Plus de 200 kimonos, anciens et plus modernes, mais aussi objets, gravures, etc. sont là pour nous raconter l’histoire de ce vêtement emblématique porté au Japon depuis le XVIIe siècle. Un kimono est toujours en forme de T, sa diversité vient du choix des matières, broderies, accessoires associés. On peut d’ailleurs voir dans cette expo une grande variété de tissus, soieries, cotons, et de somptueuses broderies. Mais aussi techniques de teinture particulières, comme le Kanoko shibori, ou couleurs extravagantes à base de pigments naturels.
Vêtements aussi bien féminin que masculin, porté à tout âge, y compris par les enfants. Il existe depuis plus de 1000 ans. Ici, on peut voir des vêtements de l’époque Edo, de 1603 à 1868 jusqu’à aujourd’hui.
S’il est un vêtement emblématique de l’histoire du Japon, il est également toujours d’actualité.
On peut voir des pièces rares comme un kimono fabriqué par Kunihiko Moriguchi, mais aussi Yves Saint Laurent, John Galliano, etc. car il est toujours une source d’inspiration pour les grands couturiers.
L’expo est magnifique. Réservation obligatoire, mais l’un des avantages de ce musée c’est que le billet dure toute la journée y compris si vous sortez. Je suis donc allée voir les blacks Indians le matin avec mon petit fils, et suis retournée seule l’après-midi voir cette somptueuse exposition.
Je pensais découvrir une BD qui allait me parler d’histoire, de Russie et de personnages historiques connus, j’ai plongé avec surprise dans le tome 1 de ce manga qui se déroule au pays du soleil levant. Dans le Japon des années 90, Yuki, celui que l’on appelle Raspoutine est un jeune homme au service de son pays. D’abord employé dans les ambassades il se retrouve un jour incarcéré et accusé à tord de corruption et de collusion avec l’étranger.
Et le lecteur découvre alors les arcanes de la justice japonaise, la mauvaise foi du procureur en charge de son dossier, et comment par interrogatoires successifs, il va tout tenter pour réussir à l’inculper, qu’il soit coupable ou non.
Les relations entre la Russie et le Japon, en particulier les échanges houleux à propos des îles du nord et de leur appartenance à l’un ou l’autre des deux pays, sont au cœur de cette histoire. Le jeune Yuki est rapidement victime d’un système capable de détruire un homme pour arriver à ses fins. C’est tout à fait glaçant et particulièrement instructif quant au fonctionnement du système judiciaire japonais.
Une fois passée l’hésitation due au manque d’habitude pour la lecture de droite à gauche, je me suis rapidement laissée embarquer par ce thriller politico-historique.
Celui qu’on appelle le Raspoutine du ministère des affaires étrangères a été arrêté par la brigade spéciale du ministère public de Tokyo. Pourquoi ce diplomate semble-t-il impliqué dans la rétrocession des îles du nord de Hokkaido par la Russie? Basé sur l’expérience personnelle de l’ancien diplomate Masaru Satô, ce récit présente son combat contre un procureur de la brigade spéciale au cours de sesinterrogatoires quotidiens
Cette boule est la chose la plus puissante…depuis que l’homme est sur terre
Qu’est-ce qui fait qu’un homme ordinaire, pilote engagé dans la seconde guerre mondiale, devient malgré lui celui qui participe aux vols des B-29 qui ont largué la bombe sur Hiroshima le 6 août 1945. Celui qui dit Donc, c’est bon pour lancer les opérations et le largage de Little Boy.
Claude Eatherly rencontre Anna et tout de suite c’est le coup de foudre entre la belle Italienne actrice et l’apprenti pilote, le futur héros. Claude Eatherly s’est engagé pour faire comme tous les petits gars du Texas, qui veulent venger l’attaque de Pearl Harbor et ne peuvent pas rester au pays sans rien faire. Un mariage et un fils plus tard, le major Eatherly est envoyé sur une base aux confins du Pacifique pour réaliser l‘opération la plus importante de l’Histoire. Là, il va piloter un B-29, la plus grosse forteresse volante construite à cette époque.
Pourtant aujourd’hui il sort de l’hôpital psychiatrique où il a subit les traitements les plus terribles pour oublier la voix qui lui rappelle Enola Gay, Hiroshima et la bombe qui a fait des dizaines de milliers de morts sous les nuages. Qui est-il et pourquoi doit-il subir ces traitements… Car il est celui qui entend les voix des jeunes filles perdues, touchées par la bombe, à jamais bannies de leur propre pays tant la peur est grande des conséquences. Cette voix en particulier qui parle et qui raconte ce qu’elle a vu en ce jour qui n’est autre que le début de l’enfer, pour elle qui était vivante au milieu de ombres.
Si vous aviez oublié cet épisode terrible de la fin de la seconde guerre mondiale, il est ici décrit avec force détails, comme si nous étions sur les bases américaines, dans la tête des pilotes, dans la vie des femmes restées au pays et qui attendent le retour du héros, des parents qui espèrent revoir leurs fils, fiers de savoir qu’ils sont partis combattre l’ennemi pour venger leurs morts, mais qui attendent dans la douleur et l’inquiétude le retour des vivants.
J’ai aimé cette écriture brève, incisive, ce style reconnaissable entre mille d’un auteur que j’apprécie de roman en roman.
J’ai aimé cette façon d’appréhender l’histoire par la petite porte, celle des hommes oubliés, rejetés, blessés, anéantis. Et cette façon de nous montrer comment chez ce héros malgré lui d’une mission qui va le hanter toute sa vie, les remords et les regrets anéantissent sa vie et celle de sa famille. Une fois de plus il a su déterrer l’inconnu, celui dont personne ne parle mais qui pourtant était là, sans doute au mauvais endroit au mauvais moment, qui a vécu au plus près un moment fort de notre histoire récente. Il nous le rend proche, humain, fragile, terriblement blessé au plus profond de lui-même par un acte que d’aucuns ont pourtant qualifié d’héroïque et indispensable pour arrêter le conflit mondial là-bas, du côté du Japon.
Pour aller plus loin :
Les victimes : Hiroshima : 68 000 à 140 000 morts ; Nagasaki : 35 000 à 80 000 morts ; Total : 103 000 à 220 000 morts … (Wikipédia)
Les ombres d’Hiroshima : Lorsque l’onde frappe une personne, son corps en absorbe l’énergie. Il sert alors de bouclier à ce qui se trouve derrière. Ainsi, tout ce qui se trouve autour est décoloré par la puissance de l’onde lumineuse. Il en résulte une ombre, de la forme de ce qui se trouvait sur le passage de l’onde, empêchant la décoloration de la surface derrière elle. (Toms guide)
Voici l’histoire vraie du jeune pilote Claude Eatherly qui, le 6 août 1945, a participé au bombardement d’Hiroshima. Démobilisé, il est accueilli en héros mais s’enferme dans le mutisme. Une étrange voix le hante. Qui est-elle ? Que veut-elle ? Et si c’était la voix de sa conscience ? Tandis que les autorités le font passer pour fou, Eatherly entraîne sa femme et ses enfants dans une chute inexorable.
Plonger dans une tasse de café aux vapeurs douces amères
L’an passé j’avais poussé la porte du Funiculi funicula pour y découvrir les aventures de Tant que le café est encore chaud, j’y reviens aujourd’hui avec plaisir.
Nagare est toujours derrière le comptoir, sa fille de sept ans rêve d’être en âge de verser le café qui aide à retourner dans le passé. Il est toujours secondé par Kazu, serveuse aussi discrète qu’efficace.
Au Funiculi funicula, certains clients entrent dans un seul et même but, faire un voyage dans le temps. Passé ou futur, chacun a le choix et doit simplement savoir que son voyage ne changera en rien le cours des événements passés ou futurs. Kazu connaît les règles et les édicte simplement pour qu’elles soient bien comprises, elle verse ensuite le café fumant dans la tasse d’une blancheur immaculée. Un breuvage fort et amer qui devra être terminé tant que le café est encore chaud.
Tour à tour viennent se confronter à leur passé Gôtaro, qui élève sa fille seul ; Yukio, pour enfin parler avec sa mère après toutes ces années d’absence ; Kurata cherche à revoir celle avec qui il aurait pu être heureux ; Kiyoshi, inspecteur de police, veut enfin offrir son cadeau d’anniversaire à son épouse.
Le ton est à la fois léger et sérieux, avec cette sobriété toute japonaise qui donne une impression de sérieux et de froideur. Pourtant la vie et l’espoir sont là, présents, confortés par les voyages d’où il faut revenir le cœur parfois brisé, mais souvent plus léger. Bien sûr, le lecteur connaît vite les conditions à respecter pour faire ce voyage, et les nombreuses répétitions sont parfois un peu lourdes. Mais il y a surtout de belles émotions, des conseils sur l’amitié, l’amour, la famille, les regrets, les désirs, une thérapie par l’expression d’un bonheur simple, sans essayer de changer ce qui a été ou ce qui sera.
J’ai aimé retrouver cette ambiance feutré et discrète, ces trois pendules, ces serveurs et leurs clients avec leurs chagrins et leurs questions. Et ce même si peu de choses ont changé depuis le premier roman. Finalement chacun vient chercher dans ce café le plaisir immuable et salvateur, celui de se retrouver face aux personnes qui les ont marqués dans leur passé.
La légende raconte qu’un petit café tokyoïte propose une expérience unique à ses clients : voyager dans le passé… le temps d’une tasse de café. Gôtarô voudrait revoir un ami décédé il y a plus de vingt ans; Yukio, dire à sa mère combien il s’en veut de n’avoir été plus près d’elle ; Katsuki, retrouver la jeune fille qu’il regrette de n’avoir épousé; Kiyoshi, un vieil enquêteur, offrir sa à femme le plus précieux des cadeaux… Se réconcilieront-ils avec leur passé ?
Toshikazu Kawaguchi est né à Osaka en 1971. Il est dramaturge et a produit et dirigé le groupe théâtral Sonic Snail.
Date de parution 02 novembre 2022 / 18,90 € / 224 pages / EAN : 9782226475343
Haruki Murakami ou l’art du dérisoire. Un t-shirt, rien de plus banal, peut-être aussi rien de plus amusant, personnel, offert, différent, singulier.
C’est en faisant une sorte de liste à la Prévert de ses T-shirts préférés que l’auteur a décidé de nous parler de lui.
Lui et son amour de tel ou tel modèle, les circonstances de l’achat, du cadeau, les mots échangés, les sourires ou les silences. Pourquoi, quand, avec qui, il y a tout cela et plus encore. Comme par exemple un t-shirt qui fait la publicité pour de hamburger, ou au contraire pour Murakami lors de la parution d’un de ses livres. Ceux des magasins de disques, ceux qui parlent d’animaux, ceux avec quelques mots, le moins possible, écrits dessus, ceux achetés lors de concerts mythiques ou du moins que l’on a vraiment aimé, bref, il y en a pour toutes les occasions, et c’est ce que l’auteur nous rappelle ici.
En fin du livre, on trouve deux intéressantes interview de l’auteur à propos de sa collection de t-shirts.
D’ailleurs, et vous, si vous deviez chercher lequel de vos t-shirts vous aimez le plus ? Ou celui dont vous n’arrivez pas à vous séparer ? Pour ma part, je pense que ce sont les deux qui sont sur la photo, ils ont près de vingt ans, mes enfants les avaient offerts à leur père pour une fête -des pères sans doute- ils ont bien vieillis, mais je les aime toujours autant ! Difficile de m’en séparer. Et en lisant ce livre, j’ai eu envie de faire un peu le tour de mes étagères, si je ne collectionne pas les t-shirt, je me souviens d’où ils viennent. Merci à l’auteur de m’avoir plongée dans quelques souvenirs avec parfois un brin de nostalgie ! Comme quoi, la lecture mène à tout.
C’est toujours une bonne surprise de lire les textes de Haruki Murakami, et cette édition avec sa couverture cartonnée est du plus bel effet. Alors n’hésitez-pas, qui sait, avec l’éternel T-shirt que vous offrez à vos amis à Noël, il pourrait bien y avoir aussi ce livre !
Seul le maître Haruki Murakami pouvait choisir de raconter sa vie à travers sa collection de T-shirts. Inédite en France, joliment illustrée de surprenantes photos, une autobiographie unique, à la fois nostalgique, piquante et cocasse, qui ouvre une brèche sur la personnalité un brin excentrique d’un auteur notoirement secret.
Lequel de mes T-shirts a le plus de prix pour moi ? Je crois que c’est le jaune, celui qui porte l’inscription « Tony Takitani ». Je l’ai déniché sur l’île Maui, dans une boutique de vêtements d’occasion et je l’ai payé un dollar ; après quoi, j’ai laissé vagabonder mon imagination : quel genre d’homme pouvait bien être ce Tony Takitani ? Puis j’ai écrit une nouvelle dont il était le protagoniste, nouvelle qui ensuite a même été adaptée en film.
EAN : 9782714497192 / Nombre de pages : 200 / 24.00 € / Date de parution: 10/11/2022
Partir dans une autre dimension, humaine, poétique, nostalgique
Marie est malade, et sait que sa fin est proche. Elle a apprivoisé la maladie et connaît bien les faiblesses de ce corps qui l’abandonne. Elle qui a tant souffert du manque depuis la disparition de son mari, cet amoureux que la montagne lui a enlevé trop jeune, accepte la fin annoncée. Depuis le décès de son mari, elle s’est réfugiée dans les livres, le rêve, les souvenirs, en s’occupant vaille que vaille de ses filles et de son fils.
Aujourd’hui, c’est à son fils qu’elle demande l’impossible, l’emporter sur son dos pour faire son Ubasute. Cet acte que pratiquaient les japonais et que nous avait fait découvrir la balade de Narayama, cet émouvant film vu dans les années 80 et dont je me souviens encore. Emporter sur son dos celle qui l’a vu naître et l’a élevé pour qu’elle rejoigne sa dernière demeure, la montagne glacée.
Tout au long du voyage les souvenirs, les mots que l’on ne s’est pas dit, les espoirs et les attentes, sont effleurés par l’un comme par l’autre, pensés plus que dit, et peu à peu la mère disparaît au profit des paroles du fils qui devra apprendre à vivre sans elle.
Il y a beaucoup d’amour au milieu des silences et des souvenirs dans ce beau roman très poétique qui touche au cœur plus sûrement que de longs discours.
MARIE VA MOURIR. Elle demande à son fils de la porter dans la montagne pour la déposer sous le Grand Rocher. Ce court périple est la dernière chance pour Marie de parler à son fils. Ce roman autour de l’ubasute, cette tradition ancestrale du Japon qui voulait que l’on abandonne en montagne une personne âgée et malade, brosse le portrait d’une femme lumineuse. C’est un véritable hymne à la vie, à sa beauté et à sa cruauté.
Parution : 25/08/2021 / ISBN : 9782357071667 / 15 €
C’est un étrange voyage que nous propose Dany Laferrière avec ce roman dessiné, entre le japon de Bashô et l’Amérique, entre New-York et Berlin, Québec et Port-au-Prince. Aller de poésie en dessins, de paroles en cris, de questions en affirmations. Tout à fait le genre de livre que l’on pose sur la table du salon pour le reprendre régulièrement, en lire quelques mots, quelques textes, écouter les questionnements sur l’homme, le racisme, la vie, les villes et les habitants croisés lors des pérégrinations de l’auteur.
C’est à la fois un touche-à-tout étonnant et une continuité dans les couleurs vives et joyeuses pour la plupart, les mélanges, les voyages, les citations, les phrases posées là, comme par hasard, au fil des dessins qui les représentent. Et surtout, sans en avoir l’air, une façon de poser des mots sur la réalité du monde qui l’entoure, qui nous entoure, et y poser surtout un regard neuf, surpris, bouleversé ou parfois même attendri, par une voisine, un enfant, un paysage.
Et ces phrases si étonnantes !
Le pyjama intimide toujours les actifs (ah, est-ce toujours vrai après deux ans de confinement/télétravail!)
Revoir la même chose sous un nouvel angle et si c’était cela justement que nous propose Dany Laferrière ?
L’avez-vous lu ? En avez-vous lu un autre écrit de la même façon par l’auteur ? C’est une étonnante découverte pour ma part.
Voici le troisième roman dessiné de Dany Laferrière chez Grasset. Après « Autoportrait de Paris avec chat » et « L’exil vaut le voyage », « Sur la route avec Bashô » suit la méthode nonchalante et néanmoins réfléchie de Bashô, le moine-poète japonais du XVIIe siècle, une des inspirations constantes de l’auteur (qui comme on sait est un écrivain japonais). Le narrateur de cette histoire parcourt le monde d’aujourd’hui, de l’Amérique au Japon en le prenant par surprise. Qui se méfierait d’un rêveur ? Il ne rêve pas du tout. Il admire (les femmes écrivains qu’il lit, de Jean Rhys à Zora Neale Hurston). Il se remémore (les divinités vaudoues). Il éprouve de l’affection (envers une de ses voisines alors qu’il séjourne à New York). Des dessins stylisés parcourent le texte, qui sont peut-être la rêverie de ce narrateur « dans ce monde sans pitié ». Voyageant dans le monde contemporain, il ne peut que constater que la menace est partout. Dessinant ce qu’il voit, le narrateur écrit aussi des mots. Et par exemple ceux-ci : « Black lives matter ». « Un nègre est un homme et tout homme est un nègre », a-t-il dit au début de sa pérégrination. Nègres sont donc les manifestants de Hong Kong qu’il voit réclamer la liberté. Pourtant, son intention n’est pas de changer le monde, nous dit-il, « simplement d’y vivre ». Et l’on comprend alors que, comme le disait Pavese, c’est un métier de vivre. Heureusement, il y a la littérature, le jazz, les femmes élégantes, les cafés et les fleurs. Il y a encore des rayons de soleil.
Parution : 13 Octobre 2021 / Pages : 384 / EAN : 9782246828884 prix : 22.00€/ EAN numérique : 9782246828891 prix : 15.99€
Lauréat du Prix du quai des Orfèvres, Alexandre Galien a aussi travaillé à la DRPJ (direction régionale de la police judiciaire). Je l’ai découvert avec Le souffle de la nuit, il revient avec Soleil Levant.
Son flic emblématique le commandant de la Crim Philippe Valmy est parti au Nigeria se changer les idées. En proie à la dépression, il tente d’échapper à ses hallucinations. À son retour, il demande à intégrer la Baspa (la Brigade d’assistance aux personnes sans-abri) le genre de groupe que l’on intègre généralement en fin de carrière ou si l’on est particulièrement désabusé, ce qui est son cas.
Pendant ses maraudes, il croise de nombreux sans domicile fixe, et sympathise avec Ziggy, un marginal toxicomane qui s’avère être également un ancien champion d’arts martiaux.
En parallèle, le capitaine Quefelec doit enquêter sur la mort étrange de Morita, un homme d’affaires japonais. Ce dernier vient de se suicider dans une chambre du Crillon selon la tradition du hara-kiri. Suicide ou meurtre, le doute est permis. Sur les lieux, des traces conduisent les enquêteurs à Ziggy, qui exige que Valmy mène son interrogatoire. Alors que son ancienne équipe est maintenant dirigée par Alice Quintet, une jeune femme sans expérience qui peine à y faire sa place, il doivent travailler de concert.
Les ramifications s’avèrent à la fois politiques et mafieuses, avec une incursion dans le monde très secret des arts martiaux au japon, de la formation des jeunes au cercle très très fermé de ceux qui les pratiquent. D’ailleurs, les flash-back dans le passé et la courte vie de Ziggy sont à la fois impressionnants de noirceur et de complexité, totalement angoissants ils éclairent d’un jour nouveau les turpitudes des manipulateurs. Dans une atmosphère à la fois trouble et sordide, de Paris aux quartiers les plus chauds de Tokyo, l’auteur nous entraîne à un rythme soutenu dans de bien sombre territoires.
» Le décor était doux, presque trop. Sur le bord du lit, le tanto le narguait toujours. Giri Haji. Il était temps… Sa dernière pensée articulée ne serait ni pour sa femme, ni pour sa fille, ni même pour ses vices. Autour de sa chemise, il avait serré sa ceinture. Les entrailles ne devaient pas tomber. Il posa le poignard sur la gauche de son abdomen, y fit une entaille en diagonale. Un cri venu des profondeurs de la terre lui échappa. Sans qu’il ait le temps d’en finir avec son rituel, sa face s’écrasa contre le sol. Giri… «
Bien décidé à en finir avec son passé douloureux, Philippe Valmy réintègre son groupe pour une enquête qui les conduit d’un palace parisien aux quartiers chauds de Tokyo. Mais cette affaire aux ramifications tentaculaires pourrait bien être celle de trop pour le flic au cœur brisé…
Parution :10/11/21/ Prix :18.95 €/ ISBN :9782749944166
Prendre une leçon de vie dans le café de tous les possibles
Quel est le lien entre les différentes personnes qui fréquentent un même lieu, en l’occurrence, le café Funiculi funicular à Tokyo ?
Dans ce café insolite on retrouve tour à tour Fumiko, cette jeune femme qui a rendez vous avec son petit ami au café ; Mlle Hiraï, cette autre jeune femme toujours pressée, les bigoudis sur la tête, qui semble être une femme tellement libre, pourtant elle refuse de rencontrer sa sœur Kumi chaque fois que cette dernière vient la voir à Tokyo ; Mr Fusagi et son éternelle revue de voyage qu’il annote depuis tant de mois, accoudé à l’entrée du café et son infirmière la très discrète Mme Kotâke ; Kei, l’épouse de monsieur Nagare qui tient le café et attend leur premier enfant, malgré de réels soucis de santé ; Et cette femme en blanc qui lit toujours le même livre, assise chaque heure de chaque jour à la même place, sur la même chaise, inlassablement.
Et si le lien était justement le secret de ce café hors du temps qui n’a jamais changé depuis sa création cent quarante ans plus tôt ? Car dans ce café aux trois pendules, le voyage que l’on vous propose est à faire dans le passé ou dans le futur. Mais rien, jamais ne peux changer après que vous ayez fait ce voyage, ni le futur, ni le passé, ni le présent.
S’il y a plusieurs conditions pour pouvoir effectuer ce voyage singulier, la plus impérative est qu’il faut revenir à l’instant présent tant que le café est encore chaud. Alors si c’est aussi compliqué, et si rien ne peut changer, pourquoi tentent-elles leur chance ces femmes qui embarquent pour un voyage dans le temps ? Et si la réponse était simplement dans le fait qu’il existe une autre façon d’accepter et de voir les autres, ne pas chercher à changer ce qui est, mais au contraire comprendre qu’il faut changer soi-même ?
Voilà un joli roman qui interroge sur notre volonté de modifier le cours des choses avant même notre façon d’être. Une leçon de vie et de philosophie à la fois simple et évidente. La sobriété et la délicatesse du Japon émaillent ces pages pour le plaisir du lecteur. Un roman très agréable à lire.
Chez Funiculi Funicula, le café change le cœur des hommes. A Tokyo se trouve un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud. Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience et comprendre que le présent importe davantage que le passé et ses regrets. Comme le café, il faut en savourer chaque gorgée.
Quand une découverte incroyable bouleverse et interroge notre civilisation
La terre a tremblé une fois de plus au japon. Il n’y a pas eu de réplique mais le village d’Atsuma, sur l’île d’Hokkaïdo est entièrement enseveli. La coulée de terrain qui a englouti les villageois a aussi dégagé une nécropole impressionnante et insoupçonnée.
Immédiatement, des scientifiques de tous pays se rendent sur place à la demande des autorités pour examiner la nécropole. Laura, une paléontologiste reconnue de ses pairs, est du voyage. Elle est accompagnée de Tom, son fils autiste, qui a ressenti le cataclysme au plus profond de son être et fait comprendre à sa mère qu’il devait aller sur place avec elle vivre cette incroyable expérience.
Dès qu’une datation est possible, le monde entier est plongé dans l’incrédulité et la stupeur. Il semble bien que les corps et éléments enfouis là bouleversent toutes les connaissances humaines sur l’apparition de l’homme sur terre.
Denis Drummond nous propose une dystopie humaniste, scientifique et riche de questionnements. Comment tourne cette planète que nous détériorons chaque jour un peu plus ? Et si le dernier homme d’une civilisation perdue était là pour nous montrer le chemin ? Six parties constituent ce roman à la structure étonnante, comme les six éléments de l’ADN, proposés de façon répétitive : après une définition viennent Récit, Le journal de Sandra, Chroniques-articles-correspondances, Le Dit de Tom, Le Dit du Vivant.
De nombreux thèmes sont abordés. D’abord la différence, avec Tom, le fils autiste de Laura. Son comportement, l’évolution de sa différence, de sa relation au monde, aux autres, aux bruits et aux événements perturbants qu’il a du mal à accepter mais que peu à peu il réussit à accepter, à intégrer. Une façon de montrer que l’autisme a tellement de facettes et de caractéristiques différentes en fonction de ceux que cela touche.
L’étude paléontologique, la science, la recherche et les conflits autour des découvertes au niveau mondial, avec cet aréopage de scientifiques venus des plus grandes universités ou centres de recherches basés sur les six continents ; et les bagarres de ceux qui ne sont pas inclus dans le sérail des sachant.
L’immuabilité de la civilisation japonaise, à travers en particulier l’exemple de la réparation d’une céramique cassée à laide de poudre d’or pour en faire un autre objet, différent mais ayant toujours autant de valeur, ou encore la façon de reconstruire à l’identique y compris des sites millénaires et de les considérer toujours de la même façon, enfin la magie du travail d’Akira Ito. Cet artiste de la lignée des plus grands maîtres de l’estampe japonaise, d’Hiroshige à Hokusai, qui réalise lui aussi estampes et calligraphies et est considéré par tous comme un dieu vivant.
Le réchauffement climatique, la destructions des espèces d’animaux, de plantes, la raréfaction des ressources, les céréales génétiquement modifiées pour résister à l’appauvrissement en eau et continuer à nourrir les populations toujours plus nombreuses, l’appauvrissement des civilisations et leur destruction à plus ou moins long terme, autant d’éléments abordés ici et qui sont cruellement d’actualité.
Et bien sûr, nous suivons en parallèle le récit du Vivant et le décryptage des nombreuses pièces découvertes dans la nécropole, qui montrent la fragilité des différentes civilisations et la fugacité de l’existence de l’Homme sur terre.
Si ces thèmes sont foison, ce n’est ni fastidieux ni moralisateur. On est dans une posture de questionnement sur le devenir de la planète à travers l’étude des civilisations perdues. Ce kaléidoscope de personnages attachants et singuliers fourmille d’interrogations et de mystère, et donne sa force au récit. J’ai forcément pensé par moments au roman La nuit des temps, de Barjavel.
Vous aimez les dystopies, les romans d’anticipation, les récits qui interrogent, alors le Dit du Vivant est pour vous.
Je suis le Vivant. Le dernier d’entre nous. Quand j’aurai terminé mon ouvrage, je quitterai ce monde, laissant une trace secrète dans un repli du temps.
Un séisme au Japon met au jour une vaste sépulture. Sandra Blake, paléogénéticienne, se rend sur les lieux, avec Tom, son petit garçon, autiste. La datation du site archéologique plonge la communauté internationale dans la stupeur. Une civilisation jusqu’alors inconnue se révèle peu à peu, et met à bas toutes les connaissances acquises. Sandra et l’équipe de recherche qu’elle a constituée sont prises dans un suspense scientifique qui les dépasse… Construit en six parties, comme une séquence d’ADN – réunissant récits, journaux, chroniques, articles de presse et correspondances –, ce roman-monde est écrit à la manière d’une odyssée.
Denis Drummond, d’origine franco-écossaise, est l’auteur de trois recueils de poésie et de cinq romans. La Vie silencieuse de la guerre (le cherche midi, 2019) a été distingué par le prix Révélation de la Société des gens de lettres.
EAN : 9782749166896 / pages : 288 / format : 140 x 220 mm / prix : 19.00 €