L’eau du lac n’est jamais douce, Guilia Caminito

Comment survivre à une enfance dans un milieu défavorisé au bord du lac de Bracciano

Ce roman traduit de l’italien nous ouvre les portes d’une très modeste famille romaine des années 2000. Gaïa, le personnage principal, nous compte sa vie et ses aventures de l’enfance à l’âge adulte, toujours à la première personne sans que cela ne soit jamais lassant.

Gaïa a une mère singulière, qui ose aller jusqu’à des scènes dont sa fille a honte pour tenter d’obtenir un logement décent. Un père handicapé depuis qu’il a fait une très mauvaise chute sur ce chantier sur lequel il n’a jamais travaillé. Deux frères jumeaux bien plus jeunes et trop dociles, et un aîné rebelle né d’un père différent. Elle abhorre sa vie dans la pauvreté et cette condition sociale qui la place perpétuellement en marge de la vie des autres. Ils vont vivre une grande partie de leur vie à Anguillara Sabazia, une commune située près du lac de Bracciano au nord de Rome.

Elle grandit aux côtés d’Antonia, une mère au caractère bien trempé qui en est presque caricaturale. Tout repose sur elle, et elle doit se battre contre les injustices, au-delà des conventions, seule depuis que le père est relégué au rang des accessoires. L’enfance lui fait découvrir l’injustice, l’adolescence lui colle ses complexes et l’entrée dans l’âge adulte exacerbe ses difficultés. De part son milieu social Gaïa est souvent rejetée par ses camarades, surtout lorsque Antonia souhaite l’inscrire dans des écoles pour riches. Ce rejet accentue ses complexes mais fait émerger en elle des ressources insoupçonnées.

Il faut dire que sa mère lui a inculqué l’idée que seule la beauté permet aux pauvres d’accéder au milieu des riches. Alors elle se désespère, trop maigre, trop rousse, trop plate, trop mal habillée, trop différente. Mais elle découvre peu à peu qu’elle a hérité de sa mère une farouche détermination et une intelligence qui pourraient lui permettre de bousculer son destin.

Ce récit dans lequel les lieux et les événements ont leur place reste vrai, le style est léger, rythmé, féminin, poétique parfois. L’écriture de Giulia Caminito est directe, sobre, vivante, et terriblement réaliste. Les phrases sont simples, les mots précis, les répétitions de bon goût, les énumérations jamais fastidieuses et les allégories et les métaphores bien choisies. L’adolescence, point central du roman, y est bien décrite avec ses amitiés, ses expériences heureuses ou malheureuses, ses trahisons, ses succès et ses déceptions.

Difficile parfois de comprendre la psychologie du personnage principal. On la voudrait victime, elle est rebelle et toujours en colère. L’auditeur s’attache à Gaïa malgré son caractère ni sympathique ni agréable, et imagine la suite de sa vie à la lumière de ce qu’il croit comprendre. La fin un peu trop brutale à mon goût peut décevoir tellement l’empathie pour ce personnage ambigu est forte.

J’ai aimé la voix de Florine Orphelin, à la fois posée et juste dans ses atermoiements, ses hésitations, ses révoltes et ses envies de vie meilleure. Dans sa rage aussi contre une mère qui par son obsession de réussite scolaire espère lui permettre de vivre mieux qu’elle. Il y a tout dans ce personnage, l’espoir, le doute, la violence, la rébellion, l’amour et la déception, l’amitié et le deuil, et tout cela est bien transmis à l’écoute du roman.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Gallmeister

« Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille. »

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.

Nous sommes en l’an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n’existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.

Lu par Florine Orphelin

Traduit par Laura Brignon

EAN 9791035411510 Prix du format cd 25,90 € / EAN numérique 9791035411381 prix du format numérique 23,45 € / Date de parution 10/08/2022 / Durée : 8h54

On était des loups, Sandrine Collette

Naître père ou le devenir ?

Liam est un solitaire, les forêts, les lacs, la montagne, la chasse, c’est sa vie. Mais le jour où il rencontre Ava, l’entente est immédiate entre ces deux être pourtant dissemblables, et la belle part avec lui dans le coin retiré où il vit.

Quelques années plus tard, un petit Aru vient rejoindre le cercle familial que Liam aurait bien circonscrit au couple. Aru, c’est Ava qui s’en occupe, l’élève, le nourrit, l’éduque. Pendant que Liam part de longs jours à la chasse. Alors bien sûr, il y a ces élans du petit garçon vers le père lorsque celui ci apparaît au bout de la pairie après des jours d’absence. Mais il n’y a aucun sentiment ni émotion de la part de cet homme solitaire et taiseux. Si Liam sait être un époux, il n’a toujours pas accepté d’être aussi un père, bien que son fils ait aujourd’hui déjà cinq ans.

Un jour, à son retour d’une période de chasse, il découvre le corps sans vie d’Ava, et Aru toujours vivant, blotti sous elle. Liam n’a pas la force de continuer à faire vivre son fils dans l’univers sauvage qu’il s’est créé et qu’il n’est pas décidé à abandonner. Il part avec Aru pour le confier à un lointain parent qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Bercé par le pas des chevaux, Liam et Aru partent pour un dernier voyage ensemble avant la séparation. Mais c’est sans compter sur la réaction de l’oncle.

Alors Liam repart, et son monologue continue, fil ténu qui envahi sa tête, incompréhension, solitude, chagrin, rage, rejet de ce fils resté vivant à la mort de la mère tant aimée. Ensemble, ils devront cependant affronter la faim, la peur, la violence de l’ogre, au cours de ces jours qui transforment une vie à tout jamais.

Étonnant roman dans lequel une fois de plus, Sandrine Collette nous plonge dans la vie d’un homme en marge de la société, un solitaire qui a tout du sauvage, un homme brisé et révolté par ce que le destin lui impose.

Peu à peu, Liam va devoir écouter, entendre et comprendre cet enfant qu’il rejette de toute son âme et refuse de garder près de lui. Mais qu’elle est la vérité dans cette attitude, est-ce pour le bien de l’enfant ou pour le confort du père. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre et même à accepter l’attitude de cet homme brisé, mais si dur avec son fils, prêt à commettre l’impensable pour rester debout, pour continuer à vivre selon ses principes. Je me suis demandé si un homme pourrait réellement avoir une telle attitude. Mais qui sait, face à un choc immense, anéanti par le chagrin, les réactions peuvent être disproportionnées et incompréhensibles pour le quidam qui vit tranquillement sa petite vie confortable.

C’est un livre audio que j’ai écouté en voiture sur un trajet fait avec mon mari. Selon lui, « seule une femme pouvait avoir écrit ce roman tant la psychologie du personnage masculin parait caricaturale et peu réaliste. Comment imaginer qu’un homme intelligent et sensible aux beautés de la nature tel que décrit ici, qui aime sa femme, pourrait être amené à certaines extrémités. Les tentatives de l’autrice pour nous faire imaginer l’impensable sonnent faux. Le suspens est bien là mais difficile d’oublier ces invraisemblances ».

Un roman qui parle de nature, de violence, d’amour fou, de solitude et de questionnements sur la paternité en particulier, ce sentiment pas forcément plus naturel chez un homme que chez une femme. Mais aussi de liens familiaux, innés ou pas, place et importance de la famille, du couple, de la paternité. Sandrine Collette à l’art de décrire une nature sauvage, montagnes, lacs, animaux, parfois sans pitié pour l’homme qui souhaite toujours la dompter, mais en plaçant toujours l’Homme et ses comportements au centre.

J’ai aimé la voix de Thierry Hancisse, son rythme fluide qui coule comme les phrases apparemment sans ponctuation voulues par l’autrice. Grave, posée, rugueuse aussi parfois, une voix qui dit le doute, l’absence, la souffrance, la rage et la violence. L’auditeur, comme le lecteur sans doute, est entièrement immergé dans la tête de Liam, dans ses pensées morbides, cette tension qui sous-tend chacun de ses gestes, de ses décisions, de ses désirs. L’humanité n’est pas forcément une évidence pour l’autrice, elle sait nous le montrer et Thierry Hancisse en est le vecteur parfait, solide, sombre, fou de rage et emporté par une douleur qui domine ses réflexions et obère ses capacités de jugement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au Jury Audiolib 2023

Catalogue éditeur : Audiolib, Jean-Claude Lattès

Lu par Thierry Hancisse

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.
Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

Parution : 14/09/2022 / Durée : 3h58 / EAN 9791035411534 Prix du format cd 21,90 € / EAN numérique 9791035411701 Prix du format numérique 19,45 €

La sélection des titres en lice pour le Prix Audiolib 2023

Cette année encore, pour mon plus grand bonheur, je vais participer au jury du Prix du meilleur livre audio avec les éditions Audiolib.

Mais alors, quels sont les livres dans la course pour remporter le Prix Audiolib 2023 ? Et surtout, le prix Audiolib, qu’est-ce que c’est ?

Il a été créé en 2013 et récompense chaque année le meilleur livre audio des éditions Audiolib.
Le jury des blogueurs dont je vais faire partie va devoir sélectionner les 5 finalistes après l’écoute attentive des 10 titres en lice. Ensuite, les lecteurs – vous par exemple ?- éliront leur ouvrage préféré lors d’un vote en ligne qui déterminera le lauréat du Prix Audiolib 2023.

En 2022, c’est Laura Imai Messina qui a été récompensée pour Ce que nous confions au vent, traduit par Marianne Faurobert et lu par Clara Brajtman.

La sélection 2023 :

Comme vous pouvez vous en douter, j’ai vraiment hâte de recevoir ces nouveaux titres et de les découvrir !

Et si vous voulez lire les avis des jurées qui vont partager l’aventure avec moi, voici le liens vers leurs blog ou leurs chaînes Youtube :

Le Pensionnat des innocentes, Angela Marsons

Faut-il déterrer les plus sombres secrets ?

Ils étaient cinq, penchés vers on ne sait quel secret qu’ils protègent depuis dix ans.

Lorsque l’une d’entre eux se fait assassiner dans sa baignoire, tous commencent à trembler. Mais qui est capable de les relier entre eux, quel secret inavouable ont-ils en commun, et pourquoi cette vengeance aussi longtemps après. Ce sont bien les questions que se pose Kim Stone, excellente et atypique enquêtrice du Pays Noir.

Kim Stone est inspectrice de police, tout chez elle respire l’enfance malheureuse et les problèmes, et cela se ressent au quotidien dans sa relation aux autres, pourtant elle excelle dans son étier. Aussi lorsqu’on lui demande de venir sur les scènes de crime, elle comprend vite que la réponse n’est sans doute pas aussi évidente qu’elle pourrait le paraître.

Enfant de l’assistance, une mère malade et meurtrière, un jumeau décédé trop jeune, et la voilà à fleur de peau face aux injustices que de vie. Elle va rapidement déceler le mystère et les silences, les relations entre des personnages qui de prime abord n’ont rien en commun. D’abord, pourquoi tenter d’interdire des fouilles archéologiques à priori sans incidence, pourquoi tenter d’empêcher de retourner la terre du côté du pensionnat pour jeunes filles de Creestwood, si l’on n’a rien a cacher. D’autant qu’il semble que les victimes se multiplient comme les petits pains, et que tous avaient au moins un point commun, avoir travaillé là.

Ce que j’ai aimé ?

Malgré quelques invraisemblances, ou alors la vie est bien dure, le rythme et le sujet sont particulièrement prenants. Addictifs même. Des personnages différents, aux caractères et aux passés bien campés, qui donnent tout son intérêt au roman.

La pauvreté a fait quelques ravages dans cette région oubliée de la Grande Bretagne. Car la misère, le chômage et le manque d’éducation ne permettent pas vraiment de s’en sortir. Alors on fait avec et on appartient à cette région du Pays Noir pour le meilleur mais surtout pour le pire.

J‘ai aimé ce personnage un peu cassé d’inspectrice au caractère bien trempé, pas très sociale ni attentionnée mais tellement efficace. S’il m’a semblé avoir déjà lu sur le sujet, le traitement est malgré tout intéressant, en particulier dans la façon d’envisager la relation à l’autre. Qu’il s’agisse du poids de l’enfance, de la maltraitance, des pensionnats pour jeunes filles considérées comme des rebuts de la société par quelques bien pensants au dessus de tout soupçon, mais aussi la maladie et la différence, le handicap et le regard porté sur celui qui en souffre, sont autant de thèmes abordés avec justesse et sensibilité, souvent sans en avoir l’air et sans faire perdre au lecteur le rythme de l’intrigue.

Difficile de ne pas penser en refermant la dernière page au roman de Jean-Christophe Tixier, Les mal-aimés, ou à Nickel Boys de Colson Whitehead.

Un roman lu dans le cadre du jury du Prix des nouvelles Voix du Polar 2021 éditions Pocket

Catalogue éditeur : Belfond, Pocket

Valérie BOURGEOIS (Traducteur)

2004. Par une nuit glaciale, cinq personnes scellent un pacte au-dessus d’une tombe fraîchement creusée.
Mais les secrets finissent toujours par remonter à la surface…

De nos jours, Teresa Wyatt, ancienne directrice du foyer pour filles de Crestwood, est retrouvée noyée dans sa baignoire.
Au même moment, Crestwood fait la une des médias : des fouilles archéologiques viennent de mettre au jour le squelette d’une adolescente enterrée dans le jardin. 
Coïncidence ? L’inspectrice Kim Stone n’y croit pas. Et quand les ossements d’autres fillettes sont exhumés, l’affaire prend rapidement un tour personnel pour cette jeune flic au tempérament plus tranchant qu’une lame de rasoir. Elle qui a connu l’assistance publique est bien décidée à rendre justice aux innocentes oubliées de tous dans ce lieu cauchemardesque…

Angela Marsons a rencontré un succès éditorial considérable avec Le Pensionnat des innocentes (Belfond, 2018 ; Pocket, 2020), premier tome des enquêtes de l’âpre inspectrice Kim Stone. Depuis, la série n’en finit pas de séduire les lecteurs, avec plus de quatre millions d’exemplaires vendus à travers le monde. Nos monstres est le deuxième épisode à paraître chez Belfond. Angela Marsons vit dans le Black Country, en Angleterre, avec sa compagne et leur petite ménagerie.

Collection : Belfond Noir : Date de parution : 16/05/2018 / EAN : 9782714476425 / pages : 432
Pocket : EAN : 9782266297394 / pages : 464 / 8.20 €

Les refuges, Jérôme Loubry

Les refuges, ces béquilles psychologiques qui aident à vivre ou à survivre

En 2019 un professeur de la faculté de Tours donne un cours qu’il a nommé Les refuges de Sandrine devant un amphithéâtre d’étudiants attentifs.
En 1949, sur une île déserte, Valérie découvre avec horreur et stupéfaction les cadavres d’enfants échoués sur le rivage.
En 1986, Sandrine, journaliste, doit se rendre dans la maison de Suzanne, sa grand-mère qu’elle n’a jamais connue, pour récupérer les biens que cette dernière lui a légué.

Rapidement, le lecteur alterne entre deux époques, avec des personnages dont on comprend vite qu’ils sont liés par un secret difficile à percer. Car tous sont venus là en même temps que Suzanne pour s’occuper d’enfants fortement touchés par la guerre, hébergés là le temps d’un camp de vacances. Mais si les enfants ont rapidement disparu, aucun d’eux n’a pourtant jamais pu s’enfuir de l’île sur laquelle les trouve Sandrine. Dans une atmosphère mystérieuse, sombre et glauque à souhait, Sandrine va devoir comprendre ce qu’il s’est passé tant d’années auparavant.

Jusqu’au jour où l’on trouve une jeune femme errant sur une plage, couverte de sang et désorientée. Que s’est il passé? Qui est-elle ?

C’est ce que va tenter de trouver Damien, le policier en charge de l’enquête. Enfin, pas vraiment, car il faut compter sur l’ingéniosité de l’auteur qui de balise en balise nous entraîne vers trois histoires différentes mais intimement liées.

À partir de là, ce roman qui déjà est totalement addictif devient complexe et déroutant à souhait, jusqu’à un final grandiose dans le genre thriller psychologique diabolique et puissant. Je me suis totalement laissée balader par Jérôme Loubry sans jamais voir les ficelles ou les balises qu’il posait ça et là pour guider, ou peut-être perdre ses lecteurs.

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, Calmann-Levy

Installée en Normandie depuis peu, Sandrine est priée d’aller vider la maison de sa grand-mère, une originale qui vivait seule sur une île minuscule, pas très loin de la côte.
Lorsqu’elle débarque sur cette terre grise et froide, Sandrine découvre une poignée d’habitants âgés organisés en quasi-autarcie. Tous décrivent sa grand-mère comme une personne charmante, loin de l’image que Sandrine en a.
Pourtant, l’atmosphère est étrange. En quelques heures, la jeune femme se rend compte que les habitants cachent un secret. Quelque chose ou quelqu’un les terrifie. Et pourtant, aucun d’entre eux ne quitte jamais l’île. Pourquoi ?

Et qu’est-il arrivé aux enfants du camp de vacances précipitamment fermé en 1949 ?…

432 pages / Parution: 02/09/2020 / EAN : 9782253181590 / 8,20€

Prix des Nouvelles Voix du Polar 2021 éditions Pocket

Voici les finalistes du Prix des Nouvelles Voix du Polar français et du Prix des Nouvelles Voix du Polar étranger des éditions Pocket.
Comme les deux années précédentes, j’ai la chance de faire partie du jury.

Un mois pour lire les 4 titres en lice et voter pour son favori. Ce sont les votes des lecteurs qui permettent d’élire les lauréats 2021.

La sélection Polar français

  • Alexis Laipsker, Et avec votre esprit (Michel-Lafon)
  • Vincent Ortis, Pour seul refuge

La sélection Polar étranger

  • Angelo Marsons, Le pensionnat des innocentes (Belfond)
  • M.T.Edvardsson, Une famille presque normale (Sonatine)

La relique du chaos, Giacometti et Ravenne

Sur fond de montée du nazisme, la quête des Swastikas sacrées

C’est le troisième tome de la saga du Soleil noir, il peut se lire indépendamment des deux autres grâce à la synthèse proposée au début du roman. Même s’il semble évident que se familiariser avec les différents protagonistes aiderait grandement le lecteur à se faufiler dans les méandres de l’histoire en marche.

Juillet 1942. l’Angleterre comprend qu’elle ne sera pas envahie, mais le front russe est fortement secoué par les armées du Reich. Trois personnages principaux évoluent dans ce contexte bien sombre. Tristan Marcas d’abord, cet agent double qui évolue du côté des nazis mais n’oublie pas tenir le SOE au courant de ses activités et de ses recherches. Laure d’Estillac, une espionne qui travaille en étroite relation avec le Commander Malorley. Enfin Erika, totalement détestable dans son attitude envers Tristan, mais dont on se demande quel jeu elle joue réellement.

Sur fond de montée du nazisme, les différents protagonistes combattent chacun à sa façon mais tous ont le même but ultime, retrouver les Swastikas sacrées.

Si la croix gammée est un fort symbole nazi, Hitler n’a rien inventé et a utilisé un symbole vieux de plusieurs siècles, la Swastika. On les retrouve ici sous la forme d’un trésor composé de plusieurs Swastikas cachées dans différents pays, trésor devrait aider celui qui les trouvera à remporter la victoire.

Giacometti et Ravenne ont l’art de savoir maintenir le suspense et d’y mêler certains faits avérés et historiques. La traque aux espions doubles, la chasse aux juifs, aux francs-maçons et aux communistes déportés vers les camps de concentration. Le relations entre les grands dictateurs de l’époque, mais aussi la place de Staline ou de Roosevelt, leur jeu dans l’échiquier mondial, la place des Romanov en Russie, sont évoquées à travers la traque de cette relique issue du trésor des tsars et que chacun convoite ardemment.

J’ai trouvé l’intrigue et les personnages intéressants mais il m’a manqué de les suivre sur plusieurs tomes pour m’y attacher et mieux les connaître. Malgré cela, voilà un thriller bien construit, au suspense garanti, avec qui plus est un fond de vérité historique bien expliqué à la fin du roman.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, JC Lattès

Juillet 1942. Jamais l’issue du conflit n’a semblé aussi incertaine. Si l’Angleterre a écarté tout risque d’invasion, la Russie de Staline plie sous les coups de boutoir des armées d’Hitler. L’Europe est sur le point de basculer.
À travers la quête des swastikas, la guerre occulte se déchaîne pour tenter de faire pencher la balance. Celui qui s’emparera de l’objet sacré remportera la victoire. Tristan Marcas, agent double au passé obscur, part à la recherche du trésor des Romanov, qui cache, selon le dernier des tsars, l’ultime relique. À Berlin, Moscou et Londres, la course contre la montre est lancée, entraînant dans une spirale vertigineuse Erika, l’archéologue allemande, et Laure, la jeune résistante française.

Le Livre de Poche : 480 pages / Date de parution: 14/04/2021 / EAN : 9782253258261 / 8,40€

JC Lattès : 450 pages / EAN 9782709663366 Prix du format papier 22,00€ / EAN numérique 9782709663519 / Prix du format numérique 7,99€ / Date de parution 03/06/2020

La chaîne, Adrian McKinty

Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour sauver votre enfant ?

Rachel se remet à peine de son divorce et de son cancer, lorsqu’un appel téléphonique vient bouleverser sa vie. Kylie, sa fille adorée, vient d’être enlevée alors qu’elle partait pour le collège. Si elle veut qu’elle ait la vie sauve, elle doit respecter les règles que lui impose La Chaîne, payer une rançon mais surtout enlever à son tour un enfant.

Ensuite, la chaîne devra continuer encore et toujours, dans le plus grand secret, sinon les représailles seront implacables et dramatiques. Dans ce jeu de vie et de mort, aucun maillon faible possible sinon tout s’écroule.

Un enfant est enlevé, un autre est libéré, une technique inspirée par celle d’un cartel mexicain qui voulait qu’un otage puisse être remplacé par quelqu’un de sa famille. Mais technique poussée à l’extrême par La Chaîne qui utilise tous les sentiments, les peurs, les faiblesses des hommes et des femmes auxquels elle s’attaque pour obtenir leur soumission complète.

Sur 480 pages, le rythme, les personnages et l’intrigue nous entraînent dans les noirceurs de l’âme humaine, mais aussi au plus près des sentiments forts qui unissent parents et enfants. Utilisant comme arme suprême cet amour absolu, le mal peut s’infiltrer et demander n’importe quel sacrifice. La tension monte, le lecteur tourne les pages avec intérêt jusqu’au dénouement final. Un petit bémol peut-être sur la seconde partie un peu trop évidente et rapide, mais le résultat est là, un thriller efficace et rythmé, dérangeant et surprenant.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, Fayard/Mazarine

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Reignier.

« Il faut que vous gardiez votre calme et que vous m’écoutiez très attentivement. Il faut que vous procédiez exactement comme je l’ai fait. Vous devez prendre note de toutes les règles et vous avez l’obligation de vous y tenir. Si vous violez une seule de ces règles ou appelez la police, cela retombera sur vous et cela retombera sur moi. Votre fille sera tuée et mon fils sera tué. Alors notez bien tout ce que je vais vous dire. »
À l’autre bout du fil, une voix inconnue annonce à Rachel qu’elle a kidnappé sa fille. Pour qu’elle soit libérée, Rachel doit enlever l’enfant de quelqu’un d’autre.Car son enfant ne sera relâchée que quand les parents de sa cible auront à leur tour enlevé un enfant et transmis les mêmes ordres. Chacun devient victime, ravisseur, criminel. Voilà comment fonctionne et se perpétue la Chaîne indéfiniment.

8,40€ / 480 pages / Date de parution: 10/03/2021 / EAN : 9782253103981

Les yeux d’Ava, Wendall Utroi

Après le bonheur, ou la descente aux enfers d’une mère sans histoire

Elle est heureuse Ava, un mari qui la comble, deux beaux enfants, et une vie plutôt facile de mère au foyer qui lui convient tout à fait.

Pourtant, un jour le destin en décide autrement et vient rompre le fil du bonheur. Un dramatique accident, une voiture qui s’enfonce dans un lac, un mari qui décède et une mère qui tente de sauver ses enfants et doit faire un choix sans lequel elle risque elle aussi de perdre la vie. Elle sauve l’un des jumeaux mais l’autre va périr.

La vie d’Ava prend alors un tournant dramatique. C’est la fuite en avant, la douleur occupe toute la place. L’accident qui a bouleversé sa vie à aussi apporté avec lui un certains nombre de révélations toutes plus angoissantes les unes que les autres. Elle découvre que sa vie est une mascarade basée sur le mensonge.

À partir de ce jour, son bel équilibre s’effondre, sa vie s’écroule face aux révélations sur son couple, à sa culpabilité de mère, aux questions qu’elle se pose, à la réalité d’un quotidien qui lui devient insupportable. Alors elle s’enfonce dans le silence, la solitude, le désespoir. Elle n’a plus aucune confiance en elle et ne supporte plus le poids des regrets, la douleur du manque, la responsabilité.

Le lecteur assiste à la lente déchéance d’Ava, son retrait du monde des vivants en quelques sorte, son rejet de tout ce qui lui rappelle l’hypocrisie des jours heureux. Lente déchéance vers la maladie, la dépression, la rue. Elle met en place un véritable processus d’autodestruction pour tenter d’effacer sa culpabilité.

Pourtant, j’aurais aimé parfois la bousculer, lui montrer les vivants plutôt que les morts, j’avais du mal à entendre ce désespoir qui lui fait abandonner l’enfant qui lui reste. Partagée entre empathie et révolte, entre compréhension et rejet de son attitude, j’ai pourtant été plongée dans une lecture totalement addictive et bouleversante qui montre à quel point une vie peut basculer dans le néant rapidement et inéluctablement.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

On ne manquera pas d’aller faire un tour sur le blog de l’auteur Wendall Utroi

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche

« Si vous lisez cette lettre, c’est que vous tenez mon manuscrit entre vos mains, qu’on me l’aura volé, ou que ma fin sera proche. Il ne me quitte jamais, collé à ma peau, dissimulé sous mon manteau ou dans mon cabas. Les premières pages sont nées, il y a des années, raturées et usées par les griffes du temps. »

Rédigée quinze ans après les faits, la lettre d’Ava a le goût âcre de la rédemption. En 2002, Ava, vingt-neuf ans et quelques mois, mariée à un homme rencontré sur les bancs du lycée, mère de deux beaux enfants, des jumeaux, a une vie idéale. Un amour solide, des désirs simples comblés par des bonheurs immenses. Mais c’était compter sans le destin. Lui peut se jouer de nous, brouiller les cartes, changer les règles. Quand un tragique accident remet toute sa vie en question, Ava sombre. Comment peut-on faire face quand toutes nos certitudes sont réduites à néant ?

Précédemment publié sous le titre La Tête du lapin bleu.

384 pages / Date de parution: 30/09/2020 / EAN : 9782253181569 / prix : 7,90€

Le dilemme, B.A. Paris

Parler, ou se taire ? Quand silences et non-dits troublent l’équilibre d’une famille

Livia rêve de cette fête d’anniversaire depuis ses vingt ans. Le jour est enfin arrivé, elle a quarante ans et tout est enfin prêt pour célébrer cette date qu’elle veut unique, festive, joyeuse, et qui va remplacer la cérémonie de mariage qu’elle n’a jamais eue. Adam, amoureux comme au premier jour, ne sait pas comment faire plaisir à sa femme. Il a organisé une jolie surprise pour son épouse.

Ils ont deux enfants. Josh est né lorsqu’ils étaient encore étudiants. Il a bouleversé l’avenir de Livia, l’a privée de ses études et du mariage dont rêvaient pour elle ses parents, mais il fait le bonheur de sa mère. Marnie, étudiante à Hong-Kong, est la fille à son père, celle qu’il adule en secret et à qui il pourrait passer toutes les folies. C’est grâce à leur entente parfaite que Marnie et Adam ont concocté dans le plus grand secret la surprise idéale pour Livia.

L’auteur nous entraîne alternativement dans la tête et les pensées de Livia, puis d’Adam, tout au long de cette journée unique de bien des façons. Et pendant ce temps, Marnie nous apparaît en fil rouge, tantôt fille aimante et aimée, tantôt mystérieuse et presque haïssable, sans qu’à aucun moment elle ne puisse s’expliquer.

Tout l’intérêt du roman, malgré certaines invraisemblances dans les sentiments et les situations décrits, vient du dilemme vécu par chacun des protagonistes, à propos de ce qu’il doit révéler ou pas. Peu à peu, on découvre que l’un comme l’autre connaissent des secrets à propos de leur fille, mais aucun des deux n’est prêt à les dévoiler pour ne pas gâcher la fête.

Alors, dira, dira pas, angoisse, inquiétude, chaque parent tait ce qu’il sait mais que le lecteur découvre par leurs points de vue. À chaque instant, on attend l’explosion, le clash, le retournement de situation, les mots qui doivent sortir mais restent muets, la journée se déroule heure par heure dans l’inquiétude, le quiproquo, l’interrogation secrète et tourmentée de l’un puis de l’autre.

Le poids des non-dits, les secrets, les silences, pèsent sur chacun des protagonistes et polluent leur relation heure par heure jusqu’au final que chacun attend comme une délivrance. Tant il est vrai que face au silence, les comportements des individus deviennent parfois incompréhensibles, et peuvent être interprétés différemment par celui qui les reçoit ou celui qui les émet, et cela perturbe profondément les relations entre les êtres humains.

Voilà un thriller que l’on peut qualifier de psychologique ou domestique, intéressant malgré quelques longueurs. Si j’ai aimé ma première lecture de cet auteur, il m’en faudra d’autres pour l’apprécier à sa juste mesure.

Roman lu dans le cadre de ma participation au jury Prix des lecteurs Le Livre de Poche 2021 Policier

Catalogue éditeur : Le Livre de Poche, Hugo et Cie

Livia rêvait d’une soirée inoubliable pour son quarantième anniversaire. Alors Adam, son mari, a fait en sorte que la fête soit grandiose. Leurs amis sont tous là. Ne manque plus que leur fille, Marnie, qui viendra exprès de Hong Kong – Livia ne le sait pas, ce sera une surprise. Un sujet de conversation jette un furtif voile d’ombre parmi les invités : un avion s’est écrasé au Caire, le matin même. Mais il suffit d’un verre ou d’une invitation à danser pour ne plus y songer. Seul Adam le sait : Marnie aurait dû être à bord de cet avion. Heureusement, pense-t-il, qu’elle a manqué sa correspondance et qu’elle n’a donc pas pu monter à bord. Sans doute a-t-elle été transférée sur un autre vol. Dès lors, pas la peine d’inquiéter Livia, n’est-ce pas ?…

Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Vincent Guilluy.

Date de parution : 26/05/2021 / prix : 7,90€ / 384 pages / EAN : 9782253241508

Éditeur d’origine : Hugo et Compagnie / parution 8/05/2020 / ISBN papier : 9782755644777 prix 19,95€ / ISBN numérique : 9782755648829 prix 9,99€