La porte du vent, Jean-Marc Souvira

Quand le vent de l’Histoire souffle sur le présent, un polar humain et intelligent

Dans ce nouveau roman tant attendu, Jean-Marc Souvira nous entraîne auprès de clans mafieux qui réalisent ensemble des opérations financières frauduleuses à grande échelle, alors que tout devrait les séparer, culture, origine, religion.

D’un côté le clan Nathan, ce sont des juifs qui habitent du côté de Saint Mandé et aiment faire démonstration de leur force et de leur richesse.
De l’autre côté l’empire du chinois Shen Li. Le patriarche prend soin de gérer son empire sans jamais montrer son immense fortune. Une vieille voiture, des gardes du corps habillés comme de simple travailleurs, une société du côté d’Aubervilliers, il habite avec sa famille en Seine et Marne. Il ne se mêle jamais de trafic de drogue, c’est trop risqué à tout point de vue pour toute sa famille, c’est même absolument interdit.
Pourtant, à la suite de l’exécution en pleine rue de Richard Nathan, de son chauffeur et du garde du corps, que les bruits imputent à Shen Li, puis en représailles celle de son ami Sun Hao exécuté devant chez lui, il semble évident que quelqu’un parmi les siens a franchi la limite. Les morts violentes ne s’arrêtent pas là et bientôt les mafieux et les flics sont confrontés à une véritable hécatombe.

L’enquêteur en charge de ces affaires est Paul Dalmate, il doit tout mettre en œuvre pour élucider ces meurtres. Ancien séminariste, ce flic solitaire aime la musique, surtout depuis que Mistral (ceux qui ont lu les précédents roman de l’auteur apprécieront) lui a fait découvrir autre chose que les musiques sacrées. Dalmate traîne aussi quelques traumatismes venus d’une enfance difficile et qui vont se dévoiler peu à peu.

Tout le 36 est sur le pont, il ne faudrait pas que tout Paris s’embrase. Mais le mystère s’épaissit lorsque Avi Richter et Guo Tran, deux puissants responsables d’organisations criminelles débarquent à Paris. Ces vieillards sont des chefs incontestés qui ne se déplacent jamais. L’un arrive d’Israël l’autre de Chine. Ils partent se recueillir devant une tombe chinoise du plus grand cimetière de guerre du Commonwealth en France, et emmènent avec eux un fils Nathan et un fils Shen.

La suite du roman bascule alors dans le passé et nous propulse en automne 1916, en France, au plus près des combats. On y rencontre de nouveaux personnages, d’abord en Chine dans le village de Kaifeng, puis à Boulogne-sur-mer et à l’arrière de la ligne de front. Un retour en arrière qui éclaire d’un jour nouveau les liens entre les différents protagonistes.

Dans ces années 1916/1917, on compte déjà des milliers de pertes humaines. Les femmes ont remplacé les hommes dans les usines, mais on manque encore de bras. Les gouvernements de la France et de l’Angleterre, deux pays présents en Chine, ont l’idée d’enrôler des paysans chinois pour aller faire les manutentionnaires à l’arrière du front, ou dans le port de Boulogne-sur-mer. Il est indispensable de pallier à la logistique défaillante pour apporter le soutien nécessaire aux soldats qui se battent sans relâche dans les tranchées. Payés une misère, ces quelques 140 000 chinois ont signé un contrat de plusieurs années, ils reçoivent un salaire de misère, mais peuvent ainsi envoyer de l’argent au pays.

C’est dans ce passé et sur ces zones de guerre que se trouvent les racines de la fraternité aujourd’hui en miette entre les deux clans, celui des Nathan et celui des chinois de Shen Li. Là aussi que l’on comprend le pourquoi de la venue des deux chefs de guerre Avi Richter et Guo Tran.

Un thriller qui m’a entraînée bien au-delà de ce que j’imaginais. Merci Jean-Marc Souvira d’être allé chercher ces histoires oubliées, pour les mêler à celles des violence d’aujourd’hui, et surtout d’en faire un polar aussi intelligent, instructif, que passionnant, mêlant habilement une intrigue policière actuelle à un véritable roman historique. J’ai aimé découvrir la vie de ces chinois sur le front, dans les tranchées de la première guerre mondiale. Mais aussi retrouver les coins que Paris que je connais et les voir ainsi d’une tout autre façon. Tout au long du roman, on sent la maîtrise à la fois des métiers de la police et de ceux qu’elle doit combattre. Jean-Marc Souvira est un commissaire divisionnaire qui a exercé pendant trente ans dans la police judiciaire. Ce grand flic possède une excellente connaissance de l’institution mais aussi de ceux contre lesquels elle doit lutter.

Merci d’avoir réveillé pour nous cet épisode méconnu de l’Histoire, d’avoir donné une âme et une profonde humanité à ces personnages capables aussi de bienveillance et de solidarité.

Catalogue éditeur : Fleuve éditions

Pourquoi ces deux vieillards, venus l’un de Chine et l’autre d’Israël, ont-ils décidé de se recueillir ensemble sur cette mystérieuse tombe chinoise d’un cimetière militaire picard de la Première Guerre mondiale ? Pour le commandant Dalmate, la présence de ces personnages sur le territoire national n’augure rien de bon. En effet, ils sont, chacun dans leur pays, à la tête d’organisations criminelles dont les ramifications s’étendent jusqu’en France.
Or, depuis peu, les règlements de comptes entre ces communautés s’intensifient ; une escalade de violence qui semble échapper au contrôle des forces de l’ordre. Mais le monde ne date pas d’aujourd’hui, et c’est peut-être dans le passé que se trouvent les réponses capables d’apaiser les esprits. Dans des amitiés nées il y a bien longtemps, au cœur des tranchées…

Date de parution : 05/01/2023 / EAN : 9782265156623 / Nombre de pages : 592 / 22.90 €

Les Sirènes noires. Jean-Marc Souvira

Dans le Paris de la prostitution, des sorciers et des rites Vaudou, une enquête sordide de tueur en série

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Alors que ses équipes perquisitionnent chez un meurtrier en série placé en garde à vue, Mistral est confronté à un meurtre insolite et mystérieux où les corps retrouvés s’avèrent difficilement identifiables. Une suite d’événements place ses équipes face aux filières africaines de prostitution.
De toutes jeunes africaines se retrouvent sous la contrainte sur les trottoirs de Paris, alors que toute leur famille a placé ses espoirs en elles. Officiellement, ces belles jeunes femmes partent travailler en France d’où elles pourront envoyer l’argent qui fera vivre ceux qui restent en Afrique. Avant de quitter leurs villages, de grandes cérémonies impressionnantes sont pratiquées. Le recours au sorcier, en apparence pour protéger les filles, mais surtout pour avoir la matière qui permettra de les menacer et les tenir sous emprise, les placent dans une prison mentale contraignante qui, en dehors de toute logique cartésienne, s’avère terriblement efficace pour éviter leur fuite. Ces croyances issues de coutumes que nous avons le plus souvent du mal à entendre et à comprendre, car elles sortent de notre cadre de référence, vont être partie prenante de l’enquête, et Mistral devra sortir de son propre cadre et de sa logique, pour comprendre et avancer.

Entremêlant avec adresse les recherches, les échecs et les avancées de ces trois enquêtes, nous suivons Mistral et ses équipes dans le quotidien des enquêteurs de la police judiciaire. L’intrigue se tient, les évènements s’enchaînent, le rythme est soutenu. On suit  Mistral dans son enquête, mais on est aussi avec lui dans sa voiture. D’ailleurs j’avais parfois l’impression d’entendre les mêmes airs qui lui en tournant les pages. On le suit jusque dans ses nuits blanches, quand une enquête non résolue le tient en éveil, attentif, inquiet. On le suit enfin jusqu’au 36, lieu mythique s’il en est, qui confère implicitement aux hommes qui l’occupent un sérieux et une rigueur qu’ils appliquent dans leur travail quel que soit le lieu où il se trouvent.

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Jean-Marc Souvira à la Foire du livre de Brive © DCL DS2015

Jean-Marc Souvira connaît son métier et cela se sent avec bonheur  dans ses polars. Il a dirigé l’Office Central de la Traite des Êtres Humains, et le lecteur pressent bien ce fond de vérité qui émerge de l’intrigue, mais sans jamais empiéter ni gâcher le plaisir de la lecture. Les spécificités des différents services de police sont présentes et ajoutent à l’intrigue sans l’alourdir, le réalisme est servi par l’écriture et c’est un véritable plaisir de tourner ces pages. J’ai déjà hâte de lire le prochain, comme à chaque fois avec cet auteur !

Vous pouvez aussi faire un tour sur le blog Arthémiss et découvrir son avis sur ce roman.


Catalogue éditeur : Fleuve noir

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Jean-Marc Souvira et Franck Thilliez à la Foire du Livre de Brive © DCL DS 2015

03 h 20 du matin, Ouest parisien. Le commissaire Mistral écoute un morceau de jazz, son humeur à l’unisson. Les lumières de la ville défilent à travers la vitre. Plongée en apnée dans son âme. Il ne le sait pas encore mais le compte à rebours a commencé.
Plein jour, sud-est du Nigeria. Les tambours résonnent. Margaret, 17 ans, corps de déesse et cœur sur le point d’imploser d’émotion, s’avance sous la tente. La cérémonie débute. Elle ne le sait pas encore mais son destin, et celui de sa famille, sont sur le point de basculer.
Retour à Paris. Un homme guette, attend, les sens en alerte dans l’obscurité. Il n’en peut plus. Il fredonne comme une litanie sans fin son morceau culte d’AC/DC. Il savoure par avance le moment ou il possédera sa proie.
Le tic-tac s’égrène. Le point d’impact de ces trajectoires humaines est imminent.

Parution : 12 Novembre 2015 / Nombre de pages : 448 p./ EAN : 9782265099302