein festival de musique. Le site est évacué. La grande scène devient le théâtre d’une prise d’otages. Un négociateur intervient. Le groupe d’intervention de la police s’organise. Dans l’esprit de Walker, une seule question compte : que s’est-il passé en Laponie ? Ses souvenirs sont flous. Mais il est clair que, de longue date, il ne croit plus au Père Noël. Et vous, y croyez-vous encore ?
Pages : 288 / Prix : 7,40 € / Date de parution: 22/08/2018 / EAN : 9782253258056 Éditeur d’origine: Slatkine et Compagnie

Avec toute ma colère, Alexandra Lapierre

Le roman d’un duel mère fille, « Avec toute ma colère » est né de la rencontre d’Alexandra Lapierre avec Maud et Nancy Cunard.

blog Domi CLire photo de la couverture du roman "avec toute ma colère"d'Alexandra Lapierre éditions Pocket

Il faut avouer que les héritières de la flotte de paquebots The Cunard Line ont de quoi retenir l’attention et forcer l’intérêt pour qui se penche sur leur histoire. Une relation mère-fille absolument pas banale puisqu’au cœur des années folles, ces héritières de fortunes colossales se sont détestées, ferraillant dans un duel à mort sur fond d’égalité, de liberté, d’insoumission.

D’abord, la mère Maud… Richissime  héritière américaine, amateur éclairée, femme cultivée et collectionneuse d’art tenant salon, véritable mécène dans l’Angleterre du XXe. Cette séductrice est aussi une femme terriblement conformiste qui se fond dans le rang pour garder la place qu’elle a obtenu de haute lutte dans la société, et qu’elle ne veut perdre sous aucun prétexte.

Puis Nancy, la fille…Elle est élevée par des nurses et délaissée par sa mère, qui va certainement la jalouser pour sa beauté et le risque quelle lui fait courir avec ses amants. Elle est belle cette femme que l’on découvre en couverture du roman, dans cette inoubliable photo de Man Ray en 1926, les bras parés d’innombrables bracelets anciens en ivoire. La fortune ? Elle nait avec, il ne lui reste donc qu’à trouver comment la dilapider et s’en servir, pour son plaisir celui de la cour qui l’entoure, puis rapidement pour s’opposer à sa mère, lutter contre le racisme anti noirs et pour l’égalité de tous dans la société dans laquelle elle vit. Véritable muse adulée par les artistes et les intellectuels, femme libre et sans entrave, elle partage la vie d’Aragon, de Neruda puis d’Aldous Huxley. Courageuse et désintéressée (mais comment ne pas l’être quand la fortune est là quoi qu’elle fasse) elle s’engage auprès des républicains pendant la guerre d’Espagne. Elle vit ensuite avec Henry Crowder, son grand amour, un noir américain qui lui vaudra l’ire de sa mère. Touchée par les implications de la ségrégation, elle publie un livre sur l’histoire de la négritude aux Etats-Unis, Negro : An Anthology publié en 1934. Nancy Cunard décède dans la solitude en 1965.

Ces deux héroïnes, tout comme l’époque dans laquelle elles évoluent, ont tout pour faire une œuvre  romanesque et vibrante de liberté. Quelle violence cette lutte à mort entre ces femmes, sans aucun espoir de réconciliation quand elles auraient eu tout pour vivre en bonne intelligence. Mais sans doute fallait-il batailler pour affirmer une indépendance et une soif d’égalité qui n’entrait pas dans le moule des convenances.

Alexandra Lapierre est une passeuse d’histoire et de témoignage sur des personnages forts qui ont marqué l’Histoire à leur façon. En s’appuyant sur des faits avérés, elle nous enchante et nous embarque dans ce duel à mort sans espoir de rédemption entre deux femmes qui ont passé leur vie à se déchirer dans l’incompréhension mutuelle. En faisant parler l’une et l’autre, puis leurs amis intimes, elle donne corps et puissance à ce témoignage de vies singulières, flamboyantes et fantastiques. Même si le lecteur reste quelque peu abasourdi face à la violence de leur conflit.

Catalogue éditeur : Pocket, Flammarion

Toute leur vie, c’est deux-là se sont aimées à se haïr. Un duel à mort.
À ma droite : la mère, Maud Cunard, richissime héritière d’une célèbre ligne de paquebots, mécène internationale à la conversation exquise, grande dame pétrie de conformisme.
À ma gauche : sa fille, Nancy Cunard. Excessive, audacieuse, scandaleuse, muse et amante d’Aragon, de Neruda, d’Aldous Huxley. De tous les combats pour la liberté, pour l’égalité raciale, pour le progrès social…
D’accord sur rien. Semblables en tout.
De la guerre qui les oppose, aucune ne sortira victorieuse.

EAN : 9782266287456 / Nombre de pages : 336 / Format : 108 x 177 mm / Date de parution : 07/03/2019 / Pire : 7,50€

Meurtre à Montaigne, Estelle Monbrun

Meurtre à Montaigne, d’Estelle Monbrun célèbre les 25 ans de la collection chemins nocturnes, des éditions Viviane Hamy.

En Dordogne, à Saint-Michel-de-Montaigne, les touristes adorent visiter la tour et la célèbre librairie du château de Montaigne. Olivier, un étudiant spécialiste de l’auteur fait le guide pendant ses vacances. Un matin, il découvre le corps inanimé d’un jeune homme au pied de la tour.
Sur l’Ile d’Oléron, Mary, une étudiante américaine assistante de Michel Lespignac est aussi la baby-sitter des petites filles de ce grand spécialiste de Montaigne. Sur la plage, elle retrouve Caro, une jeune fille rencontrée lors de son arrivée à Paris…  Un instant d’attention, et les petites filles ont disparu…
Le commissaire Foucheroux  vient de prendre sa retraite et n’a pas encore trouvé son rythme. Lorsqu’on l’appelle à la rescousse pour résoudre cette affaire d’enlèvement qui s’avère plus complexe que prévu, il est ravi de seconder son ancienne assistante, la commissaire Leila Djemani. Ils doivent être efficaces et très discrets, eu égard au statut de Lespignac. Ce dernier doit très prochainement faire paraitre une bombe qui va secouer le milieu littéraire et les aficionados de Montaigne.

De l’enlèvement aux découvertes multiples sur les personnalités et le passé des différents protagonistes, faux-semblants, trahison, envie, jalousie, désir de vengeance, filiation et généalogie, de nombreux  thèmes vont être adroitement abordés par Estelle Monbrun. L’intrigue est parfois embrouillée et semble traitée avec légèreté, trop fin de siècle peut-être (mais où est passée la police scientifique ?) Sans doute parce que nous avons affaire à des littéraires purs et durs ! Par contre l’humour et les références littéraires sont constamment présents dans ce polar rocambolesque qui plonge le lecteur dans l’histoire des lieux et de l’écrivain. Malgré tout, ce thriller plus littéraire que noir se laisse lire fort agréablement. N’y cherchez pas une enquête fouillée et des policiers aguerris, mais plutôt une écriture et un texte érudits qui donnent envie de découvrir ces lieux chers à Montaigne, parce que c’était lui, parce que c’est vous !

Catalogue éditeur : Viviane Hamy

Un rapide pincement des lèvres rouge vif aurait indiqué à une personne moins naïve que Mary que sa présence n’était pas vraiment souhaitée. Mais sa proposition fut acceptée, et, en chemin, elle apprit que Caro faisait ses études à l’École des beaux-arts et habitait à la Cité universitaire. Après deux bises à la française, que les Américains appellent air kisses et qui n’engagent à rien, Mary suivit des yeux sa nouvelle connaissance, qui emprunta l’avenue Foch après lui avoir fait un petit signe faussement désinvolte. Quelques instants plus tard, Caro envoyait sur son portable le message suivant à une adresse cryptée­ : « Le cabillaud sera une rascasse. Veronica. »

Avec Meurtre chez tante Léonie, Estelle Monbrun a inauguré la collection « ­Chemins Nocturnes­ » aux Éditions Viviane Hamy. D’autres « meurtres » suivront. On la compare souvent à David Lodge et à Agatha Christie : « L’auteur emprunte au premier des références sarcastiques sur le milieu universitaire, représenté avec un humour impitoyable, mais aussi attendri. À la seconde, son art de la narration, des fausses pistes, des coups de théâtre. » René de Ceccatty, Le Monde.
Vous voilà prévenus.

Parution : 14/03/2019 / ISBN : 9791097417277 / Pages : 224 p. / Prix : 19€

Estelle Monbrun (nom de plume d’une proustienne émérite) s’est lancée dans une carrière de professeur de littérature française contemporaine aux États-Unis, à New-York puis à Saint-Louis. Elle s’avère être une spécialiste reconnue dans le monde entier de l’œuvre de Marcel Proust et de celle de Marguerite Yourcenar. Parallèlement à son métier d’enseignante, Estelle Monbrun écrit des polars publiés par les Éditions Viviane Hamy. Ses écrits mêlent fraîcheur d’écriture, par l’aspect ludique et parodique de sa production littéraire, et profondeur, par la qualité documentaire et scientifique que ceux-ci proposent.
« Mes livres peuvent être lus comme de simples romans policiers, mais, si on connaît le texte source sur lequel je m’appuie, on peut s’amuser à reconnaître des citations cachées, des références stylistiques, des noms de personnages codés… C’est comme un clin d’œil permanent, une complicité à trois : un écrivain, une romancière, un lecteur. »